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Citations de Georges Duhamel (197)


J’ai, depuis longtemps, appris que le malheur ne parvient pas toujours à rendre malheureux. Je me demande aujourd’hui si le bonheur suffit pour rendre heureux.
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Je me suis à peu près affranchi de cette fièvre d’humilité qui me paraît, à présent, un pénible excès de l’orgueil.
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Des hommes incorruptibles, eh bien ! Gn'y en a pas. Moi, je n'en ai jamais vu. Le tout c'est de trouver le point faible des prétendus incorruptibles. Gn'y en a, c'est l'argent ; mais ça, c'est l'enfance de l'art. D'autres, c'est leur famille. D'autres, ce sont les honneurs. Des bouffis ! Des baudruches ! D'autres, c'est l'orgueil, la gloriole ! Gn'y en a, c'est drôle à dire, on les a par la vertu. On leur dit : « Vous, vous êtes incorruptible. » Ils commencent à baver et, pendant ce temps-là, on leur tire les vers du nez, ou ils donnent une signature, ou ils trahissent leurs copains, enfin, ils tournent en eau de boudin.
- Fichtre ! Papa, fit le jeune homme, vous avez sur l'humanité des vues plutôt pessimistes, plutôt amères.
- Moi ? fit Joseph d'un air scandalisé, moi, pas du tout. Moi, je respecte l'humanité. Je ne lui demande qu'une chose, c'est qu'elle me foute la paix. Et alors, Fourdillat ? 
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L'argent : tu dis l'argent ! Mais moi, je suis un saint de l'argent, un martyr de l'argent. Ne ris pas. Tu aurais le courage de rire ! Mais tu ne comprends donc pas que je n'ai jamais de bon temps, jamais de repos et que je finirai par en crever ! » Comme je continuais à garder le silence, il a dit encore : « Autrefois, je croyais, oh ! Je ne m'en cache pas, je croyais que l'argent était immortel. Mais non, mais non, l'argent n'est pas immortel. L'argent meurt, comme tout. L'argent meurt pour un rien. Et il faut toujours l'empêcher de mourir.
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Pour qu'un plaisir soit vraiment un plaisir, pensait-il et disait-il parfois, faut que j'en jouisse seul. Faut, du moins, que le nombre de gens qui en jouissent avec moi soit aussi réduit que possible. Ils me font rire tous ces gaillards qui parlent des besoins de la multitude et de la démocratisation des inventions utiles ! 
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J'ai une Pierlot huit cylindres et je sais ce que cela me coûte. Mais si j'ai cet instrument, c'est pour faire ce que je veux et pour qu'on me foute la paix. Oui l'hypocrisie est partout, mais, grâce au ciel, pas sur la route ! Là, c'est la loi du chiffre et rien de plus. Les dix chevaux dépassent les cinq chevaux et ma vingt cinq chevaux doit, nécessairement, dépasser les quinze. Né-ces-sai-re-ment ! Comme ça, la vie est simple et il n'y a pas de singeries. On en a pour son argent. 
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- Mon ami, ne vous roidissez pas, ne cédez pas à la mauvaise humeur.
- C'est que, Monsieur, il est déjà trop tard.
- Trop tard ? Pourquoi ? Je ne comprends pas.
- Ma démission, je l'ai donnée.
- Quand ?
- Il y a un quart d'heure.
- Et comment l'avez-vous donnée ? Par écrit ? A qui ?
- Je l'ai donnée verbalement, à M. le Directeur général.
- A M. Larminat ?
- A M. Larminat.
- Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour M. Larminat, mais on peut encore arranger les choses.
- Monsieur, c'est impossible.
- Et pourquoi donc, impossible ? (...)
- Monsieur, j'ai dit à M. Larminat qu'il était une canaille. (…)
- Diable ! Dit-il. Cela devient grave.
- Et même... reprit Laurent.
- Quoi ! Quoi ! Ce n'est pas tout ! Que lui avez-vous dit encore ?
- Je ne lui ai rien dit de plus, mais...
- Mais...
- Je lui ai craché au visage.
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Il y a quinze ans déjà qu'entre Cécile et cette foule fut scellée l'arche d'alliance. Des musiciens habiles, il en est, par le monde, sans doute plusieurs centaines, peut-être des milliers. Ils ont tous reçus des dons admirables, tous ont travaillé durement pour obtenir de leur nature quelque faveur inouïe, quelque grâce incomparable. Ils ont trouvé des fervents, suscité des disciples, on les aime, on le leur marque, on sait les remercier et les récompenser. Mais la foule musicienne, celle qui réunit, aux grands jours, les savants et les néophytes, les maîtres et les écoliers, les pauvres et les riches, les princes et les mendiants, cette foule a compris, dès le début de l'aventure, qu'il n'y aurait qu'une Cécile.
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- Au fond, disait Joseph, je méprise l'argent, parce que je sais trop ce qu'il peut signifier dans un monde comme le nôtre. Mais si jamais les utopistes s'avisent de supprimer l'argent, plus exactement s'ils essayent de supprimer l'amour du gain, la passion du gain, eh bien ! Croyez-moi, Richard, l'effet sera sûrement effroyable. La plupart des hommes dérivent leurs mauvais instincts vers cette fureur du gain. Le jour qu'on les en empêchera, ils n'auront plus de recours que dans le crime. S'ils ne peuvent plus s'enrichir, ils se dévoreront entre eux.
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Je ne crois pas en Dieu, Pasquier, mais le Christ est la plus belle oeuvre de l'humanité. Des millions et des millions d'hommes ont mis des milliers d'années pour faire un Dieu, pour composer, de tous leurs rêves et de toutes leurs espérances, un Dieu. C'est un phénomène respectable. Ceux qui ne le comprennent pas sont de médiocres observateurs. Aujourd'hui, le christianisme est en péril. Il s'est encombré de trop de choses. Il traîne avec soi toutes les fables orientales de l'Ancien Testament, comme s'i l'on devait sauver tout ce sublime bric à brac. C'est une grande faute. Il faut sauver l'essentiel. Il faut sauver cette idée d'un dieu humain et charitable qui s'est cristallisée dans les âmes au prix de tant de souffrances. Et pour sauver l'essentiel du christianisme, s'il faut consentir à sacrifier quelques vieilles légendes barbares, vraiment, qu'est-ce que cela peut faire ?
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Voyez-vous, Pasquier, il n'y a pas de bon régime politique. Tous ont leurs vices et leurs inconvénients. Le meilleur, à mon sens, ou plutôt le moins mauvais, c'est celui qui gêne le moins l'individu, celui qui laisse l'individu libre d'exercer avec fruit ses vertus cardinales. 
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Nous ne voulons plus, comme les hommes vulgaires, nous occuper du jour, de l'heure et du mois. Seules nous intéressent les saisons et, seul, le rythme de la nature. Tout ce qui se passe en dehors d'ici nous est parfaitement égal. Nous ne lirons plus les journaux. (…) Un journaliste qui, mis en éveil par les gens que nous avions consultés, venait solliciter une interview. Il pensait la publier dans Paris-Journal dont il était un des rédacteurs.
Nous prîmes un air un peu froid, mais nous étions enchantés. Le journaliste bit du thé, visita l'imprimerie, admira la maison, couvrit plusieurs pages de notes et se répandit en effusions laudatives.
Pendant deux ou trois semaines, nous achetâmes, sans nous le dire, chacun de notre côté, le fameux Paris-Journal. L'article ne parut pas et nous en fûmes bien déçus. 
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- Alors, Cécile, c'est sérieux. Tu veux absolument épouser mon fils ?
Cécile est naturellement blanche. Ceux qui l'ont vue sur la scène du concert connaissent bien cette pâleur radieuse, ce beau front de marbre candide qui, pendant l'élévation de l'âme, trouve la force de se purifier, de pâlir encore. Cécile pâlit parfois, elle ne rougit jamais. Or, ce jour-là, je vis Cécile rougir. Une rougeur violente, d'un seul jet. Une de ces rougeurs qui font mal à l'oeil qui les regarde. Cécile rougit ainsi.
- Madame, dit-elle, je ne veux rien. Je ferai ce que Valdemar voudra. 
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Avant les derniers maraîchers, commençait la ville véritable. Elle poussait une avant-garde hideuse de pavillons rabougris, de cabanes titubantes, faites de douves de tonneaux et de lambeaux de carton. La nature avait parfois des regains, des fantaisies. On découvrait de vieux jardins d'arbres vénérables, ou même un champ prisonnier. Puis revenaient les guinguettes, les tonnelles, les bistros minuscules à la façade enluminée qui s'empanachait de fusains. Plus loin, se répandait le butin des chiffonniers dont les huttes semblaient pâturer les tessons et les escarbilles.
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Connais-tu Severini ? Non. Tant pis et même tant mieux. C'était un ami de ma mère. Nous sommes fâchés maintenant. Un homme de génie, Laurent. Un chimiste. Il a découvert deux ou trois corps qu'on ne connaissait pas avant lui. Il a chambardé toutes les industries, inventé des engrais, des procédés pour conserver la viande, pour fabriquer le pain, et même pour soigner le cancer. Enfin, des merveilles ! Un bienfaiteur de l'humanité, quoi ! Eh bien, Laurent, figure-toi que Severini martyrisait ses gosses. Il a divorcé trois fois. Il débauche toutes ses bonnes. Il a quatre ou cinq enfants naturels. Il est avare. Enfin, odieux. Ma mère le déteste. D'ailleurs on s'est fâché.
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- S'il faut des latinistes pour faire ce que je veux faire, eh bien, j'en achèterai. Les savants de ton espèce, on les achète, comme les autres, comme le reste, et on les fait travailler comme les autres, comme des employés, comme des domestiques, et puis, quoi... comme tout le monde. Et voilà : j'en achèterai.
- Avec tes deux cents francs ?
- Ils auront fait des petits.
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Toi, Laurent, tu es ce qu'on appelle un garçon sentimental. Je n'y vois pas d'inconvénient. C'est ta qualité comme ça. Mais je te répète qu'à ton âge, j'avais tout vu, tout compris. Tu fais du latin, du grec. Tu dis que ça développe la faculté d'analyse. C'est possible, c'est bien possible. N'empêche que tu n'est pas observateur. Mme Hemmer ! Tu ne savais pas Mme Hemmer ? Une histoire qui crevait les yeux. Ca prouve que tu n'est pas observateur. Tu veux devenir un savant. Ce n'est pas plus bête qu'autre chose. N'empêche que tu devrais commencer par comprendre ce qui se passe autour de toi. 
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Je t'ouvre la porte du temple et tu es encore assez godiche pour demander ce que la musique veut dire ! Et que veut-elle dire, monsieur le nigaud ? Des bêtises, peut-être ? « L'instant où nous naissons est un pas vers la mort. » On m'a fait apprendre tout ça dans vos écoles. Ou des choses fameuses pour jeunes personnes sentimentales... « L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. » Pas possible ! Mais, Laurent, Laurent, quand elle te donne, ta mère, tes petits pois ou du pain blanc, est-ce pour te dire que l'homme est un dieu tombé ? Non, Laurent, non, c'est pour te nourrir pour faire la chair de ton corps et de ton âme. 
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Et, tout à coup, venant des entrailles de la maison, une petite voix humaine, nette, mélodieuse, dansante, prononce des mots que l’on ne comprend pas. Une autre voix lui répond, aussi faible, aussi pure, aussi joyeuse. Les deux voix s’emmêlent, s’enroulent, s’enlacent, s’élancent. Cris, rires, chants !
Toute la maison s’étire, gronde et fait le gros dos. Les enfants sont réveillés. Les enfants ! Les enfants !
Victorieuse, la lumière se déverse dans l’âme, la lumière semblable aux eaux d’une cataracte.
Un jour à vivre !
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C’était vraiment un homme du dix-neuvième siècle qui n’a pas voulu douter du savoir souverain, de ce siècle qui a fait la sourde oreille aux avertissements de Schopenhauer et s’est plu tenacement à confondre science et sagesse.
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