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Critiques de Sophocle (290)
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Antigone

Dans la famille maudite, je voudrais les descendants du roi de Thèbes. On connaît tous le mythe d'Oedipe (merci Freud) mais Ismène nous le rappelle d'entrée de jeu pour rafraîchir les mémoires frivoles : « Notre père est mort réprouvé, déshonoré ; lorsqu'il s'est lui-même découvert criminel, il s'est arraché les yeux et sa femme, qui était sa mère, s'est pendue ». On ne rigole pas tous les jours avec Sophocle, surtout lorsque la malédiction semble ne jamais devoir prendre fin : « Et voici nos deux frères qui se sont entre-tués, ne partageant entre eux que la mort, les infortunés ! »





Antigone et Ismène ne sont même pas autorisées à rendre hommage à leur frère Polynice en lui accordant une cérémonie funéraire digne de ce nom. Au même moment, en effet, le roi Créon pose un décret interdisant de célébrer cet ennemi de la cité. Ismène et Antigone sont d'accord pour reconnaître que cet édit est une absurdité prétentieuse et arrogante ; toutefois Ismène s'y soumet dans les actes tandis qu'Antigone refuse d'obéir et rejette sa soeur, qu'elle considère comme une traîtresse. Créon est au service absolu des vivants contre la dignité des morts ; Antigone est totalement dévouée à ses morts contre les vivants.



L'affrontement entre ces deux volontés contradictoires paraît inéquitable, mais de nombreux personnages vont s'interposer entre Antigone et Créon pour tenter de les raisonner et de les encourager à faire preuve d'un peu plus de flexibilité. C'est surtout auprès du roi que les personnalités se succèdent : d'abord le Garde, puis Hémon, le fils de Créon, qui doit épouser Antigone, et enfin Tirésias le devin. Rien n'y fait. Créon ne flanche pas, persuadé d'avoir raison envers et contre tous, plein d'une confiance aveugle et dévouée au régime politique qu'il a mis en place pour « le bien public ». Créon fait placer Antigone et Ismène en réclusion avant de les condamner au sort fatal qui leur échoie.



L'outrage causé aux morts est grand mais une faute plus terrible encore est commise lorsque Créon refuse de croire aux mauvais présages divins adressés à Tirésias. Trop pragmatique et fier pour croire aux signes, Créon écopera du sort qu'il mérite. Encore une fois, comme dans Ajax, ce n'est que lorsque les instincts pécheurs commencent timidement à se remettre en question que la punition s'abat sur eux. La malédiction se perpétue…





Antigone est une pièce subtile qui présente des personnages nuancés, aussi divers et changeants que la multitude des relations existant entre un mort et un vivant. Aux deux extrémités du spectre, on trouve Antigone et Créon. Entre eux se succèdent Ismène, qui obéit aux lois de la cité sans renier pour autant son rapport aux morts et aux dieux ; Hémon, qui respecte son père et qui exige que, par respect réciproque pour son fils, celui-ci tienne compte de son avis ; le Garde qui préfère l'obéissance divine à l'obéissance terrestre mais qui préfère avant tout sa vie à n'importe quelle autre valeur ; enfin Tirésias qui se fait l'intermédiaire censé entre Dieu et le pouvoir terrestre.





Sophocle alimente une réflexion sur le pouvoir politique, l'obéissance, la constance et la priorité des valeurs sur lesquelles se fondent un gouvernement et un individu. Demandez voir aux sympathisants de notre bonne vieille République s'il existe une autorité au-delà de celle de notre constitution, une autorité invisible, intangible, insurpassable - qui est peut-être celle inhérente à la logique de la possibilité d'une perpétuation de la vie dans l'ordre des générations au sein de l'espèce humaine - ils diront ne rien comprendre. Pourtant, cela était clair au temps de Sophocle, comme le dit Antigone: "Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu'ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non-écrites, celles-là, mais intangibles. Ce n'est pas d'aujourd'hui ni d'hier, c'est depuis l'origine qu'elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Leur désobéir, n'était-ce point, par un lâche respect pour l'autorité d'un homme, encourir la rigueur des dieux ?" Cela l'était encore au temps de Cicéron qui n'illustre rien d'autre dans le Songe de Scipion - tout cela pour ne parler que de temps "non chrétiens", à qui imagine pouvoir répudier l'autorité éternelle en prétextant la lutte contre la religion. Créon, lui, prétend ne vouloir oeuvrer que pour le bien actuel, immédiat, celui qui pourrait surtout lui servir - le bien des autres qu'il veut effectivement pour s'en accaparer, le bien qu'il leur retire contre de la puissance dont il se rengorge. Lacan, dans son séminaire sur l'Ethique, le souligne: "Il est là pour le bien de tous. Quelle est sa faute ? " Elle est amartia : faute, péché, erreur de jugement. "Son erreur de jugement [...], pour lui Créon, de vouloir faire de ce bien la loi sans limites, la loi souveraine, la loi qui déborde, qui dépasse une certaine limite, qu'il ne s'aperçoit même pas qu'il franchit cette fameuse limite dont on croit bien sûr en avoir dit assez en disant qu'ANTIGONE la défend, qu'il s'agit des lois non écrites de la dikè, cette dikè dont on fait la justice, le dire des dieux." Refuser de donner une sépulture à un mort pour que la vie puisse continuer à circuler, au nom d'un principe immanent désigné comme le Bien totalitaire - voilà qui nous laisse songeurs, et qui nous rappelle bien des événements récents. La Justice s'abat - immédiatement - sur l'orgueilleux Créon. En notre monde ? Nous ne savons pas, ou peut-être ne le voyons-nous pas.



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Philoctète

Que personne ne bouge ! Personne ne meurt ! Avec Philoctète, Sophocle nous épargne les assassinats cruels, les suicides grandiloquents et les représailles vengeresses. Pour autant, on ne peut pas dire qu’on se repose… Si la mort n’est pas toujours belle à voir, la vie ne l’est pas davantage, surtout lorsqu’elle s’acharne sur un personnage en particulier.





Ainsi en est-il de Philoctète. En route pour Troie à bord d’un bateau, il se tire par inadvertance une flèche dans le pied. Le pied se gangrène et pour ne pas finir ensevelis sous des fragrances infâmes, les compagnons de Philoctète abandonnent le malheureux sur l’île déserte de Lesbos. Au moment où nous le découvrons dans la tragédie de Sophocle, dix années se sont écoulées depuis cet accident. On imagine aisément que toutes ces années ont permis à Philoctète de nourrir une haine sans faille pour ses compagnons de voyage… mais voilà que ceux-ci désirent désormais l’extirper de son île déserte pour le rapatrier vers Troie. Compassion ? Remords ? Que nenni ! Un oracle a prédit que Troie ne pourrait être prise sans Philoctète et ses fameuses flèches confiées par Héraclès.





Parmi ces fameux compagnons –qu’on préfèrerait ne pas avoir- se trouve Ulysse. Il débarque sur l’île de Lemnos en compagnie de Néoptolème, fils d’Achille, qu’il persuade d’aller à la rencontre de Philoctète pour l’attirer dans un bateau en direction de Troie. La ruse est de rigueur… Le brave Néoptolème s’oppose de tout cœur à cette trahison mais trop obéissant pour refuser de se soumettre aux ordres d’Ulysse, il obtempère malgré tout. La ruse fonctionnera-t-elle ou non ? Philoctète embarquera-t-il finalement pour Troie ? Découvrira-t-il la machination dont il a été la victime ? Êtes-vous certain que personne ne mourra ? (allez, rien qu’un cadavre, pour le plaisir !)





Si la tragédie s’inscrit, comme d’habitude avec Sophocle, dans les corps et les chairs meurtris, la pièce de Philoctète insiste particulièrement sur l’aspect psychologique de ses personnages. Les ruses déployées pour contrer les émotions sont bientôt détournées par de nouvelles et imprévisibles réactions –grandiloquentes, comme à leur habitude.





Pour moi qui ne suis qu’une hérétique, pour moi qui ne connais de la légende de Philoctète que cette version donnée par Sophocle –et qui ne peux donc la comparer à aucune autre-, je ne lui trouve qu’une valeur mythologique et historique. La lecture n’est pas désagréable mais n’enchante pas non plus. Elle ne provoquera pas d’étonnement, ni même de plaisir particulier. Même si Philoctète, Ulysse et Néoptolème sont des êtres humains, ils semblent si désincarnés qu’on lit leurs aventures comme on regarderait des dieux s’affronter dans le ciel, très loin de nous. Si loin qu’ils nous échappent…
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Électre

Electre ne va pas sans rappeler un autre personnage que l’on croit avoir déjà croisé dans le théâtre de Sophocle : il s’agit d’Antigone. Dans les deux cas, ces femmes se désolent de la mort d’un homme de leur famille (le père pour Electre ; le frère pour Antigone), et ce d’autant plus que cette mort est inachevée, ne laissant pas les survivants dans un deuil simplement attristé mais les nourrissant également de colère. Agamemnon, le père d’Electre, a été tué par son épouse Clytemnestre et son amant. Electre ne trouve aucun réconfort auprès de sa sœur Chrysothémis qui ne daigne visiblement pas vouloir venger leur père. Ne reste plus qu’à attendre leur frère Oreste qui –Electre n’en doute pas-, n’hésitera certainement pas à s’allier à elle pour rétablir l’honneur du disparu. Dans cet espoir, alors qu’elle mène une vie misérable au palais de Mycènes, Electre apprend d’un messager qu’Oreste est mort. Ne comprenant pas qu’il s’agit d’une ruse de son frère pour rentrer plus discrètement dans la cité, Electre ne le reconnaît même pas lorsqu’il fait son retour, jusqu’à ce qu’il lui avoue son stratagème. L’heure de la vengeance a sonné…





Pour peu que l’on commence à connaître Sophocle, la pièce ne surprend pas. Le mythe sert ici, une fois encore, à transmettre le message d’une morale d’obéissance et de respect des lois civiques. Il s’agit d’une démonstration appliquée de la loi « Tu ne tueras point », contrebalancée toutefois par la possibilité donnée de tuer à son tour lorsque la loi n’est pas respectée –s’incarne alors la loi du Talion : dent pour dent, œil pour œil, dans le déchaînement des actes les plus sanglants. Encore une fois, la mort n’est qu’un évènement anodin parmi tant d’autres, pas plus marquant que le déroulement ininterrompu des actes sur terre, et ne constitue que le passage d’un territoire à un autre. Ce nouveau territoire ne semble pas détaché du précédent et c’est en vertu de cette caractéristique que les vivants s’évertuent toujours à accomplir le transfert du défunt dans les conditions les plus respectueuses qu’il soit.





La vengeance d’Electre est moins délectable que celle Antigone dont l’ire déchaînée était peut-être mieux soulignée par l’apathie des personnages qui l’entouraient. Electre ne produit pas la vengeance par elle-même mais attend le retour de son frère Oreste, et même si la finalité, dans le cas des deux personnages féminins, est la même, elle se résout de deux manières différentes. Malheureusement, l’achèvement d’Electre semble presque bâclé une fois que son frère est reconnu dans la cité.





Encore une fois, Sophocle engage au parti pris de la modération, invitant au respect de ses ascendants et modérant la folie querelleuse de ceux qui, croyant trop vouloir leur rendre grâce, finissent par se ridiculiser et ne trahissent qu’un égocentrisme forcené qui les empêche de prendre du recul sur leur colère. Alors, qu’en est-il de cette conclusion ?





« De quiconque se croit au-dessus des lois, il faudrait faire justice par la mort immédiate. On ne verrait pas tant de scélérats. »





Alors qu’on croit bien le connaître et qu’on ne s’attend plus à la moindre surprise, Sophocle ne laisse pas d’étonner…
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Antigone

Qui ne connaît pas la tragique histoire d'Antigone? Fille d'Oedipe et de Jocaste, mariés sans le savoir alors qu'ils sont mère et fils, soeur d'Etéocle et Polynice qui s'entretue pour le règne sur Thèbes, sa vie ne pouvait finir autrement qu'en drame.

Condamnée à mort pour avoir accompli les rites funéraires pour son frère Polynice, qui devait, selon l'ordre de leur oncle Créon, se dessécher au soleil et être dévoré par les animaux, Antigone est l'un des plus grands symboles de la résistance face à la tyrannie. Indifférente au risque, elle fera ce qui lui semble juste, même si elle doit le payer de sa vie. Cette figure sera reprise des siècles plus tard par Jean Anouilh pour une version plus moderne mais tout aussi marquante.



La pièce de Sophocle m'a semblé plus courte que celle d'Anouilh et il m'a fallu bien moins de deux heures pour la lire.

Que d'émotions dans ces personnages antiques !
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Antigone

Peut-être aurait-il fallu débuter une découverte du théâtre par Eschyle, mais une autre lecture en cours m'a poussé dans les bras éplorés d'Antigone. Sophocle, c'est déjà un moderne, qui aurait inventé le deuxième acteur sur scène, et les dialogues du tac au tac comme celui-ci :

- Ne sais-tu pas que tu me blesses par tes paroles ?

- Ton oreille est-elle blessée, ou ton âme ?

- Pourquoi cherches-tu où est mon mal ?

- Celui qui a commis le crime blesse ton âme, et moi, je blesse ton oreille.



C'est plus nerveux que ce à quoi je m'attendais. Mais il y a aussi, comme je le craignais un peu, de longs monologues ampoulés, surtout de la part du choeur - probablement gâteux comme il le sous-entend lui-même -, qui est aussi enclin à rappeler des lois universelles à grands renfort d'exemples mythiques, qu'à changer d'avis comme une girouette.



J'ai aussi été surpris par la brièveté de l'oeuvre. C'est très court. Heureusement j'avais lu André Degaine avant, qui m'a éclairé sur bien des points. Les auteurs présentaient 4 pièces à la suite, dont un drame satyrique, pour montrer qu'on ne se prenait pas trop au sérieux, précision utile après toutes ces morts tragiques.



La pièce est bâtie autour d'une opposition entre Antigone, qui veut enterrer son frère (la loi "divine") et Créon le roi, qui a décrété qu'il fallait le laisser sans sépulture (la loi "de la Cité"). Ca se termine mal, comme tout ce qui concerne l'infortunée famille d'OEdipe, sur laquelle se sont acharnés d'innombrables générations de conteurs.



Je ne me risquerai pas à faire un commentaire sur la portée politique, ou féministe, ou autre, de l'oeuvre. le contenu est riche de réflexions, mais j'ai l'impression que ces vieilles histoires ont été exploitées souvent bien au-delà de leur portée initiale. J'ai du mal aussi à caractériser tant la loi divine : divine ou simplement morale ? les dieux n'intervenant pas directement, que la loi de la Cité - de la Cité ou d'un tyran ? Sophocle écrivant depuis la démocratie athénienne, où il était un homme de pouvoir, à propos d'un roi archaïque.



Selon mes critères, j'ai trouvé que Créon, qui soupçonne pour un oui ou pour un non, manque trop de qualités spirituelles. Et puis, finir une longue tirade sur les vertus de l'obéissance par " il ne faut en aucune façon céder à une femme afin qu'on ne dise pas que nous sommes au-dessous des femmes. ", c'est un argument un peu faible, non ?



Score Bernacho : 2/10 (tirade du choeur commençant par "Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n’est plus admirable que l’homme.", etc.)
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Ajax

Pour apprécier Ajax, il est certainement nécessaire d’avoir une bonne connaissance du monde de l’Antiquité grecque. Il faut aussi accepter de se projeter deux millénaires et quelques siècles en arrière pour saluer la maturité précoce d’un théâtre qui n’a rien à envier à la plupart des pièces d’aujourd’hui et pour reconnaître l’importance des valeurs et des croyances de cette société. Pour ma part, je me suis aventurée à la rencontre de cet Ajax comme je l’aurais fait pour n’importe quel autre livre : sans chercher particulièrement à me glisser dans la peau d’un contemporain de l’œuvre pour en apprécier plus de subtilités que je n’aurais naturellement pu en dénombrer.





Ajax est un personnage furieux. En proie à la colère après que son ami défunt, Achille, a confié ses armes à Ulysse alors qu’il pensait pouvoir les recevoir de bon droit, il décide de massacrer Ulysse et ses compagnons. Berné par la déesse Athéna, il s’illusionne et massacre en réalité des troupeaux de bêtes. Lorsqu’il prend conscience de son erreur, la honte l’accable. Pour épargner à sa famille et à sa lignée l’humiliation due à ses actes, il décide de se suicider. Cris, pleurs et tragédie de sa compagne Tecmesse qui tente de l’en dissuader. Rien n’y fait. Ajax s’échappe en douce et se retire au loin pour se donner la mort. Cette mort sera d’autant plus inutile que Teucros, le frère d’Ajax, accoure bientôt pour lui faire part que les dieux se sont exprimés à travers l’oracle et lui auraient pardonné aisément sa fureur s’il était resté cloîtré chez lui le temps de la pénitence. Mais trop tard, le mal est fait… Teucros veut honorer son frère dignement et lui accorder une sépulture, ce que le roi Agamemnon refuse. Surgit à ce moment-là Ulysse –le grand, le fort, le majestueux ! Eliminant d’un revers de main toutes les querelles qui nous ont rasées jusqu’alors, il ordonne qu’on donne une sépulture au vilain petit Ajax. Et tout le monde de rester béat d’admiration devant ce personnage sans rancune, que la colère d’Ajax aurait pourtant dû tuer.





Moralité de l’histoire ? Avant l’avènement de Jésus-Christ, Sophocle préfigure l’adage : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche » -sachant que la gifle sur la joue droite a été évitée de peu, et qu’Ulysse ne risque rien à tendre sa joue gauche puisque Ajax est mort. Ceci ayant été compris, la pièce d’Ajax n’a rien de superbe. Pleine d’emphase, elle fait trembler chacun de ses personnages devant ces grandes figures éthérées que sont les Vertus. Courage, humilité, modération, amitié et amour… on retourne avec Sophocle aux temps où l’individu n’était encore qu’une partie d’un tout. C’est pourquoi la mort, même si elle reste tragique aux yeux des survivants, reste un moyen d’expression naturel parmi tant d’autres.





Pour l’immersion dans la civilisation grecque : bravo Ajax ! on sera certes dépaysé. Pour autant, difficile de dire qu’on se passionne pour ces aventures qui mêlent guerre, dieux et combats. Bien que les ressorts de cette tragédie se déroulent à un niveau symbolique qui rend possible leur transposition à de nombreux autres égards, la leçon d’humilité qui en découle –plus violente que le Sermon sur la Montagne- est si grandiloquente et finalement si contradictoire avec le fond de la morale qu’elle ruine la crédibilité des personnages. Mais peut-être est-il si difficile de comprendre toute cette agitation parce que les personnages, mus par leur envie d’égaler les dieux qui les entourent, cherchent sans cesse à contredire Athéna lorsqu’elle demandait, sur le ton de la provocation : « De quoi as-tu peur ? Il n’a jamais été qu’un homme » ? Qu’à cela ne tienne, Athéna. Les hommes jouent de leurs vertus pour se faire une place dans les cieux et dans la mémoire de leurs semblables… Difficilement compréhensible aujourd’hui, Ajax laisse dubitatif.
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Philoctète

C’est lors de ma lecture de «L’homme dans le labyrinthe» de Robert Silverberg que BazaR m’informa que l’auteur s’était inspiré de Philoctète pour son personnage principal. Il était donc logique pour moi de lire cette pièce de Sophocle, bien que je ne sois pas très familière des lectures antiques.



Alors qu’il l’a abandonné, 10 ans plus tôt, en piteux état sur l’île de Lemnos, Ulysse doit retourner chercher Philoctète car un oracle a prédit que seul ce dernier pourra faire gagner aux grecs la guerre de Troie grâce à son arc et ses flèches, héritage d’Héraclès.

Ulysse se doute bien que son retour auprès de Philoctète ne sera pas bien accueilli, bien au contraire. Il décide donc de faire intervenir Néoptolème à sa place pour convaincre l’homme de monter sur son bateau.

Néoptolème est le fils d’Achille, c’est un jeune guerrier intègre et honorable qui ne peut qu’inspirer confiance à Philoctète. Le jeune homme rechigne à mentir au début, mais se plie à la volonté d’Ulysse en obéissant aux ordres. Et ça marche ! Mais saisi de culpabilité face à cet homme blessé physiquement (infection au pied) et moralement (abandon, trahison), il avoue finalement sa ruse...



Une pièce relativement courte et qui se lit assez facilement, j’ai plutôt apprécié et lirai certainement d’autres textes de Sophocle. Un bon moyen en tout cas de découvrir la mythologie grecque...
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Les Trachiniennes

Après nous avoir caraboché le chou avec des histoires d’héros qui se précipitent dans le royaume des morts pour essuyer une humiliation (Ajax), pour venger un frère (Antigone), pour accomplir un oracle (Œdipe Roi) ou pour honorer un père (Electre), diantre ! enfin, un peu de changement ! Avec ces Trachiniennes, le masochisme devient sadisme et nous assistons à une mise à mort qui n’est plus suicide programmé mais assassinat non-prémédité.





En apprenant que Héraclès est de retour, après avoir vagabondé sans donner de nouvelles pendant quinze mois, Déjanire son épouse est folle de joie… manque de pot, une donzelle sillonne dans le parage du grand homme. Il s’agit d’Iole, fille d’Eurytos, pour qui Héraclès a fait la guerre. Point de remerciement monnayable pour l’effort fourni au combat : Héraclès s’approprie la jeune fille, dont il veut faire son amante.





Déjanire prétend n’être pas furieuse (« Que mon mari soit vulnérable à ses traits, lui aussi, je serais bien folle de lui en faire grief ; et ce n’est pas non plus la faute de cette femme, car elle n’a voulu ni m’outrager ni me nuire ») –il n’empêche : elle aimerait bien rester la favorite de Héraclès. Elle se souvient alors d’un rituel d’amour qui lui avait été transmis, et elle enduit une de ses tuniques du sang du centaure Nessos et de l’hydre Lerne, deux monstres tués par son mari. Mais le sang de ces bestioles peut-il vraiment provoquer des évènements purs ? Le rituel d’amour se transforme bientôt en meurtre incontrôlé, déchaînant au passage la colère du fils Hyllos.





Les rebondissements suivants se basent sur la question de savoir si Héraclès est vraiment mort, ou s’il ne l’est pas ; de savoir si Déjanire s’est tuée, ou si elle ne l’a pas fait ; de savoir si Hyllos va achever son père, ou s’il ne le fera pas. Questions sans doute tragiques mais qui nous laissent souvent de marbre, tant la distanciation mise en place par Sophocle est efficace.





Relevons quand même la place importante qu’occupe le chœur dans cette pièce. Le lyrisme apporté par celui-ci mérite sans doute une mise en scène qui permettrait par la même occasion de relever le tragique de la destinée de ses personnages malheureux. Les Trachiniennes prend sans doute mieux son envol au spectacle qu’à la lecture mais en attendant, on ne décolle pas vraiment…


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Antigone

Il y a trois ans, j'ai lu la réécriture d'Antigone par Anouilh qui avait été une très belle découverte. Sophocle est un célèbre dramaturge, connu pour ses tragédies et pour le rôle qu'il a joué dans le perfectionnement de la tragédie en inventant le troisième acteur. Antigone a été écrite en 441 ou en 442 avant Jésus-Christ, elle fait partie des sept tragédies de Sophocle qui nous sont parvenues. Cette pièce de théâtre permet d'opposer raison d'Etat et principes divins. Antigone a décidé de se battre contre Créon, roi de Thèbes, elle va s'opposer à lui en offrant elle-même une sépulture à son frère. Le destin de cette femme est tragique et affligeant. C'est un livre qu'il faut lire.
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Philoctète

Philoctète a été abandonné sur l'île de Lemnos par les armées achéennes: la blessure qu'il a au pied dégage une odeur tellement insoutenable et ses cris de douleur sont si insupportables que , lâchement, les siens l'ont livré à la solitude et à la sauvagerie des lieux et ont fait voile ailleurs...

Mais Philoctète a les armes d'Héraklès qui seules assureront, d'après les oracles, la victoire finale des Grecs et la chute de Troie. Il faut donc les récupérer.

Ulysse aux mille ruses - pas dans son plus beau rôle, ici- en trouve donc une, bien lâche et bien sournoise, pour venir à bout de la rancune du héros blessé à l'égard de des siens et lui faire lâcher les armes fameuses : il lui envoie un petit jeune, bien sous tous rapports, vierge de tout conflit, qui n'a pas participé aux combats mais porte un grand nom: Néoptolème -ou Pyrrhus- fils du bouillant Achille...avec pour mission de duper Philoctète et de lui soutirer les armes.

Le petit doigt sur la couture ...de la tunique, Néoptolème s'exécute..mais son côté gentleman répugne à la besogne. En effet, il doit feindre de s'être brouillé lui aussi avec les Grecs pour mieux gagner la confiance du malheureux Philoctète..



.La partie est presque gagnée...quand Néoptolème, dégoûté du rôle qu'on lui fait jouer et attendri par le malheur et la sincérité de Philoctète qui croit enfin avoir trouvé un ami, lui avoue tout: la ruse, le mensonge, la manipulation..



La tragédie n'est pas ici dans la mort programmée d'un héros désigné à la vindicte divine : elle est dans l'horreur de la trahison et du mensonge au coeur même de ce qui fait la plus haute valeur de ces guerriers grecs: la "philèia" , l'amitié.



Philoctète peut-il croire encore, après cette seconde trahison, à la société des hommes? à la fraternité des armes? au courage et à la force morale de ses anciens compagnons?Peut-il encore croire à l'humanité?



Celui qui sauve tout dans cette tragédie c'est le beau personnage de Néoptolème -loin du Pyrrhus qu'il deviendra, en changeant de nom, chez Racine-: c'est un jeune homme beaucoup plus que bon chic, bon genre: un homme tout en sensibilité, un guerrier conscient de l'honneur de son nom et de celui de son bras, en un mot, un honnête homme aurait dit Montaigne.



Que les armes soient finalement récupérées et qu'une des flèches , données à papa Achille, dit la légende, transperce Pâris, le fauteur de guerre, n'a que peu d'importance.La pièce reste une tragédie terrible.



Les Grecs ne sortent pas grandis de cette manoeuvre honteuse et le dénouement, sans mort , est plein de noirceur et d'amertume...
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Antigone

De tout le théâtre grec, peu d'oeuvres nous reste. Parmi les rarissimes ouvrages que nous avons encore, Antigone est l'une des plus célèbres. Il faut dire que c'est mérité : cette tragédie est une oeuvre puissante, profonde, immense, grande : il fallait être Sophocle pour nous faire un coup pareil. C'est grand, c'est beau, c'est fort !
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Théâtre complet

Les Limiers -





La pièce des Limiers propose moins qu’elle ne laisse à imaginer. Sophocle l’a écrite puis abandonnée à son sort. Quelques millénaires plus tard, en 1912, quelques fragments sont retrouvés en Egypte. Un début bref nous présente la situation, quelques moments d’amnésie, une amorce d’action et il ne reste plus rien… une aubaine pour les créatifs ? On dirait un exercice scolaire : lisez le début de ce texte et imaginez la suite…





Les Limiers reprend le sujet de l’Hymne homérique à Hermès –texte parodique qui s’amusait à vanter les aventures d’Hermès lorsqu’il était encore enfant, alors qu’il détrousse Apollon de ses bœufs. Ce dernier s’entoure de Silène et de ses satyres pour retrouver le voleur. Ils finissent par arriver devant la caverne d’Hermès, de laquelle se fait entendre une musique étrange et inconnue. A l’intérieur de sa cachette, Hermès joue de la lyre –cet instrument qu’il a inventé en associant une carapace de tortue, un roseau et une peau de bœuf.





Questions pour stimuler l’imagination : Hélios va-t-il reconnaître l’utilité du sacrifice de ses bêtes ? L’art est-il plus fort que l’animosité ? Hermès va-t-il devenir le plus grand musicien de tous les temps ? Est-il possible de regretter une pièce qui n’a pas été écrite ?





A bientôt Sophocle, on se retrouvera dans l’imaginaire.
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Antigone

Un débat sur la nature du pouvoir politique qui reste toujours d'actualité.

Et pourtant, c'est une oeuvre très ancienne:

Sophocle (495- 406 avant JC) a vécu l'apogée du siècle de Périclès, la grande période du classicisme grec. Avec Sophocle la tragédie s'oriente vers le drame de l'individu aux prises avec des forces contraires.

Tel est le cas d'Antigone, héroïne qui a inspiré cette pièce:

Antigone, fille d'Oedipe, se dresse contre l'autorité de Créon, roi de Thèbes qui a refusé les honneurs funèbres à Polynice, frère d'Antigone. En effet Polynice et Etéocle, tous deux fils d'Oedipe, viennent de s'entretuer en se disputant le pouvoir.

C'est une tragédie qui campe un homme désarmé par la puissance d'une femme qui ose le braver et qui, lucidement, revendique la mort; ce faisant, elle fait oeuvre de résistance et impose d'autres valeurs qui rendent dérisoires les ordres de Créon.

La figure d'Antigone a inspiré d'autres créateurs comme Cocteau, Anouilh et Brecht.
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Ajax

Encore une pièce de théâtre grec antique que j'ai découverte grâce à l'émission "Quand les dieux rôdaient sur la Terre" de France Inter, émission qui m'a permis de mieux comprendre le récit.

En effet, l'action de la pièce commence immédiatement, dans le bruit, le sang et la fureur. Les explications, le contexte même, arrivent ensuite. Comme l'Iliade s'ouvre sur la colère d'Achille, la pièce s'ouvre sur la folie d'Ajax. Ajax est d'ailleurs un quasi jumeau d'Achille. C'est un des grands combattants grecs de la guerre de Troie. Quand Achille attaque, perce les lignes des Troyens, Ajax, lui, accomplit des exploits défensifs, protégeant les navires et les tentes /baraques, des Grecs. Après la mort d'Achille, ses armes si prestigieuses auraient dû lui revenir, lui, le deuxième plus grand guerrier.

Néanmoins, les Atrides, Agamemnon et son frère Ménélas, ont décidé de donner les armes à Ulysse. Ce sont les chefs de l'armée, ils exercent leur autorité de façon arbitraire, et Ajax aurait dû s'incliner. Mais Ajax est un héros, il n'est pas là pour obéir, et il souhaite se venger.

La pièce commence donc par le massacre d'Ajax. Mais ce n'est qu'un jouet du destin et du malheur, un jouet des dieux : Athéna lui ôte sa raison, le rend fou. Le grand guerrier est devenu un tueur de génisses, ayant pris le bétail pour ses ennemis. Revenu à lui, Ajax comprend qu'il n'a d'autre choix que de mourir, puisque les dieux eux-mêmes sont contre lui.

Les personnages sont donc impuissants, ils ne sont pas maître de leurs actes, les dieux dominent tout. L'atmosphère est donc particulièrement sombre et noire. Néanmoins, pour finir sur une tonalité moins sombre, Ulysse pardonne à son ennemi mort, et convainc les Atrides d'offrir des funérailles dignes de lui à Ajax.

Le monde est un théâtre, dont les hommes ne sont même pas les acteurs de leur propre vie, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien...
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Oedipe roi

Je vais choquer les puristes, mais pour moi, le mythe d'Oedipe, c'est La machine infernale de Jean Cocteau. J'ai adoré.



Alors, me plonger dans ce texte ancien n'a fait que souligner ce que j'aime dans La machine infernale, sa poésie, son onirisme. Ici, le style est traditionnel. On imagine le choeur déclamer sur un côté de la scène. L'histoire, on la connaît, heureusement, car elle n'apparaît pas aussi limpide.



Bref, je sais, c'est l'original, mais parfois une réécriture peut endiabler bien davantage le sujet.
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Antigone

Quelle merveille ! J'avais oublié que j'aimais autant la tragédie grecque.



En admiration devant l'Antigone d'Anouilh, j'ai refait le chemin à l'envers pour retrouver les prémices de cette oeuvre. Et sans être la même chose, c'est tout aussi beau. J'ai oublié beaucoup de mes lectures de jeunesse et je pense poursuivre le plaisir de leur redécouverte.



N'hésitez pas, c'est tout à fait lisible au jour d'aujourd'hui et cela rend humble de penser que finalement tout a déjà été dit il y a bien longtemps.
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Oedipe à Colone

Après avoir connu l’accomplissement tragique de l’oracle, Œdipe réapparaît dans l’œuvre de Sophocle à un âge plus avancé. Aveugle, rejeté de Thèbes par ses deux fils, Œdipe traîne ses savates accompagné de sa fille Antigone. Ils finissent par atteindre une ville et s’y arrêtent. Le hasard aidant, bondissant de surprise en prophétie, ils apprennent que cette ville porte le nom de Colone et qu’il s’agit de la ville dans laquelle les tourments marquant l’existence d’Œdipe doivent prendre fin. Le roi Thésée l’accueille dignement et en deux actes, l’épisode pourrait se conclure sereinement. Ce serait mal connaître les mésaventures de la lignée des Labdacides…



Ainsi, au cours des actes suivants, Colone devient le lieu de rencontre de perturbateurs indéfectibles : d’abord Créon, régent de Thèbes, qui tente de convaincre Œdipe de rentrer chez lui, usant d’abord de la persuasion douce et avant d’en venir à la force brute en enlevant ses filles ; ensuite Polynice, un des fils d’Œdipe, qui réclame l’aide de son père après des années d’indifférence. Rien n’y fait : Œdipe reste solidement cramponné à Colone. Avoir tenté de fuir à tout prix les présages d’un oracle lui avait porté malheur, en accepter l’accomplissement lui accordera peut-être enfin un peu de repos.



Tous les éléments sont rassemblés pour que cette pièce constitue une œuvre puissante et Sophocle parvient d’ailleurs à en tirer toute la substance. S’il peinait parfois à allier le fond et la forme pour représenter des épisodes purement tragiques, le motif d’Œdipe à Colone convient mieux à son écriture digne et contenue. Il semblerait que Sophocle soit un auteur de la maturité et qu’il brille davantage à illustrer la sagesse de personnages qui sont allés jusqu’au bout de leur destinée, plutôt que d’évoquer les tourments de personnages que la passion ne lasse pas de désespérer.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Oedipe roi

En lisant de vieux auteurs...







...ou de très vieux auteurs,

je les trouve très en avance

ou je nous trouve très vieux.

Tout ce qui nous préoccupe aujourd'hui

était dans leurs lignes anciennes,



qui disent déjà les malheurs quand on touche à la nature.



Sophocle qui parle des rivières dont on détourne le cours,

Ibsen des forêts que l'on détruit,



ou bien les modes qui vont et viennent

avec Lucien de Samosate.



Et nous pourrions continuer des pages et des pages...



alors gardons seulement ces mots de Qohélet

'Tous les mots sont usés'

il y a deux mille cinq cents ans,

déjà...







© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Antigone

Difficile de donner un avis précis, car j'ai une telle admiration pour l'Antigone d'Anouilh que je ne vois pas l’œuvre originelle d'une façon détachée. Et puis, j'ai quelques difficultés à lire du théâtre antique, car j'ai souvent l'impression que les longs monologues s'enchaînent les uns aux autres sans rythme, avec une dramaturgie ralentie et plombée par les chants du choeur. Mais cet avis vient du fait que j'ai rarement vu joué du théâtre antique, sur scène l'impression rendue doit être différente.

Alors oui, Antigone, dans la pièce qui porte son nom, n'est pas une héroïne. C'est un personnage secondaire, assez effacé, qui n'agit que par devoir. Mais ses motivations sont peu exposées, puisqu'elle parle peu. On est loin de la poésie, de la fragilité et de la force mêlées qui font la grandeur de la petite Antigone qui aime la nature à l'aube. A première vue, il n'y a pas non plus la force symbolique et historique du contexte d'écriture et de représentation d'Anouilh, qui permet de voir dans Antigone une figure de la Résistance à la tyrannie.

Cependant, plus ma lecture avançait, plus j'ai été frappée par le rythme. Certes, il y a de longues tirades comme je le pensais, mais de nombreuses répliques en une phrase s'enchaînent, donnant un sentiment d'urgence, de rapidité : face au devin Tirésias, Créon est ainsi bousculé dans ses certitudes, il est forcé d'agir et de revenir sur sa décision. Et j'ai été frappée également par la noirceur et la violence, notamment dans la vision de Tirésias. Plusieurs images reviennent de façon lancinante, les corps en décomposition, les femmes emmurées vivantes, les flèches qui symbolisent la peste. Et il y a aussi un message politique : Créon est un roi qui devient un tyran en outrepassant les lois de sa cité en voulant gouverner seul sans conseiller, ne pensant qu'à son intérêt personnel et à son enrichissement. Il y a même une réflexion très actuelle sur le pouvoir des mots, des fausses promesses, du mensonge.

Oui, il faut revenir aux textes antiques, on peut toujours en faire une lecture moderne !
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Philoctète

Ce matin, faisant un peu de rangement, je suis tombé sur l'ouvrage de Georges Fenech "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? " sous titré "Chronique secrète d'une élection imperdable" [ j'ajoute "mais bel et bien perdue" ] et je retrouve, en incipit de l'avant-propos, cette magnifique citation de Sophocle, parfaitement adaptée au sujet de l'opus et qui n'a rien perdu, en cet été 2018, de son actualité, n'est-ce pas, "Manu" ?
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