AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Charles Bukowski (627)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Un carnet taché de vin

Un livre de Bukowski est toujours une leçon de vie. J'adhère pleinement à sa conception du monde. Faire tout ce qui est en notre possible pour lutter contre l'absurdité du monde et l'affronter. Ce recueil est une compilation posthume de textes inédits de 1944 à 1991 rassemblés par son éditeur. On y trouve de tout, des nouvelles comme des récits plus ou moins autobiographiques. Plusieurs textes ont pour thème son métier d'écrivain corrélé à son expérience de vie. J'en retiens une grande sincérité.

C'est en alternance avec les lettres à Lucilius de Sénèque que je lisais ce recueil. Au risque de paraître un peu tordu, j'avoue avoir trouvé certaines similitudes dans leurs conceptions de la vie. Non que Bukowski soit stoïcien, mais si l'on relit le texte de 1991, on s'aperçoit qu'il vivait dans un dénuement voulu, se contentant, comme il le dit, de moins que le nécessaire pour vivre. Tout à fait en concordance avec la philosophie de Sénèque. De plus, Buko ne cherchait absolument à changer le monde qui l'entourait, mais au contraire à s'y adapter tant que possible, faisant preuve de cynisme et de dérision. Diogène ne me semble pas très loin non plus...

Bukowski philosophe ?

Commenter  J’apprécie          200
Au sud de nulle part

On connaît tous ces auteurs qui ont un penchant pour l’alcool, Duras, Bukowski, Faulkner, Hemingway… On peut à la limite comprendre en les lisant le moment où ils se servent un verre, puis un autre. Ça semble facile, quasiment nécessaire. Pour la lecture, c’est une autre paire de manches.



Lire en état d’ivresse suppose une certaine sélection. On ne peut pas lire des livres très descriptifs (comme 2666 de Bolano), on se perd, on perd notre concentration, on s’ennuie à mourir et on passe à autre chose. Il faut que ça soit court, sans trop de description; l'auteur doit aller à l'essentiel. "Au sud de nulle part", des nouvelles de Bukowski! Pas un mot de trop. De quoi le livre parle? J'en ai plus la moindre idée. C'est du Bukowski, c'est tout. On rit, on se dit qu’on se prend trop la tête et pas assez d’alcool. Nos problèmes sont toujours à relativiser, ça peut aller mal, ce ne sera pas la dernière fois.



Ce qui est étonnant dans cette situations, c'est que l'on se retrouve à relire les mêmes phrases, deux, trois cinq fois. On échappe le livre, tente de retrouver la page, on lit pis on s’aperçoit qu’on a déjà lu tout ça... mais cela n'a pas la moindre importance.
Commenter  J’apprécie          201
Women

Il y a quelques jours on ressortait de notre bibliothèque deux bouquins de John Fante : Le vin de la jeunesse et Grosse faim.

Fante, on l'a dit, c'est un peu le père spirituel de Charles Bukowski.

Un Bukowski qui a d'ailleurs grandement contribué à la popularité de Fante.

On tient avec ces deux-là, deux grands écrivains américains, deux piliers de ce siècle de littérature.

Bukowski c'est un peu et en de nombreux points le Serge Gainsbourg de la littérature US : provocateur (avec sa bouteille de pinard chez Bernard Pivot, c'était en 1978 et l'INA a gardé ça en boîte), le physique pas très beau mais grand collectionneur de femmes, grossier personnage et poète sublime.

Dans Women, Bukowski écrit sur les femmes. Enfin c'est ce qu'il dit ou c'est ce qu'il veut faire croire.

Mais, tout bien pesé, on s'aperçoit vite d'une différence essentielle entre le personnage autobiographique de Bukoswki, Hank Chinaski, et Arturo Bandini, le personnage fétiche de John Fante.

Ceux qui se dévoilent sous la plume de John Fante, ce sont «les autres» : la famille, les copains, les filles, le père, la mère, les oncles, et l'on apprend finalement très très peu de choses sur le petit Bandini/Fante.

Bukoswki, tout au contraire, parle avant tout de lui, enfin de Hank Chinaski.

Dans Women, les femmes défilent dans le lit de Chinaski comme dans la vie de Bukowski, mais l'on apprend finalement très peu de choses sur elles. Et c'est bien Bukowski/Chinaski qui se met à nu.

Est-ce l'âge ? l'époque ? mais les charmes sulfureux de Bukowski semblent aujourd'hui bien éventés. Certes on y parle de sexe et d'alcool, on y baise le soir, on y picole toute la nuit et on y dégueule au petit matin, mais cela ne choque plus guère.

Car la vie de Chinaski/Bukowski est ainsi faite ...

... de beuveries :

[...] C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.



... de coucheries :

[...] - Je t'invite dehors pour le petit-déjeuner, j'ai dit.

- D'accord, a répondu Mercedes. Au fait, on a baisé, hier soir ?

- Nom de Dieu ! Tu ne te souviens pas ? On a bien dû baiser pendant cinquante minutes !

Je ne parvenais pas à y croire. Mercedes ne semblait pas convaincue.

On est allé au coin de la rue. J'ai commandé des oeufs au bacon avec du café et des toasts. Mercedes a commandé une crêpe au jambon et du café.

La serveuse a apporté la commande. J'ai attaqué mes oeufs. Mercedes a versé du sirop sur sa crêpe.

- Tu as raison, elle a dit, on a dû baiser. Je sens ton sperme dégouliner le long de ma jambe.

(et encore, on a choisi un extrait soft !)



... et de littérature :

[...] Les écrivains posent un problème. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend comme des petits pains, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend moyennement, l'écrivain se dit qu'il est génial. Si ce qu'un écrivain écrit est publié et se vend très mal, l'écrivain se dit qu'il est génial. En fait la vérité est qu'il y a très peu de génie.



Mais rapidement derrière ces propos apparemment scandaleux mais qui ne sont qu'un écran de fumée (et auxquels il serait bien dommage de s'arrêter et de passer ainsi à côté de ce « génial » écrivain), apparait bien vite le désarroi de Chinaski et c'est ce qu'on retiendra de cette relecture de Bukoswki.

Un misogyne qui ne peut pas se passer des femmes, un misanthrope profondément humain.

Capable d'écrire, entre deux énormes grossièretés :

[...] En beaucoup de domaines, j'étais un sentimental : des chaussures de femmes sous le lit; une épingle à cheveaux abandonnée sur la commode; leur façon de dire « je vais faire pipi »; ...



Pour celles et ceux qui aiment farfouiller au fond de l'âme humaine.
Commenter  J’apprécie          200
Sur les chats

Ce livre est à déconseiller aux amateurs de vidéos de chats mignons sur internet.

Les chats de Charles bukowski qui ont été au nombre de 9, ne sont pas mignons. Ils sont borgnes, la queue coupée, blessés. Ils sont bagarreurs et viennent de la rue comme lui et c'est pour cela qu'il les aime.

Ils cohabitent avec le grand écrivain et sa femme, les réveillent à l'aube, le distrait dans l'écriture, le fascine et l'apaise.

De nouveau, avec les éditions le diable vauvert, nous retrouvons des inédits de bukowski. Pour le grand bonheur de ses nombreux fans. On le sait, bukowski publiait beaucoup, des romans, des nouvelles mais aussi dans des revues et beaucoup de ces publications n'ont pas été traduites.

C'est encore une fois un vrai bonheur de le lire, même si on sent que le sujet s'épuise un peu.

Mais en tout cas, personnellement, j'en prendrais bien une petite rasade…
Commenter  J’apprécie          190
Sur l'écriture

Réédition en poche de l'ouvrage paru Au Diable Vauvert en 2017

Dire que Bukowski occupe une place à part dans la littérature américaine, c'est enfoncer une porte ouverte. Et pourtant à la lecture des dizaines de lettres qui composent ce recueil, on est toujours sous le charme du génie de ce poivrot céleste.

Pour la plupart inédites, ces lettres envoyées entre 1945 et 1993 révèlent un Bukowski qui prenait un réel plaisir dans l'écriture. Agrémentées de quelques petits dessins lumineux, ces lettres abordent tous les sujets qui concernent le fait d'écrire mais également d'être publié. Les lettres commentant les refus qu'il a essuyés s'inscrivent en contre-point de celles dans lesquelles il remercie chaleureusement les éditeurs qui ont accepté un texte, un poème. Et quand un critique est un peu trop sur la réserve, Bukowski se lâche et pourfend le rustre avec ses outrances habituelles.

Parmi les destinataires on trouve des directeurs de revues littéraires, des éditeurs, des poètes, des romanciers comme Henry Miller (à qui il vante le talent de Céline) ou John Fante (qu'il admire).

Dans ses lettres, le poète met toutes ses tripes, ses peurs, sa passion, ses peines et ses joies. Sa vie, quoi !

Commenter  J’apprécie          190
Pulp

Pulp, dernier roman de l'auteur pourrait se résumé à quelques uns de ses titres :

Un "conte de la folie ordinaire" écrit dans "le journal d'un dégueulasse"; "un postier" avec "des souvenirs du pas grand chose".

Ou comme il le dédicace: " A la littérature de gare".

J'avais apprécié "le postier", mais là en dehors des enquêtes loufoques qui peuvent enrichir quelque peu ce livre , la vulgarité des propos et des dialogues ont eu raison de ma lecture.
Commenter  J’apprécie          190
Pulp

Sacré chantier !



Attiré Par Buko depuis un petit bout de temps, j’ai attendu d’avoir quelques verres dans le gosier et que quelqu’un pisse dans la piscine avant de me jeter à l’eau, histoire d’être ambiancé.



C’est indubitablement la couverture de l’édition 10/18 avec ses canettes dessinées en style ignorant qui auront déclenché l’envie de me lancer dans l’aventure, si seulement je savais dans quoi j'allais foutre les pattes..



Passé l’excitation des premières lignes, je me suis demandé si ce cirque constant, cette écriture mordante trempée dans la vodka bon marché n’allait pas s’essouffler sur la longueur, fort heureusement ce n’est pas le cas, faut dire que Buko' et son héros s’envoient une quantité suffisante carburant dans le cornet pour refaire le monde à leur façon.



L’ébriété et la déchéance semblent etre les deux fils rouges conducteurs de ce récit hallucinant, ca part à droite, à gauche, ca vacille et ca trébuche puis regimbe, ca sent bon la vinasse et le langage fleuri.



Ca dérape constamment tout en allant à cent à l’heure, mais bordel y’a quelqu’un aux commandes ?



Ce génie du mal qu’est Bukowski nous sert un privé désabusé qui trinque avec la mort, un bon vieux crabe au bout du rouleau avec un cigare du mois dernier au bec. Il manie son thriller foutraque avec une audace pernicieuse, il a toujours une pince sur le volant et l’autre sur la bouteille, et malgré le strabisme carabiné du au regard partagé entre les formes aguicheuses des beautés fatales, et la paye du mois claqué au tiercé sur le pire canasson du coin, ca tient le parquet!





J’y ai retrouvé des relents d’alcool d’un roman de Ken Bruen associées au privé rêveur de Richard Brautigan, saupoudré de l’excentricité goguenarde d’Hunter S. Thompson.



Toute la subtilité réside dans l’apparence trompeuse de foutoir hilarant, long fou rire éméché, un véritable hard-boiled plus très conscient qui frise la cirrhose et le génie.



Foncez, pauvres fous, (mais n'oubliez pas l'Efferalgan)!

Commenter  J’apprécie          1914
Nouveaux contes de la folie ordinaire

Bukowski se traine une petite réputation d'écrivain glauque, déprimant car ils nous parle de la vie au bord du gouffre, des gens que la société a vaincus. Ou qu'elle n'a pas eu.

Mais Charles n'est pas déprimant, il est tour à tour tendre, vulgaire, tragique, drôle, en colère, virulent et la lecture des ces livres est plus jouissive qu'autre chose.

Sous l'apparence grossièreté des textes se cache une vrai âme de poète qui sait que la vie est une comédie tragique ou l'inverse je ne sais pas bien et qui tient à partager cette vérité et sa révolte avec nous.

Et il y arrive le bougre par le génie de sa plume car si Buk est parfois vulgaire (souvent ?) sa prose est splendide, émouvante, bouleversante tout en étant pleine d'humour et de révolte. Un vrai tour de force.

Buk nous balade donc d'une émotion à l'autre au fil de ses délires tout en faisant passer certaines vérités sur la vie, la mort et le reste. Le propre des auteurs vraiment doués, pour ne pas dire géniaux.
Commenter  J’apprécie          192
Pulp

Une amie m'avait fait découvrir Charles Bukowski, auteur lubrique fan de Céline, et lorsque, sur le net, je suis tombé par hasard sur le pitch d'un roman noir où le détective partait à la recherche de Louis-Ferdinand Céline pour le compte de la Faucheuse qu'il fuirait depuis 1961... Je ne pouvais que me jeter dessus!!



Le bilan est mitigé : de magnifiques maximes et citations post-céliniennes parsèment le livre, Bukowski étant vraiment son admirateur absolu, et son personnage autobiographique adopte le même ton pessimiste quant à l'humanité, qui a pu tant nous régaler chez l'auteur français controversé. Mais il fait l'erreur d'ajouter plusieurs enquêtes moins intéressantes, et surtout, d'évacuer Céline de la carte à un peu plus de la moitié du roman. À partir de là, énorme coup de mou, la tension et l'attention retombent, et les errances dans les bars du protagoniste alcoolique observateur de la chute de l'humanité (et de la sienne) deviennent répétitives et lassantes, malgré la beauté de l'écriture (chapeau au traducteur).



Vu qu'il s'agit du tout dernier roman de Bukowski, et que son personnage est obsédé par l'image de la Mort, récurrente à travers Pulp, on y lit évidemment les propres angoisses de l'auteur, qui voit la fin approcher. Bukowski était un adepte du protagoniste double de lui-même, et Pulp n'y fait pas exception. Ce parallèle ajoute indéniablement une émotion et une noirceur à un roman cependant très drôle, surtout dans sa première partie (moins dans la deuxième). C'est effectivement une véritable parodie de roman noir, avec TOUS les clichés du détective kitsch badass décuplés à une échelle complètement burlesque, grotesque, qui vous fera beaucoup rire... Il est donc d'autant plus dommage que le fil Céline ne soit pas tenu jusqu'au bout et expédié, et que le ton s'assombrisse à la fin, en plus de perdre de l'interêt. Petites cerises : d'autres auteurs et références littéraires apparaissent en dehors de Céline et de ses oeuvres, je n'en dirai pas plus!



J'ai hâte de me jeter sur les autres oeuvres déjantées de cette icône alcoolique et très portée sur la chose!
Commenter  J’apprécie          190
Contes de la folie ordinaire

Lire Bukowski, c'est une aventure quand on y met les pieds pour la première fois. Attention, esprit prude et très sensible, passez votre chemin. Sinon, ouvrez les pages et laissez la folie ordinaire vous envahir.

Tais-toi, traînée! Tu as vidé plus de couilles qu'il y a de boules sur un sapin de Noël. Le ton est donné. 21 nouvelles vont se succéder ayant toutes deux choses en commun : du sexe, du sexe, du sexe et la femme. Et ici pas de détour de forme pour parler de sexe. Pas de mots tels que pénis ou vulve ou d'image pour parler sexualité. Une bite, une couille, un doigt, c'est clair et direct. Derrière cette thématique, on découvre une société pauvre, qui coule, qui sombre, qui n'a plus de repère. L'espoir est une utopie de riche.



Charles Bukowski dit Hank est le personnage principal de ces histoires. Profitez de la vie, c'est profitez de chaque instant de plaisir : le plaisir de la chair, la drogue, la nourriture. Demain, est un autre jour et on verra à ce moment là. Bien entendu, cela ne se fait pas avec le sourire et la bonne humeur. Hargneux, mécontent, chieur, grossier, il déteste les gens. Sa haine c'est sa manière d'aimer le monde.



Les histoires malgré le désespoir ont une intensité qui m'ont touché. Surtout la nouvelle où une jeune fille se suicide, où la petite parcelle de lumière qui commençait à luire ne lui à pas permis de se battre. J'ai ri dans la découverte extraordinaire de la "machine à baiser". Un peu dangereuse quand même, surtout si vous tenez à votre service trois pièces.



Bref, des histoires qui mettent un bon coup de pied dans les couilles qui permettent de bien prendre en compte que le monde des bisounours c'est pas là. A moins que cela soit la version non officielle.



Une lecture qui à mon avis va se compléter par la découverte de ces autres romans.
Commenter  J’apprécie          190
Contes de la folie ordinaire

Bukowski ne se contente pas de tomber là dans le piège de la facilité de la provocation à deux balles, ce genre de provocation dont on nous rabat les oreilles à l'époque actuelle dans tous les médias, ce n'est pas un gars qui rentre chez lui et retrouve sa vie pépère, pof!, oubliée la provoc' : non, Bukowski fait de l'attitude provocatrice une ligne de conduite principale et sans concessions, à travers les personnages et leurs scènes de vies présents dans ces nouvelles.



Sous les strates concernant les domaines favoris de provocation (sexe, alcool, propos vulgaires, machisme) on discerne toute la tristesse d'un grand désabusé des hommes, las des règles et conventions sociales, un grand inadapté en quelque sorte, et surtout inadaptable, revendication sans fin...



Alors, si comme "Le Bison", l'envie peut prendre de tout envoyer claquer et de finir sa vie au fond des bars, voir le monde autrement et s'approprier cette vision intérieurement est déjà ce que nous permet ce genre de lectures, si l'on est capable de dépasser le niveau "perception"et de trouver ce qui transparaît au-delà de la simplicité cruelle du vocabulaire et des actions.



Très drôle, très cynique, très sombre, à l'image de ce grand écrivain.
Commenter  J’apprécie          190
L'amour est un chien de l'enfer

Rien à dire. Derrière Bukowski ne reste que le silence.

........................... ........................... ...........................

........................... ........................... ...........................

........................... ........................... ...........................
Commenter  J’apprécie          184
Au sud de nulle part

Des nouvelles d’une des périodes de plus grande folie de Bukowski. Un des meilleurs recueils de nouvelles de Buko, du temps où l’esprit continuait de fixer l’étoile quand bien même le monde tombait en ruines alentours. C’en est beaucoup plus émouvant, angoissant, excitant et jouissif que lorsque, le monde s’étant bel et bien rétamé, le désir ne s’accrochant plus nulle part, à moins d’élire un fétiche à la con qui, de son manque d’équivocité, n’est même pas propice à l’humour. Oui, Bukowski est encore témoin et maître de l’époque des romantiques fous et dégueulasses.





Les meilleures nouvelles : Docteur nazi, Le diable était en chaleur, Arrêtez de lorgner mes nénés mister, Le Christ à patins de roulettes. Et toutes les autres.

Commenter  J’apprécie          180
Le Postier

On peut dire ce qu'on veut sur Buko, que ce n'est qu'un vieux dégueulasse, qui n'aime que la picole, les guiboles de femmes et les courses de chevaux... Bon on va dire que c'est pas faux... Mais on ne peut pas dire qu'il n'a rien compris à la vie. Tous ses bouquins en sont la preuve, sa relation aux autres, sa vision du travail, sa place dans la société... tout est limpide et pour sûr que j'aimerai être comme lui. Oui quand je serai grand j'aimerai être le grand Charles ! Il a compris qu'il n'avait pas de prise sur la vie (la connerie de l'autre, le pouvoir des patrons...) alors il vit sa propre vie, certes bourrée de whisky à l'eau, de clopes, de paris hippiques et d'écrits. Il vit ou survit, cherche son propre bonheur, seul, face à l'absurdité de la vie. Du Camus coule dans ses veines, mélangé avec des litres de bière et des tonnes de cendres et moi j'aime ça et je me lasserai jamais de lire ses bouquins.
Commenter  J’apprécie          183
Contes de la folie ordinaire

Petite relecture des ces Contes de la folie ordinaire, lus il y a bien longtemps. Une vingtaine de nouvelles bien claquées de celui qui, à défaut de percer en poésie, se fit un nom dans ce genre que généralement je déteste.



Sauf qu'ici c'est Hank et qu'une nouvelle de Hank, c'est plus qu'une nouvelle : c'est un déferlement de sexe brut, d'alcool lourd, de misère, de sordide, de glauque... C'est la quatrième dimension de la littérature, celle ou l'on appelle un chat un chat, une chatte une chatte, une bite une bite, une... vous avez compris.



Celle où l'homme est montré sous sa facette la plus misérablement humaine et détestable. Mais debout, après être tombé au plus bas.
Commenter  J’apprécie          180
Contes de la folie ordinaire

Aujourd'hui j'étais toute de noir vêtue, comme si j'honorais le deuil temporaire de mon vagin, tirant ma gueule habituelle : froide et hautaine. Je me présente à la vieille secrétaire qui me fait une réflexion sur ma façon de dire l'heure de mon rendez-vous. Ca commence bien. Ma réponse glacial lui aura cousu la bouche et c'est avec un air désabusé que je pose mon royal cul sur une chaise. En observant le monde autour de moi, j'ai pensé à toi, Buko. Ce sera un hommage, une offrande à toi qui nous aime, à toi qu'on obsède. Quand je parle de "nous", je parle des femmes, présentes encore ici jusqu'à l'overdose.



La salle d'attente du gynécologue, ou l'antichambre de l'Enfer.



Deux noires à côté de moi dont une s'est endormie en ronflant. Une petite brune très enceinte dont j'apprécie le sac et qui semble sourire en permanence. Pourquoi ? Comment ? Arrête. Une blonde a la gueule de fonctionnaire, une belle alliance au doigt, qui s'impatiente. Puis débarque une grosse et son mec tout sec qui lui tient amoureusement la main.

Ma rêverie est interrompue par la sonnerie de téléphone de la secrétaire, qui n'est autre qu'Alexandrie-Alexandra de notre bon vieux Cloclo. Sans déconner ? Je ricane nerveusement tout en soupirant devant ce spectacle.

La grosse se lève et part causer avec la vieille secrétaire, lui parle de... quoi ?! Non.. de son mari. Putain même dans une salle d'attente ma solitude me claque à la gueule.

Patience.. dans quelques minutes je serai cuisses ouvertes devant l'homme en blanc, dans un moment d'érotisme sans précédent. Il s'étonnera de ma douleur, je lui soumettrai l'idée de lui tordre les couilles sans préliminaires pour voir s'il apprécierait.



Qu'à cela ne tienne, j'ai une mycose à soigner et une fierté à consoler.



Le tout sera adouci par les chroniques réconfortantes de notre Buko chéri, dont j'aime partager les petits bouts de vies déglinguées et souillées (imaginaires ou non). Aussi souillées que les spéculums de l'homme en blanc. Mais dans le fond c'est tellement humain, et bordel que ça fait du bien en ces temps médiocres d'une époque à vomir ou l'on a tourné le dos à la réalité, à la vie.



Merci Buko, de me faire sentir encore un peu humaine.
Commenter  J’apprécie          180
Journal d'un vieux dégueulasse

Les premiers mots qui viennent en général quand les gens évoquent Bukowski c'est "pornographie" et "alcool". Et il serait profondément idiot de limiter son œuvre à ça, parce que oui, Grand Dieu oui, sa vie, ou plutôt celle de son alter ego le fameux Chinaski, tourne principalement autour du sexe et de l'alcool. Ou non, en fait, sa vie ne tourne pas, et c'est justement ça qui donne de l'intérêt à ses récits, il n y a pas de sens, Bukowski le savait, on baise comme on boit, on boit comme on écrit, on écrit comme on vit, pour passer le temps jusqu'à la mort.



Tout ça c'est juste un journal intime, une plongée au plus profond de la vie de cet homme, tout est fait pour donner une visée intimiste, pour vivre la proximité, pour respirer les vapeurs de whisky et entendre les mélodies de Mahler. Ce style, si concis, si bref, et surtout la structure même du récit : on arrive en plein milieu de la vie d'un homme pour repartir en plein milieu de la vie de ce même homme. Pas de bouleversements dramatiques, pas de grands états d'âme, de grands changements, de prises de conscience, on arrive comme on est venu, sur la pointe des pieds pour ne pas déranger ce vieil alcoolique en train de sauter sur tout ce qui bouge.



Et c'est ça qui fait le charme, qui fait l'intérêt, de ce livre, cette découverte d'un homme au travers de sa vie. Tant pis, ou tant mieux, si elle passe par des torrents d'alcool, d'éructions - et d'érections, aussi - et de jeunes filles saoules. Une vie pleine d'aspérités ne rend pas quelqu'un moins bon, et putain, que cette vie est agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          180
Souvenirs d'un pas grand-chose

Charles Bukowski demeure l’un des romanciers les plus influents de la littérature américaine du XXème siècle.



Derrière l’image du trublion ivre sur le plateau d’Apostrophes de Bernard Pivot se cache un auteur sensible, à l’œuvre déroutante. Certains critiques pensent même que cet écrivain culte est ce que l'Amérique a fait de mieux depuis Faulkner et Hemingway.



Ses récits sont souvent autobiographiques. Il parle de ses errances et de ses angoisses avec humour et profondeur. Son œuvre littéraire touchante et d'un souffle décapant nous laisse une vision de la vie sans concession ni lyrisme, cependant non dénuée de tendresse et de poésie.



A bien y réfléchir, lire du Bukowski c'est un peu comme déguster un whisky corsé, puissant, profond.

A la première gorgée, on ressent une certaine brulure qui vient vous ratisser la gorge. On est un peu heurté par la force, l'attaque provoquée par 46 degrés d'alcool, tous plus costauds les uns que les autres.

Puis après un temps de patience qui nous permet de nous familiariser avec le nectar, on peut ressentir des arômes plus subtiles, plus riches, plus fins.

Enfin, on finit par le savourer, et parfois même par en être accro. On aime alors sa complexité, sa profondeur, sa longueur en bouche, autrement dit ce qu'il vous en reste sur la durée.



Chez moi, la magie a opéré. Ainsi Bukowski m'apparaît un peu tel un whiskey américain, ou plus précisément un straight Bourbon intense vieilli dans des futs de chêne brulé lui octroyant une couleur caramel, une attaque puissante et des notes épicées et boisées.



Mais revenons à "Souvenirs d'un pas grand-chose". Cette œuvre puissante nous relate la première tranche de sa vie à travers le regard d'un gamin meurtri qui a survécu aux années 30, à son père, à la société qui le rejetait.

Ne soyons pas dupe car derrière ce récit dur, triste, violent, souvent amer, et derrière un style parfois grossier, cru et sans filtre, Charles Bukowski nous rappelle avant tout, non sans dérision et cynisme, qu'il a une âme sensible et qu'écrire pour lui est vital.

Ainsi, c'est dans cette alchimie complexe que réside toute la poésie de cet écrivain qui aura connu toutes les ivresses y compris celle de la vie.

A consommer sans modération !

Commenter  J’apprécie          172
Pulp

Pour sa dernière parution, on laisse Chinaski écrivain dégueulasse, alcoolo et obsédé pour faire la connaissance de Nick Belane, détective privé pas très en forme qui évolue dans un monde bien déjanté au milieu de personnages tous aussi loufoques les uns que les autres.

Ce livre se veut rafraichissant, ça change pas mal du Bukowski alcoolo-dépressif avec un sexe toujours tendu et prêt à l'usage, un roman un peu barje mais qui reste plaisant à lire et dans lequel j'ai passé un bon moment.



Pour ceux qui n'aiment pas Charles Bukowski et son langage habituel un peu cru, c'est le livre parfait.



De mon côté, j'apprécie autant cette lecture que les autres, c'est un livre que j'ai beaucoup aimé, l'univers de cet auteur me plait particulièrement.



À lire.
Commenter  J’apprécie          172
Le Capitaine est parti déjeuner...

Bukowski nous livre ses dernières lignes...écrites au traitement de texte.

C'est différent, comme apaisé.

C'est comme une eau devenue calme, après les rapides et les canyons.

Un lac?

By, hank.
Commenter  J’apprécie          170




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Charles Bukowski Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur la vie et l'oeuvre de Charles Bukowski

Charles Bukowski, écrivain américain d'origine allemande est auteur ...

De romans
De poésie
De délits alcoolisés
Les trois

7 questions
585 lecteurs ont répondu
Thème : Charles BukowskiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}