Ma tête rebondit quelque part... Maman,.aie un enfant. Son appel est faible, mais net, pur. Il vient de très loin, d'un ailleurs rasséréné... Les flammes
dévorant le vehicule reîusent de bouger, les projectiles de tomber... ma
main se cherche au milieu du cailloutis ; je crois que je suis touché.
J'essaie de remuer mes jambes, de relever le cou ; aucun muscle n'obéit... Maman, crie l'enfant... Je suis là, Amine... Et elle est là, maman, émergeant d'un rideau de fumée. Elle avance au milieu des éboulis suspendus, des gestes pétrifiés, des bouches ouvertes sur l'abîme. Un moment, avec son voile lactescent et son regard martyrisé, je la prends pour la Vierge. Ma mère a toujours été ainsi, rayonnante et triste à la fois, tel un cierge. Lorsqu'elle posait sa main sur mon front brûlant, elle en résorbait toute la fièvre et tous les soucis... Et elle est là ; sa magie n'a pas pris une ride. Un frisson me traverse des pieds à la tête, libérant l'univers, enclenchant les délires.