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Critiques de Alain Vircondelet (126)
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Mémoires de Balthus

Balthus, né en 1908, mort en 2001, est un peintre figuratif français d'origine polonaise. Il est surtout connu pour ses tableaux de jeunes filles auxquelles il resta toujours attaché et qu'il fit poser partout dans ses ateliers. Il peint également des paysages, des portraits (la Reine d'Angleterre en 2001), des natures mortes ... Fils d'une dynastie de peintres, il travailla sans relâche à l'ancienne ; Piero della Francesca fut son maître.

Peu connu du grand public, son talent fut néanmoins reconnu par André Malraux qui le nomma Directeur de la Villa Médicis. S'en suivirent de nombreuses expositions et rétrospectives au Centre Pompidou et au MOMA de New York.

Ses Mémoires sont une sorte de testament dans lequel il raconte sa traversée du XXe siècle, nous parle des figures légendaires qu'il a côtoyées, lui le grand peintre solitaire. Grand Croyant catholique, il médite sur la peinture, la vie, sa vie (son enfance, ses exils), l'amour, la mort.

J'ai aimé ce livre, même si je n'ai pas toujours été d'accord avec ses prises de position sur certains des peintres qu'il décrie.
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La traversée

Alain Vicontelet, fils de Pieds Noirs, se remémore la traversée.

Les souvenirs vont et viennent, fatals, tous liés par cette ineffable douleur de l'exil.



A l'image de la spirale dans laquelle l'auteur et ses comparses sont happés, Alains Vicontelet se souvient, et mêle ses impressions, les événements, les questions en boucle, comme il a pu le faire sur le bateau.



Cerné par deux peuples qui lui furent hostiles mais qu'il adorait, l'auteur, bon bougre, essaie de dépasser sa douleur.



Ce livre m'a beaucoup appris sur l'Algérie. C'est un excellent livre d'initiation à ceux qui cherchent à la fois des repères historiques et humains sur ce drame de l'été 1962.



Grâce à ce livre, j'ai mieux compris combien la posture de la France fut lâche par rapport à ses enfants d'Algérie et combien furent cruels les dits révolutionnaires épris de liberté.



Un beau livre, très mélancolique qui m'a décillé les yeux.

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La poésie fantastique française

Ce livre commence par une longue préface où Alain Vircondelet explique que le fantastique en poésie ne se présente pas de la même façon que dans les textes narratifs, qu'une simple comparaison sans aucun phénomène potentiellement surnaturel peut laisser place à quelque chose qui nous hante et à l'impression qu'il y a quelque chose derrière... aussi, il donne une vision très précise et personnelle de la poésie, et pour lui, si ça n'y répond pas, ce n'est pas de la poésie, encore moins de la poésie fantastique. En bref : c'est un peu énervant dans sa façon de refuser toute dialectique et tout avis différent du sien, mais les idées restent très intéressantes.



Ensuite, il y a l'anthologie elle-même, et globalement j'aime son choix. Plusieurs extraits de textes narratifs ont été sélectionnés parce qu'ils sont poétiques, dont certains surprenants (j'adore Seignolle, mais pour moi, c'est du fantastique pur).



Ensuite, tout devient très subjectif, et voilà mes opinions en vrac : il est vrai que certains auteurs de romans de chevalerie ont une imagerie du merveilleux qui tourne au fantastique, surtout quand on isole des extraits. Agrippa d'Aubigné est gore et fascinant même quand il n'écrit pas sur les guerres de religion, et même quand c'est sur ses histoires de coeur, cela m'a surprise. Victor Hugo est impressionnant quand il fait du fantastique. Aloysius Bertrand aussi, mais je connaissais bien tous les poèmes cités (et pareil pour Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont et Henri Michaux), c'était un peu frustrant. Philothée O'Neddy est vraiment un auteur de roman noir à bon marché, mais en poésie, j'aime le mélange. Il faut que je lise plus de Max Jacob, de Jean Cocteau et de Jean Tardieu. J'adore toujours Supervielle et Desnos. Il y a toujours des époques que j'aime plus que d'autres.



Globalement, très agréable à lire, mais je ne pouvais pas attendre autre chose d'une anthologie qui mélange deux de mes genres préférés !



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Séraphine : De la peinture à la folie

N°369– Septembre 2009

SERAPHINE, de la peinture à la folie- Alain Vircondelet – Albin Michel



L'univers des autodidactes m'a toujours fasciné, tout comme la spontanéité du style naïf en peinture comme dans d'autres disciplines artistiques. D'autre part, le succès, la notoriété ont des lois que je ne m'explique pas très bien surtout quand ils se manifestent en dehors des voies royales de la médiatisation, du matraquage journalistique ou d'un parisianisme incontournable.



Rien ne prédisposait en effet, Séraphine Louis, née à Asny [Oise]en 1864 dans une famille pauvre, d'un père horloger itinérant et d'une mère domestique de ferme qui meurt alors qu'elle vient d'avoir un an, à connaître le succès. Son père meurt lui-même alors qu'elle n'a pas encore sept ans. C'est donc une orpheline qui, recueillie par sa sœur aînée, devient bergère, domestique au Couvent de la Providence à Clermont [Oise] puis femme de ménage, à partir de 1901, à presque quarante ans, dans les familles bourgeoises de Senlis. C'est dans cette même ville qu'en 1912 s'installe un collectionneur et marchand d'art allemand, Wilhem Uhde, lassé de la vie parisienne. Amateur de Picasso et du Douanier Rousseau, il remarque, chez des notables, de petites œuvres peintes sur bois et découvre que leur auteur n'est autre que sa propre femme de ménage, Séraphine. Voilà tous les ingrédients d'un conte de fée, mais la réalité est toute autre. Celle qui aurait voulu devenir religieuse par amour de Dieu et qui a été maintenue par la Mère Supérieure dans sa condition de simple servante à cause de sa pauvreté et de son absence de dot, garde cependant en elle une foi inébranlable. Considérée comme un esprit simple, sans instruction et sans fortune, elle est finalement poussée dehors et commence à peindre en s'inspirant de ce qu'elle connaît, des images pieuses, des vitraux, des statues des églises et du culte marial, des fruits, des fleurs et des feuilles.

Elle s'humilie devant Dieu qui, le pense-t-elle, lui dicte son cheminement artistique. Elle peint sans véritable technique, sans avoir jamais appris, au Ripolin, pratique des mélanges inattendus et improbables mais reste à l'écoute exclusive de cet « ange » qui la guide. C'est un peu comme si, en elle, se révélait une sorte de « mémoire héréditaire » dont elle était l'expression, la manifestation, avec en plus la main de Dieu pour la soutenir. La folie mystique qui l'habite et dont elle ne cache rien, la fait déjà considérée par la rumeur publique comme une folle. Elle se compare à Jeanne d'Arc, à Bernadette de Lourdes, se définie comme une « voyante de Dieu », prétend entendre des voix qui lui intiment l'ordre de peindre, ce qu'elle fait comme un devoir sacré.



Après la guerre de 14-18, Uhde revient s'occuper d'elle et la révèle au grand public, organise des expositions. Son style, naïf et primitif, s'inspire d'une nature luxuriante semblable à celle qu'elle imagine au Paradis Terrestre. On la compare déjà au Douanier Rousseau et les surréalistes s'intéressent à ses œuvres. Elle-même se reconnaît une parenté artistique avec Van Gogh. La notoriété aidant, elle devient imbue d'elle-même, et elle qui avait toujours vécu de peu, se met à faire des dépenses inutiles et coûteuses malgré les mises en garde de Udhe. Son style change et se surcharge de pierreries et de plumes, les couleurs, vives au départ, s'assombrissent mais elle continue d'exploiter les thèmes bibliques ... Sa peinture est, d'une certaine façon, la synthèse entre Dieu et les hommes, se définissant elle-même comme une médium solitaire et secrète, investie par les puissances surnaturelles. Dès lors, elle se prétend « l 'élue de Dieu », sa servante, son instrument, s'affirme cependant « sans rivâle » et s'enfonce de plus en plus dans une folie irréversible.



La grande dépression des années trente met fin à ses ventes ce qui affecte sa santé mentale et physique au point qu'on songe de plus en plus sérieusement à un internement. Les symptômes délirants s'accentuent avec la perspective de la guerre qui s'annonce, Uhde, juif, anti-nazi et homosexuel, disparaît, et avec lui sa source de revenus. Son discours mystique s'accentue, elle parle de la mort, abandonne la peinture, s'enfonce de plus en plus dans un dénuement moral dont elle ne sortira plus. Des plaintes sont déposées et, possédée par un délire définitif, finit par troubler l'ordre public, ce qui la précipite à l'hôpital psychiatrique de Clermont en 1932. Elle perd complètement la tête ainsi que l'atteste un rapport de police. Dès lors personne n'entendra jamais plus parler d'elle, elle ne fera jamais plus partie de ce décor provincial où elle dérangeait. Elle y restera dix ans sans jamais reprendre la peinture, prostrée, comme si cette vibration qui avait guidé sa main l'avait définitivement quittée. Elle est victime de délires hallucinatoires, de psychoses, l'hystérie la gagne et elle souffre de persécutions. Uhde retrouve sa trace et l'aide financièrement pour adoucir son sort, mais dans cet univers, la peinture qui a été toute sa vie n'a plus d'importance.

Son délire s'accentue dangereusement, elle se croit enceinte et la deuxième guerre mondiale éclate la précipitant dans un état de dénuement physique et mental alarmant que les restrictions alimentaires et un cancer aggravent. La politique d'extermination des nazis à l'égard des malades mentaux la précipite, fin 1942, dans la mort solitaire, mais c'est aussi de faim qu'elle meurt. Personne ne réclamant son corps, elle sera ensevelie à la fosse commune.



C'est un livre passionnant et agréablement écrit que j'ai lu d'un trait tant l'histoire de cette femme est inattendue mais pourtant si commune à celle de bien des artistes, et comme le note l'auteur « Comme Camille Claudel morte dix mois seulement après elle et dans les mêmes circonstances, elle a été de ces artistes qui ont été au bout d'eux-mêmes, à l'extrême de leurs limites et qui ont accepté la plus grande violence contre eux » .



De nombreux musées, celui de Nice, de Senlis mais aussi le musée Maillol à Paris exposent ses œuvres.







©Hervé GAUTIER – Septembre 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
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Marguerite Duras : Une autre enfance

Un regard conciliant et empathique de l'auteur pour cette biographie de Marguerite Duras dont il fut aussi un ami. Il revient bien sûr sur son enfance indochinoise dont elle gardera sans doute sa vie durant une éternelle nostalgie et langueur, le décès prématuré du père, "un étranger", dont l'absence pèsera bien plus tard, l'attachement à la terre de Duras, à la vie sauvage, la froideur et la distance de la mère, absente à son besoin d'amour, réfugiée dans la folie, à ses égarements au début de la guerre, soutenant le colonialisme avant de prendre conscience de la gravité du conflit et de participer à la résistance. Il dépeint une femme en quête perpétuelle de racines.
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Les Chats de Balthus

Revue de presse

« Ecrit d'une belle patte de velours, un petit hommage au plus

baudelairien des peintres, dont l'oeuvre sulfureuse n'a pas fini

d'hypnotiser pour mieux vous attraper. » --Télérama
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Sur les pas de Marguerite Duras

J'ai trouvé ce livre tout simplement magique. J'aime les livres de Marguerite Duras, je suis impressionnée par son caractère, sa vie. Ce livre, qui mélange des passages de sa vie, de superbes dessins et des documents m'a plongée dans un voyage extraordinaire dans la vie d'une de mes auteure préférée.
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Le grand guide de Venise : Sur les pas de C..

Parmi les villes mythiques Venise tient le haut du pavé.

J’ai trop lu sur Venise et je ne m’y suis pas assez promenée hélas. Je suis à l’affût de tous les livres qui peuvent me procurer un voyage immobile.

Alain Vircondelet mêle peinture et photos de façon habile et ainsi nous fait parcourir toutes les rues, tous les quartiers, tous les ponts et toutes les églises.

En douze promenades le lecteur part sur les pas de Canaletto et de Guardi.



On peut donc lire se livre en trois temps.

Un temps pour la peinture et les maîtres vénitiens sont d’une grande richesse, vous pouvez explorer Venise sous toutes ces facettes, profiter de l’analyse et des détails d’une vingtaine de tableaux parmi les plus célèbres.

Un temps pour la Venise d’aujourd’hui. La mise en parallèle des tableaux et des photos est réjouissante, on retrouve les mêmes places, les mêmes ponts, jusqu’aux couleurs qui sont les mêmes. J’ai aimé parcourir les rues avec lui, entrer dans des palais parfois fermé au public. Découvrir des jardins cachés.

Un temps pour votre voyage de demain avec des parcours détaillés par quartier, plus de douze circuits et 150 lieux à visiter, à admirer. Vous pourrez choisir votre itinéraire, découvrir des campi secrets et mettre une croix sur votre plan pour prévoir une glace chez Nico la gelateria près des Gesuati histoire de faire une pause.



Ce qui m’a plu : les échanges entre hier et aujourd’hui, les détails d’un tableau et le même lieu en photo qui par la magie du cadrage semble se confondre avec hier.



Mais Alain Vircondelet n’est pas dupe des changements, alors que les travaux pour protéger Venise ont commencé, la photo qui présente un luxueux et ENORME paquebot de croisière empruntant le Grand Canal est proprement terrifiante !!

La littérature est là aussi et vous pourrez flâner avec Rilke, peut être apercevoir l’Altana d’Henri de Régnier ou aller vous recueillir sur la tombe de Diaghilev ou évidemment partager un verre au Harry’s bar avec Hemingway.



Si vous êtes amoureux de Venise ce livre va se révéler un puits de souvenirs et va trouver place dans votre bibliothèque.




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Albert Camus : Vérité et légendes

Alain Vircondelet, dans ses différents ouvrages, s'attache principalement, parce que c'est aussi un peu son histoire, au rapport entre Camus et l'Algérie. Le conflit algérien et les considérations politiques sont esquissées, l'auteur préférant mettre l'accent (pied-noir) sur la terre, les paysages, les décors de l'enfance qui ont façonné l'enfant Camus, lui ont offert ses plus grands bonheurs mais aussi causé ses plus profonds déchirements.

Vérité et légendes, car la vérité de Camus se trouve effectivement dans cet apparent oxymore de la pauvreté et de la beauté, légendes car en vieillissant l'être humain fait de son enfance sa propre légende qu'il alimente de sa nostalgie ou de sa révolte. Abondamment illustré de photos d'époque de Camus, d'Alger, la casbah mais aussi Tipasa, le lieu où la vocation de l'écriture s'est définitivement révélée, il ne faut pas chercher dans le texte commentaire une analyse littéraire distanciée, mais accompagner Alain Vircondelet dans ce voyage personnel qu'il a entrepris avec un frère de cœur.
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Albert Camus : Vérité et légendes

Un très beau livre illustré de magnifiques photos d'Albert Camus qui permet sous la plume de Vircondelet de comprendre un peu plus la personnalité de ce grand écrivain.
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Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry : Un amo..

Au cours de mes vagabondages, j'ai déniché ce joli livre, qui ne fait plus l'actualité des libraires, chez un soldeur de livres bien connu.... Plus qu'une histoire d'amour exceptionnelle, ce livre richement documenté à partir de documents trouvés dans une malle ayant appartenu au couple mythique et rassemblés par un de ses amis (dessins, photos, lettres, copies de manuscrits, aquarelles, etc..), permet de découvrir la personnalité intime d'Antoine de Saint-Exupéry, célèbre aviateur, grand reporter, et homme de lettres. En filigrane de cette lecture passionnante, apparaît toute la sensibilité et la fragilité du père du Petit Prince. Les photos noir et blanc d'Antoine et de Consuelo de Saint-Exupéry sont superbes.



Si vous avez l'occasion de lire ce livre, j'espère que vous passerez un aussi bon moment que moi


Lien : http://mescapades.canalblog...
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Sur les pas de Marguerite Duras

Magnifiques illustrations de Anne Steinlein, un bel ouvrage pour découvrir ou redécouvrir la vie de Marguerite Duras.
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Une enfance algérienne

Un livre que j'ai adoré et qui a été à l'origine de mon projet d'écrire sur moi-même. Le premier des "livres d'enfance" de Leila Sebbar, collecte de souvenirs de ceux, Algérien ou Européens, qui sont nés dans la vieille Algérie coloniale. Un livre à la gloire des instits de la république, tant il y a de souvenirs qui se réfèrent à eux ! Ma préférée, la nouvelle de Mohamed Kacimi sur les petits écoliers qui décident que puisqu'il y a l'Indépendance, il n'y aura plus école (et ouf !) et qui partent en défilé à la ville, drapeau vert en tête, pour revendiquer leur droit à la paresse... Une guerre des boutons dans le Maghreb profond. Délicieux.
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Séraphine : De la peinture à la folie

Séraphine est, pour moi, une artiste qui mérite à être connue.



Je l'ai découverte grâce à l'exposition qui a eu lieu au musée Maillol, à l'occasion du film de Martin Provost, en 2008.



Ce fût pour moi une révélation.

J'ai été impressionnée et touchée par ce monde végétal si coloré et vivant, grouillant même, n'appartenant qu'à elle.

Sans aucun cours de dessin, ni de connaissance artistique, elle a réussi à créer une oeuvre riche.



Puis, je suis allée voir le film.

Peu de dialogue, nous sommes dans le contemplatif, le ressenti. Un film incroyable avec Yolande Moreau qui colle totalement au personnage. Elle ne joue pas Séraphine, elle est Séraphine.



Enfin, j'ai lu cette biographie.

Intéressante, elle permet de mieux connaître sa vie mais surtout son besoin viscérale de produire, de créer.

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La maison devant le monde

«La maison devant le monde panse seulement les plaies ouvertes, met un peu de baume sur elles. L’exil au fond est la richesse de cette existence. Il permet de voir autrement, d’entendre autrement, d’être plus accessible à l’invisible ». Avec ces mots se termine le dernier ouvrage paru chez Desclée De Brouwer, d’Alain Vircondelet.

« La maison devant le monde » nous entraîne d’Alger à Lectoure (où il a vécu) au fil de chapitres qui s’égrènent, denses, intenses, sensuels, miniatures d’un art qui se dit et qui s’inscrit en images, en peintures, qui racontent, qui prient… : « Aimer sans mesure, apprivoiser l’exil, se relier, accueillir toutes les routes, s’ouvrir au cœur du monde… »

L’auteure est en route. Il marche à grands pas d’une rive à l’autre, largement libre dans sa foi qui rappelle comme un frère… Albert Camus. Le titre est d’ailleurs emprunté à un poème de jeunesse d’Albert Camus et le livre est dédié indirectement à ce grand frère oranais dont l’esprit imprègne la centaine de pages.

L’inaltérable source.

Alain Vircondelet est né à Alger. Il avait 15 ans lorsqu’il fut arraché à sa terre natale. Enfant de la capitale, il n’a pas eu le temps de devenir adulte chez lui. Il a dû se contenter de regarder, sentir, vibrer, recevoir des images chocs, des sensations brûlantes. Il a emmagasiné une vision sauvage de l’innocence de ces premiers matins du monde. Cette sève brouillonne d’une source inaltérable qui a alimenté nombre de ses œuvres car cet écrivain prolixe a édité une liste impressionnante d’ouvrages, romans, récits consacrés à son enfance algérienne. On lui doit également des biographies qui font référence, particulièrement celles de Marguerite Duras dont il fut un proche jusqu’au bout. Il s’est penché avec talent sur d’autres personnalités qui ont toutes en commun une relation avec l’absolu : Blaise Pascal, Charles de Foucauld, Jean-Paul II, Albert Camus, Rimbaud, Jean de la Croix… prochainement un récit consacré à Saint-Exupéry à partir de données totalement inédites devrait paraître.

Actuellement, Alain Vircondelet s’attache à relater la vie d’un autre grand homme, le peintre Balthus – de son vrai nom, Balthazar Klossowski de Rola qui vit en Suisse. Ce peintre avait réalisé les décors de « La peste » et de « L’état de siège » de Camus en 1948.

Un chant sacré.

« La maison devant le monde » est un chant secret qui monte comme une louange vers Dieu : « elle rend le chant obscur de l’enfance, restitue la plénitude des choses… ». C’est une icône : « le paysage en Dieu, l’être en Dieu. Il y a des lieux où s’écartent les tentures qui obscurcissent le monde. »

En sous-titre, l’auteur a choisi : « le désir du bonheur » et sur la couverture dans un petit carré, un détail du « Déjeuner » de Monnet : la représentation du bonheur en quelque sorte, une nappe légèrement froissée, une coupe de fruits, une tasse, la lumière… Un idéal de perfection, un instant d’éternité… Et les lignes qui suivent nous font entrer dans un sanctuaire.

Alain Vircondelet cherche à apaiser son exil par un bonheur aussi fort qui a odeur de mur, épaisseur de vie familiale : « C’est peut-être cela la vocation des maisons, apaiser les exils, aider à retrouver sa place, à connaître le bonheur de se caler dans son espace, d’y éprouver une curieuse solitude, celle d’une mémoire ancienne, sauvage, qui permet cependant de se rassembler, de se ramasser, d’être dans un état natif ou s’effacent les douleurs. »

L’écriture d’Alain Vircondelet s’enracine dans le sacré. Elle en a la sauvagerie. Rude et âpre. Elle atteint des sommets fulgurants, des embrasements qui ont les étoiles pour témoin et ses deux jeunes enfants pour héritiers. Lui-même est l’héritier d’une maman qui savait faire aimer la vie et qui lui disait de ne jamais parler de son histoire à l’imparfait : « Garde le présent, mon fils, souviens-toi toujours au présent de notre histoire, sinon tout sera mort, très vite enseveli… » et qui disait encore : « pour apprendre à aimer, il n’y a pas mieux, le ciel, la mer, les forêts, les plages, tout t’appartient. Bois, recueille, accorde ton cœur à leurs souffles. »

L’amour chante la vie.

Et le petit Alain écoute sa maman. Il boit son pays, son ciel, sa mer, ses visages multiraciaux, avec amour. Charnellement. Il faut être né « là-bas » pour sentir ainsi, aussi délicatement, puissamment, sauvagement la fête de vivre. Et même la guerre n’aura pu empêcher la source de se remplir à satiété. Il écrit : « très tôt je prends conscience du sentiment de la plénitude, j’ai le goût des choses inaugurales, des commencements. » Et ce sera comme un leitmotiv, un vent fouettant, ce goût de l’inaugural qui l’empêchera de sombrer dans la sclérose de la nostalgie. Comment pourrait-il être nostalgique ? Les senteurs de jasmin et des lantanas remontent en lui, font partie de son « chemin de vérité ». Il a englouti Alger dans son être : « retenue en moi, la ville va devenir lieu … du premier jardin, de l’enfance heureuse. Lieu sacré. » Sur le paquebot qui l’éloigne en 1962, il fait une promesse. Il a 15 ans. L’âge de l’héroïsme selon Claudel. : « Je fais le serment dans cette nuit étoilée d’être fidèle à la terre de naissance. De là chanter toujours, d’en être le fils. Je dis que je l’écrirai un jour. Qu’écrire inscrira cet amour dans le temps, qu’écrire c’est comme prier : une parole, un chant qui monte. Une avancée dans la vérité. »

Les racines du ciel.

Les lieux « ne comptent plus en apparence » pour un déraciné. Alain Vircondelet reste ce déraciné enraciné dans une patrie céleste qui dérange parfois les intellectuels incroyants mais qui ne l’empêchent pas d’exulter : « …une louange intérieure, pas formulée, s’élève qui fait jubiler d’être ici, de participer au déploiement de la grâce, à cet instant fragile du plein que rien n’altère… »

Alain Vircondelet nous fait encore des petits cadeaux avec des souvenirs en filigrane sur Jean Guitton, où Dali, mais aussi et surtout, Marguerite Duras qui lui disait : « Ecrire, c’est prendre le même large que celui des vagues, perdre de vue les rivages et partir là où l’on ne sait rien… Force les instants, ne te laisse jamais enliser, rend sacré ce qui t’entoure, ne laisse rien échapper de ce qui t’est donné, sublime la vie. »

Alain Vircondelet a enregistré la leçon : écrire, ce sera donc la mer ou les collines, à l’infini. « Car c’est de la chair vive qu’il doit surgir, le livre, de l’émotion pure, jamais des règles d’école et des académismes. »

L’incandescence son écriture se fait gloire. Avec une élégance très « vircondelienne », il fait mouche comme par inadvertance en fustigeant les modernes, « ces fouineurs de poubelles, démolisseurs d’espérance » : « la prétendue modernité se veut barbare et sauvage ; elle croit suivre Rimbaud quand elle éructe, profane, transgresse dans la complaisance. »

La maison devant le monde se tient comme un paquebot sur l’éperon de Lectoure. Le bout du voyage ? L’instant dans son éternité comme dans sa fulgurance. Et les descriptions se chevauchent, se couturent, invitent au commencement, à la virginité, au contre-courant. « Ici, dans cette Toscane gasconne, la lumière est souvent méditerranéenne ». Il fallait un auteur natif de la terre algérienne pour nouer le lien. Pour réconcilier les ciels et les lumières. Comme lui, il nous faut « retrouver l’ardeur fébrile des pionniers et des moines. Le regard des enfants. »

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La cathédrale





“Roman” est-il le terme idoine pour qualifier cette œuvre, dont la trame narrative et les dialogues ne sont que des prétextes à l’exégèse du symbolisme chrétien? En effet, cet opus est une litanie de couleurs, de gemmes, d’architectures religieuses, de plantes, de fleurs, d’animaux, de bêtes chimériques, d’odeurs et d’essences dans leur personnification de qualités chrétiennes et de pêchés, et dans leur incarnation de personnages de la bible et de l’iconographie catholique. Cette impression de guide mystique plutôt que d’œuvre d’art est confirmée par la présence en fin d’ouvrage d’un index récapitulant les différents assertions de l’auteur. Certains épisodes restent quand même en mémoire telle l’évocation d’une prise de possession d’un siège épiscopale ou mieux encore la narration des persécutions scatologiques auxquels se serait prêté le malin sur certaines saintes. J’ai particulièrement apprécié la comparaison intéressante de l’architecture des cathédrales romanes et gothiques dans ce qu’elles dénotent des sentiments qui ont pu conduire à leur érection.
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Une enfance algérienne

Un livre prêté avec quelques autres (je vous ai déjà parlé de La mémoire mutilée de Mohamed Cherid et vous parlerai prochainement des autres) par une amie quand elle a vu que je participai au défi sur le monde arabe organisé par Schlabaya... Cette fois, il s'agit d'un recueil de nouvelles rassemblées par Leïla Sebbar, une auteure que j'ai déjà abordée sur ce blog avec Mon cher fils et L'arabe comme un chant secret.



Ces nouvelles ne sont pas toutes égales dans leur force et leur écriture, mais ont toutes été écrites par des écrivains nés en Algérie et vivant en France. Il montrent surtout la grande diversité culturelle de l'Algérie, le melting-pot entre Européens, arabes et juifs. très peu abordent le sujet de la guerre d'indépendance, encore moins l'Algérie d'après l'indépendance.


Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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La traversée

Alain Vircondelet a quinze ans quand il embarque en juin 1962 avec ses parents sur le "Ville d'Alger" qui les emmène à Marseille. Avec eux, plus d'un million de Français ont choisi entre "la valise ou le cercueil". Mais pour tous ce départ est un déchirement, d'autant plus qu'ils ne sont pas les bienvenus en France. Mais avant tout ce sont les souvenirs des années heureuses qui sont dans toutes les mémoires lors de ce départ. Pour l'auteur, c'est l'occasion de revenir sur son enfance à Alger bouleversée dès le début des "troubles". Et pendant la traversée, il lit L'éducation sentimentale de Flaubert, comme si ce départ était pour lui un passage vers l'âge adulte.



Nourri de souvenirs mais aussi de références littéraires (l'auteur est un grand admirateur de Camus), ce récit est un témoignage très complet bien que très personnel sur cette période de l'histoire. On trouve souvent cette nostalgie de la vie en Algérie dans les témoignages de Pieds-noirs, mais ici le fait que l'auteur retrace ses souvenirs d'adolescent est particulièrement touchant. Il n'aura de cesse de parler de ce "paradis perdu" en écrivant sur ce sujet, tout en poursuivant une carrière d'écrivain et de biographe. Je remercie Babelio de m'avoir envoyé ce livre que je n'aurais peut-être pas lu spontanément mais qui en fait m'a permis de mieux comprendre le ressenti de ces Français d'Algérie.
Lien : http://les-routes-de-l-imagi..
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La cathédrale

Joris-Karl Huysmans de son vrai nom Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français (1848-1907). Huysmans était le descendant par son père, d'une lignée d'artistes peintres hollandais. Certains tableaux du plus célèbre de ses ancêtres, Cornelius Huysmans, peintre à Anvers au XVIIe siècle, figurent aujourd’hui au Louvre et c’est pour mieux évoquer ses origines hollandaises, que Huysmans adopta le prénom de Joris-Karl.

A partir de 1876, Huysmans collabore en tant que chroniqueur d’art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture. Il prend la tête du combat visant à imposer l’Impressionnisme au public. Après sa conversion au catholicisme vers 1895 et relatée dans son roman En Route, il publie en 1898 La Cathédrale.

Durtal a suivi à Chartres son ami et confesseur l’abbé Gévresin qui essaie de l’aider à traverser une crise spirituelle. Là, il fait la connaissance de l’abbé Plomb avec lequel il explore la cathédrale, pas à pas, tout en menant des discussions très instruites sur l’architecture des lieux. Taraudé par l’idée de se consacrer plus pleinement à la vie religieuse mais hésitant à franchir le pas, il envisage de faire une retraite à l’abbaye de Solesmes. Quand le roman s’achève, sans que rien ne soit réellement décidé de son avenir, Durtal accepte de se rendre à Solesmes avec l’abbé Plomb pour une courte période d’essai.

Le héros du roman, Durtal, est un avatar de J.K. Huysmans qui vient de se convertir au catholicisme depuis quelques années à peine. Ses tourments sont ceux de l’écrivain qui après s'être retiré dans plusieurs monastères quittera Paris en 1899 pour s’installer définitivement dans le petit village de Ligugé, près de Poitiers dans la Vienne, où il s’est fait bâtir une demeure à proximité de l’abbaye bénédictine Saint-Martin. Là, il partagera la vie quotidienne des moines et se préparera à devenir oblat. Mais en 1901, la loi sur les congrégations vient dissoudre la communauté de Saint-Martin, poussant les moines à l’exil et obligeant Huysmans à rejoindre Paris.

Roman complexe et érudit, la cathédrale – qui donne son titre à l’ouvrage – est le centre de ce récit. C’est ici, en ses murs, que Durtal vient chercher le repos de l’âme et les réponses aux questions qui l’obsèdent sur la force de sa foi et le vide qu’il ressent au plus profond de lui-même. Protection des murs mais surtout présence réconfortante de la Vierge à laquelle la cathédrale de Chartres est dédiée.

Les longues discussions avec l’abbé Plomb sont prétextes à aborder la symbolique sous toutes ses formes, qu’elle soit architecturale ou bien envisagée sous l’aspect des couleurs, des pierreries, des vitraux, du bestiaire etc. Conversations pointues entre experts, exposition de théories esthétiques, la lecture du roman nous plonge dans un débat intellectuel et mystique de haute tenue qui m’a souvent dépassé je l’avoue. Cette avalanche de documentation et de savoir, à laquelle il faut ajouter l’utilisation de mots rares, en font un bouquin pour public averti.

Mais au-delà de cet aspect, il y a aussi cette interrogation spirituelle de l’écrivain qui le pousse à se consacrer de plus en plus complètement à sa foi sans trop savoir comment. Coincé entre son intellectualité qui le pousse à analyser froidement les faits, et la foi totale qui nécessite un abandon quasi naïf, Durtal ne sait sur quel pied danser et c’est ce qui fait toute la saveur de ce texte.

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Séraphine : De la peinture à la folie

Très belle biographie.
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