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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis tombé un peu par hasard sur cette petite plaquette, La peur, dépassant à peine cent pages. Quand j'ai remarqué que l'auteur n'était autre que le grand Stefan Zweig, je l'ai pris et je l'ai lu d'une traite, dans un temps record. L'histoire, je la résume à ceci : une femme est aux prises avec la peur. Croyez-moi, ce n'est pas si banal que ça en a l'air. Trop succinct ? Alors voici : Irène Wagner trompe son mari. Oui, oui, cette grande bourgeoise, épouse d'un magistrat bien connu de Vienne, a un mari. Mais, elle qui a tout, elle se sent lasse, inutile, comme si elle errait sans but dans la vie. du moins, c'était jusqu'à ce qu'elle rencontre un jeune peintre de basse extraction. Non, non, il ne s'agit pas d'une histoire de vaudeville. Elle trompe son mari, mais surtout son ennui. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sent en vie. Mais voilà qu'un jour, en sortant de chez son amant, une femme l'apostrophe, l'empêche de s'enfuir, lui bloque le chemin, lui crache à la figure son dégoût. Cette femme la suivra et exercera du chantage par la suite.

À partir de ce moment, la peur envahit Irène Wagner, au point de prendre toute la place dans vie. Plus rien n'a d'importance. La dame n'ose plus quitter ses appartements, craignant de tomber sur la folle hystérique qui risquerait de dévoiler son aventure et de ruiner sa vie. Exit le gentil amant, l'amour, la passion. Mais la peur a déjà emprise sur elle et nulle part elle ne trouve la paix. Même la sonnette la fait sursauter : est-ce sa vile extorqueuse qui la harcèle jusque chez elle ? Et elle n'a personne vers qui se tourner (il est évidemment hors de question de faire appel à son mari). C'est une véritable torture psychologique. Paralysée par la peur, elle n'a plus le goût de manger, plus rien ne l'amuse, elle semble dépérir.

Stefan Zweig a écrit un véritable drame psychologique. Il n'a pas son pareil pour sonder l'âme humaine. Il décrit Irène Wagner, ses actions, réactions, sentiments, motivations sans jamais la juger – elle le fait assez bien elle-même! – et son évolution psychologique suit une courbe en crescendo parfaite. J'y trouve un quelque chose à la Madame Bovary, de Flaubert. En tous cas, plusieurs parralèlles peuvent être faits entre les deux héroïnes, bien que leur destin ait pris des chemins différents. D'ailleurs, parlons-en, du dénoument. Beaucoup diront qu'il est inattendu, certains qu'il est magistral. Moi, je ne l'ai pas aimé. Mais bon, je suis quand même capable d'en apprécier la superbe, c'était vraiment bien pensé de la part de l'auteur. En tous cas, ça tient la route. Plus personne n'osera tromper son partenaire après avoir lu cette nouvelle…
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Irène, trentenaire a tout pour être heureuse, un mari qui l'aime, deux enfants, une grande maison, des domestiques, l'aisance qu'apporte l'argent. Elle a peut-être tout mais ce tout ne lui suffit pas, elle a besoin d'excitation, de troquer l'ennui contre quelques heures dans les bras d'un amant. La liberté et la tromperie ont aussi un prix à payer quand une femme misérable surprend Irène dans son adultère. A coups de chantage, Irène va s'engouffrer dans la peur, labyrinthe sans issue.

Stefan Zweig montre tout son talent dans l'autopsie de cette peur, jusqu'à la honte, le dégoût, la folie. le coeur bat toujours, encore faudrait-il apprendre la confiance et le pardon nés dans une libération du mal qui ronge.

Effrayant, psychologique, diabolique, entier dans ce terrible sentiment qu'est la peur.
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On le sait, Stefan Zweig est un conteur hors pair qui nous enchante à chaque fois de sa plume belle et précise.
Son talent d'observateur de l'âme humaine fait encore merveille dans ce recueil de six nouvelles où il dépeint des personnages tourmentés avec une justesse impressionnante.

La peur, titre de la première nouvelle et éponyme du recueil, pourrait effectivement servir de fil rouge aux différents récits.
De la femme adultère prise au piège au collectionneur aveugle abusé par sa famille, l'auteur nous dresse le portrait de six natures bien tranchées aux prises avec leurs démons intérieurs.
Des personnalités issues de milieux divers, bourgeoisie, pauvres ou malandrins, bouquiniste..
Dans "La femme et le paysage", c'est la nature qui vole la vedette enfiévrant corps et âmes.
Une description magistrale d'un soir d'orage caniculaire, d'une nuit magique durant laquelle le ciel pénètre et féconde la terre avant de se retirer, apaisé.

Je m'incline une nouvelle fois devant la qualité de la traduction d'Alzir Hella qui participe sans doute beaucoup à l'engouement jamais décrié de l'oeuvre de Stefan Zweig.

Je suis d'habitude assez réticente aux recueils de nouvelles ayant beaucoup de difficultés à m'immerger rapidement dans un récit.. Quitter un récit court pour plonger tout de go dans un autre me donne une désagréable impression de "zaping".
Mais le maître sait y faire et la densité de l'écriture fait ici de chaque nouvelle un tel concentré d'émotions que quelques pages suffisent à notre bonheur de lecteur.rice.

J'en profite pour remercier David qui m'a une fois de plus couverte de très belles lectures !
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Vous est-il déjà arrivé d'éprouver une peur si intense qui vous paralyse, vous obsède au point de perdre totalement pied ?

C'est ce qu'il arrive à Irène, l'héroïne de cette nouvelle de Stefan Zweig. Dès le début, la peur s'empare d'elle et ne va plus la lâcher, s'amplifiant, se lovant en elle, la martyrisant, l'anéantissant...
Irène a peur que son mari découvre son aventure extra-conjugale avec un pianiste. Elle tient bien plus à son confort bourgeois qu'à cet amant qu'elle visite par habitude une fois par semaine, comme si elle allait prendre le thé avec des amies. Imaginer qu'elle puisse tout perdre, son mari, ses enfants, sa maison lui paraît inconcevable. Un jour, une femme l'aborde sur les lieux de son adultère, et l'admoneste : " Je vous y attrape enfin. Bien entendu, c'est une honnête femme, une soi-disant honnête femme ! Elle n'a pas assez de son mari, de son argent et de tout ce qu'elle a, il faut encore qu'elle débauche l'ami d'une pauvre fille..." Pour la faire taire, Irène lui donne de l'argent mais ce n'est que le début.. L'extorqueuse reviendra, de plus en plus menaçante, de plus en plus vorace.

La vie d'Irène devient alors un véritable calvaire. Un calvaire que Zweig nous dépeint avec tout son talent. D'une histoire somme toute banale et à peine croustillante, il bâtit un véritable thriller, digne d'une réalisation à la Hitchcock, ménageant un suspense à peine soutenable. Si l'angoisse étreint Irène, elle parvient aussi à toucher le lecteur qui n'a qu'une hâte : parvenir à la fin pour pouvoir souffler, se relâcher...
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Que les âmes sont animées chez Zweig, et comme le destin les agite !
Parmi ces nouvelles, c'est surtout les deux dernières qui m'ont emenée :
« le bouquiniste Mendel » d'abord, personnage qui laisse sur la rétine une impression indélébile : puits de savoir, connaissant tous les livres mais ne connaissant qu'eux, assis chaque jour à sa table au café Glutz, Mendel ne résistera pas aux aléas du monde qu'il ignore et mourra de désespoir.
« La collection invisible » ensuite, et l'image merveilleuse de ce collectionneur devenu aveugle qui parcourt de la main avec délices sa riche collection d'eaux-fortes, pourtant remplacées une à une par des pages blanches…
Autour de ces deux images, les autres nouvelles m'ont moins marquées mais n'en sont pas moins des petits chefs d'oeuvre d'élégance et de style.
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Stefan Zweig ou l'art d'exceller dans les histoires courtes et nouvelles (mais pas seulement).
Je viens de lire d'une traite cette excellente nouvelle qu'est « La Peur » et une fois de plus, je ne peux que saluer le talent de l'auteur.
Irène, jeune bourgeoise vivant une vie de famille on ne peut plus aisée et tranquille a une liaison. Cette liaison que l'on pourrait qualifier de tout sauf de passionnée de sa part est un bon reflet de son désoeuvrement, car si on creuse, elle aurait des difficultés à expliquer pourquoi elle s'est lancée dans cette aventure.
Elle va être victime d'un maitre chanteur et petit à petit sa vie bascule, car la peur va s'emparer d'elle.
La peur, insidieuse, qui va petit à petit ronger le personnage principal et prendre le dessus, occultant tout le reste. La peur qui va devenir quasi incontrôlable et prendre le dessus sur toutes les autres émotions d'Irène, lui ôtant même l'envie de vivre…
Une fois de plus, je rends hommage au talent d'écrivain de Stefan Zweig. Il a su restituer avec finesse les émotions et les ressentis de cette jeune femme qui petit à petit n'arrive plus à affronter sa (ses) peur(s) et qui perd pied. On ne peut s'empêcher d'ailleurs d'éprouver de la pitié et de la compassion pour elle car elle semble prise dans un terrible engrenage dont elle ne voit aucune issue.
Quand je vois la bibliographie assez impressionnante de cet auteur, j'avoue être rassurée de savoir qu' il me reste encore beaucoup d'oeuvres à découvrir, que ce soit des nouvelles ou des biographies…
Je continuerai à lire vos livres, monsieur Zweig !

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Après le joueur d'échecs, je n'avais qu'une hâte lire un autre livre de Stefan Zweig.
Ce recueil de nouvelles m'a transporté dans les années 1900, autour de la Première Guerre mondiale.
Ici sont décrites différentes « peurs » : celui de l'adultère, de la perte de l'amour naissant, d'un collectionneur, d'un voleur pris au piège… Je fus joliment transféré dans un monde ancien qui malgré le temps, les frayeurs sont toujours les mêmes.
Les pensées, les récits sont intenses et si bien déployés… Je voyagerais encore dans l'univers de ce grand écrivain, pour ne pas me lasser de ses mots…

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Stefan Zweig , pour rappel est un admirateur de Guy de Maupassant . Dans son recueil qui regroupe six nouvelles et dont le titre est celui d' une des nouvelles
" La Peur " .Mon choix s' est porté sur cette nouvelle .
Dans " La peur" , il s' agit d' Irène, une grande femme bourgeoise, femme d' un magistrat, qui trompe son mari et que l' on fait chanter . L' auteur en fin psychologue qu' il est nous décrit les tourments de cette femme adultère . Cette dernière est en état de psychose . Elle est très angoissée et elle vit un grand dilemme .
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Dans la préface, Zweig explique la genèse de ce recueil :
"Le désir répété de résumer le destin d'un individu dans un minimum d'espace - à l'exemple De Maupassant - l'effort fait en vue de donner dans une nouvelle la substance d'un livre".

C'est exactement l'effet escompté pour chacune de ses nouvelles. Moi, qui n'apprécie pas ce genre car je reste frustrée d'un manque de profondeur des personnages ou une histoire non aboutie. Eh bien, lorsque c'est excellemment réalisé comme le fait Zweig, on ne peut qu'apprécier !

Il réussit à nous emporter, à comprendre la psychologie de ses personnages, en appréhender tous leurs tourments et la situation dans son ensemble en seulement quelques pages.

Les histoires toutes différentes mais avec un point commun celui de la peur m'ont toutes plu !
La peur d'une conséquence s'un adultère et l'amour d'un mari, La peur de voir un voleur pris parce qu'on admire le savoir faire, la peur d'un femme prête à tout par admiration de son employeur, la peur d'une nature qui se déchaîne, ou la non-peu d'un homme coupé du monde car plongé dans l'inventaire de livres.

Toutes ces introspections décrites avec la plume précise, poétique de Zweig m'ont encore une fois transporté.
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Six nouvelles différentes, dont le point commun pourrait être l'obsession. Stefan Zweig pousse l'humain dans ses derniers retranchements. D'une écriture précise, ciselée sur mesure, les romans de cet auteur sont d'une lecture aisée tout en décrivant des caractères complexes.
C'est toujours avec un grand plaisir que je me plonge dans ses histoires.
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