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4,25

sur 3614 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roland, jeune étudiant à Berlin, fils d'un proviseur, oisif, qui accumule les conquêtes féminines et les sorties festives, n'est pas propice aux études et surtout les études littéraires auxquelles il voue une aversion. Son père conscient de sa passivité, décide pour parfaire ses lacunes de l'envoyer dans l'université d'une petite ville de Province, loin de toutes tentations nuisibles à sa réussite.
Le 1er jour de la visite de l'université, Roland est captivé comme magnétisé par le discours d'un professeur de philologie, il est conquis par l'interprétation éloquente du professeur sur les oeuvres de Shakespeare.
A ce jour, Roland voit en ce professeur son Maître.
Très vite les deux protagonistes font connaissance, ainsi le professeur lui propose une chambrette d'étudiant qu'une vieille dame loue près de sa maison. le jeune étudiant rencontre sa femme, et remarque que le couple est en opposition, une froideur caractérise leur couple plutôt particulier.
Roland entre dans l'intimité du professeur qu'il côtoie chaque jour, celui-ci devient son mentor au point de s'avilir à une servitude intellectuelle, Roland est emprisonné voire capturé par les pensées de son Maître, il finit par s'isoler de la société et des autres étudiants.
Le professeur a une attitude lunatique vis-à-vis du jeune élève, ce qui le déconcerte.
La femme du professeur, observatrice et consciente d'un danger, joue un rôle de protectrice auprès du jeune étudiant, se forme alors un trio, un triangle ambigu autour de ces trois personnages.
Roland éprouve pour son Maître, une attirance cérébrale et platonique qui vire à l'obsession, il ne contrôle pas ce rapport singulier et confus, et ne comprend pas le comportement du professeur parfois haineux et d'autre fois tendre ainsi que ses échappées nocturnes.
Roland n'a que 19 ans et les réactions d'une jeunesse impétueuse, il s'égare, s'humilie, et ne voit pas que les silences du professeur sont révélateurs d'un profond sentiment d'attachement, des silences qui dissimulent un amour qu'il protège d'éventuelles souffrances.

C'est un récit qui foisonne de sentiments précieux, pudiques, de vibrations intenses, de passion tortueuse, sous cette confusion de sentiments se cache peut être un amour impossible !
La majestueuse plume de Stefan Zweig m'a enchantée, un roman délectable et puissant, une oeuvre sentimentale tout en délicatesse.
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Le fils du proviseur était un illustre musard ; rien ne l'intéressait vraiment , et , surtout pas l'étude ni l'abrutissement par les livres . Il rêvait d'actions et non de paroles ; il se voyait ingénieur , officier ou marin .

" A vrai dire , aucune vocation impérieuse ne me portait vers ces carrières . C'est seulement l'antipathie pour les paperasses et le didactisme de la science qui me faisait préférer une activité pratique à la carrière de professeur ."

Mais son père , fanatique de l'université , l'expédie , franco , étudier à Berlin au grand dam de ce vaurien qui , très rapidement s'adjoint deux acolytes : la fête et le sexe .
Par hasard , lors d'une visite dans la ville , le paternel découvre ses manigances , le punit en l'envoyant en province dans une université de sage renommée .

Quand Roland pénètre dans la salle de cours , tout son être s'embrase à la vue de ce groupe d'étudiants , cois et béats , qui semblables à des nouveaux-nés , tètent avec volupté les palabres d'un tiers .
Tel un " Karajan " , l'inconnu utilise tous ses sens pour exprimer , avec une maestria époustouflante , son intuition , sa perception de Shakspeare .

" Bientôt , sous l'action de sa main habile , cet entretien simplement intellectuel s'enflamma et se chargea d'une animation électrique ."

Notre jouvenceau tombe en pamoison de plaisir et n'a qu'une hâte : découvrir plus en détails cet auteur et surtout ce maître novateur .
Son regard et son sourire enfantin séduisent à ce point le professeur qu'il lui propose , comme à d'autres avant lui , une chambre à louer près de sa demeure pour qu'il puisse améliorer ses classiques et travailler en paix .

Lui qui méprisait son paternel pour son penchant colossal des livres , s'entortille de la langue élisabéthaine , avec régal et rage afin d'être proche de son idole et bienfaiteur ; il boit ses paroles ; il est le prolongement de ses doigts qui accompagnent ses élans théatraux lorsqu'il se retrouve dans la peau de ses héros shakspeariens .

D'emblée , une complicité ambiguë se crée entre eux ; la fascination qu'ils éprouvent l'un pour l'autre démonte la jolie épouse du professeur qui se sent exclue car elle est si différente , elle si vivante , si active , si solaire entre ces deux être si peu terre-à-terre .

Tant de souvenirs renaissent dans un arc-en-ciel sonore où la voix emphatique de son maître tintait quand il avait dix-neuf ans .
Maintenant qu'il est senior , il comprend combien cette période a décidé de sa personnalité et de son attirance immodérée pour la littérature .
A son tour , il peut emballer la jeunesse , cette jeunesse qui l'honore en lui offrant la biographie de sa vie ... sauf cette partie dissimulée au plus profond de lui .

" Rien n'est plus passionnée que la vénération d'un jeune homme , rien n'est plus timide , plus féminin que son inquiète pudeur. "

Que de questions à la lecture de ce concentré de perles de culture , d'esprit et de mesure où chaque mot est précis , coloré et savoureux malgré la tragédie qui s'y construit lentement .

" J'ai de tout temps exécré l'adultère , non pas par esprit de mesquine moralité , par pruderie ou par vertu , non pas tant parce que c'est là un vol commis dans l'obscurité , l'appropriation du bien d'autrui , mais parce que toute femme , dans ces moments-là , trahit ce qu'il y a de plus secret chez son mari ....le secret de sa force ou de sa faiblesse . "

Il est vrai que l'auteur est une fameuse énigme lorsqu'il juge la vie sexuelle d'un homme , hétéro ou homo , et d'une femme qu'il réduit souvent à " la chose " de l'homme .

Je rejoins Nastasia -B dans son admiration monumentale pour cette nouvelle sans aucun embarras .
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Quelle intensité, mes amis ! Ouffff...
Roland étudie mollement à Berlin : il ne suit pas des études, ce sont plutôt elles qui le poursuivent. Repoussant les valeurs de son père par opposition, il préfère s'encanailler dans les bas-fonds. Mais un jour, son père le surprend à paresser dans sa chambre d'étudiant ; c'est comme s'il recevait un coup de marteau sur le coeur : la honte le prend aux tripes, et il se lance à fond dans les études.
Bientôt, il est intéressé par un professeur de philologie anglaise qui attire les étudiants à lui " par sa parole, comme avec un lasso, pour les immobiliser, fascinés sur place".
.
Stefan Zweig construit un drame à partir de trois personnes : le maître de conférence, sa femme, et Roland.
Un secret, confusion des sentiments, et convulsions déchirent l'âme de ces personnages.
J'aimerai proposer une analyse personnelle de ce texte, mais masquée, car cela dévoile une partie de l'intrigue... je ne sais pas si je vais bien manipuler ...
.
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La confusion des sentiments est une symphonie et Stefan Zweig en est le chef d'orchestre.
Dès le premier coup de baguette, la musique des mots retient notre attention, se fait de plus en plus intense puis nous happe littéralement, sans plus jamais nous lâcher.
Oui, c'est une véritable symphonie de sentiments que nous offre le sublime Zweig.

Roland relate sa jeunesse, sa vie d'étudiant et surtout la rencontre avec un professeur de philologie anglaise, maître passionné et charismatique. Une amitié naît rapidement entre les deux hommes. le jeune Roland se lance à corps perdu dans les études sous la houlette de ce professeur mordu de Shakespeare et s'attache à ne pas le décevoir. Bientôt, il se coupe du monde, accaparé par le travail mais surtout par cette profusion de sentiments qui le submerge.
En proie à une admiration sans bornes pour son mentor, il est dérouté par les réactions de ce dernier, qui sans cesse lui souffle le chaud puis le froid, l'attire et le repousse. Aucun sentiment ne lui sera épargné : la crainte, la gêne, la joie, la peine, la honte, le dépit, la colère, la révolte, l'accablement, la douleur...

Et c'est toute la force de ce petit roman. Stefan Zweig dévoile ici ce qu'il y a de plus profond en chacun. Pudiquement et tout en délicatesse, il creuse au coeur de l'intimité, mettant à nu les émotions intérieures et secrètes. Si Roland, jeune personnage exalté, ne comprend rien à ce qui lui arrive, le lecteur – tout comme la jeune épouse du professeur- ne s'y trompe pas et assiste, impuissant, aux combats intérieurs que se livrent les deux personnages principaux. Combat de Roland, aux prises avec une passion dont il n'a même pas idée et qui le détruit peu à peu, et combat du vieux professeur, qui lutte tant bien que mal avec ses vieux démons.

Quel magnifique roman d'amour ! Toute la magnificence, la beauté, la puissance de l'amour se lisent dans ces pages, telles des notes de musique sur une partition, jouées avec plus ou moins d'intensité, se faisant nonchalantes puis soudain violentes, se voulant légères et caressantes puis appuyées jusqu'à en devenir poignantes et vibrantes.

Je ne peux qu'applaudir après la lecture de cette oeuvre magistrale. Applaudir et remercier.
Me voilà confortée dans l'idée que lire ou écrire ne sont pas des activités anodines. Loin de là. Elles puisent au plus profond de nous, entrouvrent des portes dérobées, s'immiscent dans nos souvenirs les plus anciens, secouent nos vieux préjugés, nous révélant souvent à nous-même.

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Pour moi lire Stefan Zweig c'est être emportée dans un tourbillon qui ne faiblit jamais !

Pour son 60ème anniversaire le narrateur Roland, raconte un événement essentiel de sa jeunesse estudiantine qui n'est pas dans le livre hommage rédigé par ses élèves ; un événement méconnu, jamais raconté !

Après avoir passé son premier trimestre universitaire à faire la fête et sans jamais travailler, il en Allemagne dans une autre université. Dès son arrivée, la rencontre avec son professeur d'anglais il est fasciné par cet homme à l'éloquence hypnotique.

Il va bientôt développer une passion pour ce professeur et va souffrir de ses brusqueries, de ses silences, de ses disparitions, mais une passion toute platonique et ne se rend pas compte que ce professeur est tombé éperdument amoureux de lui !

La passion, quelle qu'elle soit, est le coeur de ce livre avec les tourments, les souffrances et les incompréhensions qu'elle entraine, qui nous entraine même si comme témoin de cette histoire nous percevons la différence dans l'amour de ces deux hommes !

Pas de temps mort dans la narration, le tourbillon ne cesse jamais, Zweig excelle dans l'art de nous maintenir quasiment hors d'haleine avec la souffrance du jeune Roland !

Challenge MULTI DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge XXè SIECLE 2021
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Avant même de l'avoir fini , je savais que ce court roman m'accompagnerait sur mon île déserte ! Un roman à lire et à relire , tout y est magique , la traduction remarquable d'Olivier Bournac et Alzir Hella sert admirablement un texte où chaque mot est choisi , soupesé , ajusté au plus près de l'idée du ressenti . Bref que du bonheur ...
Notes intimes du professeur R de d'. Voilà tout est dit ici . Comment ce professeur émérite, fêté à l'occasion de son soixantième anniversaire, réalise en feuilletant le livre d'hommage que ses étudiants lui ont offert que même si l'index compte deux cents noms :" il n'y manque que celui d'où partit l'impulsion créatrice, le nom de l'homme qui a décidé de mon destin et qui , maintenant, avec une puissance redoublée, m'oblige à évoquer ma jeunesse."
Un homme déjà d'un certain âge à la barbe blanche, au sourire rare, aux yeux bleus enseigne la langue anglaise. Immédiatement notre étudiant est sous le charme, après avoir mené une vie de patachon à Berlin il est arrivé dans cette petite ville du centre de l'Allemagne réputée pour son Université avec la ferme résolution de travailler d'arrache-pied . Sa rencontre avec celui qui deviendra son maître à penser l'enivre, le comble de bonheur mêlée au chagrin de ne pouvoir le satisfaire autant qu'il le souhaiterait , il travaille, travaille... Seule l'épouse du professeur essaye de mettre un frein à sa démesure.
Qu'importe au fond ce que je peux modestement écrire seuls comptent les mots, les phrases, le texte de Stefan Zweig . Publié en 1927, ce texte me semble intemporel et incontournable. Avec élégance et finesse, Zweig parle de l'homosexualité, sujet tabou s'il en est, et de la confusion des sentiments qui envahit notre étudiant .Un roman incontournable à lire et à relire.
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Grosse nouvelle ou petit roman, la question se pose souvent chez Stefan Zweig…Elle se pose encore pour « La confusion des sentiments »... Publié en 1927, ce texte connaîtra très vite un très grand succès.

Le narrateur, Roland de D., un professeur de littérature reçoit l'hommage appuyé de ses collègues et de ses étudiants pour l'ensemble de sa carrière. C'est l'occasion pour lui de revenir sur sa jeunesse d'abord quelque peu dévoyée à Berlin , où de nombreux « à cotés » le distraient de ses études, puis dans une université de province où il rencontrera LE professeur : celui qui vous marque pour la vie.
Il sera le bénéficiaire de « cours particuliers » de la part de ce professeur spécialiste du théâtre élisabéthain dont l'oeuvre en cours de rédaction depuis des années n'en finit pas de mûrir…
Roland se proposera d'aider le maître à terminer sa grande oeuvre afin de la révéler au grand jour…
Peine perdue… On assiste à « la confusion des sentiments » dans cette histoire d'hommes d'une délicatesse ambiguë… fascinante… jusque dans le parallèle de l'oeuvre à révéler et de l'homosexualité à dévoiler.
Un des grands textes de la littérature du XX ème siècle, salué en son temps par Sigmund Freud.

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Depuis toujours, je lis et relis Stefan Zweig.
Inlassablement, passionnément.
« La confusion des sentiments » m'a à nouveau plongée dans les tréfonds de l'âme humaine.
Lire Zweig, c'est se laisser envahir par des sentiments disséqués avec minutie.
Lire Zweig, c'est souffrir et douter avec des personnages hors du commun.
Lire Zweig, c'est se laisser porter par l'une des plus belles plumes de la littérature.
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Pourquoi ai-je tourné si longtemps autour de cette merveille ?!
Malgré son thème de nombreuses fois abordé depuis, ce chef d'oeuvre de Stefan Zweig n'a pas pris une ride ni perdu de son acuité. J'ai été littéralement irradiée par ce texte brûlant, profond, dense mais fluide dans lequel bouillent toutes les tensions et la tonicité de la jeunesse mêlées aux affres de sentiments inconnus.
Chaque mot sonne juste, aucun n'est de trop, et tous animent des émotions viscérales sous la plume pudique et ardente de Zweig. Chacun des trois personnages, l'élève, le maître et sa femme, sont bouleversants de vérité, et leurs chemins croisés recèlent la quintessence de la plus fine subtilité que l'on puisse trouver dans les relations humaines.

Cerise sur le gâteau, « La confusion des sentiments » parle de Shakespeare de manière si vivante et enthousiasmante qu'il donne envie de découvrir avec un nouvel oeil cette parenthèse de création poétique fulgurante qui a illuminé l'Angleterre élizabéthaine depuis le théâtre du globe.
Pardon Mr Zweig d'avoir douté si longtemps, et merci pour ce joyau.
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À l'occasion de ses soixante ans, un professeur reçoit en hommage une biographie reliée. Il y lit qu'il a toujours été passionné de philologie. La vérité, en réalité, est très éloignée. Lorsqu'il a commencé ses études à Berlin, il n'assistait pas aux cours s'adonnant à une vie déréglée. Surpris par son père, dans sa chambre d'étudiant, en galante compagnie, Roland en a été si honteux qu'il a accepté de s'inscrire à une autre faculté, au centre de l'Allemagne.

Il a été aussitôt fasciné par un des professeurs. Un logement étant libre dans l'immeuble de ce dernier, il l'a loué. le professeur était entouré de nombreux mystères. Pourquoi disparaissait-il des journées entières ? Quelle était la nature de sa relation avec sa femme ? Pourquoi se montrait-il tantôt sec et distant, tantôt affectueux ? Pourquoi Roland était-il ostracisé par les autres professeurs et étudiants ?

La vérité lui sera révélée par le professeur à la fin de l'histoire, mais avant, Roland aura le temps de ressentir tous les sentiments (et émotions possibles).
Si la confession du professeur étonne peu le lecteur d'aujourd'hui, la naïveté de Roland, son admiration juvénile et filiale nous entraînent à une autre époque.

Lien : https://dequoilire.com/trois..
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