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Citations de François Nourissier (199)


A quoi bon croire aux choses et se battre pour elles ? tout finit par une odeur d'éther dans un couloir de clinique, de la tôle disloquée au bord de la route, le trottoir ou le pied d'un meuble pour ultime horizon - pourquoi se hâter ?
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Il suffit de voir certains hommes arriver aux affaires pour comprendre qu'ils resteront plantés au bord du chemin pendant que filera le train de l'Histoire ou, plus modestement, le train-train des soucis.
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« Never complain, never explain » est une de ces banalités morales qui caressent et rengorgent le donneur de leçons, et lui raidissent le poil. Armée des Indes. Fausse bonne affaire. Je propose plutôt ceci : il faut parfois se plaindre, et toujours s’expliquer. J’aime qu’un homme s’émeuve, qu’une larme lui fasse briller l’œil, et les embrassades bourrues entre messieurs. Quant à s’expliquer, je tiens qu’il ne faut jamais enterrer les cadavres : ils puent vite et empoisonnent nos vies.
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Yvette aimait les hommes , peut-être à la façon dont les chômeurs aiment un emploi.
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François Nourissier
L’écriture est le seul pouls où j’entende encore battre mon cœur.
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Il faut s'aimer soi-même pour aimer l'être qui vous précède, celui qui vous suit. Cette chaîne des générations, qui a belle réputation et remue les coeurs, m'enchaîne sans me rassurer. Comment aimerais-je reconnaître chez d'autres les caractères que je suis parvenu à gommer en moi?
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Vous voilà complice de tous les assassins qui ont usé pour leur forfait du calorifère, de la chaux vive, des rivières aux poissons gourmands.
Comme vous comprenez bien leur soulagement, et leur surprise lorsqu'on les accuse un jour, et qu'on les condamne. C'est si facile sans doute, si tentant de poursuivre jusqu'au bout ce rêve de la main à tuer, de la main qui sera toujours entre le corps que vous aimez et votre propre corps, et qu'il faut tuer pour que survive votre amour.
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Madame Magellant. Son visage s'aiguise et ses hanches percheronnent. Elle te suit de l'oreille en ce moment où tu cherches la poignée de la porte.
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On doit avoir l'indulgence vigilante.
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Les hommes et les femmes faits l’un pour l’autre n’existent pas, ce n’est qu’une invention niaise des amoureux pour justifier leur entêtement ou leur optimisme, mais les hommes et les femmes destinés à ne jamais s’appartenir existent. Le gibier des grandes passions se recrute parmi eux. 
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Maintenant il va falloir leur expliquer Drieu. Ils vont tous se jeter dessus. Les petits racoleurs de l'extrême-droite, les hôtesses fatiguées du 16ème arrondissement qui se souviennent de son "charme". Les critiques de gauche qui déjà bégayent leur sévérité (...), des éditeurs soudain pressés de réimprimer et gratter de l'inédit après tout ce silence, les journalistes à la botte de l'actualité qui vont méditer à très haute voix sur le romantisme, les entre-deux-guerres et la jeunesse, sans parler de nous, le dernier carré des fragiles caïds de 50-55, les survivants des premiers amis posthumes de Drieu, auxquels on reconnaîtra au moins le mérite d'avoir désigné ce fantôme avec une certaine insistance voilà dis bonnes années.
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Fort de la certitude que l'on n'écrit jamais qu’un seul livre, constamment repris, nuancé, enrichi ou appauvri selon les années, que l'on n'introduit jamais dans un texte que les quelques obsessions dont on est à certains moments habité, je ne devrais pas m'inquiéter. Ce qui doit être écrit le sera.
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Hystérie impunie, agressivité, peur du gendarme, frénésie vulgaire, sacrifice aux maladies nationales, oui, j’ai beau draper mes comportements dans la gaieté d’un jeu et de ses règles, comme à vous le mot me vient aux lèvres : franchouillard.
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Ce siècle m'assomme. Je veux bien qu'il invente de belles machines, et que ce soit même là sa noblesse, ce par quoi il marquera probablement dans l'histoire, mais de là à être coiffé de ces avions... Les ingénieurs m'ennuient, qui nourrissent mon œil, excitent peu mes songes et ne m'aident pas à vivre. Je n'appelle pas mieux vivre aller à New York en six heures au lieu de laisser la vieille mer nous secouer les intestins. La sorte de vivacité qui m'intéresse se trouve ailleurs. Morand, homme rapide s'il en fut, et passionné de « moderne », a décrit sombrement la fin de l'homme pressé : cardiaque, terrorisé. Les ivresses de ce temps débouchent sur l'inutilité de tout.

Réhabilitons Duhamel. Il écrivit naguère sur les jouets de notre temps, dont il voyait la fièvre monter, des vérités vieillottes et qui firent ricaner. C'étaient des vérités : on les déteste. Les villes, le cinoche, la bagnole, les médicaments omnibus, tout à la portée de tous et nulle part à la portée de partout : c'est l'enfer. On a pardonné à Valéry de l'avoir remarqué à cause du style noble. Nos malheurs quotidiens ne se déroulent pourtant pas sous le signe des grands genres. La migraine, la tête vidée, les lieux et les personnes interchangeables, notre mort elle-même, autant de sujets de comédie. On voit ce qui rend les Duhamel irrécupérables : ils ne veulent pas sauver le silence pour rêver, mais pour dormir.
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La centralisation française, et plus précisément la centralisation des activités littéraires ou paralittéraires (édition, journalisme, théâtre, radio, etc.), ont presque entièrement cristallisé la vie de la littérature autour d'un milieu parisien. Là se trouvent à la fois les occasions de gagner sa vie (si les livres n'y suffisent pas) et les serrures visibles du succès. Impression à la fois juste et fausse : juste s'agissant des gagne-pain, fausse s'agissant de l'accomplissement d'un destin littéraire. Les seules routes vers cet accomplissement sont jalonnées de bons livres ; la question revient à savoir où s'écrivent le mieux les bons livres. Ainsi posé le problème est presque résolu : Paris brûle et stérilise les talents selon cent méthodes de jour en jour mieux éprouvées. Une génération d'écrivains, ou plus justement une certaine « bande » qui fit parler d'elle entre environ 1949 et 1955, s'est trouvée en moins de dix années réduite au silence. La mort, l'alcool, l'ennui, l'argent, le journalisme, doré et le cinéma ont ainsi englouti une demi-douzaine de jeunes hommes.

Devenu une vedette possible (Prix, magazines, télévision, etc.) et le sachant, l'écrivain subit aujourd'hui plus que jamais la tentation d'être connu. Une confusion s'aggrave ainsi entre notoriété littéraire et « vedettariat ». Au pauvre homme de lettres de naguère le siècle tend une perche : sait-il s'en saisir, il deviendra un personnage parisien. Comblé d'échos, d'anecdotes, d'interviews, de cruautés flatteuses, il installera sa vie dans un faux-semblant si bruyant qu'il deviendra sourd à tout conseil raisonnable. S'il reste à portée de téléphone de sa drogue il est perdu. Il dînera, boira, sortira, deviendra renommé pour sa méchanceté, sera peut-être reçu dans le monde, répondra en quinze lignes à des enquêtes, participera à des « tables rondes », aimera des dames ou des messieurs, engraissera ou se fanera selon que sa nature prend trop bien ou mal les excès nocturnes, se fera des amis et des ennemis selon cette loi banale qu'on ne se brouille jamais qu'avec la moitié de la terre ; bientôt il portera des lunettes énormes, ou des chapeaux minuscules, ou des cravates pittoresques, essayant pathétiquement de tenter la caricature ; il connaîtra peut-être des succès, peut-être des échecs, aura peut-être de l'argent et peut-être pas (ce ne sont que des détails) et il pourra de cette façon, dans ce style, à la condition de céder assez souplement à la mode et de n'être pas balayé par quelque nettoyage politique, il pourra même durer, durer longtemps, offrant au public cette image de mort-vivant qu'un certain nombre de nos écrivains prennent pour la mauvaise mais indispensable mine de la gloire.
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L'automobile occupe une place de choix dans cette sensibilisation des hommes d'aujourd'hui à la précarité des objets. Une voiture neuve, c'est l'équilibre miraculeux entre la consommation (qui dévore) et la propriété (qui voudrait s'enraciner dans l'éternel). Le petit bourgeois, contemplant sa voiture neuve, croit avoir souscrit une assurance contre le temps. Son trésor est fait d'acier, de tôle, de laque, matières dures ou qui revêtent l'apparence et le brillant de la dureté. Rien sur ces surfaces ne paraît pouvoir marquer. Mais à peine le véhicule est-il en route que le supplice commence : la boue qui gicle s'attaque au cœur mécanique de la voiture, la fumée de la gauloise absorbe le parfum de virginité plastique ou animale des sièges, les cahots, chocs, trottoirs, cailloux mettent en cause le fonctionnement même des organes. Commence alors pour l'automobiliste une période de terreur nerveuse et de désespoir. Il pilote son véhicule à travers une jungle ; tous les périls le guettent et les mufleries, les maladresses, les agressions imprévues de la ville, du climat, sans parler de cette unique et multiforme agression du temps, qui les résume toutes et qui très vite, presque dès la première minute, par estafilades, trépidations, bruits, points de rouille, à commencé de fabriquer minutieusement la mort du bel objet symbolique.

Il m'est arrivé, en de certains moments où l'angoisse — ou plutôt cette façon de percevoir dans mon propre corps les blessures métalliques que cuisinaient et raffinaient les heures — devenait trop forte, d'arrêter ma voiture au bord de la route et là, les yeux fermés dans ce silence fait de soupirs et de borborygmes des véhicules brusquement au repos, d'attendre que s'apaisât en moi cette rumeur maladive du temps, qui était le vrai malaise contre quoi j'avais à me débattre.
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L'on me demande : que regretterez-vous de l'amour ? Et je réponds : l'étonnement. En perdre le goût me blesse et me déroute. Je le répéterai dix fois : le plaisir fut peu de choses. Mais l'instant où elles commençaient d'accepter...
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Les questions fondamentales sont des pierres au milieu du chemin, sur lesquelles nous buttons.
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Une jeune mère est une jeune femme qui a introduit une urgence nouvelle dans la hiérarchie de ses préoccupations.
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Nous avons vu pourrir les idées de ce siècle. Sous leur forme militaire et dominatrice, elles puent toutes.
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