Citations de Georges Duhamel (200)
Les cheveux de Suzanne étaient dorés, flavescents par mèches et flamboyants par touffes, comme avaient été, jadis, et même pendant deux tiers de siècle, ceux de son illustre père.
Il est heureux qui a des enfants
Il n'est pas malheureux qui n'en a point,
Ajoutez un verset, pour comble de sagesse :
Il est désespéré qui n'en a plus.
L'observation est active et volontaire. La contemplation involontaire et passive. Dans l'observation, le courant principal va de l'esprit à l'univers. Dans la contemplation, c'est le contraire.
Quand il entend les autres prononcer le mot de « chance », il dit : « Ah oui! voilà comme les faibles appellent le courage. »
Voici la grande route. Voici la jungle. Place à l'argent!
L'auto me permet d'être impunément mufle et lâche.
La foi scientifique n'apporte pas la paix aux américains ; elle change leur tourment de place et de plan.
Daumier est d’abord et surtout dessinateur, au point que l’on peut presque dire que, pour suggérer la couleur, il peut se passer d’elle.
C’était aussi le type de l’homme libre. Il jugeait et dessinait les hommes comme il les voyait. Ce n’était pas pour plaire à tout le monde. Daumier a connu la prison et la pauvreté.
Un jour, Corot, qui s’y connaissait, tendit une clef à Daumier et lui dit : « Voici la clef de ta maison ». Quelle belle manière d’offrir à un artiste ce qui devait être son suprême refuge !
Il est considéré comme un « caricaturiste » parce qu’il distingue et met en évidence les traits essentiels. Il est mordant à souhait. Les gens qu’il a représentés sont, par le costume, des gens du XIXe siècle ; mais par leur nature, leurs traits, leurs attitudes, ils sont des hommes de toujours. Il me semble que si je savais manier le crayon, je ne représenterais pas autrement mes contemporains.
L’exposition organisée à l’occasion du centenaire des « Fleurs du Mal » s’achève à peine que la Bibliothèque nationale commémore, dans la même galerie Mansart, le 150e anniversaire de la naissance d’Honoré Daumier, donc Charles Baudelaire écrivait qu’il est « l’un des hommes les plus importants, je ne dirai pas seulement de la caricature, mais encore de l’art moderne ».
Bien des années s’écouleront avant que « l’homme qui, tous les matins, divertit la population parisienne, qui, chaque jour, satisfait aux besoins de la gaieté publique et lui donne sa pâture », soit mis à son rang parmi les plus grands.
La jeune fille se redressa, gonfla son buste, leva les bras, bâilla comme une enfant, fit un long soupir qui lui mit aux yeux des larmes bénignes, puis, sagement, elle s'inclina, de nouveau, sur le microscope.
C'est un bien naïf besoin d'égalité qui nous fait dire que les hommes sont égaux devant la souffrance. Non ! non ! les hommes ne sont pas égaux devant la souffrance. Et, comme nous ne connaissons de la mort que ce qui la précède et la détermine, les hommes ne sont même pas égaux devant la mort.
Grégoire ne sait pas souffrir comme on ne sait pas parler une langue étrangère. Seulement, il est plus facile d'apprendre le chinois que d'apprendre le métier de la douleur.
La première fois que la chose est arrivée, je ne comprenais pas très bien ce qui se passait. Il répétait sans cesse la même phrase : " oh ! la douleur du genou ! ", et peu à peu, j'ai senti que cette lamentation devenait une vraie musique et, pendant cinq grandes minutes, Carré a improvisé une chanson terrible, admirable et déchirante sur la " douleur du genou " ! Depuis, il en a pris l'habitude et il se met brusquement à chanter dès qu'il ne se sent plus maître de son silence.
Sous leurs pansements, il y a des plaies que vous ne pouvez imaginer. Au fond des plaies, au fond de la chair mutilée, s'agite et s'exalte une âme extraordinaire, furtive, qui ne se manifeste pas aisément, qui s'exprime avec candeur, mais que je souhaiterais tant vous faire entendre.
Il y en a qui n'ont pas d'enfants et qui sont sûrs d'avoir trouvé la bonne solution. Comme ils doivent souffrir de ne pas souffrir ! Comme ils doivent souffrir de n'avoir à penser qu'à leur chère carcasse, à leur belle âme !
Il comprit qu'il lui faudrait persévérer dans l'angoisse et l'affliction jusqu'à l'heure du destin, persévérer dans l'amour et même dans l'espérance.
Enfin me voilà dehors. Je suis la seule personne, dans le monde où je vis, la seule personne qui sache se lever et partir. Quel orgueil, encore ! Mais c'est comme ça. Partir est un art trop peu connu.
Mon cher ami, répliqua Patrice Périot, c'est une bien grande ambition que de se permettre de n'avoir aucune ambition.