Citations de Eric Holder (150)
- Depuis, tu vis en retrait du monde...dit-il d'une voix rêveuse. Entouré de papier. En misanthrope.
- Ah non, je rectifie vigoureusement. Pas misanthrope: j'aime les hommes, les femmes, les enfants... Mais anachorète : je crains leur nombre. (p. 93)
Frédéric Berthet, cité dans le livre :
"Ayez la grace d'un courant d'air, la fluidité de l'éternel, tout à la fois, la permanence et l'impermanence des êtres sérieusement atteints. Devenez une espèce à vous tout seul, évolutif et scissionnaire. Expliquez posément la situation à votre compagne intersidérale."
"Socrate enseignait qu'on n'apprend rien : on écarte les branches jusqu'à découvrir, au fond de soi, ce qu'on savait déjà."
Le soleil de septembre demeure en tenue d’été, la plus simple. Dans le ciel un nuage esseulé lui tient lieu de maillot.
"[...] les végétaux posent des énigmes inattendues, il faut, pour y répondre, et outre la sciences des anciens, un peu de contemplation, un peu de poésie, et beaucoup de ce sens que possèdent les mains, davantage chaque jour."
Parfois, il s'empêchait si fort de penser à elle, il en avait mal au ventre. Et, plié en deux, de tenir ainsi avec les mains son estomac noué, il concevait une sorte de vertige, son corps lui-même se révoltait contre, à proprement parlé, sa volonté.
"La jalousie, c'est de l'amour qui cuit encore."
...de revêtir une robe de traîne,passementeries de malentendus,liserés d'admiration,petit point d’Alençon du désir d’être la muse...
"Les livres sont des drôles d'objets magiques, des boîtes à récupérer les coïncidences."
Des millions et des millions nous sommes à nous croire solitaires, en retrait, marginaux (...)
Des millions à bouger le moins possible, à nous taire, afin de ne pas déranger le feuilleton de nos microfictions, en ne réclamant qu'une seule chose : la paix, la paix épaisse, confortable, soporifique. Les meilleurs jours, je me persuade que ce sont notre nombre, notre poids, notre silence qui pèsent sur la terre, freinant sa vitesse, la retenant par les cheveux, l'empêchant de tourner follement. (p. 19-20)
"Les lieux que nous aimons nous appartiennent en propre, se persuada-t-elle§ Ils abritent nos histoires inaliénables, intransmissibles."
"Je n'imaginai pas à quel point les enfants se tenaient sages, leurs parents également, dès qu'on leu racontait des histoires."
Penché au-dessus du guidon, les yeux embués par ces larmes qui avaient tendance, depuis quelque temps, à couler trop souvent, je revoyais l’après-midi où elle était apparue,avec son petit short blanc, ses jambes scandinaves, sa chevelure aussi fascinante, aussi compliquée que la ramure d’un chêne. Je l’avais regardée d’en bas, persuadé qu’elle était trop bien pour moi. Qu’est-ce qu’elle m’avait aimé, pourtant…
Misérable salopiaud, quel gâchis.
"Souvent je me demande à quoi vous pensez, les gars. Il faut tout vous dire. Et encore ! Quand vous comprenez...
- On ne me parle pas comme ça.
Ma voix m'étonna. Elle sonnait glacée, métallique, ainsi qu'à l'époque où l'on ne me marchait pas sur les pieds. Franck aussi en fut frappé. Il ôta ses lunettes et me fixa, les sourcils remontés jusqu'au front.
- Pardon ?
- Pas bonjour ni comment ça va. Pas une poignée de main. Tu déboules en criant, tu m'insultes...
- Quelle insulte ?
Ses yeux en s'agrandissant donnaient envie de rire.
- L'insulte commence où finit le respect le plus élémentaire!
- Hé, bon sang ! Comment veux-tu que je te parle ?
Comme à un client, comme à un copain, ou alors... comme à une femme ?
- Je ne veux plus subir la façon dont tu me traites. Je me demande qui peut, d'ailleurs, à part des adolescents qui n'ont rien connu d'autre. S'il n'y avait que ta vulgarité, mais tu es fêlé, malade. tu ne penses qu'à humilier les gens. Ne me regarde pas comme si tu allais me bouffer. C'est la première fois qu'on te le dit ?
J'aurais bien aimé apprendre la vigne, continuai-je. A la tailler, à conduire des tracteurs, à élaborer le vin.
Oui je crois que ça m'aurait plu, de changer de métier.
C'étaient des gens comme Muriel, des gens ordinaires que la vie avait ramenés à la moitié de leur taille.
(...) converser abolit le temps, nous débarrasse de ses chaînes, de son fardeau.
Le soleil de septembre demeure en tenue d'été, la plus simple. Dans le ciel un nuage esseulé lui tient lieu de maillot. L'herbe devenue blonde, puis brûlée, craque avant de finir en poussiére sous le pied. On croise sur les petits chemins des camions de pompiers, aux aguets. Les couleurs de l'automne naissent dans des tons assourdis, jaune lichen, marron rouillé, comme si elles avaient connu, plutôt qu'un incendie, son souffle chaud, sous lequel des fougères achèvent de caraméliser.
À Soulac, en hiver, neuf jours sur dix, nous affrontons le rien. S'il faut sortir, nous remontons le col, baissons la tête . Des feux cavernicoles brillent au fond des rares boutiques ouvertes dans la rue de la Plage . Le vent ratisse le crâne nu des dunes et ses implants d'oyats .Le personnel du casino s'ennuie dans le clignotement des machines à sous.
se faire larguer n'est jamais agréable. A partir d'un certain âge, cela dessine crûment le chemin vers le lieu où nous avons tous rendez-vous, seuls, à minuit.
Pendant vingt ans, je ne l'ai pas vu vieillir - elle ne me voyait pas grandir non plus.
Ainsi vivions-nous à deux, dans ce temps hors d'âge qui ne sépare pas les grands-mères de leurs petits-fils.