AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 81 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est par facilité de classement que j'attribue Les Soirées de Médan à Emile Zola puisqu'en fait il s'agit un recueil collectif de nouvelles, publié en 1880. Six textes rédigés par six auteurs différents. Trois écrivains très célèbres aujourd'hui et trois autres dont j'avoue ne pas connaitre l'existence : Emile Zola (L'Attaque du moulin), Guy de Maupassant (Boule de suif), J.K. Huysmans (Sac au dos), Henry Céard (La Saignée), Léon Hennique (L'Affaire du Grand 7) et Paul Alexis (Après la bataille).
Vous avez tous lu du Zola et du Maupassant, particulièrement ce Boule de suif, texte paru ici initialement et qui lancera la carrière de l'écrivain. J'espère que Huysmans ne vous est pas étranger – mais j'en suis moins certain – ce qui serait dommage car il ne faut pas passer à côté de romans comme Là-Bas, En route et A rebours avec son héros emblématique, dandy décadent et esthète, des Esseintes. Les lecteurs plus avertis se risqueront peut-être dans La Cathédrale, un roman plus complexe par son érudition et son aspect mystique. Des trois autres je ne savais rien et n'avais rien lu. Ils sont tous romanciers, poètes, auteurs dramatiques et critiques littéraires et leurs oeuvres plutôt minces.
L'origine de ce recueil n'est pas clairement établie. Les six écrivains avaient l'habitude de se réunir chez Emile Zola – d'abord dans son appartement parisien puis à Médan dans les Yvelines - pour dîner et discuter littérature dès 1876 et compta même pendant un certain temps un septième membre, Octave Mirbeau, que son éloignement de Paris, en 1877, après sa nomination comme sous-préfet de Saint-Girons (Ariège), freina dans de probables collaborations futures. C'est au cours d'une de ces soirées que naquit l'idée de ce recueil, pour certains elle reviendrait à Emile Zola pour d'autres à Léon Hennique et le titre du bouquin à Henry Céard, toujours est-il qu'il fût publié sous le patronage d'Emile Zola qui avait une plus grande notoriété que les autres.
En exergue au recueil, Zola écrit que ces nouvelles « nous ont paru procéder d'une idée unique, avoir une même philosophie : nous les réunissons. » Il est bien vrai que les six nouvelles ont un point commun, elles se déroulent toutes durant la Guerre de 1870 contre les Prussiens et en dénoncent, par des faits vus par le petit bout de la lorgnette, les bassesses et l'ignominie, ces travers communs à toutes les guerre. Boule de suif, la prostituée mais vraie patriote qui se donnera à un officier prussien pour sauver les petits bourgeois qui la méprisent et voyagent avec elle dans une diligence (Maupassant) ; La maîtresse du général d'Etat-major de Paris assiégé, courtisane écervelée qui découvrira suite à sa déchéance, la réalité tragique de la guerre d'occupation (Henry Céard) ; La médiocrité soldatesque qui tuera et ravagera le bordel du village où ils sont cantonnés pour venger l'un des leurs, tué sans qu'on sache très bien pourquoi et par qui (Léon Hennique)…
Si Boule de suif est évidemment le plus beau texte de ce recueil, j'avoue avoir été séduit par La Saignée d'Henry Céard, son écriture somptueuse où la virgule triomphe, créant des points de scansion rythmant superbement les phrases en bouche. Pour les jeunes générations, une bonne approche de la littérature du XIXème siècle et pour les autres une bonne occasion pour s'y ressourcer.
Commenter  J’apprécie          110
Je connaissais "Boule de Suif" et "l'Attaque du Moulin", mais sans savoir que ces deux nouvelles faisaient partie du même recueil. Si, grâce aux talents de leurs auteurs respectifs, celles-ci sont à juste titre les plus connues car les mieux écrites, je trouve ça intéressant de savoir pourquoi elles sont réunies aux autres.
Et plus que les circonstances matérielles - les amis de Zola qui souhaitent se souvenir des soirées ensemble, c'est l'unité thématique que j'ai trouvée intéressante. Toutes ces nouvelles évoquent la guerre de 70 contre la Prusse. Mais il n'y a pas d'épopée ou de tragédie héroïque racontant les malheurs de la France et la souffrance de la défaite. Car même chez Zola qui évoque le plus directement un combat, ce n'est pas un combat entre les armées mais entre partisans et civils. La guerre est donc montrée sans héroïsme - et donc sans héros - et sans politique. Ces récits sont à hauteur d'homme, à hauteur des soldats, c'est de l'histoire-bataille en quelque sorte, comme Fabrice à Waterloo, les personnages ne distinguent pas grand-chose et comprennent encore moins.
Mais toutes ces nouvelles se rapprochent aussi par un autre thème, l'amour - ou plutôt le désir et la sensualité, car plus que de véritables sentiments, c'est plutôt une union des corps que souhaitent les personnages - sauf chez Zola. D'ailleurs, ces récits sont presque tous des récits d'hommes, avec un point de vue masculin. Les femmes sont donc des prostituées, des demi-mondaines, des infirmières, des veuves. Elles sont souvent dans l'ombre, effacées ; même Boule de Suif n'est pas l'héroïne de la nouvelle qui porte son nom.
Un regard d'hommes et de soldats sur la guerre et ses conséquences sur le désir donc, mais avec des réussites inégales selon le talent des auteurs.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (232) Voir plus



Quiz Voir plus

Les soirées de Médan

En quelle année le recueil a-t-il été publié ?

1877
1878
1879
1880

10 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les Soirées de Médan de Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}