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Critiques de François Mauriac (776)
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Le Sagouin

Quel livre, extrêmement court mais cela suffit à François Mauriac pour nous dresser le portrait d'une famille où personne n'en sort grandi mais où l'on comprend chacun à sa façon. La mère, le père, la grand mère, l'instituteur et le pauvre Guillou au milieu de tous, le centre d'attention que personne ne comprend vraiment à part ce père mais qui est incapable de communiquer avec lui.

L'incompréhension, les rancœurs, les rumeurs sont le quotidien des habitants du château. Le manque d'amour voire la détestation de cette mère pour son fils est révoltant même si je n'ai pu m'empêcher de la plaindre également. Des années d'aigreur que rien ne pourra arranger jusqu'au moment où les remords et les regrets prendront place.

Percutant, Mauriac est un grand auteur à redécouvrir.
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Le Sagouin

Court roman, très (trop ?) court roman magnifique et désolant.

L'histoire figurant dans de nombreux résumés, je donnerai juste mon ressenti. "Le sagouin" est un livre dur, difficile, non par le style (très beau) mais par l'histoire racontée. Je pense qu'il me sera difficile d'oublier ce petit Guillaume rejeté par tous, ceux qui sont censés l'aimer, ceux qui auraient pu l'aider. Avançant dans l'histoire, je me demandais comment l'auteur allait la terminer. J'avoue avoir eu le souffle coupé ! Que de tristesse dans ce livre...



Encore un livre découvert grâce au challenge Solidaire, livre que je n'aurais sans doute jamais lu....
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Le Noeud de vipères

Est-ce seulement parce que la plume est somptueuse, ou parce qu'à force de lucidité sur le néant qu'il a fait de sa vie on finit par se prendre de compassion pour ce vieil avare acariâtre aigri et misanthrope?

Toujours est-il qu'à défaut d'aimer le personnage, l'envie vient presque de le sauver de son propre désespoir, égrené avec des larmes de rage au fil de cette confession sans tabou dans laquelle le vieillard raconte son combat contre une famille de mauvais bourgeois qui n'en veulent qu'à son argent.

Toujours-est-il également qu'il finira contre toute attente par se sauver lui-même, et que son argent n'y sera bien évidemment pour rien.

J'avais découvert dans Thérèse Desqueyroux un Mauriac contempteur de la toxicité d'une certaine bourgeoisie de province étriquée, je découvre ici une forme de mysticisme chez cet auteur, qui m'a intriguée en dépit d'une lecture d'une grande noirceur. De quoi me donner envie de poursuivre un peu dans l'oeuvre de François Mauriac.
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Le Sagouin

Lu d'une seule traite,ce roman est un appel au secours,un appel a l'aide contre l'indifference,contre l'incomprehension d'une mere,des on-dits face a son fils degenere,cette honte issue d'elle,sortie de son propre corps;

Ce livre,c'est aussi la solution mortelle d'un pere,la seule facon qu'il ait trouvee pour eviter les refus et rejets de la societe pour son fils,debile et inutile

Livre tres dur de par son contenu,mais tellement bien ecrit
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Le Noeud de vipères

Challenge Prix Nobel 10/12



Histoire d’une haine ordinaire racontée par un vieil homme. Haine qui est née de paroles malheureuses de son épouse au début de leur mariage (peut être même avant). Meurtri de ces mots qui pourtant se voulaient rassurants, il n’a entendu que mépris et agression. Il a nourri sa haine jour après jour, même avec les enfants, persuadé qu’ils étaient contre lui, donc du côté de leur mère. Il écrit une lettre convaincu qu’il va mourir et cherchant un moyen de déshériter toute sa famille. Aveuglé par sa colère, il ne s’apercevra pas de la maladie de sa femme et sera surpris par la mort de celle-ci. A partir de ce jour de deuil, il cherchera à comprendre ses enfants et se rendra compte qu’il a entendu des paroles alors que son épouse en prononçait d’autres. Il a gâché sa vie pour un malentendu, était entouré d’amour et n’a rien vu.
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La Fin de la nuit

Thérèse Desqueyroux, comme les trois mousquetaires, vingt ans après....

Plaisanterie à part, si Mauriac ne parvenait pas à faire mourir son héroïne (il y eut d'autres nouvelles : "Thérèse chez le docteur", "Thérèse à l'hôtel", assez décevantes au demeurant), c'est dans ce livre que Thérèse prend toute sa profondeur, dans cette "nuit" qui est la sienne après le rejet de sa famille (suite à sa tentative d'empoisonner son mari). Ce drame qui est le sien (je sais bien que Mauriac n'aimait pas ce mot, sans doute trop connoté bourgeois, mais comment dire autrement ?) , le fait d'être différente, plus intelligente, plus manipulatrice, ce drame prend ici une profondeur vertigineuse. La solitude de Thérèse renforce la cruauté impitoyable de l'analyse de Mauriac : jouant sur les oppositions conflictuelles entre les intelligents et les imbéciles, les sensibles et les indifférents, ceux qui doutent et ceux qui, sachant toujours tout, sont en permanence sûrs d'eux-mêmes, le romancier détache la grande ombre de Thérèse sur fond de banalités, de mesquineries et de quotidien, comme reflétant la part maudite de solitude et de désespoir que chacun d'entre nous porte en soi. Qui peut détester Thérèse ? Elle nous fascine, nous subjugue, nous fait peur quelquefois, mais comment pourrait-elle nous laisser indifférente ? Je pense qu'elle m’accompagnera longtemps encore, comme une amie redoutable qui ne m'eut rien laissé passer, et qui serait en quelque sorte mon "ange noir", celui qui met à nu sous son regard lucide ce que l'on souhaite cacher de soi-même et peut-être aussi se cacher à soi-même, tout en sachant que c'est le fait de connaître ses faiblesses qui permet d'aller plus loin. C'est le propre des grandes intelligences que de nous aider à nous éveiller à nous-mêmes.

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Le Mystère Frontenac

Dans les premières années du XXè siècle, Blanche Frontenac, devenue veuve, doit maintenir le statut de la famille et son rang dans la société Bordelaise, mais par dessus tout, elle se doit d'assurer l'avenir de ses cinq enfants. Pour faire face à la gestion de l'affaire familiale de commerce de bois, elle demande à Xavier son beau-frère de délaisser son étude à Angoulême pour s'installer à Bordeaux, mais celui refuse, acceptant néanmoins de gérer les biens pour le compte de ses neveux. le récit va alors s'orienter vers l'évolution des destins de Jean-Louis le fils ainé, qui malgré ses réticences, va reprendre l'affaire familial et Yves, plus jeune, attiré par la littérature et la poésie qui va "monter" à Paris pour essayer d'y être reconnu comme écrivain.



Une déception après cette première rencontre avec l'écriture de François Mauriac. Je pense être passée à côté de son style que je n'ai pas trouvé particulièrement intéressant, l'ambiance lourde des non-dits dans la famille est assez bien rendue mais les différents protagonistes ne sont pas vraiment attirants. Certaines réflexions sur l'engagement religieux catholique sont assez bien exprimées, car elles structurent le rang social que la famille se doit de défendre et qui fait partie de ce mystère Frontenac, mystère qui est resté pour moi abscons, et j'ai trouvé, au final, l'ensemble du roman un peu daté. 

Un récit qui s'assimile à la biographie de l'écrivain et qui ne fera pas date dans ma mémoire.
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Le Baiser au lépreux

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu du Mauriac, c'est à dire au lycée il y a une petite trentaine d'années.

Intriguée par le titre et l'histoire semblant alléchante, j'ai ouvert ce court roman.

Que j'ai bien fait, j'ai retrouvé avec un immense plaisir cette plume si belle, si incisive, des phrases splendides, une exploration de l'âme humaine et de leurs tourments avec ce couple si dépareillés. J'ai dévoré ce roman en une demi journée je n'ai pas pu le lâcher. Je ne me lassais pas de relire certains passages tant c'était bien écrit, alors qu'ils étaient si durs parfois mais magnifiquement exprimés.

Comment ne pas s'attacher aux personnages, chacun partageant ses espoirs, ses envies, ses troubles, son ressenti, tout cela sans fioriture, en se rendant bien compte de sa situation dans ce qu'elle a de plus tragique et de bien réelle.

J'ai passé un moment de lecture magnifique qui va sûrement me réconcilier avec certaines auteurs ou lectures scolaires imposés.
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Thérèse Desqueyroux

Petit, mais costaud, j'ai envie de dire ! Un livre qui happe, qui prend, et qu'on a du mal à laisser de côté... L'écriture atypique, rythmée, entre descriptions justifiées et dialogues vifs et intelligents, la lecture est vraiment intéressante. Des personnages forts, marquants, qu'on aime et déteste à la fois... Une psychologie très présente, développée, malgré le peu de pages... Une très belle découverte, que je ne regrette absolument pas d'avoir lu !!! Il faut cependant se remettre dans le contexte de l'époque, parce que sinon, on peut sentir que le texte a quelque peu mal vieillit... Mais si on se laisse aller, se transposant dans le temps et l'espace de ce bouquin, c'est une lecture très addictive...
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Le Baiser au lépreux

Je viens juste de terminer ce court roman et je suis encore sous le choc. Dans cette France provinciale des années 20 (il y a déjà un siècle), tout semble figé, arrêté, dans l'inéluctable conformisme étriqué des conventions sociales. Le curé, le médecin, les bourgeois affairistes, décident de ce que sera l'avenir de deux jeunes gens, en vertu, toujours, d'accords financiers. L'amour viendra bien... On plaint Jean Péloueyre et Noémi d'Artiailh. On a décidé pour eux et ils ne peuvent rien n'y opposer. Leurs destins sont scellés. Mauriac, comme pour le "Nœud de vipères", n'est pas tendre avec la rigueur prétendument morale de la société. Il dénonce, à travers ce roman, la bienpensance des notables de cette époque. D'une certaine manière, ça me fait penser à certains auteurs italiens du XXe siècle comme Brancati, Pirandello ou encore Moravia, qui n'ont eu de cesse de démonter l'engrenage de la famille italienne.

Un livre que je conseille à tous ceux que le sujet intéresse.
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Thérèse Desqueyroux

Je découvre sur le tard « Thérèse Desqueyroux » et je suis extrêmement troublée par ce livre.



Troublée de retrouver mes sensations de lycéenne face à une de ces lectures « difficiles » d’auteurs du début du XXème au programme, qui m’ont presque tous à l’époque donné du mal : Proust, Malraux, Gide…



Troublée face à ce style très travaillé, assez indirect, tout en allusions, dans lequel il est difficile de s’appuyer sur des repères solides.



Troublée par cette femme, Thérèse Desqueyroux, personnalité d’une profondeur si difficile à sonder. Femme brillante et non conventionnelle, emmurée dans une vie maritale sans horizon, sans espoir d’élévation intellectuelle, émotionnelle ou spirituelle, enfermée dans la maison landaise d’une belle-famille balzacienne (front bas, obsession patrimoniale, ligne de vie guidée par les convenances), même la pluie qui tombe sur la lande fait barreau, Thérèse Desqueyroux va tenter d’assassiner son mari. Ce n’est pas un crime passionnel, mais un empoisonnement muri, réfléchi, répété.



Troublée parce qu’il est difficile d’interpréter ce geste, dont je me suis demandé s’il tenait de l’exorcisme, du divertissement pascalien, de la tentative d’évasion ou de la vengeance, ou de tout cela à la fois.



Un trouble qui se poursuit après avoir refermé le livre sur l’acuité et le désespoir du regard de cette femme.

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Le Désert de l'amour

Un père et un fils amoureux sans le savoir d'une même femme, quel triste vaudeville cette histoire aurait pu être sans le génie de Mauriac ! Analyse de la passion amoureuse, analyse des rapports père-fils, analyse des liens conjugaux, analyse du regard de la société sur une femme dite "entretenue", Mauriac passe tout cela au crible de sa plume, pénétrant des profondeurs vertigineuses. "Le désert de l'amour", cette solitude impitoyable attachée au pas de chacun d'entre eux nous prend ici toute la dimension que Mauriac nous laisse entrevoir dans ses premiers romans. Suivront (entre autres) "Thérèse Desqueyroux" et le "Noeud de vipères", mais jamais Mauriac n'aura aussi bien dit comme ici la nécessaire distance entre les êtres, ce désert de la grâce où ne se révèle pas au père et à son fils "Celui qui à leur insu appelle, attire, du plus profond de leur être". Mauriac achève son roman sur le regard plein d'amour que le père jette à son fils nous laissant entrevoir un début de rédemption pour ces deux êtres qui pressentent une séparation définitive. Au final, une magnifique histoire sur la souffrance d'aimer et sur l'échec de toute forme de communication.
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Le Noeud de vipères

Au cœur des vignes du bordelais, un homme, Louis, avocat de 68 ans et riche propriétaire terrien, rédige une confession testamentaire destinée à sa femme, se croyant proche du trépas. Il y règle ses comptes avec toute la haine accumulée depuis 40 ans vis-à-vis d'elle mais également de ses enfants.

Mais le destin va se jouer de lui et un imprévisible retournement va bouleverser tous ses plans. Haine, avarice, tromperies etc l'auteur règle ses comptes avec la bourgeoisie, la religion, l'argent, la famille. C'est fort, violent dans l'expression des sentiments, le tout dans une construction qui ça crescendo, tout en remettant tout à plat brutalement. C'est un regard sans concession mais avec malgré des moments émouvants sur l'amour, la vieillesse, le couple, les apparences mais également le fond des choses. Je ne connaissais pas François Mauriac, à part le film adapté de son roman Thérèse Desqueyroux, et j'avoue avoir été subjuguée par l'intensité de cette œuvre.
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Les Mal aimés

Après " Asmodée ", une première tentative au théâtre en 1938, François Mauriac récidive avec "Les mal aimés", un coup de maître : un texte écrit pendant la guerre qui paraîtra chez Grasset en 1945.

Il sera donné pour la première fois sur la scène du Théâtre-Français (Comédie Française) le 1er Mars 1945, sous la direction de Jean-Louis Barrault, avec notamment Madeleine Renaud et Renée Faure.

A l'époque, Mauriac à déjà publié une grande partie des romans importants de son œuvre. Une œuvre consacrée à la vie de la bourgeoisie Bordelaise, à ses traditions ancestrales, notamment en matière de mariage et de partage de terres ...

Ici, point de partage de terres. Un homme, veuf, Mr de Virelade, tyrannique et manipulateur - oserait-on dire un pervers narcissique de nos jours ? - mais aussi alcoolique règne en maître sur son entourage. Son aînée, Elisabeth remplace Madame Virelade à ses cotés ; un devoir vécu comme un sacrifice. Aussi, Elisabeth annonce-t'elle son intention d'épouser Alain, un jeune étudiant en médecine familier de la maison, ex flirt de sa jeune sœur Marianne.

Marianne acceptera-t-elle ce coup du sort ? de Virelade acceptera - t'il de se priver de la compagnie d'Elisabeth ?

Un drame quasi Cornélien sur fond de campagne landaise qu'il n'est pas facile de suggérer au théâtre , mais dont on sent le souffle pesant sur les agissements des divers personnages.

Une première, pour moi, que cette pièce d'un écrivain dont, par ailleurs, j'apprécie beaucoup l'œuvre.



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On n'est jamais sûr de rien avec la télévisio..

J’ai découvert François Mauriac quand j’étais très jeune, avec le roman Thérèse Desqueyroux, et des années plus tard le hasard m’a emmenée à feuilleter ses chroniques régulières de télévision de 1959 à 1964. Elles m’ont fait découvrir la verve, l’humour, le pique, la culture, la curiosité, les goûts personnels du journaliste Mauriac, son regard amusé et critique sur le monde de cette époque-là.

Je cite quelques unes de ses idées sur la télévision idéale : "un merveilleux moyen de diffusion culturelle, un équilibre entre le divertissement et la culture, faite pour les hommes en tenant compte de la condition humaine y compris ses faiblesses", et non pas "au service d’une politique", et non pas "un instrument de propagande entre les mains d’un gouvernement, quelle que soit sa tendance."

La télévision connaît un succès grandissant, surtout par la transmission des événements en direct comme la passation du pouvoir de Coty à De Gaulle. Moment unique auquel tout un chacun est témoin de chez lui de son fauteuil, et les mythes y prennent naissance "Dans cette lumière glacée, les gardes républicains dont les chevaux dansaient autour de la voiture présidentielle, devenaient tout à coup ces cavaliers d’argent de notre enfance…"

Le Tour de France, fort dans le cœur des français, construit depuis le début du XXe siècle tout un imaginaire et à nouveau le monde du mythe fait croire à des histoires et des valeurs. C’était les années 60 !

Mais l’enthousiasme pour la télévision n’est pas général, il y a ceux qui doutent et qui émettent des réticences, ceux qui la rejettent carrément comme un mauvais passe-temps. Comme quoi rien et personne ne peut contenter tout le monde !

Écrivains, cinéastes, hommes politiques, le sport, l’éducation, tout est captée par la plume brillante, incisive et critique de François Mauriac dont l’humour est un fidèle compagnon "Que Pierre Bellemare se rassure, nous ne jugerons pas son Tic Tac Dou sur ce demi-ratage du 10 septembre… Dans tous les tirs de foire, les carabines font leur métier et les pipes se cassent. Peut-être n’y avait-il en France qu’une seule carabine pour rater à tous les coups et il a fallu que Pierre Bellemare tombât sur celle-là !", ou

"Michel Bouquet est un acteur que j’admire, l’un des meilleurs d’aujourd’hui, bien trop honnête pour jouer Henri III.  Seul Pierre Fresnay fût parvenu à l’être. Il devient qui il veut",

et un des plus beaux hommages à Fellini : "J’ai parlé si souvent de La Strada, que je n’ose en reparler encore. C’était la quatrième fois que je le voyais, avec toujours la même émotion qui n’est nullement liée à tout le côté Dickens de l’anecdote, mais à ce mystère capté et fixé sur l’écran de la présence et de l’éveil de l’âme dans les êtres les plus dégradés en apparence… Mais ce n’est pas le lieu de redire ici que Fellini est différent de tous les autres cinéastes et, de loin, le plus grand."

Les 195 chroniquent remplissent 600 pages à lire à la suite ou de la fin au début ou bien en diagonale avec le même plaisir de la découverte d’un style dont la liberté et la légèreté n’ont pas pris un ride, et d’une vivacité qui amuse, instruit et régale depuis un bouquet d’années déjà.
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Thérèse Desqueyroux

Je suis partagée entre la nausée que m'inspire ces milieux petits-bourgeois provinciaux français d'avant 90 - des relents d'escales de vacances - et la force de ce récit très noir.

Dans ce roman, court heureusement, on étouffe, on s'asphyxie auprès de ces êtres qui ne semblent pas vivre, fats, hypocrites, vides, et que seul le regard des autres, le qu'en dira-t-on préoccupe.

Thérèse, la jeune Thérèse, là-dedans, parce qu'elle a été élevée ainsi, épouse l'un d'eux sans trop y réfléchir, elle qui a le malheur d'être intelligente et curieuse dans un milieu qui ne l'est pas. Ce n'est que lorsque son amie - une amitié plus nécessaire que choisie pour pallier à la solitude -, une fille pourtant très ordinaire loin de la vivacité de Thérèse, donc lorsque celle-ci s'éprend passionnément d'un homme qui ne lui est pas destinée, que Thérèse prend la mesure de la médiocrité de son mariage, des ses sentiments, en un mot: de sa vie.

La force de ce roman réside en partie dans le fait que Thérèse n'est pas seule, loin de là. Des filles, des femmes comme elle, j'en ai connu quelques-unes au cours de ma vie, des femmes d'une autre génération c'est vrai, peut-être les choses changent-elles enfin. Une sorte d'Emma Bovary, que seul le rêve, même s'il ne tiendra pas, peut apaiser un moment. C'est d'une dureté implacable, tellement déprimant...

Les personnages, tous autant qu'ils sont, sont détestables, Thérèse y compris, bien que ce soit à elle qu'on s'attache forcément. Je n'ai pas vu le film adapté par Claude Miller mais j'ai beaucoup de mal à me représenter Audrey Tautou dans ce rôle tout comme cette image en couverture où une larme noire coule sur sa joue me semble déjà trop empreinte d'émotion pour que j'y reconnaisse une Thérèse au-delà de la souffrance.

Un roman que je ne veux plus toucher, fini.

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Le Baiser au lépreux

Mauriac accordait une grande importance à ce roman dans son parcours d'écrivain, il a ainsi écrit à son propos « en même temps que mon style, j'ai trouvé mes lecteurs ». Le succès artistique s'accompagne d'un succès commercial. Il semble songer à ce roman dès début 1920, il date sa rédaction de juillet à septembre 1921, et il paraîtra en 1922 chez Grasset.



Nous sommes dans la lande bordelaise, chez la famille Péloueyre. Jérôme, le père hypocondriaque, vieil enfant tyrannique, maintient sous sa domination son fils de 23 ans, Jean. Ce dernier se trouve laid, il manque de confiance en lui, est considéré comme quelque peu dérangé par les voisins, mais la famille est riche et respectée. Le curé, pour que les biens des ces fidèles catholiques ne tombent pas aux mains du neveu de Jérôme, anti-clérical notoire, décide de marier Jean. La jeune fille choisie est pauvre, et ses parents sont très heureux de lui permettre de sortir de la misère, même si le promis n'a pas un physique qui fait rêver les jeunes filles. Noémi n'aura donc pas grand chose à dire, quand à Jean, il n'ose pas non plus s'opposer aux désirs de son père, d'autant plus que la jeune fille le faisait rêver avant que le mariage ne soit envisagé. L'intimité physique du couple se passe de manière désastreuse, Noémi dépérit. Le curé envoie Jean à Paris sous un prétexte, puis le fait revenir, car Noémi a des tentations d'amours hors mariage. Mais Jean revient malade, et le médecin à qui on demande de le soigner est justement l'homme qui trouble les sens de Noémi.



C'est très dense, ramassé, sans rien d'inutile. Mauriac creuse les personnages, le poids de la famille, des règles sociales, de la religion, l'importance des biens, de la terre, qui même s'ils assurent une position sociale, un confort matériel, pèsent sur les personnages, les obligent à tenir leur rang, à se comporter selon les normes en vigueur. Les non-dits et le paraître étouffent les êtres. La façon dont l'auteur tisse son récit est très sobre, elle va vers l'essentiel, sans pathos, le drame a lieu devant nos yeux. Il n'y a rien à faire, dans cette situation, dans ce contexte, les personnages ne peuvent que vivre ce qui vivent et aller vers un cruel destin, sans aucune échappatoire possible.



C'est terriblement impressionnant.
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Le Noeud de vipères

CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (12/15)



Après cette lecture (ou plutôt relecture car ce roman m'avait été imposé lors du français du bac, il y a quelques années) et après avoir aussi relu "Thérèse Desqueyroux" dans le cadre du challenge Nobel, je me dis que décidément François Mauriac avait une dent contre le mariage. En effet, dans ces deux œuvres (les seules que je connaisse), le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne nous décrit pas de couples heureux. A croire qu'il n'en existait pas dans cette bourgeoisie empêtrée dans le carcan des convenances, dont il est lui-même issu et qu'il nous dépeint si férocement.



De la confession de cet homme, avocat vieillissant, avide de reconnaissance, qui ne voit dans son entourage que l’attrait pour ses richesses, je ne retiendrai que le venin qui s'en dégage car il me semble être le seul responsable de sa situation. Peu de personnes trouvent grâce à ses yeux et surtout pas lui-même : il se complait dans sa méchanceté. Son cœur, animé par la vengeance, enfermé dans un délire paranoïaque, ne s'ouvrira aux autres qu'à la mort de son épouse tant haïe. Après l'amour de l'argent, peut-être s'orientera-t-il vers l'amour divin, en tout cas, il sera trop tard pour connaître l'amour des siens.

Contrairement au personnage de Thérèse Desqueyroux que j'aurais pu comprendre, je n'ai pu prendre Louis en pitié. La rancune qui lui a empoisonné toute sa vie, a, en grande partie, trouvé source dans sa propre imagination.

Ma note ne reflète en rien le talent d'écriture de l'auteur, bien sûr ! 8/20
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Thérèse Desqueyroux

Je me suis plonger dans le roman de François Mauriac en apprenant que le regretté Claude Miller venait de l’adapter pour le grand écran. Je voulais me faire mon idée avant d’en voir sa réalisation. Peu adepte de roman dit classique, mon sentiment est partagé. Tout d’abord l’aspect positif, le style de Mauriac pour décrire les tourments de ces personnages est remarquable, le témoignage de Bernard pour sauver son empoisonneuse de femme montre avec force la lâcheté et l’hypocrisie d’une bourgeoisie prête à tout pour ne pas éclabousser son nom.

Mais, mon problème vient de mon indifférence aux personnages. Thérèse qui même si son désir de liberté est compréhensible (surtout lorsqu’elle que l’on connait la famille dans laquelle elle est rentrée, et le monstrueux benêt qu'elle a épousé) est d’un égoïsme insupportable, son comportement maternel étant le summum de mon antipathie pour son personnage.

Quand à Mr Desqueyroux, homme rustre, insensible au désir, préférant les distractions loin de la maison me semble un peu trop caricatural. Mais vu l’engouement autour du roman de Mauriac c’est moi qui suit à côté de la plaque. (Pas facile de rimer avec Mauriac).







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Les chemins de la mer

Un Mauriac peu connu qui malheureusement m'aura un peu perdue en chemin, après une première partie formidable.



Nous sommes dans ce milieu de bourgeoisie bordelaise d'avant-guerre; deux familles s'apprêtent à se lier par le mariage de Robert et de Rose, la fraîche héritière du notable Révolou. Les mères sont, bien entendu, amies. Mais voilà que la ruine tombe sur la famille Révolou, une ruine à laquelle la mère du vil Robert n'est pas tout à fait étrangère, et qui remet vite en cause pour elle l'intérêt de cette union.



Autant j'ai adoré le décor social planté et le récit du désastre au départ du roman, l'hypocrisie des relations déterminées par l'intérêt, les agissements en sous main de la mère manipulatrice obsédée par l'argent, autant j'ai eu moins de plaisir à suivre l'évolution des enfants des deux familles une fois la catastrophe advenue. Et pourtant, outre Rose qui met dans sa volonté farouche d'indépendance une certaine noblesse mais beaucoup trop de mièvrerie, le tableau humain composé par les différents garçons des deux familles ne manque pas d'intérêt entre le jouisseur assumé, l'opportuniste couard, le naufragé incapable de faire face et le rebelle que ces valeurs révulse.

Reste que les deux parties aux tonalités et rythme différents de ce roman balzacien sont unies par la plume élégante et délicieusement surannée de Mauriac, fin observateur de son milieu.
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