Citations de Florian Zeller (170)
Elle est entrée dans ma vie comme un voleur.
Souvent, Nicolas ne jugeait pas utile de faire la distinction entre "être écrivain" et " espérer un jour le devenir". Il passait ainsi pour quelqu'un qu'il n'était pas et il avait raison puisque les femmes n'y étaient pas insensibles. (D'ailleurs, d'une façon générale, elles n'aimaient que les hommes ressemblant vaguement à une image simpliste et préconçue de la perfection, image disponible dans le plus petit des cerveaux. Mais au fur et à mesure de l'inévitable déclin masculin, en découvrant que l'élu s'éloigne dramatiquement de cette projection initiale, elles commencent à lui acheter une veste pour lui donner l'élégance qui lui manque ; toujours sous couvert de générosité, elles lui offrent le parfum qu'elles ont senti la veille sur une silhouette plus virile, elles l'encourage ensuite à faire du sport pour qu'il s'approche de cette silhouette qu'elles voudraient étreindre, et le travestissement continu jusqu'au jour où elles décident que ce serait follement chic de sortir avec un "artiste" et c'est ainsi que notre petit homme, martyrisé, en plus de la veste et du parfum, se met au travail, l'âme en peine. Nicolas est donc devenu un écrivain, peut-être même un des plus prometteurs de sa génération, à cette nuance près qu'il n'avait jamais rien écrit. D'ailleurs pourquoi rêvait-il d'écrire ? La reconnaissance ? Pour la rendre faussement amoureuse ? On voit partout des êtres en souffrance capables de tout pour ces pauvres pansements. Chaque matin ils refont la même prière, suppliant celui qu'ils voudraient être de bien vouloir advenir, ils parlent fort mais secrètement, ils se détestent. Je vais, dès ce soir, sauver mon ami du ridicule d'une histoire d'amour et par la même occasion sauver une femme du ridicule de mon meilleur ami.
Le pire dans sont attitude, c'est cette facilité avec laquelle il se trouve des justifications et des circonstances atténuantes. On s'excuse tout aujourd'hui. A l'époque, il était en révolte contre lui-même, il menait des révolutions permanentes - et ne mesure-t-on pas la puissance d'un individu à la somme de ses désaccords avec lui-même ?
Depuis quelques semaines, Nicolas était amoureux et le bonheur des autres a quelque chose d'indécent, quand bien même on le sait provisoire et fondé sur des illusions que la vie se chargera rapidement de dissiper.
André :
- J'ai oublié son prénom. Cette fille que ta femme veut absolument me mettre dans les pattes. Une infirmière. Tu es au courant ? Comme si je ne pouvais pas me débrouiller tout seul ...
Paul : Oui. Je crois même que je l'ai eu au téléphone l'autre jour...
Michel : Qui ça ? L'enfoiré ?
Paul : oui. Alice m'a fait croire qu'elle était partie chez sa tante. Mais elle n'y était pas.
Michel : Qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr qu'elle y était...Tu ne crois pas que tu es un peu paranoïaque ?
Paul : Non, je te dis. J'ai eu sa tante au téléphone. Alice n'était pas là-bas.
Tu imagines. Ses cheveux mal coiffés sur ses épaules, cette sauvagerie du matin qui est pour toi l'image de la beauté. Tu souffres avec elle, dis-tu ? Il faut avoir un peu de cœur pour souffrir. La vérité, c'est que quand tu penses à elle, ce n'est pas à elle, mais à toi que tu penses. Ce n'est pas de l'avoir perdue que tu pleures, mais d'amour pour ton beau visage blessé. Le sien, d'ailleurs, tu ne le vois même pas.
…tu étais de ceux qui ne savent pas souffrir, étant de ceux qui ne savent pas aimer.
…avoir l'impression d'être passé à coté de soi.
Je connais une vieille folle qui, sachant que sa maison s'écroulera d'un instant à l'autre, attend depuis des années dans le froid que la chose advienne, pestant qu'elle ne soit pas encore advenu. Je suis cette vieille folle, Nicolas. J'attends l'écroulement, je l'appelle à moi pour qu'il vienne me délivrer de l'attente. Et le plus tôt sera le mieux. Peut-être un jour connaîtras-tu aussi ce plaisir intense que l'on peur ressentir à tout sacrifier, à prendre pour cible toute possibilité de salut, et à l'abattre, lui faire la peau, et recommencer jusqu'à n'en plus pouvoir, pan! Et retourner le cadavre d'un coup de botte. Ou à l'inverse la sauver : se pencher sur un être, le dévier de ses anciens désirs pour lui en imposer de nouveaux, plus nocifs, afin qu'il en crève.
NICOLAS. - Je voulais juste vous dire... Je suis vraiment désolé pour tout ce que je vous ai fait vivre ces derniers temps... Je sais que vous ne méritez pas ça... Et que ça n'a pas été drôle pour vous. je voudrais vous demander pardon. Et surtout je voulais vous dire que je vous aime.
PIERRE. - À quoi tu joues, Nicolas ? Qu'est-ce que tu cherches?
(Un temps.) Moi, à ton âge, ma mère était malade, je ne voyais plus mon père, j'avais des problèmes d'argent, mais je me battais. Je me battais, et crois-moi, ce n'était pas drôle tous les jours. Qu'est-ce qui t'est arrivé, à toi ? Qu'est-ce qu'il y a eu de si dramatique dans ta vie pour que tu ne puisses pas aller en cours comme tout le monde ?
Réponds-moi ! (Un temps.) Réponds-moi, Nicolas !
Le monde islamique porte aujourd'hui un regard très sévère sur l'Occident, qui représente à ses yeux tout ce qu'il y a de condamnable : la débauche, la frénésie et la décadence . Nous nous retrouvons ainsi dans une situation inversée : comme à l'époque des croisades , le thème de la luxure occidentale sert d'argument au Djihad islamiste.
On ferme à peine les yeux, et l'on constate, étonné, qu'on a déjà une histoire, des regrets, et des blessures aussi.
Ils passent devant le casino dont la façade est hypocritement blanche.
Il aime étrangement Paris, cette énergie particulière qui laisse espérer, chaque jour, que quelque chose de nouveau va peut-être advenir. Une délivrance ? Il sent qu'il a besoin de cette agitation autour de lui, comme d'autres, pour s'étourdir, ont besoin de l'alcool.
N'est ce pas dans ses tourments intérieurs que l'homme trouve sa dignité ?
Tu me reproches de détruire, de détruire tout ce qui se construit sans moi.
Les femmes sont le cancer de l'amitié.
Je ne sais plus, t'en je t'aime, lequel de nous deux est absent...