AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Claude Farrère (88)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Mademoiselle Dax jeune fille

Ce livre aurait pu, aurait dû, s'appeler "Toute seule", c'est le titre que mademoiselle de Retz, une des héroïnes du roman, a donné à l'ouvrage qu'elle est sur le point de livrer à son éditeur.

Claude Farrère en a décidé autrement.

Il lui a donné pour titre : "Mademoiselle Dax jeune fille".

Et c'est bien là toute la magie de la littérature de permettre à l'officier de marine, à l'écrivain que rien ne prédisposait à cela, de se glisser de manière authentique dans le jardin secret d'une jeune fille de son siècle.

En 1904, Alice Dax a vingt ans.

C'est une jeune bourgeoise comme il faut, élevée dans la foi catholique.

Elle est promise à Gabriel Barrier, un jeune médecin.

Son père, marchand de soie à Lyon, est un patron extrêmement désagréable.

Sa mère, grosse et courte, jaune de peau et noire de cheveux, est une bourgeoise acariâtre.

Son jeune frère, élève de quatrième, est un petit être égoïste qui draine tout avantage à son profit.

Bref, mademoiselle Dax est seule et voudrait être aimée.

Ce qui, d'après l'abbé Buire, son confesseur, lui est inspiré par Satan ...

"Mademoiselle Dax jeune fille" est paru en 1907.

C'est un livre triste.

Il ne s'en est d'ailleurs fallu de peu qu'il ne devienne tragique.

Claude Farrère, d'une plume sensible et délicate, signe là une oeuvre intimiste.

Mais le livre, écrit avec tact, est délibérément et frontalement féministe.

Claude Farrère s'y montre partisan de l'union libre et se proclame un farouche opposant au mariage arrangé.

Pour cela il y dénonce la rigidité du monde bourgeois et l'intolérance du monde religieux.

Il y peint, comme la réussite du bonheur, Carmen de Retz, une jeune fille indépendante, fière et exigeante.

Ce livre, s'en d'abord le paraitre, se révèle être finalement, et tranquillement, quelque peu subversif.

C'est un livre aussi terrible que peut l'être la solitude.

Claude Farrère s'y montre comme un auteur très moderne, un de ces hommes, en avance sur son temps, n'ayant pas peur de déclarer que ... dans un couple vivant séparé, chacun pourtant puisse être honorable !

"Mademoiselle Dax jeune fille" est le premier versant d'un récit qui se poursuit dans "les petites alliées", chacun des deux ouvrages pouvant être lu indépendamment de l'autre.

C'est un livre à côté duquel il serait vraiment dommage d'être passé sans lui accorder les quelques heures de lecture où il vous rendra avec intérêts ce que vous avez bien voulu lui prêter ...
Commenter  J’apprécie          270
La nuit en mer.

Cette "nuit en mer", moment tellement attendu, pourtant cent fois repoussé par la tentation d'un autre livre, s'est, au final, plutôt révélée comme décevante.

Derrière cette nuit de vent et de tempête, de pluie et de brume ne se cachait qu'un petit livre indigne de la plume de son talentueux auteur.

En 1902, au temps où résonnait encore la prière sur les vaisseaux de France, un jeune enseigne de vaisseau s'apprête à prendre un quart de nuit à la passerelle du croiseur le "Vautour".

Mais auparavant il achève le neuvième conte d'un recueil qui s'appellera "Fumées d'opium" ...

Claude Farrère nous offre, avec "Une nuit en mer", un petit livre de souvenirs.

Mais ni l'écrivain prestigieux, ni l'officier de marine averti ne sont au rendez-vous.

Bien sûr, le livre se lit avec plaisir et intérêt.

Mais l'on était en droit de s'attendre à tellement mieux.

Car lorsqu'après avoir suivi la plume de Claude Farrère, le sentiment est mitigé, c'est que la manoeuvre est manquée.

Pire, il se dégage de ces quelques pages un désagréable sentiment de déjà lu.

Et puis que dire de ce jeune officier qui, au moindre coup de tabac, tombe plus souvent qu'à son tour, abandonne sa cabine où rien n'était amarré, se cogne au moindre obstacle, ne s'inquiète que trop tard des sursauts du baromètre et oublie le matelot du gaillard, lorsque de quart à la passerelle, il fait l'appel de son personnel ?

Que dire d'un écrivain qui, voulant jeter l'opprobe sur Camille Pelletan, ministre de la Marine porté à gauche, se lance pour cela dans une diatribe contre les bonnes gens de la feue Encyclopédie, contre les fiers hommes de 89, contre les longues barbes de 48, contre les médiocres avocats du 4 septembre, qu'il enferme tous dans le même sac des petits étrangleurs d'une grande nation !

Décidément, ici, le grand écrivain maritime se montre par trop mesquin pour emporter l'adhésion et pour susciter l'admiration.

Et tout ceci ayant été dit, il ne reste qu'un petit livre qui sera vite oublié ...
Commenter  J’apprécie          271
JOB siècle XX

"Job siècle XX" est un roman de Claude Farrère de l'Académie Française.

Il est paru en 1949.

Il s'ouvre sur un moment inoubliable, un matin de 11 novembre, sur un serment de paix et d'amitié entre trois hommes, trois compagnons de tranchée :

Le capitaine français André Faverolles, le commandante italien Antonio Longiave et Beresford, un major anglais d’Écosse.

Ils sont tous trois ingénieurs spécialisés dans les explosifs nouveaux.

André Faverolles, ayant fait un rapide mariage de guerre avec Marguerite, jure de faire rapidement fortune dans l'industrie du parfum pour offrir, à sa femme et à leur enfant à venir, la plus belle des existences.

Trois mois plus tard, un soir de février 1919, le drame est consommé.

Marguerite, si elle a survécu, a perdu son enfant.

Fortune faite dans l'euphorie des années 20, le couple ne survit que pris dans un tourbillon de rendez-vous, de réceptions, de déjeuners obligatoires, de restaurants et de bars élégants.

Inéluctablement, André, au bout de quelques années, trompe sa femme.

Une lointaine nièce, Sylvaine, bientôt rebaptisée Sylve, est adoptée à sa naissance.

Bien des années plus tard, en souvenir du jour de sa première communion, ses parents offrent à la fillette un grand, un très beau voyage, une croisière, une immense croisière de quatre, cinq mois jusqu'au Japon....

Ce très beau livre, très lent, est fait d'une très riche littérature.

Le rythme de l'ouvrage est mesuré, réfléchi.

"Job siècle XX" est une poignante tragédie humaine.

Claude Farrère est un écrivain à la fois puissant et élégant.

De ses mots se dégagent les sentiments si mêlés, si complexes de ses personnages.

Les décors sont de ceux qu'il connaît et qu'il aime : la mer et le Japon.

Ce livre, un peu difficile d'accès, tissé d'une littérature un peu désuète, est un chef d’œuvre de sensibilité et de finesse.

Sa lecture est un véritable plaisir qui aime à s'attarder au détour des phrases, des sentiments et des émotions.







Commenter  J’apprécie          270
La sonate à la mer

Claude Farrère de l'Académie Française se prend à raconter, dans cette très belle "Sonate à la mer", quelques souvenirs, anecdotes du temps où "la France avait une marine de guerre".

Pourtant qu'il soit embarqué, au large de Constantinople, à bord de l'aviso-torpilleur "le vautour" ou sur le pont du cuirassé "Bayard" le navire-amiral de l'escadre d'Extrême-Orient, il ne s'agit pas là de souvenirs de guerre, ni de batailles-navales.

Ici, pas de branlebas de combat, l'on ne se battra pas sur mer.

Claude Farrère nous offre, avec cette "Sonate à la mer", trois nouvelles superbes, trois rencontres, trois récits poignants.

Dans un style d'écriture élégant et plaisant, il nous conte trois aventures exotiques d'un autre temps...



En cette année de l'hégire 1322, qui fut pour notre calendrier l'an 1904, Mustapha Kemal Ataturk n'avait pas encore occidentalisé la Turquie.

Il s'en fallait encore d'une petite vingtaine d'années qu'il n'eût proscrit de la terre turque tous les sultans, tous les tchartchafs, les yachmaks et les harems grillagés de frêne...

En ce temps pittoresque du vieil-Orient, l'aviso-torpilleur "le Vautour" était commandé par le capitaine de frégate Pierre de Vigny.

A son bord, deux jeunes enseignes, Simbad et Alghero, allaient réaliser, au péril de leur vie, ce tour de force que tant de voyageurs ont proclamé impossible :

- s'asseoir, en cette "Nuit Turque", dans un harem, aux côtés de trois jeune filles dévoilées, toutes trois ravies de l'aventure....



Vers 1900, à Toulon, à la terrasse de "la poule aux oeufs d'or", Octave Gerryot, de son vrai nom Octave Morillot, jeune enseigne de marine, n'est pour l'auteur qu'un passant croisé entre deux affectations.

Il deviendra le peintre de l'Océanie, de "L'île aux images", pour en fixer les paysages, pour éterniser des beautés qu'il sentait fragiles, périssables et tout près de disparaître à jamais.

Une dizaine d'années plus tard, en ce début de vingtième siècle, Octave Gerryot va resurgir dans la vie de Claude Farrère d'une manière inattendue....



En ce dimanche du 2 janvier 1898, Armand Telhec avait vingt ans.

Deux années de "Borda" l'avaient fait aspirant de première classe.

Ce breton de Morlaix ou du Raz n'était pas de ceux que la mer peut tuer mais c'était le fleuret ou l'épée à la main qu'il se révélait.

Désigné, en compagnie de l'auteur, pour l'escadre d'Extême-Orient, sur le cuirassé "Bayard", il va vivre avec Simone de Charnacé, entre "Rêve et cauchemar", une histoire d'amour dont le tragique épilogue fut peut-être annoncé par Haï Loung Wang, le dragon roi de la mer, aperçu au nord de la baie d'Along, poursuivi et attaqué au canon par la canonnière "Avalanche"....



Commenter  J’apprécie          270
Thomas l'Agnelet : Gentilhomme de fortune

"Thomas l'Agnelet" est un récit maritime passionnant.

C'est un des livres les plus réputés d'un auteur autrefois très estimé.

L'ouvrage est aujourd'hui dans l'angle par lequel, souvent, le lecteur pénètre, pour la première fois, dans l’œuvre foisonnante et riche de Claude Farrère.

"La Grande Tiphaine" a tapé dans un failli chien de hollandais.

La frégate corsaire, pourtant victorieuse, en est revenue à demi crevée, hachée et déchiquetée.

Son état-major a été décimé

Thomas Trublet, qui n'était même pas inscrit sur le rôle de l'équipage comme lieutenant, est le nouveau capitaine qui l'a ramenée au port de Saint-Malo...

Pour fêter ses cinquante ans de passion du livre, la librairie "L'ancre de miséricorde" de Carnac m'a offert, avec cette superbe édition de "Libretto", un de ces petits marque-pages qui font la fierté d'un livre.

Le hasard a bien fait les choses lorsqu'il m'a dirigé vers la porte de cette boutique.

Il m'a offert, pour quelques euros, un bon livre, une jolie balade au soleil et une belle rencontre ...

Car la mère de Thomas l'Agnelet, Perrine, native de Saint-Vaast, est normande.

Thomas n'est breton que de moitié et "sainvatais" pour l'autre ! Thomas est un "pays" !

Il se voit offrir, par Gautier Danycan, un des plus hardis armateurs de Saint-Malo, le commandement de "La Belle Hermine".

Seulement, il doit avoir appareillé, dans les quatre jours et dans le plus grand secret, vers l'île de la Tortue.

Pourtant la veille de son départ, un serment, fait sur l'honneur à Vincent Kerconduff mourant, va lier le jeune homme indomptable à une jeune femme qu'insouciant, il a cru aimer et pouvoir abandonner ...

"Thomas l'Agnelet" est un récit classique, fortement charpenté.

Il est l'oeuvre d'un grand écrivain mais aussi d'un fin marin.

Les descriptions sont précises, courtes, peintes plutôt qu'écrites.

C'est un récit empreint de l'âme malouine dont la devise est :

"Quic en groigne, ainsi sera ; c'est mon bon plaisir !"

Claude Farrère est aussi à l'aise sur le pont d'une frégate légère que dans les rues de la vieille cité aujourd'hui disparue.

En fin homme de lettres, il cite même malicieusement, pour lui rendre hommage, "l'autre", c'est à dire Molière qui n'est encore, à l'heure du récit, qu'un auteur du siècle.

Claude Farrère nous offre là un classique fondateur du genre.

Quant à l'édition de "Libretto", elle semble être l'écrin dans lequel, depuis 1921, Thomas Trublet attendait de voir publier le récit passionnant de ses aventures ...
Commenter  J’apprécie          260
La veille d'armes - pièce en cinq actes -

"La veille d'armes" est un drame en cinq actes écrit par Claude Farrère et Lucien Nepoty.

Il fut représenté pour la première fois au théâtre du Gymnase le 5 janvier 1917.

C'est une pièce forte, qui, d'une écriture fine mais pourtant efficace, parle de trahison.

Le capitaine de vaisseau de la Croix de Corlaix, la cinquantaine tout juste sonnée, est le commandant du croiseur-éclaireur "l'Alma", un bâtiment d'environ 5000 tonnes.

Il est marié à la très jeune Jeanne.

L'enseigne de vaisseau Brambourg fait une cour malheureuse à cette dernière tandis que d'Artelles, lui aussi officier de quart de "l'Alma", est son amant.

Le rideau du premier acte se lève sur le salon du commandant de Corlaix.

Il s'y donne une réception.

Les différents personnages se jouent la comédie de la vie, du mensonge et de la séduction.

Le deuxième acte semble s'annoncer comme un vaudeville.

Mais il préfigure, pourtant, une tragédie.

La bataille navale, rapide, violente et inattendue est tout le troisième acte.

Un bâtiment, se présentant, par un chiffrage secret, comme français, fonce vers "l'Alma" et lui décoche une torpille mortelle avant de sombrer, lui aussi, corps et bien.

Le drame est joué, il ne lui reste plus qu'à se dénouer.

Le quatrième acte nous ramène à terre.

A Toulon, dans son appartement, le commandant de Corlaix reçoit le commandant Morbraz qui enquête sur les circonstances mystérieuses de ce combat naval tragique.

Le cinquième acte, épilogue prenant, s'ouvre sur la salle du premier tribunal maritime, conseil de guerre permanent de Toulon....

Ce morceau de théâtre a pour décor un croiseur-éclaireur, pour époque la "Grande-Guerre".

Pourtant l'élément féminin y prédomine.

C'est bien d'amour qu'il s'agit.

Cette pièce est un morceau de théâtre fort, sensible et humain.

Oubliée l'invraisemblance de l'appareillage passé inaperçu à un des officiers du bord, la mécanique du récit est crédible et astucieuse.

Claude Farrère et Lucien Nepoty nous offrent avec " la veille d'armes" une belle et grande pièce construite comme une véritable tragédie antique.

Commenter  J’apprécie          260
Les plus belles pages de Farrère

C'est avec beaucoup de curiosité que j'ai ouvert ce petit recueil, paru en 1931, qui proposait, abandonné dans une cagette pleine de vieux ouvrages poussiéreux, de découvrir les plus belles pages d'un immense écrivain un peu oublié.

Claude Farrère est tout d'abord un marin. On lui doit une "Histoire de la Marine Française" qui est, peut-être, tout simplement la plus complète, la plus intéressante et la plus définitive jamais écrite.

Mais c'est aussi un écrivain reconnu, prolifique et talentueux. En 1904, son épopée exotique et réquisitoire anti-colonialiste, "les civilisés" lui vaut le prix Goncourt.

Vingt ans avant Agatha Christie, il imagine un récit policier dont le coupable du crime perpétré en est le narrateur. Il écrit aussi un recueil de récits fantastiques dont certains sont repris dans la mythique publication "Fiction" des éditions "Opta".

Et ce que ne sait pas "les plus belles pages de Farrère", l'ouvrage qui nous intéresse, c'est qu'en 1932, Claude Farrère sera blessé en s'interposant entre le président Doumer et son assassin et qu'il sera élu à l'Académie Française en 1935, battant de quelques voix son concurrent Paul Claudel.

"Fumée d'opium" est le premier texte proposé ici. Il est l'expression élégante et tragique d'impressions de fumerie et d'amour en extrême-Orient....

"Les civilisés" sonne l'heure de la consécration offerte par le prix Goncourt. "Une nuit de Saïgon" en est un extrait vécu ou plutôt respiré par trois colons dont deux philosophes....

"Par Bysance ! Samboul !" est un extrait de "L'homme qui assassina", le premier et magnifique témoignage de Farrère en faveur des turcs, le roman de Constantinople.....

"La bataille" annonce le récit fameux de la bataille navale de Tsoushima, vécue à bord du cuirassé japonais Nikkô par le commandant du navire et par son hôte, un officier de marine britannique, l'amant de sa femme....

"Les petites alliées" est un texte déconcertant et incongru. C'est la description du légendaire "bal syphilitique" où se sont divertis des générations de jeunes officiers de marine à Toulon....

Thomas Trublet dit l'Agnelet, célèbre corsaire malouin du XVII° siècle est le héros de l'épopée dont Claude Farrère nous offre ensuite deux extraits. Le deuxième n'est autre que le triste récit de sa pendaison. Déclaré traître et forban, Thomas n'a pas imaginé résister aux ordres du roy. Il s'est laissé faire prisonnier. Il va mourir....

"L'amoureuse transie" provient d'un des plus fameux "recueils d'histoires" de l'extraordinaire conteur. Ceci est une histoire vraie. D'ailleurs, qui l'inventerait ?

Mais Farrère est, avec Colette, un des plus admirables "animaliers" de notre littérature. Comment couper dans "Le chat comme ça", le délicieux morceau qui suit ?....

"Le sac à fermoir d'or" est un des contes préférés du grand écrivain.

Et qu'il n'osa publier qu'en volume !....

Épilogue de "La dernière déesse", "La torpille qui ne fit pas grâce à tout le monde" est une tragique histoire d'amour et de mort.

Le capitaine de Folgoët et le lieutenant Harel, rivaux dans les faveurs de la belle Mme Flamey, viennent d'embarquer, pendant la guerre, sur le même torpilleur.

Le matelot Hamelin sait. Et voici le combat !...

"Les condamnés à mort" est un extraordinaire roman d'anticipation. "Les blocs" est le décor de cette "Métropolis" future qui y est décrite....

"Les hommes nouveaux" est le roman du Maroc avec greffé dessus un roman d'amour. Christiane aime encore Chassagnes dont elle est restée trop longtemps sans nouvelles. Elle a épousé, par dépit, le richissime Bourron.

Or, elle vient à Marrakech de retrouver l'homme aimé, devenu lieutenant d'un caïd berbère...

"Histoires de très loin ou d'assez près" est un nouveau recueil de contes dont "L'autre côté de la terre" est un très bon exemple du mystère qu'il fait planer au dessus de ses personnages ce soir là qui est un jour d'émeute et de massacre d'Européen en cette terre chinoise...

Dans "Le dernier Dieu", un roman d'amour pur et impur tout à la fois, un roman de lyrisme et de luxure, de tendresse et de sensualité, Stella de Spanheim se donne à Charles-Édouard....

Cette étrange histoire de train perdu est un conte extrait de "L'autre côté", recueils de textes fantastiques qui pour certains ont paru dans "Fiction". Il est une affaire d'ambiance, une grande réussite, un mystère étonnant....

"La nuit en mer" est le court récit d'une tempête en mer Noire où certains ont vu un des textes les plus aboutis de l'auteur.

Le "Vautour" en détresse ratera-t-il ou ne ratera-t-il pas l'entrée du Bosphore ?

"La marche funèbre" est un des romans de Farrère qui rencontra, avant 1931, le plus de succès. Dans ce petit morceau extrait, un inventeur japonais et un officier français se livrent, pendant la grande guerre, à une curieuse expérience de cuirasse....

"La porte dérobée" est le livre des souvenirs d'un vieux musicien. Ce sont les impressions d'enfance de Claude Farrère, toutes baignées de tendresse et de poésie....

Enfin, "Loti" est un livre d'amitié et de vénération fraternelle. Dans l'extrait choisi, appelé par Loti déjà moribond, Farrère s'est rendu précipitamment à Rochefort....

Et pour finir "Le chef", un roman d'une beauté à décourager les romanciers comme l'a écrit Jacques Hardy. C'est un roman politique qui raconte la révolution au Portugal mais c'est aussi un fabuleux roman d'amour....

J'ai bien conscience d'avoir été, ici, un peu long mais comment faire plus court pour parler clairement de ce recueil puissant et élégant, au style efficace.

Claude Farrère est un écrivain fabuleux qui observe avec acuité pour rendre avec force et justesse sans faire de concession à une dure et parfois cruelle réalité.

Il se fait dur, sombre, réaliste mais aussi parfois tendre, doux et ondoyant.

Ce petit opuscule est une clef formidable pour entrer dans et découvrir cet univers littéraire qui est fait de talent et de pure littérature.
Commenter  J’apprécie          2617
La maison des hommes vivants

Ce soir là, André Narcy, capitaine de cavalerie, est un messager militaire. Parcourant l'arrière pays toulonnais, il s'égare au cœur même d'une lande qui compte parmi les plus désertes de toute la Provence montagneuse.

Désemparé, il aperçoit, comme dans un rêve, Madeleine, la femme qu'il aime, et la suit jusqu'à une mystérieuse demeure où il rencontre le vicomte Antoine, son père le comte François et leur père et grand-père le marquis Gaspard ...

En dire plus serait détendre le ressort de l'intrigue.

Ce récit est un récit d'atmosphère.

Il est de facture très classique : le narrateur laisse une lettre dans laquelle il va conter une aventure extraordinaire, la sienne, qu'il sait impossible à croire mais qui pourtant ....

La plume de Claude Farrère, comme à l'accoutumée, est élégante mais elle manque, pour une fois, d'un peu d'efficacité.

N'est pas Jean Ray qui veut.

"La maison des hommes vivants" est un bel exercice de style.

Il est agréable à lire mais il peine à plonger son lecteur dans l'horreur ...











Commenter  J’apprécie          240
La dernière déesse : Roman 1914-1917

En manière de préface à l'ouvrage, l'auteur de "la dernière déesse", capitaine de corvette sous son vrai nom, écrivain sous celui de Claude Farrère, écrit au maréchal de France, commandant en chef, en 1919, de toutes les armées de "l'Entente".

L'officier de marine, devenu écrivain, remercie le maréchal Foch.

Le propos est solennel, grave.

Il est répétitif et martelé.

Il paraît un peu pompeux, voire un tantinet obséquieux.

Mais il est difficile aujourd’hui de se replacer dans l'émotivité de ce mois d'avril 1919.

La promesse est faite, en tout cas, d'un ouvrage fort.

Elle ne sera pas tenue.

Je me suis lancé, plein d'espoir et d'enthousiasme, dans ma lecture.

Au fil des chapitres, mon intérêt s'est distendu, s'est accroché pourtant, et a fini par se perdre dans ces lignes, ces phrases où je n'arrivais plus à retrouver ce que j'aime dans la littérature de Claude Farrère.

Jean Folgoët a mené, quarante et quelques années durant, la vie qu'il lui a plu de mener.

Il a été successivement marin, chimiste puis musicien.

En ce mois de juillet 1914, alors que l'Autriche déclare la guerre à la Serbie, Jean Folgoët soigne, sur ordre de la Faculté, une neurasthénie qui ne peut se traiter que loin de Paris.

La France n'est pas exactement prête à cette tuile qu'elle refuse de croire près de choir.

La guerre est impossible.

Mais lorsqu'elle éclate, il est ordonné au lieutenant de vaisseau de Folgoët de rallier d'urgence le port de Cherbourg où il prendra le commandement du torpilleur en réserve "624" pour essais de réarmement.

La veille de la mobilisation, il avait décidé, pour des amours de femme, de tuer, à coups de révolver, un dénommé Harel qu'il ne savait pas être son nouvel officier en second.

Hamelin, un planton cycliste qui s'embêtait au ministère, deviendra, à bord, quartier-maître de cannonage et chef de barre ...

... Avant qu'un obus autrichien, moins maladroit que les autres, ne prenne le torpilleur en enfilade et, entrant par l'étrave, sortant par l'étambot, ne jette Hamelin, Harel et de Folgoêt à terre.

Presque agonisant, Hamelin parle et confesse ...

Lorsqu'il écrit ce livre, Claude Farrère vient de quitter la marine pour se consacrer exclusivement au métier d'écrivain.

Il est déjà célèbre et reconnu.

Un de ses romans, "les civilisés", a obtenu en 1905 le prix Goncourt.

La plume de Claude Farrère est bien sûr toujours très élégante mais le ton presque badin du livre est en complet décalage avec le propos.

Les péripéties vécues par Jean Folgoët et par Guiscard Hamelin m'ont paru peu crédibles, guère captivantes et insuffisamment entretenues par le style.

Une fois n'est pas coutume, lassé, j'ai abandonné ma lecture ...

Commenter  J’apprécie          244
Les condamnés à mort

"Les condamnés à mort" est une chronique de 199..., supposée avoir été écrite vers l'an 2130.

Cette chronique est découpée en quatre parties :

"les têtes", "les bras", "ceci, pour tuer cela" et "la hache".

"Les condamnés à mort" est une anticipation.

Et il semblerait, à lire de nombreux commentaires, que cette anticipation résonne à la manière des meilleurs récits de Wells.

Seulement n'est pas H.G. Wells qui veut.

Claude Farrère possédait une plume élégante et redoutable qui l'a porté jusqu'à l'Académie Française.

Claude Farrère a écrit quelques unes des plus belles pages de notre littérature.

Mais Claude Farrère, ici, a échoué.

Si bien écrite qu'elle soit, la démonstration n'est pas portée par le coeur.

L'anticipation sociale ne se révèle être en fait qu'un argumentaire libéral.

La grande idée en est que la sélection naturelle n'est qu'un Moloch inévitable, que les forts mangent les faibles.

Et que les puissants de ce monde, garants de l'ordre de celui-ci, ne sont que les fondés de pouvoir de la force ...

Le gouverneur James Fergus Mac Head Vohr, l'homme du blé, est l'homme le plus redouté de la planète.

Il est à la tête d'un empire agroalimentaire qui nourrit plus de 400 millions d'américains.

L'unique objet de sa tendresse est Eva, sa fille.

Pourtant, un mot d'ordre a été donné, une organisation intervient pour que la production baisse.

Le mécontentement ouvrier provoque des sabotages, des incidents et des avaries de toutes sortes.

Pietro Ferrati veut transformer les ouvriers en hommes véritables ...

Pour Claude Farrère, dans les plis du capitalisme, se cache un malentendu puisque l'ouvrier, voulant les richesses et le luxe, est persuadé que le dirigeant est inutile alors que le dirigeant pense que l'ouvrier peut être remplacé par des machines.

Pour Claude Farrère, l'ouvrier doit s'adapter à son siècle ou disparaître.

Pour Claude Farrère, toute contestation est enfantillage.

Le peuple est grossier et ne peut être mené que par des manoeuvres cousues de fil blanc.

Claude Farrère prend ici le contre-pied de tout ce que Wells pouvait écrire au même moment.

A la sortie de la première guerre mondiale, un seul but dominait l'existence du grand auteur anglais : "profiter de l'occasion unique de modeler un nouveau monde avant de retomber dans de vieilles et coriaces routines".

Claude Farrère arguant, lui, que les moralistes et les utopistes qui prétendent améliorer le sort de l'humanité ne sont que des enfants ...



Commenter  J’apprécie          230
La maison des hommes vivants

Un roman fantastique où le temps semble se trouver un adversaire coriace au point qu'on y trouve un homme de 175 ans, qui a survécu au passage de deux siècles sans que cela ait autant d'emprise sur lui. Sur le plan historique, on voit intervenir le personnage du comte de Saint-Germain, homme qui serait à l'origine de l'implantation de la franc-maçonnerie en Europe au XVIIe Siècle, et dont la littérature n'arrête pas de louer des exploits mystiques . En ce qui nous concerne, c'est, en effet, le comte de Saint-Germain qui aurait initié le marquis Gaspard au secret de la longévité, et que lui-même, ayant vécu plusieurs siècles, aurait laissé le temps l'absorber pour cause de l'amour. Un secret que Gaspard partagera à son fils et à son petit fils. Un secret censé ne pas être révéler à qui que ce soit Mais quelle aventure que va connaître le capitaine Narcy! Lorsqu'il est mandaté pour aller porter un message à Toulon alors que la ligne de communication est coupée, le voilà perdu à travers des landes..mais quand il rencontre Madeleine de...une de ces anciennes maitresses..emporté par les souvenirs de cette femme, il la poursuit..O Sortilège!!! Pourvu qu'il ne tombe pas sur la maison des hommes vivants, surtout qu'il ne surprenne pas leur secret...

Une histoire de frisson, de frayeur et de folie qui conduit carrément à la déshumanisation! Un homme qui ne meurt pas n'en est pas un, si bien que Gaspard et sa fratrie se font appeler par les hommes vivants, les vainqueurs du temps! L'écriture est très sympa, le capitaine Darcy nous relate ses aventures avec toutes les émotions d'ebahissement qui l'entoure, du trouble qui agite sa personne, la peur qui avilit ses sens, si bien que le livre se lit d'un trait et agréablement! Si le style nous tient en haleine, par contre il y manque un peu plus d'action dans l'exploitation de l'intrigue, le secret se révèle aussi facilement sans qu'il y ait un réel mobile d'incitation!

Commenter  J’apprécie          220
Histoires de très loin ou d'assez près

Comme souvent, lorsque je ressens un certain ennui dans ma lecture, je me suis tout d'abord empêtré dans les mots, emberlificoté dans les phrases, m'attardant sans raison au détour de chaque chapitre.

Le premier texte, "l'île au grand puits", est long, très long, trop long :

C'est le gabier Kerrec qui a aperçu l'île au petit matin.

"La feuille de rose", un yacht luxueux, qui ne se refusait rien, dans l'impossibilité de mouiller, y vint s'abriter, sous le vent, de son pic et débarqua sa vedette.

Lord Nettlewood, histoire de déjeuner sur le plancher des vaches, emmena ses hôtes à terre avant qu'il ne soit midi, avant le déferlement sur toute l'île d'un ouragan fabuleux, avant que la "Feuille de rose" ne disparaisse....

"Histoires de très loin ou d'assez près" est un recueil de 13 nouvelles signées par Claude Farrère.

Je l'ai cru terminé à la fin du premier texte.

Il ne faisait que commencer.

Il est articulé autour de cinq concepts aussi larges que peuvent l'être les suppositions, les réalités, les mystères, les mœurs et les amours.

Il semble ainsi faire le tour de l'âme humaine.

La deuxième nouvelle, "Paradoxe à propos d'une bague", classée pourtant dans les suppositions, est restée pour moi un véritable mystère :

Une jeune fille marche sur le trottoir.

Elle porte, au petit doigt de sa main gauche, une bague...

...Je pense, sans vraiment en être sûr, qu'il s'agit là d'un texte féministe, stupéfiant de modernité.

L'intérêt du lecteur est relancé. Il ne sera plus à aucun moment trahi.

"Sid Mahdani, homme de grande tente", "les deux cheveux" et "Histoire de brigand" nous transportent au Maroc.

Non point au Maroc de sa très sainte majesté chérifienne, le Sultan,

mais au Maroc siba, lequel n'est soumis à personne, se moque de toute autorité et refuse de payer aucun impôt...

De "L'autre côté de la terre", c'est la Chine, des sampans grouillent, des jonques s'envolent, leurs voiles de bambou natté pareilles à des ailes d'extravagantes chauves-souris.

"Le missionnaire" est un magnifique texte émouvant sur un homme qui a choisi de vivre pour Dieu et pour l'opium...

Le voyage finalement passera aussi par le Japon, l'Espagne et l'Australie...

Ce recueil, s'il est alourdi par son premier texte, n'en est pas moins une réussite.

Claude Farrère raconte des souvenirs de très loin ou d'assez près.

Sa plume est, comme à l'accoutumée, une élégante source de bonheur et de dépaysement.





Commenter  J’apprécie          220
Le quadrille des mers de Chine

C'est là un recueil de nouvelles dont la principale, la plus étoffée, a pour titre celui de l'ouvrage : "Le quadrille des mers de Chine".

Elle y est est accompagnée d'un peu plus d'une dizaine d'histoires, pour la plupart très courtes, quelques histoires tant d'eau douce que d'eau salée.

Léopold Sarthe, fraîchement issu de polytechnique, nourrissant une envie têtue de "vivre sa vie sur des bateaux, entre mer et ciel, s'apprête à rejoindre la flotte.

Il est muté sur le Faidherbe, un croiseur de 4000 tonnes et 8000 chevaux, naviguant dans les mers de Chine.

Il doit embarquer par paquebot à Marseille et rejoindre Saïgon.

Il aura comme compagnon de cabine deux officiers destinés, comme lui, au Faidherbe : l'aspirant de 1ère classe Anne-Hilarion de Martinvast et l'enseigne de vaisseau Yvon Kerdoncuff.

Tout à la fin du XIXème siècle, ils vont, sur les mers par delà Singapour, durant six mois, danser un quadrille tragique avec la mort...

Les 13 autres textes sont déclinées sous quatre grands chapitres :

- "quelques marins, encore"

- "passagères et passagers"

- "plages"

- "un peu d'eau douce"

et un dernier qui se place, de lui-même "hors toute catégorie".

Claude Farrère, en plus d'être un écrivain formidable, représente aujourd’hui assurément l'archétype de l'officier de marine à l'ancienne.

Se plonger dans un de ses livres, dans une de ses pièces de théâtre, c'est faire un bond en arrière dans le temps vers l'époque des croiseurs, des torpilleurs, des paquebots mais aussi des bonnes manières et de la courtoisie, de toutes les courtoisies et surtout de celle qui s'appelait encore la galanterie...

"Est-ce du roulis ou du tangage ? demande une jeune femme

Moitié-moitié - répond-il - un doux mélange comme votre parfum".

La littérature de Claude Farrère, à la fois fine et puissante, s'appuie sans doute sur ses souvenirs que ses talents de conteur habillent et enjolivent...

Mais l'issu tragique de ces courts récits dément parfois le ton badin sur lequel ils sont contés.

L'humour, parfois un peu narquois, n'y est pourtant pas absent.

Ces histoires, tant d'eau douce que d'eau salée, ne sont pas faites que pour les gens de mer, elles semblent parfois avoir été écrites pour quelque femme du monde que l'auteur aurait voulu séduire...

Commenter  J’apprécie          225
Mademoiselle Dax jeune fille

Un roman intéressant sur le conflit de génération, il développe ou prône la liberté de la jeune fille quant à choisir son mari, et surtout à rechercher l'amour! L'auteur met en scène deux jeunes filles ayant deux éducations différentes et deux différentes manières d'appréhender la vie. Si Mademoiselle Dax est une jeune fille modèle, respectant toutes les vertus édictées sous son toit parental, prête à épouser le docteur Barrier, choisit par son père dans le seul but de faire des affaires avec ce gendre, sans pour autant interroger le cœur de la jeune fille. Par contre mademoiselle de Retz est une jeune fille libérale, écrivaine et usant d'une liberté débordante au point de choisir elle-même ses amants, et ce personnage m'a inévitablement fait penser au personnage de Claudine dans les œuvres de Sidonie-Gabrielle Colette. En même temps l'auteur nous conduit vers une réflexion, jusqu'à quel point une liberté peut- elle évoluer, ou peut-elle se limiter, la crainte serait qu'elle devienne une forme d'esclavage, ou une perdition de non retour...
Commenter  J’apprécie          200
Shahrâ sultane et la mer

Claude Farrère, infatigable marin, immortel écrivain et habile conteur, décide, faisant le bonheur, une fois de plus, de ses plus fidèles lectrices, de nous offrir "Shahrâ sultane et la mer", un nouveau recueil d'anecdotes, de souvenirs piochés au hasard de ses rencontres et de ses navigations.

Il nous dit avoir fait peau neuve, n'être plus officier de marine.

Et prétend se promener de-ci de-là par le monde, pour son plaisir et ses affaires.

Ses affaires sont une brillante carrière d'écrivain qui le mènera jusqu'à l'Académie Française.

Son plaisir est le notre de pouvoir le lire, encore aujourd'hui.

"Shahrâ sultane et la mer" est un recueil d'une quinzaine de textes qui, mis à part le premier, sont très courts.

Le style de l'écriture est celui d'une belle plume. il est élégant, riche.

Le ton est badin, détaché, parfois teinté d'une pointe d'ironie.

Au creux de ces paragraphes, pas de bataille navale, pas de coups de canon meurtriers, pas d'abordages, Claude Farrère, s'il nous embarque avec lui sur les anciens bateaux gris de la marine de guerre, et quelquefois sur des paquebots, ne veut partager ici que des souvenirs d'escales, de tempêtes et des histoires de coeur.

Cependant la tragédie trouve dans ces lignes quelquefois sa place...



Le premier récit, long d'une soixantaine de pages, qui a donné son titre au recueil, est une sorte de conte exotique et oriental où il ne manque rien.

Ni un puissant et cruel sultan nommé pour l'occasion Shah'Riar, ni le prince proscrit, Kandahour, véritable héritier du trône, ni Nashreddine, un grand vizir juste et vertueux...il a deux filles, Shahrâ et Fehimâ, belles comme le reflet de la lune dans un lac.

Il était une fois dans Gul-Shéir....



C'est ici à Toulon, un soir de juin, que l'amiral Hugues Hilarion de la Motte-Tréville fut assassiné !

Quand il revint à lui, il était couché dans un lit, intransportable, dans une chambre où la lumière, même le jour, était voilée de rose.

Et dans ce lit de douleur, ouvrant les yeux, il découvrit ""une inaccessible dame"....



"Taô, maître d'hôtel en second" est une très courte histoire, en forme de fable dont la morale, toute orientale, pourrait être que personne n'est parfait et que celui qui le paraît a peut-être tué père et mère....



Dans les derniers jours du 19ème siècle, une escadre était mobilisée, au large de la Chine, contre l'idéal des Boxers.

Un coup de canon tiré d'on ne sait où amena une réponse d'un bâtiment russe sous la forme d'une douzaine de très petits obus dispersés vers le sampan du blanchisseur chinois.

Cet incident, très vite clos par quelques signaux du code international hissés çà et là, fut l'occasion d'une rencontre entre quatre hommes : l'auteur, Li-Koui l'humble fondé de pouvoir du blanchisseur, Borski un jeune lieutenant de vaisseau au service de sa majesté le Tsar et Bouloff son ordonnance....



"L'homme qui fit scandale" est un breton de Landévennec ou de Ploudalmézeau, rendu fou par l'alcool de riz, qui, galopant droit devant lui et déchirant ses vêtements, va semer le trouble, trois jours durant, sur la petite île de Nau-Chau....



A bord du petit paquebot "le Zouave" qui faisait alors taxi entre Marseille et Tunis, le second, beau garçon, dur avec l'équipage, fier avec les officiers, impossible avec son commandant, ne trouvait grâce qu'auprès des passagères.

Il eût un jour une aventure qui se transforma d'abord en baroufle, puis en motif de punition, en scandale pour finir en divorce....



A l'appel des permissionnaires, 404 Korcuff , son col bleu éblouissant, sa vareuse de laine impeccablement brossée, est irréprochable.

Il pourra prendre de la gare des Salins-d'Hyère, le train en direction de Toulon.

Au retour, beaucoup moins reluisant, il ne remet pas la main sur son billet de train....



"Le disparu de Tarifa" est une histoire de coeur. L'affaire paraît sérieuse, à bord du "Tarifa" qui assure la liaison entre Marseille et Casablanca.

Un homme, un passager des secondes a disparu....



Jean-Paul Fabregas fut surnommé "Damoclès" bien après que l'épée ne fut tombée.

Ce jeune enseigne, entré quatrième à l’École Navale, avait gagné l'un après l'autre, ses trois brevets de torpilleur, de cannonier et de fusilier.

Il prenait des allures d'amiral !

Il commandait à bord du cuirassé "Vercingétorix" la compagnie de débarquement, lorsque, leste comme on l'est à 26 ans, il sauta à pieds-joints par dessus deux câbles....



"Les pieds noirs" est le terme générique sous lequel on désigne en bloc tout ce qui est chauffeur et mécanicien à bord des navires de guerre.

Ce récit est une histoire de sacrifice, de générosité et d'une solidarité toute maritime et fraternelle qui fait à ces hommes allumer, par une chaleur d'enfer, quatre chaudières au lieu de deux et filer 18 noeuds....



L'auteur retrouve, dans ses souvenirs la rade de Brest.

Par un temps de chien, le "Borda", vaisseau de ligne de l’École Navale, roule bord sur bord et la "rate est gonzignée"....



Acculé à la pauvreté par sa mère au moyen d'un conseil judiciaire, Untellin, jeune enseigne, fit, à Rochefort, une fièvre typhoïde et son amie, à le soigner, avait gagné la fièvre à son tour.

Quand on est une fois monté dans la barque et qu'on a donné l'obole, "Caron ne rend pas l'argent"....



Depuis onze semaines, Claude Farrère, officier en second de "l'Astrolabe" n'avait fait qu'errer sans arrêt le long de la côte marocaine, embarquant des moutons à Tanger, des malades à Casablanca et du charbon dès qu'il en manquait.

Et pour la première fois depuis des mois, son bâtiment mouillé sur rade à l'abri des jetées extérieures de Gibraltar, il avait pour lui trois heures de liberté....



"Les tubéreuses" est l'évocation de cet "en arrières toutes", légendaire ordre dont tous les marins de l'état parlent sans souvent jamais ne l'avoir entendu résonner et qui permet de tirer la mort par la barbe tout en lui échappant miraculeusement....



"Une nuit en mer", lorsque le baromètre est capricieux....
Commenter  J’apprécie          200
Combats et batailles sur mer

Les images qui évoquent, dans notre imaginaire, la tragédie de la première guerre mondiale sont souvent celles d'une tranchée boueuse où pataugent des poilus emmitouflés, ou plus anecdotiquement celles de taxis fonçant vers la Marne pour écrire une des pages les plus glorieuses de notre histoire militaire.

Parfois elles sont celles d'avions, effectuant d'incessantes cabrioles dans le ciel et portant des mitrailleuses qui crépitent pour descendre en flamme un biplan ennemi.

Le regard des deux auteurs de ce livre magnifique s'est porté vers la mer.

Tahiti d'abord où la vieille canonnière "la Zélée", commandée par le lieutenant de vaisseau Destremeau, est démantelée pour installer avec son artillerie une défense côtière digne de ce nom, empêchant le "Scharnorst" et le "Gneisenau" de s'emparer de l'île.

Penang, ensuite, où le croiseur allemand "Emden" fait irruption et coule, dans la rade, le "Yemtchoug" croiseur russe au mouillage et un torpilleur français le "Mousquet".

Les Falkland, enfin où va se jouer une terrible bataille navale, opposant croiseurs et cuirassés.....

Les deux auteurs de ce livre sont écrivains mais ils sont aussi officiers de marine.

Paul Chack, en 1925, à la date de parution de ce livre, est encore un historien talentueux et réputé. Terminant une brillante carrière de marin, il est alors affecté, au service historique de la marine. Se déshonorant, durant la deuxième guerre mondiale, il sera un des rares intellectuels à être fusillé à la libération.

Claude Farrère est un de ces écrivain à qui le talent offre le Goncourt. Il s'appuie sur son expérience pour écrire une œuvre prolifique et variée.

Ces deux auteurs, conjuguant leur talent, nous offrent plus qu'un livre de guerre, plus qu'un livre d'histoire, plus qu'une aventure maritime.

Ils nous proposent d'embarquer avec eux et de vivre, quelques années après, plusieurs grands moments tragiques qui ont fait de cette guerre une triste épopée humaine.
Commenter  J’apprécie          200
La gueule de lion

Ce long roman de Claude Farrère est mortel.

J'ai bien failli y périr dix fois d'ennui.

Et, inutile de le nier, j'ai fini par en sauter quelques longs passages verbeux et mièvres.

Venise est le rêve de tous les amoureux du monde.

En 1936, Odile Forbach et Roger Zwiller y sont en voyage de noces.

Ils sont promis à un bel avenir, lui est le riche héritier d'une maison alsacienne d'édition de musique, elle est une jeune femme-enfant comblée et insouciante.

Cinq ans plus tard, les soldats allemands ont déferlé sur l'Europe, et Odile, ayant tout perdu n'est plus qu'une jeune veuve dont le bonheur s'est envolé.

Elle a trouvé refuge, à Saint-Jean de Luz, dans la maison de la famille Aramitz ...

"La gueule de lion" est, au palais des doges, la gueule, sinistre et célèbre, où les vénitiens, au temps des inquisiteurs, glissaient leurs dénonciations à l'adresse du conseil des dix.

Ce roman de Farrère a pour décor "l'Eskualduna", la terre basque, et pour pivot central le thème de la délation.

"La gueule de lion" a toujours faim !

Malheureusement, la plume de l'écrivain semble lasse, moins inspirée que de coutume.

Très vite, gâché par sa longueur et sa redondance, le récit devient morne et inintéressant.

Les paysages y semblent comme décolorés, et les personnages inexpressifs.

Mais surtout le roman est gâché par de longs dialogues artificiels et un réel manque de fond.

Le lecteur finit même par se dire que l'auteur, lui-même, a du s'y ennuyer.

"La gueule de lion" est donc un de ces romans à oublier ... ou à prêter, puisque, paraît-il, jamais ne reviennent les livres empruntés ...





Commenter  J’apprécie          195
Lyautey, créateur

J'étais, depuis "L"Atlantique en rond", quelque peu en froid avec Claude Farrère et me voilà soulagé car j'ai retrouvé dans "Lyautey, créateur" l'auteur dont j'aime les livres.

Plus qu'une biographie, ce petit ouvrage est la clef qui, s'appuyant sur des notes et des souvenirs , permet de mieux connaître ce grand homme, aujourd'hui un peu oublié, qu'était Hubert Lyautey.

En 1912, Claude Farrère avait déjà publié, aux "Amis d'Édouard", une brève étude intitulée de ce surnom fameux, "Lyautey, l'africain", que la presse a vulgarisé ensuite.

En 1955, "Lyautey, créateur" serait le dernier livre publié par Farrère.

En 1907, l'auteur, qui était second sur le contre-torpilleur Cassini, rencontra Lyautey pour la première fois.

Il le revit, en 1920, à Paris, dans son logis de la rue Bonaparte

La dernière visite que Farrère, en 1927, fit à Lyautey fut celle que doit, à ses aînés, tout prétendant à l'Académie Française.

Il ne le revit qu'à Rabat où il reposait sous un dôme érigé au milieu d'un splendide jardin ...

Hubert Lyautey, à soixante ans, entreprend de bâtir au Mohgreb un empire moderne et viable.

Il est un grand soldat et un diplomate avisé.

Il a appris, au Tonkin, avec Gallieni que l'étranger, qu'il est, doit prendre garde à ne pas être, pour l'indigène, un ennemi.

La situation au Maroc est, à l'époque compliquée. le pays est divisé.

Lyautey entreprend une "tâche" de "pacification et de civilisation".

Le propos principal de Farrère, et ce qui fait tout l'intérêt de ce petit livre, est de démontrer que Lyautey n'est pas un soldat "colonialiste" et qu'avec l'aide de son sultan, il a su créer une nation : le Maroc moderne.

Ce petit ouvrage est un livre, clair, moderne et passionnant, qui prend aujourd'hui une résonance bien particulière.

Car son auteur, inspiré par un grand respect de l'Islam, nous y fait entrevoir ses lumières.

Le livre est bien écrit, dans un style élégant mais efficace.

La démonstration, vivante et intelligente, ne s'essouffle à aucun moment.

Farrère nous offre là, plus qu'un morceau de littérature.

Il nous présente "l'oeuvre" marocaine qui fit la gloire, non pas de Lyautey conquérant mais de l'homme respectueux et visionnaire qui se tenait derrière ...







Commenter  J’apprécie          190
Le quadrille des mers de Chine

« Le quadrille des mers de Chine », un recueil de treize nouvelles avec l’eau comme thème commun, qu’elle soit douce ou salée ; plus une quatorzième « hors catégorie » comme l’indique l’auteur.



L’auteur, tiens… Claude Farrère… Ancien Officier de Marine, il démissionne en 1919 pour se consacrer à l’écriture. Il publiera nombre d’ouvrages dont les thèmes principaux tournent autour de la mer, la Marine et les voyages…



Donc, « Le quadrille des mers de Chine », un recueil de nouvelles qui s’ouvre avec la nouvelle éponyme, la plus longue, une centaine de pages : on trouve trois marins, un expérimenté, Kerdoncuff et deux « novices », Sarthe et Martinvast (pour l’anecdote, sa fiancée n’est autre qu’Anne-Marie de Tourlaville) prêts à embarquer sur la Manche (vive le Cotentin) afin de rejoindre, dans la mer de Chine le Faidherbe qui sera leur embarquement final….

Suivent :

• « Comment on fait les Amiraux en France » : deux Anciens de la Royale se rencontrent et se racontent…

• « Une affaire qu’on arrangea » : une peine de substitution pour un Officier fautif…

• « Cocktail de cyclone » : un appareillage périlleux en rade de La Havane en compagnie du neuveu d’Alphonse Allais…

• « Les huiles » : où l’aumônier sauve le Capitaine bien mieux que le médecin du bord…

• « Monsieur le président » : une petite effrontée…

• « Le chien qui exigea son billet de passage » : on n’abandonne pas son chien…

• « Naufrage » : un dernier verre, s’il vous plait…

• « En raccourci » : même fille de reine, on épouse qui on veut…

• « Ricochets » : une histoire d’honneur entre « gentilshommes »…

• « Retour de flamme » : un destin bien singulier…

• « Quand le Mississipi déborda » : je paye, je t’emm…, version US…

• « La brute militaire et le crapaud qui passa le gué » : « respect » entre militaires de tous rangs…

Et pour finir par « Une femme comme les autres » où le destin pas banal de la fille du Colonel Parson qui n’est pas, on l’espère, « une femme comme les autres »…



Un recueil où l’on sent une grande part d’inspiration autobiographique comme dans « Le quadrille des mers de Chine, qui reste ma préférée avec « cocktail de cyclone » et « Naufrage »… Un style épuré, propre à la description, un peu d’ironie, voire un peu de burlesque font de cet ouvrage une lecture plaisante… Surtout pour qui, comme moi, aime la mer, les bateaux, les marins…

Commenter  J’apprécie          192
Le grand drame de l'Asie

Ce petit livre se présente comme un récit de voyage. Et en effet, Claude Farrère, après plusieurs décennies d'absence, parcourt le Japon, la Corée, la Mandchourie, la Chine. Il rencontre, il dîne, il discute, il est reconnu. Il faut dire que c'est un auteur à succès, un écrivain du Japon, mais aussi un défenseur reconnu du Japon en France.



Nous sommes en 1938. La guerre est bien entamée, que l'on considère qu'elle ait été commencée avec l'invasion de la Mandchourie en 1931-1932 ou en 1937 avec l'invasion de la Chine du Nord - incident du pont de Lugouqiao. Hors si l'auteur est foncièrement anti-hitlérien, il est au moins autant attaché à la cause japonaise. A la cause japonaise, contre la Chine.



Car la deuxième partie du fascicule, qui présente le véritable intérêt, et pour laquelle le récit de voyage, très rapide, n'est en fin de compte qu'un prétexte, est surtout ça : un réquisitoire contre la Chine, et un plaidoyer pour le Japon. On aurait pour le moins aimé que l'auteur se servît moins de lieux communs et plus d'arguments fondés en raison, sans quoi ses conclusions n'ont que peu de poids. La plupart des thèmes développés ici sont d'ailleurs mieux expliqués et soutenus dans d'autres publications.



En somme, c'est ce qu'on appelle un pamphlet.

Commenter  J’apprécie          181




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claude Farrère (186)Voir plus

Quiz Voir plus

Le mot "Vie" dans les titres de roman

Dans son premier roman, Tom Crewe rêve pour ses personnages d’une vie :

Heureuse
Nouvelle
Amoureuse

12 questions
23 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}