AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 2165 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les nouvelles, ce n'est en général pas mon style, mais comment ne pas aimer quand c'est écrit par Zweig ? Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu cet auteur et en refermant ce livre, je me dis qu'il faut que je continue à découvrir plus profondément son oeuvre.

Amok est un récit court, très bien écrit et réfléchi. La simplicité de la construction et de la lecture n'enlève en rien la diversité des sujets abordés et la complexité des sentiments. En vrac et de façon non exhaustive : colonisation, racisme et horreur du sentiment de supériorité des européens, vocation du médecin, avortement, condition de la femme, passion et folie humaine...

Des le départ on se trouve aux côtés du narrateur dans l'étroitesse du bateau et dans la splendeur immobile de la nuit marine, et on est presque étonné que le voyage soit fini après ce récit halluciné.
Commenter  J’apprécie          120
Je referme Amok ou le fou de Malaisie et je suis sans voix. Quelle claque ! Sur cette nouvelle, j'ai deux remarques principales à faire.
Tout d'abord, Stefan Zweig a réussi à nous faire ressentir les violentes émotions des personnages de manière magistrale. Ensuite, il me semble que les anti-IVG feraient bien de se plonger dans ce livre, histoire de bien avoir en tête l'horreur des avortements clandestins.
Je me trouve tellement sous le choc de ma lecture que je peine à trouver les mots pour cette critique. Tant a cependant déjà été écrit par d'autres lecteurs que je vais m'en tenir là.

Challenge ABC 2022/2023
Challenge XXème siècle 2023
Commenter  J’apprécie          100
Sexe latent.
Zweig écrivait aussi bien qu'il portait la cravate. Toujours tiré à quatre épingles, pas de mèche folle, ce n'était pas le genre à offrir le sourire du plombier quand il se penchait pour ramasser un feuillet égaré. Avec lui, il n'y avait pas une virgule qui dépassait et il avait la ponctuation d'un homme qui rechignait à l'apostrophe.
Dans la famille des personnages suicidés, issue tellement récurrente qu'elle lui inspira sa propre fin, Amok est un récit digne d'une séance freudienne. Un voyageur rencontre sur un bateau qui rejoint l'Europe depuis Calcutta, un docteur taciturne. A défaut d'un psy à bord ou d'un curé de voyage pour se faire faire tout pardonner, l'homme va lui raconter une passion qui a dévoré son âme et sa raison.
Le docteur s'était retrouvé en Asie, non en raison d'une passion pour les colonies ou le soleil mais à cause d'une incartade amoureuse peu glorieuse en Allemagne. Affecté dans un bled isolé, la solitude tropicale le faisait dépérir jusqu'au jour où une belle anglaise un brin arrogante, bourgeoise dominatrice, Jane Austen à fouet, vient le voir de façon clandestine pour qu'il lui retire un passager clandestin. le mari, parti pour affaires quelques mois plutôt, devait rentrer au bercail et même avec un niveau CE1 en calcul, il aurait douté d'une immaculée conception. Pas charpentier, le bonhomme.
La rencontre se passe mal et la jeune femme, ne voulant rogner sur sa dignité, s'en va, toujours enceinte. Epris d'un amour obsessionnel, le docteur va la poursuivre dans la bonne société pour la convaincre de le laisser l'aider.
Et l'Amok dans tout cela ? Et bien, ce n'est ni une pâtisserie locale, ni une MST honteuse, mais une forme de folie homicide observée en Malaisie, fruit pathologique de frustrations et d'humiliations. En Inde, le terme était utilisé par les anglais pour décrire les éléphants incontrôlables qui s'essuyaient les pattes sur le quidam.
Je lis Zweig comme je rends visite à une vieille tante, quand j'ai besoin d'un peu de nostalgie et de vieux gâteaux secs. C'est fin, élégant, très sage et tellement bien construit. Chez lui, même les névroses sont bien peignées. Il voile les vices derrière l'inconscient, souffle la bougie avant de décrire les pulsions animales.
Amok me semble être une bonne porte d'entrée à l'oeuvre de Zweig. Par ici, la sortie.





Commenter  J’apprécie          1022
Comme toujours Stefan Zweig nous emporte dans son histoire dès les premières lignes.
On retrouve ici des thèmes chers à l'auteur : les tourments de l'esprit et la souffrance née de nos propres actes.
Confession d'un homme désespéré, ce court roman retrace les évènements qui ont conduit à un terrible drame.
Ici, tout est réuni pour nous faire ressentir la confusion du narrateur. L'ambiance est presque oppressante :
- le lieu : le pont d'un navire voguant sur l'océan, espace réduit au milieu de l'immensité.
- L'ambiance : chaleur et humidité, moiteur du corps et divagation de l'esprit.
- L'espace temps : une nuit étoilée, une luminosité restreinte qui donne une certaine épaisseur aux ombres (physiques et psychologiques).

Ce roman nous rappelle que l'arrogance, même si elle n'existe que pour dissimuler une certaine fragilité, amène rarement autre chose qu'une réponse tout aussi arrogante. de là naissent des situations bien souvent non désirées mais qu'il est malheureusement impossible d'ignorer.

Commenter  J’apprécie          70
Quelle étrange nouvelle. Quelle étrange atmosphère.
Je ne suis pas sûre qu'elle entre dans mes favorites, mais mon cher Stefan lui reste mon favori. Chaque fois que je le lis je retrouve cette magie inexplicable, je retrouve ce cocon dans lequel on se plonge avec délectation, que l'on s'identifie à l'histoire ou non. Ici je ne me suis pas attachée au personnage, et je n'ai pas été particulièrement émue par l'histoire, par contre j'ai été happée. Transportée, fascinée par cette atmosphère étouffante, par la chaleur ambiante de la Malaisie et le silence de la nuit sur le bateau. J'ai été quasi hypnotisée par le récit presque sordide de cet homme devenu obsédé par une femme rencontré quelques heures plutôt.
Stefan est un maitre dans l'art d'exposer les sentiments humains même les plus bas, les plus odieux ou les plus tortueux, avec une acuité qui ne cessera jamais de me subjuguer !
Commenter  J’apprécie          120
Ah, c'était hier, celui-là, non plus. Probablement au lycée pour être totalement honnête: j'en garde un souvenir partagé. J'allais dire confus mais en fait non c'est très clair, juste partagé. A la fois dérangée par cette description, cet abordage si cru de la folie, et rassurée, "au moins je ne suis pas seule".
Ceux qui auront un souvenir plus frais que moi n'auront aucun mal à sentir dans leur chair à quel point cette réaction aussi a quelque chose de dérangeant.
Commenter  J’apprécie          100
Sur un bateau qui le ramène d'Asie, le narrateur rencontre un autre passager qui s'avère être un médecin. Celui-ci, mal à l'aise et visiblement perturbé va débuter sa confession. Une chose lui pèse, un acte terrible qu'il a commis et pour lequel il se sent coupable. Il avoue être responsable – par inaction en réalité – du décès d'une femme anglaise en Indonésie à qui il a refusé l'aide qu'elle était venue lui demander. le médecin est frappé est une obsession, un mal étrange, l'Amok, qui est décrit comme étant un état au-delà de l'ivresse et de la folie. Cet état second le poussera à se jeter du bateau à la toute fin du voyage.
Cet Amok de Stefan Zweig ne restera pas, pour moi, dans mes préférés de l'auteur. Indéniablement bien écrit, maîtrisé et efficace, je ne suis malheureusement pas parvenue à entrer dans le récit et je demeure perplexe après avoir refermé le livre. Rien ne m'a accroché dans cette rêverie et dans cette confession. Il n'en reste que Zweig est impeccable pour décrire les sentiments humains, pour décortiquer les travers de ses semblables et pour créer des univers oniriques. Amok m'a fait penser au Joueur d'échecs où deux hommes se trouvent confrontés, viennent à se livrer et où un secret fini par être dévoilé.
Commenter  J’apprécie          60
Dans cet entre-deux-mondes que constitue un voyage en bateau, tout devient possible, y compris les aveux d'un inconnu à un autre inconnu, le narrateur, témoin attentif d'une hallucinante confession.

Et cet inconnu, médecin de son état, n'hésite pas un instant à se mettre à nu en dévoilant, non, en crachant sa folie, son "amok", cette fureur insensée qui l'a saisi, le transformant soudainement en possédé, hors de lui et capable de n'importe quoi !
Et pourquoi donc, ou plutôt pour qui donc, cette folie ? Une femme, bien sûr, une femme hautaine, méprisante, trop sûre d'elle, qui vient demander un service au médecin, et que le narrateur par orgueil veut soumettre à sa volonté..... le propulsant ainsi dans une fuite en avant inexorable.

Et dans cette fuite, il entraîne le lecteur avec lui.
Car oui, Stefan Zweig possède au plus haut degré le talent d'enchaîner le lecteur.
Un talent tel qu'on ne peut que le suivre dans les méandres de ce récit enfiévré, torturé, comme d'habitude chez lui remarquablement construit, et toujours avec la même économie de moyens, mais une économie qui n'est pas pingrerie, mais plutôt l'aboutissement d'un art consommé du récit fluide où chaque mot paraît scrupuleusement choisi, chaque phrase ardemment composée pour exprimer l'intensité d'une irrésistible passion.

"Alors prends feu ! Seulement si tu t'enflammes,
Tu connaîtras le monde au plus profond de toi !
Car, au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie."
Commenter  J’apprécie          320
Voila bien longtemps que je n'avais pas lu de Zweig et je n'ai pas été déçu .Voilà sous le titre de la première histoire, 3 nouvelles fort prenantes ,toutes trois traitant de relations passionnelles homme-femme. Difficile de dire qui a le beau rôle ...disons que dans les 2 récits, les intrigues sont complexes, passionnées et finissent mal....
J'ai particulièrement apprécié la deuxième partie; moins sinistre ( même si le décès d'un enfant porte l'intrigue) ,plus optimiste sur la vertu de l'amour et la force que celui-ci développe . Tout cela ,agréablement porté par la plume de Zweig.
Commenter  J’apprécie          140
Un classique de l'auteur autrichien, dont on retrouve les classiques ingrédients : narrateur passager d'un navire voguant dans les mers du Sud-Est asiatique, envolées lyriques face aux tropiques, aux étoiles et à la clarté nocturne, et mystérieux personnage en manque de confident.

Amok ou le fou de Malaisie est donc non seulement le récit des transports d'un homme qui tente de se justifier d'un crime que l'on peine à cerner, mais plutôt une nouvelle de personnages déraisonnés commettant des actes déraisonnables, et qui agacent un peu par leur incapacité à ne pas foncer tête baissée dans le sillon qui mène inéluctablement à leur perte...

Ce schéma propre aux nouvelles de Stefan Zweig m'aura moins ravie ici qu'ailleurs, même si je ne me lasse pas de cet auteur !
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (4966) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1885 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}