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Citations de Alain Badiou (245)


Lacan maintient toujours qu'en dernier ressort il ne faut pas faire confiance aux analystes. Il faut toujours les reconduire de force à l'acte analytique. Il serait extraordinaire de pouvoir faire une anthologie des injures adressées par Lacan aux analystes ! Elle serait fascinante, n'est-ce pas ? Aucun adversaire de la psychanalyse n'oserait dire le quart de la moitié de ce que Lacan déclare aux analystes, surtout à ceux qui viennent écouter confortablement son séminaire. Mais c'est sur le fond d'une adresse essentielle, adresse que les injures elles-mêmes constituent. De même que pour Pascal, le libertin, c'est vraiment l'homme perdu, mais c'est à lui qu'on s'adresse ; de même on pourrait soutenir que pour Lacan, l'analyste, c'est l'homme perdu aussi. Il est toujours traité comme s'il était dans l'égarement (...).
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Je peux citer un certain nombre de slogans de cette campagne publicitaire (Meetic). Le premier dit : (...) "Ayez l'amour sans le hasard !". Et puis, il y en a un autre : "On peut être amoureux sans tomber amoureux !". (...) Et tout ça grâce au site de rencontres Meetic qui vous propose de surcroît (...) un "coaching amoureux". Vous aurez donc un entraîneur qui va vous préparer à affronter l'épreuve. Je pense que cette propagande publicitaire relève d'une conception sécuritaire de l'"amour". C'est l'amour assurance tous risques. (...) Je suis convaincu que l'amour, en tant qu'il est un goût collectif, (...) la chose qui donne à la vie intensité et signification, (...) ne peut pas être ce don fait à l'existence au régime de l'absence totale de risques. Ca me paraît un petit peu comme la propagande qu'avait fait à un moment donné l'armée américaine pour la guerre "zéro mort".
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[à propos du théorème de Cantor qui dit que quelque soit un ensemble donné le nombre de ses parties est toujours supérieur au nombre de ses éléments] En prime, vous avez un schéma politique: le fait qu'il y ait plus de parties que d'éléments dans un ensemble quelconque signifie que la richesse, la ressource profonde, de ce qui est collectif (les parties) l'emporte sur celle des individus. Le théorème de Cantor réfute, à un niveau abstrait, le règne contemporain de l'individualisme.
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Je crois qu'il y a une conception romantique de l'amour encore très présente, qui, en quelque maniére, le consume dans la rencontre. C'est à dire que l'amour est brûlé, consommé et consumé en même temps, dans la rencontre, dans un moment d'extériorité magique au monde tel qu'il est....

L'énigme de la pensée de l'amour, c'est la question de cette durée qui l'accomplit. Le point le plus intéressant au fond, ce n'est pas la question de l'extase des commencements.
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J’ai posé que le philosophe doit être sans doute un scientifique averti , un amateur de poèmes et un militant politique, mais qu’il doit aussi assumer que la pensée n’est jamais séparable des violentes péripéties de l’amour.
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L'amour ne peut pas être ce don fait à l'existence au régime de l'absence totale de risques.
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La philosophie est définie non par la fascination qu'elle peut exercer, mais par la discussion qu'elle engage.
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[A propos d'un extrait de Critique de la raison dialectique de Sartre]. Ce qui nous stimulait dans les discussions de ce genre de texte, c'était qu'il y était question de ce que nous, les jeunes philosophes des années 1960 à leur aurore, vivions comme une dualité d'origine de notre vocation. Nous étions en effet suspendus entre, d'une part, un héritage existentialiste et phénoménologiste, dont la catégorie ultime était la liberté de la conscience. Et, d'autre part, un courant structuraliste aux lisières du scientisme, dont le maître mot était celui de détermination, voire de surdétermination. Nous naviguions entre deux versions possibles de la théorie du Sujet. Soit la libre conscience de soi fonde en dernier ressort l'expérience historique des formes que revêtent les contraintes sociales ; soit les structures sociales et historiques déterminent au contraire les formes de conscience.
P. 122
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Que veut la société contemporaine, livrée au monstre capitaliste ? Elle veut deux choses : qu'on achète les produits du marché si on le peut, et que, si on ne le peut pas, on se tienne tranquille. Pour ces deux choses, il faut n'avoir aucune idée de justice, aucune idée d'un autre avenir, aucune pensée gratuite. Mais toute vraie pensée est gratuite. Et comme, dans le monde qui est le nôtre, seul compte ce qui a un prix, il faut n'avoir aucune pensée, aucune idée. Alors seulement on peut obéir au monde qui nous dit : "Consomme si tu en as les moyens, si tu ne les as pas, ferme ta gueule et disparais." Alors seulement on peut avoir une vie totalement désorientée et répétitive, parce que la boussole de l'Idée a disparu.
La société traditionnelle est complètement différente, parce quelle impose une croyance, et donc une Idée. L'oppression n'est pas qu'il faille vivre sans Idée, mais qu'il y ait une Idée obligatoire, généralement religieuse. Son impératif est : "Vis avec cette Idée, et aucune autre." Tandis que l'impératif contemporain est, je le redis : "Vis sans Idée." C'est pourquoi on parle depuis quarante ans de la mort des idéologies.

p. 95
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Soit dit en passant, l'amour est communiste en ce sens, si l'armet, comme moi, que le vrai sujet d'un amour est le devenir du couple et non la satisfaction des individus qui le composent. Encore une définition possible de l'amour: le communisme minimum !
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Il faut cependant se rappeler que la vengeance , loin d'être une action juste, ouvre toujours un cycle d'atrocités. (p.10)
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Il est par conséquent déterminant d’établir une distinction entre le pouvoir et la violence : le pouvoir est psychologique, c’est une force morale qui donne envie aux gens d’obéir, alors que la violence impose l’obéissance à travers la coercition physique. Ceux qui utilisent la violence peuvent réussir temporairement à imposer leur volonté, mais leur autorité est toujours faible car lorsque la violence cesse, ou lorsque sa menace s’amenuise, les raisons d’obéir aux autorités disparaissent. Le contrôle au moyen de la violence requiert une vigilance constante. Utiliser trop de violence est inefficace ; en utiliser trop engendre la révolte. La violence peut détruire l’ancien pouvoir, mais elle ne peut jamais créer l’autorité qui légitime le nouveau pouvoir. La violence est ainsi la plus faibles base possible sur laquelle instaurer un gouvernement. La violence est l’arme du choix de l’impuissant : ce qui n’ont que peu de pouvoir essayent souvent de contrôler ou d’influencer les autres en recourant à la violence.

Slavoj Zizek
(p.342)
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Le réel est ce qui vient hanter le semblant.
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Le poème est un point d’arrêt. Il arrête la langue sur elle-même, il interdit sa dilapidation dans le vaste commerce qu’est aujourd’hui le monde. Contre l’obscénité du "tout voir", et "tout dire", et tout montrer, et tout sonder, et tout commenter, le poème est le gardien de la décence du dire.
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Pureté pliée sur elle-même, le poème nous attend sans anxiété, dans l'abrupt de sa manifestation close, comme un éventail que notre seul regard déploie.
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Dans la société traditionnelle, les vieux sont toujours les maîtres, ils sont valorisés en tant que tels, naturellement au détriment des jeunes. La sagesse est du côté de la longue expérience, du grand âge, de la vieillesse. Aujourd’hui cette valorisation a disparu au profit de son contraire : une valorisation de la jeunesse. C’est ce qui a été appelé le « jeunisme ». Le jeunisme c’est comme un renversement du culte ancien des vieillards pleins de sagesse.
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Une jeunesse, c’est un triomphe, dit Hugo, évoquant du reste, avec discrétion et force à la fois, les matins de l’amour, de la victoire voluptueuse.
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Loin d'être l'exercice ingrat ou vain que l'on imagine, les mathématiques pourraient bien être le chemin le plus court pour la vrai vie, laquelle, quand elle existe, se signale par un incomparable bonheur.
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Il faut réinventer le risque et l'aventure, contre la sécurité et le confort.
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"Alors que Meetic propose un "coaching amoureux" Alain Badiou répond à Nicolas Truong et évoque l’amour tel une prise de risque qui nécessite le goût de l’aventure et de s’en remettre au hasard. "La construction amoureuse, la vérité de l'amour, de l'amour et la politique, de l'amour et de l'art... L'amour, cette différence qui mène au bonheur! Dans le cas de l'amour, il faut, et souvent de toute urgence refaire sa déclaration" - Festival d’Avignon en 2008
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