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Critiques de Bernard Chambaz (153)
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Vladimir Vladimirovitch

Tout d’abord, je tenais à remercier Babelio et Flammarion pour cette MC mais aussi a m’excuser pour le retard de cette critique.

J’avoue que, quand j’ai reçu le mail, j’étais toute heureuse à l’idée de découvrir cette histoire ! Je pensais retrouver un peu le même style que dans « La part de l’autre » d’Eric Emmanuel Schmitt, mais mon engouement a été de courte durée…



Et voilà que je commence ce livre de Bernard Chambaz, premier bouquin que je lis de cet auteur. Je rentre dans la vie de Poutine, le vrai, oui oui, le vrai de vrai, mais aussi dans le Vladimir fictif, celui que Chambaz a inventé pour nous, comme si le premier n’était pas assez complexe…



Et malheureusement, je n’ai pas accroché du tout.



La biographie romancée de Poutine est pourtant intéressante, j’ai appris énormément de chose sur la Russie, le KGB, sa montée au pouvoir, ses différents voyages…

J’ai aussi apprécié la présentation du roman. C’était bien défini et du coup, on savait réellement à qui l’on avait à faire, même si parfois cela ne m’a pas empêché de me perdre (mais peut-être seulement à cause du manque de concentration).

Par contre, le Vladimir fictif lui, m’a ennuyé au plus haut point, et je n’ai pas totalement compris son importance dans ce roman. J’ai donc trouvé cela dommage…



En revanche, même si les phrases sont parfois extrêmement longues (oui, j’ai même essayé d’en lire certaines à voix haute, et franchement, il faut avoir du souffle !), j’ai trouvé l’écriture vraiment très belle et elle vaut la peine d’être connue.



Alors je pense tout simplement que ce n’était pas le moment pour moi de lire ce bouquin, qu’il faut le lire à tête reposée, calmement, ce qui n’était pas mon cas, mais comme j’ai tout de même remarqué des points positifs dans ce roman, je suis heureuse de le compter dans ma bibliothèque afin de pouvoir retenter le coup quand le moment sera venu…

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La peau du dos

« Lequel des deux parla le premier ? On ne sait plus. » Une clairière dans la forêt de Fontainebleau, deux types qui s'observent, et puis, regards croisés, paroles noués, la rencontre naît entre deux passionnés, deux hommes qui devaient, chacun à sa manière, laisser leur trace dans l'histoire. D'un côté, le peintre Auguste Renoir, encore à ses débuts, en train de ranger son chevalet avant de rentrer à l'auberge, de l'autre Raoul Rigault, jeune journaliste blanquiste, opposant enragé au régime, recherché par la police de Napoléon III, et qui, dans sa cavale, cherche refuge dans ce bois. Chemin faisant sur le Chemin des merles, Renoir lui propose la cachette de l'auberge de Marlotte. Il l'y introduit, lui présentant Nana – c'est le temps, aussi de Zola… - la tenancière, et Toto, le caniche blanc, gentil personnage (pas toujours secondaire) de quelques-uns de ses tableaux, auquel il attribue à l'occasion les yeux de son père et dont il juge la toison blanche plus facile à peindre que la neige… En une soirée, Raoul est apprivoisé par le peintre et son monde. le lendemain, Renoir lui prête une blouse, le transformant en son assistant, et les voilà inaugurant une bonne semaine de compagnonnage complice au milieu de la nature, l'un initiant l'autre au secret des couleurs, quand celui-ci, même quand il observe le manque d'intérêt du peintre pour la chose politique, essaye de le convaincre de la nécessité d'une révolution à venir.

Mais Renoir doit regagner Paris, et les deux amis s'y séparent, se perdant de vue pour de longs mois, jusqu'au 22 mars 1871, aux meilleures heures de la Commune naissante. Ce jour-là, sur la terrasse des Feuillants, du côté de l'orangerie, « Auguste était en train de peindre sans se soucier de l'histoire de la peinture ni de l'histoire tout court ». Aux yeux d'une cantinière de passage, le voici cependant suspect, accusé de cacher sous cette innocente activité une oeuvre d'espionnage, la représentation du Paris de la Commune pour servir les troupes des Versaillais. Et il est derechef conduit, sous bonne escorte, à la préfecture de Police, rue de Jérusalem, découvrant bientôtr avec stupeur et joie, que le nouveau chef de la police n'est autre que Raoul Rigault ! Celui-ci s'empresse de le libérer…

On ne sait dans ce court roman, et l'amitié qu'il évoque entre Renoir et Rigault, quelle est la part de vérité historique et celle de l'imagination. Mais on se laisse emporter par le souffle des phrases, l'élan d'un texte qui, par moments, un peu comme Éric Vuillard réussissait à le faire dans son 14 juillet, semble mimer le mouvement joyeux d'une troupe révolutionnaire. On est rapidement séduit par le style de Bernard Chambaz, cette manière de redonner à la langue le lustre de celle de l'époque évoquée – avec l'accent de Vallès plutôt qu'avec celui de Zola, et plein, ô délices rares, de subjonctifs imparfaits! -, son goût du petit détail, son talent pour élire les images fleuries (et ça, ça va bien avec Renoir, bien sûr !), son art parfois de la gouaille joyeuse et des gavrocheries. Et on retrouve ici avec plaisir tout son gai savoir des arts, de la peinture, en particulier, ici autour de l'oeuvre de Renoir, comme on avait déjà pu l'observer dans des essais consacrés à Degas ou Rembrandt. Enfin, on apprécie l'humanité de son regard, la force de ses engagements, dont il laisse, ici, Raoul Rigault se faire l'écho lors du premier dîner à l'auberge : « Après la soupe de perroquet, le lapin sauté aux carottes vous changeait de la routine des haricots et des lentilles qu'il troquait contre une toile chez l'épicier de la rue des Beaux-Arts. La conversation glissait, allègre et décousue. Pas un convive n'avait plus de trente ans. la vente aux enchères d'un portrait de Vidocq fit débat: était-il de la main de Géricault ? Fallait-il croire, ou pas, le commissaire-priseur ? Est-ce le nom de Vidocq ou le prix du portrait, Raoul n'y tint plus. D'une voix soudain plus forte, il rapporta un fait-divers dont seules les feuilles rouges, qui dénonçaient la misère et annonçaient la révolution, s'étaient fait l'écho. Une vieille femme était morte de faim sur un grabat, dans une pièce au plancher vermoulu, pas de table, pas même une chaise, deux nippes élimées pendues à la poignée de la porte. Pour les besoins de la cause, il n'hésita pas à ajouter en contrepoint que le même jour, aux Tuileries, l'impératrice portait une coiffure grecque en diamants et une robe de damas arménien cerise recouvrant un jupon de velours vert. Auguste garda pour lui que Raoul paraissait obsédé par les mortes et qu'il semblait s'y connaître en robes. » On lui sait gré, d'ailleurs, de ne pas suivre Rigault jusqu'au bout dans son radicalisme révolutionnaire et son choix de la Terreur – lui qui prétendait avoir inventé une guillotine à batterie électrique…- comme phase ultime de la Commune, à l'instar d'un Renoir qui voudrait bien à un moment donné empêcher son ami de céder à « l'espèce de dérive qu'il ressentait, (à) le mettre en garde contre ses mauvais démons »… Alors, oui, Bernard Chambaz, merci pour ce très beau texte quand il explore en parallèle le meilleur de l'homme dans la création artistique et la réflexion politique, merci de redonner vie à la beauté des tableaux de Renoir comme à la splendide utopie en actes de la Commune ! Allez, attablez-vous maintenant à la table de Bernard Chambaz, à son banquet de mots ! Et vous reprendrez bien une louche de soupe de perroquet ?

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Vladimir Vladimirovitch

Nous avons deux personnages. le président Vladimir Poutine que l'auteur, Bernard Chambaz, décortique plus ou moins pour nous, en nous mettant sous le nez une lecture très enrichissante. Puis nous avons aussi, son homonyme Vladimir Vladimirovitch Poutine que l'auteur imagine.



Dans l'ensemble, j'ai assez bien aimé ma lecture mais je reconnais avoir eu du mal à avancer dans le livre ; sûrement à cause de la fatigue. Malgré tout, je suis allée jusqu'au bout et, j'ai appris des choses sur l'homme mais aussi sur la vie de Poutine avant et pendant sa présidence.

Par exemple : je ne savais pas du tout que Poutine avait frôlé mais limite, limite, la délinquance dans sa jeunesse. On le découvre également par son homonyme, le jour où l'équipe de Hockey joue pour les jeux olympiques d'hiver de Sotchi. Tristesse sur le visage du président Poutine. Choc pour l'autre Poutine. Triste jour pour la Russie. Défaite et on noie son chagrin dans la vodka.

Vladimir Vladimirovitch donc l'homonyme est veuf, conducteur de train, peintre le week-end et fan de patinage. Il note depuis quelques années dans plusieurs calepins aux différentes couleurs, toutes les infos (faits et gestes) de son président. Comme fier de son double et surtout un peu obsédé par lui depuis qu'il est au pouvoir ; mais être homonyme, n'est pas rien et ça, il va s'en rendre compte. Puis quand il est seul, il replonge parfois dans ses pensées. Tatiana, sa douce, lui manque ; la vie continue... et son coeur s'ouvre secrètement pour une autre.

L'auteur, Bernard Chambaz, nous retrace la vie de Poutine, comme une sorte de biographie romancée (vaut mieux, sinon ça serait peut-être un peu barbant) à travers les notes écrites des calepins de son homonyme en parallèle de l'autre.

Une belle surprise pour moi même si ma lecture a été longue à terminer. Je me rends compte qu'au final, j'ai passé un bon moment avec les deux personnages, sans compter, la plume que j'ai trouvée très intéressante à découvrir et qui me donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.

Merci encore une fois à Babelio pour ce livre et aux éditions Flammarion pour cet envoi.



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Martin cet été

J'avais été fort émue par Dernières nouvelles du martin-pêcheur. Je ne pouvais que revenir à Martin cet été, où Bernard Chambaz raconte « à chaud » les six mois qui ont suivi le décès de son fils Martin, mais aussi les quelques semaines, et les 16 années qui l'ont précédé, le bonheur, l'ultime malheur, sa vie en quelque sorte. Six mois au terme desquels il est content d'avoir progressé : il arrive à pleurer assis et non plus la tête enfouie dans l'oreiller.



Je savais que je ne pourrais qu'être déchirée par cette lecture, mais, comme je pense qu'il faut être là pour écouter un ami qui souhaite parler dans sa souffrance, je crois qu'il faut être là pour lire un écrivain qui souhaite écrire dans la douleur. Sans juger si c'est pudique ou impudique, juste ou déplacé, exhibitionniste ou approprié, si c'est réalité ou hagiographie, sans chercher si c'est voyeur, masochiste ou compassionnel de la part du lecteur, toutes questions totalement déplacées face à ce genre d'appel au secours. Parce que pour lui, continuer sans écrire dessus est impossible et que pour moi, je ressens que mon rôle est d'être là.



Lire ce livre le jour de Noël, cet égoïste jour de joies sous le signe du partage, des petits ou grands bonheurs, était assez troublant, inconsciemment provocateur peut-être, ou simplement l'application d'un des messages de Bernard Chambaz : aimez vos enfants et profitez-en tant qu'il est encore temps. Ne tenez rien pour acquis. Evidence, bien sûr, mais évidence sortie de ses tripes.



Je ne peux évidemment pas louer la « justesse » d'un tel livre, mais bien plus certainement sa sincérité, et j'ajouterai qu'il est superbement écrit (Chambaz est aussi poète), donne envie d'accompagner plus loin l'auteur, qui, à la dernière ligne, pour se sauver, pour entamer son long cheminement vers Dernières nouvelles du martin-pêcheur, conclue :



« Demain je me remets au roman ».



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Dernières nouvelles du martin-pêcheur

Bernard Chambaz est cycliste. Fier de son beau vélo Cyfac en carbone, sur lequel il a demandé que soit inscrit Kingfisher en italique vert menthe sur le cadre en carbone. Son pédalier est en aluminium, son guidon couvert d'une guidoline blanche. Il faut aller dans les Acknowlegdments de son livre pour compléter l'énumération par les roues Zipp et la selle Fi'zi:k, et se reporter au magazine Top Vélo (n° 173, 174, 175 en 2011 et 203 en 2014) pour le reste.



Alors qu'il relève d'une opération (ablation de la rate), Bernard Chambaz traverse d'une traite, à un rythme d'enfer et d'est en ouest, l'un des pays le moins bicycle-friendly au monde. Rien ne l'arrête dans les somptueux paysages des États-Unis, ni le vent, ni le relief, ni les chiens (p. 150) , ni les crevaisons (p. 148), ni le sheriff (p. 277) qui le menace de prison sur une route déserte s'il refuse de circuler à droite de la ligne blanche, sur le bas-côté, parsemé de verre et de cailloux coupants.



Comme Chambaz est professeur d'histoire au lycée Louis-le-Grand, il ne reste pas le nez dans le guidon. Sa conquête de l'Ouest est peuplée de figures historiques, galerie de portraits faussement hétéroclite, dont le récit révèle au fur et à mesure la raison intime. Il connaît bien son Amérique pour l'avoir parcourue en famille. En la traversant, il traverse aussi son histoire et ses mœurs les plus étranges, comme le baseball, enfin expliqué aux nuls que nous sommes (p. 195.)



La patch-work qu'il compose est plein de surprises, de beauté et de tristesse. Car cette fuite en avant est un voyage dans le passé. Celui d'avant l'accident de son fils Martin, qui hante son récit comme un fantôme familier, qu'il retrouve toujours, caché dans le dessin du paysage, quelquefois comme un oiseau, par exemple ce martin pêcheur étincelant, bien nommé, qui ouvre son texte.



Bernard Chambaz observe (p. 34) que l'enfant qui a perdu ses parents a le nom d'orphelin, mais qu'il n'y a pas de mot pour désigner le père ou la mère qui a perdu son enfant. Puisqu'il n'y a pas de mot, il en fera tout un livre qui raconte son extraordinaire entreprise pour retrouver celui qu'il n'a pas quitté. L'idée de Martin devient le mètre étalon de ses regards, de ses pensées, de ses efforts. Et Martin est partout. Dans les figures historiques qui surgissent au gré de son parcours : Th. Roosevelt, Lindberg ont perdu un enfant. Martin Luther King est né un 15 janvier, comme son Martin. Le pays entier, son histoire, les rencontres du voyage ont décidé de lui donner des signes qu'il est sur la bonne route, puisque son fils l'y accompagne et surgit à chaque instant.



Ce travail de deuil se fait donc dans la joie et sur 4169 km: « j’attirerais volontiers l'attention sur la part implicite du vélo dans les expressions rayonner de joie et être transporté de joie » dit l'auteur. Poésie, irrationnel, douleur du souvenir, bonheur de son évocation, s'accordent admirablement avec l'exploit intellectuel et sportif de ressusciter l'être aimé dans un extraordinaire road movie de l'amour paternel. Anne, son épouse, la maman de Martin, suit dans sa Cadillac aux sièges de cuir rouge. Elle est là qui veille à tout, comme son ange gardien.



Il faut prendre la roue de Bernard Chambaz et ne pas la lâcher !
Lien : http://bicycl-arts.blogspot...
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Dernières nouvelles du martin-pêcheur

Bernard Chambaz nous fait traverser l’Amérique d’Est en Ouest, lui en vélo, sa femme en Cadillac. C’est une traversée qu’ils refont 19 ans après la mort de leur fils, un voyage qu’ils avaient fait en famille. C’est l’occasion de rechercher les traces de Martin, et surtout nous raconter l’Amérique aux travers des lieux, des personnages comme Roosevelt, Lindbergh, de simples gens, qui comme eux ont perdu un enfant jeune, et chaque découverte ramène, d’une façon ou d’une autre, à Martin.

Pourquoi l’auteur a choisi de faire ce périple en vélo ? C’est qu’il a appris la mort de son fils en rentrant d’une promenade à vélo, c’est aussi que faire du vélo cela veut dire pédaler donc vivre, c’est être dans le décor.

C’est un livre magnifique, poétique dans un style remarquable, une très belle découverte.

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Martin cet été

Un livre douloureux mais superbe et très émouvant sur la paternité et la parentalité. Perdre un enfant de façon brutale a amené Bernard Chambaz a décrire a quel point son fils était un être merveilleux, sans défaut, parfait. On découvre avec lui l'amour sans condition, absolu que sous-tend le fait d'être parents. c'est très émouvant et on effleure l'immensité de la perte et le sens du mot inconsolable.

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Petite philosophie du vélo

Ouvrage fin (aux sens propre et figuré) et drôle qui mêle la passion du vélo et l'art de philosopher. L'auteur part de ces deux expériences, l'une interpelle ou appelle l'autre.

Ainsi, c'est à ou en vélo que nous dissertons sur le corps, l'âme, le langage, la technique, le plaisir, la grâce, la tristesse ou la joie, la mémoire, la générosité, la finitude... Le tout s'enchaîne comme des étapes sur le Tour, c'est cohérent et ça passe très bien. C'est même drôle et on s'y nourrit de références, d'étymologies, de citations, de dates et d'anecdotes aussi bien sur les philosophes que sur les vélos et les cyclistes "que les moins de vingt ans (bien plus, en fait) ne peuvent pas connaître" ( Poupou et toute la clique) .



Plutôt adepte de la bicyclette, cela ne m'a pas empêchée d'apprécier l' ouvrage très ouvert sur le monde et la vie. Un livre qui décloisonne: on peut être "professionnel" de la philosophie, et amateur de vélo, de Tours dans toutes les langues (vuelta, giro... ).



J'ai apprécié l'humour fin et taquin de l'auteur. Un livre très sympathique à lire au crépuscule du printemps où vélos et bicyclettes sont à nouveau de sortie.



Il m'est arrivé, certaines pages, de repenser à Sami Frey sur scène, pédalant et racontant les souvenirs d'un autre (Pérec - Je me souviens)....
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Lincoln Highway 750

Il n'y a pas que la route 66 qui traverse les Etats-Unis. On va faire la connaissance de la mère de toutes les routes dans ce pays à savoir la Lincoln Highway qui part du pont de Verazzano à New-York pour se jeter dans l'océan pacifique en Californie à Western Terminus à San Francisco.



Un homme qui vient d'être largué va noyer son chagrin dans un bar où il entend parler de cette route puis décide d'acheter une moto et part traverser le pays comme un autre moyen de s'évader et d'oublier sa peine. Oui, visiblement, il n'y a pas que les femmes. Les beautés du pays au détour de cette route valent également largement le coup.



Il n'y aura point de dialogues mais une narration qui reflète l'état d'esprit de l'auteur. C'est parfois assez ennuyeux sur un mode contemplatif. J'ai failli lâcher surtout au début mais cela arrive à nous prendre au milieu de ce road-movie. En effet, c'est une bonne idée que d'exploiter un autre chemin pour montrer qu'il y a eu des routes plus anciennes et qui reflètent également l'histoire de ce pays.
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Vladimir Vladimirovitch

Un grand merci à Babelio Masse Critique et aux éditions Flammarion pour Vladimir Vladimirovitch, roman de la rentrée littéraire 2015, aux nombreuses critiques élogieuses qui m’ont amenée à participer à cette opération.



Bernard Chambaz nous livre la vie de Vladimir Vladimorovitch, plus exactement de deux Vladimir V. Une histoire, un double regard sur deux destins. Voici l’histoire du double, de l’homonyme du puissant Vladimir Vladimirovitch Poutine. Un deuxième Vladimir V. qui mène une existence simple et banale et qui décide de raconter la vie du despote politique suite à la défaite de l’équipe de hockey russe aux Jeux Olympiques de Sotchi. Il le voit fragile et empli de tristesse, désemparé pendant la retransmission télévisuelle du match. Quelle est la vie de cet homme ? Cette question le taraude au point de commencer à noter sur un carnet les détails de la vie de ce personnage politique. Du jeune Poutine à l’homme médiatique, Vladimir V. nous retrace sa vie : sa jeunesse, son ascension au sein des services secrets, du KGB au monde politique, sa perpétuelle mise en scène médiatique (lorsqu’il remonte des amphores, lorsqu’il participe à un combat de judo, il ne cesse de jouer avec les caméras).

Mais à côté de ce Poutine, dur et froid, il y a le Poutine qui s’effondre devant la défaite. Derrière ce masque, il y a un Poutine qui éprouve des sentiments, qui a une vie de famille. Malgré ses yeux en amande qui vous transpercent et vous glacent le sang, y-a-t-il un homme fragile ? Peut-il souffrir lui aussi ?

A travers des faits objectifs à la fois négatifs et positifs, son double nous décrit la vie de Vladimir Poutine avec une certaine volonté de véracité. J’ai apprécié le fait qu’il y ait des références à l’histoire de la Russie. Il y a toute une ambiance russe tout au long du roman qui est très plaisante. On sent le souffle de la grande Russie, sa force historique et sa beauté.

Les deux destins se mélangent, le lecteur est balloté de l’un à l’autre, tant que parfois j’ai eu l’impression que les deux personnages fusionnaient, ne faisait plus qu’un.



L’écriture de Bernard Chambaz porte ce roman. Sa construction avec cette succession de chapitres relativement courts rend la lecture fluide et met en lumière des événements importants et symboliques dans la vie des Vladimir V. Par delà la forme de son écrit, l’auteur dénonce également le détournement du pouvoir politique, la puissance et la manipulation des médias et la souffrance infligée par ce despote.

Ce roman prend son sens au vu des événements politiques de ces derniers années : l’Ukraine, la position diplomatique russe en Syrie, la Tchétchénie…



J’ai regardé cette semaine l’émission « Entrée Libre » sur France 5 et, justement, Bernard Chambaz était interviewé sur son nouveau roman et, plus particulièrement, sur cette envie d’écrire sur un personnage de Vladimir Poutine. En parallèle, le reportage intitulé « Les puissants, héros de romans » faisait un rapprochement entre plusieurs romans relatant la vie de personnages autoritaires, de dictateurs sous une forme romancée : le nouveau Yasmina Khadra « La dernière nuit du Raïs » (biographie romancée de Kadhafi) et le livre de Josette Elayi relatant la vie de Saddam Hussein dans « L’ombre de Saddam ». Alors, oui, pourquoi ce besoin d’écrire, de romancer la vie de ces despotes ?

A la lecture de Vladimir V., je me suis posée cette question à maintes reprises. Il me semble qu’il y a une volonté d’entrer dans la tête de personnages despotes et puissants afin de comprendre les mécanismes psychologiques qui régissent leur logique interne, une logique qui leur est propre. Bernard Chambaz dit très justement en évoquant son ouvrage « se mettre à la place d’autrui en en éprouvant les souffrances » pour entrer dans les pensées les plus profondes et sombres de son personnage.



En résumé, c’est un bon roman, mais j’avoue que dans certains chapitres, il m’est arrivée de décrocher et de ne plus savoir qui était qui, mais peut-être était-ce justement l’effet escompté. Néanmoins, je recommande vivement ce roman pour l’originalité de cette biographie romancée.
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Vladimir Vladimirovitch

N°962– Septembre 2015



Vladimir Vladimirovitch – Bernard Chambaz - Flammarion.



Le ton est donné dès les premières pages « Vladimir Vladimirovitch Poutine par Vladimir Vladimirovitch Poutine… ceci n'est pas une autobiographie ». Il s'agit donc d'un récit, qui n'est effectivement pas une autobiographie, une sorte de mise en abyme où le lecteur voit défiler le parcours officiel et fortement inspiré par le culte de la personnalité du président russe, depuis son enfance jusqu'au pouvoir suprême en passant par le KGB. Il est rédigé par un authentique quidam qui porte le même nom que lui et qui va, sur des calepins personnel, rouges, gris et noirs [avec peut-être une symbolique des couleurs, le premier retrace son parcours communiste, le deuxième parle de sa phase d’hésitation mystérieuse et le dernier est consacré à l’exercice autoritaire du pouvoir] noter et collationner les détails du parcours de son célèbre homonyme.



Ce nom est lourd à porter et même si cette homonymie peut inspirer de la bienveillance à notre rédacteur, l'homme du peuple qu'il est, peintre du dimanche, fan de Gagarine et amateur de patinage sur glace et de l’œuvre de Gogol, va se raconter, mêlant les moments anodins de sa vie à celle de son modèle. Il évoque le chef d'état aussi soucieux de son image personnelle de que du succès de son pays, capable d'être attristé comme un enfant par l'échec de l'équipe nationale de hockey aux jeux olympiques. Il lui trouve même des yeux de phoque. Mieux sans doute, il y a chez lui une sorte de fantasme, qui se rencontre souvent chez les humbles qui admirent les puissants, et qui le fait s'identifier au président de son pays. Puis, peu à peu, il se détache de ce modèle au point de l'affubler de surnoms de sorte qu'on peut se demander si c'est par sympathie ou pour s'en moquer. Il insiste sur une ascension laborieuse au début mais finalement fulgurante, basée sur l'arrivisme, le cynisme et même l'opportunisme, en l'opposant dans une sorte de nostalgie à la Russie éternelle et notant sa grande faculté à s'adapter à l’effondrement du communisme, à la transformation de la société, à l’émergence de l'économie de marché, le tout avec une grande autorité et aussi la volonté de s'enrichir. Il ne manque d'ailleurs pas de nous livrer des remarques pertinentes sur le communisme, lui qui, à part le nom, une vague ressemblance et presque le même âge n'a finalement rien de commun avec le président de son pays. Pire peut-être, à force de se pencher sur la vie de son modèle, surtout à partir de sa prise de pouvoir, il finit par se demander qui est en réalité ce Poutine et le doute s'insinue en lui à un point tel que ce qui n'est au départ pas une autobiographie devient même autre chose qu'une biographie tant son sujet lui échappe. Il souhaite même sa mort tant il le déçoit par son cynisme ou son indifférence et ce qui était au départ une véritable fascination se transforme au fil des pages en une sorte d'obsession. Notre rédacteur n'est certes qu'un quidam et le restera toute sa vie mais cette année 2014 qui tient lieu d'unité de temps au roman sera révélatrice pour lui. Par le miracle de l'imagination qui caractérise les artistes, cette recherche sur la vie de son homonyme devient un véritable fantasme que l'effet cathartique de l'écriture entretient. Il se met à imaginer que le Président, qui est pourtant une énigme pour lui, le connaît personnellement et lui accorde de l'importance. Ce n'est peut-être que du fantasme, mais cela abolit le temps, les barrières sociales, lui fait du bien comme fait du bien aux êtres sans importance de repeindre l'espace d'un instant leur vie grise en jaune canari. Et tant pis si, au bout du compte la réalité reprend ses droits, s'impose à lui et le remet à une place qu'il n'aurait jamais dû quitter.



Sa vie à lui n'a en effet rien de passionnant. C'est qu'il est seul et pense toujours à Tatiana, sa femme qui l'a quitté ; il songe amoureusement à Galina, mystérieuse, imprévisible qui semble se dérober ou s'accrocher à lui alors qu'il est partagé entre timidité et malchance. Il vit sa vie au jour le jour comme un citoyen ordinaire, s'intéressant autant aux jeux olympiques de Sotchi qu'à la politique que mène Poutine, égrenant ses souvenirs autant que l'histoire complexe de ce pays, entre tsarisme, communisme et société nouvelle. Pourtant, au fil des pages de cette fiction, il m'a semblé qu'ils ont au moins en commun la solitude que le pouvoir génère pour le dirigeant politique et qui caractérise la vie de notre quidam. Pour les deux, elle enfante de la tristesse même si le lecteur a finalement plus de sympathie pour le rédacteur de ces calepins que pour le chef d'état.



Avant que Babelio dans le cadre de « Masse critique » et les éditions Flammarion que je remercie, ne me fassent parvenir cet ouvrage, je ne connaissais pas Bernard Chambaz. J'ai apprécié l'idée de ces deux destins croisés, l'humour, le style et l'ambiance de ce roman passionnante. Les courts chapitres bien documentés sont agréables à lire, le ton est alternativement léger et dramatique, plein d'anecdotes et de remarques pertinentes, mêlant l'actualité à l'histoire et c'est l'occasion pour l'auteur de cette fiction de retracer le passé de la Russie à travers les grands hommes qui l'ont incarné et les événements immédiats ou plus anciens, anodins ou importants qui l'ont marqué.



Hervé GAUTIER – Septembre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Vladimir Vladimirovitch



Reçu dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et à Flammarion.

Je suis assez perplexe après la lecture de ce livre.



D'un côté j'étais très curieux et avait envie de lire ce livre afin de mieux comprendre un homme important, Poutine, et de découvrir un auteur duquel j'attendais un ton particulier et si possible beaucoup d'humour.

Je suis partiellement satisfait.

De l'autre, je craignais un coup marketing, quelque chose de vite fait mal fait, surfant sur la vague des biomachins, des événements actuels (et permanents) en Russie, et sur celles des romans biographiques qui se répandent trop, à mon goût. (Tiens, je me suis un peu répété. Soit.)

Mes craintes sont partiellement justifiées.



Je ne comprends pas non plus l'objectif de l'auteur. Il ne voulait pas faire une biographie classique de Poutine ? Mais il y a mille moyens de faire une simple biographie mais qui soit prenante et stylée et passionnante et originale. Et cela l'auteur, qui a un vrai talent d'écriture, aurait pu le faire. Et c'eût été très bien.

Ici, il use d'un artifice qui à la base aurait pu bien marcher et qui marche tout de même mais pas complètement, en inventant un homonyme, du même âge que le président. Pour qui tout se gâche lorsque Poutine devient Poutine.

Enfin, tout se gâche, c'est pas tout à fait vrai non plus.

La biographie de V.V.P. qu'écrit cet homonyme, "qui n'est pas une autobiographie", est touchante, elle nous donne à voir un homme étonnant (mais ça n'est pas étonnant), ses petites émotions, ses manques d'émotions, ses prises de décisions (petites et grandes)..., et évidemment sa trajectoire lente et rapide à la fois (oui tout est un peu antinomyque là-dedans). L'auteur qu'il le veuille ou non me rend le président Poutine humain, et j'aime ça...



Tout est double dans ce livre, double biographie, double(s) personnage(s), personnage double (agent-espion etc.), double présence féminine (celle du passé, celle du présent), le passé et le futur encombrent un présent qui ne cesse de se démarquer des deux... (Ouais, bon, je brode un peu ou non, je ne brode pas... Vous avez j'espère compris l'idée.)



Un beau style. Qui paraît simple mais bravo, on ne sent pas tout le travail sous-jacent !



La construction est bien faite, des chapitres sur l'homonyme et sa propre construction chronologique et en cahiers sur le (futur-)président. En alternance. On ne se lasse pas. Notez que parfois il faut faire attention à ne pas se perdre entre ces doubles, ce faux-double personnage.



L'histoire et l'Histoire se confondent parfois et ne sont pas finies. Le livre ne clôt rien, laisse les choses ouvertes. Tant pis, tant mieux. Mes sentiments sont doubles, une fois de plus.



Livre pas indispensable, mais tout à fait intéressant, pour plein de raisons, je crois, et enfin, bon, une fois de plus, rien n'est jamais si simple...
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Martin cet été

Bernard Chambaz raconte le deuil qui l'a touché : son fils Martin est mort d'un accident de voiture, en Angleterre, alors qu'il avait seize ans.

L'auteur raconte les jours qui ont précédé, et les jours qui ont suivi le drame avec précision et indicible douleur (l'annonce, le lieu de l'accident, le corps du fils mort, les lettres de condoléances, les démarches administratives, les visites au cimetière...). Il raconte les effets du drame sur sa famille, sur lui-même et la vie entière.

Au milieu des décombres, l'écriture rend hommage à Martin, et lui redonne vie, à nos yeux, le temps de cette lecture extrêmement émouvante.
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Caro carissimo Puccini

Caro carissimo Puccini, voilà une biographie passionnante et tellement vivante.

Pouvoir des mots, auteur talentueux, j'ai le temps d'une lecture, oublié mon quotidien et "vécu" en compagnie du tourbillonnant Puccini aux passions multiples, esprit libre et curieux, et éminemment doué.



Émaillée d'anecdotes souvent drôles, cette biographie est d'autant plus intéressante qu'elle relate de nombreux événements d'ordre historique, politique, culturel et artistique. L'immersion est totale.



Il y a également dans ce récit beaucoup d'émotions.

Drôle, faisant fi des conventions sociales, Puccini, malgré son optimisme, parfois doute et est en proie à la tristesse et la mélancolie.

" Je suis démoli", c'est ainsi que débute ce récit et que Puccini évoque la perte de son frère. Dans le dernier chapitre, l'auteur aborde avec beaucoup de pudeur et de délicatesse le lien qui l'unit à Puccini quand il évoque à son tour, la perte accidentelle de son fils dans les mêmes termes.

On comprend alors qu'E lucevan le stelle (à l'introduction à la clarinette) prend pour lui une signification importante et s'avère apaisant.



C'est certain, j'aurai plaisir à relire ce livre.

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Un autre Eden

En exergue cette citation de Joseph Delteil : « Aux morts, pour qu’ils vivent. Aux vivants, pour qu’ils aiment. » Hommage rendus à tous les anonymes morts pour la France en 14-18.

Cette citation, comme une seconde peau à tous ceux qui ont vécu l’innommable : la perte d’un enfant.

Janvier 1976, à un siècle d’intervalle naissait Martin Chambaz, fils de l’auteur.

Etoile filante, décédé accidentellement à l’âge de 16 ans.

Comment vivre avec ?

Partir sur les traces du grand Jack, parce que Martin aurait eu 40 ans, âge auquel est décédé Jack London.

« Je sais que nous allons suivre le chemin que Jack London avait suivi à l’âge de dix-huit ans, en sens inverse. »

Nous, l’auteur et son amoureuse, lui à vélo, elle en auto.

En chapitres portant les noms du lieu, découpés en textes courts, l’auteur s’adresse à Jack et Martin, il entremêle les liens, nous découvrons un Jack London par des anecdotes, des portraits finement tracés, un Martin jeune vie fugace. L’auteur adopte le ton de la familiarité qui donne aux lecteurs la sensation de faire partie de la famille et d’écouter les différentes histoires d’une épopée.

La musique de cette histoire serait l’appétit insatiable de London pour la littérature, une manière pour Bernard Chambaz d’une revisite et d’une incitation à nourrir notre vie de littérature, les références sont toujours judicieuses et ponctuent agréablement ce livre.

D’une belle écriture, pudique mais aussi facétieuse l’auteur tisse sa toile pour notre plaisir.

Un match entre le grand Jack et Bernard pour affronter leurs démons ?

On sent le combat de tous les instants, on sait combien les livres, les mots sont là pour apaiser les maux.

Il y a des fantômes plus lumineux que d’autres, surtout ceux qui sont éclairés par une écriture magnifique pour ne pas dire somptueuse.

Parce que pour Bernard Chambaz et ceux qui ont lu ce livre, ici et pour toujours : « Martin est là, tout près, du moins ai-je la faiblesse de le croire. La faiblesse ou la force, je ne vois pas la différence. Ce n’est pas une question de volonté, pas davantage que le mouvement des planètes, ce n’est pas non plus un pari où je n’aurais rien à perdre, c’est comme s’il était là, comme les nuages et le vent dans l’herbe… »

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 février 2020.

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Un autre Eden

Ce livre m’a été offert par un ami cycliste. Nous sommes le 20 juillet 2016. L’auteur, à vélo, et son amoureuse, en voiture, poursuivent la route de Jack London aux USA et au Canada avec une excursion en voilier vers Hawaï et les îles Marquises. Ils sont accompagnés en sourdine, en brèves résurgences, par Martin, fils de l’auteur, né 100 ans après London, enterré 24 ans avant ce pèlerinage. Nous traversons une succession pressée d’anecdotes qui désoriente par l’emploi continu du présent. Chambaz est un connaisseur érudit de l’œuvre de London et un conteur prolixe de sa vie, tracée sans ordre apparent dans une foison d’anecdotes, mais de ce pointillisme n’émerge guère de figure ou de message mémorable.



Pourquoi le titre « Un autre Eden » ? Peut-on conclure avec l’auteur : « Évidemment, écrire n’est pas un problème. Mais encore faut-il savoir quoi » (p 290) ? C’est probablement injuste, j’en veux pour preuve l’excellente critique de ChtiBaboun (30/08/2019). Alors c’est un livre pour les passionnés de London, ou de Chambaz, mais il ne suffit pas au cycliste de base.



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Vladimir Vladimirovitch

Bernard Chambaz utilise le roman pour parler d'un homme de notre époque qui fait déjà couler beaucoup d'encre : Vladimir Vladimirovitch Poutine. Intriguée, par l'idée de base (l'homonyme de Poutine voit sa vie basculer, lorsque ce dernier arrive au pouvoir), j'ai saisi l'occasion que me proposait Babelio (que je remercie) de lire ce livre.

Mon impression au commencement



Vladimir Vladimirovitch est un homme normal qui regarde le hockey, suit les jeux de Sotchi, qui porte une attention à tout ce qui concerne le président Poutine, au point de reporter sur un carnet diverses informations à son sujet, et qui a aimé une femme Tatiana. Mais c'est aussi un personnage que j'ai trouvé apathique assez rapidement, qui restitue des choses, mais ne suscite pas d'émotions. Dis comme cela, cela peut paraitre rédhibitoire, mais non ça n'a pas vraiment été le cas. Il y a un abîme entre les deux Vladimir, et j'ai voulu en apprendre plus sur les deux.



On oscille entre le récit ordinaire de la vie plate de Vladimir Vladimirovitch et le récit de l'arrivée de Poutine au pouvoir. Tout y passe : son enfance, son entrée au KGB, son ambition, sa personnalité, son accession au pouvoir. Le roman laisse place à 3 reprises aux carnets que rédige Vladimir sur son homonyme présidentiel. Au fil de ma lecture, je trouve plus d'intérêts aux passages concernant le président qu'au reste et pour dire, la vie de Vladimir à force de stagner devient lassante. J'imagine que l'auteur a volontairement créé ce fossé entre eux, mais le procédé a ses limites. Et la vie de Vladimir aurait basculé à l'arrivée de l'autre Vladimir au pouvoir ? Et bien je me demande bien en quoi... C'était quand même sur cette axe que ce roman est censé être bâti...

En tout cas, la vie de Vladimir Poutine, bien documentée, est rendue plus intéressante, je la suis avec intérêt et curiosité, je dois l'avouer. Certaines anecdotes font sourire, ou sont consternantes aussi.



J'ai trouvé ce roman en partie intéressant, mais voilà l'un des deux Vladimir n’est pas à la hauteur et le suivre devient ennuyeux. Certes, c’est un moyen détourné pour mieux parler du président Poutine, mais pour le coup, Bernard Chambaz n'a pas réussi à rendre le tout convaincant.
Lien : https://aucafelitterairedece..
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Vladimir Vladimirovitch

Bernard Chambaz témoigne dans ce roman de sa solide connaissance de la Russie et de son histoire, mais exprimant d'une vraie tendresse pour ces personnages. La vie quotidienne y est décrite avec justesse, les petits bonheurs quotidiens (le pique nique, les ballades en forêt, les sports de glisse, ...) parsèment une vie quotidienne frugale mais sans grand heurt. Les références à la littérature russe ponctuent régulièrement ce roman.

Notre héros est né en 1952, un an avant avant la mort de Staline, et a grandi dans un pays (l'URSS) qui pouvait rendre fiers les Russes : les hockeyeurs infligeaient défaite sur défaite au monde entier, Gagarine était le premier homme dans l'espace, l'Armee Rouge paradait, crainte ....Notre héros poursuit ses études de lettres, enseigne à l'Université. Lorsque l'URSS s'effondre, il perd son poste, conduit un tramway, voit ses amours contrariés (les discussions politiques devenaient trop envenimées, entre autres ...). Notre conducteur de tramway acheve sa carrière ; ses collègues lui offre un voyage de 3 jours à Paris (en fait il s'agira de visiter le Kremlin Bicetre, Malakoff, de déambuler boulevard de Sébastopol, sur le pont Alexandre III, ....). Il s'éprend de sa voisine et entame, à son égard, une campagne de séduction "à l'ancienne", presque à la soviétique.

Tout irait pour le mieux si son homonyme, Vladimir Vladimovitch Poutine, n'avait pris le pouvoir, et notamment le pouvoir de hanter les médias, qui bâtissent, jour après jour, le "culte de la personnalité" de Poutine ; ce "Staline le petit" veut marcher sur les traces des terribles autocrates qui ont mené le peuple russe avec le knout, avec la bénédiction du clergé orthodoxe. Par réflexe (soviétique ?), notre héros entre en "dissidence mentale" ; il décide de laisser une trace, qu'il sait invisible aujourd'hui, de se révolter, vainement : les tableaux peints avec rage dans son petit appartement, et les cahiers Moleskine, qu'il remplit, renferment les faits biographiques sur l'ancien étudiant déjà tricheur devenu le maître du Kremlin, que notre héros a pu glaner sur internet ou dans les journaux. Comme si la catastrophe était imminente, allait tout emporter de la mémoire, de l'histoire.

À mes yeux, c'est un roman résolument politique : notre héros subit, plus qu'il n'agit, cette histoire russe si terrible pour ses peuples. le style est limpide, l'ironie affleure par endroit.

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Vladimir Vladimirovitch

Quelle bonne prise cette fois avec Babelio qui fidèlement me demande souvent mon avis, des plus favorables aujourd'hui avec le très bon roman de Bernard Chambaz Vladimir Vladimirovitch, pas du tout une biographie du tsar avec cependant des éléments réels de la vie de ce fabuleux personnage de roman qu'est Poutine. En fait Poutine a un homonyme, au moins un, et ce Vladimir Vladimirovitch, qui est en plus né le même jour, a été frappé lors des J.O. de Sotchi par la tristesse dans le regard du président devant l'élimination de l'équipe russe de hockey."Une tristesse d'enfant, des yeux de phoque". Et l'on sait la détresse du phoque en Alaska ou plutôt en l'occurrence au Kamchatka.



Alors V.V.Poutine le cheminot continue d'écrire dans ses cahiers noir et rouge sur V.V.Poutine le président. Il le fait depuis l'accession au pouvoir de ce dernier, évènement qui a en quelque sorte fait basculer sa vie. Pourtant aucune haine du modeste pour le puissant, pas non plus une vraie fascination. Mais un sentiment ambigu et très romanesque que Vladimir le petit tente de mettre noir sur blanc en racontant à sa manière la vie de Vladimir le grand. Enfance, KGB, ascension, omniprésence et omnipotence, décrivant ainsi un Poutine le président comme un personnage certes peu sympathique mais tellement "bon client" pour une littérature de qualité. Et Vladimir le modeste continue sa vie, un peu aléatoire, maintenant retraité du tramway, lui qui fut jadis professeur d'université, patineur et peintre du dimanche à la vie privée moyenne depuis son amour perdu pour Tatiana et ses petits arrangements avec Galina.



Pourquoi sur ses calepins de moleskine s'obstine-t-il à ces quelques mots, et pourquoi tous ces articles de presse concernant Vladimir le puissant? "19 février, tristesse dans ses yeux, phoques, aquarium". Probablement une sorte d'osmose avec ce pays occupant un cinquième du monde et, dans les carnets de Vladimir toute l'histoire de la Russie brutale comme un ours, chafouine comme une zibeline, pays géant passionnant et démesuré, inégalitaire comme pas permis, tellement ailleurs et dont le roman de Bernard Chambaz a le charme un peu vénéneux, vodka qui nous chavire et bruits de bottes compris du côté de l'Ukraine, cette fois.

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La peau du dos

Auguste Renoir aime se poser en pleine nature pour peindre la clairière. Mais dans son champ de vision, il repère un homme assis sur le rebord d’un rocher. C’est Raoul Rigault, un journaliste révolutionnaire tout droit venu de la capitale pour échapper à la police de Napoléon III. Les deux jeunes hommes se présentent. Auguste emmène Raoul à l’auberge de la mère Anthony. Il lui prête une blouse de peintre, celle de son ami Bazille. Ils vont passer quelques jours ensemble à évoquer leur passé, se promener sur le chemin aux merles. Puis chacun rentre à Paris.

En mars 1871, la Commune est installée à Paris. Auguste peint au bord de l’eau quand une femme l’accuse de dessiner des plans pour permettre aux Versaillais d’entrer dans Paris. Auguste est arrêté et envoyé à la Préfecture, rue de Jérusalem. Raoul, devenu chef de la Police, le sauve de cette embrouille. Les deux hommes se retrouvent souvent pour se confier ou visiter le Louvre, le mont de piété, un hôpital révolutionnaire. Auguste perçoit que Raoul prend beaucoup de risques pour réussir sa révolution.

Les dissensions entre communards, l’entrée des Versaillais dans Paris risquent de lui être fatal.

Ce livre de Bernard Chambaz est un mélange de roman, de récit historique et de découverte de l’art. Mais c’est tout d’abord une belle histoire d’amitié entre deux jeunes hommes d’à peine trente ans qui se sauvent la vie mutuellement à deux périodes de leur vie. Auguste Renoir n’est pas encore célèbre, il est constamment à la recherche de la bonne couleur. Raoul, lui, est un exalté, un idéologue qui croit en sa révolution. En pleine Commune, Auguste, en témoin extérieur, se laisse porter par son amitié avec Rigault. Un Rigault un peu ambigu, parfois accusé de corruption mais intègre et prompt à se battre jusqu’au bout pour sa cause.

J’aime beaucoup le style de Bernard Chambaz et il nous propose ici un roman historique intéressant sur la Commune et le personnage peu connu de Raoul Rigault. Le personnage d’Auguste Renoir donne ici une touche artistique lumineuse en pleine période tragique.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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