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EAN : 9782130494300
128 pages
Presses Universitaires de France (01/12/1998)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Cet ouvrage présente l'histoire de l'action humanitaire, son évolution jusqu'à aujourd'hui ainsi que les défis auxquels elle est confrontée quotidiennement. Autant d'obstacles dressés devant l'engagement et le dévouement humanitaires d'hommes et de femmes qui nous conduisent tous à nous interroger sur les leçons à tirer de situations récentes comme l'ex-Yougoslavie, le Rwanda, le Zaïre.
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Guillaume d'Andlau a été délégué exécutif aux opérations internationales De La Croix rouge française. Il relève la gageure de présenter, dans les limites imposées par la collection « Que sais-je ? », un tableau synthétique et très bien documenté de l'action humanitaire des origines jusqu'à nos jours.

Le parti a été pris d'une présentation historique. Si les racines de l'humanitaire plonge dans le Moyen Age et l'humanisme des Lumières, son histoire proprement dite commence en 1859 avec Henri Dunant, témoin involontaire de la bataille de Solferino (il était venu demander à Napoléon III une concession de terres en Algérie). Choqué par le carnage auquel il assiste, et galvanisé par l'élan de solidarité des paysans italiens venus porter secours aux blessés, Dunant fonde, quatre ans plus tard, la première organisation humanitaire. Sa vocation : secourir les blessés sur le champ de bataille, quelle que soit leur nationalité. La Croix rouge est née…

C'est avec la présentation du « sans-frontiérisme » que l'action humanitaire soulève les premières difficultés. Jusqu'alors, l'action humanitaire avait fait de la neutralité une condition nécessaire à l'efficacité de son action. Dénoncer le bourreau, c'est risquer de se voir interdire par lui l'accès aux victimes ; c'est au nom de ce raisonnement que la Croix rouge a pu garder le silence sur la barbarie hitlérienne dont elle était pourtant témoin. Ce faisant, selon les termes de Paul Ricoeur, elle confondait l'éthique de la sollicitude et les gestes de la sollicitude.

Les french doctors, Kouchner, Brauman, Malhuret, Emmanuelli en tête, l'ont bien compris, qui fondent, après la guerre du Biafra, les premières organisations humanitaires sans-frontiéristes. Ils ne se borneront pas à soigner les victimes en détresse ; ils dénonceront aussi les crimes dont il seront témoins. Leur démarche n'est pas sans équivoque. L'humanitaire a besoin des médias pour exister ; mais la médiatisation de leur action les expose à de dangereuses dérives. le général Ojukwo, chef des séparatistes biafrais, n'a-t-il pas affamé sa propre population afin de susciter la sympathie occidentale, influencée par une presse complaisante ? L'humanitaire a besoin du soutien du pouvoir politique. Mais, là encore, combien de récupérations, depuis l'opération « du riz pour la Somalie » (dont le coût représente 15 fois le coût comptant des 6 000 tonnes de riz finalement distribués) jusqu'au voyage de François Mitterrand à Sarajevo en juin 1994 ?

La tentation est grande pour le pouvoir politique d'instrumentaliser l'action humanitaire. Soit pour s'éviter une action diplomatique difficile ou coûteuse. Ce fut longtemps le cas en Yougoslavie, où comme le résumaient caustiquement les journalistes Floquet et Coq, les Bosniaques assiégés attendaient leur libération de l'intervention d'un militaire du GIGN, là où l'Occident leur envoya un livreur de pizzas ("Les tribulations de Bernard K. en Yougoslavie", Albin Michel, 1993). Soit au contraire pour s'autoriser une intervention que ne légitime guère que l'exercice d'une politique traditionnelle d'influence : c'est la France au Rwanda, les États-Unis en Haïti.

Quant aux incidences de l'action humanitaire, elles ne sont jamais neutres. Comme l'avait montré Jean-Christophe Rufin dans "Le piège humanitaire "(Jean-Claude Lattès, 1986), le risque est que se créent des « sanctuaires humanitaires » où, sous couvert de l'immunité internationale que confère la présence des ONG, les victimes d'aujourd'hui ne reconstituent leurs forces pour devenir demain peut-être les bourreaux de leurs vainqueurs. Guillaume d'Andlau parle en connaissance de cause : il a participé aux opérations de secours à la frontière rwandaise durant l'été 1994.

A l'instar d'autres ouvrages aux titres révélateurs ("L'humanitaire impossible" d'Alain Destexhe, "Les prédateurs de l'action humanitaire" de Xavier Emmanuelli), Guillaume d'Andlau porte sur son sujet un regard sévère. Si la noblesse des fins ne saurait justifier n'importe quel moyen (Rony Brauman a raison de dénoncer « l'impunité humanitaire »), il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l'eau du bain. L'humanitaire, quels que soient les compromis nécessaires qu'il doive passer, demeure l'un des plus nobles ressorts de l'action humaine.
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