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Critiques de Anne Nivat (96)
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Les brouillards de la guerre : Dernière missi..

Dans ce livre Anne Nivat nous offre des témoignages croisés d'Afghanistan. L'originalité de son reportage est qu'elle a suivi un contingent canadien d'une part, et s'est également mêlée à la population afghane. Ses conclusions sur la faillite de l'intervention des occidentaux rejoignent celles de Jean-Pierre Perrin dans "Kaboul : L'humiliante défaite". Jean-Pierre Perrin insiste sur l'influence néfaste du voisin pakistanais, mais ceci mis à part leurs constats se ressemblent.



Les Américains sont intervenus en Afghanistan sans avoir jamais compris quoi que ce soit à la mentalité afghane. A leur décharge le challenge était énorme, tant la société afghane est difficile à appréhender par un esprit occidental. Les Afghans ont des loyautés tribales plus que nationales, et les étrangers ne sont pas les bienvenus car ils perturbent l'ordre établi. Ils ne sont vus que comme des pompes à fric dont les Afghans se servent autant que possible, d'autant que la quasi totalité des officiels sont complètement corrompus et ne s'intéressent guère au bien être de leurs administrés. "C’est clair, les causes du bourbier afghan sont d’origine financière : tous les acteurs locaux, que ce soit sur la scène économique, politique ou militaire, sont corrompus, mus par l’appât du gain".



Quant à la place de la femme, elle génère aussi des incompréhensions. Quand une patrouille américaine fouille une maison la nuit pour chercher des armes, ce n'est pas le fait qu'ils rudoient les hommes qui choque, c'est le fait qu'ils peuvent voir leurs femmes. Et lorsque ces mêmes Américains installent un poste d'observation sur une colline qui domine les environs, la crainte des Afghans est qu'ils l'utilisent pour regarder par dessus les murs des maisons et qu'ils aperçoivent les femmes. Ça m'étonnerait qu'on enseigne ce genre de considérations à l'académie militaire de West Point.



Par ailleurs les bavures commises sur les civils afghans ont généré une détestation des Occidentaux par la population qui supporte les dégâts de la guerre s'ils sont commis par leurs concitoyens mais pas lorsque c'est le fait des étrangers. Pour limiter les pertes, les Occidentaux ont édicté des règles d'engagement qui rendent l'action militaire totalement inefficace. "Ces règles révèlent aux insurgés l’évident point faible des Occidentaux. Ils savent parfaitement comment se comporter pour qu’on ne leur tire pas dessus, l’exemple le plus commun étant celui, maintes fois rapporté par les soldats, du tireur isolé qui, après avoir envoyé sa rafale, pose son arme à terre. Théoriquement, les coalisés n’ont pas le droit de faire feu sur un homme non armé".



Le problème ethnique est très important également pour comprendre les Afghans. Les talibans sont majoritairement pachtounes, comme les pakistanais qui les ont soutenus), et l'armée afghane est dirigée essentiellement par des Tadjiks, une récompense pour ceux qui à l'époque ont le mieux résisté aux taliban. La conséquence est que "La plupart des chefs des tribus pachtounes considèrent l’ANA (Armée Nationale Afghane) comme un détachement d’envahisseurs, au même titre que les troupes étrangères".



Toutes ces considérations font que les Afghans veulent voir les troupes étrangères quitter leur pays, même s'ils apportent de l'argent. L'auteur nous dit "Les autochtones ne souhaitent pas forcément un retour au pouvoir des taliban, mais ils ont l’impression que les Occidentaux veulent leur imposer un régime dit « démocratique » auquel ils ne comprennent rien".

Ce livre a été publié en 2011, aujourd'hui les étrangers ont quitté l'Afghanistan et les taliban sont revenus au pouvoir, ce qui n'est pas une surprise après avoir lu Les brouillards de la guerre.
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La Haine et le déni : Avec les Ukrainiens et ..

Anne Nivat est très courageuse. Elle l'a montré comme correspondante de guerre depuis vingt-cinq ans. Elle est très courageuse aussi de vouloir enquêter sur la guerre en Ukraine en se rendant des deux côtés de la ligne de front, en affirmant n'appartenir à aucun camp. "Si après avoir refermé ce livre, ceux qui auront eu le plaisir ou le courage de le lire disent qu,ils ne savent pas où me placer, côté russe ou côté ukrainien, je serai satisfaite.". Voilà qui nous change du flot de pamphlets à sens unique dont le dernier en date est celui de Raphaël Glucksmann. J'avoue que je préfère Anne Nivat.

Un livre de ce genre est toujours difficile. Comment préserver un complet équilibre. Cela est-il même souhaitable? L'auteur, dès les premières lignes, semble du reste contredire sa démarche en affirmant : "Dans cette guerre qui a débuté le 24 février 2022, la Russie est l'agresseur." Mais enquêter avec sérieux et sans prévention des deux côtés n'empêche pas un jugement global.

Pratiquement l'application à l'objectivité est un exercice ardu. On choisit ses interlocuteurs même si comme Anne Nivat on diversifie son échantillon. Idéalement le nombre de témoignages dans un sens devrait être pondéré par leurs poids statistiques. C'est évidemment impossible. L'exercice reste toujours approximatif. Celui d'Anne Nivat malgré ses limites est réussi.

Je me contenterai de relever quelques exemples de son honnêteté et de son talent. Du côté russe d'abord. Approchant de la ville de Volnovakha en zone occupée par les Russes (à 50 km au sud-ouest de Donetsk), Anne constate que les routes d'accès sont encombrées d'engins de chantier. "Plus on approche du centre ville, plus les chantiers de rénovation se succèdent. Car ici on combat et on reconstruit à la fois." Un auteur partisan en déduirait, soit que la Russie veut créer une vitrine artificielle s'il penche côte ukrainien, soit au contraire, s'il soutient les russophones pro-russes, que l'administration de la ville est admirable de reconstruire sur les ruines malgré la poursuite des combats. Anne Nivat n'émet aucun jugement de valeur. Elle reproduit simplement le point de vue de ceux qu'elle interroge.

Côte ukrainien, les interviewés déroulent évidemment des arguments contraires. Le livre fourmille de témoignages qui peuvent alimenter les convictions de chaque camp.

En un mot Anne Nivat a fait du bel ouvrage
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La Haine et le déni : Avec les Ukrainiens et ..

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SEQUENCE EMOTION



Autre reportage de ce journaliste. Vrai journaliste, qualité d'écriture, engagement personnel, courage, compétence, savoir, non militantisme. Tout ce qui semble ne plus s'enseigner dans leur école de formation et ne plus être beaucoup présent dans la cohorte qui peuple les medias actuels.



Autre reportage donc toujours dans son style. Interrogations de témoins directs pour chercher la sacro-sainte vérité.



Ainsi l'on sait ce qui s'y passe vraiment dans cette guerre Russe sans filtres ni intermediaires, du projet imperialiste poutinien, de son improvisation devant les aleas du front, son faconnage du passé pour modifier l'avenir, le broyage de ce peuple slave.



Et surtout la souffrance et l'emotion, tout au long de ce livre.





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La guerre qui n'aura pas eu lieu

La guerre qui n'aura pas eu lieu est la 2ème guerre de Tchétchénie en 1999, déclenchée par le président nouvellement élu mais déjà agressif, Vladimir Poutine (Il en est à 4 guerres aujourd'hui, sous ses ordres la Russie est intervenue en Géorgie, en Syrie, et puis en Ukraine). Anne Nivat nous montre l'horreur du conflit pour les populations civiles, elle nous décrit la barbarie des forces d'occupation russes et surtout nous explique comment ce combat des forces fédérales russes contre les indépendantistes tchétchènes s'est transformé en une guerre civile.



La première guerre de Tchétchénie avait été horrible également, mais elle était plus "classique". Une région demande son indépendance, le pays la refuse et c'est la guerre. Ce qui est plus pernicieux dans la 2ème, c'est qu'elle est partie de presque rien, juste le bon vouloir de Poutine, que les rebelles ont perdu l'envie de se battre, et que le conflit est tombé dans l'oubli. Une des raisons est l'attaque du World Trade Center de New-York qui a focalisé l'attention et déclenché la "guerre contre le terrorisme". Les Russes ont invoqué cette raison, et tout le monde a regardé les US ou l'Afghanistan et oublié les Tchétchènes.



Ce qui est surprenant dans ce récit, c'est le rôle de l'argent. Les soldats russes vont en Tchétchénie pour améliorer l'ordinaire, pour les primes de combat mais aussi pour pouvoir pratiquer le racket. Ils rançonnent les voitures sur les routes, ils vendent parfois leur équipement aux rebelles, et tout est prétexte à bakchich. Une mère de famille déclare : « Dans chaque pénitencier, il m'a fallu remettre 1 000 roubles [40 euros] de pot-de-vin à un fonctionnaire quelconque pour qu'il daigne me préciser le jour même si mon fils se trouvait dans cette prison". Un Tchétchène habitant Moscou dit être arrêté tous les jours ! A chaque fois il est relâché contre un pot de vin.



Mais certains rebelles tchétchènes sont aussi pourris que les Russes. Extrait : « Je connaissais très bien le groupe de wahhabites dirigé par Arbi Baraïev, l'oncle de Movsar, qui, en 1998, avait coupé la tête à trois Britanniques et un Nouveau-Zélandais. Ils avaient kidnappé ces étrangers pour de l'argent et ne comptaient pas les exécuter, jusqu'à ce que Moscou finisse par leur offrir une somme deux fois supérieure pour qu'ils s'en débarrassent. J'étais l'un de ceux qui tentèrent de les libérer, mais on est arrivés trop tard. Ce scénario macabre avait été élaboré dans un seul but : faire en sorte que la communauté internationale tourne définitivement le dos à la Tchétchénie, au moment où les Russes se préparaient à nous envahir à nouveau".



Le pire est que, grâce à deux composantes importantes du régime russe, la brutalité et la corruption, les Russes ont réussi dans leur entreprise. Le monde a oublié le conflit tchétchène (merci le 11 septembre), et la guerre a changé de forme. Les Russes ont enrôlé un grand nombre d'anciens rebelles dans les forces de sécurité du régime pro-russe qu'ils ont installé à Grozny et les forces de Kadyrov font régner la terreur à la place de l'armée russe. C'est devenu une affaire interne, qui ne regarde personne.

Circulez, il n'y a rien à voir.

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Dans quelle France on vit

Ce tour de France est un livre contrasté.

Les interviews réalisés sont intéressants mais on doute néanmoins que l'auteure ait réellement compris le contexte et l'historique du monde rural ainsi que de celui des petites villes sans parler de certaines approximations de détail ou de jugements bien tranchés.

Il constitue néanmoins un point de vue intéressant sur l'état de la France périphérique et sur la façon dont les urbains la considère.
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Chienne de guerre

Un peu tôt pour ajouter une critique sur ce livre qui a valu le prix Albert Londres à Anne Nivat, en 2000. Je viens de rentrer dans le récit journalistique de la guerre russo-tchétchène, très factuel, mais pas seulement. J'en suis à la page 35, à ce jour. Ce qui est passionnant dans cet ouvrage, c'est la "peinture" documentée de la vie des habitants de la Tchétchénie au début du XXIe siècle, leurs difficultés face à l'empire russe, déjà dirigé par Vladimir Poutine. Une chose est sûre: je ne suis pas prêt à décrocher de ce récit.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J’avais acheté ce livre en brocante il y a quelques années mais toujours pas lu.

J’ai donc fini par le sortir de la bibliothèque et lu.

On a là un recueil de 60 textes, plus ou moins longs pour la liberté d’expression.

Certains textes ont été écrit spécialement pour ce livre, dont les bénéfices ont étés reversé à Charlie Hebdo., d’autres sont des textes repris de journaux ou de livres déjà parus.

Si quelques textes m’ont plus remués , d’autres m’ont un peu laissé de marbre.

Souvent, ceux qui m’auront le plus touchés, sont les textes les plus courts qui ont résonnés un peu plus fort en moi.
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Dans la gueule du loup

Cette bande-dessinée part d'une conversation dans un bar entre trois personnes : Nina, l'autrice et journaliste, Mahmoud, qui a participé à la guerre en Tchétchénie, et Abdel, qui est parti faire le djihad en Syrie.



Il est question de la guerre mais aussi et surtout de la place de ces trois personnes dans la guerre. Nina est journaliste, elle parle des différents fronts qui lesquels elle s'est rendue et comment elle a travaillé : Tchétchénie, Irak...



C'est en Tchétchénie qu'elle a fait la rencontre de Mahmoud qui se battait pour son pays.

Abdel, lui, est français mais a du mal à trouver sa place alors il a pensé qu'il pourrait être intéressant de partir en Syrie... il a vite déchanté.



Le propos est intéressant, mais j'ai eu du mal à accrocher. Ce n'est pas linéaire, il n'y a pas d'histoire à proprement parler mais une discussion et une réflexion entre les trois protagonistes et des passages comme des flash back.

De plus, les dessins ne m'ont pas vraiment plu, ce qui fait que ça ne m'a pas aidé à accrocher. Toutefois, j'ai quand même tout lu parce que c'était intéressant.



Bref, une lecture en demi-teinte.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

60 auteurs plus ou moins connus, plus ou moins journalistes, plus ou moins écrivains, plus ou moins "anciens", plus ou moins philosophes... chacun s'exprime sur la liberté d'expression. Chacun s'exprime sur les conséquences des attentats. Certains le font avec humour ; d'autres avec poésie. BHL rencontre F. Lenoir. R. Puértolas joue la carte de l'humour alors que K. Pancol met au goût du jour R. Denos. La tendresse cohabite avec les réflexions politiques ou philosophiques. Voltaire croise J.L Fournier ainsi que V. Hugo, M. Chattam ou T. de Rosnay.

Lecture enrichissante et divertissante
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Par les monts et les plaines d'Asie centrale

Un essai fait par la journaliste Anne Nivat, l'une des seules reporters de guerre a avoir pu couvrir le conflit tchétchène. Couvrant l'Asie Centrale (Kazakhstan, Ouzbekistan, Kirghizstan, Tadjikistan et Turkmenistan), elle rencontre les populations locales qui déplorent la fin du communisme, les guerres civiles, la misère nouvelle provoquée par les conflits locaux (intra nationaux, entre les pays en -Stan, les retombées du 11 septembre, de la Tchetchenie, de l'Afghanistan, du début de la guerre d'Irak).



Elle explore également la montée de l'Islam en tant que religion personnelle et idée politique, notamment Hizb-ut-Tahir, mais aussi les affres de la torture, de la corruption, les velléités ethniques et la montée d'ONG. Je serais intéressée de lire un livre 15 ans plus tard et voir où en sont les personnes qu'a rencontré Nivat, mais également où en est la région.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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La France de face

Dans son dernier récit, Anne Nivat reprend la route et nous entraine dans des patelins perdus, à l’ombre de ceux qui ne prennent jamais la parole, qui votent extrême droite ou pas du tout, qui sont oubliés, rarement écoutés, plongés dans des difficultés qui ne font que s’aggraver : ainsi, on papote avec Cindy, une nana super belle, on boit du lait de chèvre entre Morgane et Manu, on file à la messe avec le père Joseph, on fait une partie d’échecs avec Florian et bien d’autres encore. Moi, perso, j’ai adoré Elise, une auxiliaire de vie épatante. On s’installe, sur le coin d’une table, et on les écoute nous raconter leurs galères. Pourtant, au fil des pages, se produit un miracle : leurs mots simples, limpides, évidents tissent, en nous, un nouveau regard. Une bien jolie tendresse. La réalité nous offre ainsi de sacrés personnages. Et, sous la plume de l’auteur, ils deviennent enfin des ambassadeurs bavards et loquaces dont le bon sens révèle parfois de brillantes perspectives. A lire absolument.
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Correspondante de Guerre

Daphné Collignon, alors jeune illustratrice et fascinée par la reporter Anne Nivat, organise des rendez-vous pour ensuite créer une bande dessinée sur son parcours.



Anne Nivat apparait comme une femme dynamique et coquette, en contradiction avec sa profession de reporter en pays en guerre. D'ailleurs, Anne Nivat est régulièrement agacée par ce portrait que les journalistes font d'elle, au grand dam de Daphné Collignon.

Cet album se construit autour du cheminement personnel de l'autrice et les souvenirs de guerre de la reporter issus de ses propres livres, alternant illustrations et textes sous formes d'esquisses et cases organisées.

Honnêtement, j'ai eu du mal à discerner, surtout au début, cette alternance, et donc à comprendre qui était, à chaque fois, la narratrice.

La difficulté de Daphné à capter la personnalité d'Anne, distante, évasive, m'a laissée sur ma faim, mais les interrogations de Daphné face à ce personnage ne m'ont pas touchée. Bref, je suis passée à côté de cet album que j'ai trouvé certes professionnel mais un peu trop fouillis et cérébral (bien que ce ne soit pas toujours un défaut pour moi).

C'est dommage car Anne Nivat semble avoir eu une enfance prédéterminée à rencontrer les autres sans aucun parti pris, et a, dans son métier, rencontré autant de "gentils" que de "méchants" qu'elle a écouté de manière totalement objective.

Cet album ne m'a pas convaincue, les témoignages trop brefs des victimes de guerre m'ont semblé mal abordés, et je reste clairement sur ma faim, en manque d'infos sur ces pays traversés par la reporter qui sont à peine esquissés.
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Un continent derrière Poutine ?

Une étrange incommunicabilité politique réciproque perdure entre l'Europe occidentale et la Russie. De même que Gorbatchev jouit toujours en Occident d'une sympathie presque aussi unanime que l'est la détestation que lui vouent les Russes, de même le phénomène inverse concerne Vladimir Poutine. S'il ne fait aucun doute que la Russie a l'envergure d'un continent – un océan terrestre d'une superficie d'un sixième des terres émergées – ce continent est-il un monolithe entièrement subjugué par la vénération de son chef ? Non, bien entendu, et pourtant... De plus, l'opposition russe à son président ne possède majoritairement ni les motivations politiques ni les arguments discursifs ni les modalités d'expression des Occidentaux, notamment des Français. Nombreux sont les Russes qui utilisent le mot « démocratie » presque comme une injure signifiant le chaos anarchique qui les renvoie aux sombres et désespérantes années quatre-vingt-dix, et ils n'ont pas davantage d'estime pour les présidents français depuis de Gaulle (à l'exception peut-être de Sarkozy...) que nous n'en avons pour le leur !

La veille du quatrième mandat de Poutine, réélu en mars 2018, la grande reporter Anne Nivat spécialiste de la Russie par ses propres études et expériences professionnelles, par un vécu décennal et même par l'hérédité de ses parents, a effectué une traversée de ce continent, de l'extrême est jusqu'à Saint-Pétersbourg, pour tâter le terrain électoral et vérifier la popularité du président-candidat. À l'époque, la guerre en Ukraine n'est pas d'actualité, et portant ce sujet est déjà au centre du discours politique, car l'annexion de la Crimée – plébiscitée – a déjà eu lieu ainsi que certaines sanctions économiques occidentales conséquentes. Pour certains Russes, le virage résolument philo-occidental, libéral-nationaliste de l'Ukraine de 2014 représente même un contre-modèle, une dérive redoutable qui pourrait leur échoir si Poutine venait à disparaître...

Les étapes de ce périple comprennent : Vladivostok, grand port de la mer du Japon, Khabarovsk dont le fleuve Amour constitue la frontière avec la Chine, Birobidjan, la capitale régionale du territoire que Staline avait dévolu aux Juifs dans les années 30 (« Israël soviétique »), Irkoutsk, la belle métropole sibérienne sur le lac Baïkal, Petrouchovo, village devenu résidentiel aux portes de Moscou où la journaliste possède une résidence secondaire, et Saint-Pétersbourg. Chacune de ces villes (et village) est décrite dans son cadre géographique et ses spécificités urbanistiques et socio-culturelles. Dans chacune, l'autrice rencontre un personnage (ou une famille) ou quelques-uns dont elle relate le parcours, le mode de vie, en ayant soin d'obtenir des profils sociologiquement les plus divers possible, et, une fois la relation de confiance établie, elle leur pose la cruciale question électorale. Artistes et ecclésiastiques, hommes d'affaires, élus locaux et retraitées, couple gay et belle croupière, une mère de dix enfants et un jeune geek, sans oublier la voisine de Petrouchovo : leurs opinions politiques diffèrent, naturellement.

Pourtant, et ceci peut être un défaut ou une qualité de l'ouvrage, selon les attentes du lecteur, la question sur Poutine finit par être très secondaire, voire marginale dans l'économie d'un ouvrage qui s'apparente de plus en plus, au fil des pages, à un récit de voyage. En effet les rencontres ont certainement davantage de valeur sur le plan humain que comme échantillon de sondage, ne serait-ce que par leur nombre.
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La France de face

Il est très difficile de donner un avis sur une enquête de terrain. Le moindre mot peut être déformé ou compris de travers et le but pour l'auteure est d’apporter une représentation fidèle des habitants de la France. Sans jugements, ni critiques, Anne, journaliste de guerre, nous rapporte la parole des autres, de nos concitoyens, dans différents lieux : villes, villages, campagne, différentes régions, toutes particulières.



Un point commun à tous ces habitants : certains n’iront pas voter et ceux qui le feront parlent de trois noms, Mélenchon, Le Pen, Macron, les personnalités politiques ont un ego surdimensionné, n’ont aucune idée de la vie et des problèmes des gens, ne les représentent pas, ces femmes et hommes politiques n’ont plus la confiance des français, quelque soit leur parti.



Anne s’est immergée dans les lieux qu’elle a traversés, accompagnés de bénévoles, de militants, d’élus ou de travailleurs précaires et pourtant sociaux qui amènent un peu de plus dans la vie des gens.



Distribution alimentaire, conditions des femmes, trafic de drogue ou au contraire un village tel celui des irréductibles girondins où il n’y a que deux étrangères qui tiennent un commerce dans le centre (être femme aide, parfois), très peu de logements sociaux et où les retraités ayant un petit pécule veulent y habiter pour connaître (enfin ?) la tranquillité. Il est vrai que dans cette enquête, les habitants parlent de différences et de vivre ensemble, ce qui paraît compliqué pour les uns et les autres.



Le trafic de stupéfiants a également évolué et si un gamin prend le train de Montpellier à Alès pour prendre son emploi de guetteur, il percevra environ 200 euros par jour, là où en travaillant légalement il toucherait 50 euros à peine. Les trafiquants font du social maintenant car ils ont compris que la tranquillité et une certaine légitimité de leur commerce passent par là. Les sous-effectifs des agents du service public ne permettent pas de toute façon de supprimer ce trafic.



Nous rencontrons également des familles surendettées qui peinent à nourrir leur famille tout le mois et pourtant, la surconsommation est bien présente avec les smartphones, grands écrans, vêtements de marque et jeux en ligne.



Le monde de l’agriculture blasé et défaitiste, entre débrouillardise, échec, guerre entre eux qui votent plutôt à droite.



Les aînés, vaillants ou dépendants qui se débrouillent quoiqu'ils arrivent, ils en ont connus d’autres et font de leur mieux pour survivre.



Et je finirai par les jeunes, toute cette génération déjà désabusée, surdiplômée, qui ne trouve pas de travail ou alors avec un salaire ne correspondant pas à leur profil, en donnant la parole à l’auteure :“Aujourd’hui, le futur de notre pays appartient à cette génération désillusionnée, mais si impatiente d’agir.”



Le meilleur moyen de se faire une idée est de lire cette enquête passionnante, la réalité et la compréhension de chacun sont différentes selon le mode de vie.





Je remercie Masse critique de Babelio et les Éditions Fayard pour cette découverte passionnante.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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La France de face

Anne Nivat, reporter de guerre indépendante, a entrepris de parcourir la France à la rencontre de gens comme vous et moi, de divers horizons, de diverses cultures.

Aucun jugement, aucune prise de position, juste laisser la parole aux français, les laisser s'exprimer sur leur pays, leur place, leurs difficultés mais aussi leurs réussites.

Comme elle l'écrit elle fait parler ses interlocuteurs d'eux mêmes parce que leur situation personnelle est ce qu'ils connaissent le mieux et que toutes ces vies quotidiennes sont bien souvent éloignées des préoccupations de la vie politique nationale.



Anne Nivat nous propose un état des lieux de notre société. Un témoignage intéressant, riche , à mettre entre toutes les mains, et peut être plus encore entre les mains de nos élus.
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La France de face

“Je suis une femme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, d'une catégorie socioprofessionnelle aisée qui, par pure curiosité journalistique (cela correspond aussi à ma nature), revendique le droit de s'intéresser à ceux qui ne sont pas comme elle” nous dit Anne Nivat dans les premières pages de “La France de face”.



Après : “Dans quelle France on vit”, elle reprend la route, arpentant la France en journaliste de terrain à Denain, Givors, Alès, le Diois, Saint-Maixent-l'Ecole, Fegreac, Andernos-les- Bains, Châlons-en-Champagne.

"Écrit entre 2018 et 2021, ce nouveau livre continue à regarder la France non de haut ou de bas mais bien de face.”



Parce que l'ouvrage est constitué des mots des autres, parce que l'auteure “donne la parole dans les limites de l'angle journalistique choisi”, j'ai choisi de rapporter à mon tour ses propos (une fois n'est pas coutume) ici et en citations.

Une façon de chroniquer de manière plus fidèle cet essai que ce que je pourrais commenter : “J'ai écrit ce livre pour aider à porter un diagnostic, pour montrer ce qui se passe, sans explication idéologique. Proposer à notre société un miroir d'elle-même est un rouage essentiel au fonctionnement démocratique. Voilà à quoi, humblement, pourrait servir ce travail”.



Peut-on s'immerger plus qu'elle ne le fait quand on est journaliste pour aller dans ces endroits oubliés des médias, à la rencontre des Français invisibles et “passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres”.



Le livre est astucieusement monté en tissant des liens entre les témoins : “J'ai rencontré et écouté à peu près cent personnes” qui se passent des relais autant que faire se peut pour construire une observation sociologique sur la précarité, le trafic de drogue, les gilets jaunes, le communautarisme, la prédation du loup, les néo-ruraux, le désert médical, l'agribashing des paysans pollueurs, les vieux pauvres, le voile, les décrocheurs scolaires, les jeunes…Le tout avec la perspective de l'élection de 2022, la montée des extrêmes et la Covid en filigrane.



A la lecture de ces témoignages, vous vérifiez l'engagement d'Anne Nivat : “Mon implication n'est pas “politique” au sens de “militante”, elle est émotionnelle, c'est-à-dire humaine”. Sa vision est bien éloignée de celle des “journalopes” ou des “press-tituées" : “Je n'ai jamais cru en l'objectivité en journalisme, en revanche, je défends farouchement l'idée du travail honnête et utile”.



Je salue “cette démarche lente et patiente” qui obéit à des règles éthiques, offrant un kaléidoscope de la “vraie vie” : “J'ai mélangé focales et points de vue, mixé des thématiques, mais j'ai aussi posé des interrogations et lancé des pistes qui pourraient aboutir (on peut toujours rêver) à une grande conversation collective”.

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La France de face

Un grand merci à mon libraire qui m'a conseillé la lecture de ce livre.

Merci à Anne Rivat pour ce très beau livre.



Tous les dirigeants de notre pays devait lire ce livre.

Anne Rivat va faire parlé ceux que l'on attend pas ou très peu.

Grâce ce livre, on peut comprendre pourquoi l'extrême droite est aussi présente dans le pays.

On rencontre des personnes bien différentes, qui nous apporte leur point de vu.



On parle de la pauvreté, des petits salaires qui son presque au niveau des aides, du manque de transports en commun de leurs prix qui enclave des villes, la drogues dans certains quartiers, le manque de médecins dans les zones rurales, les agriculteurs et le bio ce que certains peuvent faire à d'autres, le rapports des uns face autres, les vocations d'élus qui peuvent avoir envie d'arrêter, le sentiment de déclassement de population, pourquoi pour les libéraux cela devient difficile financièrement est..



Dans l'ouvrage, on trouve uniquement des témoignages de personnes que les médias de masse oublie de nous mettre en lumière car ils sont le visage de la France.



Il y a des réalités que j'ai découverte dans ce livre.



A faire partager,
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Par les monts et les plaines d'Asie centrale

Asie centrale. Entre 2001 et 2005. Au croisement des civilisations



Anne Nivat avec laquelle j'ai eu la chance de pouvoir échanger quelques mots à l'occasion d'un salon il y a quelques années, la fille de Georges Nivat, un des plus grands spécialistes de littérature russe, nous emmène à ses côtés en Asie centrale, avec courage, à une période charnière de l'histoire récente. Oui, mais c'est où? me direz vous…



L'Asie centrale est un bloc aussi grand que l'Europe occidentale, logé entre la Russie, la Chine, l'Afghanistan et l'Iran, avec seulement 60 millions d'habitants en 2005. Elle est constituée de cinq pays, forts méconnus, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkmenistan. Ces pays sont des ex-républiques de l'union soviétique, à majorité musulmane, et dirigés, en 2005, par des autocrates ex communistes. Cela n'a pas beaucoup changé depuis d'ailleurs… le russe, que maitrise bien entendu Anne Nivat, est la lingua franca de la région, héritage de 70 ans de domination soviétique.



Anne Nivat nous montre au travers de son immersion dans des populations très diverses, ventilées entre les cinq pays par l'arbitraire de Staline, avec une logique implacable, diviser pour régner, la complexité de ce monde où les autorités, on ne peut plus dures, prônent un islam modéré là où, par réaction, se crée un islamisme politique qui deviendra le creuset du terrorisme que nous connaissons aujourd'hui.



Un livre passionnant, un jalon à mi-chemin de la chute de l'empire soviétique et d'aujourd'hui, qui permet d'éclairer un des grands enjeux de notre époque.
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Correspondante de Guerre

Cet ouvrage raconte l'histoire d'une célèbre correspondante de guerre à savoir Anne Nivat. Il a été réalisé en collaboration avec Reporters sans Frontières. Une partie du revenu des ventes reviendra à l'association visant à défendre la liberté de la presse dans le monde. Bref, que des choses très louables.



Pour autant, j'avais envie de découvrir une facette du grand journalisme: ceux qui vont sur le front, ceux qui partent dans des zones du monde très dangereuses. Oui, je voulais ressentir cette émotion. Or, c'est désespérément plat.



C'est beaucoup trop axé sur la personnalité même d'Anne Nivat avec quelques anecdotes croustillantes plutôt que sur le monde extérieur ce qui m'aurait beaucoup plus intéressé. Oui, il y a quelques trucs qui décrivent ce que doit être un bon journaliste c'est à dire à l'écoute des autres sans préjugés. A part cela, on n'apprendra pas grand chose. C'est un peu dommage d'autant que la narration était plutôt fluide et que la construction graphique paraissait originale, presque à la manière d'un vrai documentaire.
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