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Critiques de Emmanuelle de Boysson (104)
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Le temps des femmes, Tome 1 : Le salon d'Em..

J’attendais beaucoup de ce roman à la couverture élégante et au synopsis prometteur. Au final, c’est une belle déception. Certes, l’histoire d’Emilie est pleine de rebondissements, depuis son introduction dans les salons parisiens jusqu’à son amour passionnel avec son amant de poète, en passant par son mariage arrangé avec un vieux magistrat qui lui permet d’ouvrir son propre salon (celui du titre, qui ne dure qu’à peu près un quart du roman). La question des luttes sociales sur fond d’affirmation de la plus solide monarchie de France est tout à fait intéressante et met en lumière un moment-clé de l'émancipation féminine. Emilie est une jeune femme courageuse contre qui sa condition féminine et provinciale s'acharnent. Partie de rien, elle rêve de tout: amour, poésie, reconnaissance littéraire, elle en vient même à s'engager en politique mais plus dure sera la chute...

Néanmoins, j’ai trouvé trop de défauts à ce roman, à commencer par toutes les promesses qu’il ne tient pas, à savoir d’être un roman sur les précieuses, ces femmes lettrées et pleine d’esprit. Car à aucun moment du livre, elles ne font étalage de cet esprit, de cette belle langue, de cette culture. On passe son temps à parler de leurs jeux intellectuels sans jamais savoir en quoi il consiste, un seul de leurs textes nous est vraiment retranscrit. Leurs bons mots ou même leurs lectures sont soigneusement passés sous silence. A peine passe-t-on une demi-page à montrer qu’elles tentent de rendre la langue française plus belle et plus simple avec quelques mineurs exemples qui nous laissent très vite sur notre faim. Le portrait des précieuses est bâclé. Tout comme la construction du roman d’ailleurs: certes, l’auteure semble être particulièrement érudite sur le sujet, comme elle ne manque pas de le rappeler en signalant par des notes de bas de pages les points historiques authentiques de son roman ainsi que leur source. Cela me semble lourd et maladroit: les sources sont tout sauf parlantes pour moi, elles donnent juste l’impression d’un cours d’histoire déguisé en roman. Un roman, même historique, est une fiction avec toute sa légitimité et n’a pas à se justifier en permanence, une bonne bibliographie à la fin du livre aurait largement suffi. De même, on retrouve volontiers des personnages réels, tels Voiture ou La Rochefoucauld, mais ils sont trop souvent traités comme des citations et non comme des personnages de roman. Ainsi on trouve même un “[…]” au milieu d’une lettre de Voiture (avec sa note de bas de page qui certifie l’authenticité bien sûr). Bref, on ne fait que parler superficiellement de la Fronde (par les récits des personnages et non parce qu'on y est plongé) et des précieuses sans les mettre en scène, sans rien en faire de vraiment dramatique ou romanesque. Le langage lui-même est inégal, de sorte que si des efforts sont faits pour utiliser un langage classique, une seule des précieuses s’exprime vraiment comme telle et on retrouve beaucoup de formules contemporaines, sans parler d’une narration au présent bien étonnante quand on considère que le passé simple est le symbole du récit d’époque. De quoi abaisser le niveau alors que les personnages proclament qu'il faut le remonter.

Heureusement, j’ai fini par me prendre au jeu, intriguée que j’étais par le destin d’Emilie, désireuse de savoir si elle rencontrerait quelqu’un qui lui ferait oublier sa condition modeste et son vieux mari, mais sans franchement m’attacher aux personnages ni à une intrigue la plupart du temps survolée et sous-exploitée. On n’ira au bout ni du secret de famille d’Emilie, ni de son aventure amoureuse, ni de son salon qui n’existe que brièvement. Quel dommage…Curieusement, j'ai été plus sensible au personnage de George de la Motte, son mari, décrit comme un vieil homme sans coeur, mais qui a depuis longtemps passé l'âge des badinages amoureux, qui cède à tous ses caprices, qui ferme les yeux sur sa liaison tant qu'elle ne déshonore pas son nom et qui va au bout de ses idées politiques. Une complexité toute à son honneur.

Un potentiel énorme mais un traitement et un style qui ne m’ont pas du tout conquise.
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Balzac Amoureux

J'adore Balzac et c'est donc avec beaucoup de curiosité et d'envie que je me suis plongée dedans. Balzac a souffert d'un manque d'amour de la part de sa mère , ce qui a donné lieu, selon moi , à de merveilleux romans où la femme a la place la plus importante , il en a beaucoup parlé et pour cause elles ont été tout dans sa vie. Ayant tour à tour le rôle de guide, d'amoureuse, de mécène, d'inspiratrice, correctrice elles ont jalonnés sa vie et lui ont permis d'écrire les plus belles pages de ses romans. Il recherche dans toutes ses conquêtes l'image qu'il se fait de la femme et quelque part , de la mère parfaite. Ce qui se confirmera par le fait qu'il appellera toutes les femmes de sa vie Laure et sa mère s'appelait Charlotte-Laure.



Il a écrit de magnifiques lettres d'amour, c'est d'ailleurs plus par ses mots et son intelligence qu'il séduit que par son physique , qui n'est, il faut bien le dire pas du tout avantageux, il est petit et gros. Deux obsessions dans sa vie, être marié et avoir de l'argent, c'est un homme qui a été entretenu la plupart du temps par des femmes subjugués par ses mots. Fer de lance du mouvement réaliste, ses romans sont une mine de renseignements pour qui veut comprendre cette époque, tant il met détaille tout, que ce soit les us et coutumes comme les habitudes vestimentaires. Eternel insatisfait , il fait partie de ses écrivains célèbres de leurs temps. Toute sa vie il sera fauché et cherchera la richesse. Ce qui est incroyable c'est que même après la rupture les femmes de sa vie lui resteront loyales et fidèles.



Encore un très beau et très intéressant livre de cette collection que je vais poursuivre tant elle est de bonne qualité. Je remercie particulièrement Gilles Paris sans qui je n'aurai pas pu tous les lire. J'enchaîne avec Napoléon amoureux et j'avoue que c'est pas celui qui m'attire le plus.



VERDICT



Une collection savoureuse qui nous mène dans l'intimité des grands hommes amateurs de femmes. A offrir, à lire, relire et faire découvrir
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June

À la fin de sa vie, réfugiée dans le ranch de son frère, June Mansfield se souvient. Elle se souvient comme elle est tombée folle amoureuse d'un homme, comme elle a cru en lui et en son talent au point de beaucoup sacrifier. Lui, c'était Henry Miller, écrivain à la sulfureuse réputation...

Rien que le nom de l'auteur évoque la sensualité, le scandale associé à des titres tels que Sexus ou Tropique du Cancer. Mais si le nom d'Anaïs Nin lui est automatiquement lié, celui de June reste méconnu. Emmanuelle de Boysson la remet ici en lumière de manière juste et élégante, en montrant le rôle qui a été le sien dans la carrière de Miller/Val et la genèse de son œuvre. Muse, mécène (la seule à financer leur train de vie grâce en grande partie aux faveurs de ses propres admirateurs, à une époque où ils tiraient sans cesse le diable par la queue dans le New York de la prohibition), flamboyante amoureuse restée dans l'ombre, June Mansfield n'obtint jamais la reconnaissance méritée. Et même si les zones d'ombre demeurent sur sa vie, voilà qui est joliment réparé.
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June

La première fois que j'ai entendu parler de June, c'était dans la bande dessinée Anaïs Nin de Léonie Bischoff. Sulfureuse, torturée, énigmatique, elle envoutait tout le monde sur son passage. Alors quand j'ai vu ce roman à paraître chez Calmann-Lévy, j'ai voulu en savoir plus sur cette femme si mystérieuse.



June Mansfield, comme elle aimait elle-même se nommer, était bien plus que la muse d'Henry Miller : elle était son soutien émotionnel et financier, la petite voix qui le guidait. Tombée éperdument amoureuse de cet écrivain en devenir, elle n'avait qu'un objectif en tête : le voir publier un livre. Tantôt serveuse, comédienne ou "prostituée", elle n'a reculé devant rien, comme si sa propre vie en dépendait. Mais d'un côté, n'était-ce pas un peu le cas ?



Car s'il y a bien une chose qui m'a fasciné chez June, c'est qu'elle semble avoir été à la fois vivante et montée de toute pièce. C'était une femme libre, indépendante, forte, qui était prête à tout pour arriver à ses fins. Elle était entière, se donnait complétement aux gens qu'elle aimait. Elle était présente, indispensable. Et en même temps, c'est comme si elle n'avait jamais vécu qu'à travers les écrits des autres, comme si elle n'avait été que fiction. Comme une sirène, elle était mythique, fascinante et destructrice. D'ailleurs, elle-même ne cessait de s'inventer une toute autre vie, d'autres parents, d'autres souvenirs.



Mais le problème quand on dédit sa vie à une seule personne, c'est qu'on prend le risque que tout s'effondre si un jour celle-ci nous trahi. Et c'est malheureusement ce qui arriva : Henry préféra Anaïs à June, mettant fin au mythe.



Un grand bravo à Emmanuelle de Boysson pour ce roman parce que cette biographie-fiction est vraiment réussie !
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Je ne vis que pour toi

Valentine jeune fille bretonne de bonne famille épouse Antoine Beauregard avec qui elle s’installe à Paris. Très vite la jeune fille, qui caresse des ambitions littéraires, est introduite dans les meilleurs salons où elle rencontre Proust, Colette, la comtesse Greffulhe et bien d’autres. C’est là qu’elle fait la connaissance de Natalie Clifford Barney, une belle américaine qui collectionne les amantes. Valentine succombe, mais devra faire face à l’infidélité de sa Natty, tandis qu’en parallèle sa carrière littéraire décolle et qu’elle s’émancipe doucement.



Emmanuelle de Boysson a choisi de prendre un personnage fictif, Valentine, et de la plonger au cœur d’un monde tout à fait réel puisque la majorité des personnages qu’elle croise ont effectivement existé. C’est ainsi que Valentine va être immergée dans ce monde littéraire qu’elle admire, mais aussi dans un monde fait de plaisirs dont Natalie va lui ouvrir les portes.



Comme j’aime beaucoup cette époque ainsi que Colette dont j’ai lu des biographies, l’œuvre et les correspondances, j’ai déjà croisé Liane de Pougy, Mathilde « Missy » de Morny, Natalie Clifford Barney et plusieurs de leurs contemporaines. Je n’ai donc rien appris sur ces femmes libres qui jouissaient sans entraves et revendiquaient leur liberté avec panache. Par ailleurs j’ai été gênée par la manière assez scolaire dont sont exposées les biographies de chacun des personnages qui entrent en scène. Leur faire prendre systématiquement la parole pour raconter les grandes lignes de leurs vies, voire de leurs œuvres, m’a semblé assez factice et cela coupe le rythme et l’élan du récit.



Mais Emmanuelle de Boysson sait parfaitement rendre les affres de la jalousie que ressent Valentine et décrire l’évolution de ce personnage qui, de jeune ingénue, deviendra femme accomplie et capable de vengeance. Natalie Clifford Barney n’est pas ici à son avantage ! Voilà une femme qui semble bien manipulatrice, jouant sur plusieurs tableaux et n’aimant rien tant que le moment de la conquête pour ensuite abandonner ses amantes et passer à la suivante. Emmanuelle de Boysson nous dresse au contraire le portrait d’une Colette pleine de bienveillance pour sa cadette, Valentine, qu’elle conseille et soutient dans ses entreprises d’écriture.



J’ai apprécié l’atmosphère qu’a créé l’auteure, à la fois très sensuelle mais aussi pleine de liberté et d’insouciance dans cette époque entre deux guerres. Ainsi que ces portraits de femmes qu’elle fait et qui montre leur soif de liberté, leur besoin d’indépendance vis-à-vis de maris qui semblent dépassés par ce qui leur arrive et le soutient qu’elles se prêtent les unes aux autres même si cela ne va pas parfois sans quelques rivalités.



Bref, un livre qui se lit avec facilité et avec plaisir malgré les quelques petites réticences exposées ci-dessus.
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Le temps des femmes, Tome 1 : Le salon d'Em..

"Le Salon d'Émilie" d'Emmanuelle de Boysson est un audacieux roman historique qui plonge le lecteur au cœur de la Fronde de 1648, à Paris. Le lecteur y découvre l'enfance tourmentée du futur Louis XIV, sa mère Anne d'Autriche sous la coupe du cardinal Mazarin et les révoltes entre le Roi et le Parlement. Basé sur des faits historiques avérés et des personnages authentiques, l'immersion est totale et très réaliste ! L'écriture y est en revanche un peu trop chargée, redondante et le flot de personnages peut perdre le lecteur...



L'héroïne, quant à elle, Émilie Le Guilvinec, envoûtée par le charme des salons des Précieuses, grimpera dans l'échelle sociale, dévorée par une ambition qui l'a rendra tantôt courageuse, tantôt envieuse aux yeux du lecteur. En cela, ce roman est foncièrement féministe, mettant en lumière l'intelligence des femmes qui tiennent à se faire une place dans une société gouvernée par les hommes. Entre littérature et remaniement de la langue, les Précieuses offrent une image d'intellectuelles parfois ridicules, comme le disait Molière. Emmanuelle de Boysson nous immerge donc avec talent - mais non sans une certaine lourdeur - dans un roman désireux de nous démontrer que tout est possible, peu importe notre rang social, langue, sexe, même au cœur de la tourmente...
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Je ne vis que pour toi

J’avais lu Que tout soit à la joie l’an passé de Emmanuelle de Boysson. J’étais donc très curieuse de lire cette année son roman de rentrée. La première surprise a été de retrouver assez vite la légende d’Ys dans les pages de ce livre, mais également toute une pléiade de personnalités célèbres. En effet, nous suivons Valentine, jeune bretonne mariée à Antoine, beaucoup plus vieux qu’elle. Il emmène sa femme vivre à Paris. Ce mondain a quelques entrées dans certains cercles. Il présente notamment Valentine à Colette lors d’une soirée, soirée dans laquelle la jeune femme va également faire la connaissance de Natalie Clifford-Barney. Celle-ci va beaucoup la troubler et va ensuite n’avoir de cesse de la poursuivre de ses assiduités, jusqu’à ce que Valentine succombe et tombe éperdument amoureuse. Natalie joue cependant au chat et à la souris avec Valentine, usant et abusant de ses charmes sur les femmes qu’elle rencontre, arrivant en général à ses fins, comme avec Elisabeth de Gramont, pourtant la confidente de Valentine. La jeune femme essaye par ailleurs d’écrire, s’attelle à raconter La légende d’Ys, puis son enfance en Bretagne, mais la jalousie et le désir la torturent continuellement. Jusqu’à quelle extrémité va-t-elle la conduire cette passion dévorante ? Il m’a fallu un peu de temps pour m’attacher à Valentine, au départ assez sèche dans ses réactions et au comportement à la fois naïf et glacé. Puis, la description d’une telle époque, si attachante, celle où on pouvait croiser dans une réception, à la fois Proust, Appolinaire, Anna de Noailles a su me trouver. Emmanuelle de Boysson montre dans ce livre la face cachée d’un Paris qui s’adonne sans complexes, ou presque, aux plaisirs saphiques. Pourtant, les femmes jouaient souvent là leur réputation ou leur avenir financier. Ce roman est très sensuel mais surtout captivant. La fascination magnétique de Natalie Clifford-Barney y est pour beaucoup, ainsi que les battements d’ailes d’une Valentine, blanche colombe que l’on devine très vite en sursis.
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Que tout soit à la joie

QUE TOUT SOIT A LA JOIE

Juliette Monin est une fille d’extraction bourgeoise, de bonne famille , qui a confortablement vécu , en Alsace , au Maroc .Elle s’installe à Paris .Nous sommes dans ces années soixante-dix, cette parenthèse enchantée marquée par la recherche de l’émancipation générée dans le sillage de Mai 68 , où tout semble à portée de réalisation .Juliette veut s’émanciper , elle tombe amoureuse de Jean-Michel Dumontel jeune homme rencontré lors d’une réception de présentation tenue au domicile de ce dernier . Pourtant, les contradictions ne manquent pas de perturber le parcours de Juliette : comment aimer sans se trahir ? Comment prendre ses distances avec ses origines, son milieu ?

Objectif difficile, mais Juliette, qui comprend très vite que Jean-Michel Dumontel ne lui vouera jamais une passion amoureuse sincère et intense, décide de se consacrer au théâtre, puis à l’écriture. N’est-elle pas la nièce du Cardinal Paul Dantec, auteur d’ouvrages théologiques et décédé chez une prostituée…Qui était-il vraiment ? Un homme cachant une double vie et un secret inavouable, ou un individu réellement soucieux d’aider son prochain ?



Juliette, qui s’est entre-temps mariée, cherche sa voie : l’écriture ou le théâtre ? Elle prend des cours, entre en contact avec le milieu de l’édition, vit en colocation avec d’autres jeunes filles, se frotte aux réalités de la coexistence. C’est un portait plaisant que nous livre Emmanuelle de Boysson dans son nouveau roman .Ce personnage de Juliette nous attache, car il n’est pas monolithique , il est en proie au doute , au questionnement .

L’époque est bien restituée :les ambitions d’une partie de la jeunesse, celle des grandes écoles, des beaux quartiers , sont décrites avec justesse .Que tout soit à la joie Illustre bien les difficultés d’une émancipation réussie :vivre et réaliser ses choix, triompher au bout du compte de la culpabilité et de la douleur : « Non, je ne saborderai pas ce que j’ai de plus précieux ( …) Je ne veux pas être dépossédée de mon livre .Je ne veux pas qu’il soit réécrit, je ne veux pas d’un ouvrage formaté . » L’auteure de ce roman choisit le pardon comme réponse à la question

soulevée au début du récit .Pourquoi pas ?



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Le temps des femmes, Tome 1 : Le salon d'Em..

J'aime les romans historiques et je n'ai pas été déçue par ce roman où l'intrigue s'insinue dans une étude fort détaillée de la vie de la campagne bretonne et de celle de Paris à l'époque tourmentée de La Fronde.

Etude très documentée sur les moeurs des petites gens et des bourgeois avec leur cortège de passions et d'hypocrisies peinte avec la finesse d'une plume féminine délicate et cependant empreinte d'un féroce réalisme.

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Les années Solex

Emmanuelle de Boysson nous ramène ici au cœur des années 1970, avec le décor qui va avec : les téléphones orange, Salut les Copains et les jupes qui se raccourcissent. Mai 68 est passé par là et on sent comme une envie de liberté dans l’air, même si cela implique de nombreux conflits de génération.



Son héroïne, Juliette, est une adolescente peu sûre d’elle, qui vit dans l’ombre de sa cousine Camille qui n’a pas froid aux yeux. Sa mère ne prête pas trop attention à ses fréquentations, et Camille s’amuse. Juliette aimerait tout simplement en faire autant, mais dans une famille avec une mère catholique et qui se veut respectable jusqu’au bout des ongles, ce n’est pas vraiment la même chanson. Et pourtant, Juliette va enchaîner les frasques, par curiosité ou par rébellion, rappelant un peu les Malheurs de Sophie par moments. Juliette est amoureuse, elle aime écrire, elle écume les routes d’Alsace sur son solex orange et elle rêve d’être adulte, d’avoir le choix.



C’est un véritable roman initiatique que nous propose l’auteur ; à travers ces quelques pages, Juliette s’affirme, elle grandit, elle mûrit, et va de découverte en découverte (bonnes comme mauvaises d’ailleurs). Les garçons, son avenir, son image, tout tourne autour d’elle et son petit monde d’adolescente semble bien compliqué. Lire ce roman, c’est retrouver ce petit côté nostalgique qu’on a en regardant La Boum : on se moque de Sophie Marceau mais en même temps, on la comprend. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans.



Emmanuelle de Boysson signe ici un roman comme une peinture très réussie des années 1970. On sent ici toute la dimension ambivalente de cette époque, entre libération des mœurs, nouveaux codes, et respect des traditions. Tout se mélange, il y a comme un esprit révolutionnaire dans l’air et les jeunes veulent du renouveau. J’ai adoré cette immersion courte mais intense dans une époque que je n’ai pas connue, et dont je ne vois que les traces aujourd’hui avec les vinyles de Chantal Goya ou le seau à glaçons en forme de pomme verte chez mes grands-parents.



Ce roman bien écrit se lit d’une traite, tant son héroïne est attachante et l’immersion immédiate. Le lecteur est directement embarqué à Mulhouse dans les années 1970, avec le kougloff ou le bäckoff qu’on sert le dimanche.



C’était une très belle lecture, parfaite pour un week-end hivernal. Je conseille sans hésiter ce roman à tous les nostalgiques (ou pas) de l’adolescence, aux enfants et aux plus grands des années 1970… et à tous les autres, juste parce que la découverte en vaut la peine.
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Oublier Marquise



Voici une auteure et une saga que j'avais envie de découvrir depuis longtemps. Ce tome est le troisième tome de Le temps des femmes qui suit trois générations très différentes. Pas besoin d'avoir lu les romans précédents pour se lancer, quelques allusions sont faites au passé mais quand il le faut, tout est très bien expliqué.



Nous suivons donc Marquise de Belle-Isle, une femme de trente-huit ans qui s'ennuie. Elle rêve de vivre de sa peinture et subit la vie conjugale avec un mari colérique et indifférent. Cela change rapidement, sa rencontre avec Watteau - peinture peu reconnu alors - va lui redonner espoir et la pousser à retourner à ses pinceaux. A côté de ça, de vieux démons familiaux refont surface. Elle rencontre enfin son vrai père, Louis XIV, grâce à un autre de ses bâtards. Le roi décide de la reconnaître officiellement et Marquise sera, bien malgré elle, mêlée à des intrigues de cour et des complots bien dangereux..



Je vais être honnête et vous avouer tout de suite mon ressenti à propos de ce roman: je me suis ennuyée, vraiment très fort. C'est pourtant typiquement le genre de roman qui me plaît habituellement mais dès les premières lignes, j'ai senti que cela ne passerait pas. J'aime les sentiments forts, j'aime trembler, pleurer et aimer aux côtés des personnages des romans que je lis. Ici, je n'ai trouvé que de froides descriptions, même en ce qui concernait les relations amoureuses, un comble. Des mots d'amour dès la deuxième rencontre et quelques étreintes pour toutes les suivantes. Je n'ai pas cru une seule seconde à la relation de Marquise et de Watteau, tout semblait faux, presque éteint.



Ce manque de feeling, d'accroche, s'explique peut-être par l'usage de la troisième personne pour la narration. C'est toujours difficile pour moi, d'autant plus dans les romans historiques car le récit est déjà, de base, quelque peu alourdi par des faits tangibles et un peu récités. (Je parle pour tous, en général. Le contexte est méga-important dans ce style.) Je n'ai pas pu m'attacher aux personnages, je les regardais seulement en tant que spectatrice alors que j'attend faire partie intégrante des histoires que je lis. Pari raté, ici, même si c'est une opinion et des besoins très personnels à la lectrice que je suis.



J'ai quand même un point positif, un très bon point que j'ai grandement apprécié: l'honnêteté de l'auteure à dépeindre la vie quotidienne à la fin du règne de Louis XIV. Souvent, par exemple, Louis XIV est présenté comme beau, élégant, fringuant. Versailles est une merveille, les gens sont propres et bien élevés.. Ici, point de chichis! Louis XIV est un vieil homme chauve et édenté, Versailles sent le vomi et les déjections, les gens ne se lavent pas et se soulagent n'importe où. J'ai vraiment aimé que ce ne soit pas édulcoré, contrairement à ce que j'ai déjà eu l'occasion de lire sur cette époque. C'en est presque.. rafraîchissant. (Mais franchement dégoûtant.)



Bref, une non-accroche totale comme il en arrive parfois. Un contexte intéressant mais une manière de traiter le côté personnel trop froide à mon goût.
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Le temps des femmes, Tome 1 : Le salon d'Em..

[Extrait de ma chronique]

La quatrième de couverture n'évoque que brièvement les évènements politiques et laisse penser que les Précieuses et leurs salons littéraires sont au coeur de ce roman. Or, si quelques passages évoquent leurs joutes verbales, leur intérêt pour la poésie et la littérature, leurs efforts pour renouveler régulièrement les jeux intellectuels, point de description de ces derniers. Seuls deux billets rédigés par Emilie pour la comtesse viennent illustrer ces jeux d'esprit, mais laissent le lecteur sur sa faim. J'espérais pénétrer ces salons littéraires, percer leurs plaisirs intellectuels, admirer peut-être l'art de la répartie de ces dames. J'aurais souhaité découvrir la littérature française du point de vue de ces femmes lettrées et savantes. Hélas, aussi riche que soit ce roman, il n'explore pas les multiples facettes de ces femmes d'un autre siècle. Emmanuelle de Boysson s'est concentrée sur la politique et mêle ces femmes aux intrigues et aux complots, les conversations sont tournées vers L Histoire - et lorsqu'enfin on change de sujet, ce n'est que médisance. le lecteur se doute que ces cercles de femmes étaient propices aux commérages et aux trahisons : était-ce nécessaire de les mettre autant en exergue? Ce roman m'a fatiguée et lassée : j'imaginais les voix perçantes et haut-perchées de ces dames, ce bourdonnement constant dans leurs petites chambres confinées, et toujours ces indiscrétions, ces cancans de femmes.

Où est donc passée la préciosité? Ce raffinement dans la manière d'être, cette complexité dans l'analyse des sentiments, ces jeux d'écriture et autres divertissements représentatifs d'un phénomène sociolittéraire du XVIIème siècle français sont pratiquement inexistants dans ce roman.



L'intégralité de ma chronique est à retrouver sur mon site internet.
Lien : http://reverieslitteraires.fr/
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Un coup au coeur

Merci encore à @babelio_ et @calmann.levy pour l'envoi du roman dans le cadre de la #massecritiquebabelio.



Un coup au cœur est un témoignage poignant. L'auteur nous raconte son arrêt cardiaque et les trente longues minutes pendant lesquelles elle était morte. Morte, mais aussi ailleurs. Dans une sorte d'au-delà. C'est ce que l'on appelle une expérience de mort imminente. Et puis, il y a la réanimation. Le coma. Le réveil. La rééducation. L'Après.



Je n'avais jamais lu de témoignage sur une EMI auparavant et je n'avais pas particulièrement d'attentes, mais l'auteure m'a bouleversé avec son histoire. Elle se met à nue et nous raconte avec une profonde sincérité ce qu'elle a ressenti, vécu et pensé. Et c'est justement cette sincérité troublante, sans le moindre artifice, qui m'a le plus ému et fait réfléchir moi-même sur plein de questions : qu'est-ce que la mort ? Qu'y a-t-il après la vie ? Faut-il avoir peur de la mort ? Faut-il dissocier le corps de l'esprit ? (cela m'a rappelé mes cours de philosophie avec notamment les théories de Platon ahah)



Ce roman a résonné en moi et je pense que chacun en fera sa propre interprétation en le lisant. Je vous recommande chaudement d'aller voir la vidéo Book Review sur ma chaîne YouTube (lien en bio), car je parle beaucoup plus en détail du roman et je vous lis deux extraits, dont un qui m'a marqué.
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Un coup au coeur

L’autrice raconte dans un roman son attaque cardiaque et sa longue convalescence. Pour cela, il a d’abord fallu qu’elle mène une enquête. Elle ne se souvient pas de ce moment où son compagnon lui fait un massage cardiaque, de l’arrivée des pompiers pour la réanimer, de son transport à l’hôpital et des soins médicaux pratiqués en urgence. Avec beaucoup de détails, parfois du sang, elle fait le récit de ce combat pour la vie. Une grande partie du roman se déroule à l’hôpital et traduit une reconnaissance envers le personnel médical.

Emma se reconstruit petit à petit. Elle réapprend les gestes du quotidien afin de retrouver son autonomie. Il n’est plus question de fumer désormais mais de prendre soin de son corps, d’elle.

Elle aborde également le thème de l’EMI ou expérience de mort imminente. Pendant les trente minutes où son cœur a cessé de battre, elle s’est retrouvée dans un endroit où elle se sentait bien et dont elle n’avait pas envie de revenir. Troublée, elle a d’abord eu peur d’en parler, puis elle a lu un livre sur le sujet et commencé à écrire ses souvenirs de ce moment.

Ce livre est tout sauf triste. Il est lumineux. Avec humour et autodérision, mais aussi avec poésie et douceur, Emmanuelle de Boysson nous offre un hymne à la vie.



Je remercie l’autrice et Calmann-Lévy pour l’envoi de ce livre
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
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Un coup au coeur

Dès les premières pages, on ne peut plus lâcher ce roman. Ce roman qui est plutôt le récit d'Emmanuelle, à travers le personnage d'Emma, le récit de son parcours dans l'au-delà lors de son arrêt cardiaque qui a duré trente minutes le 7 février 2022.

Emmanuelle a réussit à se souvenir, à rassembler toute son expérience de mort imminente. Tout sonne vrai. Le voyage de son âme d'une pièce à l'autre et son envol dans l'autre dimension... elle a vu ses parents, sa grand mère, elle a été tenté de "se laisser glisser complètement vers eux", elle était si bien...

Je ne veux pas trop vous dévoiler de l'ouvrage mais ce que j'ai également beaucoup aimé est qu'Emmanuelle décrit bien son retour à la vie sur terre grace à son compagnon Anton qui lui a effectué un massage cardiaque en attendant l'arrivée des secours.

Elle lui doit la vie. Sans lui, elle n'habiterait plus son corps et serait dans le monde parallèle. Quelle belle preuve d'Amour !

Emmanuelle décrit également bien toutes les étapes de sa rééducation, sa fatigue, sa souffrance, côtes cassées suite au massage cardiaque mais pas que... Bref, elle nous décrit bien son séjour à l'Hôpital Cochin où elle a été de suite prise en charge et très bien soignée.

Emmanuelle ressort grandit de cette EMI, elle ne voit plus du tout la vie comme avant. Elle est rayonnante et plus vivante que jamais.

J'ai adoré ce roman qui comme je le dis au début, m'est allé droit au fond du coeur. Un roman rempli d'espoir, qui m'a fait énormément de bien et qui m'éclaire encore plus sur les vraies valeurs de la vie ici bas. Merci infiniment Emmanuelle de nous avoir confié au travers des pages de votre formidable livre, au travers du personnage d'Emma, votre expérience de mort imminente. Un récit à lire absolument !
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Un coup au coeur

Rentrée Littéraire Hiver 2024 Parution le 03 Janvier 2024 aux Editions Calmann Lévy



» Un coup au coeur » est le récit romancé d’une expérience vécue par l’autrice. C’est un coup de coeur de lecture pour moi.



Emmanuelle de Boysson raconte ce qui lui est arrivé le 7 février 2022 et les mois qui ont suivi. Ce jour-là, elle a succombé à une crise cardiaque et elle n’est revenue à la vie que grâce aux massages cardiaques pendant 30 mn de son compagnon qui était auprès d’elle. Elle parle avec grande sincérité de ce qu’elle a vécu pendant les journées de coma qui ont suivi. Puis de sa reconstruction physique et psychologique.



J’ai été profondément touchée par ce récit pour des raisons personnelles : il y a dix ans, j’ai vécu une expérience à la fois similaire et différente. Ramenée in extrémis à la vie alors que j’étais en train de mourir (je le ressentais, le savais), restée pendant trois jours entre la vie et la mort (à cause d’une bactérie dans mes poumons), j’ai vécu une expérience proche de celle de son coma.



Je trouve que l’intérêt de ce récit, c’est qu’elle y parle avec une très belle langue d’évènements tels que l’Expérience de Mort Imminente. Sujet qui n’est abordé habituellement que dans des ouvrages « spécialisés » alors que bon nombre de personnes, qui ne donnent pas dans l’ésotérisme, l’ont vécu.



» Comme Hel, la déesse des trépassés dans la mythologie viking, ou Anubis, dans l’Egypte ancienne, la mort avance masquée. Depuis son apparition subite, elle ne me terrorise plus et me paraît simple, évidente, apaisante. Nous la portons en nous, y sommes habitués, puisque nous étions morts si longtemps avant de naître. Mon corps était prêt à ce passage vers une terre d’asile dont mes cellules gardent aujourd’hui la trace, privées d’une jouissance si forte qu’elles cherchent à s’y perdre. »



Je remercie Cultura et les Editions Calmann Lévy pour cette découverte.
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June

Réfugiée dans le ranch de son frère, arrivée à l’aube de sa vie, June Mansfield plonge dans ses souvenirs. Sa rencontre avec Henry Miller a été un véritable séisme dans la vie de la jeune femme. June et Henry se rencontrent au cœur des années 1920. June est alors entraîneuse dans les bars et Henry peine à devenir l’écrivain qu’il espère être, enchaînant les petits boulots. Persuadée du talent de son amant, June se donne pour mission de lui permettre de réaliser ses rêves. Mais les relations des deux amoureux ne vont pas sans tempêtes et la rencontre avec Anaïs Nin va totalement rebattre les cartes de leur couple.



Emmanuelle de Boysson nous livre ici une biographie romancée de la seconde épouse d’Henry Miller et le portrait d’une femme résolument libre. On connait évidemment le trio Anaïs – Henry – June. On connait peut-être un peu moins les années qui ont précédé et l’histoire du couple que formaient Henry et June.



On en apprend ici beaucoup sur les années de vache maigre qu’ils ont traversé, les sacrifices consentis par June pour permettre à son mari de se consacrer à l’écriture, sur la manière dont elle a pu l’aider. Mais aussi sur l’ambigüité de leurs rapports, June fuyant un temps à Paris avec sa maîtresse puis jouant de la fascination qu’elle exerce sur Anaïs avant de devoir se rendre à l’évidence quant à la relation qui s’est installée entre Henry et Anaïs.



On ressent ici parfaitement les forces qui animent June mais aussi ses faiblesses et toute son amertume d’avoir été remplacée dans la vie d’Henry alors même qu’il accède à la reconnaissance littéraire vers laquelle elle l’a accompagné et pour laquelle elle a énormément travaillé.



Cette personnalité fantasque, éminemment libre et terriblement attachante méritait bien qu’on lui consacre un livre pour lui redonner sa juste place. June n’a cessé de s’inventer des personnalités et des vies, brouillant ainsi les pistes et s’effaçant doucement face au couple mythique que formèrent Anaïs Nin et Henry Miller. Cette biographie romancée lui rend justice et on peut remercier Emmanuelle de Boysson de l’avoir remise en lumière.
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Je ne vis que pour toi

L’auteure, Emmanuelle de Boysson, a un arbre généalogique assez charpenté, et elle-même a son actif d’un cv bien fourni: elle baigne dans le monde littéraire parisien, elle est cofondatrice du Prix de la Closerie des Lilas, qui récompense chaque année une romancière de langue française. Déjà l’auteure d’une œuvre prolifique, l’univers des femmes, de la littérature féminine au lesbianisme, dont il est question ici, occupe une place essentielle de son œuvre.



La vie de Valentine Beauregard apparaît d’abord comme celle de n’importe quelle provinciale qui a eu la chance de faire un beau mariage: une jeune femme émerveillée et fière, impressionnée et impressionnable, agréable, épouse attentive et soumise. Fort heureusement, cette jeune épouse bien propre sur elle évolue, elle s’enhardit un peu au contact d’un autre monde, elle se dévergonde, elle sort des tranchées. C’est tout juste à ce moment-là que le roman prend véritablement naissance, à mes yeux au moins. J’ai assisté avec plaisir à l’évolution de la jeune Valentine, qui engoncée dans sa fierté toute neuve de jeune parisienne collet-montée, s’ouvre à des horizons dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Un monde de plaisirs charnels, d’une jouissance inconnue, de sensualité mais aussi de beautés vénéneuses, d’amours trompeuses, d’aventures éphémères. Emmanuelle de Boysson a su faire évoluer notre jeune et timorée bretonne en une maîtresse avide et passionnée. Elle a su décrire les affres de l’amour saphique, dans le meilleur, mais dans le laid, dans la laideur du mensonge, dans les excès de la passion, et la souffrance de l’amour sans retour. La jeune épouse devient femme sous les yeux de ses compagnes d’écriture, sous les mains d’une compagne aguerrie, sise 20 rue Jacob. Une plongée à travers les cercles intellectuels parisiens, les salons littéraires, où se bousculent tous les noms de la littérature début de siècle, où règnent en maîtres Colette, Proust et bien d’autres, où les coups bas des uns ricochent sur les piques fielleuses des autres.



Le dénouement reste encore mon passage préféré du roman, où l’innocence des débuts laisse place au réalisme d’une désillusion amère, le paradis de Sappho finit par virer à l’aigreur née de la jalousie et de l’égoïsme, et aux vulgaires règlements de compte, loin des jeux sensuels et de la tendresse des débuts. Sur Lesbos, les idylles ont tourné aux vulgaires petites rancœurs amoureuses de l’Île Blanche, les sentiments de chacune sont finalement revenus de ce haut lieu divin, qu’elles s’efforçaient de bâtir à travers leurs petites escapades littéraires et rencontres privilégiées, pour s’ancrer dans une réalité froide et brute. C’est, finalement, cette Valentine-là, que j’ai le plus estimée.



À ma grande surprise, les notes de fin m’ont appris qu’une des protagonistes du roman, Nathalie Clifford Barney, a réellement existé. À la lecture de sa biographie, il s’avère que l’auteure s’est largement inspirée de cette femme de lettres américaine de caractère aux hautes aspirations littéraires. J’avoue avoir été prise d’intérêt bien plus par sa personnalité à elle, plus complexe et sombre, que celle de Valentine. A la lecture de sa biographie, sur Wikipedia, sa vie apparaît d’autant plus extraordinaire, au delà de son orientation sexuelle qui finalement importe peu, qu’elle a été celle qui a redonné un élan à la littérature par la création de ses salons littéraires les « vendredis » fréquentés par les plus grands noms de la vie littéraire de l’époque, femmes autant qu’hommes.



En revanche, je m’attendais à un récit bien composé, au style délicat et profond. Et j’ai trouvé tout le contraire, un style très léger, peu crédible et surtout très superficiel, parfois trop versé dans le lyrisme, et qui m’a profondément agacé dès la trentième page. Je pense entre autres à l’usage répétitif des crispantes interjections « ma belle » lors des échanges épistolaires ou verbaux. J’ai parfois eu l’impression de découvrir un cercle de jeunes femmes écervelées, très précieuses, à l’égo surgonflé par la conscience de leur valeur, qui se servent de la littérature de passe-temps comme un autre, au milieu de jeunes mondaines totalement accaparées par l’organisation de garden-partys.



Même si la qualité du récit s’améliore au fur et à mesure du récit, je n’ai pas accroché au style de l’auteure, qui a tendance à faire des personnages un peu trop lisses. Toutefois, ce roman aborde le lesbianisme de front, il est au cœur même du roman, à une époque ou c’était encore une honte et un scandale. La femme est à l’honneur, quelquefois sous ses angles les moins nobles, néanmoins il reste une belle histoire d’émancipation féminine.




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Que tout soit à la joie

Je ne me permettrai pas une critique, étant l'auteur, juste un mot. Dans ce roman, j'ai voulu raconter l'histoire d'une jeune femme qui s'émancipe et enquête sur la mort de son grand-oncle, un cardinal célèbre, chez une prostituée. Voici donc deux destins qui se répondent à travers une intrigue autour d'un secret de famille. Une réflexion sur la sexualité des prêtres. Et des personnages avec leurs fêlures et leur quête de sens. J'espère qu'il vous plaira.
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Les années Solex

Années 70. En Alsace. Juliette est adolescente. Fille d’un industriel et d’une mère au foyer, cagote et dévouée, elle évolue au sein d’une bourgeoisie aisée dans laquelle la respectabilité et la bonne éducation sont de mise. Pas de vague. On entre dans le moule. L’époque sera néanmoins celle des grands changements. Juliette, guidée par sa cousine Camille, dévergondée et bien dans ses baskets, va progressivement s’émanciper. Ses sentiments pour Patrice, jeune lycéen écorché par la vie - que Camille lui fait rencontrer - vont la porter dans son cheminement.



Ce roman- véritable leçon d’histoire - réaliste au point que l’on ressent les singularités de l’époque : encens, pates d’Eph, boum et solex, quête de liberté et d’absolu, tiraillements entre respect des traditions et liberté des mœurs, nous invite dans les souvenirs d’un autre temps. Il y a déjà ce difficile premier amour, vecteur de l’affranchissement social, dont les réminiscences demeurent, profondément ancrées.



« A l’époque j’étais dans l’insouciance, dans l’éclaircie de la vie ; j’ignorais que l’amour naît des souvenirs, qu’il s’en nourrit, qu’il en meurt aussi. Peut-être pressentais-je déjà qu’ils me réconforteraient un jour, papillons à peine épinglés, prêts à s’envoler vers lesquels je reviens sans cesse, cherchant inlassablement à retrouver le tintement des bracelets indiens derrière le rideau de Jouy ou le bruit de nos pas sur le gravier au clair de lune. »



Juliette se rebelle, se découvre. Son corps, ses envies, ses besoins. Camille pour modèle, elle est tout feu, tout flamme dans une époque où tout se permet. Elle veut être ELLE – pour elle-même, par elle-même – surtout ne pas ressembler à sa mère. Elle écrit. Se confie.



« Ce dont je suis sûre, c’est que malgré un naturel qui me portait vers le bonheur, l’emprise de ma mère, ses éternels reproches, ses frayeurs et ses principes finirent par me donner mauvaise conscience, par m’isoler. Seule Camille pouvait m’extraire de l’introspection dans laquelle je me complaisais. »



Elle s’affirme. Réfléchit.



« Les psychologues disent que les jeunes ont d’abord besoin de s’opposer à leurs parents pour adhérer à leurs idées. Ils se trompent. Bien que j’aie encore beaucoup de choses à apprendre, les imiter serait me soumettre, renoncer à ma soif de justice, à mon désir de me libérer du carcan qui m’enserre. »



Et, intelligente et intuitive, évolue.



« Il faudrait que je me méfie des jugements trop catégoriques que je porte sur les gens, que je cesse de critiquer mes parents, leur mode de vie, leur argent. Avoir de la personnalité ne veut pas dire qu’il faille imposer ses convictions, mais dépasser les apparences. »



Très bien écrit, ce roman est passionnant. Instructif. Emouvant et nostalgique – nostalgie d’une époque et de l’adolescence. Un parcours initiatique qu’on savoure page à page.






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