"On ne ment jamais autant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse." Si
Jean-François Kahn ne se prononce pas sur ce dernier point, il y a fort à parier qu'il approuve sans restriction les deux premiers. Dans la première partie du livre, l'auteur nous livre les plus beaux retournements de veste, les plus belles falsifications de chiffre et les mensonges les plus effrontés prononcés ces derniers mois.
A priori, rien de dramatique : il y a bien peu d'électeurs qui miseraient sur une honnêteté totale de tous les candidats. Ce qui inquiéte l'auteur, c'est que les candidats ne s'embarassent même plus de faits pour étaler leur mauvaise foi, mais n'hésitent même plus à créer de toute pièce les chiffres qui leur conviennent et les évènements qui les intéressent. Kahn s'en prend principalement à l'UMP et à
Nicolas Sarkozy qu'il accuse d'avoir opté pour la philosophie "la fin justifie les moyens". L'effet pervers étant qu'à chaque exagération, les partis adversaires sont obligés d'être aussi outranciers dans leurs estimations : si un parti dit mensongèrement qu'une mesure coûtera un million d'emploi, difficile pour l'adversaire de la défendre en précisant qu'elle permettra d'en créer une centaine.
L'essai est assez intéressant quand l'auteur s'en tient aux faits vérifiables, bien que sans réelle surprise. Par contre, j'ai été beaucoup plus dubitatif quand Kahn qualifie des décisions prises comme mauvaises ou bonnes, sans donner beaucoup plus d'explications. Il y a aussi un parti pris sur les motivations des partis politiques : la droite ment par cynisme pur, la gauche parce qu'elle croit aux rêves qu'elle s'est créée. Par contre, avoir un avis sur l'actualité récente (crise, guerre en Lybie, Grèce, ...) totalement différent de ce que nous servent les médias traditionnels fait toujours beaucoup de bien.