Citations de Molière (2248)
DOM JUAN : Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l’amour est dans le changement.
Acte I, Scène 2.
La tranquillité en amour est un calme désagréable. Un bonheur tout uni nous devient ennuyeux; il faut du haut et du bas dans la vie; et les difficultés qui se mêlent aux choses, réveillent les ardeurs, augmentent les plaisirs.
Il le faut avouer, l'amour est un grand maître : Ce qu'on ne fut jamais il nous enseigne à l'être.
ELMIRE :
Que fait là votre main ?
TARTUFFE :
Je tâte votre habit : l'étoffe en est moelleuse.
ELMIRE :
Ah ! de grâce, laissez, je suis fort chatouilleuse.
Acte III, Scène 3 (v. 916-918).
L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus
Il ne faut que demeurer en repos ; la nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre d’où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout ; et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non de leurs maladies.
Les sciences n'ont rien qui puissent vous enflammer.
Trissotin
Ac3s2
Tous les hommes sont semblables par les paroles; et ce n'est que les actions qui les découvrent différents.
(" L'Avare", acte 1 scène1 , Elise)
BOUTS-RIMÉS COMMANDÉS SUR LE BEL AIR
Que vous m’embarrassez avec votre grenouille
Qui traîne à ses talons le doux mot d’Hypocras !
Je hais des bouts-rimés le puéril fatras,
Et tiens qu’il vaudrait mieux filer une quenouille.
La gloire du bel air n’a rien qui me chatouille ;
Vous m’assommez l’esprit avec un gros plâtras ;
Et je tiens heureux ceux qui sont morts à Coutras,
Voyant tout le papier qu’en sonnets on barbouille.
M’accable derechef la haine du cagot,
Plus méchant mille fois que n’est un vieux magot,
Plutôt qu’un bout-rimé me fasse entrer en danse !
Je vous le chante clair, comme un chardonneret ;
Au bout de l’univers je fuis dans une manse.
Adieu, grand Prince, adieu ; tenez-vous guilleret.
VALÈRE (à maître Jacques) : Est-ce que vous avez envie de faire crever tout le monde ? et Monsieur a-t-il invité des gens pour les assassiner à force de mangeaille ? Allez-vous-en lire un peu les préceptes de la santé, et demander aux médecins s’il y a rien de plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès.
HARPAGON : Il a raison.
VALÈRE : Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes ; que pour se bien montrer ami de ceux que l’on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu’on donne ; et que, suivant le dire d’un ancien, « il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger ».
HARPAGON : Ah ! que cela est bien dit ! Approche, que je t’embrasse pour ce mot. Voilà la plus belle sentence que j’aie entendue de ma vie : « Il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi… » Non, ce n’est pas cela. Comment est-ce que tu dis ?
Acte III, Scène 1.
Ah! La belle chose que de savoir quelque chose!
Il vaut mieux encore être marié qu'être mort.
Les commencements ont des charmes inexprimables.
( Dom Juan)
Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies.
TARTUFFE :
Que voulez-vous ?
DORINE :
Vous dire…
TARTUFFE (tirant un mouchoir de sa poche) :
Ah ! mon Dieu ! je vous prie,
Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir.
DORINE :
Comment !
TARTUFFE :
Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
DORINE :
Vous êtes donc bien tendre à la tentation ;
Et la chair sur vos sens fait grande impression !
Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte :
Mais à convoiter, moi, je ne suis point si prompte :
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas.
Acte III, Scène 2 (v. 859-868).
Non non ; un mariage ne saurait être heureux où l'inclinaison n'est pas.
(Harpagon)
Les plus belles choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes.
TOINETTE.- Ah, Madame !
BÉLINE.- Qu’y a-t-il ?
TOINETTE.- Votre mari est mort.
BÉLINE.- Mon mari est mort ?
TOINETTE.- Hélas oui. Le pauvre défunt est trépassé.
BÉLINE.- Assurément ?
TOINETTE.- Assurément. Personne ne sait encore cet accident-là, et je me suis trouvée ici toute seule. Il vient de passer entre mes bras. Tenez, le voilà tout de son long dans cette chaise.
BÉLINE.- Le Ciel en soit loué. Me voilà délivrée d’un grand fardeau. Que tu es sotte, Toinette, de t’affliger de cette mort !
TOINETTE.- Je pensais, Madame, qu’il fallût pleurer.
BÉLINE.- Va, va, cela n’en vaut pas la peine. Quelle perte est-ce que la sienne, et de quoi servait-il sur la terre ? Un homme incommode à tout le monde, malpropre, dégoûtant, sans cesse un lavement, ou une médecine dans le ventre, mouchant, toussant, crachant toujours, sans esprit, ennuyeux, de mauvaise humeur, fatiguant sans cesse les gens, et grondant jour et nuit servantes, et valets.
TOINETTE.- Voilà une belle oraison funèbre.
BÉLINE.- Il faut, Toinette, que tu m’aides à exécuter mon dessein, et tu peux croire qu’en me servant ta récompense est sûre. Puisque par un bonheur personne n’est encore averti de la chose, portons-le dans son lit, et tenons cette mort cachée, jusqu’à ce que j’aie fait mon affaire. Il y a des papiers, il y a de l’argent, dont je me veux saisir, et il n’est pas juste que j’aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années. Viens, Toinette, prenons auparavant toutes ses clefs.
ARGAN, se levant brusquement.- Doucement.
BÉLINE, surprise, et épouvantée.- Ahy !
ARGAN.- Oui, Madame ma femme, c’est ainsi que vous m’aimez ?
TOINETTE.- Ah, ah, le défunt n’est pas mort.
-Tous les hommes me sont à tel point odieux
Que je serais fâché d'être sage à leurs yeux.
- Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
- Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine.
DOM JUAN : Mon cœur est à toutes les belles, et c’est à elles à le prendre tour à tour, et à le garder tant qu’elles le pourront.
Acte III, Scène 5.