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Critiques de Amélie Nothomb (8986)
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Barbe bleue

Sans doute vous est-il déjà arrivé de retrouver un auteur après l’avoir délaissé un moment. Le plaisir alors ressenti de redécouvrir une plume bien connue, un univers particulier, une atmosphère…C’est un peu comme retrouver un ami perdu de vue, le rencontrer subitement au hasard d’une rue, percevoir de nouveau ce qui vous a plu ou déplu en lui; cet étonnement de constater que la complicité est quasi intacte, malgré le temps passé, les chemins divergents, les êtres différents connus au fil des ans. L’on se souvient des bons moments, des déceptions occasionnées, des rires et des colères partagés.

Mais à l’inverse de l’amitié, avec les auteurs, la fidélité n’est pas forcément de mise, on agrée la dispersion, la diversité est même conseillée, on peut s’éparpiller, se perdre chez d’autres écrivains, dans des forêts de phrases appartenant à d’autres, on se permet d’aller rêver ailleurs…



Amélie Nothomb nous avait régalés avec des œuvres originales au ton neuf. Les réjouissantes « Hygiène de l’assassin », « Mercure », « Les catilinaires », étaient jubilatoires. « Stupeur et tremblements », « Biographie de la faim », « Métaphysique des tubes », largement autobiographiques, révélaient une sensibilité d'écorchée vive. « Attentat », « Robert des noms propres », ou « Antéchrista » avaient su nous charmer en imposant un univers implacable fait de finesse et d’ironie mordante.

Et puis toujours ces phrases brèves et cinglantes qu’on aimait prendre à la volée, ce regard aiguisé sur les travers du genre humain, cette facilité à nous faire ressentir toute une palette d'émotions aussi contradictoires que profondes, cet humour si particulier et ravageur…



Les romans de l’auteur étaient alors aussi appétissants que nourrissants, offrant par leur admirable concision, une sève nutritive dont on se délectait avec frénésie, dans une sorte d’urgence, de transe impérieuse.

Alors…trop énergétiques les œuvres d’Amélie ? Sait-on jamais. Comme un plat aimé dont on se gave et dont on se gorge à satiété, jusqu’à saturation et écœurement, arrive un jour où, oh misère, l’effet kiss cool n’opère plus !

On continue à lire, toujours d’un traite et agréablement comme avec « Acide sulfurique », mais en se demandant où sont passés l'ironie mordante, la verve et l'humour décapant, cruellement déçus de ne pas retrouver le sel et le piquant qui avaient fait le succès de cet écrivain si prolixe...trop peut-être ? Ou peut-être est-ce nous qui avions changé finalement ?

Tout comme les amitiés trahies sont dures à encaisser, les déceptions littéraires sont difficiles à accepter et sonnent le glas d’une relation cérébrale privilégiée entre un lecteur dépité et un auteur jusqu’alors estimé.



Et puis un jour, un heureux hasard (plus exactement, un cadeau de noël) nommé « Barbe Bleue », vous fait rencontrer l’auteur à nouveau et vous en éprouvez un réel contentement, comme quoi l’homme monstrueux du conte de Perrault à aussi quelques qualités !

Certes, l’engouement des premières lectures a bel et bien disparu mais le charme opère derechef et c’est avec satisfaction que l’on redécouvre le microcosme fictionnel de l’auteur du « Voyage d'hiver » ou plus récemment de « Tuer le père ».



En réinventant le conte de Perrault, Amélie Nothomb nous offre l’un de ses face-à-face dont elle a le secret.

Son « Barbe bleue » prend les traits d’Elemirio Nibal y Milcar, un aristocrate espagnol de 44 ans au nom à coucher dehors (Nothomb oblige), tandis que l’une de « ses victimes » s’incarne sous une jeune belge de 25 ans, Saturnine, alléchée par la proposition de colocation dans un luxueux hôtel particulier parisien pour une somme dérisoire.

Choisie par le maître de céans parmi tout un tas de prétendantes à la colocation, Saturnine emménage dans ses nouveaux et riches appartements, totalement éblouie par l’opulence des lieux où la couleur or règne en souveraine. Mais elle ne tarde pas à comprendre que son noble hôte espagnol est décidément bien douteux et que la suspicion d’assassinat des huit autres femmes l’ayant précédée est très vraisemblablement fondée. Les pauvres femmes ont apparemment payé de leur vie leur trop grande curiosité en pénétrant dans le sanctuaire sacré de l’Espagnol, une chambre noire, seule pièce interdite de la fastueuse demeure. Quoi qu’il arrive, Saturnine se jure bien de ne pas succomber à la tentation de l’indiscrétion.

Entre comportements farfelus, champagne coulant à flots, mets délicieux, conversations d’esthètes et réflexions métaphysiques, s’instaure alors un tête-à-tête enjoué et subtil entre la jeune belge intrépide et l’aristocrate énamouré au sens chromatique aigüe…Une joute verbale frétillante de bons mots et de formules spirituelles dont on se demande qui sortira victime et qui bourreau…



Frais, léger, pétillant comme des bulles de champagne, ce breuvage couleur d’or qu’elle met en scène avec ravissement, le « Barbe bleue » d’Amélie Nothomb est l’occasion pour nous de sympathiques retrouvailles.

L’on y retrouve ses phrases percutantes, aussi courtes et concises que ses chapeaux sont hauts, ses choix de noms fantaisistes, son humour laconique et subtil, son sens spontané des dialogues, ses protagonistes bizarres aux caractères saugrenus, sa gourmandise et son raffinement…tous les ingrédients qui composent son univers baroque.

L’excellence des premiers temps a fait place à des textes fluides, enjoués et plutôt délectables…Que demander de plus après tout ? Alors ? amie, Amélie ?...

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Le livre des soeurs

Le dernier roman d'Amélie Nothomb est pour moi un conte. J'avoue qu'il m'a bien plu même si au début, j'étais un peu agacée par les parents de l'héroïne. Au fil de la lecture, l'histoire était un peu abracadabrante et le conte fantastique n'était pas loin.

Nora et Florent se rencontrent et c'est de suite le grand amour. Leur entourage pense que cela leur passera mais rien n'y fait, ils s'aiment toujours passionnément. Leur premier bébé, Tristane, pleure sans discontinuer mais un jour Florent, son papa, lui intime de ne plus jamais pleuré et les pleurs s'arrêtent instantanément, de quoi rendre jaloux certains parents...

Et c'est à ce moment où l'histoire vire à l'improbable. Les nouveaux parents s'aiment toujours avec entrain au point que la petite n'a pas de place pour eux et délaisse leur fille en la laissant très souvent seule avec elle-même. Et c'est là qu'elle n'ose plus faire de bruit de peur de déranger ses parents. Quelques années plus tard, la petite soeur, Laetitia, arrive. Tristane va avoir une vie transformée grâce à ce petit être venu au monde.

Je ne vous en dirait pas plus sur l'histoire.

Ce conte à été pour moi, savoureux et mystérieux. Un bel hommage à la fratrie et plus particulièrement aux soeurs que l'on peut avoir dans la vraie vie. Une telle complicité nourrie les espoirs les plus fous.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas apprécié autant un roman de cette autrice.
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Attentat

Un bien sympathique remake de la belle au bois dormant ou encore de Notre Dame de Paris. Notre Quasimodo est ici Epiphane Otos et notre Esméralda, Ethel. Deux êtres que tout oppose car si Ethel est d’une grande beauté, Epiphane est d’une laideur repoussante.

Amélie Nothomb s’attarde à merveille sur la complexité des codes esthétiques en fouillant avec panache et intelligence les talents insoupçonnés d’être laid, voire très laid.

Si « la beauté est fragile et ne dure pas, la hideur est solide et fiable ». Sans compter qu’être laid cela peut être utile pour sublimer la beauté. Une beauté ne sera que plus belle accrochée au bras d’un être hideux, c’est bien connu.

Qu’en est-il alors de l’amour ?

Les réponses sont tout à la fois surréalistes, allégoriques mais toujours terriblement d’actualité. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé ce passage allégorique sur le fleuve Amour en Sibérie. Qui voudrait aller se les geler en Sibérie pour voir ce fleuve Amour et qui voudrait aimer un homme qui excelle en tous points à être l’homme le plus laid de la terre.

La beauté intérieure ne fait pas tout, c’est certain et Amélie signe un roman tout en nuance, en tendresse et en humour pour un thème universel et diablement intellectuel. Moi je dis, vive les laids, avec eux au moins, on ne s’ennuie jamais !
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Le livre des soeurs

Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=1h371D82VVo





Je vais faire une chronique un peu différente parce que rien ne va dans ce bouquin, alors je peux même pas faire un raisonnement avec des thèmes, c'est vide, y a rien à se mettre sous la dent. Ça me donne presque envie de remonter la note de Cher connard, c'est dire. Ce que je veux dire, c'est qu'on dirait vraiment (mais vraiment), un livre pour enfant (je dirais entre 3 et 7 ans). L'intrigue tient sur l'ongle du petit doigt, on va la résumer quand même : Tristane est une petite fille dont la surdouance enchante le monde, tout en lui mettant des bâtons dans les roues. Elle réinjecte une dose de féérie dans son quotidien : ses parents qui sont dans l'abandon et leur bulle passionnelle, sa tante Bobette alcoolique et paresseuse, tout cela ne sont que des obstacles de conte. Mais heureusement, une surprise l'attend, le ventre de sa mère s'arrondit… »



Et bon sang, ma manière d'en parler est nulle à chier et pourtant bien mieux que le bouquin. Donc, voilà, je vais vous dire vite fait ce qui ne va pas en général, et puis ensuite, on va corriger un passage pour voir à quel point son style fait mal aux yeux. Vous êtes prêts ?



Je ne sais pas si c'est fait exprès la mièvrerie, peut-être qu'elle a voulu faire les choses sous le point de vue de l'enfant (sauf que c'est un point de vue externe, donc bon, le concept du narrateur qui a 3 ans d'âge mental, j'ai jamais vu, c'est peut-être expérimental cela dit, peut-être que dans 200 ans, on criera au génie. Et puis un enfant qui dit « Tristane commença sa vie sociale » c'est pas crédible, c'est ça qui est bizarre dans ce livre, c'est qu'il n'y a pas d'unité au niveau des registres de langue, c'est très bébé, puis tout à coup, une formule presque journalistique, c'est particulier ). Personnellement, j'ai eu l'impression que Amélie Nothomb s'est dit, allez, je dois écrire le livre pour la rentrée, j'ai quoi, deux semaines un mois, on a qu'à, hein, écrire comme ça nous vient, c'est presque du flux de conscience, n'est-ce pas Choixpeau, je fais quoi Choixpeau, 30 000 mots ? Non, allez, je sens que cette année on peut même faire 25 000, puis allez, je mets quelques mots vieillis et archaiques, c'est ce qu'ils aiment, ils veulent du Nothomb, on va leur donner du Nothomb, comme enfançonne, c'est bien ça enfançonne, tu n'es pas d'accord Choixpeau ?



La péripétie la plus marquante du bouquin, c'est quand Laetitia veut plus jouer avec Tristane, tu comprends, c'est pas cool de perdre. Alors elle jette les pions par terre. Fin de la péripétie.



Sagace et délicate, dira le Elle de cette semaine pour décrire cette histoire sous forme de conte, racontée dans une langue limpide et grave. Je dirais même dans une langue aquatique et burinée pour ma part.



Bon, ce qui va pas, c'est que les phrases font 5 à 7 mots en moyenne, que malgré la finesse du bouquin, on trouve quand même des répétitions et des clichés littéraires « fraiche comme une rose », « un lien magique », répétition de la formule « histoire de », de la formule parlée « du coup » (et dans la narration, pas dans un dialogue », des manièrisme comme le « enfançonne dont je parlais), vaquer à ses occupations,…



L'impression parfois qu'elle était à côté de son dictionnaire de synonyme et qu'elle voulait à tout prix utiliser tous les termes possibles pour former un champ lexical dans le même paragraphe : « Là, elle vivait la fièvre de l'acquisition du langage […] Si elle entendait passer un terme fabuleux comme « tabouret » […] l'excitation s'emparait d'elle […] Cela nécessitait une audace folle car certains vocables déclenchaient des effets magiques imprévisibles […] elle frissonna de plaisir […] la volupté la terrassa. » C'est tellement hyperbolique en plus, que ça veut plus rien dire.





Les dialogues sont mauvais, très mauvais, y a aucune incise en plus qui permettrait de caractériser le personnage ou bien de mettre de l'ambiance dans la scène. Les incises permettent aussi de jouer sur le non dit ou sur la dualité d'un personnage. Par exemple, quelqu'un qui dit, « Je suis pas énervé » et que tu vois que ses mains tremblent quand il se roule une clope, tu sens un hiatus entre ce qu'il dit et ce que son corps dit. Ben Amélie Nothomb s'en sert jamais des incises, ses dialogues, c'est ce genre :



« — Des études ! N'importe quoi !

— Bobette, comment veux-tu qu'elle devienne présidente de la République autrement ?

— Elle prendra le pouvoir, et puis voilà.

— Un coup d'Etat ? intervint Florent. Là, c'est toi qui es facho.

Tristane trouvait que tatie Bobette était pleine de caractère et qu'en sa présence on existait plus fort.

Quand elle rentrait en voiture avec ses parents, ceux-ci avaient sur tante Bobette des propos peu amènes :

— Ca ne s'arrange pas, ta soeur.

— Quel cas social »



Si on avait misé sur le non-dit, ça aurait été beaucoup plus intéressant. Si les parents disent que c'était chouette de la revoir, et que leur corps les trahissent, avec une voix aigue, ou un regard un peu fuyant y aurait eu un sous texte, une texture différente.





Bon et maintenant, le moment que vous attendez tous (comment ça, non ?), le super atelier écriture spécial Amélie Nothomb. Voici l'extrait choisi, mais ça aurait pu être n'importe lequel :



«Tristane contemplait interminablement l'amour endormi. Elle retenait son souffle de peur de l'éveiller. Au prix d'un silence absolu, elle pouvait entendre la respiration infime : ce son ténu lui dilatait l'âme de joie »



Alors, comme dans Top chef, on va partir sur de l'épure, hein, l'épure, c'est bien, l'abus d'adjectifs inutiles et d'adverbes, c'est pas bien. (D'ailleurs, petite parenthèse, quand utiliser des adjectifs ou des adverbes ? Quand ils apportent vraiment quelque chose au nom ou au verbe (quelque chose d'inattendu). Ici par exemple, contemplait interminablement, c'est presque un pléonasme, parce que le verbe contemplait amène déjà une valeur de durée, donc on vire « interminablement ». Ensuite, l'amour endormi, pour moi, l'adjectif est de trop, parce qu'on sait dans le contexte du paragraphe que la petite dort, allez, zou « endormi » et puis juste amour, c'est bizarre à l'oreille, donc on remplace par « sa soeur ». Phrase suivante, « de peur de l'éveiller », on vire, le contexte permet de comprendre pourquoi elle le retient, son souffle, elle est pas en train de le retenir parce qu'il y a un serial killer derrière le rideau. Au prix d'un silence absolu, on vire « absolu », parce que franchement, on s'en fout qu'il soit absolu ou pas, si c'est un silence, c'est déjà une absence de bruit, et « Au prix d'un silence », c'est étrange donc on vire, pareil pour « respiration infime », on peut dégager l'adjectif qui change pas le sens de la phrase (si sa respiration avait été bruyante ou ronflante à la limite pour signifier un rhume), grande seigneur, je vais laisser le « son ténu », parce qu'elle y tient hein, et enfin, je vire le « de joie » parce que je trouve que « dilater l'âme », c'est une image pas mal, et que le de joie est de trop.



Ce qui nous donne :



«Tristane contemplait sa soeur,. Elle retenait son souffle et pouvait entendre [s]a respiration : ce son ténu lui dilatait l'âme »



C'est pas encore du Sally Rooney, mais on s'en approche. Mais bon, si elle avait fait ça, ça aurait divisé son livre de moitié et ça aurait donné une petite nouvelle, ceci explique sans doute cela.





Bref, L'impression générale que j'ai eue, c'est que ce livre est là pour renflouer les caisses. Y a aucun effort sur le style ou même sur la manière de raconter l'histoire. On dirait que ça a été, oh tiens, la sororité ça vend bien ce moment, et qu'y a-t-il de plus sororal que l'histoire de deux soeurs ?



C'est vraiment mauvais, j'ai rarement lu aussi nul, franchement. Et ça me fait bien rire par conséquent le pataquès qu'il y a eu quand elle a manqué de peu le Goncourt, je l'ai pas lu celui de l'époque, mais si c'était du même acabit, franchement, c'est à vomir que le cercle littéraire encense ce genre de bouquin, quand à côté de ça, y a des auteurs talentueux et moins célébrés (et parfois des auteurs connus aussi mais qui sont loin de vivre de leur plume comme elle). Et le cynisme de vendre ça 18 balles, alors que c'est quoi, 45 minutes de lectures, n'en parlons pas. Bref, si vous voulez lire Martine vient d'avoir une petite soeur, allez-y, c'est le seul cas où je le préconise.



Moi en attendant, j'ai d'autres livres à lire, et j'espère vraiment qu'ils vont remonter le niveau.




Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Antéchrista

Ma fille ainée devait lire ce roman d'Amélie Nothomb pendant les vacances… un livre qui traîne à la maison fini inévitablement entre mes mains ( le suivant qu'elle a à lire est Thérèse Raquin de Zola… je vais me régaler !!).



Un roman qui ne pouvait me faire de mal puisque c'est un Nothomb… et qui dit Nothomb dit peu de pages et lecture rapide. Ca a encore été le cas cette fois-ci.

Mais j'avoue avoir été agréablement surprise car l'auteure décrit à merveille le mal être de l'adolescence (bon dans ses interviews elle ne se cache pas qu'elle a eu une adolescence assez compliquée) , mais c'était sans compter sur la force de ses deux personnages principaux qui grandissent et gagnent en intensité en même temps que les pages se tournent.



Néanmoins j'émets quand même un énorme bémol sur le comportement des parents de Blanche.. en tant que mère de 3 enfants je ne comprends absolument pas leurs réactions. du coup la crédibilité en a pris un grand coup.

Mais j'ai hâte de voir comment la prof de français de ma fille va aborder ce livre car des sujets importants sont traités : la manipulation, la soumission, l'influence des autres sur nos comportements, la mythomanie, etc...



Un roman intéressant, déstabilisant et dérangeant par certains aspects, mais assurément à lire !

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Le livre des soeurs

Le livre des sœurs



Je ne lis pas systématiquement le dernier-né d’Amélie Nothomb, même si en général j’aime bien cette auteure… elle m’avait déçue ces dernières années, après de vrais coups de cœur pour ses premières œuvres, puis reconquise avec « Frappe-toi le cœur » et surtout « Premier sang ».



Ici, avec ce couple fusionnel, caricatural, elle ne m’a pas émue plus que ça, même si j’ai suivi leurs pérégrinations, ou plutôt leur progéniture, avec intérêt ! C’est le lien qui va unir les deux sœurs qui reste le poumon du roman, comme le titre le laisse supposer. Un lien particulier, qui sera analysé jusqu’à la lie, mis en lumière par opposition aux liens sombres parents-enfants.



Certains passages m’ont semblé trop exagérés, dans un contexte de scénario plutôt réaliste. D’autres ont laissé apparaître une analyse très fine de certaines relations humaines. Enfin, le rapport aux mots et leur emploi nous rappellent que parfois, la parole ne suffit pas… car l’écrit permet une grande profondeur.



À l’heure où le papier à lettres ne se vend plus trop, je prône pourtant les échanges épistolaires qui apportent un charme supplémentaire à la communication !



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Riquet à la houppe

Enide, enceinte à quarante-huit ans donne naissance à Déodat après de nombreuses années d'un mariage heureux avec Honorat.

Mais, surprise, Déodat est affreux : ce qui n'empêchera pas les parents de l'entourer de compréhension et d'affection.

Déodat est exceptionnellement intelligent et passe au-dessus des railleries de ses camarades.

A sa grande surprise, au lycée, les filles l'apprécient.

D'un autre côté, Rose et Lierre ont une fille, Trémière, dotée d'une rare beauté. Les parents la trouvent bête mais heureusement, sa grand-mère, la mystérieuse Passerose l'élève et lui fait prendre conscience de ses qualités d'observatrice silencieuse.

Si on a lu le conte " Riquet à la houppe", on devine que ces deux enfants-là, le laid et la belle, vont se rencontrer un jour mais quand et comment?

Comme toujours, j'ai savouré le roman d'Amélie Nothomb. Sa sensibilité, son analyse des personnages, sa fantaisie, sa variation dans la façon d'aborder les thèmes qu'elle décide de traiter me font chaque fois craquer.

J'ai lu le livre très lentement pour savourer chaque page.

Il m'est arrivé d'aller voir sur Internet l'oiseau étudié par Déodat, la huppe fasciée, son hiéroglyphe et bien d'autres choses encore. L'auteure fait preuve d'une grande érudition ou curiosité car dans ce cas, elle s'intéresse aux oiseaux comme son héros et elle est loin d'être ennuyeuse.

Un grand moment de lecture pour moi !
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Soif

Donner la parole à Jésus, pourquoi pas, mais lui faire tenir des propos comme « happy few » ou « discrimination positive » m’a rebuté.

J’ai trouvé ça ridicule et hors de propos.

Quelques réflexions intelligentes noyées dans un texte de 150 pages n’en font pas un bon livre, tout comme une goutte d’un excellent sirop de citron noyé dans un litre et demi d’eau aussi fraiche soit-elle n’en fait pas une boisson savoureuse; le sirop ne se voit pas, ne se sent pas, bref, c’est inutile et insipide.



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Frappe-toi le coeur

Je me souviens d'une aïeule, à la mort d'une de mes tantes — confirmant le manque d'émotion déjà deviné chez elle malgré mon jeune âge (je l'aimais bien, elle était drôle et charmante ) — disant le plus sérieusement du monde : il me faudrait une piqûre pour pleurer. Une anecdote familiale ressurgie, bien qu'il s'agisse ici de naissance, devant le manque d'affect de Marie pour son enfant.



Car à la naissance de sa fille « Marie n'éprouva rien, ni déception, ni contentement. Elle aurait aimé qu'on lui explique quoi éprouver. » Et les choses ne vont pas s'arranger. D'ailleurs elles ne peuvent pas s'arranger car Marie est jalouse, pathologiquement jalouse de sa fille qui a le malheur d'être jolie, plus jolie qu'elle aux yeux de Marie.



J'avais envie d'aimer ce livre. Amélie Nothomb énigmatique, brillant de tous ses feux sur la couverture, avait sûrement des choses à me dire. Mon attente a été comblée. Amélie parle de l'attachement maternel et de la jalousie mère-fille, froidement. Et c'est ça que j'ai aimé. Qu'Amélie nous fasse ressentir, par son style inimitable et son ton distancié, le désert d'une enfant privée d'un amour essentiel, l'amour maternel.



Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Stupeur et Tremblements

La jeune Amélie est ravie d'être embauchée pour une durée d'un an par Yumimoto, une grande société japonaise. Il faut dire qu'Amélie aime le Japon, pays dans lequel elle a vécu enfant. En connaissant les usages (du moins, le croit-elle) et la langue, c'est pour elle une façon de rendre hommage à ce pays qui l'a tant marqué. Mais au pays du Soleil Levant, il n'est pas si simple pour une stagiaire belge de prendre ses marques et de se fondre au milieu d'un personnel d'entreprise régi par des codes très différents de ceux en usage en Europe.







J'ai toujours dit que je ne voulais pas mourir bête. Alors, il m'arrive d'essayer des choses pour lesquelles je ne suis pas très convaincue : le Tai Chi Chuan, le poisson cru, ou les chaussures à talon aiguille. Des fois, je suis ravie, j'aime beaucoup le Taï-Chi. Des fois, je n'arrive pas à prendre le "truc" pour marcher à 10 cm du sol, et je n'aime pas le gout prononcé et la texture du cru.



Côté lecture, je me dis aussi qu'il faut que j'essaie. Alors de temps en temps, je tente : Musso, Coehlo, plus récemment Gounelle. Ce coup-ci, c'était Amélie Nothomb. Après tout, les avis sont partagés : il y a ceux qui détestent, et ceux qui adorent, mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'elle est lue et qu'elle fait parler d'elle. J'ai donc voulu savoir si finalement, je me positionnerai parmi les "pour" ou parmi les "contre" (bon ok, j'avais quand même une idée sur la question mais comme je dis toujours : celui qui n'essaie pas ne se trompe qu'une seule fois !). Je me suis donc lancée dans la découverte de son roman le plus connu (enfin, je crois ?) : Stupeur et tremblements.



Sans surprise pour ceux qui me connaissent, je n'ai vraiment pas aimé.



Je n'ai pas aimé le fond : le choc des cultures, ça m'intéresse toujours, ça ouvre l'esprit à d'autres pratiques, etc… Là, pour le coup, j'ai trouvé les propos surtout caricaturaux et limite désobligeants pour les habitants du pays du soleil levant (bon, carrément désobligeants même !). Je n'ai pas adhéré au "positionnement" de l'héroïne qui semble surtout hésiter entre affirmer sa culture occidentale et son désir de se comporter comme une bonne japonaise. En gros, quel que soit son modèle de référence, elle choisit exactement et systématiquement celui qui est le pire à la situation présente. Maladroite, Amélie, ou plus simplement masochiste (ou en manque d'inspiration ? tsssssssssss je suis mauvaise langue !) ?? Et puis, enfin, en terme de contenu, soyons honnête, il n'y a pas grand-chose, ça sonne creux, pas que quoi caler une dent ni même combler une petite envie de lecture facile et rapide pas prise de tête.



Je n'ai pas accroché à la forme non plus. Si l'écriture est très imagée, j'ai trouvé les images inappropriées ou gratuites ; par exemple, Amélie, pour son premier jour, se fait "cracher" par l'ascenseur à l'étage de Yumimoto ; une image un peu abusive d'autant que, contextuellement, n'ayant pas commencé à travailler, elle est sur un petit nuage ! Pour continuer (rapidement) sur le chapitre, eh bien, des chapitres, il n'y en a pas. Le texte est "rythmé" par des paragraphes. Ça se veut drôle (je semble insensible à ce genre d'humour de situation) mais je trouve que c'est surtout verbeux, bavard.



Ça ne sert à rien d'épiloguer sur le sujet (307 critiques sur Babelio !!), je suis contente de pouvoir dire aujourd'hui : Amélie Nothomb ? Je connais, mais ce n'est pas pour moi ! Allez, zou, j'oublie tout ça et je passe à autre chose !
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Les Catilinaires

Si je ne me trompe, ce roman fait partie des premiers de la romancière belge. Certains semblent voués une plus grande admiration à ses premiers opus, je pense mais cela reste à confirmer, que j’apprécie davantage ses derniers romans moins tirés par les cheveux et moins alambiqués dans tous les termes désuets qu’elle manie toutefois avec grand panache.



Une histoire de voisin ici, de voisin emmerdeur comme l’écrit plusieurs fois Amélie et qui s’emmerde royalement dans la vie au point de s’imposer de 4 à 6 chez ses nouveaux voisins, Émile et Juliette, retraités depuis peu. Le couple n’aspirait qu’à la tranquillité dans cette Maison de leur rêve à la campagne. Mais Palemède Bernardin semble en avoir décidé autrement. Pourquoi ne pas s’emmerder à plusieurs? Palemède est plutôt vieux, cardiologue à la retraite, il ne connaît que deux mots : oui et non. Sa présence quotidienne et forcée n’a donc rien de plaisant pour le couple. Palemède est aussi marié. À un vilain très vilain kyste avec des tentacules en guise de main, un gros souci de surpoids et une bonhomie dégoûtante pour la sauce au chocolat qu’elle engloutit par tous ses pores ou presque.



Dans ce contexte assez sombre, il ne se passe pas grand chose. Nous avons affaire à quatre personnages qui ne ressentent pas la solitude de la même façon, qui regardent la vie avec des yeux diamétralement opposés. Amélie Nothomb dresse un portrait tantôt tendre tantôt sarcastique sur la pénibilité de la vie, du temps qui passe, de l’ennui, comparant la vie à une prison, les horloges à un instrument utile pour compter le temps qui nous rapproche de la mort. Un Amélie peut-être pas utile mais toutefois intelligent et interpelant qui nous sert de l’ennui mais sans nous ennuyer. Seule la dame aux chapeaux excentriques est capable d’un tel coup de maître.
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Frappe-toi le coeur

Amélie Nothomb et moi, c'est une histoire qui dure !

C'était en mars 2013 que tout a commencé.

C'est écrit là, sur mon grand cahier.

Juste après 2 Marc Levy et 1 Guillaume Musso.

Mars 2013, c'est le moment que j'ai enfin eu le courage de franchir le seuil de l'espace adulte de ma médiathèque...

Jusqu'alors, je le regardais de loin quand j'accompagnais mes enfants, aux rayons qui leurs sont dédiés.

Il me faisait peur...

J'ai toujours aimé lire depuis l'enfance et je me suis toujours adonnée à cette passion avec plus ou moins d'intensité, mais en devenant maman, j'ai remplacé mes livres de Stephen King ou d'Oscar Wilde par des Franklin, Petit ours brun ou princesses de Walt Disney...

Je ne saurais pas l'expliquer vraiment, mais face à tout ces livres pour adultes, je me sentais perdue, dépassée, trop bête pour en comprendre le sens, tout cela me paraissait trop intellectuel pour moi, alors j'empruntais des livres pour ados, sur le compte de mes enfants et je lisais un peu tout ce qui me tombait sous les yeux, par ailleurs. Des livres que l'on me prêtait ou que j'achetais par hasard, sans faire trop attention au genre ou à l'auteur. Juste par rapport à un titre, une couverture ou une quatrième alléchante.

Mais en mars 2013, tout a changé, suite à une émission télé où j'ai pu voir un portrait de Marc Levy.

Le lendemain, j'étais à la médiathèque !

De là, ma bibliothécaire m'a conseillé aussi Musso et... Nothomb.

Voilà, vous savez tout...

Ces 3 auteurs ont fait la lectrice passionnée que je suis aujourd'hui.

J'ai un énorme respect et la plus grande admiration pour chacun d'eux. Vraiment.

Ils font parti de mon parcours et pour cela, je leur serais à jamais reconnaissante.

Depuis, mes choix de lecture se sont affinés.

Alors que je ne lis plus systématiquement les nouvelles parutions de Musso et Levy, Amélie Nothomb n'a jamais cessé de m'étonner.

Le nouvel Amélie Nothomb, c'est mon incontournable de la rentrée !

Frappe toi le coeur est son 26ème roman.

Le 18ème qui est passé entre mes mains.

Cela fait d'elle, aussi, l'auteur que j'ai le plus lu à ce jour.

Chaque fois que je débute une de ses histoires, c'est comme si le temps s'arrêtait autour de moi.

Un moment suspendu.

Mes yeux ne se relèvent qu'à la dernière page tournée et le monde réel reprend vie.

Elle a ce don de me transporter dans son univers, Amélie...



Ce n'est jamais très simple de parler d'un de ses romans, sans avoir peur d'en dire trop.

La quatrième de couverture a toujours ce côté énigmatique, mystérieux, qui ne dévoile quasiment rien.

Une citation et c'est tout.

Alors que vous dire de Frappe toi le coeur ?

On y trouve une Marie, un Olivier, une Diane, un Nicolas, une Olivia... Et ça c'est plutôt original !

Il y a aussi de l'amour. C'est classique, mais ici, il sera plutôt question d'amour maternel. De relation mère-enfant.

Quelques éléments récurrents, propre à Nothomb, je veux bien sûr parler de beauté, d'intelligence, d'admiration, de fascination, d'êtres dotés de particularités et de comportements excessivement singuliers...Et j'en oublie sans doute...

Le champagne est de la partie, hein, mais très modéré cette fois et le mot "pneu"...présent dans chacune de ses histoires, qu'elle qualifie comme une signature d'authenticité. Signature vraiment discrète, car jusque là, je ne l'avais jamais remarquée... Je viens de l'apprendre dans une interview récente à Femme actuelle.

Et bien évidemment, son style incomparable, dont je ne me lasse pas.

Sa réflexion, sa façon d'amener les choses, sa patte, quoi.



Frappe toi le coeur m'a touchée.

Peut être plus que tous les autres, car le sujet principal m'est proche. Je me suis sentie concernée.

J'en garderais une trace. Il m'a marquée.



Je ne peux que vous inciter à découvrir, redécouvrir, vous réconcilier, continuer à admirer cette grande auteure, avec ce nouvel opus, Frappe toi le coeur.



Et à l'année prochaine, Amélie.

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Les aérostats

29ème édition de l'incontournable de la rentrée d'automne, avec Les Aérostats.





On se délecte du prénom d'un des personnages, une coquetterie que l'auteur glisse régulièrement dans ses écrits. Ici c'est Pie, un jeune homme supposé dyslexique (je dirais plutôt cabochard, je n'ai jamais vu une dyslexie disparaître en une séance de lecture à voix haute, orchestrée par la narratrice dont le prénom est plus courant, mais épicène, Ange). Trois ans séparent les deux protagonistes . Ange se fait fort de faire découvrir au lycéen rebelle mais prêt à puiser dans sa révolte ce qui fera le terreau d'un éveil culturel. Et cela en quelques heures les must de la littérature classique, Stendhal, Homère, Radiguet et quelques autres. Pour un gamin qui déteste la lecture, il acquiert rapidement un niveau de débat littéraire à faire pâlir un prof de français de lycée, même dans une classe motivée et en préparation du bac!



Un troisième personnage s'immisce dans le couple élève-prof, le père de Pie qui épie les leçons et fait son compte-rendu exhaustif à la fin de celle-ci.



Et enfin un autre prof, qui enseigne à Ange la philologie, dans une clace où la jeune fille semble être une sorte de souffre-douleur.



L'ensemble n'est pas désagréable, mais comme à chaque fois, je suis envahie par la voix la voix d'Amélie Nothomb, comme si c'est elle qui me racontait l'histoire lorsque je parcours ces lignes.

Le roman aurait gagné à être plus étoffé, il est extrêmement court et on reste un peu sur sa fin. Même si l'histoire est improbable, elle est le prétexte à jeter un regard original sur les oeuvres citées.



C'est une belle leçon de littérature déguisée en fable moderne.
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Soif

Dans "Soif", Amélie Nothomb fait parler le Christ à la 1ère personne durant son procès et sa crucifixion.

Première fois que je m'ennuie en lisant un roman de l'auteure.

Le personnage qu'elle présente ne me touche pas du tout, il est plus près d'elle que de lui je pense. Elle m'a semblé si loin de l'époque du personnage.

Elle m'a semblé si loin du personnage, tellement présomptueuse.

Le livre ne m'a pas touchée du tout.

Je ne souhaite pas m'étendre sur son contenu très court.

Une grosse déception !
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Soif

"Jésus, Marie, Joseph !" aurait dit ma grand-mère qui, l'esprit pétillant, annonçait toujours ainsi une catastrophe qui l'amusait.

"C'est plus long qu'une messe !" aurait ajouté mon grand-père qui refusait même d'aller à la messe de minuit, sous prétexte qu'il y avait déjà été plus de "cent coups !"

Pourtant "Soif" est un livre très court.

Etre restée à la surface de la bonne idée, sans jamais parvenir à l'exploiter vraiment, est peut-être la principale raison de l'échec que représente le dernier opus en date d'Amélie Nothomb.

Peut-être ?

Mais certainement pas la seule.

Ce livre est un rendez-vous manqué.

Manque d'inspiration ? Paresse d'écrivain ? Talent en panne ?

Le style est moins que moyen, pas adapté en tout cas ni au sujet, ni à ce genre d'ouvrage.

Et, aucun rythme ne vient soutenir l'intérêt de la lecture, de la longueur, de la longueur ... trop d'attente d'une profondeur de réflexion qui, au bout du compte, ne sera pas au rendez-vous.

Quelque-chose est bancal dans le personnage peint par Amélie Nothomb.

Et, le récit ne semble jamais parvenir à se calquer exactement sur la personnalité de Jésus.

L'ensemble laisse une impression de décalage, comme celle que peut laisser un dialogue mal doublé, une photo mal cadrée.

Tout n'est ici que d'un bloc.

Ce qui constitue, à mon sens, presque une faute.

L'ambiguité, ici aurait été de mise.

Dieu me savonne !

Lorsqu'on est l'un des protagonistes d'un mythe vieux de deux mille ans, l'on ne s'exprime pas comme dans sa cuisine.

Même si l'on n'est pas né le cul dans le beurre !

Même quand on s'appelle Judas.

Je dois bien l'avouer, j'ai jeté l'éponge un peu avant la fin.

Et le miracle, puisqu'il y a eu miracle, c'est qu'un livre comme "Soif" ait pu être lauréat du prix Goncourt ...
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Cosmétique de l'ennemi

un grand bof pour ce roman d'Amélie Nothomb....



Un roman qui se lit vite .... bhen oui c'est du Nothomb !!



Evidemment c'est loufoque.... bhen oui c'est du Nothomb !!



Les dialogues sont parfois drôle... bhen oui c'est du Nothomb !!



Donc rien de très transcendant en soit... j'avoue avoir beaucoup apprécié certains romans de l'auteure, mais ici pas plus que cela. Il reste plaisant à lire malgré tout mais l'histoire en elle même n'apporte pas grand chose, malgré le côté une peu barré de l'auteure.

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Stupeur et Tremblements

Ce joli petit bouquin et sa jolie petite auteur méritent-ils leur succès planétaire ? Deux attitudes, toutes deux idiotes, tentent le commentateur, l'attaque ou la défense. Soit on adhère corps et âme, comme les milliers d'adolescentes qui ne jurent que par Amélie Nothomb, soit on rejette tout en bloc parce que quand un bouquin marche, c'est qu'il est mauvais, le peuple étant un animal qu'on n'abreuve qu'à coup de débilités. Si l'on cherche à être juste avec Stupeur et tremblements on se doit cependant, ouf, de nuancer. Le livre est agréable à béqueter. Il ne tombe pas des mains. Il séduit. Cool ! Mais force est de constater que cette petite descente comique aux enfers n'est pas renversante pour un lecteur sensible à une certaine épaisseur dans les textes. Le style Nothomb est joli, rigolo, mais jamais véritablement beau. On sourit mais on est loin de son compatriote Toussaint, dormir dans les ordures et enlacer un ordinateur étant moins drôle, sous la plume d'Amélie Nothomb, qu'arroser les plantes vertes ou jouer aux fléchettes chez Jean-Philippe Toussaint. On se surprend, en lisant, à espérer les mêmes éléments sous la plume d'un autre. On reste sur sa faim. On garde constamment l'impression de lire un bouquin, un bon bouquin même, pour adolescents. Mais on se dit aussi que c'est peut-être ça qui, justement, fait l'intérêt d'Amélie Nothomb, cette naïve simplicité adolescente dans la description d'un monde adulte pas tout à fait absurde mais en tout cas hors de portée de l'héroïne. On n'apprend certes pas grand chose sur la vie d'entreprise au Japon, mais on découvre un monde intérieur sympathique et un style un peu simplet mais néanmoins original. De là à faire de ce petit bouquin un chef-d'oeuvre, il y a un pas qu'on ne saurait cependant franchir.

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Les prénoms épicènes

Claude a épousé Dominique, qui lui a donné une enfant : Epicène. Mais le père n’aime pas sa fille, qui croit bien le lui rendre. Dans cette famille épicène où les prénoms sont toujours mixtes, les sentiments aussi restent indécis quant à leur genre. Amour ou haine, nul ne sait plus, et dans la confusion, chacun leurre sa souffrance dans un désir de vengeance.





Comment mener son existence lorsqu’elle repose sur une blessure indélébile ? En filigrane de la vie de Claude et d’Epicène, s’enroule et se déroule la douleur de l’amour non partagé : l’amour pour une femme chez lui, l’amour filial chez elle, tous deux transmués en haine par le désespoir. Mais la vengeance est-elle une solution ? Guérit-on jamais d’une carence d’amour parental ?





Aussi courte que son écriture est minimaliste, comme rabotée à l’essentiel, cette histoire aux allures de conte est indéniablement ciselée au millimètre, sa construction parfaitement calibrée, le choix des mots soigneusement réfléchi et son motif habilement dessiné. Au-delà de mon admiration pour une telle maîtrise littéraire, il m’a toutefois manqué un soupçon d’émotion, ce je ne sais quoi qui transfigure la lecture en un moment de communion et vous la rend définitivement mémorable.





Ecrit avec un talent littéraire indéniable, ce livre brillamment mené m’a en définitive plus touché l’esprit que l’âme, plus l’intellect que le coeur. Suis-je moi aussi victime d’un ressenti épicène ?


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le crime du comte Neville



J'ai hésité à lire ce dernier livre de Nothomb,n'en lisant plus depuis quelques années,sans raison précise,mais vu les critiques positives babeliotes, j'ai succombé.Et j'ai trés bien fait!

Henri va devoir tuer un invité durant la garden-party qu'il donnera dans quelques jours dans son château,la dernière, avant de le vendre.C'est ce que du moins lui prédit une voyante.Le problème est que Henri est aristocrate,-comte de Neuville-,et chez les aristos, même tuer un invité a ses règles:préméditer, nan! trop grossier! Tuer un invité,dans un instant de colère, ça c'est la classe,le chic....Aaah,les devoirs,les principes aristos...de plus Henri possède l'art de recevoir et a développé une haute mythologie de l'invité,alors pour lui, tuer un invité,est comme tuer un élu au sein de l'espèce humaine.Dés lors la prédilection de la voyante équivaut à l'anéantissement de sa foi et de son art.S'y ajoute les propositions de sa fille dépressive,pour lui donner un coup de main...Henri est K.O....

Si ce n'était un livre d'Amelie Nothomb,concernant le sujet,j'aurais dit,"n'importe quoi! Une histoire à dormir debout....".Mais elle, avec sa plume efficace,la raconte si bien, avec humour et finesse ,qu'elle en devient une délicieuse fantaisie, avec des belles réflexions sur la vie,même si quelques unes sont des clichés.L'ensemble est bien ficelé,et j'ai bien aimé la chute rapide.Donc un livre que je conseillerais vivement pour cette rentrée littéraire 2015!
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Acide sulfurique

Amélie Nothomb est une intellectuelle. Du moins dans ses romans. Et particulièrement dans « Acide sulfurique ».



Alors que les thèmes – la téléréalité et les camps de concentration – portent à s’émouvoir, à s’indigner, à réagir avec ses tripes, ici, tout est mis à plat, décortiqué, disséqué. Donc pas de réaction instinctive, mais plutôt une mise à distance, une analyse...intellectuelle.

Le propos ? En 2 mots : dans un futur (très ?) lointain, des organisateurs de téléréalité ont mis en scène l’innommable, reconstituer un camp de concentration pour y faire mourir les gens à petit feu, et ce devant des milliers de téléspectateurs. Et curieusement, personne, non, personne ne réagit, que ce soit parmi ceux qui regardent, que parmi ceux qui dirigent le pays, ou même ceux qui subissent, sauf une ! Une très jolie jeune fille ose se détacher du moule et défier l’autorité de l’image. Les conséquences s’enchainent très rapidement : les « kapos » (quand je vous dis que c’est une reconstitution des camps, il faut me croire !), les autres détenus, les organisateurs et les spectateurs se positionnent. Et c’est l’effet boule de neige, car chacun, en tant qu’être humain (si, si, il parait que c’est encore des êtres humains) est obligé de se placer par rapport à cette frêle jeune femme au mental phénoménal.

Et donc, tout va se jouer, comme dans un (bon ?) jeu de stratégie. Un pion se déplace ? Les autres aussi, forcément. Mais ici, c’est d’un déplacement intellectuel qu’il faut parler. Chaque phrase est assassine (quasiment dans les 2 sens du terme). Chaque mot porte, tire et tue...ou sauve.



Amélie Nothomb en profite pour parler

- de la force du prénom (« Le prénom est la clé de la personne. C’est le cliquetis délicat de sa serrure quand on veut ouvrir sa porte »),

- du langage (« On est toujours plus beau quand on a un mot rien que pour soi. Le langage est moins pratique qu’esthétique »),

- et même de Dieu (« Au fond, la création accomplie, quelle était la tâche de Dieu ? Sans doute celle d’un écrivain quand son livre est édité : aimer publiquement son texte, recevoir pour lui les compliments, les quolibets, l’indifférence. Affronter certains lecteurs qui dénoncent les défauts de l’œuvre alors que, même s’ils avaient raison, on serait impuissant à la changer. L’aimer jusqu’au bout »).

Et de toute une série de petites choses auxquelles on ne pense pas nécessairement dans la vie courante, mais auxquelles on acquiesce quand c’est dit à la manière nothombienne.



Bref, un roman qui, à défaut d’émouvoir, fait réfléchir. Ce qui n’est pas plus mal, en ces temps où les cerveaux sont souvent sclérosés par la pensée télévisuelle...



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