Une histoire d'amour et d'amitié magnifique doublée d'une analyse fine de la passion amoureuse , de ses affres et d'une plume majestueuse.
Écrite en 1927, cette nouvelle de
Stefan Zweig relate les souvenirs de jeunesse d'un professeur (Roland) en fin de carrière qui se souvient du seul et unique homme qui a marqué un tournant dans sa vie d'alors.
Par une vaste analepse, le narrateur partage avec nous cette histoire émouvante.
Roland, 19 ans, mène une vie de débauche à Berlin.
Le jeune homme écoeuré par la connaissance universitaire et la culture, étant lui-même fils d'enseignant lie ces objets d'étude à des besoins alimentaires uniquement .
lorsqu'un jour son père débarque chez lui en lui conseillant de reprendre ses études, il s'exécute.
C'est là qu'il rencontre par hasard, à l'université, un professeur qui va le subjuguer pendant plusieurs années.
Ce professeur tient un discours passionné sur la littérature élisabéthaine qu'il enseigne, il est charismatique voire théâtral.
C'est ainsi que Roland va l'élever à l'égal d'un dieu, il l'appellera mon Maître.
Il va alors habiter près du Maître, s'initier à la culture élisabéthaine, dévorer les livres comme il ne l'avait jamais fait auparavant.
Il va essayer de s'élever intellectuellement au niveau de cet homme qu'il adore et travailler avec lui.
C'est alors qu'il perçoit des failles chez cet homme qui dans un premier temps lui a paru si élégant.
Suractivité et abattement semblent se succéder chez le maître. C'est un mystère qui perdure tout au long du récit.
La passion amoureuse constitue l'enjeu principal du livre.
Elle est extrêmement bien décrite et sonde à merveille et pour notre plus grand plaisir les profondeurs de
l'âme humaine et ses blessures.
Le portrait du Maître est inoubliable, il est tout en détail et en analyse psychologique réaliste et fine. C'est un bel hommage aussi à cet homme qui l'a aimé à sa manière et que le narrateur a aimé d'une autre façon en retour, une relation exceptionnelle, un amour platonique et impossible osé pour un récit de cette époque.
C'est un récit qui m'a procuré de fortes émotions.
La fin est magnifique et inoubliable, tout le livre converge vers celle-ci.
C'est, à mon avis, le plus beau livre de
Stefan Zweig.