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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La typologie de l'édition de 1991 de la biographie dans les cahiers rouges de Grasset, n'a pas assuré ( largeur et hauteur des caractères non constants ) ce qui rend la lecture non agréable,... j'espère que la typologie s'est améliorée depuis..
Etant un lecteur admiratif de Stefan Zweig, les cent trois premières pages ont été très décevantes. Durant cette première partie, Stefan Zweig n'arrête pas d'écrire qu'Erasme est le meilleur, mais il ne dit pas de quoi.
Stefan Zweig fait même un portrait morphopsychologique d'Erasme, d'après trois gravures... Cette première partie est à oublier.
Quand Luther apparaît dans la vie d'Erasme, Stefan Zweig grâce à ses talents d'écrivain , à ses connaissances, a rendu cette biographique passionnante, riche d'enseignements, et place le lecteur au milieu des choix possibles pour ou contre la Réforme ou comment Erasme a réussi à ne pas donner son avis. Même si Stephane Zweig loue l'humanisme d'Erasme, il n'hésite pas à montrer ses graves lacunes.
Dans la seconde partie de la biographie, Stefan Zweig a su rendre Erasme humain et il m'a appris l'origine de la Réforme
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S. Sweig nous offre une lumineuse et enrichissante biographie d'Erasme, humaniste, philosophe du 16ème siècle et déjà européen, comme l'auteur lui-même, qui a dû choisir, entre autres, ce personnage pour mettre en évidence leurs pensées et visions communes du monde. L'intolérance et le fanatisme religieux sont dépeints avec justesse.
Que cet ouvrage est d'actualité !
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"Ce grand désenchanté se sent de plus en plus étranger dans un monde qui ne veut de la paix à aucun prix, où chaque jour la passion égorge la raison et où la force assassine la justice". De qui parle Stefan Zweig en ces termes dans le portrait qu'il dresse d'Erasme, de son sujet ou bien de lui-même ? Cette assimilation en son personnage ne doit rien au hasard. Nous sommes en 1935, il s'est contraint à l'exil à Londres, fuyant la montée du nazisme en son pays depuis la prise de pouvoir d'Hitler deux ans plus tôt, horrifié qu'il est du sort réservé à ses coreligionnaires juifs.

Stefan Zweig a trouvé en Erasme un personnage taillé sur mesure pour endosser le costume du philosophe humaniste et pacifiste qu'il est lui-même. Il a trouvé chez l'auteur de L'éloge de la folie l'archétype, le support idéal pour développer le fond de sa pensée sur une nature humaine qu'il voit contaminée par le plus grand des maux : le fanatisme.

En ce début de 15ème siècle où la science, les découvertes des explorateurs commencent à battre en brèche les certitudes imposées par l'Eglise toute puissante, Erasme s'est trouvé, à son corps défendant, impliqué dans la lutte sans merci que se livrent les papistes et les réformés. Entre la curie de Rome vautrée dans le luxe et la luxure et la rigueur explosive d'un Luther qui déverse sur l'Europe le flot de sa verve intarissable contre le dévoyé d'une Eglise régnant en monopole sur les consciences.

Humaniste à l'habileté sans égale pour critiquer son époque sans se faire enfermer dans les carcans ou conduire au bûcher, Erasme s'était fait le porte-parole des pacifistes, précurseur de l'internationalisme à l'échelle de ce qu'était le monde d'alors, l'Europe. Son génie de l'accommodement cherchait dans le christianisme une haute et humaine morale propre à apaiser plutôt qu'à enflammer. Précurseur de la Réforme qu'il avait voulue moralisatrice et tolérante, il s'est laissé déborder par le bouillant Luther qui ne voyait en lui qu'un couard, un champion de l'esquive indéterminé à force de vouloir préserver.

Magellan, Balzac, Marie Stuart, fouché et d'autres, portraits plus que biographies sous la plume d'un Stefan Zweig qui s'attache plus à la psychologie des personnages qu'à la chronologie événementielle de leur vie. Mais avec Erasme on perçoit une intention supérieure, une nécessité, une urgence que lui inspire le contexte de l'époque au cours de laquelle il écrit cet ouvrage. "Erasme était la lumière de son siècle." Il a choisi ce personnage pour dire toute la souffrance qui l'accable de voir l'Europe sombrer dans la folie meurtrière sous la férule d'un tyran. Surement a-t-il fouillé l'histoire pour dénicher le personnage qui serait le plus à même de porter le message qu'il veut lancer à la face du monde. Il a déjà perçu en 1935 que la paix était compromise. Que la gangrène du fanatisme la rongeait très vite.

Il a sous titré son ouvrage Grandeur et décadence d'une idée, démontrant tout au long de ce dernier que les hommes ne sont pas à la dimension de leurs idées quand elles prônent l'humanisation de l'humanité.
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J'ai découvert le personnage d'Erasme avec stefan Zweig. Erasme est resté un grand humaniste jusqu'à la fin de ses jours. D'un caractère effacé, il évitera les querelles de son temps. C'était surement un des premiers à rêver d'une Euope-Unie. L'auteur c'est atteler à une tâche difficile. Ecrire une biographie sur un homme qui préfère la solitude et la pénombre de sa bibliothèque pour nous le représenter en pleine lumière, n'est pas une chose aisée. le pari est réussi.
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La langue de Zweig ...
Cette façon de décrypter le monde à la lumière du passé ...
Voilà une biographie qui sort de l'ordinaire. Bien sûr, l'ouvrage est érudit, documenté. Zweig connaît son sujet. Mais il ne s'agit pas là - ou pas seulement - d'un travail d'historien. le regard de Stefan Zweig est tout à la fois sans concession et désabusé.
Comme si l'auteur portait un jugement sur Erasme, son idéal humaniste et sa volonté de rester neutre, indépendant en toute circonstance. Ce qui serait en même temps son honneur et son plus grand défaut.
Parfois aussi affleure un ton presque pamphlétaire pour dénoncer le fanatisme de Luther.
Au final, une biographie qui n'en est pas une, et le regard d'un homme tourmenté, ballotté par le tumulte des années trente, tiraillé, torturé par ses interrogations, le regard de Zweig sur ce qui fait notre humanité.
Un ouvrage - hélas (?) - toujours d'actualité.
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Erasme, chantre de l'humanisme, méritait bien une biographie. Zweig s'y est donc attelé avec un attachement certain sans pour autant être obséquieux.
Figure éminente des milieux intellectuels De La Renaissance, Erasme se cisèle un destin à la pointe de sa plume et sous le poids du vélin de ses écrits. L'essor de l'imprimerie donnera une renommée dépassant largement les clivages de la naissance et des frontières à cet enfant illégitime qui restera pour la postérité le « prince des humanistes ».
D'aspect maladif et chétif, Zweig nous dépeint un Erasme au caractère proportionné à la physionomie : conciliateur, recherchant la concorde, refusant la confrontation ou le combat et voir même lâche selon ses détracteurs. La force d'Erasme ne réside pas dans sa pétulance mais dans sa force de travail, son intelligence et sa finesse d'esprit. Clerc plus par obligation pour pouvoir accéder à la connaissance et à l'instruction, Erasme joue finement pour garder les avantages de sa fonction sans pour autant supporter les obligations comme le port de l'habit, servir l'office de la messe et dans une moindre mesure le devoir d'obéissance.
Erasme représente l'aboutissement de l'humanisme et s'active auprès de ses livres à écrire des lettres à des correspondants aux quatre coins de la chrétienté ou des essais pour défendre et prôner les bienfaits du retour de l'homme à l'humain. Mais quel est donc cet humanisme ? C'est comme souvent un fruit de son époque : la Renaissance où les auteurs classiques grecs et latins sont redécouverts et mis à l'honneur, où une langue européenne permet se faire comprendre de tous (dans le sens erasmien, c'est-à-dire, les instruits et les lettrés …) : le latin et où l'Europe est régie par un christianisme accepté de tous sous la tutelle plus ou moins bien acceptée de papes, plus princes que bergers. Erasme se propose de remodeler la société en se basant sur la quête du savoir, de la connaissance, l'érudition et la recherche dans un souci de partage et en de vulgarisation. A cet effet, Erasme traduit en langue vernaculaire la Bible ou écrit son fameux Eloge de la folie où il stipendie astucieusement la société afin de montrer les idéaux vers lesquels nos efforts doivent nous conduire.
Mais Erasme représente également la décadence de son idée humaniste par son affrontement voué à l'échec avec Martin Luther, instigateur de la Réforme qui va bipolariser de manière durable ce monde autrefois si uniforme. Tout oppose ces deux hommes : aussi bien l'allure, la manière d'agir et de penser. Zweig examine à la loupe grossissante les adversaires, les faits et gestes .L'analyse qu'il en propose représente environ les deux tiers de cette courte biographie (moins de 200 pages).
Ecrit en 1935, on ne peut s'empêcher de replacer l'écriture de cet ouvrage dans son contexte où un Zweig, Erasme des temps modernes, pourrait s'interroger sur les prémices d'un cataclysme imminent et nous donnerait une dernière profession de foi un peu désespérée face à une fin du monde pressentie.
Cet ouvrage ouvre de nombreuses pistes de réflexions qui peuvent s'appliquer à d'autres époques avec des problématiques différentes dans un style alerte et relativement facile à lire. Et si ce n'est pas déjà le cas, vous comprendrez pourquoi on associe Erasme à un programme d'échange d'étudiants au niveau européen qui aurait sûrement recueilli tous les suffrages de ce « grand-père » de l'Europe !
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Éloge de la fuite ?
Stefan Zweig n'est ni vraiment historien, ni vraiment biographe dans cet essai passionnant qui relate l'échec de l'idée de l'humanisme de la Renaissance, personnifié ici par le grand Érasme, face aux fanatismes religieux qui embraseront l'Europe au XVIème siècle. Ce petit livre, écrit en 1934, année qui verra Zweig fuir l'Autriche pour Londres, fait aussi, sans le dire mais de façon transparente, un parallèle saisissant entre un Érasme refusant de prendre clairement parti, éternel errant dans une Europe instable, et l'auteur lui-même, fuyant son pays dès les premières alarmes, persuadé avant les autres et avec raison qu'une fois encore l'Europe est au bord de la catastrophe. Ici plus encore que dans son Montaigne, écrit en 1942 juste avant sa dernière et définitive fuite, on a le sentiment très net que Zweig choisit son sujet comme un appui, une caution, une justification à sa propre conduite, et une bien faible consolation devant son grand désarroi. Il dépeint un Érasme presque pusillanime pour aussitôt lui pardonner, expliquer et justifier ses atermoiements et montrer l'absence d'issue, l'inanité du combat, et encore une fois, les raisons de la fuite. Comme il l'a écrit quelques années auparavant dans L'uniformisation du monde (1925), le dernier recours est la fuite "puisque nous considérons la lutte vaine". Fuir à Londres (1934), fuir au Brésil (1939), fuir ce monde (1942) finalement, "épuisé par les longues années d'errance" (dans sa dernière lettre, février 1942). Cette biographie est finalement et avant tout un témoignage de la grande lucidité d'un homme qui voit arriver l'inéluctable, et qui ne trouve dans la grande histoire et ses plus nobles penseurs qu'une confirmation de ses plus sombres pressentiments.

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Quel plaisir de se plonger dans cette biographie d'Erasme écrite par Stefan Zweig. L'écriture est fluide et agréable. La vie d'Erasme (1466 ? - 1536) est passionnante pour qui s'intéresse à cette époque et au schisme protestant (la Réforme) initié par Luther. Erasme se fait d'abord connaître par son "Eloge de la Folie", dans lequel il use d'ironie pour épingler les grands de ce monde. Un livre précurseur pour l'époque et qui aurait pu se retourner contre son auteur. Erasme est en grande correspondance avec toutes les personnalités connues d'Europe (têtes couronnées mais aussi Thomas More à la cour d'Henri VIII ou Zwingli). Erasme plaide pour un "humanisme" que Zweig décrit très bien, tout en nuances, sans le porter aux nues. Zweig souligne également les faiblesses d'Erasme : un intellectuel, un grand érudit, mais qui ne veut pas prendre position et qui favorisera toujours la paix, au point même de parfois se cacher. le moment de la Réforme fut douloureux pour Erasme, confronté à Luther qui le traite de tous les noms. Zweig consacre plusieurs chapitres à cette période difficile de la Réforme. Finalement, Erasme fuira Louvain (Leuven), trop catholique, et Bâle, trop protestante, et se réfugiera à la fin de sa vie en Autriche, mais il décèdera à Bâle lors d'un dernier voyage.
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LE 1er HUMANISTE EUROPÉEN.
Le programme Erasmus, acronyme d'
EuRopean Action Scheme for the Mobility of University, est connu de tous mais qui connaît bien Erasme ? Stefan Zweig, l' as des biographies nous éclaire sur la vie de cet humaniste exceptionnel, homme de paix et de sagesse (comme lui- même). Après une première partie un peu longue et emphatique et où il divinise presque l'érudit, il nous présente enfin le personnage et son oeuvre : ce visionnaire (utopiste ?) voyait déjà l'union de l'Europe, mais par la paix. Comme Rousseau, il pense que la violence n'est pas inhérente à l'homme mais qu' elle est déclenchée par l' idéologie et le fanatisme. En cas de guerre, les intellectuels et les savants des nations belligérantes ne devraient pas rompre leurs relations amicales, idée reprise par Jean Jaurès mais pour le peuple cette fois-ci (« Prolétaires de tous pays unissez vous »). Une seule arme pour le pacifisme : la culture. Son ouvrage le plus connu, L' Eloge de la Folie lui permet les insolences les plus brutales en toute impunité car elles sont prononcées par un fou. de plus, l' invention récente de l'imprimerie permet une large diffusion de ses idées. Son humanisme prône une religion intériorisée qui remonte aux sources de l' évangile et évite les dogmes. Malheureusement, Erasme n' est pas un foudre de guerre et restera timoré chaque fois qu' il faudra prendre partie : bien qu'il désapprouve autant la papauté dissolue des Borgia et ses indulgences lucratives, que les méthodes violentes de Luther pour les combattre, il n'arrivera pas à prendre parti pour l'un ou pour l'autre. “Erasme a pondu l' oeuf de la réforme qui sera couvé par Luther” Un opuscule de 180 pages instructif et agréable à lire.
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Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Stefan Zweig avec cette biographie consacrée à Erasme. D'Erasme, on connait surtout aujourd'hui le programme Erasmus qui permet aux étudiants de partir étudier dans toute l'Europe. Mais de l'homme et de ses idées, je ne connaissais rien. Et c'est avec un réel plaisir que je me suis plongée dans cette lecture. Lecture qui résonne très fortement avec l'actualité. Humaniste, Erasme fera face au fanatisme religieux de Luther. Tout comme Zweig affrontera un autre genre de fanatisme, le nazisme. Deux hommes, deux époques… le même combat. Combat d'actualité quand on voit ce qui se passe dans le monde. Tout au long de ma lecture, je n'ai cessé de me demander: comment auraient réagi ces deux hommes s'ils avaient vécu en 2016? C'est donc un livre terriblement d'actualité!

Concernant la biographie en elle-même, on retrouve le style de Stefan Zweig et c'est un régal à livre. Je suis vraiment fan de sa façon de nous raconter la vie des plus grands. Même si on sent parfois un parti pris, il reste néanmoins lucide sur les défauts d'Erasme et n'hésite pas à nous en faire part.

Je vous recommande sans hésiter cette biographie. Quand à moi, je réfléchie déjà à ma prochaine lecture de l'auteur!
Lien : http://lemondedemara2.canalb..
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