Citations de Antonin Varenne (267)
Le tueur tente de réaliser son monde intérieur-cest le talent de l'artiste qu'il désire, qu'il détruit. S'il aime, c'est qu'il hait. Sil cherche, c'est qu'il manque. S'il est fort, c'est qu'il est impuissant. S'il mutile..
Aux J.O. de Mexico en 1968, deux athlètes noirs, Tommie Smith et John Carlos, première et troisième marche du podium du 200 mètres, lèvent un poing ganté de cuir noir (Black Panther Party), ils ont ôté leurs chaussures (misère des Noirs), portent un foulard noir (lynchages). Le public hurle, crache, insulte, menace. Martin Luther King a été assassiné cinq mois plus tôt. La loi mettant officiellement fin à la ségrégation aux États-Unis est passée en 1964.
1964.
Virés du village olympique, interdits à vie de compétition, Smith et Carlos seront aussi virés de leurs boulots aux USA. Ils deviendront des va-nu-pieds. La femme de Smith le quitte. La femme de Carlos se suicide.
Le record du monde du 200 mètres, établi par Tommie Smith aux J.O. de Mexico en 1968, ne sera battu qu'en 1984.
Les droits de l'Homme sont pratiques. Ils ne sont pas politiques. On peut en faire des autocollants pour événements sportifs. Sauf si on exploite les droits de l'Homme à d'ignobles fins militantes. Peter Norman, le troisième homme, blanc, du podium de Mexico, pour avoir été solidaire de Smith et Carlos en arborant sur son jogging un écusson du Olympic Project for Human Rights, n'aura plus de carrière sportive non plus. Il était australien, enseignant, l'Australie avait accordé la citoyenneté aux Aborigènes un an plus tôt, en 1967.
Son père blanc lui avait appris que ceux de sa race utilisaient les mots non pour dire les choses, mais pour les cacher.
Sais-tu Maria, que le destin commence quand nous échappons à ce que nous devrions être ? On vous attend ici-bas. Des parents, un pays, une langue, une histoire, il y a une place déjà prête pour nous. Un nez au vent, une cheville baladeuse, un mollet impétueux, un genou fier et des cuisses solides, un pas de côté et nous ne sommes plus ce que nous étions préparés à être. Notre destin : rien, sinon une histoire digne d'être racontée, une lettre valant d'être écrite, la vie devenue une aventure, aussi modeste soit-elle, contenant une plus grande part de risque, d'inconnu.
Aucun paradoxe à ce que l’anarchie, mentale pour le moins, ne se rencontre chez ceux qui ont pour tâche de maintenir l’ordre.
- Quelle absurdité. Mourir en portant un message de guerre.
Fin juin, la température avait continué à grimper et la Tamise s'était épaissie au point de devenir une lente coulée de lave putride. Les déchets des usines, déversées dans les mêmes égouts ou directement des berges, s’accumulaient en nappes noires et grasses. Les rejets des abattoirs flottaient à la surface du fleuve solidifié. Des carcasses de vaches et de moutons, engluées dans la boue, passaient lentement devant le nouveau Parlement de Westminster.
Aujourd'hui, il avait besoin de les voir en face, ces flics qui l'avaient choisi comme bouc émissaire de leur maladie: l'illusion, crétine ou hypocrite, de vivre dans la merde sans en prendre l'odeur.
Il avait plu cette nuit et jusque tôt ce matin. Une pluie lourde annonçant le printemps. La tache rose avait grandi, améthyste vivante, pouls minéral des victimes décédées dont on étendait dans les combles les vêtements ensanglantés. Des pièces de dossiers qui dégageaient en été une odeur insupportable.
Roman, Savane, et Berlion. Aux Homicides, faire du bon boulot n'excluait pas la possibilité d'être débile. Ils en étaient la preuve par trois.
Lambert se bouffait les ongles.
Le clair-obscur plongeait les trois flics dans un espace-temps imprécis, vaseux, perdus dans le compte des jours et des nuits. Une odeur d'alcool et de tabac froid avait empli la petite pièce. La fatigue s'entendait dans les voix mal réveillées, rauques malgré l'heure avancée de la matinée. Ils fumaient à la chaîne, serrés autour de l'écran, et personne dans les locaux de la préfecture n'allait leur rappeler la loi.
- Qu'est-ce qu'il fout ?
- Il se déshabille.
- C'est tout ? Ça vient d'où ce truc ?
- Un dossier de Guérin. C'est Lambert qui régale. Berlion, une cigarette écrasée entre les dents, se tourna vers le fond de la pièce : Hé, Lambert, tu veux pas le revoir ?
Lambert jeta un coup d'oeil vers la porte. La cigarette passa au coin de la bouche de Berlion, et le filtre grinça entre ses prémolaires.
- T'inquiète, Guérin est pas là !
Ils s'esclaffèrent, des rires de mépris.
- Regarde, regarde !
Les trois flics se collèrent au petit écran, expulsant des nuages de fumée compacts.
Les Blancs ont inventé en Amérique un pays sans passé pour avoir une vie nouvelle. Mais cette terre a une mémoire. C’est pour ça qu’ils nous tuent, pour l’effacer. Les indiens ne se serrent pas la main, peut-être la seule chose que nous aurions dû apprendre de vous. Malheureusement, tellement de mensonges ont été scellés par une poignée de main que nous sommes devenus réticents à cette tradition. Il ne faudrait le faire qu’entre amis.
- Mon gars, quand t'auras vu une tornade et une charge de bisons, alors t'auras vu la même chose.
Arthur entendit Peevish se retourner vers lui.
Sans vous Sergent, personne n'aurait survécu. Nous ne sommes pas tous morts parce que vous n'avez jamais baissé les bras. Même si c'est sur vous qu'ils se sont acharnés le plus. Après l'incendie du village, nous nous serions révoltés si vous n'aviez pas été là. Jamais nous n'aurions remonté si loin le fleuve. On vous doit la vie, sergent, mais vous êtes notre pire cauchemar.
- Les esprits m'ont ramené sur terre, et c'est sur la terre que je marche désormais. Quand tu tournes en l'air, pendu au plafond de la hutte, la seule chose à laquelle tu penses, c'est de redescendre sur terre et d'y vivre. Après, tu sais où sont les esprits, où tu es toi et quelle est ta place, parmi les vivants. Le souvenir de la souffrance ne reste que dans le corps, l'esprit est libre. Toi, Bowman, tu es resté suspendu à ta douleur et tu cherches toujours la terre.
Les indiens ne se serrent pas la main, peut-être la seule chose que nous aurions dû apprendre de vous. Malheureusement, tellement de mensonges ont été scellés par une poignée de main que nous sommes devenus réticents à cette tradition. Il ne faudrait le faire qu'entre amis.
Parce qu'une bagarre, c'est comme une guerre : faut reconnaître le vainqueur pour savoir qui a raison de se lancer dedans. Et que parfois c'est celui qui voulait pas se battre qui gagne. Alors c'est lui qu'avait raison.
- Vous ne savez même pas si vous cherchez une mort ou une vie honorable, monsieur Bowman. Il faudra bien que vous finissiez par choisir mais tant que vous ne l'aurez pas fait, vous n'aurez pas votre place ici, ni nulle part sur cette terre.
Je ne crois pas qu'au fond nous ayons lu trop de livres. Seulement nous vivons entourés de gens qui n'en n'ont pas lu assez, aussi inculte que cette terre.
Le cheval était malin et Bowman conclut qu'il n'était sans doute pas trop nerveux pour travailler, seulement qu'il n'en avait pas envie.