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Citations de Abû-Hâmid Al-Ghazali (71)


"Oh Dieu donne-moi la force de supporter mes épreuves". L'Envoyé de Dieu le reprit alors : "Tu as demandé à Dieu l'épreuve, demande-Lui plutôt de t'accorder une bonne santé".
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Ceux qui s’adonnent sans limite aux plaisirs de ce monde seront à l’instant de leur mort comme un homme qui s’est empiffré à satiété d’aliments délicieux pour les vomir. Ce qui était délectable s’en est allé, seule la honte reste. Plus grande aura été l’abondance de biens dont ils sont joui sous la forme de jardins, d’esclaves masculins et féminins, d’or, d’argent, etc., et plus ils ressentiront vivement l’amertume de s’en séparer. Pour l’âme qui a fait de la cupidité une habitude bien établie, cette amertume survivra à la mort et l’âme continuera nécessairement à souffrir dans l’Au-delà des angoisses du désir insatisfait.

Une autre propriété dangereuse des biens de ce monde est qu’ils apparaissent au premier abord comme sans importance, mais chacun de ces biens soi-disant « sans importance » se diversifie en ramifications sans nombre qui finissent par engloutir complètement le temps et l’énergie de l’homme.

Jésus – que la Paix soit sur lui – disait : « L’amoureux de ce monde ressemble à un homme qui boirait de l’eau de mer : plus il en boit, plus il a soif, jusqu’à ce qu’à la fin il meure, torturé par une soif inextinguible ».

Le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue – disait : « Tu ne peux pas davantage te mêler au monde sans être contaminé qu’aller dans l’eau sans te mouiller ».

Le monde ressemble à une table dressée pour accueillir une succession de convives qui vont et qui viennent. Ils ont de la vaisselle d’or et d’argent à leur disposition, et de la nourriture et des parfums en abondance. Le convive sage mange ce qui lui est nécessaire, respire les parfums, remercie son hôte et s’en va. Le convive insensé, lui, essaie d’emporter de la vaisselle d’or et d’argent, mais on la retrouve, la lui arrache des mains et on le jette dehors, déçu et honteux. (pp. 67-68)
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En plus de supporter les torts [commis par son épou­se], l'homme devra se montrer badin, enjoué et facétieux, car ce sont ces traits de caractère qui réjouissent les femmes. L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — se livrait à toutes sortes de plaisanteries avec ses épouses, se mettant à leur portée par ses actes et par ses manières. On rapporte ainsi qu'il faisait la course avec 'A'ishâ ; elle gagna sur lui un jour et il l'emporta un autre. Il lui dit alors [en guise de consolation] : "Nous voilà quittes." La Tradition rapporte que le Prophète — sur lui la grâce et la paix — était le plus enjoué des hommes avec ses épouses." 'A'ishâ rapporte ceci : "Le jour de [la fête de] Ashûra j'entendis les cris d'Abyssins et d'autres, qui s'amusaient à cette occasion. L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — me demanda : As-tu envie de regar­der leurs jeux ? — Oh ! oui, m'écriais-je. Il les fit alors chercher, et ils accoururent aussitôt. Le Prophète — sur lui la grâce et la paix — se plaça entre les deux portes, posa la main sur l'une d'entre elles et me tendit l'autre afin que j'y place le menton. Je les regardai ainsi se divertir jusqu'à ce que l'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — me dise : Cela suffit. — Tais-toi donc ! lui dis-je ; et cela se répéta ainsi deux ou trois fois. Mais à la fin il me dit : O 'A'ishâ, cela suffit maintenant ! — D'accord, lui répondis-je. Il fit un signe aux Abyssins, et ceux-ci s'en allèrent."

L'Envoyé de Dieu — sur lui la grâce et la paix — disait aussi : "Le croyant dont la foi est la plus parfaite est celui dont les mœurs sont les plus policées, et qui se montre le plus bienveillant envers son épouse." Et encore : "Le meilleur d'entre vous est le meilleur envers ses épouses ; et je suis le meilleur d'entre vous pour les miennes." 'Umar — que Dieu soit satisfait de lui — disait, en dépit de sa rudesse : "Il convient qu'au sein de sa famille, l'homme se conduise comme un petit enfant ; mais lors­ qu'elle sollicite ce qu'il détient [qu'il s'agisse de science ou de biens], il faut qu'elle trouve un homme en face d'el­le." Luqmân — que Dieu lui fasse miséricorde — a dit pour sa part : "Il convient à l'homme doué d'intelligence de se conduire comme un petit enfant au sein de sa famille, et comme un homme au sein de la société."

On a commenté la tradition : "En vérité, Dieu déteste l'homme dur et hautain (al-ja'dharî) et qui marche avec superbe (al-jawwâdh)" en disant qu'elle s'appliquait à l'homme brutal envers son épouse et infatué de sa per­sonne. On a également appliqué cette explication au terme 'utull (méchant, perfide) employé dans un verset du Coran, en disant qu'il désigne l'homme dur en paro­le, et impitoyable pour sa famille. (pp. 104-106)
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Un homme se vanta un jour auprès d'un savant : "De toutes les œuvres pies, Dieu m'a accordé une part" — et se mettant à les énumérer, il en arriva bientôt au Pèlerinage, au combat pour la cause de Dieu, et d'autres encore ... Alors le savant lui coupa la parole en lui demandant : Mais que sont ces œuvres comparées à celles des Abdâl(1) ? —Et quelles sont-elles ? demanda l'homme [interloqué]. — Se procurer des gains licites, et subvenir aux besoins d'une famille," lui répondit le savant.

Un jour qu'Ibn al-Mubârak se trouvait avec ses frères dans une expédition militaire, il leur demanda : "Connaissez-vous meilleure œuvre que celle qui nous occupe en ce moment ? — Non, lui répondirent-ils, [nous n'en connaissons point]. — Pour ma part, leur dit-il, j'en vois une. — Et quelle est-elle? lui demandèrent alors ses compagnons. — Représentez-vous, leur dit Ibn al-Mubârak, un homme vertueux et père de famille : se réveillant au beau milieu de la nuit, il verrait ses enfants endormis non couverts, et les couvrirait alors de son manteau pour les protéger du froid... Eh bien ! cette simple marque d'attention est plus méritoire que ce que nous sommes en train d'accomplir en ce moment."

(1) Abdâl : pluriel de badal (substitut). Ce terme désigne une des catégo­ries les plus élevées dans la hiérarchie des saints, après le “Pôle” (Qutb) et les quatre “Piliers” (Awtâd). Au nombre de sept, ils tirent leur nom de “Substitut” de leur faculté à laisser, pour une raison ou pour une autre, une “forme spirituelle” possédant leur apparence dans un lieu qu’ils vien­nent de quitter. (p. 54)
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Le croyant assimile les aliments avec un seul intestin, et l’hypocrite avec sept.
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Sache que les temps ont sombré dans une grande perversité et que les gens ont sombré dans un grand malheur.
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Il suffit que l’on dise – afin que les autres puissent en tirer profit – que l’on a acquis la certitude que la Voie des sûfis est celle qui – en particulier – porte à Dieu – que Son Nom soit exalté, que les sûfis ont la meilleure conduite (al-sîra), suivent la Voie la plus juste et que leur caractère est le plus pur.

Je dirai même plus : si l’intelligence des intellectuels, la sagesse des sages et la science des doctes occupés à étudier les secrets de la Loi religieuse s’unissaient pour modifier quelque chose à la conduite des sûfis et la remplacer par une meilleure, ils n’y parviendraient pas. En effet, leur mobilité et leur immobilité, intérieures et extérieures, sont entièrement tirées de la Lumière du Tabernacle de la Prophétie (nûr mishkât al-nubuwwa), l’unique Lumière éclairante sur terre.
(…)
Les visions (al-mushâhadât) et les dévoilements (al-mukâshafât) commencent dès le début, et il arrive même que les sûfis voient les Anges et les esprits des Prophètes en état de veille (yaqaza), qu’ils les entendent et tirent profit [de leur présence].

L’état spirituel s’élève ensuite de la vision des figures et des images à des stations ineffables. Nul n’est en mesure d’expliquer ces degrés, [s’il tentait], sa formulation contiendrait alors inévitablement des erreurs. La Proximité (al-qurb) de Dieu est telle que certains ont cru voir Dieu descendre en eux (al-hulûl), d’autres s’unir à Lui (al-ittihâd) et d’autres enfin, parvenir au Terme du Voyage vers Dieu (al-wusûl).
(…)
Cette Proximité ne se réalise que par l’expérience directe de l’itinérant sur la Voie. Celui qui par contre n’a pas eu la félicité de goûter à cette expérience, mais qui toutefois fréquente suffisamment les sûfis, peut comprendre et acquérir la certitude de la réalisation [de la Proximité] en les écoutant et en les observant.

Celui qui participe à leurs réunions sera convaincu de leur état et ne sera jamais malheureux.
(…)
Derrière ceux [qui croient aux expériences sûfies], se cache une foule d’ignorants qui tiennent ces expériences pour dénuées de tout fondement ; ils s’émerveillent des discours de ce genre, les écoutent en se moquant et s’exclament : « Quelle histoire ! Quel délire ! »

Dieu a dit de ces personnes : « Il en est qui te prêtent une oreille attentive puis, sortis de chez toi, ils demandent à ceux qui ont reçu la Science : « Que vient-il de dire ? ». Ceux-là sont ceux dont Dieu a scellé le cœur et qui ne suivent que leurs passions » (Qur’ân 47 : 16). Dieu les a rendus sourds et aveugles. (pp. 109-115)
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Une force intérieure me poussa à rechercher l’authenticité de la nature originelle et celle des croyances issues du conformisme des parents et des maîtres. Je cherchai à discerner, parmi ces traditions dont les prémisses sont passivement reçues, et dont la discrimination laisse place à la controverse.
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La raison est un objet de servitude [...]et n'est aucunement destinée à gérer les questions relatives à la magnificence [...]. La connaissance est intuitive et non intellectuelle.
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Si tu réfléchis soigneusement, tu trouveras que la Fātiḥa, malgré sa concision, est composée de huit voies [bien tracées].
Les Paroles : « Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » sont une indication inhérente à l’Essence.
Sa Parole : « le Tout Miséricordieux, Ie Très Miséricordieux » est une indication à Ses Attributs spécifiques qui ont la particularité d’appeler tous les autres Attributs, comme ceux de la Science, de la Puissance et autres. Puis, ils se rapportent aux créatures qui sont l’objet de la Miséricorde divine (al-marḥūmūn). Il s’agit d’une relation qui les lie [à Lui], par laquelle Il Se rend désirable à elles et qui suscite en elles l’envie de Lui obéir. C’est un Attribut différent de la Colère [divine] et s’Il avait mentionné cette dernière à la place de la Miséricorde, cela les aurait affligés et inquiétés et aurait suffoqué leur cœur plutôt que de le dilater.
Sa Parole : « Louange à Dieu, le Seigneur des mondes » comprend deux aspects :
Le premier : le « principe de la louange » (aṣl al-ḥamd) est la gratitude (al-shukr). C’est là le premier pas sur la « Voie de la Rectitude » et une partie de celle-ci.
En vérité la « foi pratique » (al-imān al-‘amalī) comporte deux moitiés: une moitié est la patience et l’autre la gratitude. Si tu veux approfondir la question, consulte notre « Revivification des Sciences de la Religion », et spécialement le livre de la « Gratitude et de la Patience ».
Le mérite de la gratitude par rapport à la patience (al-ṣabr) est semblable à celui de la miséricorde par rapport à la colère. En effet, la gratitude procède de la quiétude (al-irtiyāḥ), de l’ébranlement suscité par le désir (hazzat al-shawq) [de Dieu] et de l’esprit de l’amour [qu’on éprouve pour Lui], alors que la patience face au Décret divin procède de la peur (al-khawf) et de l’épouvante (al-rahba) [de Son Châtiment]. De plus, la patience n’est jamais sans angoisse (karb) ni serrement [du cœur].
Il est préférable de cheminer sur la « Voie de la Rectitude » qui conduit à Dieu (exalté soit-Il), en empruntant le chemin de l’Amour et de ses œuvres plutôt que celui de la peur. Ces secrets sont dévoilés dans notre « Livre de l’Amour et du Désir ardent », contenu dans l’Iḥyā. C’est pour cette raison que l’Envoyé de Dieu ﷺ a dit : « Les premier à être appelés au Paradis sont les louangeurs [de Dieu] (al-ḥammadūn) en toute circonstance. »
Sa parole : « le Seigneur des Mondes » est une allusion à toutes Ses Œuvres et à leur corrélation à Lui. Et l’expression qui décrit le mieux et qui englobe le plus tous les genres d’Action est « Seigneur des Mondes ».
L’attribut du sujet le plus parfait et le plus représentatif de Ses Actions est « Seigneurie » (al-rubūbiyya), et la meilleure et la plus complète glorification que tu puisses Lui destiné est celle où tu mentionnes [Sa Seigneurie], car celle-ci est bien plus universelle que ces deux autres : « le Plus Élevé des Mondes » (a‘lā al-‘ālamīn) ou « le Créateur des Mondes » (khāliq al-‘ālamīn).
Sa mention une deuxième fois de : « le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » est cette fois encore une allusion aux Attributs [divins]. Ne crois surtout pas qu’il s’agit d’une répétition (takarrur), car il n’y a pas de répétition dans le Coran ; en effet, la répétition est ce qui ne procure aucun avantage supplémentaire.
La mention de la « Miséricorde » après celle des « Mondes » et avant celle du « Roi du jour du jugement », renferme deux immenses avantages inhérents à l’écoulement de la Miséricorde (majārī al-raḥma) :
Le premier avantage : tourner son attention vers la création du « Seigneur des Mondes ». Il a créé toute chose de la manière la plus parfaite et la plus belle, et lui a accordé tout ce dont elle a besoin. […]
La vie entière ne suffit pas à connaître toutes ces choses extraordinaires, et il n’en est dévoilé qu’une infime partie aux hommes. La connaissance de ce qui n’est pas dévoilé est le propre [de Dieu] et des Anges.
Tu trouveras des allusions à ce genre de choses dans le « Livre de la Gratitude » et dans le « Livre de L’Amour » [de notre Iḥyā’] ; cherche-les [dans ses œuvres] si tu t’en estimes digne ! […]
Le deuxième avantage : Il est rattaché à Sa Parole : « Roi du Jour du jugement », où Il fait allusion à la Clémence dont Il fera preuve lors du « Grand Retour », le « Jour de la Rétribution » (yawm al-jazā’), où Il accordera le pouvoir [de jouir de Ses faveurs] en permanence, en échange d’une « formule » (kalima) et d’une œuvre d’adoration (‘ibāda). Expliquer ces choses serait trop long. Le but est de montrer qu’il n’existe pas de répétitions dans le Coran, et si une locution te semble, en apparence, réitérée, il t’incombe alors d’examiner ce qui la précède et ce qui la suit, pour que te soit dévoilé l’avantage supplémentaire que comporte sa nouvelle mention.
Sa Parole : « Roi du Jour du jugement » est une allusion à [la Vie] Dernière, après le Grand Retour. Il s’agit de l’une des parties fondamentales des sources [du Coran], malgré la référence aux [termes de] (lit. significations) de Roi et de Royaume qui sont des Attributs de la Majesté [divine] (ṣifāt aI-jalāl).
Sa Parole : « C’est Toi que nous adorons, et c’est de Toi que nous implorons le secours » comporte deux piliers immenses. Le premier consiste à L’adorer sincèrement et de manière exclusive. Il s’agit de l’esprit de la « Voie de la Rectitude » que tu connaîtra [après avoir lu] le « Livre de la sincérité et de la loyauté » et le « Livre de la réprobation des honneurs et de l’ostentation » de notre Iḥyā. Le second est que rien ne mérite d’être adoré à part Lui, et c’est cela la substance du tawḥīd qui n’est atteinte qu’en se dépouillant de [tout sentiment de] pouvoir et de force.
Nous avons déjà dit que l’axe [autour duquel s’articule] la « Voie de la Rectitude » comporte deux aspects : le premier consiste en la purification (al-tazkiyya) et en la négation de ce qui la contrarie. Le second consiste à revêtir [les qualités] qui conviennent. Ces deux aspects sont renfermés dans deux des versets de la Fātiḥa.
Sa Parole: « Guide nous sur la Voie de la Rectitude » comporte une demande (su’āl) et une invocation (du‘ā’), et il s’agit de la moelle (mukh) de l’adoration, comme tu le sauras [après avoir lu] le « Livre des invocations et des demandes » de notre Iḥyā. Il s’agit aussi d’un rappel du besoin d’implorer (taḍarru‘) et d’invoquer (ibtihāl) Dieu (exalté soit-Il) que l’homme éprouve. Voilà ce qu’est l’esprit de l’adoration ! De même [que cette Parole] indique que le plus important des besoins [de l’homme] en d’être guidé sur « la Voie de la Rectitude » (al-hidāya ilā al-ṭarīq al-mustaqīm), car c’est par [la guidance] que l’on arrive jusqu’à Dieu (exalté soit-Il), comme nous l’avons déjà mentionné.
Sa Parole : « la Voie de ceux que Tu as comblés de faveurs, et non pas [celle] de ceux qui ont encouru Ta Colère, ni des égarés » constitue un rappel de Ses faveurs accordées à Ses saints et de Sa vengeance et de Sa colère qu’encourent Ses ennemis, afin de susciter le désir et la peur [de Dieu] au fond du cœur.
[À ce propos], nous avons déjà dit que les Récit du Coran, inhérents aux Prophètes et aux ennemis, constituent deux parties très importantes du Coran.
Aussi, la Fātiḥa comporte huit des dix parties du Coran : l’Essence, les Attributs, les Actions, la mention du Grand Retour, Ia Voie de la Rectitude et ce qui s’y rapporte — c’est-à-dire la purification et le parement des qualités louables —, le rappel des faveurs des saints et la Colère [divine envers] les ennemis. Les deux parties non contemplées sont les arguments opposés aux incroyants et aux statuts [légaux] des juristes. Il s’agit de deux « arts » d’où découlent les sciences du kalām et de la jurisprudence. Ceci explique pourquoi ces deux [dernières] sont situées au bas de l’échelle des sciences religieuses. Seul l’amour de l’argent et des honneurs font préférer [ces deux] aux autres.
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Le Très-Haut a créé les plantes. Celles-ci sont d’une constitution plus parfaite que les pierres, la terre, le fer, le cuivre et l’ensemble des éléments dénués de croissance et d’alimentation. En effet, les plantes sont ainsi faites qu’elles sont dotées d’une faculté à tirer leur subsistance de la terre à travers leurs racines et leurs vaisseaux. Il s’agit là des organes de leur alimentation. On peut d’ailleurs voir les petites veines qui drainent cette nourriture dans les feuilles des plantes. Les racines des arbres sont ainsi très larges à leur base. La sève qu’elles font remonter circule ensuite dans des vaisseaux qui se ramifient et deviennent de plus en plus exigus. Ceux-ci aboutissent finalement à des veines minuscules et imperceptibles aux extrémités des feuilles. Mais en dépit de cette constitution aboutie, les plantes sont imparfaites. Car si cette alimentation n’est pas conduite jusqu’à elles et mise à leur portée, elles sèchent et fanent. Et elles ne peuvent chercher leur nourriture en un autre lieu. Car cette action requiert une connaissance d’un tel lieu et une capacité à s’y rendre. Ce que les plantes ne peuvent faire.
Un des bienfaits dont Dieu te gratifie réside donc en ces sens et en ces membres moteurs dont Il t’a doté pour pouvoir aller au devant de ta nourriture. Observe la sagesse avec laquelle le Très-Haut a créé les cinq sens, lesquels sont autant d’instruments utiles à l’appréhension des choses. Le premier sens est ainsi celui du toucher. Il fut créé de manière à ce qu’en cas de brûlure ou de blessure, tu en aies la sensation et puisses te soustraire à sa cause. C’est le premier sens donné aux animaux. On ne saurait concevoir un animal privé de celui-ci. Car un être privé de ce sens ne serait tout simplement pas un animal. Le moindre degré de perception consiste en effet à ce que l’être ressente ce qui est en contact avec lui, et le touche. La perception des objets distants se situe indubitablement à un degré supérieur. Le sens du toucher se trouve donc en tout animal. Même le ver de terre en est doté. Car si on plante une aiguille dans sa chair, il se recroqueville et cherche à fuir. Ce qui n’est pas le cas des plantes qui peuvent être coupées sans se rétracter. Car elles ne sentent pas qu’on les coupe. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais toujours imparfait comme le ver, et tu serais incapable de te procurer une nourriture éloignée de toi. Je dirais même que tu ne le pourrais à moins qu’elle soit en contact avec toi, et que tu en aies la sensation. Tu as donc besoin d’un sens te permettant de percevoir les choses à distance. Dieu t’a justement doté du sens de l’odorat. Mais celui-ci te permet simplement de sentir l’odeur des choses sans en connaître la localisation. Si tu n’avais que lui, tu serais contraint d’aller et venir dans de nombreuses directions afin de trouver cette nourriture dont tu sens l’odeur. Peut-être la trouverais-tu, mais peut-être ne la trouverais-tu pas. Tu serais donc encore extrèmement imparfait. Dieu t’a donc doté de la vue afin que tu puisses percevoir les objets qui te sont éloignés et connaître leur emplacement. Mais si tu n’étais doté que de ce sens, tu serais encore imparfait car tu ne pourrais percevoir les objets situés derrière un mur ou un rideau. Tu ne percevrais ainsi ta nourriture ou ton ennemi que dans la mesure où aucun obstacle ne s’interposerait entre vous. Il se pourrait alors que cet obstacle cesse de te dissimuler la présence de ton ennemi qu’une fois celui-ci trop proche pour fuir. Dieu t’a donc doté de l’ouïe, afin que tu puisses percevoir les sons au-delà des murs et des rideaux dès qu’un mouvement les produit. En effet, la vue ne te permet que de percevoir les objets présents. Quant aux objets absents, tu ne peux les connaître qu’à travers une description faite de lettres et de sons audibles. En raison du grand besoin que tu en avais, Dieu t’a donc doté de tout cela. Tu te distingues ainsi des animaux par ta capacité de comprendre les sons. Néanmoins, tout cela ne te serait d’aucune utilité si tu n’étais pas doté du sens du goût. Car les aliments seraient à ta disposition, mais tu serais incapable de savoir s’ils sont comestibles ou non, et tu aurais tôt fait de risquer ta vie. C’est le cas de l’arbre. ll absorbe indistinctement tous les liquides versés à ses pieds. Ce qui peut le tuer.
Par ailleurs, tous ces sens te seraient encore insuffisants si à l’avant de ton cerveau n’avait pas été créé une autre faculté appelée « sens de synthèse » vers lequel ces cinq sens convergent et sont regroupés. Car si, par exemple, tu prenais en bouche un aliment jaune au goût amer et impropre à la consommation, puis que tu le voyais une seconde fois sans être doté de ce sens de synthèse, tu ne pourrais savoir qu’il est amer et non comestible sans le goûter de nouveau. Parce que tes yeux ne perçoivent que la couleur et non l’amertume. Qu’est-ce qui te ferait t’abstenir de le goûter de nouveau, puisque le goût n’en perçoit que l’amertume et pas la couleur. Il faut donc bien qu’une faculté rassemble en elle-même la couleur et l’amertume, de sorte que si tu perçois la couleur jaune, elle puisse t’informer de son amertume, et te dissuader de le goûter de nouveau.
Les animaux partagent avec toi tous ces sens. La brebis, par exemple, n’est privée d’aucun d’eux. Si tu n’étais doté que de cela, tu serais donc encore imparfait. Car les animaux d’élevage sont capturés et attachés par le biais de quelques manœuvres et ne savent pas comment se libérer. Il arrive même qu’elles se jettent dans un puits sans réaliser qu’elles mettent leur vie en péril. Ces animaux peuvent consommer des aliments dont le goût leur plaît, mais dont la nature leur est nuisible, au point de tomber malade et de mourir. Car ils n’appréhendent que le présent et n’ont pas conscience des conséquences. Le Très-Haut t’a donc fait l’honneur de te distinguer des animaux en te dotant d’une autre faculté plus estimable que toutes celles qui précèdent. Il s’agit de la raison. C’est cette faculté qui permet de distinguer les aliments bénéfiques des aliments nuisible à court terme et à long terme. Elle permet aussi de comprendre comment la cuisiner, la associer et les préparer. La raison t’est donc utile dans l’alimentation. Et il se trouve que ta santé est tributaire de celle-ci.
C’est là le moindre des avantages et la moindre des sagesses qui sont attachés à ta raison. Sa plus grande sagesse étant de te permettre de connaître Dieu et Ses actions, ainsi que la raison d’être de Sa création.
Fort de cette raison, tu peux tirer profit des atouts de tes cinq sens. Ils œuvrent alors comme des espions et des agents de renseignements à ton service aux confins de ton royaume. Chacun est affecté en propre à une fonction : l’un est chargé de t’informer des couleurs ; l’autre des sons ; l’autre des odeurs ; l’autre des goûts ; et l’autre encore de la température, de la texture, de la dureté, etc. Ces espions et postiers rapportent donc des informations des quatre coins de ton empire, et les rassemblent dans le sens de synthèse. Celui-ci se tient au-devant du cerveau, comme le documentaliste se tient sur le seuil du royaume pour recueillir les histoires et les ouvrages en provenance du reste du monde. Il les réceptionne encore cachetés et les prend en charge, car sa fonction se borne à les recueillir, les rassembler et les conserver, non de connaître ce qu’elles contiennent. Mais lorsqu’il entre en contact avec le cœur raisonnable, lequel est le gouvernant et le roi, il lui remet le tout. Alors, le roi inspecte le contenu de ces correspondances et s’informe par leur biais des secrets du royaume. Puis il rend des jugements inouïs que l’on ne saurait décrire en cette occasion. Et c’est en fonction de ce qu’il croit concourir à son intérêt qu’il met en mouvement ses armées que sont les membres du corps : soit pour aller au-devant d’un objectif, soit pour fuir une nuisance, soit pour prendre des dispositions quelconques.
Voilà comment Dieu te dispense Ses bienfaits relatifs à l’appréhension des choses. Mais ne t’imagine pas que nous avons épuisé le sujet. Car les sens externes ne sont qu’une partie des sens. Puis, si nous considérons simplement la vue, laquelle n’est qu'un seul de ces sens, et que nous observons l’œil qui en est l’organe, nous constatons qu’il est constitué de dix strates superposées. Les unes sont faites de matières visqueuses, et les autres sont des enveloppes. Certaines de ces enveloppes ressemblent
à des toiles d’araignée, et d’autres sont comparables à des membranes. Certaines des matières visqueuses ressemblent à du blanc d’œuf, d’autres ressemblent à de la glace. Puis chacune de ces dix strates a une fonction, une forme, une configuration, une taille, une rondeur et une disposition bien précises. Si une seule de ces strates est défectueuse, ou si même l’une des fonctions d’une strate n’est plus remplie, le regard s’en trouve affecté d’une façon qui laisse tous les médecins et spécialistes du khôl impuissants. Et il ne s’agit là que d’un seul sens ! On pourrait en dire autant de l’ouïe et de l’ensemble des sens. J’ajouterai qu’on ne saurait rendre compte de manière exhaustive des sagesses et des bienfaits que le Très-Haut place en la simple vue et ses différentes strates, même si nous rédigions à cet effet de nombreux volumes. Pourtant, l’œil dans sa réalité physique n’est pas plus gros qu’une petite noix. Que dire alors de l’ensemble du corps avec ce qu’il comporte de membres et de dispositions extraordinaires.
Voilà donc quelques aperçus sur les bienfaits dont le Très-Haut nous gratifie à travers la création des organes de perception.
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Ibn Mas‘ūd rapporte que le Prophète a dit : « Quel est celui parmi vous que vous considérez comme invincible ? » Ils répondirent : « Celui qu’aucun homme ne peut défaire. » Il dit alors : « Non, il n’en est pas ainsi. Il s’agit de celui qui se contrôle lorsqu’il est en colère. »
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Les gens sont comme les espèces d'oiseaux: ne s'assemblent que ceux qui ont quelque chose de commun.
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Le Prophète était l’homme le plus prompt à apporter son aide (anjad) et le plus courageux.

‘Alī [b. abū Tālib] (que Dieu soit satisfait de lui) rapporte : « M’aurais-tu vu le Jour de la Bataille de Badr lorsque que nous cherchions refuge auprès du Prophète et qu’il était le plus proche parmi nous de l’ennemi. Ce jour-là, il était l’homme le plus vaillant. »

[‘Alī] a dit aussi : « Lorsque le combat faisait rage et que les ennemis étaient tous proches, nous cherchions la protection de l’Envoyé de Dieu . Personne n’était aussi proche que lui de l’ennemi.

On a dit qu’il parlait et discourait peu, mais quand il exhortait les gens au combat, il se hâtait et était le premier à affronter l’ennemi. Le plus courageux des musulmans était celui qui était le plus proche de lui durant les combats, car il était le plus proche de l’ennemi.

‘Imrān b. al-Husayn a dit : « L’Envoyé de Dieu n’a jamais rencontré une troupe ennemie sans être le premier à combattre. »

On a dit : Il était d’une grande bravoure.

Lorsque les incroyants l’encerclèrent, il descendit de sa mule et clama haut et fort : « Je suis le Prophète, sans mensonge ! Je suis le fils de ‘abd al-Muttalib » On ne vit personne de plus combatif que lui ce jour-là.
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Il faut savoir que le dévot a besoin, en résumé, de quatre choses : science, vertu, pureté d'intention et crainte.
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On rapporte que l’envoyé de Dieu , passant un jour à côté d’une brebis morte, dit à ses compagnons : « Pensez-vous que cette brebis soit une chose négligeable pour ses propriétaires ? » Ils répondirent : « Elle est si négligeable qu’ils l’ont jetée ! » Le Prophète dit alors : « Par Celui qui tient mon âme en Sa Main, ce bas-monde est bien plus négligeable pour Dieu que ne l’est cette brebis pour ses propriétaires. Et si ce bas-monde avait, pour Dieu, la même valeur qu’une aile de moucheron, aucun incroyant ne boirait ne serait-ce qu’une gorgée de l’eau qui s’y trouve. »
Il a dit aussi : « Ce monde est la prison du croyant, et le paradis de l’incroyant. »
Abû Mûsâ al-Ash‘arî rapporte que l’envoyé de Dieu a dit : « Celui qui aime sa vie présente, fait du tort à sa vie future, et celui qui aime sa vie future, fait du tort à sa vie présente. Préférez donc ce qui est éternel à ce qui est voué à disparaître. » Il a dit aussi : « Toute faute prend sa source dans l’amour pour ce bas-monde. »
Zayd b. Arqam rapporte qu’il se trouvait une fois en compagnie d’Abû Bakr (que Dieu soit satisfait de lui).
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L’homme qui amasse les biens de ce monde est comparable au ver à soie qui s’enveloppe dans son propre fil jusqu’à en mourir.
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Les bénéfices se font à travers les œuvres volontaires vertueuses.
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Abū al-Buhtarī rapporte : L’Envoyé de Dieu n’a jamais proféré d’injure à l’encontre d’un croyant sans la faire suivre d’un acte de pénitence et de clémence.

Il n’a jamais maudit une femme ni un domestique. On lui a dit alors qu’il combattait : « Ô Envoyé de Dieu , pourquoi ne les [les ennemis] maudis-tu pas ? » Il répondit : « J’ai été envoyé en tant que miséricorde et non en tant qu’imprécateur. » Lorsqu’on lui demandait d’invoquer Dieu contre un musulman ou un incroyant, en particulier ou en général, il lui souhaitait le bien plutôt que le mal.

Il n’a jamais frappé personne de sa main sauf quand c’était pour la Cause de Dieu. Et il ne s’est jamais vengé pour quelque chose qu’on lui aurait fait subir, mais uniquement si on outrageait la sainteté de Dieu.

Il n’a jamais choisi entre deux choses, sans choisir la moins pénible, sauf si celle-ci comportait une faute ou entraînait une coupure des relations familiales, auquel cas il était le dernier à la tolérer.

Nulle personne libre ou esclave, mâle ou femelle, ne vint le trouver sans qu’il ne réponde à leurs attentes.

Anas (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : Par Celui qui l’a envoyé avec la vérité, il ne m’a jamais dit à propos d’une chose qu’il désapprouvait : « Pourquoi l’as-tu fait ? » Et aucune de ses épouses ne m’a fait un reproche sans qu’il ne dise : « Laissez-le, ceci est écrit dans le livre [du destin] et décrété. »

On a dit : L’Envoyé de Dieu n’a jamais dédaigné un lit. Si on lui préparait un lit, il y dormait, sinon il s’allongeait par terre. Dieu l’a mentionné dans la première ligne (ou génération) de la Torah avant de le mandater en disant : « Muhammad est l’Envoyé de Dieu, Mon serviteur, Mon élu ! Il n’est pas cruel, rude et n’hurle pas dans les marchés. Il ne rend pas le mal par un autre mal mais pardonne et est indulgent. Son lieu de naissance est la Mecque, celui de son exil est Tāba [Médine] et son royaume est la Syrie. Lui et ceux qui sont avec lui se couvrent de leur manteau, appellent au Coran et à la Science. Et il lave ses extrémités. » Il l’a décrit de la même manière dans l’Évangile.

Il avait coutume de saluer en premier ceux qu’il rencontrait. Il était si patient avec celui qui demandait son aide qu’il ne s’en allait qu’après que son interlocuteur soit parti. Quand on lui serrait la main, il était le dernier à retirer la sienne.
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J'aimerais tomber malade et ne pas recevoir de visites. Je ne déteste les maladies qu'à cause des visiteurs.
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