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Critiques de Saki (53)
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Le cheval impossible

C'est un recueil de nouvelles, intitulé du nom de l'une d'entre elles, publié dans les années 1910 par Hector Hugh Munro, dit Saki, pur produit de l'Empire britannique, né en Birmanie et mort dans la Somme en 1916.

Le style est très fluide et facile à lire, mais les histoires ont un peu vieilli : pleines d'une certaine loufoquerie, elles se veulent pince-sans-rire et légèrement grinçantes, mais l'humour apparaît un peu décalé de nos jours et tombe souvent à plat. On ne rit pas, on peut sourire, mais pas souvent.

C'est très anglais, et d'une façon quelque peu caricaturale, mais la littérature anglaise nous propose beaucoup mieux par ailleurs, de même que les desserts anglais en "jelly", translucides et tremblotants, sont tout ce qu'il y a de plus anglais, mais ne doivent pas occulter qui'il y a d'excellentes patisseries anglaises par ailleurs.
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Le cheval impossible

Héritières des suffragettes, amoureux du genre humain, laissez tomber vos nobles pensées pendant le temps de cette lecture, afin de profiter pleinement de la misanthropie mordante et de toute la drôlerie de Saki.



Auteur britannique né en 1870, qui perdit très tôt sa mère et fut élevé par deux tantes, Saki en conçut apparemment une image des femmes très influencée par l’éducation reçue de ces deux femmes acariâtres et prises dans des disputes constantes.



« La main qui balance le berceau balance aussi le monde, mais comme le ferait un volcan. Une femme pourra endurer beaucoup d’inconfort, se sacrifier et se passer de tout jusqu'à l’héroïsme, mais le seul luxe qui lui soit indispensable, ce sont les disputes. Partout, si transitoire que soit l’événement, elle ne renoncera jamais à ses querelles féminines, pas plus qu’un Français ne renoncerait à mitonner sa soupe dans le désert des régions arctiques. » (Excepté Mrs. Pentherby)



Tout ceci n’enlève rien à son humour corrosif, bien au contraire. Une quarantaine de récits courts, de trois à dix pages environ, forment ce cheval impossible, et Saki nous y plonge avec cynisme et sans pitié dans l’atmosphère de la haute société de l’Angleterre Edouardienne.



Parmi les perles qui m’ont arraché un éclat de rire sonore (ceux qui me connaissent apprécieront), je retiens surtout … le cheval impossible [un cheval impossible finalement vendu au meilleur prétendant de la fille de la famille au risque de tuer celui-ci et d’anéantir ainsi les perspectives cette alliance prometteuse], … la louve [un homme qui prétend maitriser des forces occultes, la Magie Sibérienne, tourné en ridicule lors d’un diner mondain] … et bien sûr Louis [un adorable loulou de Pomeranie qui sert d’alibi à Mme Strudwarden, pour ne pas céder d’un pouce sur toutes les propositions de son époux qui ne lui conviennent pas, donnant à celui-ci des envies de meurtre canin].



« -Ecoute-moi, dit Strudwarden, cette éternelle question de Louis devient un problème ridicule. On ne peut rien faire, rien prévoir sans encourir un quelconque veto imposé par le confort ou les caprices de cet animal. Si tu étais un prêtre au service de quelque fétiche africain, tu n’arriverais pas à établir un code d’interdiction plus compliqué. Je crois que tu demanderais au gouvernement de repousser les élections législatives si tu pensais que le confort de Louis devait en souffrir si peu que ce soit. »
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Le cheval impossible

39 nouvelles (très courtes donc) pour un livre de 300 pages

Un livre choisi juste pour son titre  - au mot « cheval » je suis capable défaire des kilomètres au petit trot.



Avis mitigé au final - le cheval impossible étant la première nouvelle, très réussie - le reste m’a paru un peu tristounet ensuite ...



Je disais donc que la première est un petit chef d’œuvre d’humour anglais : les Mullet essaient de vendre leur canasson Nessus depuis trois ans et le jour où ils ont enfin trouvé un pigeon pour acheter cette bête caractérielle et meurtrière...l’infortuné Mr Péricarde, celui ci demande la fille de Mrs  Mullet en mariage ! Or Mrs Mullet a 6 filles à marier et un bon prétendant ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval !

Comment lui faire épouser Jessie et garder le futur mari vivant jusqu’au mariage ?



La deuxième nouvelle est également très drôle : une bonne famille anglaise est prise au piège d'un kleptomane....la maîtresse de maison m’a bien fait rire avec son sens de l’improvisation ...



Les anglais en prennent pour leur grade avec leur clubs, leurs « empires », leur manoirs inconfortables et les disputes d’une certaine classe sociale à la fois oisive, mais moins riche que les apparences qu’elles veulent bien donner...

Les femmes ne sont pas laissées pour compte non plus : la chute de la nouvelle « Excepté Mrs Pentherby » est tout simplement hilarante, l’auteur réussit à rendre cette femme absolument insupportable jusqu’au revirement final : le lecteur se fait balader en tout impunité...

De même la nouvelle « Hermann l’irascible », qui met en scène le droit de vote des femmes et le rôle des suffragettes en Angleterre, est un bijou d’ambiguïté : l’auteur est il misogyne ou à contraire plaide-t-il pour le droit de vote des femmes ? tout et son contraire est dit dans cette nouvelle qui m’a fait penser à Jonathan Swift et sa « Modeste proposition »  : plaider l’implaidable fait-il avancer la plaidoirie ?

Vous n’avez pas suivi ...c’est fait exprès ...



Au final la moitié des nouvelles m’a vraiment plu et l’autre moitié m’a paru fade et un peu vieillotte. Une bonne moyenne ?
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Le cheval impossible

Ces nouvelles distillent une cruauté suave, une cruauté feutrée, une cruauté polie. Au centre de chaque nouvelle une méchanceté, une vengeance ou une vilaine farce, perpétrée par un enfant, par le hasard ou par un personnage sot. Ou alors c’est un grain de sable dans le mécanisme. S’ensuit l’effet dévastateur et hilare sur la victime. Il n’y a pas de morale et pas de remède. Un délicieux humour noir.



Parfois intervient un élément fantastique, un chat capable de parler ou un loup garou. Cependant l’auteur ne s’attarde pas sur sa créature fabuleuse, mais sur la confusion et le désarroi des humains pris au piège.



Graham Greene disait de nouvelles de Saki qu’elles égratignent les riches. Ce n’est pas vrai. Cela n’a rien d’une critique sociale. Je les rapproche plutôt de …. Cioran. Oui, Cioran, le pessimiste (parfois) souriant.

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Le Parlement infernal

Saki le Birman



Après les vœux de bonne année, il est bon de lire ou relire Saki (1870-1916). Une édition de ses nouvelles présentée comme intégrale – mais elles ne le sont jamais vraiment – nous en offre l’occasion, et le plaisir rare. « À partir du 24 décembre jusqu’au 3 ou 4 janvier, toute lettre ayant trait aux festivités en cours sera considérée comme un outrage aux bonnes mœurs », et le nouvelliste de conclure : « À bas les plumes ». À bas les plumes, oui et non, si on veut bien voir que Saki le Birman – il est né à Akyab – écrivait pour faire rire, mais aussi, et surtout, « comme un ennemi » (V. S. Pritchett), et qu’il tint à se parer d’un bien insolite nom de guerre en quatre lettres.


Lien : https://www.en-attendant-nad..
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Le Parlement infernal

Saki, pseudonyme de Hector Hugh Munro, a écrit de très nombreuses nouvelles au début du 20ème siècle. Ces nouvelles ont été réunies dans ce gros volumes qui nous permet d'aller aux sources de l'humour anglais.

La nouvelle, quand elle est courte comme c'est le cas avec Saki, est un genre exigeant pour le lecteur qui doit ses concentrer pour apporter toutes les cinq six pages l'attention que nécessitent les premières pages... Peut-être aussi me suis-je lassé, ayant fait l'erreur de lire l'ensemble d'une traite. J'ai beaucoup souri, mais suis peut-être passé à coté de quelques pépites.

Je crois préférer Chesterton ou Wodehouse à Saki, mais la filiation entre les uns et les autres est évidente et nous dit quelque chose de l'esprit britannique.

On notera aussi quelques éléments d'une étonnante clairvoyance en matière de politique étrangère…

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Nouvelles : Edition intégrale

Les nouvelles de Saki, sont parmi les meilleurs joyaux d'écriture que nous a offert la littérature anglaise.

Le conflit de 14-18 a emporté l'un des plus talentueux auteurs du Royaume-Uni, et les ecrits que nous a laissé Saki, seront toujours trop peu nombreux.

Une oeuvre indispensable qu'il est nécessaire, urgent et agréable de lire.

C' est un de ces livres, que je garde toujours à portée de main; pour les moments ou le moral va vacillant.

Merci, Monsieur Munro alias Saki.
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Nouvelles : Edition intégrale

Méconnu, ce prince du «nonsense» britannique, mort durant la Grande Guerre, est à redécouvrir grâce à la parution de l’intégralité de ses nouvelles.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Quand Guillaume vint

Plus qu'une fable, un monde fascinant à découvrir.
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Reginald : Suivi de Reginald en Russie

j'ai découvert Saki dans les pages d'une anthologie de récits d'épouvante de Jacques Stenberg, sans trop y prêter attention. je devais avoir 15 ans. C'est bien plus tard que je suis tombé sur ce recueil. Surpris de croiser à nouveau cet auteur, j'ai acheté ce recueil juste pour voir. Bien m'en a pris. Entre Maupassant et Oscar Wilde, Saki s'impose comme un conteur formidable, qui dresse un portrait féroce et jouissif de la société anglaise au tournant du XXième siècle. Redécouvrez cet auteur injustement méconnu, il le mérite!
Lien : http://chroniqueseclectiques..
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Sredni Vasthar

Etoiles Notabénistes : ******



Sredni Vasthar

Traduction : Gérard Joulié pour l'Edition "Nouvelles - Edition Intégrale" - Editions de l'Age d'Homme dont cette nouvelle est extraite



ISBN : Inconnu. Pour l'édition L'Age d'Homme : 9782825117453



Beaucoup d'entre nous - ce fut mon cas - lurent pour la première fois cette nouvelle dans une anthologie de récits fantastiques présentés, en ce qui concerne mon exemplaire, dans "Le Livre de Poche", sous le label "Alfred Hitchcock présente" - "Le Livre Poche" a édité, sous cette présentation, trois recueils de nouvelles d'épouvante ou encore insolites (dont "Histoire Epouvantables" et "Histoires A Ne Pas Lire La Nuit") que je vous recommande car ils sont, et de loin, bien supérieurs à ce que devait faire Pocket bien plus tard. Rassurez-vous, vous trouverez par-ci, par-là, dans cette rubrique, nombre de fiches relatives aux textes les plus marquants (à mon sens) desdites anthologies auxquelles je conserve toute ma tendresse. (Et en plus, je SAIS où je les ai rangées, c'est-y-pas beau, ça ? )



Pourtant, quand on cherche à l'analyser, "Sredni Vasthar" apparaît, un peu à l'image du "Qu'Etait-Ce ?" de Fitz-James O'Brien, dominé par cette ambiguïté qui laisse au final la porte ouverte aussi bien au réalisme qu'à l'épouvante pure. Alors que, au contraire, l'autre nouvelle de Saki que je connaisse et qui appartient au genre fantastique, "La Musique sur la Colline", est, sans aucun doute possible, un récit d'horreur. (Nous en parlerons plus tard.)



Au centre de l'intrigue de "Sredni Vasthar", un trio inégal : Mrs de Ropp, une femme d'un certain âge, aigrie et sadique, qui aime à torturer moralement un pupille dont elle n'a accepté la garde que parce que tout le monde pense, la Faculté en tête, qu'il ne dépassera pas ses dix/douze ans ; Conradin, le pupille en question, un jeune garçon d'autant plus délicat et fragile que son entourage et ses médecins passent leur temps à le lui enfoncer dans le crâne, petit personnage introverti qui, profondément malheureux au sein d'un monde sur lequel règne Mrs de Ropp, n'a pour autre solution que de trouver refuge dans l'imaginaire et le rêve ; et enfin un furet de belle taille que, pour faire plaisir à l'enfant (en prenant soin que leur maîtresse ne s'en aperçoive, les membres du personnel de Mrs de Ropp se montrent bien souvent compatissants envers l'enfant livré au sadisme moral et mental de sa tante), lui a apporté le jardinier.



Installé dans la resserre qui sert plus ou moins d'atelier de jeux extérieur à Conradin (ce que Mrs de Ropp tolère en général, probablement heureuse de ne pas avoir alors l'enfant dans les pattes), dans une cage certes mais pourvue d'une paillasse moelleuse, et ponctuellement nourri, voire caressé par Conradin, auquel il s'est habitué, le furet, que l'enfant finit par baptiser "Sredni Vasthar", nom exotique et digne du dieu qu'il imagine voir incarné sous la fourrure de l'animal, a pour co-locataire, mais dans l'autre coin de la resserre et soigneusement hors de portée de ses redoutables mâchoires, une poule de Houdan un peu vieille, c'est vrai, mais fort aimable, à laquelle Conradin porte également une certaine affection même si, bien sûr, cette poule n'est pas aussi intéressante que Sredni Vasthar.



Se réfugiant dans ses rêves à chaque coup de griffe ou de dents de sa tutrice - vous n'avez qu'à imaginer combien il a pu et continue à en recevoir - Conradin qui, on le comprendra sans peine, nourrit une haine croissante pour Mrs de Ropp, ne se sent vraiment à l'abri que dans la resserre. Là, il rêve, lèche ses plaies - et imagine, entre autres, un hymne à la grandeur du dieu Sredni Vasthar. Mais tout commence en fait par une rage de dents qui fait souffrir Mrs de Ropp pendant trois jours - bien fait ! - et que Conradin se persuade lui avoir infligée par la prière journalière d'action de grâces qu'il adresse chaque soir à son dieu.



Evidemment, arrive le moment où Mrs de Ropp, remise de ses maux de dents, remarque l'intérêt manifesté par Conradin envers la resserre. Elle en conclut, en bonne sadique, qu'il trouve à s'y rendre une source de bonheur et, du coup, elle en fait l'inspection. La malheureuse poule de Houdan tombant immédiatement sous ses yeux, elle ne voit pas Sredni Vasthar, lequel se tient, rappelons-le, dans un coin plus écarté et plus sombre. Dans un état proche de la jouissance pure, elle fait enlever le pauvre gallinacé et le vendre illico, profitant du goûter pour annoncer, en fanfare et sans préparation aucune, la nouvelle à Conradin.



Lequel blêmit peut-être un peu - ce qui inquiète vaguement sa tutrice, laquelle ne voudrait pas se voir accusée de mauvais traitements à enfants - et serre les lèvres mais ne dit pas un mot. Simplement, sa supplication journalière à son dieu bien-aimé croît en intensité : "Sredni Vasthar, exauce ma prière ..." L'enfant ne précise jamais ce qu'est ce vœu qu'il tient tant à voir exaucer par son idole mais on devine facilement sa nature ...



Les visites de Conradin se poursuivant à la resserre, Mrs Van Ropp en conclut qu'elle a raté quelque chose. Et hop ! nouvelle inspection en perspective. Après avoir fouillé de fond en comble la chambre de son pupille et déniché une clef en laquelle elle voit celle de l'énigme, elle se rend, toute seule car elle ignore tout du danger qui l'y attend, à la resserre, bien décidée, cette fois-ci, à faire place nette. Il pleut, il vente, il fait froid et Conradin, posté à la seule fenêtre du rez-de-chaussée qui lui permet de conserver un œil sur la remise, attend, attend ... Il sait, bien sûr, que Sredni Vasthar n'est qu'un furet et que Mrs Van Ropp va encore triompher mais, durant ces minutes qui s'éternisent de manière anormale, devant cette porte laissée ouverte qui ne cesse de battre et de battre, avec un petit air moqueur, dans le vent, l'Espoir renaît en lui ...



La fin, d'une fluidité parfaite et d'une ironie grinçante, vous laisse le choix, lecteurs : ou Sredni Vasthar était bel et bien un dieu, de Vengeance et de Colère, ou bien ce n'était qu'un furet, un peu plus grand, plus long et plus malin que les autres, c'est tout.



Pour moi, inutile de vous préciser, je l'espère, que ce bon Sredni Vasthar est toujours comme je le voyais alors que j'avais quatorez / quinze ans : un dieu. Un dieu, aux dents longues et meurtrières, aux griffes bien affûtées et sans pitié, qui protège les enfants maltraités des sadiques.



Bonne lecture et que Sredni Vasthar, dans Sa Grande & Redoutable Puissance, vous accompagne durant toute votre lecture - et veille à tout jamais sur vos rêves, surtout si, il y a de cela plus ou moins longtemps, vous avez connu, sous une forme ou sous une autre, ce qui fut longtemps le lot de Conradin ... ;o)
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The Music On The Hill

Etoiles Notabénistes : ******



The Music On The Hill

Traduction et présentation : Gérard Joulié

Extrait de "Nouvelles - Edition Intégrale" - L'Âge d'Homme



ISBN pour cette édition : 9782825117453



De Saki, nous avons déjà consacré une fiche à sa nouvelle en quelque sorte fétiche pour tous les amateurs de fantastique, "Sredni Vasthar". Précisons, si nous ne l'avons déjà fait, que la majeure partie des nouvelles de l'écrivain britannique, mort trop tôt durant la Grande guerre, sont plutôt d'essence comique, avec cette incomparable touche d'humour anglais qui caractérise, dans un genre plus long, les romans de ce dialoguiste de génie que fut son compatriote, P. G. Wodehouse.



Oui, avec Hugh Munro, dit Saki, on rit en général beaucoup car il fut un observateur impitoyable des faiblesses de l'establishment anglais. Le rire est parfois grinçant mais il est toujours accordé de bon cœur. Evidemment, il n'a pas la jovialité traîtresse du "père" de Jeeves et de Bertram Wooster, et sa gaieté a souvent quelque chose de carrément méchant. En revanche, avec Saki, on a rarement peur. Et pourtant, si vous relisez "Sredni Vasthar", et même si vous demeurez à fond pour Conradin, un malaise vous saisit non seulement à cause de l'énigme représentée par son "dieu" mais surtout à l'idée que, si Conradin grandit - après tout, les pronostics alarmistes des médecins peuvent se révéler faux - il pourra faire encore mieux ... ;o)



Dans ses nouvelles fantastiques, si rares qu'elles soient, Saki privilégie le malaise insidieux, celui qui est capable de vous réveiller en sursaut parce que, brusquement, vous venez de réaliser, non pas que l'idole bien-aimée de Conradin est sous votre lit, mais parce que vous envisagez les conséquences éventuelles du pouvoir du jeune garçon.



Dans "La Musique sur La Colline", le nouvelliste britannique relève d'un degré le niveau du malaise. L'impression d'être espionnée que ressent Sylvia Seltoun tout au long de cette courte nouvelle peut être imaginaire comme elle peut se révéler tout à fait exacte. Sa fin, comme celle de la tante de Conradin, peut être le fruit d'un pur hasard. Mais, dans les deux cas, le doute subsiste et, plus à mon avis que dans "Sredni Vasthar" , le malaise s'appesantit ici au fil des pages avec une assurance et une puissance qui ont, elles aussi, quelque chose de profondément inquiétant.



Le thème de la nouvelle est simple. Jeune mariée, Sylvia Seltoun, qui aime à tout diriger, parvient à arracher son mari (qu'on peut suspecter d'apprécier les hommes autant, sinon plus que les femmes) aux plaisirs de Londres. Elle l'entraîne dans un domaine familial qu'il aime particulièrement et sur lequel, parce qu'il y a vécu enfant, il paraît connaître nombre de choses qui ne viendraient jamais à l'esprit d'un citadin. Toutefois, s'il les connaît bel et bien, Mortimer a su les respecter. Ainsi, le culte du dieu Pan, dont une statue se dresse dans les bois familiaux. Il arrive à Mortimer d'y déposer une offrande - une grappe de raisins, par exemple. Sylvia, esprit rationnel au possible, ne fait tout d'abord que rire de ce qu'elle tient pour une superstition tout juste bonne pour les paysans du coin. Puis, cela l'agace de constater que son époux, un gentleman accompli, partage cette croyance en la présence de Pan dans la forêt. C'est un peu - habileté de l'auteur - comme si ce Pan, en qui elle ne voit qu'une légende issue du monde antique, tentait de lui voler son époux ou, plus précisément, si le dieu faunesque, dont le nom a engendré le mot "panique", ne l'oublions pas, avait, sur Mortimer, plus d'influence qu'elle-même.



Cela, Sylvia ne l'admet pas.



Tout se joue là-dessus, dans cette rivalité - supposée ou réelle, au lecteur de choisir - entre la Femme et le Dieu qui n'en reste pas moins de sexe masculin, entre la sophistication urbaine et le naturel parfois cruel de la Nature toute-puissante.



Les dialogues sont rares et les descriptions de la forêt, où Sylvia se sent de plus en plus mal à l'aise, abondent, tour à tour somptueuses et effrayantes. Sylvia - son prénom lui-même se rapporte à la Forêt où règne le Grand Dieu Pan puisqu'il signifie "la fille de la forêt, la sauvageonne" - est aussi vivante que ces bois qu'elle parcourt non sans déplaisir mais que, aux yeux d'une entité qui en serait la maîtresse absolue, elle a trahis doublement : en niant tout d'abord, bien qu'inconsciemment, tout ce qu'implique le prénom qui aurait dû lui permettre au contraire d'approcher sans crainte le dieu Pan et son royaume, et en se rebellant ensuite - le vol de la grappe de raisin et la façon qu'elle a de qualifier le geste de Mortimer de ridicule - très ouvertement contre le dieu lui-même.



Bien que le lecteur se doute que tout cela finira mal, la chute n'a rien de "téléphoné." Et c'est la Forêt et non Pan qui punit Sylvia. Là encore, on reste avec des doutes. Certains penseront que le Grand Dieu Pan est responsable de la fin de Sylvia, d'autres que celle-ci avait des hallucinations qui l'ont poussée vers son destin.



Mais, parmi les lecteurs, tous ceux qui ont lu "Le Grand Dieu Pan" , du Gallois Arthur Machen , ceux-là, je puis vous l'assurer, ne conserveront aucun doute ... ;o)
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The Short Stories of Saki

A small collection, 14 short stories from Saki. All of them weird. They start like a normal story, usually in a rural part of England, big houses, dogs, hunting, invitations to drink tea, but then the story kind of goes of track. There is “Esme”, the story of a baroness that finds whilst hunting a hyena that then eats a gipsy child without anyone lifting an eyebrow or “The Open Window” where a young girl lies to a visitor about her aunt, uncle and cousins, explaining that they are dead just before they arrive back from hunting. Very sarcastic and funny reading.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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