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Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


Sache que le monde visible, relativement au monde du Royaume céleste, est comme l'écorce pour le noyau, comme la forme et le moule pour le souffle qui les anime (rûh), comme les ténèbres par rapport à la lumière, comme le bas vis-à-vis du haut. C'est pourquoi on désigne le monde du Royaume céleste sous les noms de monde supérieur, monde spirituel, monde lumineux, en opposition avec le monde inférieur, le monde corporel, le monde ténébreux.

Ne va pas croire que nous entendons par monde supérieur les sphères célestes, bien qu'elles soient « en haut » et « au-dessus » par rapport au monde visible et sensible, car les bêtes aussi les perçoivent ! La porte du Royaume ne sera pas ouverte à un homme (abd) et il ne deviendra pas « célestiel » (malakûtî), tant que, pour lui, la terre n'aura pas été « remplacée par une autre terre, et les cieux [par d'autres cieux] », et tant que tout ce qui est du domaine des sens et de l'imagination ne sera pas devenu sa « terre » et que tout ce qui dépasse le domaine sensible ne sera pas devenu son « ciel ». Telle est la première ascension (mi `râj) pour le pèlerin spirituel (sâlik) qui a commencé son voyage pour se rapprocher du Seigneur.

L'être humain (insân), rendu « le plus bas des plus bas », peut s'élever à partir de là jusqu'au monde supérieur.
(...)
Le monde visible est donc le point d'appui pour s'élever au monde du Royaume céleste, et le « parcours de la Voie Droite » consiste en cette ascension, que l'on peut également exprimer par les mots « Religion » (d'in) et « les étapes de la Bonne Voie » (hudâ). S'il n'y avait pas de correspondance et de liaison entre les deux, la montée de l'un à l'autre serait inconcevable. La Miséricorde divine a fait qu'il y ait une relation d'homologie entre le monde visible et celui du Royaume céleste. En conséquence, il n'y a aucune chose du premier qui ne soit un symbole (mithâl) de quelque chose du second. (pp. 46-47 & 65)
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L'invocation de Dieu est de trois sortes : Invoquer par la langue [...]. Ce que fait tout musulman. Invoquer par le coeur [...], cela consiste à ne jamais oublier l'Invoqué. Invocation "présentielle" [...] qui consiste à oublier sa propre présence par l'intensité de Sa présence.
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Dieu demande en effet à Ses serviteurs de se conformer à Ses attributs, et de se revêtir des vertus seigneuriales. C’est pourquoi il est dit : « Revêtez-vous des vertus de Dieu ! » Se revêtir de ces attributs consiste à acquérir les caractéristiques louables – lesquelles correspondent aux attributs divins – telles que la science, la bonté, la bienfaisance, la douceur, la prodigalité, la miséricorde envers les hommes, la propension à conseiller et à les guider vers la vérité, et à les préserver de l’erreur, ainsi que d’autres vertus prescrites par la voie légale. Tout cela rapproche de Dieu, non en termes de distance mais en termes d’attributs.
(…)
Il est également fait allusion à ce point dans la parole de Dieu adressée à Moïse : « J’étais malade, et tu ne M’as pas rendu visite. » Moïse lui répondit : « Ô Seigneur comment cela est-il possible ? » Dieu ajouta « Mon serviteur nommé untel était malade, et tu ne lui as pas rendu visite. Or si tu l’avais fait, tu M’aurais trouvé auprès de lui. » Cette affinité ne se révèle qu’en pratiquent assidument les adorations surérogatoires, outre l’accomplissement irréprochable des adorations obligatoires, comme le dit le Très-Haut dans le hadith : « Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par ses adorations volontaires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis l’ouïe dont il use pour entendre, la vue dont il use pour voir, la main dont il use pour saisir, et le pied dont il use pour marcher. »

Il s’agit là d’un sujet à l’abord duquel il convient de retenir les élans du cœur. Car les gens sont divisés sur la question. Certains penchent pour un anthropomorphisme patent ; d’autres adoptent un avis tout aussi excessif assimilant la notion d’affinité à celle d’unité, si bien qu’ils professent la fusion substantielle. L’un d’eux a même dit : « Je suis le Vrai. » Les chrétiens se sont également égarés au sujet de Jésus. Ils prétendent qu’il est Dieu. D’autres prétendent que la nature humaine et la nature divine se sont confondues. D’autres encore soutiennent qu’il s’unifia à Dieu.

Quant à ceux à qui apparaît l’impossibilité de l’anthropomorphisme, autant que l’impossibilité de l’unification et de la fusion substantielle, et à qui a été révélé le secret, ils sont une minorité. Abû al-Hasan an-Nûrî est sans doute l’un de ceux-là. Un jour qu’il était pris par l’émotion spirituelle, il clama ces vers :

Ton amour me conduit en cet endroit parfois,
Où mon esprit se tient confondu par l’émoi !

Emporté par sa vive émotion, il se mit alors à courir sur un champ de roseaux dont les cannes avaient été coupées à ras. Il courut ainsi si longtemps que ses pieds tuméfiés se mirent à gonfler, et qu’il en mourut. Cette cause de l’amour est la plus immense et la plus intense. C’est aussi la plus précieuse, la plus improbable et la plus rare. (pp. 55-57)
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Les 7 ciels, ce sont les différents niveaux d'élévation de l'âme. Les 3 enfers, ce sont les états d'esprit de ceux qui sont confrontés avec leurs démons intérieurs. D'ailleurs, les morts sont censés être ressuscités exactement dans l'état où ils avaient pêché, ce qui ressemble à une séance d'auto-psychanalyse avant la lettre.
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Ce qui est entendu ici est la « connaissance de Dieu » (exalté soit-Il) et c'est cela le « Souffre rouge. » Cette connaissance comprend : la connaissance de l'Essence de Dieu (magnifié et exalté soit-Il), celle de Ses Attributs et enfin celle de Ses Actions (...) sache que le « Soufre rouge » représente pour les créatures du monde sensible l'alchimie par laquelle on transforme les substances viles en substances précieuses. Comme la transformation de la pierre en corindon et du cuivre en or pur. (pp. 27 & 71)
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Le groupe de ceux qui prétendent que le but à atteindre ici-bas est d'accomplir ses désirs, de satisfaire ses appétits, et de se délecter des plaisirs bestiaux du sexe et de la table, et de [s'adonner aux vaines joies de] la parure. Ils sont les serviteurs du plaisir, c'est lui qu'ils adorent, c'est lui l'objet de leur, recherche, et leur foi est que l'obtenir est la béatitude suprême. Il leur plaît de se ravaler au rang des bêtes, et même plus bas encore. Y a-t-il obscurité plus épaisse ? Ces hommes sont véritablement voilés par les seules ténèbres !

Un autre groupe estime que le summum du bonheur consiste à vaincre, conquérir et tuer, ou attaquer à l'improviste, emmener des captives et faire des prisonniers. Telle était la conviction des Arabes bédouins [du paganisme] ; elle est celle aussi des peuplades kurdes et d'un grand nombre de fous furieux. Ils sont voilés par les ténèbres des tendances naturelles à la férocité, qui les dominent et qui, lorsqu'elles atteignent leurs fins, leur procurent les plus grandes voluptés. Ces hommes-là sont contents d'être au niveau des animaux féroces, et même plus bas encore.

Un troisième groupe pense que la plus grande félicité réside dans la richesse et la prospérité, parce que la fortune est l'instrument qui permet de satisfaire tous les appétits et qu'elle donne à l'homme le pouvoir de réaliser ses désirs. Leur seule préoccupation est d'amasser des biens, d'accumuler les domaines, les propriétés, les chevaux de race, les troupeaux, les exploitations agricoles, et d'enfouir leurs pièces d'or sous la terre ! On en voit qui passent toute leur vie à affronter les périls des déserts, des expéditions lointaines et des voyages en mer, pour entasser des richesses qu'ils gardent jalousement sans en profiter ni en faire profiter les autres ! C'est eux que vise la parole du Prophète : « Malheureux esclave de l'argent ! Malheureux esclave des pièces d'or ! » Y a-t-il pire obscurité que cette duperie dont l'homme est victime ? alors que l'or et l'argent ne sont que deux « pierres 1 » sans intérêt en elles-mêmes, et qui, s'ils ne servent pas à s'acquitter des besoins matériels et s'ils ne sont pas dépensés, peuvent être échangés avec des cailloux ! (pp. 86-87)
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‘Abd al-Wâhid Ibn Zayd raconte également ce qui suit : « Je passai un jour devant un homme qui se tenait sur de la neige. Je l’interrogeai : ‘’N’as-tu pas froid ?’’ Il me répondit : ‘’Quiconque est préoccupé par l’amour de Dieu ne ressent pas le froid.’’ » Sarî as-Saqatî a dit quant à lui : « Au Jour du jugement, les communautés seront appelées du nom de leur Prophète. On leur dira ainsi :’’Ô communauté de Moïse, ô communauté de Jésus, ô communauté de Muhammad !’’ Mais ceux qui cultiveraient l’amour de Dieu feront exception. On les appellera ainsi : ‘’Ô saints de Dieu, venez auprès de Dieu !’’ Leurs cœurs bondiront presque de leurs poitrines tant leur joie sera grande. »

Haram Ibn Hayyân a dit aussi : « Le croyant, lorsqu’il connaît son Seigneur, l’aime. Et lorsqu’il L’aime, il fait route vers Lui. Puis quand il ressent combien il est doux d’allers vers Lui, il n’aborde plus cette vie avec concupiscence, et n’envisage plus l’au-delà avec nonchalance. Il est désabusé par ce bas-monde, et tend à la paix de l’autre-monde. »

Yahyâ Ibn Mu’âdh a dit pour sa part : « Son pardon dissout les péchés, alors que dire de Son agrément ? Son agrément dissout les espoirs, alors que dire de Son amour (hubb) ? Son amour stupéfait les esprits, alors que de dire de Son amour essentiel (wudd) ? Son amour essentiel fait oublier tout ce qui n’est pas Lui, alors que dire de Sa subtile mansuétude. »

Un livre mentionne à ce sujet que le Seigneur a dit : « Mon serviteur, J’en jure par le droit que tu as sur Moi, Je t’aime. Alors par le droit que J’ai sur toi, aime Moi ! »

Yahyâ Ibn Mu’âdh disait encore : « Le poids d’une graine de moutarde d’amour m’est plus cher qu’une adoration pendant soixante-dix ans sans amour. » (pp. 20-21)
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L’Envoyé de Dieu était le plus indulgent des hommes et le plus enclin au pardon bien qu’il avait le pouvoir de ne pas pardonner. Lorsqu’il partagea les colliers d’or et d’argent entre ses Compagnons, un bédouin se dressa et dit : « Ô Muhammad ! Par Dieu ! Dieu t’a ordonné d’agir équitablement, or je constate que tu es injuste ! » Il lui répondit : « Prends garde ! Qui donc sera plus équitable envers toi après moi ? » Lorsque le bédouin s’en alla, le Prophète dit : « Ramenez-le moi gentiment. »

Jābir (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que le Jour de la Bataille de Khaybar, l’Envoyé de Dieu partageait de l’argent rassemblé dans un habit usé entre les gens. Un homme dit alors : « Ô Envoyé de Dieu, sois équitable ! » Il lui répondit : « Prends garde ! Qui donc serait équitable si je ne l’étais pas ? Certes, si j’étais injuste, je serais perdant et échouerais. » ‘Umar [b. al-Khattāb] (que Dieu soit satisfait de lui) se leva et dit : « Laissez-moi trancher le cou à cet hypocrite ! » Le Prophète l’arrêta en disant : « A Dieu ne plaise que les gens m’accusent de tuer mes Compagnons ! »

Un jour, alors que l’Envoyé de Dieu combattait, un vide se créa autour de lui. Un homme s’approcha alors de lui l’épée à la main et dit : « Qui peut donc te défendre de moi ? » Il lui répondit : « Dieu ! » L’épée tomba des mains de l’homme, le Prophète la récupéra de terre et lui dit : « Et qui peut donc te défendre de moi ? » L’homme dit : « Sois magnanime lors de ma mise à mort ! » et le Prophète lui répondit : « Dis : J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que je suis l’Envoyé de Dieu ! » Mais l’homme refusa en disant : « Non ! Je dis seulement que je ne te combattrais plus, que je ne serais pas avec toi ni avec ceux qui te combattront ! » Le Prophète lui laissa la vie sauve. Lorsque l’homme rejoignit les siens, il leur dit : « Je vous viens de chez le meilleur des hommes ! »
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Al Qâdir Al-Djili a ordonné pour lui et ses initiés treize Noms divins à invoquer cent mille fois chacun.
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« […] les œuvres les plus assidues sont les plus méritoires, même si elles sont peu importantes. Et on ne saurait être assidu en tous les offices si on les accomplit chacun dans sa mesure la plus extrême. C’est pourquoi il vaut mieux s’en tenir à une mesure moindre, mais plus assidument. L’effet sur le cœur en est plus grand. Une dévotion courte, mais assidue est comparable à une goutte qui tombe de manière ininterrompue : même si elle tombe sur la roche, elle finit par la creuser. Quant à la dévotion longue, mais occasionnelle, elle est comparable à des épanchements d’eau abondants, mais rare : ceux-ci ne laissent aucune trace notable. »
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Abû-Hâmid Al-Ghazali
Parmi les vertus de la force qu'exige de toi l'Islam il y a ceci : tu dois avoir une résolution ferme, déterminée à atteindre ton but par les moyens sûrs qui t'en rapprochent, déployant tous tes efforts pour arriver à ce que tu veux en empêchant la chance d'interférer dans ta démarche et en ne laissant pas les destinées entreprendre pour toi ce que tu n'as pu réaliser.
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Malgré son rang immense, le Prophète était l’homme le plus humble qui soit.

Ibn ‘Umar (que Dieu soit satisfait de lui et de son père) a dit : « Je l’ai vu [éloigner] une chamelle grise en lançant des braises, sans la frapper, sans la chasser ni dire : Ecarte-toi de moi ! ».

Il montait sur un âne en plaçant sur son dos un morceau d’étoffe en poils et faisait même, parfois, monter autrui en croupe. Il rendait visite aux malades, suivait les funérailles et répondait aux sollicitations des esclaves (mamlūk).

Il recousait ses semelles, raccommodait ses vêtements et aidait ses épouses aux taches domestiques. Ses Compagnons ne se levaient pas pour lui car il savait que cela lui déplaisait. Lorsqu’il croisait des enfants, il les saluait.

Un homme trembla par respect quand il le vit. Le Prophète lui dit : « Calme-toi, je ne suis pas un roi, mais le fils d’une femme qurayshite qui mange de la viande séchée (qadīd). »

Il s’asseyait au milieu de ses Compagnons comme s’il était l’un d’entre eux. Lorsqu’un étranger venait, il ne le distinguait pas des autres et devait demander où il était. Ses Compagnons lui demandèrent alors de s’asseoir dans un endroit où il serait reconnaissable aux étrangers, et lui construirent un siège en argile sur lequel il s’asseyait.

‘A’isha (que Dieu soit satisfait d’elle) lui a dit : « Puissé-je être ta rançon ! Mange en te mettant à l’aise, cela sera plus facile pour toi ! » Il lui répondit en inclinant la tête jusqu’à ce que son front toucha le sol : « Non ! Je mange comme mange les serviteurs et je m’assois comme s’assoit le serviteur. » Jusqu’à sa mort, le Prophète ne mangea jamais sur une table (khuwān) ou dans une écuelle (sukurruja).

Jamais un de ses Compagnons ne l’a appelé sans qu’il réponde : « Me voilà (labayka) ! »

Lorsque les gens parlaient de l’au-delà, il s’associait à eux; s’ils parlaient de nourriture et de boissons, il participait à leur conversation, et quand ils discouraient de ce bas monde, il le faisait aussi par amabilité et modestie envers eux.

Parfois, ils récitaient des poèmes devant lui, évoquaient certaines pratiques de l’époque de l’ignorance (jāhiliyya) et riaient. Il souriait quand ils riaient et ne les réprimait [que s’ils proféraient des propos] interdits.
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Ouvre l’œil de ton discernement car il n’y a rien dans l’Existence qui ne dit La Ilaha Illa Allah (il n’y a de dieu que Dieu). « Il n’y a rien qui ne célèbre Ses louanges mais vous ne comprenez pas leurs louanges. » (Coran, 17/44) ; « ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre célèbre les louanges de Dieu » (Coran, 59/24). Son existence est une preuve de tout ce qu’Il fait exister et Sa création est une preuve qu’Il est le Créateur.

Crois-tu que le soleil du tawhîd (l’affirmation de l’unicité divine) ne s’est levé que pour toi uniquement ? Non et jamais non ! « Et les oiseaux qui étendent leurs ailes célèbrent les louanges de Dieu. » (Coran, 24/41) (pp. 55-56)
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Tu as donc compris ensuite que l'Univers est tout entier rempli par les lumières extérieures et visibles d'une part et les lumières intérieures et intelligibles d'autre part. Tu as su également que les lumières du monde inférieur émanent les unes des autres comme celle communiquée par un flambeau, le flambeau étant en l'occurrence l'esprit saint prophétique, et que les esprits saints prophétiques sont éclairés par les esprits du monde supérieur comme le flambeau est allumé par le feu. Les lumières d'en haut s'alimentent à leur tour les unes aux autres, selon un ordre hiérarchique correspondant à leur rang.

Enfin toutes remontent à la Lumière des lumières, qui est leur origine et leur source première, c'est-à-dire Dieu — exalté soit-Il ! « seul, sans associé ». Toutes les autres lumières sont donc métaphoriques, la seule lumière véritable est la Sienne. Le Tout est Sa Lumière, ou plutôt Il est le Tout. Bien mieux, personne d'autre que Lui n'a d'ipséité (huwiyya), si ce n'est par abus de langage.

Nulle lumière donc, excepté Sa lumière !
(...)
Nulle divinité donc, excepté Lui ! En effet le mot « divinité » (ilâh) représente ce vers quoi la face se tourne en adoration et en dévotion, et j'entends par là les « faces des coeurs » (wujûh al-qulûb), qui sont les lumières dont il s'agit. Bien mieux, de même qu'il n'y a nulle divinité si ce n'est Lui, il n'y a nul « lui » si ce n'est Lui ! (lâ huwa illâ Huwa), car le mot « lui » représente tout ce que l'on désigne, d'une manière ou d'une autre, et nul autre que Lui n'est désigné. Plus exactement encore, tout ce que tu désignes est en réalité une désignation dont il est l'objet, même si tu n'en es pas conscient parce que la « vérité des vérités » que nous avons mentionnée t'échappe. Désigner la lumière du soleil, ce n'est pas autre chose que désigner le soleil. La relation entre tout ce qui existe et Lui est analogue, dans le monde sensible, à la relation entre la lumière et le soleil.

Dans ces conditions, la profession de foi en l'unicité divine (tawhîd) sous la forme « Nulle divinité, excepté Dieu! » est celle du commun des croyants (awâmm), et « Nul lui, excepté Lui ! » est la profession de foi de ceux qui ont la vocation spirituelle (khawâçç). Elle est en effet pour eux plus parfaite et plus appropriée, et en même temps plus universelle, plus vraie et plus exacte, et plus apte à les faire pénétrer dans la Singularité absolue et l'Unicité pure. (pp. 56-57)
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"Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et vous pleureriez beaucoup."

Muhammad.
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Il était l’homme à la diction la plus éloquente et aux paroles les plus agréables, et disait : « Je suis le plus éloquent des Arabes. » Il a dit aussi que les « Gens du Paradis » s’exprimeront dans la langue de Muhammad. Son discours était concis et plein de tolérance, et ses paroles n’étaient pas oiseuses mais ressemblaient plutôt aux perles (kharazāt) d’un collier.

‘A’isha (que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Il ne construisait pas son discours comme vous faites; il parlait peu alors que vous parlez trop. »

On a dit qu’il était l’homme aux propos les plus concis, et cette qualité lui avait été transmise par Gabriel (que la Paix soit sur lui), et nonobstant cette concision, son discours contenait tout ce qu’il voulait dire. Il parlait de manière compréhensive et concise, n’excédait pas et ne manquait pas son but. Ses phrases s’enchaînaient harmonieusement, étaient parfaitement cohérentes et entrecoupées de pauses, de sorte que son auditeur pouvait les mémoriser et les comprendre.

Il avait une voix puissante et la plus mélodieuse qui soit. Ses silences étaient longs et il ne parlait qu’à propos. Il ne prononçait pas ce qu’il était interdit de dire et ne disait, fût-il satisfait ou fâché, que la vérité. Il évitait celui qui ne tenait pas un discours convenable. Il parlait parfois métonymiquement quand il devait dire une chose qui le répugnait. Lorsqu’il se taisait ses hôtes parlaient, et ne se disputaient pas la parole chez lui. Il avertissait par l’exhortation et par le conseil, et disait : « Ne niez pas le Coran en comparant certaines de ses parties à d’autres, car le
Coran a été révélé sous diverses formes ».

C’était l’homme qui souriait et riait le plus en présence de ses Compagnons; il admirait ce qu’ils disaient et se mêlait à eux. Parfois il affichait un large sourire, de sorte qu’on voyait ses molaires. Le rire de ses Compagnons se transformait en sa présence en sourire, pour l’imiter et par respect pour lui.

Ils ont dit : un jour, un bédouin vint chez le Prophète alors qu’il était si livide que ses Compagnons ne le reconnaissaient pas. L’homme voulut l’interroger mais ses Compagnons lui dirent : « Ne le fais pas car nous ne reconnaissons pas [son état] ! » Le bédouin répondit : « Laissez-moi ! Par Celui qui l’a envoyé, en vérité, en tant que Prophète, je ne m’en irais pas avant de le voir sourire. » Il dit : « Ô Envoyé de Dieu, il nous est parvenu que le [faux] Messie, c'est-à-dire l’Anti-Christ, portera aux gens qui mourront de faim un plat de tharīd. Penses-tu, toi qui m’est plus cher que ma mère et mon père, que je dois renoncer à son tharīd, par chasteté et pureté, de sorte à mourir d’émaciation, ou penses-tu que je doive en manger, et qu’une fois rassasié, je croie en Dieu et nie l’Anti-Christ ? » L’Envoyé de Dieu se mit à rire au point qu’on aperçut ses molaires, puis lui dit : « Non. Mais Dieu te gratifiera de la même récompense que les croyants. »

Ils ont dit qu’il était l’homme le plus souriant et le plus agréable sauf quand le Coran lui était révélé, quand il mentionnait l’Heure [du jugement final] ou quand il faisait un sermon.
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On rapporte que Moïse - que la Grâce et la Paix divines se répandent sur lui - demanda : "Seigneur, d'où découlent les maux et les remèdes ?" "De Moi", - répondit le Très-Haut- "Que font donc les médecins ?" - demanda Moïse - et le Très-Haut répondit : "Ils perçoivent leurs honoraires et réconfortent Mes fidèles jusqu'à ce que parvienne Ma guérison ou Mon décret".
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Sache que si aujourd’hui l’homme a la forme du fils d’Adam, dans l’Au-delà les réalités intelligibles(1) se dévoileront à lui et les formes lui apparaîtront comme des réalités intelligibles. Ainsi, celui qui était dominé par la colère sera ressuscité sous la forme d’un chien, et celui qui était dominé par le désir le sera sous la forme d’un porc car les formes dépendent des réalités intelligibles. Du reste, le dormeur ne voit en rêve que ce qui se trouve réellement en lui.

(1) Le terme ma’nâ pl. ma’ânî désigne en premier lieu le sens, la signification. Dans le contexte de cette phrase il désigne la réalité spirituelle, l’essence d’une chose. (pp. 64-66)
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AL-‘AFUW : LE TRèS-PARDONNANT

La signification :

C’est celui qui efface les mauvaises actions et absout les pêchés. Son sens est proche de celui du Ghafûr (Celui qui pardonne) même s’il y a plus d’intensité dans l’absolution dans la mesure où le pardon implique préservation tandis que ‘Afuw implique l’absolution. Or l’absolution est plus intense que la préservation.

L’imprégnation :

La part du serviteur de cette qualité est indéniable en ce qu’il pardonne à celui qui est injuste envers lui et qu’il fait même preuve de bonté à son égard. (p. 124)
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Al-GHAFFÂR

La signification :

C’est celui qui a fait apparaître ce qui est beau, et dissimulé ce qui est laid parmi les péchés et les autres forfaits. La première marque de Sa protection en faveur du serviteur, c’est qu’Il a dissimulé dans son intérieur les laideurs de son corps qui répugnent aux yeux et couvert de beauté son extérieur. C’est dire combien est grande la différence entre l’intérieur et l’extérieur du serviteur sur les plans de la propreté et de la saleté, de la laideur et de la beauté. Regarde bien donc ce qu’Il a manifesté et ce qu’Il a caché. Il l’a protégé en deuxième lieu en plaçant ses idées détestables et ses volontés laides au fond du secret de son cœur. Du reste, si ce qui traverse son esprit comme obsessions et phobies possibles et ce que renferme sa conscience comme fraude, traîtrise et mauvaise opinion des gens se dévoilait aux hommes, ils le mépriseraient et peut-être s’acharneraient-ils à le détruire et à le faire périr. Regarde donc bien comment Il l’a protégé ! Quant au troisième mode de Sa protection, il réside dans le fait qu’Il a pardonné ses fautes par lesquelles il mérites d’être mis à nu devant le monde.

L’imprégnation :

La part du serviteur de ce Nom consiste à dissimuler chez autrui ce qu’il aime dissimuler chez lui-même. En effet, le Prophète – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix – a dit : « A celui qui dissimule chez un croyant une nudité, Dieu dissimule sa nudité au Jour de la Résurrection. » Or le calomniateur, l’épieur et celui qui rend le mal par le mal sont privés de cette qualité. (pp. 33-34)
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