AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Françoise Lefèvre (255)


André Hardellet s'immobilisait face à des pans de vieux immeubles qui semblaient les vestiges d'une ville bombardée. Longtemps il contemplait sur les murs intérieurs encore debout ce qui restait des salles à manger, salles de bains, chambres à coucher. Intimité soudainemernt dévoilée aux regards des passants. Sur six étages, c'était un étrange assemblage, patchwork de papiers peints aux motifs désuets où se mêlaient pois de senteur, roses entrelacées. A certains endroits, des marques plus claires laissaient deviner la place autrefois occupée par un lit, une armoire, une horloge, une baignoire, un miroir, la chemi-née. Le tout maintenant écroulé dans les décombres. Avec la régularité d'un métronome, un engin muni d'un poids monstrueux pendulant au bout d'un filin frappait les dernières cloisons qui jusque-là avaient résisté. L'immeuble cédait alors d'un coup. Dans le fracas et la poussière des gravats nous assistions à la fin d'un monde. Les mains appuyées sur la rambarde de sécurité qui entourait le chantier, André Hardellet ne disait rien. Juste, il soulevait les épaules en signe de lassitude ou de fatalité...
Commenter  J’apprécie          30
Je me demandai bien où il était allé par cette nuit tiède. J'eus envie qu'une vieille dame très gentille et qui connaîtrais toute la vie se penche sur moi et me remonte les couvertures. J'eus envie qu'elle me caresse le front et qu'elle me dise de dormir et, que, par sa seule parole, je m'endorme pour cent ans comme dans les châteaux enchantés. C'est sans doute pour cette raison que je sentis des odeurs de tisane et que j'entendis des bruits de petites cuillers qui remuaient doucement au fond des verres, c'était la bonne fée de mon enfance qui passait et me mettait un voile sur les yeux.
Commenter  J’apprécie          30
Elle sourit, Joconde obèse, que des siècles d'attente auraient fait grossir. Un quintal. Cent kilos. Elle sourit presque toujours et jette un châle sur ses épaules pour cacher l'absence, les chagrins, le poids d'un enfant mort.
Commenter  J’apprécie          30
L'errance de cette femme qui s'en va seule, dans le noir , le froid, la pluie, c'est ma hantise de l'égarement. De la perte de soi. (...) Elle n'a plus aucune raison de se retourner. (...) Mais un livre à écrire, c'est une île. Une île à atteindre . Une île dans la tête. Je vais nager. Nager.
Commenter  J’apprécie          31
J'avais cinquante ans. J'en ai toujours cinquante . Mais j'ai aussi trois ans . J'en ai quinze et trente . Je vole avec une grande aisance d'un point à l'autre de ma vie , je nage dans un paysage. Je rejoins mon enfance dans les fresques des coupoles, je rejoins les créatures s'élevant dans les nues.
Commenter  J’apprécie          30
Mais le jour où j'ai compris que tu étais enfermé dans cette folie muette qu'est l'autisme, j'ai aussi compris que ce serait à moi de t'en tirer. D'abord parce que j'ai ressenti l'urgence de nous sauver comme si une vague déferlante nous arrivait dessus. Ensuite parce qu'il faut être sur le terrain, rien que sur le terrain. Il faut aussi se sentir capable de TOUT abandonner. Enfin pas une seconde, je n'ai eu peur je n'ai pensé que j'échouerais.
Commenter  J’apprécie          30
Au fond, je n’ai jamais aimé la liberté, sans doute parce que je ne crois pas qu’on soit jamais libre. Avec les enfants, je me serai donné beaucoup de contraintes. Mais j’ai l’impression d’avoir choisi. C’est peut-être cela la liberté : choisir ses contraintes. Mais j’ai l’impression d’avoir choisi. C’est peut-être cela la liberté : choisir ses contraintes. Il me semble que c’est dans l’ordre des choses d’avoir eu à lutter contre l’autisme de mon fils. Je suis faite pour la guerre d’usure. Je peux résister longtemps. Et puis, sans toi, Sylvestre, aurais-je écrit ces pages ?
Commenter  J’apprécie          30
Pour moi un enfant autiste, je l’ai appris en entrant dans ton univers, c’est un peu le Petit Prince de Saint-Exupéry. Un Petit Prince qui habite une autre planète et qui lorsqu’il se met à parler pose souvent des questions sur la mort. Peut-être pose-t-il les vraies questions. Et trouve, parfois, les vraies réponses.
Commenter  J’apprécie          30
l'expression : courage fuyons m'a toujours réjouie mais au point où j'en suis, ce serait plutôt : courage RECOMMENCONS !
Commenter  J’apprécie          30
Voilà ce qu'il ne faut JAMAIS faire pour un homme :
lui infuser toute son énergie, au nom de l'amour,
lui transfuser totalement les dons et la chance
qu'on ose pas exploiter pour soi-même.
Commenter  J’apprécie          30
Tout nouvel amour, toute jouissance, ce qu'on appelle le coup de foudre est fondé sur un crime. Un sacrifice humain. La mort d'un autre. Celle ou celui qu'on abandonne sur le bord du chemin. Je le sais pour avoir été des deux côtés. Mais quand j'ai été choisie et folle amoureuse, j'ai compris le mal que je faisais et que je n'étais pas à ma place. Je me suis retirée. Cette douleur préfigurait celle que je connaîtrais un jour ?
Commenter  J’apprécie          30
De l'autre côté de la voire ferrée, un portillon ouvert sur l'éternité
grinçait avec un bruit de vent rouillé
Commenter  J’apprécie          30
Je hais les célébrations. Elles finissent toujours par ressembler à des cérémonies mortuaires. Ni cadeaux. Ni compliments. Ni couplets. Rien. C'est dans la vie de chaque jour qu'il faut se montrer inventif, aimant, spirituel. C'est dans la vie de chaque jour qu'il faut réfléchir à la mort qui peut surprendre chacun d'entre nous. C'est aujourd'hui et maintenant qu'il faut la combattre et lui barrer le passage. Réinventer la joie. Rire et aimer. Malgré tout.
Commenter  J’apprécie          30
Pendant ces quatre années, le plus dur aura été de subir, non pas ton mutisme et ton silence, mais tes cris atroces et tes rages démentielles. Je crois que j'aurais pu te tuer pour que tu cesses de hurler ainsi, me rendant folle à mon tour.
Commenter  J’apprécie          30
Comme je voudrais que tu me parles et me souries. Tu ne me souris jamais. Tu ne souris jamais à personne.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne cessais de répéter, bredouillante :
c'est lui, c'est Victor Hugo ...
Mes amis, grands musiciens, bohèmes, me mirent la gravure dans les
bras me disant : il est à vous ! emportez-le !
Alors ce fut le big bang, un énorme soleil dans ma tête ...
La joie retrouvée ..... p 48
Commenter  J’apprécie          30
Et surtout, avec le soir, cette impression de rentrer dans le tableau de
Millet, l'Angélus, parce que la paix qu'il dégage provient, selon moi,
d'un assouvissement.
Je suis certaine que la femme qui se recueille est nue sous sa jupe
et qu'elle rend grâce d'un bonheur qui ne fut pas seulement de glaner
des pommes de terre.
Elle se demande aussi, après cette étreinte qu'elle a cherchée,
où elle a tout osé, si elle n'attendrait pas un enfant.
Elle se recueille sur cette espérance car il n'est de joie plus simple
et plus inouïe que de désirer un enfant et d' y penser en même temps
que l'homme qu'on aime.
Si j'avais dû rédiger une rédaction, même avant quatorze ans,
voilà ce que j'aurais dit.
Commenter  J’apprécie          30
Pour garder dans sa mémoire le souvenir de quelques minutes
heureuses, il faut chaque jour s'exercer à y penser,
chaque jour les glaner,
comme ces femmes ramassant l'hiver pour se chauffer
un peu de bois mort qu'elles serrent au creux de leur tablier
Commenter  J’apprécie          30
écriture délicate et suave, tout en nuances ; j'aurais aimé plus de minutes heureuses puisque le malheur rôde, n'en rajoutons pas ...
Commenter  J’apprécie          30
"Sous l'eau qu'on reçoit comme une cascade, on ferme les yeux. Fermer les yeux c'est rendre grâce. On sourit à l'idée de l'amour qu'il faudra ranimer tout au long de la journée comme un feu toujours prêt à s'éteindre. Et puisqu'on est seule et qu'on ne peut pas vous entendre, on soupire. Parfois viennent les larmes. On se le permet, car on sait que l'eau en effacera les traces. Personne ne vous demandera rien. On a développé une grande maîtrise dans l'art de ne laisser paraître aucun désarroi sur son visage."

Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Françoise Lefèvre (513)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Hauts de Hurlevent

Quelle sœur Brontë a écrit ce roman ?

Charlotte
Anne
Emily

10 questions
820 lecteurs ont répondu
Thème : Les Hauts de Hurle-Vent de Emily BrontëCréer un quiz sur cet auteur

{* *}