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Critiques de Alexandre Labruffe (117)
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Wonder Landes

Wonder Landes, c’est une folle histoire familiale que conte Alexandre Labruffe, celle de sa propre famille. Il le fait avec beaucoup d’originalité, réussissant à puiser dans sa mémoire des souvenirs d’enfance enfouis pour tenter de comprendre ce qui arrive à son frère.

Justement, ce frère, aîné de onze mois, Pierre-Henri, PH ou PHL, je vais tenter de le suivre, de comprendre ce que l’auteur nomme autisme, multipolarité. PH est complètement déphasé, désaxé, flou, n’a pas demandé à vivre, comme il le répète souvent, et cumule erreurs, plans foireux, mauvaises inspirations, amitiés douteuses, tout se tramant dans cette forêt landaise où leurs parents se sont installés.

Le roman s’étale sur les quatre saisons d’une année, du printemps à l’hiver, de Paris aux Landes, avec un crochet par la Corée du Sud dont Kim, la compagne d’Alexandre Labruffe, est originaire. D’ailleurs, ce dernier - pour fuir la complexité familiale ? - a vécu plusieurs années en Asie où une chamane très énigmatique tente de lui apporter une aide aussi compliquée qu’inefficace.

Si leur mère n’est plus de ce monde, elle peut réapparaître, telle un fantôme, ou bien dans les souvenirs. Par contre, c’est l’état du père, Alain, qui empire. Ce brillant psychologue, enseignant à l’université, titulaire de trois doctorats est aussi consultant en Ressources Humaines. Sa santé se détériore à grande vitesse, peut-être à cause de ce qui arrive à son fils, PH, arrêté et jeté en prison. Malgré tout, cela n’empêche pas Alain de cumuler les amoureuses et de les relancer de temps à autre. Je précise qu’Alain rêvait de devenir le gourou de la Garonne et que, dans la maison familiale de Labrit, au cœur de la forêt, il garde tout, ne jette absolument rien, ce qui ne manquera pas de causer d’énormes problèmes lorsque l’hiver surviendra.

Enfin, et surtout, il y a donc ce Pierre-Henri, ce PH, ce PHL, ce Peter comme le nomme son ex, Alexandra, dont il a eu deux filles. Je vous passe toutes les excentricités de cet homme profondément mal dans sa peau pour souligner le tableau réaliste que son incarcération permet sur la vie en prison, dans la maison d’arrêt d’Angoulême. Surpopulation, insalubrité, vétusté, menaces, chantage, corruption, la vie est un enfer entre quatre murs et les quelques visites au parloir sont une épreuve pour les deux frères qui, le reste du temps, communiquent par messages cryptés. Seule, la bibliothèque et des cours de pâtisserie offrent un peu d’humanité à PH qui passe onze mois en préventive avant une expertise psychiatrique déterminante.

Les dettes s’accumulent. Que ce soit de la part du père ou de PH et je me demande comment Alexandre Labruffe réussit à vivre tout cela, si tout est bien réel, tout en donnant des cours sur le cinéma à l’université d’Évry.

Wonder Landes, le titre est emprunté au livre d’Haruki Murakami, La fin des temps, mais dont le titre en anglais se formule ainsi : « Hand-boiled Wonderland and the End of the World ». Les Landes, un pays des merveilles dur à cuire ?

En tout cas, Wonder Landes, un livre que j’ai pu lire grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Verticales que je remercie, m’a laissé une bizarre impression, un mal-être difficile à supporter au cours de ma lecture. Je me demandais comment des gens aussi intelligents, ayant tout pour réussir et être heureux, pouvaient accumuler autant de souffrances et d’incompréhensions.

Je suppose que l’écriture de ce livre aura été pour Alexandre Labruffe que j’ai pu rencontrer aux récentes Correspondances de Manosque, un moyen de dépasser tout cela, une tentative de guérison… réussie, ou pas…


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Un hiver à Wuhan

Bienvenue au Gotham City chinois, Wuhan ! La ville d'où est partie la calamité qui sévit le monde et infeste nos vies depuis le mois de février 2020 !

L'auteur y débarque en novembre 2019 pour le travail, son troisième séjour en Chine, alors que la ville accueille les jeux Olympiques militaires. Ces jeux qui ont fait couler beaucoup d'encre au sujet de l'origine de la pandémie.

Quand le virus débarque officiellement début janvier à Wuhan, les chiffres de contaminés annoncés sont très bas et bloqués pendant plusieurs jours. Mais peu à peu dans le quotidien les précautions nombreuses prises sans explication par les autorités mettent la puce a l'oreille, mais il est déjà trop tard.....

La Chine est un abécédaire de la Catastrophe, et je pense que nous en sommes qu'au début, "Urbanisation, industrialisation, contamination des sols, de l'air, de l'eau, déforestation massive. Tout ça, dans quel but : la consommation à outrance......La Chine, victime consentante de la mondialisation, de l'Occident qui en a fait son atelier, a vu son écosystème bouleversé. Leurs habitats détruits, les animaux se sont rapprochés des villes, des hommes. Ont augmenté les possibilités d'infection homme-animal." Ce livre écrit en courts chapitres, d'une prose très simple raconte l'innommable et va au coeur du péril jaune sans entrer dans des polémiques et discours théoriques inutiles. Mon dernier voyage au sud-ouest de ce pays en 2018, où les chinois déciment toutes les ethnies ( 55 au total dans la région) peu à peu en bétonnant monts et vallées, les villes super polluées infestés de restos, cafés et boutiques de souvenirs (pas vu une seule librairie en trois semaines) , de caméras de surveillance partout, de haut-parleurs dans les villages éloignés du tourisme qui diffusent des instructions pour être et rester un bon esclave du régime ( sous-payés, travaillant 6 jours et demi sur sept, pour produire beaucoup et moins cher) confirment partialement les tristes réalités que l'auteur nous raconte ici et dont nous sommes en train d'en subir les conséquences.

Vous n'apprendrez probablement rien de nouveau avec ce livre, mais pour réviser le pourquoi du calvaire que nous sommes en train de vivre il est excellent. En plus c'est court , bien écrit avec l'humour en bonus.







"Ce virus c'est la mondialisation qui se mord la queue".



"....que peut la culture quand le monde désagrège “
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Wonder Landes

Machine à laver le linge sale de la famille.

Nettoyage à sec pour éviter les larmes avec l’humour comme adoucissant, Alexandre Labruffe révèle avec virtuosité les névroses de sa smala. Une belle lignée de tordus qui à elle seule pourrait financer la piscine à bulles d’un psychiatre. La prose comme thérapie.

Ce récit élaboré comme un journal intime foutraque chasse les mauvais esprits de famille.

Alexandre Labruffe a un frère, ce qui arrive à pas mal de gens. Plus rare, le frangin, Pierre-Henri, PH pas très neutre, disparait sans laisser d’adresse mais en collectionnant les surnoms, alias, avatars et identités. Il réapparait… en prison, placé durant plusieurs mois en détention préventive accusé de tous les maux de la terre.

C’est l’occasion pour Alexandre de renouer avec ce qui lui reste de famille, qu’il aime autant que Gide, et de faire son retour dans les Landes auprès d’un père dévasté par l’emprisonnement du rejeton préféré. La révélation des secrets de famille s’enchaînent, les anciennes maîtresses du père défilent au chevet du patriarche, les huissiers vampirisent le patrimoine et les mauvaises fréquentations du frérot hantent les environs.

Moi quand je pense Landes, désolé, je pense routes interminables en ligne droite bordées de pins où le but du jeu est d’éviter des chocs frontaux avec des bordelais qui promènent à toute berzingue leur gros bolides, du SUV aux UV il n’y a qu’un pas, pour manger des huitres en bonne compagnie au bord de l’océan avec un pull enroulé autour des épaules. Clichés quand tu nous tiens !

Alexandre apprécie encore moins les lieux que moi puisqu’ils lui rappellent des souvenirs douloureux dans un trou perdu.

Accompagnée de sa fiancée coréenne Kim et de quelques amis, Alexandre va devoir prendre en charge toute sa dynastie et le poids des souvenirs douloureux.

Pivot de son récit, la folie de son frère. Entre mensonges, délires de persécution, troubles de la personnalité, impossible de l’étiqueter avec un diagnostic précis.

Alexandre Labruffe parvient à faire de son drame familial un récit caustique et souvent très drôle. Il a le sens de la formule, mitraille de la poésie façon petit corps malade, sans rime ni déprime, même les SMS deviennent des vers… dans le fruit.

Un livre à l’image de son titre qui claque si bien: imaginatif, bien senti et intriguant.

On ne choisit pas sa famille. Elle non plus…

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Un hiver à Wuhan

Depuis 1996 où un stage l’a emmené faire du contrôle qualité dans des usines chinoises, et 2019 où il a été nommé attaché culturel à Wuhan, les séjours d’Alexandre Labruffe au « Pays du Milieu » lui ont permis d’y constater l’ampleur des mutations survenues ce dernier quart de siècle : un miracle économique jalonné de catastrophes écologiques et sanitaires, sous un vernis pseudo-libéral masquant mal une réalité demeurée profondément totalitaire. Dans ce contexte, l’épidémie de Covid-19 n’a même presque plus rien pour surprendre...





Le tableau a de quoi effrayer. Usines consacrées au seul dieu du rendement à tout crin et à tout prix, villes asphyxiées par la pollution, fleuves dépotoirs, sol-air-eau contaminés, crises sanitaires à répétition gérées à l’économie ou simplement ignorées : les micro-apocalypses pavent le quotidien d’une population chinoise par ailleurs surveillée dans ses moindres faits et gestes, alimentant un récit halluciné aux allures de dystopie, dont l’humour grinçant achève de souligner l’infernale noirceur.





Alors, quand fin 2019, éclate à Wuhan une nouvelle crise à propos d’un terrible virus dont on ne sait rien encore, aucun étonnement ne traverse l’auteur alors sur place. Rentré à Paris avant le confinement de la ville chinoise, il n’aura rien à nous apprendre que l’on se sache déjà sur la suite des événements, juste l’envie de partager son sombre constat que tout cela nous pendait bien au nez.





Si le vécu, l’humour et la plume d’Alexandre Labruffe rendent à la fois intéressante et agréable la lecture de ce très court livre, je l’ai malgré tout achevée sur un petit arrière-goût de frustration. Cette mise en perspective de la naissance en Chine de la pandémie actuelle aurait mérité plus d'analyse et moins d'émotion, sous peine de - opportunisme oblige ? -, risquer de paraître trop forcer le trait pour mieux faire sensation.


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Un hiver à Wuhan

Alexandre Labruffe a fait plusieurs séjours professionnels en Chine dont le dernier fin 2019 à Wuhan, au moment même où les premiers cas de Covid 19 se déclarent. Longtemps minimisée par les autorités chinoises, outre l'extension effarante de la pollution avec une urbanisation et une industrialisation à outrance contaminant sols, air et eau, une situation sanitaire qui achève d'inquiéter Alexandre. À juste titre...



Un récit court, quelque peu halluciné et décousu, où l'auteur manie dérision et humour avec un certain talent pour décrire une Chine qui préfigure, dit-il, un monde en gestation, le pire du communisme et du capitalisme réunis. Un monde réduit au consumérisme.



« Depuis que je suis arrivé à Wuhan la sensation de vivre dans une ville de science-fiction s'ancre en moi. Son architecture étrange, ses strates d'histoire mixées, entre gratte-ciel post-futuristes, vieux buildings décrépits et maisons basses des anciennes concessions étrangères, ses illuminations nocturnes, son air au goût d'éther, sa pollution, ses rues vides le soir, ses embouteillages monstres le jour, ses innombrables chantiers, ses échangeurs autoroutiers superposés… font que je la surnomme : LE GOTHAM CITY CHINOIS. »
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Un hiver à Wuhan

Décidément, il me plait bien cet auteur !

Je m’étais régalée avec ses « Chroniques d’une station-service » et je découvre son « Hiver à Wuhan » avec un plaisir tout aussi grand. L’auteur nous raconte son expérience professionnelle en Chine en tant que « contrôleur qualité » dans des usines, et ensuite comme « attaché culturel » à Wuhan.

J’ai été totalement sidérée par sa vision de la vie en Chine aujourd’hui, ça m’a semblé surréaliste, à l’image du roman de science-fiction que l’auteur compte écrire.

J’ai été totalement absorbée par ses réflexions sur notre société de consommation et par ses pensées vagabondes, mi-philosophiques mi-humoristiques.

J’ai souri à de nombreuses reprises, notamment quand il raconte son expérience en tant que « contrôleur qualité » pour des tire-bouchons ou des coton-tiges !

Bien entendu l’auteur nous raconte comment il a vécu l’arrivée du coronavirus d’abord en Chine puis ensuite en France.

J’ai beaucoup aimé ce court roman, empreint de lucidité, de causticité mais aussi de désespoir sur notre monde.

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Un hiver à Wuhan

Wuhan, ville chinoise, parmi les plus polluées, cité de science-fiction, pour l’auteur, nommé tout jeune pour effectuer un stage : « Un instant de joie. Un instant de terreur.

(…) La joie l’emporte sur la terreur.

Au final, c’est parfait pour moi. Je veux vivre dans une dystopie, pour nourrir mon prochain livre. »

Il ne sera pas déçu !!



Un texte découvert grâce au billet très convaincant de l’amie babéliote, palamede…ouvrage que je me suis aussitôt commandé. Texte étonnant, faisant froid dans le dos… même si le ton de l’auteur reste drôle, caustique, mordant, jamais pesant, jamais « discoureur »



« Je me dis que le Nouveau Monde, c’est l’obsession de la Chine. Partout, dans le pays : ce nom. Pour des hôtels, des quartiers, des magasins, des marques. La Chine s’affiche comme le Nouveau Monde. Le clame sous tous les toits. Relègue l’Amérique aux oubliettes. “



Alexandre Lebruffe nous raconte trois différentes missions en Chine, étalées sur vingt ans, des années 90 aux années 2000 ; les changements, mutations qu’il a pu observer, tout ceci avec beaucoup de mordant… et de dérision ! Au vu de l’actualité anxiogène de cette année….ce texte a un relief doublement terrifiant. Son style persifleur, ironique, avec des images du quotidien frappantes provoquent le sourire, même, le rire, même si sans mauvais jeu de mots… ce rire est le plus souvent bien jaune !



« Cela fait dix jours que je suis en Chine et je n'ai accès à rien, aucun site étranger. Ni Google , ni YouTube, ni Libé, ni Le Monde, ni même Les Inrocks ou Radio France. (...) Tout est bloqué. la Chine a construit une Grande Muraille numérique. Pour soustraire sa population au monde. Me couper du mien. (p. 17)”



Pays de la paranoïa ; de la surveillance des « étrangers », de la vitesse, de la sur-compétition, de la consommation à outrance… du fric, etc, des escalades sans fin, détruisant l’environnement, les humains…Comme je l’exprimais au début de ce billet, en débit d’un ton caustique, faussement léger, tout fait froid dans le dos…Un monde capitaliste écrasant tout sur son passage, sans la moindre conscience !



« Tout est dématérialisé. Et pourtant c'est l'Empire du matérialisme. Mao, au secours !



Ce qui a changé également, c'est l'explosion des flux. Multiplication et modernisation des aéroports, des hubs, des gares, des transports, des moyens de communication. En Chine, le flux est roi. Le flux et le flouze, donc. « (p. 41)



Un court récit, à l’humour noir, des plus éclairants, si besoin était ??!… Expériences et vécu personnels de Alexandre Labruffe, nous montrant combien nous n’avons pas été assez critiques, avec une lucidité défaillante, puisque les dégâts et drame mondial présents…auraient pu, à défaut d’être empêchés, au moins retardés, freinés, avec des efforts et des refus de la mondialisation, tous azimuts !… l’auteur de 1999 à 2019 , au fil de trois missions très différentes, a vu se confirmer les travers de la société et de l’économie chinoises. Alors pourquoi cette acceptation , cette passivité généralisée de tous les pays , depuis plusieurs décennies envers l’Empire du Milieu…, l’Empire céleste…?



Merci à palamede… qui par son ressenti de lecture, m’a fait découvrir et ce texte et cet auteur !





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Un hiver à Wuhan

Que dire de ce court livre ?

L'auteur a passé plusieurs séjours en Chine, depuis 1996 et se retrouve à l'automne 2019 attaché culturel à Wuhan.

C'est l'occasion pour lui de faire un bilan de sa vision, apocalyptique, de la Chine .

Les habitants de Wuhan s'extasient. Aujourd'hui ils voient le ciel. Dans une ville où le taux moyen de pollution correspond au pic annuel parisien, les curseur du bonheur changent des nôtres.

A travers divers flashback autour de sa vie en Chine, l'auteur va essayer de montrer la mutation de ce pays vers le consumérisme à outrance , au mépris de l'homme , son environnement et de l'avenir.



C'est un livre assez singulier, fait de courts chapitres dans un style nerveux, avec quelques "punchlines" bien senties.

On saisit vite la vision de la Chine de l'auteur: Une dystopie plongée dans un brouillard de particules fines planant sur des rivières polluées autour d'habitants surveillants ou surveillés.

Ok.

Je m'attendais au vu du titre à un livre pandémiesque . Pas vraiment.Le sujet est plus sous-jacent, on voit l'arrivée du virus à Wuhan certes , mais l'hiver , l'auteur le passe en France . Virus qui n'est q'une conséquence logique et inévitable de la politique chinoise.



Livre loin d'être désagréable, plutôt bien écrit. Trop à charge à mon goût, mais je ne suis sans doute pas objectif. Les problèmes sont effleurés, les propos assénés, peu développés ou justifiés.

L'auteur dit aimer les Chinois.Honnêtement, cela doit se sentir dans des pages qui ont été arrachées à l'édition que je possède.La fameuse censure chinoise nous expliquerait sans doute l'auteur.
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Chroniques d’une station-service

Le protagoniste de ce très court roman est pompiste dans une station service de la banlieue parisienne.

Il passe son temps à regarder en boucle des films, il se fait l’observateur des gens qui passent furtivement dans sa station, le temps de faire le plein d’essence, de boire un café ou d’acheter du soda allégé et des chips grasses et outrageusement salées.

Il organise régulièrement des expos photos en douce de son patron, il joue aux dames avec un ami ou tente de séduire une mystérieuse femme japonaise.

Il a la « nonchalance d’un zombie mélancolique », comme il le dit lui-même et ses réflexions sur les gens, la vie, la société de consommation, la ville, l’amour, le cinéma et bien d’autres choses encore sont un régal à lire, tantôt drôles, tantôt philosophiques, tantôt absurdes ou incompréhensibles, tantôt profondes, cyniques ou hilarantes, mais souvent justes.
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Wonder Landes

Bienvenue dans le monde merveilleux d’Alexandre Labruffe, un être déjanté, déglingué, qui nous présente sa famille encore plus barrée (ils font un concours de celui qui a la pulpe la plus décollée au fond). Ce monde, c’est celui de ses origines, les Landes, pays dans lequel il a grandi dans une maison située à Origne (j’ai vérifié sur wikipedia et ça existe vraiment) et qu’il s’est empressé de fuir dès qu’il a pu, pour quitter le giron familial oppressant.

L’auteur nous emmène de l’autre côté du miroir, celui de son frère, dit PH, qui semble déambuler dans un monde virtuel et parallèle. Toujours à côté de ses pompes, crashant des voitures à tour de bras, Alexandre ne va réaliser qu’en écrivant son livre que PH est flou, fou, autiste ; qu’il l’a toujours su, même si personne ne lui a jamais dit..., assez surprenant tout de même, surtout quand on a 2 parents psychiatres, à moins que ceci n’explique cela ?

Visiblement cela n’empêche pas les névroses au sein de cette famille dysfonctionnelle, et PH va se retrouver incarcéré pour des histoires à dormir debout. Le père en fait en véritable maladie, il somatise aurait dit feu la mère, et il ne va pas l’emporter au paradis.

La mère morte depuis un bail, s’est réincarnée en énorme lapin qui pointe le bout de son nez dès qu’Alexandre franchit le seuil de la maison du père.

Pendant toute cette lecture, je n’ai pas arrêté de me demander quelle était la part de fiction et celle d’autobiographie, tout se mélange, on ne sait plus très bien et finalement ça n’a pas grande importance, tant tout paraît vécu, le réel comme l’irréel.

Alexandre Labruffe nous prend par la main, et nous entraîne dans une ronde hallucinée au cœur des Landes à danser et descendre toutes les bouteilles de vin de la cave familiale devant un grand feu de joie réalisé à partir de toutes les vieilleries exhumées de la maison.

C’est « border », décousu, ça part dans tous les sens, follement poétique, semé d’haïkus égrenés de-ci de-là, tels des confettis, parenthèses désenchantées autour de la vie carcérale, du deuil, de la maladie, de la folie...

Je me suis laissé dériver au fil du récit et la sensation était agréable, relevée par une lame de fond d’humour salé à souhait. Quelques réserves : des longueurs vers la fin, fin que j’aurais souhaité plus fantasmagorique et jubilatoire, et les deux personnages féminins ont fini par m’agacer (la compagne d’Alexandre et la chamane en carton) les blagues étant un peu redondantes.

Si vous voulez du burlesque, du foutraque, des légendes familiales, je ne peux que vous conseiller de foncer sur les rectilignes routes landaises. Sortie de route assurée, à la lecture de ces confessions hallucinées, vous prévient le panneau de la photo en couverture…



« Parfois, une fumée,

un nuage de mots et d’images, des négatifs abîmés

me traversent, venus du fond des âges, de ma préhistoire.

La carapace qui se fissure.

Ma mémoire congelée

qui fond.

Aujourd’hui,

mes souvenirs sont des icebergs

qui dérivent

dans une mer virtuelle.

Ces fragments glacés se heurtent

à ce que je vois, ce que je fais,

je m’arrête dans la rue pour humer,

attraper ces bouts de passé,

miroirs brisés, reflets déformants,

à travers lesquels je m’observe. » (p.200)

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Chroniques d’une station-service

Si vous voulez faire le plein…



…d’histoires cocasses, philosophiques, économiques, sentimentales, alors rendez-vous dans la station-service de la banlieue parisienne où travaille le narrateur du premier roman de Alexandre Labruffe.



Quoi de plus banal et de plus ennuyeux que le travail dans une station-service? Comme le dit le narrateur de ce roman très original, la plupart des automobilistes ignorent jusqu’à l’existence de l’employé qui n’est plus pompiste. Mais à bien y regarder, cet endroit offre un point d’observation privilégié sur le monde, à condition d’élaborer une stratégie pour tromper la routine et l’ennui. Car, que l’on soit riche ou pauvre, en déplacement professionnel ou pour touriste, que l’on soit seul au volant ou en famille, tous se retrouvent un jour à devoir faire le plein ou effectuer un achat de dernière minute et laissent transparaître un bout de leur vie derrière les pompes à essence.

Le jeune homme que met en scène Alexandre Labruffe aime autant l’odeur de l’essence que son poste situé en banlieue parisienne, près de Pantin. Il se voit comme une «vigie sociétale» qui voit passer le monde devant lui «partir ou arriver, excité ou épuisé». La galerie de personnages qui défile là nous donne en effet de quoi nous divertir ou nous faire réfléchir sur des sujets aussi variés que la famille, la politique, l’environnement, les médias ou encore les relations hommes-femmes.

Plus pu moins sérieuses, les notations sur le Coca zéro, le plus produit qu’il vend le plus, sur les films de série B ou de science-fiction qu’il passe en boucle sur son écran ou encore sur les manies des habitués vont le rapprocher de son mentor, lui qui aurait aimé être Baudrillard.

Les mini-chroniques, qui sont autant de choses vues, vont prendre un tour plus intime quand apparaît la jeune femme asiatique: «Cette femme est un mirage. Elle vient probablement d’une autre galaxie. Tous les mardis à la même heure, vers 18 heures, habillée invariablement de talons hauts, de collants (noir ou chair) et d’une jupe à pois (ce qui renforce son innocence et son éclat), elle achète un paquet de chips à l’oignon et repart. Tétanisé, je la regarde pénétrer dans le magasin. Je retiens mon souffle. Tout se contracte, se fige. Le temps. La station. L’espace. Mon cœur.» Que les lecteurs à la recherche d’un plan de drague infaillible passent leur chemin… À moins qu’ils cherchent la confirmation que pour peu que la volonté soit là, il est possible que des miracles se réalisent. Mais je vous laisse découvrir les charmes de la relation qui va se nouer avec Seiza pour en venir aux autres relations de notre employé-sociologue, Ray, Jean Pol, Nietzland et les autres. Cet ami qui divorce sans vouloir quitter sa femme, ce patron qui voit d’un mauvais œil ses initiatives artistiques – transformer la station en galerie d’art – ou encore cette Cassandre qu’il retrouve dans son lit. Un vrai régal de «choses vues», avec un œil pétillant de malice.




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Cold case

Comment un jeune homme coréen a t'il pu finir congelé à Toronto ?

A partir d'une simple phrase lancée par sa compagne au sujet de son oncle, l'auteur va décider de mener sa petite enquête, et cela deviendra également son nouveau sujet de roman.

J'ai à la fois été étonnée par le sujet mais aussi surprise par la méthode employée par Alexandre Labruffe pour enquêter, il va surtout faire appel aux souvenirs des membres de la famille de sa compagne, alors même que ces derniers semblent ne pas avoir envie du tout de remuer le passé.

Nous serons confrontés à des mystères, des secrets, du surnaturel, peu d'informations concrètes, quelques photos et bribes de souvenirs et au final, on ne sait pas trop si tout ça aura un sens ou si ça se terminera par beaucoup de bruit pour rien.

J'avais beaucoup aimé les ouvrages précédents de cet auteur, mais là, même si j'ai lu le livre jusqu'au bout, je suis restée sur ma faim.
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Un hiver à Wuhan

Wuhan, ville de science-fiction, sous pollution…

Ville délirante, bruyante, tonitruante et omnivore.



Alexandre Labruffe raconte sa confrontation avec ce qu’il appelle le Gotham City chinois.

Attaché culturel en Chine en 2019, il regarde vivre ses étranges humains, confrontant ce présent d’une Chine de tous les excès avec les souvenirs d’un précédent séjour en 1996. Le pays a dématérialise sa consommation, accrue technologiquement la surveillance des masses, explosé sa population et ses infrastructures et voué un culte total à l’argent. Gigantisme et absurdité.



Le récit s’apparente à des brèves de comptoirs, des petites anecdotes qui dessinent une ambiance décalée. L’auteur partage sa curiosité, son flegmatisme et sa candeur et n’hésite pas à formuler dans la démesure et les élucubrations. Certains passages en deviennent abscons. Mais ça colle au kitsch du sujet.



Un petit livre qui se déguste d’abord comme une friandise littéraire, décalée et fantaisiste, pour finir par se fracasser sur le chaos de la crise sanitaire. L’auteur, rentré en Europe juste avant la fermeture de la Chine, pose alors un œil sarcastique et effrayé sur cette étrange réalité prévisible, jouant d’une plume survoltée sur la période surréaliste que nous vivons tous.



Amusement et effroi mêlés.

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Wonder Landes

Diego le gitan, Loulou Escobar, un trafic de Kinder Bueno, des vols de tractopelles, un kidnapping, des usurpations d'identité, des escroqueries énormes, une chamane 2.0 qui rédige des dictons sur internet, de la psycho généalogie, un père qui agonise, des voitures de luxe, des soirées alcoolisées, des secrets de famille et les délires d'un arnaqueur peut être autiste, peut-être schizophrène, mais surement parano…voilà les ingrédients de cet ouvrage un peu particulier, mi-roman, mi-journal intime.

Alexandre Labruffe nous raconte une année de sa vie, une année morcelée, une année floue pendant laquelle il va assister à la maladie et à la mort de son père et à l'incarcération de son grand frère.



Avec sa façon toute personnelle, par petits paragraphes, avec des mots et des idées qui s'enchainent de façon un peu décousue, il nous expose ses états-d 'âme, ses interrogations, ses colères, sa stupeur, sa peur, ses découvertes au sujet de l'un et de l'autre, deux hommes qu'au fond, il ne connaît pas vraiment.

J'ai suivi avec intérêt ses péripéties, ses rencontres avec des amis, ses discussions avec sa femme, ses échanges de mails et SMS avec son père et son frère, même si cela implique de plonger avec lui dans une famille bizarre, où rien n'est dit, où le flou est la norme, au point qu'on ne sait bientôt plus ce qui est réel, ce qui est exagéré, ce qui est crédible ou pas…



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Chroniques d’une station-service

Le sous-titre aurait pu être "brèves de pompe” ! Pompiste à Pantin le narrateur livre ses pensées banales, philosophiques, érotiques, décousues et humoristiques ; ses réflexions sur ceux qui passent et ne le voient pas, ceux qui se posent au comptoir pour refaire le monde.



Des habitués, des gens de passage, sa sœur et ses amis qui prennent la station pour un lieu d’expo à la mode. Il joue aux dames avec un ami, plonge dans les nanars de zombies et autres films noirs, rêve devant des jambes sur un vélo avec un paquet de chips... Des morceaux de vie d’un pompiste de nuit : la sienne et celle de ceux qui passent.



Lecture sympathique et reposante.



CHALLENGE RIQUIQUI 2020
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Wonder Landes

Suite à l'incarcération de son grand frère en mai 2018, l'écrivain revient dans les Landes pour enquêter sur les arnaques et la double vie de celui-ci, entrepreneur intrépide et play-boy dépensier. Leur père se meurt et il doit aussi vider la maison paternelle. Il est alors envahi par les souvenirs, des phases de panique et des moments de stupeur qui ébranlent ses certitudes.



J'ai eu beau essayer, donner une chance à ce bouquin, cet auteur, et à la fin (j'ai eu du mal à le terminer) j'aime encore moins que "Chroniques d'une station service". Où il tentait de faire du Djian, mais le Philippe Djian était bon jusque "Echine". Ensuite il a signé chez Gallimard et il a perdu son souffle. Et ici, alors que j'aime beaucoup les livres faits de fragments, j'ai eu vite fait de caler, exténuée.



Ce livre non seulement est fait de fragments, mais parfois une partie des fragments est faite de phrases découpées, "à la ligne", mais sans rime ni raison. Ni dans la sonorité des mots, ni dans leur signification on ne comprend pourquoi il a fait ses phrases "à la ligne". N'est pas Joseph Ponthus qui veut, loin de là.



Et on est pris entre psychanalyse, chamanes coréennes, sexe avec accessoires, projections du père et de la mère sur le fils perdu, et sur la recherche psychiatrique non documentée de l'auteur sur l'état de son frère, sur ce qui aurait pu le rendre comme celà, mythomane et beau parleur. On passe par toutes les idées toutes faites : psychose, oedipe, autisme. On croit au complot. On découvre des accessoires fétichistes. Et cela, autant chez le père malade que dans les affaires du frère.



La majorité du récit se déroule dans les Landes, la famille ayant vécu là, dans une propriété appartenant au père, lui-même professeur et psychanalyste, mais gros défaut : rien n'est décrit. Impossible de se faire une image mentale des lieux, des personnages, rien du tout. Et tous ces personnages sont détestables, aigris, bizarres. L'auteur, ses amis et sa femme coréenne ne semblent vivre que d'alcool.



C'est pénible à lire, rien n'est clair, tout est symbole psychanalytique. Aussi, ce qui est décourageant c'est de voir l'auteur se réjouir d'une formule, d'une phrase, se répétant et s'auto-félicitant de la beauté de la phrase en question. On dirait G. Matzneff dans ses carnets. Sinon, pour l'alcool et le sexe, il nous fait du Beigbeder au rabais.



Je n'aime pas du tout. Je suis allée jusqu'au bout, pourtant. Ça ne m'a ni touchée ni étonnée ni inspirée. Allez, ouste !
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Wonder Landes

C'est bien connu, on ne choisit pas sa famille, et parfois, ou souvent, je n'ai pas les statistiques, on la subit.



Dans ce roman un brin farfelu, fou et flou, Alexandre Labruffe nous entraîne dans son road movie familial. Son frère Pierre-Henri, PH, en est le fil conducteur, entouré bien sur de l'auteur, de la compagne coréenne de celui-ci, Kim, des parents avec une dominance du père Alain, des ex, du père et de PH, et des copains. La vie de cette famille était loin d'être un long fleuve tranquille mais le jour où PH est arrêté puis incarcéré, le sol va s'ouvrir sous leurs pieds. Alors certes, PH était loin du fils calme, paisible, pépère, sans histoire. Mais de là à franchir la porte d'une prison... C'est une déflagration, un séisme autant pour le père que pour Alexandre, le frère, qui ne comprennent pas ce qui se passe. La mère étant décédée, le naufrage de son fils aîné lui est épargné.



PH n'est pas simple, ne l'a jamais été. Personnalité multiple, il se fond dans le décor à la façon d'un caméléon, épouse la forme qu'on attend de lui ou qu'il pense qu'on attend de lui. Est-il bipolaire ou multipolaire comme le prétend Kim ? Mythomane ? Les questions surgissent, les réponses manquent.



A travers les 4 saisons d'une année, avec beaucoup d'ironie, de dérision pour bouclier de survie, l'auteur nous promène de Paris à Bordeaux puis les Landes avec quelques détours par Angoulême. J'ai trouvé certains passages hilarants. Certaines formules font mouches. On rit dans le drame, on sourit du drame, on met à distance, peut-être pour faire taire d'autres émotions.
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Chroniques d’une station-service

« Je suis au sommet de la pyramide de la mobilité en quelque sorte : le rouage essentiel de la mondialisation. (Sans moi, la mondialisation n'est rien.) » (p. 7) Beauvoire est pompiste dans une station-service de la région parisienne. En courtes phrases, il raconte son quotidien. « Rares sont les clients qui me voient ou me parlent. Je suis transparent pour la plupart des gens. Certains se demandent sans doute pourquoi j'existe encore, pourquoi je n'ai pas été remplacé par un automate. Des fois, je me le demande aussi. » (p. 6 & 7) Les automobiles qui s'arrêtent le temps d'un plein, d'un café, d'un sandwiche ou d'une miction. Les habitués qui viennent partager une partie de dames ou un verre. Beauvoire est un observateur essentiellement passif, mais qui parfois, de bon gré ou à contrecœur, se retrouve acteur. Sans savoir pour qui ni dans quel but, il fait passer des messages. Il ose aussi aborder la sublime cliente japonaise qui passe une fois par semaine. Il se rebelle contre son patron en organisant des expositions sauvages sur les murs de la station. Quant au temps qui coule, poisseux comme l'essence, le pompiste le trompe en lisant, en regardant des films ou en pensant à Jean Baudrillard, philosophe qui semble donner à toute chose un sens plus profond, pour peu qu'on accepte de renoncer aux évidences. Avec la lueur vacillante des néons et des enseignes pour seules étoiles, Beauvoire rêve à plus grand, plus loin, mais pour quitter sa station-service, il faudrait un éclat, un coup de tonnerre qui peut-être jamais ne viendra.



Non-lieu par excellence, la station-service est un espace étrange : on ne s'y arrête que pour mieux repartir, regonflé, rempli, reposé. Ce lieu de passage où l'on ne laisse rien porte un nom trompeur. Une station, c'est là où l'on s'arrête, mais la finalité de la station-service n'est pas l'arrêt, c'est le renouvellement du mouvement. De fait, produire des chroniques sur l'impermanence, c'est paradoxal, c'est un pari pris sur l'éphémère. C'est vouloir écrire la répétition là où rien ne revient ni ne perdure. C'est parfaitement vain. Et donc totalement sublime. À l'image du premier roman d'Alexandre Labruffe.
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Chroniques d’une station-service

"Le chiffre 5 en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À L'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste."



Je retrouve ces phrases courtes, tranchées, ces cris silencieux face à l'absurdité d'une époque vide de sens et emplie de consommation, consumation.

À défaut d'une indignation beuglée nait chez Labruffe un constat incisif. Constat brut et détonant d'une société carbonisée transportant vers un proche néant l'homme déjà fossilisé.

Délectable poésie apocalyptique, cerveau propulseur de réflexions, succession de pensées en injection, Labruffe est un turboréacteur, un avion de chasse ovni lancé en pleine vitesse sur la planète pour la stimuler.



"Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide"



Vacuité d'un système, zombis du quotidien perfusés au coca zero et chips aux oignons.

Quel pouvoir nous reste-t-il avant la poussée d'un troisième oeil ?

La post culture apocalyptique, dystopique nous à-elle-déjà imaginés en être demystifiés mais plastifiés ?

Précisément, nous sommes dans l'ère du néant, en panne d'essence.

Accessoirement, Labruffe invoque Baudrillard.

Concrètement, je me shoote , m'enfile des lignes de virtuosité et de maîtrise me menant aux confins d'une construction littéraire artistique des plus cinématographiques.



"Je me dis qu'une pensée est un feu d'artifice figé".

 

Labruffe en est l'artificier.

Réservoir inépuisable de traits d'esprit , il carbure à l'à propos et la substance première de ses élucubrations est un pur elixir d'essentialisme sous des airs flegmatiques.

De contemplations en imaginations, il nous offre un subtil roman distillant l'intelligence et l'humour corrosif, au même titre que" Wonder Landes" et " Un hiver à Wuhan", et ca vaut de l'or (noir).



Totalement addicte et momentanément désœuvrée de ne plus pouvoir aller au ravitaillement ayant épuisé cette bibliographie.



"Je respire l'odeur humaine, aggravée de fleur morte et de pétrole, qui offense le jardin [Colette]"

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Un hiver à Wuhan

Il y a des écritures singulières qui s'inscrivent, s'impriment instantanément dans notre cerveau. Ce genre d'écriture d'auteur inconnu qui nous paraît pourtant familière, celle qu'on a la sensation d'habiter depuis toujours.

Celle d'Alexandre Labruffe m'a obsédée il y a peu lors de ma première rencontre avec ses phrases concises et percutantes dans "Wonder Landes".

Je me suis alors précipitée afin de le retrouver en Chine cette fois-ci, curieuse de lire sous sa plume cynique et éclairée sa vision sur la megapole libérale-totalitaire. Ce nouveau monde et ses obsessions qui veut reléguer l' Amérique aux oubliettes, au delà du rêve, au delà de la réalité. L' affection toute particulière qu'il voue aux chinois face à l'étrangeté d'une nation mutant vers la SF version K-Dick. Et Labruffe à eu tout le temps de l'étudier cette Chine durant toutes ces années où il a été l'oeil de l'occident en tant que contrôleur qualité puis attaché culturel. Il a vécu en live l'agonie de ce grand pays dans les années 80 puis son ascension, ses "micro-apocalypses" qui la mène sur le toit du monde. La réalité est digne d'une dystopie, entre surveillance et pollution, dématérialisation de la consommation, vitesse tyrannique et souveraine.

Sans surprise, Labruffe apprend de la Chine "la paranopocalypse", ces genres de coups de foudre qui nous font déconnecter les neurones, un orage neuronal tel un shoot de drogue douce. Un genre d'opium qui noie l'esprit et l'entendement. Hallucination ? Non, il suffit d*ouvrir les yeux et de lire sur les panneaux publicitaires "exploring the endless future".

Wuhan accueille également le covid, les autorités admettent tardivement mais officiellement son existence. Tout est sous contrôle...

Des chiffres qui ne bougent pas durant 15 jours au nombre de 41 alors que les cas explosent dans le monde.

Paranoia ou lucidité ?... Puis :

Lock-Down. Black-out.

Labruffe secoue, nous mène dans l'antichambre du délire programmé, le point zéro de l'atelier du monde de la mondialisation sauvage, la barbarie du réel, le tout servi par une plume audacieuse et caustique doublée d'un esprit brillant

Impact immédiat.

J'aime. J'adore. J'adhère.

Adhérez au plus vite !



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