L'ATTENTE
à Jean Breton
Les cuisses élargies sur son Destin
Les bras tendus vers un Royaume,
Femme, elle attend
L'espoir, l'apaisement, le baume
Puissant, le désir de l'homme, sa fin.
Elle attend
Le scintillement des rêves,
Les caresses de sang sur son corps,
L'or dévastateur des grandes tempêtes,
L'améthyste de la fausse mort.
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L'écume blanche de l'étranger
La vague qui va les submerger,
L'ennemi, l'amant, le partenaire
Et son attente prend goût de chaîne.
Claudine HELFT
JUSTEMENT ECLOSE
J'étais heureuse avec toi
Mais je ne sais plus pourquoi.
Tes gestes lents
Me préparaient pour la mort
Où tu m'entrainais doucement
Nous glissions ensemble
Dans un soleil blanc
Infiniment, absolument,
Et c'était mieux encore
que vivre.
Nous buvions le jour
A la blessure
de nos caresses
Et j'aimais l'humour
Dont même ton ivresse
me ouatait,
Peut être aimais-je
La fièvre enclose
dans tes silences
Et la brume d'un sourire
Qui dénudait l'univers.
Mais je suis sûre
T'ayant connu,
De n'avoir plus attendu
A coeur et à corps ouverts,
Justement éclose ...
Claudine Helft
PALETTE
Je voudrais être cet enfant,
Penché sur la géographie des anges
Et qui regarde se figer les océans
D'un monde étrange.
Je voudrais être cet enfant penché sur les ombrelles
D'un ancien paradis
Et qui regarde au creux des fleuves engourdis
Dériver des saisons nouvelles ;
Mais ce coeur malmené,
Qui s'interroge et qui défaille
Doucement obstiné.
Est-ce la voix du temps qui tressaille,
Quand pour un chef-d'oeuvre ignoré
La nuit blonde s'écaille
Au bord des continents dorés.
(L'or et la paille, 1960 - Henry Rougier)
LA DERNIERE VIRGULE
Peut-être sommes nous
Les virgules
D'une phrase sans point
La clef d'une pendule
Originelle
Un voeu d'éternité
Qu'un autre eût prononcé
Quelqu'interrogation
Dont l'univers s'étonne
La semence égarée
D'une ancienne récolte.
Sentinelle
ou témoin
Peut-être sommes nous
Un message oublié
Sur la rondeur blasée
Du monde
La dernière faction
L'unique larme
D'une pérennité
Sans âme.
Claudine HELFT
Le jour bascule sur son axe
L'ombre et moi
Poitrine contre épaule
Tassons nos voix dans nos entrailles
Un oiseau s'est pris les ailes dans l'horizon
Même le vent s'écrase au ras des pierres
Chaque heure en grinçant me balafre un peu plus le cerveau
Une peur titube au pied d'un mur
Avec dans les yeux
Quelque chose qui me ressemble
J'affronte ce regard viscéral
Mais je détourne mon frisson
J'effeuille mes doigts pour l'amour du silence
La nuit est pourtant simple
Mais sans l'étalon de tes paupières
Sa démesure me noie
(Béatrice Kad)
Exposition Guillaume Bodinier au Musée des Beaux-Arts d'Angers.