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Critiques de Alain Vircondelet (126)
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Albert Camus et la guerre d'Algérie

Quand je lis certains livres, je me demande toujours s’ils trouveront leur public, même si, bien sûr, je le souhaite.

L’on parle peu, très peu de la guerre d’Algérie – des « événements », disait-on à l’époque, des « événements », disent encore certains (si), pour qui rien ne semble s’être passé, là-bas. Aussi c’est avec intérêt que j’ai lu ce livre, très bien documenté, qui nous parle de ce qui se passait là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, qui nous parle aussi de ce qui se disait, en France, du côté des intellectuels « rive gauche ».

Albert Camus paraît seul – et pourtant. Il a une vie amoureuse que je qualifierai de riche, de complexe. Il était partagé entre plusieurs amours, qui lui inspiraient, pour chacune des femmes qu’il a aimé, des lettres passionnées. Il était partagé entre la France et l’Algérie, lui qui est né, a grandi, a étudié sur la terre algérienne, lui qui craint chaque jour pour sa mère, lui qui sait également la misère qui règne là-bas.



Albert Camus écrit beaucoup, et n’est pas toujours compris par ceux qui sont sûrs de la justesse de leur position, par ceux qui n’ont pas vécu là-bas. La violence et l’horreur des « événements » (oui, je garde le terme) nous sont racontés, et je me demande ce que l’on en savait réellement en France, à l’époque. Mais… il est tant de faits qui paraissaient « normaux » à l’époque, qui peut-être paraissent encore normaux aux yeux de certains, au nom du « la fin justifie les moyens ». En étant aussi elliptique, j’ai l’impression de passer à côté de ce qui s’est joué à cette époque, en Algérie, en France, des tourments, bien réels, vécus par Albert Camus. Et pourtant, ce livre nous parle de lui, de cette époque, de tout ce qui a été vécu, enduré, souffert.

Un livre à découvrir, pour ceux qui veulent en savoir plus sur la vie d’Albert Camus et sur ses liens avec sa terre natale.
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Un été à Long Island

Comme vous le savez tout ce qui touche aux écrivain(e)s et à la création littéraire me passionne et j'aime de temps en temps jouer la curieuse pour découvrir se qui se cache derrière un ouvrage : comment il est né, comment il a été construit, dans quelles circonstances, où l'auteur(rice) a trouvé l'inspiration etc....



J'avais déjà été très intéressée par la lecture de Journal d'une vie de Jean-Pierre Guéno sur Antoine de Saint-Exupéry dont je connaissais peu de choses et j'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur la genèse d'un des livres les plus connus, lus et vendus dans le monde entier.



"Ils vivaient ainsi tous deux dans cette sorte de distance qui finissait par être un art de vive accepté d'eux et de leurs amis, par la force des choses et la nature étrange de leur amour. Chacun avait rejoint son camp, son univers, son style. (p50)"



Eté 1942 - Etats-Unis - Le couple formé par Antoine et Consuelo est au bord du divorce après onze ans de mariage. Elle ne supporte plus les relations extra-conjugales de son époux, ses absences, ses errances mais elle aime malgré tout l'homme et donc n'arrive pas à franchir le pas. Lui est en rupture avec la diaspora des français émigrés aux Etats-Unis, les surréalistes, ami(e)s de sa femme, peintre elle-même n'ayant pas le même positionnement face à la guerre mais également sur De Gaulle, Antoine passant même pour un "ami" de Vichy.



Antoine, lui, veut combattre, s'engager sur le terrain et faire ce qu'il aime le plus : voler, mais n'obtient pas les autorisations nécessaires des autorités françaises. Il a 42 ans et est plongé dans l'écriture de Citadelle, ce qu'il appelle son œuvre maîtresse qui lui demande beaucoup de concentration mais son esprit n'est pas à l'écriture, traversant une dépression qui le mène dans les bars ou à retrouver soit une maîtresse soit une femme de petite vertu, ne se cachant nullement de ses infidélités, allant jusqu'à trouver dans l'alcool et certaines substances une manière d'accepter ses frustrations et ses douleurs. Un couple discordant mais indissociable, mêlant l'air, la plume, la mélancolie d'Antoine aux pinceaux et couleurs du tempérament brûlant du feu salvadorien d'une Consuelo faisant preuve de patience, de résignation pour finalement s'octroyer des aventures et amitiés masculines pour répondre aux caprices d'un homme se souciant avant tout de ses besoins, à la recherche d'une enfance choyée mais lointaine, recherchant inlassablement auprès de ses nombreuses conquêtes l'attention, la présence bienveillante des femmes de sa famille : sa mère, ses sœurs. Il s'ennuie, il déprime mais régulièrement il dessine, il crayonne un petit personnage à la fois une représentation de lui-même, de la solitude dans laquelle il vit mais lui offrant certains traits de Consuelo.



"(...) Consuelo et Antoine étaient deux être totalement antagonistes. Il aimait la nuit et ses secrets, elle aimait la lumière et les choses spontanées. lui était empêtré dans une psychologie compliquée et sinueuse, elle était frontale et sans profonds abîmes... Elle voulait vivre une vie harmonieuse et joyeuse, il tentait de rassembler ses forces pour résister à ce qu'il appelait les "glissements de terrain" du monde et de soir, sûr que tout était voué à la nuit, qui emporterait avec elle le mirage d'un monde ancien qu'il avait tant aimé et le fantasme d'une vie familiale heureuse qu'il n'avait jamais connue, quoi qu'il ait put en écrire. (p54)"



Et peu à peu l'idée surgit de ses éditeurs qui vont le pousser à écrire et dessiner un conte et un message universel, sur cet enfant d'une autre planète et son amour pour une rose. Inutile de vous préciser que la rose c'est sa Pimprenelle, sa rose c'est Consuelo. Ils vont s'installer dans une très jolie maison, la Maison du bonheur, qui leur a été prêtée le  temps d'un été, en bord de mer, où ils vont vivre une période de paix relative, de réconciliation et de création, une parenthèse de bonheur donnant naissance à un enfant : Le petit Prince.



Une biographie sur la création et sur un amour fou mais ne réussissant pas à trouver la paix et la sérénité, une biographie qui se lit comme un roman d'amour, de destruction et de création. Agrémenté de quelques photos du couple, des toiles de Consuelo et des traces de cet été 1942 qui va se révéler être leur dernier été (Antoine disparaîtra en vol en Juillet 1943 lors d'une mission au large des côtes marseillaises).



S'appuyant principalement sur des lettres, Antoine de Saint-Exupéry entretenant une abondante correspondance que ce soit avec sa famille mais également avec ses maîtresses et épouse, Alain Vircondelet évoque la relation de ces deux êtres qui se sont aimés à la folie, déchirés passionnément mais également le New-York de l'époque avec la présence de nombreux artistes français réfugiés, les distensions entre les différents camps et dresse le portrait d'un écrivain pris dans la tourmente de la création, de ses doutes, de son besoin d'action, son besoin d'amour et de reconnaissance, inguérissable d'une mélancolie persistante sur l'insatisfaction du présent, voulant revivre inlassablement son enfance privilégiée. Vivre un rêve, être le héros d'un conte, celui de sa vie.



J'ai aimé retrouvé ce personnage complexe, mystérieux et parfois imprévisible, capable des plus belles preuves d'amour comme des pires blessures et même si j'ai parfois trouvé des redondances, des répétitions parfois inutiles sur qui était qui, en particulier sur les affrontements entre les surréalistes et l'écrivain ou sur la construction de certaines phrases.



j'ai été très intéressée par les détails et rapprochements entre tous les symboles du Petit Prince, l'enfant de leur dernier été, un conte aux nombreuses interprétations et sur un couple que seule la guerre aura réussi à séparer.



J'ai aimé.
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La cathédrale

Pas nécessairement mon Huysmans préféré, il est néanmoins très intéressant pour les questions de mystique, et celles relatives, comme le titre l'indique aux cathédrales de France, qui sont presque toutes mentionnées et comparées dans cet ouvrage. A titre d'exemple, la cathédrale de Bourges est pourvue d'un très bel Enfer et l'une des cathédrales de Poitiers est toute peinte à l'intérieur.
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La cathédrale

Huysmans est un auteur classique un peu oublie et c'est bien dommage.Sa plongee dans le monde des moines avec cette histoire relatant la construction d'une cathédrale vaut le detour.Pas de longueurs inutiles,un style classique et des personnages attachants, bref un livre reussi.
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La véritable histoire du Petit Prince

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. »

St Exupéry en train de rire, au café Arnold à New York, assis entre son éditeur Eugène et Elisabeth Reynal. Photo jaunie de 1942...

L'écrivain souffre d'une certaine mélancolie, il peine sur son livre "Citadelle".

Nostalgie du pays perdu, l'absence de Consuelo, son épouse et blessé par l'accueil controversé de son livre "Pilote de guerre".





Antoine dessine un petit garçon aux cheveux en bataille, sur la nappe. "Un sacré coup de crayon, expressif vif et nerveux..."

-"Et si vous écriviez un conte pour enfants?

-Et pourquoi pas?"





A moins qu'Antoine ne désirait écrire un conte pour enfants, depuis 7 ans., pour son frère François, perdu si jeune, à 14 ans...

Ou grâce à la belle actrice Annabella ( Le Million de René Clair, en 1931 ) qui lui a lu "La petite Sirène". Et qui lui rend régulièrement visite dans son deux-pièces qu’ils se plaisent à imaginer quelque part dans le ciel, loin de la Terre, une sorte de petite planète telle celle du petit prince. Lors de l'écriture du "Petit Prince", Saint-Exupéry appelle son amie pour lui lire des chapitres au fur et à mesure qu’il les écrit.

« Les étoiles sont éclairées pour que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire. »





Le fils de son ami De Konnick lui aurait servi de modèle, le boxer de Sylvia Reinhardt pour un tigre, et le caniche d’un ami pour dessiner le fameux mouton. Parfois, épuisé, Saint-Exupéry s’endort sur son bureau.

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
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Albert Camus et la guerre d'Algérie

On dit que nul n'est prophète en son pays : Camus aurait pu contresigné cette citation biblique. Cette biographie le dessine, passionnément français, passionnément algérien.

Insurgé contre la misère du peuple indigène, incapable d'imaginer une Algérie qui ne soit pas française. Fils de deux peuples, mais d'une seule terre. Il mécontenta à la fois cm ses "amis" existentialistes, pour qui les français d'Algérie, installés là depuis des générations, devraient partir, et les conservateurs, qui l'estimaient trop proche du peuple indigène...



Je suis entrée dans ce texte sans a priori, n'ayant d'Albert Camus qu'une connaissance des plus vagues. A peine connaissé-je ses oeuvres phares (et encore, à la lecture de cette biographie particulière, je me rends compte que je n'en connais que quelques unes...).

J'ai découvert un homme profond, réfléchi, une Cassandre moderne qui vit l'avenir sans réussir à convaincre...



L'amour de Camus pour l'Algérie transparaît entre les lignes, de la lumière éclatante de Tirasa à l'air marin des premiers pique-niques de l'année en bord de mer...



Une belle lecture !!



Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Rocher pour cette lecture !!
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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt



Quel beau voyage dans l’univers de Klimt ❤️



Encore une belle découverte des éditions Ateliers Henry Dougier, j’aime beaucoup la peinture, ce livre m’a permis de plonger dans l’univers de l’artiste, dans ses inspirations, dans le « Cycle d’or », dans l’histoire de la création du magnifique « Le Baiser ».



C’est court et intense, c’est riche !

Un mélange de récit et d’enquête historique !

C’est beau, c’est passionnant ❤️



J’aimais l’œuvre de Klimt, je suis désormais complètement conquise…..

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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Un cycle de la grande période de Klimt …

Un siècle ou le faste, l’or, les dorures, la mode, la musique est emportée par une valse pour la mise en lumière de Vienne.

Tout se résume en 5 chapitres romancés d’or.

On découvre une ville en pleine effervescence, sur une fin de 19 ème.

On admire le parcours du peintre, par ses voyages, surtout en Italie, cela sera un déclic à se nouvel ajout de couleur qui est l’or dans ses futures peintures. Il idolâtre une certaine Emilie qui est styliste de renommée et sera sa compagne et muse jusqu’à sa mort. Elle est souvent trahie par les frasques et son obsession à courir les jupons.

Il connu beaucoup de peintre mais restera un ami fidèle auprès d’Egon Schiele , qui lui aussi est obsédé par le sexe, les prostituées … puis arrive le moment divin du roman ou Klimt commence le chef d’œuvre du siècle LE BAISER.

Il jugera son œuvre comme : “Le Baiser serait à lui tout seul Venise et Byzance, la Haute-Égypte et le gothique flamboyant, les fleurs de l’école Rinpa, iris et cerisier éclatants de blancheur sur fond d’or, les bijoux de Mycènes au-dessus desquels planait l’insondable mystère du couple au bord du vide.”

Un court roman, puissant et poétique qui nous démontre la fin d’une vie d’un artiste et sa renommée un siècle plus tard et sera le peintre le plus « merchandisé » au monde …
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La cathédrale



De ce livre foisonnant, érudit, citant entre autres (entre milliers d’autres)Isidore de Séville et Saint Augustin, racontant notre Moyen Age avec ardeur et passion, nous régalant de l’explication du Couronnement de la Vierge de Fran Angelico au Louvre, et, surtout, écrit de façon éperdument enthousiaste, sublimement lyrique, épanouie, de ce livre, donc, je vais essayer, en me sentant toute petite, de communiquer ma lecture.

Dans la Cathédrale, le héros de Huysmans se demande : suis-je plus heureux qu’avant ma conversion ? et la réponse est donnée par le foisonnement des symboles présentés dans les cathédrales, et en particulier dans Notre-Dame de Chartres, cette « blonde aux yeux bleus. ».Selon Durtal, critique d’art comme son auteur Joris-Karl Huysmans, descendant de peintres hollandais et lui- même critique d’art, Chartres est la seule cathédrale à avoir gardé une âme, la cathédrale de Paris étant, après tous ses remaniements, devenue froide. (Elle a eu un coup de chaud par la suite, mais c’était imprévisible).

Chartres a été romane, art venant d’Asie, comme l’attestent ses vierges noires et sa crypte perse. Durtal se demande pourquoi les hommes ont voulu par l’arc ogival construire toujours plus haut ? Il prend exemple de la forêt de Jumièges, et l’hypothèse est que l’art gothique est une manière de copier les cimes des arbres qui se rejoignent. Cependant en voyant les plans de la cathédrale il pense au corps du Christ, et aussi à un vaisseau. Les symboles se multiplient pour expliquer un art aussi complexe que le gothique.

Que sont les symboles ? ils concernent les chiffres, les couleurs, les pierres, et chacun au Moyen Age tant décrié et que Huysmans veut réhabiliter ( avec la foi qu’il vient de découvrir) en comprenait le sens . « Ce que les illettrés ne peuvent saisir par l’écriture doit leur être enseigné par les peintures ».

1. les nombres : il y a généralement trois portails, en l’honneur de la Sainte trinité, sauf, exception sans explication, la cathédrale de Bourges, avec 5 portails et 5 nefs (la main ?) et la cathédrale d’Anvers, avec 7 nefs ( 7 dons du Paraclet ?) Chaque chiffre est porteur, depuis le 1 , Dieu unique, le 2 les deux natures du fils, les deux testaments, et selon Saint Grégoire le Grand, les double enseignement de l’amour de Dieu et du prochain, le 3, somme des hypostases et des vertus théologales …..jusqu’au 10 , 11, 12, chaque chiffre trouvant son explication symbolique .

2. les couleurs, en premier le bleu, d’abord évoqué per celui du Couronnement de la Vierge De Fra Angelico, du Louvre, tableau étudié par Durtal, ce bleu mâtiné de blanc et qui s’élève, qui s’échelonne à travers l’escalier jusqu’au drapé du ciel bleu de cobalt, certains rouges, dont la robe de Marie Madeleine.



Huysmans note alors les allégories exprimées par les couleurs :

- Le blanc : la pureté la virginité, la sagesse.

- Le bleu : chasteté, innocence, candeur. »Les bleus de Fra Angelico sont d « une sérénité extraordinaire, d’une candeur inouïe. » Les bleus dits « de Chartre » des vitraux sont eux aussi inoubliables, « d’un bleu splendide de saphir rutilant, extra-lucide », couleur si belle que toutes les autres se mettent en quatre pour la faire valoir.

- Le rouge : couleur de la robe de Saint Jean, et de celle de Marie, dans les peintures des Primitifs. : Passion, souffrance et amour.

- Le rose : l’amour de la sagesse, et douleur.

- Le vert : espoir de la nature régénérée.

- Le noir : teinte de l’erreur et du néant

- Le brun : synonyme d’agitation, avidité, sécheresse : un peu satanique.

- Le gris : couleur de la pénitence, de la cendre.

- Le jaune : Souvent assigné, au Moyen Age, à Judas, indice de la paresse, de l’horreur, de la trahison et de l’envie. (Cette haine du jaune nous parle bien évidemment)

Ces qualifications donnent cependant lieu à tergiversations, chaque couleur pouvant être interprétée en plusieurs sens différents.



3. Les pierres, enchâssées dans les parures des vierges, ont chacune une signification, connue du monde moyenâgeux, le diamant (Marilyn) le rubis (Kessel) , les émeraudes, chacune avec un pouvoir spécial de guérison.

Au delà des symboles expliqués longuement, des retours sur l’architecture gothique, de l’affirmation que les peintres primitifs venaient en premier du Nord, de la Hollande, d’Allemagne, puis d’Italie mais pas de France, qui en revanche a été la première et la meilleure à construire les cathédrales, Huysmans catalogue la Renaissance comme le sacre de la « syphilis de la décence » bien que Durtal ait choisi un peintre à la limite extrême du Moyen âge.

Assez moderne, ce livre, si beau dans son lyrisme emporté ( si on évacue le point de vue mystique /ecclésiastique) avec l’étude des couleurs dignes d’un Pastoureau, la numérologie, et la gemmothérapie, sans oublier sa conclusion : Etant donné que la médecine est devenue plus que jamais un leurre, et même un danger, pourquoi ne pas revenir aux panacées mystiques d’antan ?

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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Les Ateliers Henry Dougier ont tout récemment inauguré une nouvelle collection, intitulée « Le roman d’un chef d’oeuvre », dont le troisième titre s’intéresse au célèbre Baiser de Klimt. C’est Alain Vircondelet, commissaire d’expositions, auteur de biographies et de travaux majeurs sur la peinture, qui nous fait découvrir la genèse et le sens de ce tableau parmi les plus connus au monde.





Réalisation iconique de Klimt, « sa Joconde, aime-t-on encore à dire… », le Baiser apparaît comme le chef-d’oeuvre du peintre :

« Il fallait bien qu’un jour j’accède à la voute céleste, se dit Klimt, parachevant la toile fameuse. L’œuvre d’art est signe du ciel et il faut toute une vie de peinture pour atteindre à l’étoile. Après qu’on l’a accrochée au firmament, le peintre peut mourir ou se faire plaisir en peignant des fleurs ou des paysages, puisqu’il a atteint l’essentiel à quoi il a voué sa vie ».

Et s’il survécut une décennie à son acmé, il passa en effet, après le Baiser, à « des portraits de commande pour survivre mais aussi des tableaux de la nature » ...





Atteinte d’un firmament, le Baiser est en tout cas le fruit ultime de la période de créativité la plus active de Klimt, celle connue sous le nom de « cycle d’or ». Ebloui par les mosaïques byzantines et les coupoles de la basilique Saint-Marc à Venise, le peintre trouve rapidement dans le fond d’or de ses peintures le moyen d’exprimer toute la subversion qui l’anime. Dans une Vienne et un Empire vivant leurs derniers feux en ce début de vingtième siècle, alors qu’ors et fastes ne parviennent plus guère à masquer la gangrène, et que par ailleurs Klimt multiplie les aventures sexuelles tout en idolâtrant son éternel amour, chaste celui-là, pour Emilie Flöge, les faire ressortir sur un fond d’or revient à sacraliser ses sujets, à séparer leur beauté de la hideur ambiante, à tenter de les protéger de la fin d’un monde par l’éternité de l’or. Alors, lorsqu’il se représente, étreignant avec autant de dévotion que de tendresse, son si grand et si pur amour qu’il en échappe même aux vicissitudes de la chair, c’est toute la force de son idéal qu’il tente d’enchâsser et de sacraliser en le retenant au bord de la falaise…





La très belle plume d’Alain Vircondelet n’explique jamais en termes finis et définitifs. Elle propose et ouvre les hypothèses, laissant à la sensibilité du lecteur le soin de percevoir l’immensité du sens, celui que le peintre lui-même a longtemps cherché à tâtons, laissant son âme et son inconscient s’emparer de son œuvre pour la façonner peu à peu vers l’expression de son essentiel. Et c’est ce qui fait la force et l’intérêt de cette centaine de pages : converger petit à petit vers une compréhension du tableau, comme l’artiste lui-même a progressé lentement vers l’expression ultime de ce qui lui tenait le plus à coeur.


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Rimbaud : Dernier voyage

Fulgurances poétiques, récit choral, mots choisi, sens de l'image, des paysages, connaissance de la douleur, talent des évocations, envolées sémantiques et lyriques parfois ..... bref une perle. Ce sont les mots qui se bousculent et qui me viennent après avoir terminer cette lecture précieuse. Je découvre un biographe et ses autres ouvrages sur Marguerite Duras, Albert Camus, Saint Exupéry, Balthus, Picasso, Toulouse-Lautrec, Klimt... s'ils sont taillés dans la même plume manquent déjà à ma bibliothèque et à mes lectures...



Cette fois-ci c'est avec brio que l'auteur se met dans la peau de Rimbaud, en utilisant ses formules, expliquant ses rêves, ses souffrances et cette longue agonie qui l'amènera du Yemen au port de Marseille où il sera pris en charge et où l'amputation de sa jambe ne pouvait qu'intervenir avant qu'il ne re parte vers ses Ardennes maternelles pour tenter à nouveau de repartir vers ses cieux tant espérés mais où Marseille verra son trépas. Plus que les rèves, les espoirs, la vie de découvertes qu'il aimerait tant poursuivre, ce sont ses images du passé, ses relations avec Verlaine, sa fulgurante période de création si courte et les rapports qu'il entretient avec les deux femmes qu'il a autant aimé que détesté ; sa mère et sa soeur si dévouée. Là encore l'auteur s'est mis dans la tête de ces deux femmes pour dresser un récit choral et un portrait au plus proche de ce que l'on pouvait aimer, apprécier ou partager avec ce poète.



Une documentation fouillée, une représentation des plus crédibles alors que les faits ou les sentiments des dernières années de Rimbaud manquent, une fusion entre l'auteur et le poète sans plagiat ou paraphrase. Une appropriation du personnage avec respect et passion. Bravo l'artiste.



Il ma fait découvrir Arthur Rimbaud et relire ses poésies.
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Notre-Dame de Paris : L'Eternelle

La Cathédrale de Paris, sa beauté, sa poésie et la terrible tragédie du 15 avril 2019 qui a frappé d'effroi le monde entier.

Le livre d'Alain V. pour les textes et Frantisek Zvardon pour les photos est un ouvrage superbe à la gloire de ce monument, des images magnifiques où l'on peut admirer cette merveille d'architecture, c'est splendide, et le texte qui accompagne les images nous propose une visite nostalgique, puisque le livre s'ouvre sur les images fortes de l'incendie et ensuite nous remontons le temps… Une description très précise du monument qui est un modèle de beauté et de ce que les hommes peuvent accomplir de meilleur.

Pour les amoureux de beaux livres, de poésie, de beauté et d'aventure. Une lecture tout en subtilité qui nous rappelle à quel point les choses sont fragiles, même celles que l'on croyait immuables, peuvent un jour disparaitre…




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Rimbaud : Dernier voyage

Un bon biographe sait se glisser dans la peau de son sujet et l'investir totalement, de manière à nous faire oublier qu'il nous raconte la vie de quelqu'un d'autre !



Pari plus que réussi pour Alain Vircondelet, qui dépasse toutes les expectatives en « devenant » carrément Rimbaud.

Le biographe, Chevalier des Arts et des Lettres tout de même ! ne se limite pas simplement à raconter le Dernier voyage du poète mondialement connu, il retranscrit en rajoutant librement son interprétation de l'état d'esprit du poète « aux semelles de vent » en route vers sa dernière demeure.



Fort de plusieurs dizaines d'ouvrages traitant de figures majeures de la littérature, des arts et de la spiritualité chrétienne : Albert Camus, Marguerite Duras, Blaise Pascal, Saint-Exupéry, Jean-Paul II, Balthus ou encore Casanova, on ressent l'expérience de la recherche et du travail d'orfèvre.



C'est avec brio, intelligence et sensibilité qu'Alain Vircondelet nous embarque dans cette promenade bucolique où Rimbaud, l'archange de la révolte, lutte pour ne pas abandonner la vie.

C'est écrit sans fioritures, comme dans une religion permanente de l'instant !

Le style est vif, les sentiments vrais et nobles et le verbe est cru ! C'est un si long voyage que de quitter la vie !



L'intensité bien connue du poète est bien retracée et des faits de sa jeunesse et de sa création artistique nous permettent de découvrir encore quelques traits de sa personnalité.



Rimbaud était le maître des idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires. Il a choisi une vie aventureuse, d'explorateur des terres et des hommes, qu'il l'a amené à l'autre bout du monde.

Au fil des confidences, le lecteur recompose la trajectoire du personnage et de ses blessures, surtout celles qui ont forgé sa personnalité singulière.



La poésie française ne serait pas la même sans Rimbaud et son génie !



Embarquez-vous dans ce Dernier Voyage et vivez comme si vous y étiez la vie brève et aventureuse de l'un des géants de la littérature mondiale.





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L'exil est vaste mais c'est l'été

Une chronique de la relation Dora Mar-Picasso est toujours un exercice compliqué car on peut vite tomber dans la caricature du mobstre Pucasso qui persécute la gentille Dora,mais ce livre ne tombe pas dans ce piege et nous offre une analyse plus fouillée et complete de leur relation ce qui rend ce livre interressant et tres instructif:la décennie 1935 1945 est ici analysée et l'ouvrage est passionnant ,a na pas rater selon moii !
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Rimbaud : Dernier voyage

Comme son titre l'indique, Rimbaud , dernier voyage raconte le retour du poète vers sa terre natale, contraint par la maladie,.

En trois parties, suivies d'une chronologie, Alain Vircondelet, ce spécialiste des littératures des XIXe et XXe siècles, retrace avec talent le départ d'Aden pour la France de Arthur Rimbaud et ses derniers mois entre Marseille et les Ardennes, avant sa mort, survenue le 10 novembre 1891.

Sur les conseils du Docteur Nouks, le 9 mai 1891, le poète est embarqué sur une civière depuis Aden, sur L'Amazone, le bateau-vapeur, fleuron des Messageries maritimes qui fait le lien entre les colonies de l'Extrême-Orient et la France, à destination de Marseille. Il y parvient le 20 mai. Lui qui souhaitait retrouver les Ardennes et les bois, revenir à Roche, la ferme familiale où vivent sa mère et sa soeur, souffre terriblement et préfère qu'on l'emmène directement à l'hôpital « Qu'on en finisse avec cette satanée jambe. Qu'on lui règle son compte. » selon ses propres termes.

Admis à l'hôpital de la Conception, à l'âge de 36 ans, un néoplasme de la cuisse est diagnostiqué et le 22 mai, les mots redoutés tombent, implacables, il faut amputer, la tumeur est trop avancée.

Sa mère vient à son chevet et y restera deux semaines. le 23 juillet, il quitte l'hôpital et prend, seul, le train pour les Ardennes. Son état de santé s'aggravant à nouveau, le 23 août, il repart pour Marseille accompagné de sa soeur Isabelle, espérant toujours retourner au Harar. Hospitalisé à nouveau à Marseille, son cancer se généralisant rapidement, il s'éteint le 10 novembre 1891, sa soeur à ses côtés, témoin de ses derniers jours.

Alain Vircondelet dont l'écriture m'a semblé en complète adéquation avec ce personnage encore aujourd'hui nimbé de ses mystères et de ses secrets, donne à lire et à découvrir, pour moi, en tout cas, une période peu connue de la vie de Rimbaud, son ultime voyage.

Loin de se satisfaire de dates et de commentaires, l'auteur se met dans la tête d'Arthur et nous fait vivre au plus près sa solitude, et sa terreur face à la mort prochaine.

Il analyse finement la relation que celui-ci a entretenue avec sa mère, la mother ou la mère Rimb' comme il l'appelle, n'omettant pas au passage la fâcherie de celle-ci avec son autre garçon et la mort de sa petite, ainsi que son trouble et sa jalousie en voyant que c'est auprès d'Isabelle, sa soeur, qu'Arthur va s'épancher, notamment avec leur échange épistolaire. Ne pas oublier que lorsqu'elle le rejoint à Marseille, cela fait douze ans qu'ils ne se sont pas vus !

De même, il rend compte de la sensation d'étouffement que ressent rapidement notre héros lorsqu'il se retrouve dans la maison familiale et toujours ce désir, même lorsqu'il est au plus mal ce désir de repartir, de reprendre la mer vers l'Abyssinie. Cette fringale de surprendre l'inconnu ne cessera jamais malgré la douleur lancinante ressentie depuis son départ d'Aden, un long calvaire, et l'accompagnera jusqu'à sa mort. Dans son délire, ne fait-il pas d'ailleurs un inventaire, assez ubuesque sur des lots de dents qui seraient en fait des défenses d'ivoire, étant à nouveau le négociant au bord de la Mer Rouge, dans l'est de l'Éthiopie ?

En utilisant les trois premières personnes du singulier pour son récit, Alain Vircondelet rompt la monotonie que pourrait prendre cette biographie romancée et, en tutoyant Rimbaud comme s'il était à ses côtés, n'hésitant pas à lui faire part de son soutien parfois, tisse un lien très serré avec lui ainsi qu'avec le lecteur.

Dans ce récit très intimiste, il n'hésite pas à insérer quelques extraits de son oeuvre dans des passages en italique pour notre plus grand plaisir.

Évidemment est posée la grande question, à savoir si dans les derniers instants de sa vie, il a retrouvé la foi, lui, qui « des bondieuseries, n'avait jamais voulu entendre parler ».

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Écriture qui m'ont permis de découvrir Rimbaud, Dernier voyage et ainsi de parfaire ma connaissance sur une des figures majeures de la littérature française.

À noter la très belle couverture avec cette célèbre photo du poète dont le regard avec ce voile qui transperce, cette intensité et cette absence tout à la fois a été saisi en septembre 1871 par Carjat.

Dommage, deux erreurs se sont glissées à la fin de la chronologie...


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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La cathédrale

Comment ai-je découvert Huysmans, moi qui n'ai pas fait d'études de lettres ? Est-ce par Barbey d'Aurévilly ? Possible, mais je ne me souviens plus. Les auteurs français du XIXème me plaisent. Cet ouvrage est le quatrième de Huysmans que je lis. Avec son personnage Durtal, j'ai tourné un moment autour de sa "cathédrale", un dico à la main et le nez souvent dans le glossaire à la fin du livre, à fouiller profondément dans mes souvenirs des Evangiles, à me dire qu'il va me falloir replonger dans l'Ancien testament... Mais peu importe, au contraire. "A rebours" m'avait donné envie de visiter le musée Gustave Moreau à Paris. "La cathédrale" m'a inexorablement entraîné à revisiter Notre-Dame de Chartres, m'a donné envie de revoir un jour "Le couronnement de la vierge" de Fra Angelico et quelques autres oeuvres de Van der Weyden, par exemple. Découverte aussi de Jeanne de Matel, de sainte Mechtilde... Et puis son regard assassin - injuste sûrement - sur l'Art de la Renaissance, sur l'église du Sacré-Coeur... quel délice ! Sans parler de tout le reste, des références à la Bible, des bestiaires du Moyen-Âge... Au-delà de la quête spirituelle de Durtal, coeur du "roman", ce livre est une tornade qui emportera les lecteurs à condition qu'ils soient réceptifs.
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Séraphine : De la peinture à la folie

C'est avec curiosité que j'ai commencé cette biographie ne connaissant ni Séraphine Louis ni ses toiles. Je me souvenais vaguement avoir entendu parler d'un film retraçant la vie peu commune d'une femme inculte, illuminée par la peinture interprétée par Yolande Moreau, mais qui n'avait pas vraiment éveillé mon intérêt.



La première cinquantaine de pages m'a paru lourde, longue, pesante tant le personnage de Séraphine est triste, morne, solitaire avec une vie difficile. Cette difficulté à rentrer dans le sujet n'a rien à voir avec le talent de l'auteur mais tout à voir avec la monotonie d'un début de vie incolore. Pauvre, rapidement placée comme "bête de somme" pour assumer les travaux de ferme et le ménage des maisons, elle voue sa vie à Dieu et la Vierge Marie. N'ayant aucune dote à offrir, elle ne peut prendre le voile pour devenir nonne; malgré tout elle entre au couvent pour contribuer aux travaux d'entretien des Soeurs pendant une vingtaine d'années. Il est difficile d'établir une biographie exacte de cette époque comme pour tous les "invisibles", les nécessiteux qui ne laissent aucune trace derrière eux. Mais ce départ laborieux est un passage obligé car connaître le parcours et les racines des personnages est important pour saisir l'empreinte qu'ils ont laissée sur le comportement et le déroulé de leur vie future.



Mon intérêt s'est éveillé dès que Séraphine a saisi un pinceau pour coucher ses premières couleurs sur des bouts de bois de récupération. Impossible d'avancer dans ma lecture avant de visionner les quelques toiles restantes disséminées dans les musées qui veulent bien les exposer. À partir de cet instant, je me suis totalement laissée emporter par les délires picturaux de l'artiste méconnue. Son oeuvre est classée dans l'Art Naïf mais ses tableaux ne peuvent rester enfermés dans une case bien délimitée, tout comme la femme. Ses fleurs sont tourmentées, sans cesse en mouvement tout comme son esprit en proie à la folie naissante qui finira par l'anéantir. Ses couleurs incandescentes, dont elle ne dévoilera jamais le secret de fabrication, expriment une rage de peindre comme si elle n'avait pas de temps à perdre. Les deux ne sont pas sans rappeler la fureur créatrice et dévastatrice de van Gogh. Est-ce sa vocation religieuse contrariée, sa solitude ou le rejet que lui fait subir la société qui la tourne vers la peinture? Elle attribue ses tableaux à l'inspiration divine, sa façon d'établir un dialogue avec Marie et tous les Saints. On peut constater que les tailles des toiles, leur construction et leur beauté s'accroissent avec le temps. Peut-être un peu par la maîtrise qu'elle acquiert mais surtout en parallèle de son délabrement psychique. La cacophonie de ses voix intérieures la plonge dans une transe mystique que seule la pratique de la peinture semble apaiser.



Le hasard a mis sur son chemin Wilhem Uhde, collectionneur, marchand d'Art et mécène, ami du célèbre Ambroise Vollard et "découvreur" de Picasso et d'Henri Rousseau entre autres. C'est grâce à lui que Séraphine de Senlis n'est pas restée dans l'ombre car il lui a acheté toute sa production, tant il a été bouleversé par ses représentations végétales illuminées et tourbillonnantes. Malheureusement, beaucoup de ces tableaux ont disparu, victimes de la destruction aveugle de "l'art dégénéré" orchestrée par le nazisme. Uhde étant notoirement pacifiste et homosexuel, il s'est caché de la Gestapo avec quelques toiles, celles que nous pouvons admirer aujourd'hui.



Même si l'auteur n'y faisait pas référence à plusieurs reprises, il est impossible de ne pas penser à Camille Claudel (1864-1943), son exacte contemporaine. Ces deux femmes artistes, restées longtemps dans l'ombre ont connu la même fin tragique, terrassées par la folie, refusant de pratiquer leur art pendant tout le temps de leur internement. Ce sont leurs seuls points communs car leurs origines n'ont rien en commun, Séraphine étant née dans un milieu pauvre dont elle ne sortira jamais et Camille de famille bourgeoise aisée pourra suivre une instruction liée à son art. La première totalement autodidacte est animée d'une force mystique alors que la seconde cherche à modeler la palpitation de la vie et sa force destructrice.



Mille mercis à mon amie Gouggy pour m'avoir fait découvrir ce livre et surtout l'artiste "sans rivâle" comme elle aimait à se définir, la mystique qui peignait le mouvement, les pigments de la vie et de sa folie. Inculte, sans formation d'aucune sorte, elle puisait son inspiration dans la nature, répondait en images aux voix qui la guidaient et l'habitaient et qui ont fini par la noyer dans un délire métaschizophrénique.



Pour compléter cette découverte aussi fascinante que troublante, je vais m'empresser de visionner le film Séraphine de Martin Provost (2008), récompensé de pas moins de 7 Césars ne sachant pas s'il va faire vibrer les mêmes cordes sensibles touchées par le livre.
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Guernica : 1937

"Guernica 1937" est bien plus qu'un roman, c'est un livre sur la relation entre Picasso et Dora Maar et aussi sur la genèse de sa toile "Guernica "

Ce "roman" ne fait que renforcer et confirmer ce que l'avais déjà lu sur Picasso, à savoir qu'au delà des apparences, c'était un homme très , voire uniquement egocentré. " L'idée même de se laisser conduire par l'amour le révulsait. C'était lui qui devait mener la barque, diriger le jeu, contrôler les vents. Il était en fait obsédé par l'idée de la posséder, de la pénétrer, de l'asservir et de la ruiner."

Il nous est aussi rappelé ici qu'il n'a pas été bouleversé par l'exécution en 36 de Federico Garcia Lorca . Il n'a également rien fait pour sauver son ami Max Jacob détenu au Vél' d'Hiv' puis déporté dans les camps.



C'est à travers Dora Maar, cette photographe talentueuse qui tomba follement amoureuse de Picasso et qui partagea de nombreuses années avec lui que Alain Vircondelet nous parle de Picasso et de sa fameuse œuvre Guernica.

Ce tableau veut dénoncer la barbarie en général elle ne veut pas être uniquement une réponse au terrible bombardement de la petite ville basque Guernica.

Dora Maar a joué un rôle important dans la création de cette toile mais Picasso taira cette collaboration.

Si Picasso ne m'est pas sympathique, vous l'aurez compris, ses œuvres peuvent quant à elle forcer l'admiration et à ce titre le roman de Vircondelet est très intéressant. Ilnous explique certaines toiles ce qui est toujours un plaisir d'en comprendre le sens.

Si ce livre reste un roman, ce n'est pas pure invention.

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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Un petit livre très instructif sur un pan de la vie du célèbre peintre Klimt (1862-1918).

Nous faisons un agréable voyage ,grâce à l'écriture et au style d'Alain Vircondelet,au côté du peintre,pour qui son célèbre tableau: le baiser fut source de nombreux questionnements et d' incertitudes; mais il remporta un vif succès lors de l'exposition de 1908 ,à Vienne,organisée dans le cadre de l'anniversaire de l'empereur.Un tableau universel que chacun interprétera selon son ressenti mais pour moi d'une grande beauté où le souffle éphémère du baiser dénote d'une grâce exceptionnelle.

A recommander pour les amoureux de l'art .⭐⭐⭐⭐
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Rimbaud : Dernier voyage

Vincent Vircondelet a un style très affirmé et, a décidé de ce même dans la tête du poète !

En outre, dans ce livre, est Rimbaud, un admirateur et un tiers !

En effet, dans la même page (ou paragraphe), la narration peut être à trois voix : celle du « je » de Rimbaud, celle du « tu », c'est-à-dire du narrateur s'adressant à Arthur, et celle du « il » qui renforce les faits et dates.

Pourtant, c’est empreint de poésie, de regrets, d’amour de moments loupés…Entre Rimbaud et sa vie, entre l’auteur et Rimbaud, entre Vitalie et son fils, entre Isabelle et son frère…

On retrouve Arthur sur une civière après avoir vécu l’enfer entre Aden et le port d’embarquement sur l’Amazone qui le ramène en France, à Marseille, suite à une tumeur qui lui ronge le genou !

On suit, en trois parties, la fin d’Arthur, ses errances, un genou à terre, entre Marseille et La Roche (maison familiale dans les Ardennes), la tête soit vers le ciel, soit l’enfer…

La première qui s'étend du 9 au 20 mai 1891 va concerner son rapatriement en France

La seconde partie se passe du 20 mai au 23 août 1891, commence par son arrivée à Marseille où il va être hospitalisé, amputé, et où il va retourner « chez lui » avant de repartir devant le fait que son état empire.

La troisième et dernière partie va du 2e août au 10 novembre 1891, où Rimbaud revient à l'hôpital de Marseille, avec Isabelle pour y mourir après un long supplice.



Je ne sais quoi vous dire à part que j’ai plongé dans la tête et la vie d’Arthur, que je connais, pas trop mal…

En sus, connaissant les lieux à Marseille, j’ai apprécié chaque mot, chaque émotion

Bref, c’est un livre passionnant, enrichissant et le roman, court, est très accessible, même si vous ne connaissez rien à Rimbaud (mais cela vous donnera l’envie de le lire !!)

Attention, il y a une erreur majeure dans la chronologie de fin : Arthur est mort en novembre, et non en septembre, comme indiqué…

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