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sur 5828 notes
Thérèse, issue d'une union entre un officier de l'armée Française et une africaine du nord est recueillie et élevée par Mme Raquin qui a déjà un fils, Camille, enfant chétif et souvent malade. L'avenir de Thérèse est tracé. Elle se mariera avec ce fils malingre qui n'est jamais sorti des jupes de sa mère. Dans un silence morne et écrasant, elle se résigne à cette vie terne et monotone jusqu'à sa rencontre avec Laurent.
Laurent ! L'exact inverse de Camille, son fat de mari.
Laurent est une force de la nature. Il parle et rit fort. Il a une nature sanguine. Dès lors, une passion vertigineuse, dévastatrice naitra entre ces deux personnages. Thérèse cherche à oublier sa vie misérable et sans relief. Laurent, en bon paysan madré, jette un oeil cupide sur la vie facile et paresseuse qu'il pourrait mener s'il prenait la place de Camille.
Quand Thérèse Raquin est sortie en 1867, les critiques éreintèrent Emile Zola en le traitant de pornographe et d'écrivain putride. Il est vrai qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il décrit avec une précision chirurgicale cette impétuosité des désirs qui submergent Thérèse et Laurent, les dominent et les aveuglent.
Cette passion n'a absolument rien de flamboyant. Nous sommes bien au contraire dans le grisâtre, le poisseux, l'innommable, car ils commettront l'irréparable et courront à leur perte.
Un roman d'une force et d'une violence inouïe, où l'on s'enfonce au plus profond de l'âme humaine, avec ses espoirs, ses errances, et ses opacités.
Un très, très grand livre.
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Madame Raquin est mercière à Vernon. Elle élève seule son fils Camille, à la santé fragile.
Son frère, militaire en Algérie, lui confie sa fille Thérèse dont la mère st morte à Oran.
Thérèse est élevée avec Camille et doit même partager son lit et ses remèdes lorsque celui-ci est malade.
Camille et Thérèse se marient par convention et sans conviction sous la conduite de madame Raquin.
Camille décide de travailler comme employé de bureau à Paris et sa mère reprend une mercerie, dans une petite rue sombre.
Thérèse mène une vie morne et l'aide à contrecœur.
Laurent, son ami et collègue est introduit dans leur petite famille et une passion dévastatrice va se nouer entre lui et Thérèse.
Une passion qui les conduira jusqu'au drame et aux remords.
On découvre la nature fougueuse de Thérèse si longtemps refoulée entre sa tante bienveillante mais tentaculaire et son cousin sans arrêt malade, égoïste à souhait.
Quant à Laurent, son amant, l'auteur fait ressortir son opportunisme, sa lâcheté, son manque de droiture.
C'est le premier grand roman de Zola écrit en 1867.
Un an plus tard, il entreprendra la rédaction des Rougon-Macquart.
Ce roman est intéressant car il annonce vraiment ce que sera la plume et l'observation de tous les milieux sociaux par ce très grand écrivain qu'est Emile Zola.
C'est une relecture que j'ai beaucoup appréciée


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Il m'a fallu un bon moment avant de découvrir Zola. Thérèse Raquin est son premier grand roman, il a obtenu un vif succès. Avec ce livre, le romancier Zola et le naturalisme naissent ensemble. L'histoire fait froid dans le dos, nous sommes très vite plongés dans le pire. Thérèse est laissée par son père à sa tante car la mère de l'enfant est morte et il n'est pas apte à s'en occuper pour le moment. Malheureusement, son père meurt quelques temps après et Thérèse est contrainte de vivre avec sa tante et son cousin Camille qui est tout le temps malade. Cette vie est difficile pour la jeune fille, sa tante l'oblige à prendre les mêmes médicaments que Camille parce qu'il n'accepte pas de les prendre seul. Un beau jour, elle se marie avec lui, sa tante espère que Thérèse s'occupera de son cousin lorsqu'elle ne sera plus de ce monde. Ce mariage ne change pas la vie de la jeune fille, elle a toujours dormi près du chétif Camille. Un beau jour, elle rencontre Laurent, un collègue de Camille, qui va bouleverser littéralement sa vie. Thérèse découvre la passion forte et dangereuse. Les deux amants décident de tuer Camille pour pouvoir vivre leur amour sans obstacles. La culpabilité va ronger les deux amants jour et nuit pendant de longues années. L'auteur manie avec brio les mots, il nous plonge dans une histoire transcendante par une plume très bien ciselée. Thérèse Raquin est un très bon premier roman pour s'imprégner de la plume de Zola.
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Terrible ! 230 pages de souffrance pour la malheureuse Thérèse !
C'est le livre des amants diaboliques, Bonnie and Clyde, mais dans la cruauté froide, l'indifférence égoïste, l'hypocrisie, les effusions de repentir, des scènes de brute, de dégoût, d'ennui, et surtout la peur !
Peur du cadavre ;
de mamie, car même si elle est à moitié paralysée, elle pourrait parler, écrire ;
du chat, soi-disant réincarné ;
des gendarmes ;
de l'aveu, par soi, ou par l'autre ;
de Thérèse ;
de Laurent...
Et donc, pour échapper à cette peur, dépenser l'argent de la vieille ! Dans la débauche ; crier, frapper, se défouler, surveiller et punir !
Mais cette situation glauque n'est plus tenable, et Camille est toujours là, dans le lit, entre Thérèse et Laurent !

Ça transpire la culpabilité !

Pire que «  Çà » de Stephen King, Zola, en 1867, a inventé le roman de terreur !
D'ailleurs pour la classe de lecteurs de l'époque, majoritairement bourgeois, la sortie de ce livre fut un scandale... !
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Quel plaisir de lire Emile Zola ! Dès les premières pages, les mots de l'auteur créent une ambiance telle qu'il nous projette dans le Paris du XIXe siècle, dans un décor fait de ruelles obscures, sordides et malfamées.
On s'y croirait, tellement l'auteur excelle à dépeindre, avec force détails, les lieux, les personnages dans des teintes grisâtres et sombres. le lecteur visualise aisément les décors en clair-obscur, comme s'il regardait un vieux film en noir et blanc : les quartiers pauvres de Paris, les ruelles étroites et sinistres, le passage du Pont-Neuf, étroit et sombre, la mercerie poussiéreuse et lugubre qui fait penser à l'antre d'une bête.

« Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse.
Par les beaux jours d'été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. Par les vilains jours d'hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble. »

*
Thérèse Raquin est l'un des portraits les plus célèbres d'Emile Zola. Il s'agit en ce qui me concerne, de l'oeuvre la plus aboutie de l'auteur avant la série romanesque des Rougon-Macquart.
Ce drame psychologique introduit de nombreux thèmes qui seront développés plus tard dans son cycle : l'étude de l'homme dominé par ses instincts, le déterminisme et les influences conjointes de l'hérédité et du milieu social, l'étude des tempéraments et la bestialité humaine.

C'est une histoire qui parle d'amour, d'adultère, de passion, de rancoeur, de haine, d'obsession allant jusqu'à la folie. Les personnages y sont dépeints dans toute leur bassesse, leur vilenie, leur égoïsme. Ils sont mauvais, détestables et malaisants pour le lecteur.

« La nature et les circonstances semblaient avoir fait cette femme pour cet homme, et les avoir poussés l'un vers l'autre. À eux deux, la femme, nerveuse et hypocrite, l'homme, sanguin et vivant en brute, ils faisaient un couple puissamment lié. Ils se complétaient, se protégeaient mutuellement. le soir, à table, dans les clartés pâles de la lampe, on sentait la force de leur union, à voir le visage épais et souriant de Laurent, en face du masque muet et impénétrable de Thérèse. »

*
Tout se déroule dans l'ambiance très sombre d'une mercerie miteuse et crasseuse du passage du Pont-Neuf à Paris.
C'est l'histoire de Thérèse, une femme secrète et taciturne, mariée selon les souhaits de sa tante, à son cousin Camille, un jeune homme souffreteux qu'elle n'aime pas.

« …elle savait qu'elle faisait le mal, et il lui prenait des envies féroces de se lever de table et d'embrasser Laurent à pleine bouche, pour montrer à son mari et à sa tante qu'elle n'était pas une bête et qu'elle avait un amant. »

Lorsque la jeune femme rencontre Laurent, elle tombe amoureuse de cet homme qui est tout l'opposé de Camille. Mais cette passion cachée ne satisfait aucun des deux amants qui aimeraient trouver un moyen de vivre leur amour au grand jour.

« … ils sentaient l'impérieuse nécessité de s'aveugler, de rêver un avenir de félicités amoureuses et de jouissances paisibles. »

Dans ce triangle amoureux, une personne est de trop et cette relation adultère ne peut avoir qu'une seule finalité, la violence et le drame.

*
La préface, signée par l'auteur lui-même, est particulièrement intéressante quant à l'accueil du roman par les critiques de l'époque. En effet, lors de sa parution en 1867, le roman a été qualifié d'obscène, d'atteinte aux moeurs pour avoir retranscrit, à travers un drame violent, les passions et les comportements brutaux et meurtriers de ses personnages. L'auteur s'est alors senti obligé d'ajouter aux éditions suivantes un prologue pour défendre et justifier son livre.

« Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. »

Plus d'un siècle plus tard, à la lecture de ce roman, je dois avouer que je n'ai pas du tout ressenti son côté « pornographique ».
Par contre, j'ai été particulièrement sensible à l'atmosphère pesante, sordide et claustrophobe que dégage l'histoire, à l'attitude malsaine des personnages, aux émotions très violentes qu'ils portent en eux.
L'auteur n'hésite pas à les souligner en les accordant aux décors et aux scènes.

« Rien n'est plus douloureusement calme qu'un crépuscule d'automne. Les rayons pâlissent dans l'air frissonnant, les arbres vieillis jettent leurs feuilles. La campagne, brûlée par les rayons ardents de l'été, sent la mort venir avec les premiers vents froids. Et il y a, dans les cieux, des souffles plaintifs de désespérance. La nuit descend de haut, apportant des linceuls dans son ombre. »

Ce récit très réaliste, percutant, choquant même, a contribué à me faire ressentir une sorte de mal-être, une impression d'enfermement et j'ai ressenti le besoin de faire quelques poses tout au long de cette lecture. J'en suis la première surprise car cela m'arrive très rarement.

Ce ressenti très fort, ces décharges d'émotions négatives prouvent sans aucun doute possible l'immense talent d'Émile Zola. Dans ce récit pourtant de jeunesse, il m'a fortement impressionnée : il a réussi à me faire ressentir physiquement et psychologiquement l'antipathie et le dégoût que m'inspiraient Laurent et Thérèse.
C'est une étude passionnante des émotions et des sentiments, de la peur, du remord, de la culpabilité, de la folie.

*
L'écriture de Zola est puissante, tendue, pleine d'une beauté sauvage et laide. Sans pudeur, il met à nu ses personnages. Il dissèque avec réalisme et froideur leurs motivations et la façon dont les regrets, les remords les hantent et les rongent de l'intérieur.

L'auteur maîtrise parfaitement l'intrigue, tel un marionnettiste tirant les ficelles invisibles des émotions humaines et des désirs. Il excelle à décrire ses personnages dans toute leur complexité, s'intéressant à leur évolution physiologique et psychologique, jusqu'à l'implosion. Ils apparaissent dans toute leur animalité, leurs instincts.
En cela, ce livre m'a rappelé un autre grand roman d'Emile Zola, « La bête humaine », mon préféré de l'auteur à ce jour. Thérèse et Laurent sont comme deux bêtes humaines, cherchant à satisfaire leurs désirs, leurs besoins, leurs intérêts sans tenir compte des actes et de leurs conséquences.

*
Pour conclure, malgré certains passages éprouvants, j'ai été entraînée dans ce triangle amoureux par la puissance de l'écriture d'Emile Zola. L'histoire, de plus en plus sombre et dramatique, devient aussi très prenante, encourageant le lecteur à poursuivre sa lecture pour découvrir le châtiment réservé à chacun.
"Thérèse Raquin" est sans conteste un très grand roman.

*
C'est accompagnée que j'ai entrepris cette lecture. Sans eux, je ne l'aurais peut-être jamais lu. Alors mes derniers mots seront adressés à mes compagnons de route, Dominique (Domm33), Francine (Afriqueah), Fanny (Fanny1980) et Bernard (Berni_29) que je remercie chaleureusement pour cette lecture partagée riche d'échanges et d'une belle amitié littéraire.
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Thérèse Raquin n'appartient pas aux Rougon-Macquart: c'est le quatrième roman publié par Zola, en 1867, et il l'adaptera pour le théâtre quelques années plus tard.

Je n'ai pas lu la pièce de théâtre et n'ai guère envie de la voir: le roman est tellement plein d'images macabres, violentes, glauques, que notre imagination suffit amplement à scénographier le livre!!

Le décor d'abord: un étroit passage comme il en reste quelques-uns à Paris. Celui du Pont-Neuf a aujourd'hui disparu, mais si vous allez traîner dans le passage de Bourg -L'Abbé- vétuste, sombre et abandonné- vous aurez une petite idée de la triste existence des boutiquiers dans ce boyau sans joie...(Je précise que je suis une fanatique des passages parisiens, et qu'il en existe de miraculeux, de vrais joyaux, on y resterait des heures, au contraire...)

Donc une boutique de mercerie dans le passage du Pont-Neuf, avec une vieille dame, Mme Raquin, mercière, en adoration devant son fils, Camille, ledit fils, tout mou, tout pâlichon, tout invertébré -le futur noyé, il a déjà le physique de l'emploi!- un chat aux yeux intelligents, Thérèse, effacée, douce, pauvre, qui épouse Camille faute de mieux et le travail dans la boutique faute d'autre chose.

Un triste ronron d'ennui et de médiocrité semble se programmer...

Et puis tout à coup,voilà qu'arrive Laurent, le rapin, le peintre, l'aaaartiste!! Il fait des croûtes mais pour Thérèse, jamais sortie de son bocal, c'est Delacroix! Il fait un portrait infect de Camille, on l'accroche dans la boutique comme celui d'Adonis...patience, ce sera bientôt le Radeau de la Méduse...

Thérèse et Laurent se plaisent. Adultère. Ils se plaisent de plus en plus, Camille, même ectoplasmique, devient gênant: qu'à cela ne tienne... meurtre sur les bords de Seine. Atroce: Camille ne sait pas nager, se cramponne, et mord Laurent.

La blessure ne disparaît pas, le chat a l'air de tout savoir, le tableau fait des siennes: les remords s'incarnent où bon leur semble, fantômatiques ...

Les amants , bientôt mariés , ne sont plus jamais en repos, espionnés par le chat, par le tableau, et par la vieille, devenue grabataire mais toujours vigilante, et qui a compris le pot-aux-roses...

Ambiance ..empoisonnée, tension à ...couper au couteau..

Du lourd!

Mais c'est une réussite étonnante: pas encore embrigadé dans le naturalisme et ses démonstrations un peu pesantes de génétique appliquée, Zola flirte très sérieusement avec le fantastique, et cela lui réussit: le tableau du mort- vivant (ou du mort, vivant?) , le chat noir comme le remords, la morsure satanique, la vieille aux yeux fous murée dans sa colère et son silence: on dirait de l'excellent Edgar Poe!!

Thérèse Raquin est un roman terrifiant et formidable!
Du grand Zola. Déjà!
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Qui a dit que Zola est Zola rien qu'avec des Rougon-Macquart, c'est avec plaisir que j'ai revisité la Thérèse Raquin que j'ai eu à lire dans ma jeunesse, j'avoue qu'à l'époque je n'avais pas perçu la tension psychologique de ce livre que je viens de dévorer crument et je dirais que Zola c'est Zola même sans Rougon-Macquart. Un beau livre où l'auteur met toute la délicatesse pour rendre vrais les sentiments de ces personnages et nous les servir pour une bonne dégustation, c'est un voyage psychologique en même temps troublant et mirifique...

Therese Raquin, de nature impassible, terne, sombre, maussade et atone, marié à Camille Raquin, son cousin, un maladif pouponné par sa mère, devient une fleur en plein éclatement de ses pétales une fois que ses yeux se posent sur Laurent, un ami de Camille. Elle se sent renaitre, elle sent la vie dans ses veines une fois qu'elle s'est jeté dans les grands et gros bras de Laurent, disant dans les bras solides d'homme quoi, comme en rêve des femmes. Paraissant comme un élément gênant, Camille doit débarrasser le plancher, les deux amants qui espèrent ainsi avoir la liberté de se marier et gouter enfin pour la Thérèse le grand plaisir de la vie et pour le Laurent le merveilleux accomplissement plus que jamais de sa paresse car il sera livrer aux soins de la mère Raquin et de la jeune épouse. Un grand projet qu'ils vont murir et développer minutieusement, puis le mener à la réalisation, finalement, le frêle Camille Raquin sera noyé par les amants. Malheureusement, la paix recherchée ne sera plus qu'une illusion...
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Thérèse Raquin est le troisième roman de l'écrivain français Émile Zola publié en 1867. L'auteur en tirera lui-même une pièce de théâtre en 1873.

Thérèse Raquin , fille d'une algérienne et d'un capitaine militaire francais, Degans, posté en Algérie, se verra confiée par son père aux « bons soins » de sa tante à la mort de sa mère ; son père qui ne tardera pas à tomber au combat, en Afrique…
Thérèse grandit aux côtés de son cousin, Camille, un enfant souffreteux qui deviendra par l'insistance de sa mère le mari de Thérèse. Une installation du couple dans un petit commerce, et une rencontre : Laurent, ami d'enfance de Camille, peintre, beau, robuste…

Publié en 1867, soit quatre ans avant le premier volume des « Rougon-Macquart », Thérèse Raquin est le troisième roman d'Emile Zola, et le premier d'importance, malgré son accueil pour le moins mitigé, par la critique …

Pour ma part, il s'agit de ma première lecture de Zola, si on excepte les quelques extraits étudiés au collège. Une lecture qui dénote une certaine appréhension à s'attaquer au monument que sont « Les Rougon-Macquart » ; et qui entraînera la lecture de « La fortune des Rougon » quasiment immédiatement, tant le choc fut violent.
Zola nous invite dans ce Paris du XIX ème siècle magistralement dépeint à nous interroger sur la dualité du corps et de l'esprit et des interactions de l'un sur l'autre qui peuvent tourner au drame.

« Thérèse Raquin », ou le portrait de deux femmes au fort caractère : Mme Raquin, et Thérèse. Un ouvrage magistral, peut-être un peu moins connu et lu que les best-sellers des « Rougon ». Néanmoins à conseiller en introduction à « la grande oeuvre de Zola », dans la mesure où tout le talent de l'auteur à venir se trouve concentré là…
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Attaqué par la critique de l'époque, Zola se sent obligé d'expliquer son oeuvre, prouvant qu'il ne voulait pas faire un roman pornographique mais une analyse de cas psychiatrique. Il s'en excuse d'ailleurs auprès des lecteurs qui ont compris.
A cette fin, il écrit lui-même la préface de son livre : c'est dans un but scientifique qu'il a créé ses personnages, étudiant les troubles entraînés par l'union d'une "nature sanguine" comme celle de Laurent à une "nature nerveuse", celle de Thérèse.
Les critiques ont finalement admis que Zola entre dans le mouvement Naturaliste et n'est pas le pervers qu'ils avaient imaginé.

Dès la première page du livre, Zola pose le décor, de façon cinématographique j'ai trouvé. le sens aigu du détail de l'auteur nous permet de bien visualiser ce passage du Pont-Neuf. Les descriptions nous font entrer dans ce contexte sombre et froid, comme dans un tableau. On imagine que cet endroit glauque et humide, sale, d'une noirceur profonde va influencer la vie des habitants. C'est dans ce lieu sans lumière que se trouve la Mercerie au nom de Thérèse Raquin.

Sa mère morte à sa naissance, Thérèse est confiée à l'âge de 2 ans par son père, militaire, à sa tante Madame Raquin. Elle vivra une enfance réprimée.
Madame Raquin, veuve, couve son fils, Camille, enfant souffreteux auquel elle est entièrement dévouée. Médicaments, tisanes, inactivité sont la vie de cet enfant, vie bien monotone et malsaine que va partager Thérèse, les 2 enfants étant élevés à l'identique.
Camille devient un homme faible et insignifiant auquel Madame Raquin va marier Thérèse afin de s'assurer une vieillesse confortable, entourée de sa famille.

Bien qu'aimante et dévouée, j'ai trouvé Madame Raquin intrusive, obligeant Thérèse à vivre comme Camille, les poussant à un inceste malsain.
Thérèse, au tempérament passionné, elle est la fille d'une cheffe africaine, va mener une existence bien ennuyeuse. Son hérédité et son éducation ainsi que son milieu de vie vont déterminer ses actes futurs. Madame Raquin, même si tout partait d'un bon sentiment, a pour moi une grande responsabilité dans les événements à venir.

Et oui ! Laurent arrive, grand, fort, avec "un cou de taureau", ce détail aura son importance plus tard, et Thérèse découvre un homme. Elle sort de sa résignation, les 2 vont devenir amants.

Laurent est un peintre, qui s'avère être un artiste raté, oisif, paresseux et égoïste, intéressé par l'argent de Madame Raquin qui l'accueille et finira par le considérer comme son propre fils.
Une brute, sans foi ni loi, à laquelle, contrairement à Thérèse, il est plus difficile de trouver des circonstances atténuantes pour la suite du roman. Fils d'un père procédurier, qui l'a obligé à faire des études d'avocat afin de le défendre plus tard, il est vrai que ces circonstances ne sont pas favorables à une vie épanouie.

Vous l'aurez compris, les personnages sont désagréables, pas du tout attachants, égoïstes, sauf un peu Madame Raquin, et encore... et le chat François, le seul auquel j'aurais aimé un sort de petit être choyé :)

Je ne vous en dirai pas trop mais l'ambiance glauque, la noirceur, présentes tout au long du roman vont aller crescendo jusqu'à l'inévitable drame tramé dans les cerveaux malades dont Zola fait l'étude.

A ce moment là, on pense que les amants vont avoir la belle vie qu'ils souhaitaient, c'était sans compter sur la culpabilité et le remords qui inconsciemment les domine.
Zola, avec son grand talent, réussit à aller encore plus loin ensuite dans les descriptions sordides, poussant les répétitions jusqu' à mettre le lecteur mal à l'aise. J'avoue à un moment avoir trouvé le texte redondant mais bien sûr, c'était voulu par l'auteur qui, a 27 ans seulement, était déjà un grand écrivain admiré plus tard par Freud lui-même.

On s'est demandé, lors de notre lecture commune si Thérèse et Laurent éprouvaient des remords pour leurs actes répugnants, je pense que oui. Laurent n'arrive plus à manger, à dormir, ni même à marcher, son remords se manifeste physiquement. Il fait des cauchemars, est victime d'hallucinations. Il est complètement obsédé, jusqu'à la folie.

Thérèse, quant à elle, est plus dans un remords "comédie", son esprit est en boucle sur ce qu'elle a fait et elle manifeste des regrets.

Les amants en arrivent à se détester, ne s'aiment plus, n'ont plus de désir et se renvoient la faute mutuellement. Leur tempérament change, s'inverse, Thérèse est maintenant dominée par son sang, Laurent par ses nerfs.

Je pensais faire une courte critique et je me rends compte qu'il y a encore tellement de choses à dire... Il s'en passe encore des choses... il ne vous reste plus qu'à aller les découvrir ou redécouvrir ! Beaucoup de points très intéressants ont été évoqués par mes amis de lecture, Sandrine (HundredDreams), Francine (Afriqueah), Fanny (Fanny1980) et Bernard (Berni_29) que je remercie de m'avoir entraînée dans cette lecture que je n'aurais certainement jamais faite, cela aurait été dommage.

Malgré la noirceur du roman et avec notre sensibilité différente et complémentaire, nous avons tous été passionnés par l'écriture de Zola et pris par cette histoire, nous donnant envie d'aller au bout... presque une obsession ;)

Dans Thérèse Raquin et son étude des tempéraments influencés par les milieux sociaux et les circonstances, Zola pose les bases de sa grande oeuvre : Les Rougon-Macquart que l'on a envie de lire à la fin de ce roman, mais ça, c'est un autre défi ;) !

Ah ! J'ai oublié de vous dire, pas de pornographie dans ce roman, c'était une autre époque ;), de l'horreur plutôt !
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L'atmosphère est âpre du côté de ce sinistre passage du Pont-Neuf. Les habitants de cette mercerie délabrée voguent à leurs occupations, et Thérèse, placide, léthargique, regarde sa vie défiler sans y participer.

Son éveil débutera au côté de son amant Laurent, réveillant le feu de ses ardeurs. La rencontre de ces deux êtres, que tout oppose, accentuera le tempérament ombrageux et égoïste de leurs personnalités. Jusqu'à commettre l'irréparable.

Le chat, François, observe ses amants maudits d'un oeil inquisiteur. Une invitée particulière s'est installée confortablement dans les recoins de leurs pensées. le climat est anxiogène, incertain.
Pas de répit pour nos deux protagonistes, l'air exhale des senteurs d'angoisses, de fin du monde imminente, la tension monte crescendo, se tend comme un fil de rasoir.

Zola dissèque, cisaille, la psychologie de ses personnages sans âme, nous mettant nous, spectateur interdit, face à cette mélasse nauséabonde qu'est la noirceur de l'être humain.
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