Brûlant secret et autres nouvelles

Une fois que quelqu'un s'est trouvé lui-même, il ne peut plus rien perdre dans ce monde. Et dès que quelqu'un a compris l'être humain qu'il y a en lui, il comprend tous les humains" extrait de "La nuit fantastique"

Quoi de mieux pour briser la monotonie de nos vies confinées que la plume de Stephen Zweig ? Vous connaissez déjà mon amour pour Zweig, inutile de le rappeler.
Je n'avais encore jamais lu ce recueil ce fut une belle découverte.
A travers ces nouvelles, il nous entraîne à la rencontre de sentiments troublés. La jalousie, les premiers émois, la curiosité, la définition de l'existence... On ne s'ennuie jamais. Sa plume est toujours aussi belle et précise. On se retrouve toujours un peu dans les personnages car comme eux, nous sommes humains.

- Brûlant secret : j'ai aimé même si les personnages n'ont pas vraiment résonnés en moi. La montée en puissance de la jalousie et ses travers sont décrits avec une justesse absolue.

- Conte crépusculaire : j'ai adoré l'ambiance de mystère et la force des premiers sentiments amoureux.

- La nuit fantastique : mon plus gros coup de coeur, du Zweig dans toute sa justesse et sa puissance. Cet itinéraire nocturne d'un bourgeois bien enfermé dans ses habitudes de classe qui fait un pas de côté, se laisse porter par le destin pour rencontrer sa propre humanité. Une merveille.

- Les deux jumelles : très bien, son seul tord, être placée après "La nuit fantastique"
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Cette nouvelle se lit très rapidement. Encore une fois Stefan Zweig tape en plein dans le mille concernant l'évocation des sentiments d'Edgar. On a beau ne pas être un petit garçon de 12 ans d'un autre siècle, on se dit que oui c'est exactement ça qu'on aurait ressenti à sa place aussi! C'est ce que j'adore chez cet auteur, cette capacité à discerner si bien les sentiments des gens.

Je n'ai lu que la nouvelle "Brûlant secret" dans la collection Folio donc un autre livre mais j'écris ici une petite critique de cette nouvelle tant je l'ai trouvée de grande qualité ; on est successivement pris de pitié pour le jeune Edgard, d'abord jouet malgré lui du monde des adultes puis on devient complice de sa recherche et enfin attendri puis touché par la maturité d'esprit qui va s'imposer à lui et dont il va finalement faire preuve. de la fin de l'enfance il va sauter le pas de l'adolescence et entrer de plain pied dans le monde des adultes en éprouvant des sentiments authentiques d'empathie qui vont le submerger jusqu'à lui faire entrevoir la richesse de la perspective de ce que sera sa vie d'homme et finalement de ce qu'est la vie. C'est bien écrit et rythmé comme une enquête policière, Stefan Zweig est maître pour tenir le lecteur en haleine et accompagner le suspense avec une description des émotions dont la large palette s'exprime de façon particulièrement prenante, des causes psychologiques aux conséquences physiques, on a presque affaire à un médecin ou à un scientifique de l'âme, J'ai lu d'autres nouvelles de cet auteur mais le plus de celle-ci c'est l'ouverture de sa conclusion qui est profondément humaine.
J'ai largement préféré cette nouvelle au film qui en a été adapté et sorti en France en 1989 avec Faye Dunaway et Klaus Maria Brandauer (qui reste un néanmoins un bon film).

Plusieurs nouvelles inégales dans ce recueil.
Brûlant secret : Un jeune adolescent se santé fragile, passe quelques jours à la montagne avec sa mère. Un baron désoeuvré , chasseur de femmes, profite d el'enfant pour approcher la mère. L'enfant devient vite gênant. On l'éloigne, il en souffre mais ne renonce pas et tente de découvrir le secret existant entre sa mère et le baron.
Un roman un peu dépassé qui semble écrit pour les ados ou pour culpabiliser les mamans adultères. le sentiment de haine est magnifiquement décrit grâce à l'écriture de S. Zweig.
Conte crépusculaire
Un jeune adolescent tombe amoureux d'une jeune femme et se méprend sur l'identité de celle-ci, ne la rencontrant que la nuit.
La nuit fantastique
Suite à un incident sur un champ de courses, un homme se découvre. Il croyait vivre mais ce n'était pas la vie. Il était devenu insensible à tout ce qui l'entourait. Cet incident lui a permis une introspection et de vivre enfin !
Les deux jumelles
Histoire de deux soeurs jumelles qui construisent leur vie de manière différente. L'une choisit le bien et s'enferme dans la religion afin d'apporter son aide aux malades et aux vieillards. L'autre profite de sa beauté pour abuser des hommes et vivre richement, tout en narguant sa soeur. On sait dès le départ où va mener cette haine entre les deux soeurs.

BRÛLANT SECRET de STEFAN ZWEIG.
4 nouvelles toutes simples dans lesquelles ZWEIG décortique les sentiments et les ressorts les plus profonds de l'âme humaine. Amitié, amour, passion, jalousie, toute la gamme des sentiments est passée en revue. À lire et à relire cet homme avait décidément tout compris de notre fonctionnement .

Magnifique écriture comme toujours de Zweig et ces quatre récits en sont encore la preuve. En termes de citations le choix était large. Quatre récits à travers lesquels la lutte entre vice et vert, orgueil et profondeur, ... finit toujours dans une rencontre avec l'authenticité Et la bienveillance . Comme des récits de quête de soi.

On est plongé en 100 pages dans l'enfance d'Edgar qui découvre la jalousie, la trahison, les mensonges des adultes. C'est magnifiquement écrit, on ressent les émotions de cet enfant mais aussi une tension montante. Très beau

Encore un grand moment ! Mais quel moment : angoisse, malaise, rires jaunes, petits frissons à la base du cou... Tout dans ces pages est si innocent, et tout est si dérangeant. Une nausée permanente. Mais comment fait-il ? Quelle dose de magie faut-il dans une plume pour arriver à extraire d'une idée aussi simple que cela, l'amitié entre un jeu garçon et un baron, autant de sensations si palpables, si vraies qu'on a l'impression d'y être. le tout très Viennois, bien sûr. Avec une bonne dose de misogynie et tout le tralala.
Son conte crépusculaire est pas mal aussi dans le genre "je ne sais plus où me mettre", et sa "nuit fantastique" questionne chaque jour ma capacité à reprendre la lecture là où je l'ai laissé. Suis-je assez forte pour lire le maître ?

Un loup, animé de noirs desseins, cajole le chevreau dont il convoite la mère. Il montre patte blanche au biquet mais délaisse vite ce dernier pour sa lascive maman. Il aurait dû suivre le conseil du père Hugo, à savoir : "Vous qui cherchez à plaire, Ne mangez pas l'enfant dont vous aimez la mère."

Un jeune baron, donc, émoustillé par une plantureuse juive en villégiature, se sert du jeune fils de sa proie consentante pour parvenir à ses fins libidineuses. le garçonnet, impubère et ingénu, soupçonne que les deux adultes, dans leurs jeux de séduction, lui mentent pour parvenir à leurs fins. Submergé par un sentiment de haine, il va contrecarrer leurs plans sensuels.

Décidément Stefan Zweig s'y entend pour décrire cet état de tension amoureuse qui précède l'accomplissement : ici, c'est par le regard d'un enfant voyeur que cette apogée du désir contenu nous est décrite et, grain de sable sous les dents, la nouvelle agace les nerfs autant qu'elle convainc. En 15 courts chapitres, l'auteur virtuose emprunte divers trous de serrure (l'oeil du suborneur, celui du gamin) pour nous faire gravir cette progression du désir qui, loin du spasme attendu, aboutit à un coitus interruptus!

Une réussite formelle pour une morale assez bourgeoise : madone et putain, les deux archétypes restent inconciliables. Autres temps, ...

L'histoire que j'ai préférée est bien sûr Brûlant secret. Ce regard de l'enfant sur les adultes essayant d'utiliser l'enfant dans des jeux d'adulte. Vraiment intéressant surtout que cet enfant est très intelligent et fera tout pour ne pas les aider.
Ce roman sans bien sûr aller aussi loin ne peut que montrer une certaine réalité des adultes à vouloir cacher la vérité aux enfants et surtout à vouloir leur faire croire des choses totalement absurdes...