Cette courte nouvelle, publiée pour la première fois en français dans « La Grande Revue » le 1er mai 1900, passa complètement inaperçue. Pourtant, elle mérite que l'on s'y attarde un moment, ne serait-ce que pour rendre hommage au génie littéraire du grand romancier qui réussit, en quelques pages seulement, à démontrer comment par d'habiles agissements, la femme marque sa supériorité dans le couple jusqu'à parvenir, sans acrimonie aucune, à dominer son mari.
Le couple d'artistes peintres que forment Adèle et Ferdinand semble apparemment en adéquation parfaite, et tout naturellement, la femme s'efface devant le talent du mari. Pourtant, progressivement, l'échelle de valeur va s'inverser et le génie créatif du mari va très vite péricliter au profit du talent discret mais avéré de sa femme. Sombrant dans une vie de débauche, Ferdinand perd peu à peu le goût de peindre et son talent s'émousse, laissant à Adèle l'occasion de révéler le sien. Tous deux ont passé un contrat : il reste l'inspirateur du tableau, elle le peint, il garde la signature. En fait, au fil du temps, il devient comme un roi constitutionnel qui règne sans gouverner alors qu'elle veille à préserver la dignité du ménage, en bonne gardienne du temple.
Emile Zola a osé écrire un récit dans lequel il réhabilite la place des femmes dans la société française, à une époque où, fortement soumises au patriarcat, elles étaient fort peu considérées, notamment en matière artistique et culturelle, domaines dans lesquels elles n'avaient pas droit de cité.