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Citations de Beata Umubyeyi Mairesse (289)


Plus tard j’apprendrais que de nombreux Hutu avaient à la fois caché des proches et tué des inconnus, emportés par l’impératif de l’extermination, pour ne pas éveiller les soupçons, parce qu’il leur fut difficile d’être courageux plus d’une semaine ou d’un mois. Je suppose. (Immaculata, p. 160)
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«  Je relis les livres que j’aime et j’aime les livres que je relis, et chaque fois avec la même jouissance ( ........) :
Celle d’une complicité , d’une connivence, ou plus encore, au- delà, celle d’une parenté enfin retrouvée .
Georges PEREC .
W ou le souvenir d’enfance .
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Léa, ma seule véritable amie ici m'a dit une fois : "Les gens ne supportent pas ton trop grand malheur. Non parce qu'ils sont saisis par l'horreur de ce que tu as traversé, mais parce qu'ils ne veulent pas admettre que leurs cicatrices, sur lesquelles ils passent des heures à chialer, sont toutes petites à côté des tiennes. Ils préfèrent imaginer que tu vas bien. Certes tu as beaucoup souffert, mais aujourd'hui, grâce à l'accueil que leur pays riche et démocratique t'a offert, grâce à l'aide qu'ils t'on apportée, qui en t'offrant les vêtements qu'elle ne mettait plus, qui en te payant des heures de ménage dans sa maison, grâce à eux et à ton courage inné de femme noire, aujourd'hui tu es guérie. Ils disent que tu es un bel exemple de résilience, te présentent fièrement à leur famille, parlent du merveilleux job que tu as décroché à la commune (encore leur petit coup de main). Et toi tu joues la parfaite négresse reconnaissante . Oh oui, un emploi précaire de dernière catégorie, est-ce que tu pouvais rêver mieux, vu qui tu es et d'où tu viens !
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En y repensant, il y a trois mots : qui dit "Rwanda" implique "machette", qui lui-même sous-entend "génocide". Trois mots qui se contaminent sans cesse dans une causalité macabre, laquelle étouffe tout déploiement narratif individuel, circonstancié : une histoire à soi.
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(Sur le génocide rwandais). C'es l'heure où la paix se risque dehors. Nos tueurs sont fatigués de leur longue journée de travail, ils rentrent laver leurs pieds et se reposer.

C'était la saison sèche, les collines étaient moins verdoyantes que sur les photos du National Geographic.

Si les femmes tuent moins, ce n'est pas par un trop plein de tendresse, c'est par dégoût de la violence contenue, celle qui réside là, au creux de leur corps fécondable, propriété de toute la société.

(Les hommes) S'ils restent, ils deviennent nos héros, s'ils partent, nous devenons des filles-mères.

Je ne t'ai pas fait exprès. Je tentai de te chasser de mon intérieur avant qu'il ne soit trop tard, mais personne n'accepta de m'aider. Tu restas donc accroché. Alors, je t'eus.

Ton père ne sut sans doute jamais que tu existais.

De toi, je ne parlai pas. Nous ne t'avions pas fait exprès.
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L'instinct maternel, la belle affaire. Parce que nous donnons plus souvent la vie que nous ne la prenons, nous nous devrions d'être la solution humaine à la violence des hommes.
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Dieu savait ce qui se tramait et ne l'empêcha pas. Les puissances étrangères étaient informées de l'existence de liste des personnes à tuer, de caches d'armes. Elles ne firent rien pour arrêter notre extermination...
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Les langues forgent un tas de maximes sur les enfants, la méchanceté dont ils peuvent faire preuve entre eux,la vérité qu'abritent leur bouches, ceux qui sont rois, ceux qui écoutent les cigales au lieu des parents, mais si peu pour dire l'amour inconditionnel dont est capable un frère. Abavandimwe: ceux qui sont issus du même ventre. Même le ventre de l'amertume peut abriter de la beauté.
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Leur quotidien est celui de la mort. Il y a, aux côtés des missionnaires, un médecin, italien lui aussi, qui tente tant bien que mal de soigner ceux qui trouvent refuge à l'orphelinat, blessés par les machettes des miliciens. Costa le décrit hurlant de désespoir parce qu'il a perdu un enfant par manque de matériel de base : « On ne peut pas perdre un enfant pour un tuyau qui coûte 50 centimes ! »
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Dans l'esprit des Français, qui ne l'avaient pour la plupart jamais entendu jusqu'à ce qu'il s'immisce dans leurs journaux, ce mot "Rwanda" est devenu synonyme d'horreur, de violence. Il sous-entend aussi "massacres interethniques", "sauvagerie tribale", "machette". Tout se mélange. On a pris l'habitude de simplifier quand il s'agit de l'Afrique.
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«  Je m’étais remplie de chaque bribe de beauté qu’offrait ce premier matin au parfum de souvenance » .
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Dieu savait ce qui se tramait et ne l’empêcha pas. Les puissances étrangères étaient informées de l’existence de listes de personnes à tuer, de caches d’armes. Elles ne firent rien pour arrêter notre extermination. Nous entendions les discours haineux à peine déguisés à la radio et nous restâmes cependant longtemps accrochés à l’espoir qu’ils ne mettraient jamais leurs menaces à exécution. Pas devant le monde entier, pas après toutes ces années de progrès. Dieu et le monde assistèrent à notre élimination les yeux fermés.
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Ce pays se relèverait, je n'en doutais pas, même si cela devait prendre trente ans, il y aurait des bras, la volonté de tous ceux qui avaient rêvé de lui durant trois décennies de loin, la culpabilité de ceux qui l'avaient détruit et celle du monde qui les avait laissés faire, les ressorts inouïs que se trouveraient les survivants pour aller de l'avant et offrir un autre horizon aux enfants qu'ils auraient. Mais les cœurs ne se réparent pas comme on le fait d'un toit, d'une route ou d'une ville rasée. S'il m'avait fallu attendre que le cœur de ma mère retourne exactement là où il reposait, intact de nouveau (l'avait-il jamais été?), je me serais résignée à ne plus jamais mettre les pieds à Butare.
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Ni l’un ni l’autre n’avait eu l’occasion d’apprendre à jouer d’un instrument ou n’avait été initié au solfège. C’était un monde inconnu qu’ils considéraient avec le respect un peu hostile des analphabètes devant un dictionnaire. Ils n’avaient jamais envisagé la musique comme quelque chose qui s’apprend assis, qui s’écrit sur du papier, quelque chose qui peut exclure au lieu de réunir.
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Perdre

7

[...]
Le salut des larmes
sous la pluie partisane
Allons petites baïonnettes
un fer à repasser dans une main
lisser les plis de la mémoire

Et dans l'autre main
une déclaration de paix
tendue sous la bannière d'un "Oh" nu
L'alphabet des cacophonies unilingues
L'âme des peuples
sèche au grand air
sur une corde raide
tendue entre nous et nous

L'humidité est sans pitié
Sans répit l'avidité
L'aube pourrit sur pied
après une trop longue saison des pluies

La fraternité en cageots égaux
Import-export d'idéaux
Allons z'enfants hier sera beau
A l'ombre de nos billevesées

p.21
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Les mots sont souvent comme de jolies calebasses décorées, creuses et fêlées sous leur apparence reluisante, ou traîtres quand un serpent s'y est lové, profitant de la nuit pour se glisser à travers son fin goulot et faire pénétrer dans le cœur des suspicions et des inimitiés.
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Des histoires de femmes qui disent leur passé simple, leur conditionnel présent et leur futur, certainement imparfait.
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Je crois, moi, que les mots peuvent dire toute l'étendue du désastre - les témoignages en sont la preuve - et que notre incommunicabilité vient plutôt du fait que c'est inentendable.
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Comment est-ce possible de parler aveuglément une langue sans la questionner, sans la libérer des démons du passé ?
Comment est-ce possible que le mot "colonial" soit toujours autant prisé dans notre pays, qu'une entreprise vende des meubles sous le sigle de "Maison Coloniale", qu'il existe une marque de thés qui s'appelle "Compagnie Coloniale" ?
Je lui raconte la fois où sa tante Maguette m'en avait acheté à l'aéroport et me l'avait offerte en riant ; Vous vivez encore dans une certaine nostalgue ici on dirait !" Avant de préciser : "J'ai hésité entre une thé noir et un thé blanc..." ménageant son suspense pendant que je déballais la boîte... Elle avait choisi un thé vert. Tu sais ce qu'elle m'avait expliqué : "C'est le thé de l'avenir, chérie, Mars et les Martiens vont bientôt venir vous couvrir des bienfaits de leur civilisation, dèh !"
(pp.352-353)
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Perdu

6

Sois discrète tu ne devrais pas être là
Laisse les regards te traverser
Deviens insensible aux mots sournois
Tu es la fille n'oublie jamais
Evanouis-toi quand on te scrute
envole-toi en fumée disparais
Fonds-toi au milieu de la foule
laisse-la t'avaler
Si elle te cache qu'elle te hait
cache-lui donc que tu le sais
Croise tes jambes croise tes bras
baisse d'un ton ferme ta bouche
Ne laisse pas traîner tes ongles
tes cheveux ton odeur
brûle tout
N'as-tu pas honte ne sois pas effrontée
là il n'y a rien n'y touche pas
Agenouille tes yeux sois sage
lis autant que tu voudras
dans la pénombre
Mais ne va rien t'imaginer
tout doit rester entre nous
à l'intérieur
Sois polie ne pose pas de questions
sois gentille ne tente pas d'être jolie
Tiens mon bras
courbe-toi quand tu salues
ton cou ton nez tes jambes habille-les
Reste derrière
devant on ne verrait que toi
ne chante pas tu te ferais repérer

On ne voit que moi
l'ombre de ma peau fait trop de bruit
tu as dit que je chantais faux

Article 1 : tais-toi
Article 2 : tais-toi
Article 3 : tais-toi

Article 4 :
un jour je dirai de la poésie
un jour le soleil avalera la nuit

p.18-19
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