AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Hervé Guibert (180)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Fou de Vincent

« C'était un contrat trop cruel : pour qu'on se voie, il fallait qu'il aille mal et que j'aille bien ».



La jouissance du texte, au sens barthésien du terme, est celle qui déroute, dérange, qui va à l'encontre de notre système de valeurs, de nos goûts.

Ce texte est encapsulé dans de petits paragraphes, des chapitres aux allures d'aphorismes, il faut tourner 28 pages pour lire une pleine feuille.



“Le (un) travail de la littérature : apprendre à se taire.”



C'est que Guibert, l'une des figures du mouvement qu'on appelle alors « l'autofiction », a pour principal matériau littéraire son entourage. Ses parents, amis, amants, Vincent, Michel Foucault ou Isabelle Adjani se retrouvent personnages, souvent malmenés, des livres publiés par l'auteur tout au long des années 80.



On peut reprendre les premiers mots de son recueil « Les Aventures Singulières » paru en 1982 : « trouvant la narration ennuyeuse », pour comprendre la structure qu'il donne à ce court roman. Pas de narration. Il adopte une chronologie inversée et refuse la psychologie du personnage, le schéma narratif linéaire, le contexte socio-historique, et les descriptions balzaciennes.



“Ça m'as rappelé ces nuits blanches juvéniles à deux, les toutes premières, où la sensualité l'emporte sur l'épuisement, où la recherche vaine du plaisir devient plus exaltante que le plaisir attendu, et où les corps se mettent à dégager une étrange odeur, au-delà de la sexualité, une sueur d'absolu.”



Fou de Vincent, paru en 1989, est une suite de fragments sur une rencontre amoureuse s'étalant sur plusieurs années, qui n'est pas sans rappeler les Fragments d'un discours amoureux, de Roland Barthes. Ainsi Guibert m'as semblé être un écrivain barthésien. L'effroi de la perversion en plus. Mais la distanciation, l'étude méticuleuse, anecdotique de l'objet du sentiment amoureux y sont semblables.

Guibert, qui a connu Barthes et repoussa même ses avances dans les années 70, me le confirme page 51 “ relu hier soir avec émotion en attendant Vincent, des passages des Fragments d'un discours amoureux : l'impression que je poursuis souvent des choses indiquées par Barthes.”



Le sémiologue, qui dénonçait la solitude de celui qui veut exprimer son sentiment amoureux et qui se proposa d'y palier avec son livre, a aidé Guibert à formuler son discours, en évitant l'écueil que Barthes avait vu qui est celui de « l'histoire d'amour » sorte de concession à la société, sorte du retour de l'amoureux dans le corset social, toujours une construction logique a postériori.

Sur le plateau d'Apostrophes, Françoise Sagan déclarait à Barthes qu'on ne peut pas écrire quand on est amoureux, en tout cas on ne peut pas écrire une histoire d'amour, ainsi ces fragments, extraits du journal de Guibert, ne sont que le reflet brut des élans du corps et du coeur, sans liant.



« Incapacité définitive de draguer : plutôt établir des contrats de prostitution (proposer à Vincent d'être ma geisha-mon geisho ?) ».



Fou de Vincent, c'est aussi le règne d'une impudeur immanquablement provocante, souvent malaisante, mais pas de son seul fait. C'est une dialectique, pour choquer, il faut trouver un parfait partenaire sujet au choc: le corps social, la société française des années 80. Ce sont les tabous de la société liés à l'érotisme, à ce qu'on en fait mais que l'on tait scrupuleusement, où sauf dans certains espaces, sur certains divans, sur certaines ondes, à certaines heures. Enfin, la littérature n'est elle pas le lieu le plus commode pour être bousculé, mal à l'aise, parfois même révulsé, c'est un malaise à peu de frais, assis confortablement dans son fauteuil, il suffit de refermer le livre pour que prenne fin le tourment de l'expérience de lecture.

La lumière, projetée sur les clichés fragmentaires, au sens photographique (Guibert était un photographe reconnu), n'est ni fugace, ni floue, elle est crue, froide, et limpide, c'est le corps-viande, avec ses odeurs, ses sécrétions, sans honte et sans métaphore, à quelques exceptions près : “Il a dansé dans ma bouche », sur Kiss de Prince. Ambiance torturée mais pop.



« Il dit : j'avais décidé de ne plus aimer les hommes, mais toi tu m'as plu » Vincent aura toujours le choix, et Hervé lui-même, ne choisit-il pas des bisexuels, comme le personnage de T. également, pour éviter d'avoir à s'engager ?

Est-il vraiment question de l'éventualité d'une transcendance, de la possibilité d'un couple, est-ce que le personnage d'Hervé la recherche vraiment ?



Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          767
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Je tenais avant tour à lire cet ouvrage car j'ai connu une personne très proche qui est décédée, à l'âge de 37 ans, de cet horrible fléau que nous appelons Sida.



Je dois dire qu'Hervé Guibert, quant à lui, décédé à l'âge de 36 ans (une des raisons qui m'a fait acheter ce livre tant la différence d'âge entre cette personne proche et l'auteur était troublante) nous livre ici un témoignage troublant. Pourquoi ai-je lu ce livre me direz-vous s'il s'agit d'un sujet sensible chez moi ? Tout simplement pour tenter de comprendre ? Mais comprendre quoi ? Les douleurs, les souffrances ? Il n'y a rien à comprendre, le lecteur ne peut que rentrer en empathie avec le témoin, rien de plus. Il ne peut pas se mettre à sa place ni même dire qu'il comprend. Il peut simplement écouter -dans le cas présent, lire- et surtout ne pas juger.



Dans cet ouvrage, l'auteur nous raconte la progression de sa maladie, les différents traitements qu'il a suivis et l'espoir d'un miracle qui ne s'set jamais accompli.



Un livre très cru à certains moments lors des descriptions des débats amoureux entre deux hommes, très dur et dont on ne ressort pas indemne. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          593
Mes parents

En lisant ce livre, ma prime lecture de Hervé Guibert, me revenaient en tête les deux chanson de Michel Jonasz "Les vacances au bord de la mer" et "La famille" dans leur tempo mélancolique...

Une belle écriture, dense et aérée, que celle de cet auteur trop tôt disparu!

Amour et haine s'imbriquent, dans ces mémoires d'une jeunesse de la fin des années 50 aux eighties. On y trouve de l'ordinaire, de l'insolite et des secrets qui ressurgissent. Par dessus tout, il y a cette homosexualité de l'auteur, qui naît et s'affirme... Et puis les rêves, les drames, les déceptions, la maladie et la mort qui vient, inéluctable!

Qu'on est loin, avec Hervé Guibert, de l'économie d'un Jules Renard ou de la haine de Hervé Bazin! Plus proche, peut-être, d'Emmanuel Bove que cite l'auteur... Il y a aussi une proximité avec Georges Duhamel et le début de la saga des Pasquier.

Ces vies qui passent, avec une mélodie entêtante.

Voilà. Mes parents me donnent l'envie d'aller plus loin dans les pages de Hervé Guibert.
Commenter  J’apprécie          511
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

« Et c’est vrai que je découvrais quelque chose de suave et d’ébloui dans son atrocité, c’était certes une maladie inexorable, mais elle n’était pas foudroyante, c’était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurément à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage sans pareil, c’était une maladie qui donnait le temps de mourir, et qui donnait à la mort le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin la vie, c’était en quelque sorte une géniale invention moderne que nous avaient transmis ces singes verts d’Afrique. »

Cette maladie est le SIDA dont Hervé Guibert est infecté, mais ça pourrait être aussi un cancer ou une maladie dont le diagnostic est sans appel : la mort.

Tout au long de ces pages, l’auteur raconte cette descente aux enfers de la dégradation corporelle et parfois mentale, d’abord celle de son ami Muzil qui n’est autre que le philosophe Michel Foucault, puis la sienne, car les doutes du début ont laissé place à une certitude, celle qu’il est condamné à la mort à perpétuité.

C’est l’heure pour Hervé Guibert du bilan, l’occasion d’écrire son expérience et de la livrer au monde avec beaucoup de sang-froid, de pudeur et parfois d’amertume « à l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ».

C’est le moment de se demander qu’avons-nous fait de cette fenêtre de vie qui n’aura duré que quelques dizaines d’années, nanosecondes à l’échelle de l’univers ?

La longueur des phrases, façon Faulkner, des phrases paragraphes, illustre parfaitement la longue et lente agonie de cette pathologie.

« à l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » est la dénonciation d’une trahison, celle de ces personnes en qui l’on a placé son amitié pendant une vie et qui, le jour où la bonne fortune nous quitte, deviennent gênées, effrayées d’être contaminées par notre malheur et nous tournent le dos. Mais comme pour l’auteur, elles aussi connaîtront la solitude des dernières minutes avant que la lumière ne s’éteigne définitivement.

Et la vie continue…

« à l’ami qui ne m’a pas sauvé » est une œuvre qui invite à la réflexion sur le temps qui passe, sur l’ultime échéance et sur le sens à donner à tout ça, la vie, la mort, nos actes.

Editions Gallimard, Coll. Blanche, 267 pages.

Commenter  J’apprécie          5110
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Ce récit autobiographique, je l'ai lu il y a plusieurs années. J'ai ressenti une grande empathie pour l'auteur et ai beaucoup apprécié son écriture... mais une fois la dernière page tournée, j'ai été incapable d'écrire une critique, tant j'étais bouleversée...

Je savais que le témoignage de l'auteur s'étendait sur deux autres ouvrages : "Le protocole compassionnel" et "L'homme au chapeau rouge", je les ai achetés... car je voulais lire encore Hervé Guibert, mais quand? Cela m'aura pris des années avant que je découvre "Le protocole compassionnel", et je laisse passer encore du temps avant d'ouvrir le dernier tome, car c'est trop d'émotions à chaque fois. Une pause m'est nécessaire. Mais, je ne puis me passer de ce parler vrai, de cette authenticité, qui écrite d'une autre plume aurait frisé l'impudeur. Mais Hervé Guibert était un écrivain talentueux, avec lui chaque mot était pesé et tombait juste.

Je ne peux écrire que c'est un beau livre, le contenu est dévastateur, mais l'écriture est merveilleuse... Donc je vais poursuivre la lecture des oeuvres de l'auteur, car je sais que je ne puis être déçue. A découvrir... si on en possède la force... car on peut être rebuté par cette maladie terrible, dont on cache encore le nom parfois, le sida, et ne pas apprécier les descriptions des visites aux spécialistes des hôpitaux, mais il y a des passages qui sont touchés par la grâce...
Commenter  J’apprécie          512
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

♫ Tu as dit J'étudiais

En deuxième année Hervé Guibert ♪

J'ai pensé Il faudrait ♪ ♪

♪ Traîner quelque temps chez Gibert... ♫



Bon, moi c'est pas chez Gibert que j'ai dégoté A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie mais chez un bouquiniste spécialisé dans les vieux pots (là où on fait les meilleures... oui 'fin bref) Voilà, on s'en fout mais depuis le temps que je voulais lire ce livre, j'attendais juste l'occasion (uh uh) sur laquelle je n'ai pas hésité à sauter.



Sous couvert d'autofiction, Hervé Guibert nous parle de cet ami (était-ce Bill, celui qui lui avait promis un vaccin made in USA qui n'est jamais arrivé ou était-ce le camarade Muzil a.k.a Michel Foucault qui a eu le mauvais goût de partir dans les premiers quand le sida a commencé à faucher à grande échelle ?) ce presque frère donc qui n'a sauvé ni sa vie, ni sa dignité physique... Ces heures à courir à des rendez-vous médicaux, virtuellement disséqué comme une pauvre grenouille dans un cours de SVT, nu dans le froid des salles d'examen, ausculté, palpé, tripoté, radiographié, coloscopié... acceptant pourtant ce pénible sort alors que l'issue ne faisait pas beaucoup de doute, parce que malgré tout, quelquefois très loin mais toujours nourri, il y avait l'espoir. L'espoir dont ce livre laisse apercevoir, parfois, quelques fulgurances, à tel point que si nous n'étions pas déjà au fait de la triste fin que connue Guibert, on aurait espéré avec lui, fort.



Sans jamais tomber dans le pathos ni tenter de faire pleurer dans les chaumières mais simplement animé par l'envie de raconter, de témoigner, de laisser à la postérité ce que fut la découverte du VIH, des corps malades, disloqués, des amis qui partent et ceux qui, par une veine extraordinaire, passent à travers les mailles ultra-serrées de ce filet dégueulasse, à l'instar de Daniel Defert qui en profitera pour créer AIDES dans l'intention de mobiliser, de prévenir et d'informer les personnes contaminées quand elles-mêmes ne comprenaient même pas ce qui leur tombait dessus, Hervé Guibert relate son quotidien parfois fictif (rarement) parfois insupportable (souvent) aux prises avec ce mal encore inconnu qui le grignote inexorablement mais devant lequel il refuse de s'avouer vaincu.



Un livre à mettre entre les mains de tous les barebackers (et je le dis sans jugement, juste comme ça quoi, pour être sûre qu'on sache bien de quoi on cause et à quoi on se risque), des avancées ont été faites oui, mais le sida, c'est pas un rhume, arrêtons un peu de nous en foutre, repensons à Guibert, à Foucault, à Collard et autres Koltès. Même si le sida ne tue (presque) plus, qui peut avoir envie de partager ne fut-ce que le centième de leur sort ?

Commenter  J’apprécie          464
Fou de Vincent

Au début, Vincent meurt.

A la fin, Hervé rencontre Vincent.



En apprenant la mort de celui dont il fut dévoré d'amour, Hervé Guibert dans une de ses autofictions habituelles nous livre, à rebours, des fragments de son journal pour nous raconter qui était son Vincent. Et à travers les mots on découvre un jeune homme qui aurait pu paraître excessif si Guibert ne l'était encore plus, toujours plus. Et puis Vincent il aime surtout les femmes, la drogue et l'alcool alors pour le détourner de ses démons, il faut toute l'imagination débridée de l'écrivain pour le retenir, le revoir, l'attendre des nuits durant, l'espérer, l'aimer lui et encore plus son absence, prêt à n'importe quoi pour cet amour qui est si peu payé de retour. Parce que Vincent l'a bien compris, Guibert est fou de lui, alors selon ses humeurs et ses aspirations il choisit d'en faire ce qu'il veut. Un jour câlineur, le lendemain bourreau. Et puis des exigences, d'argent, de drogue, de temps... Guibert amoureux accepte tout, se soumet, oublie sa dignité, s'oublie lui-même, qu'importe du moment qu'il revoit Vincent le lendemain.



♪ You took your life, as lovers often do

But I could have told you, Vincent ♪

♫ This world was never meant for one

As beautiful as you ♫



Journal d'une passion à sens unique, Fou de Vincent nous dévoile un Hervé Guibert dont on ne sait plus si c'est d'amour qu'il se transit ou d'attente et d'espoir forcenés car bien entendu, moins Vincent lui cède, plus il en est dingue et s'il avait semblé ne pas prendre autant de plaisir à ce tourbillon masochiste que sans aucun doute il se délecte à entretenir, on souffrirait avec lui. Mais finalement puisque chacun paraît y trouver son compte...



On retrouve dans Fou de Vincent l'exacte recette dont sont cuistancés les textes les plus admirables de Guibert quand sans retenue ni fausse pudeur celui-ci, entre érotisme poétique et obscénité débridée, laisse s'exprimer tout son mal être et nous enseigne que l'amour, loin d'épanouir son homme, se doit d'en faire baver des ronds de chapeaux pour qu'on accepte, un jour, d'y prêter attention.

Commenter  J’apprécie          424
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Hervé Guibert est réputé pour être un écrivain féroce et, comme dans la vie peut-être, difficile à aimer.

Très intelligent et très beau, il peut passer pour une sorte d'Ange exterminateur, ou encore le héros de Théorème, celui qui vient révéler à toute une famille ses désirs les plus obscurs, puis s'en va, splendide, intact ,inentamé, laissant derrière lui un chaos total et le manque de lui.

Il est connu pour la sensation qu'il a produite en passant à Apostrophes, où son émotion et sa candeur mêlée d'ironie, son désir d’être lu et reconnu comme auteur et son dandysme auto-protecteur ont sidéré et créé dans le « grand public », dont je fais partie, un courant que j’appellerai d’amour, le mot sympathie me paraissant trop falot pour une telle personne.



Monsieur Hervé Guibert, je ne vous ai pas vu à Apostrophes, mais j’ai lu pratiquement tous vos livres après celui qui fait l’objet de ce billet, et je vous ai aimé immédiatement et presque inconditionnellement. Le presque est l’exigence que j’ai toujours, pour un authentique écrivain, qu’il soit à la hauteur de son talent ou de son génie.

Je ne sais pas nommer cet amour de l’écrivain que vous êtes, maintenant pour l’éternité, autrement que comme fraternité, peut-être . Comment ai-je pu me sentir aussi proche, littérairement parlant, de l’homme que vous étiez ? C’est un des mystères de la littérature, justement. Et ceci n’a pas grand chose à voir avec vos choix de vie, votre sexualité et les scénarios ou les fantasmes qui articulaient celle-ci. Cela a peut-être à voir avec un regard sur les êtres et les choses, un ton, une façon de faire avec les déceptions ou les espoirs les plus fous.

Votre élégance mêlée de vulnérabilité, votre capacité à vous émouvoir de l’aide reçue dans les moments les plus terribles de votre maladie (l’épisode du garçon de café antipathique qui de façon inattendue vous aide à vous relever d’une chute et a la délicatesse de faire ensuite comme s’il n’avait rien remarqué) comme votre tendance à broyer du noir et penser que le monde vous hait, la classe avec laquelle vous avez relevé le gant de la mise en ménage avec le sida (Mon valet et moi, pur chef d’œuvre) pour tout cela je vous tire mon chapeau.

Vous portiez d’ailleurs le vôtre bien mieux que moi.

Commenter  J’apprécie          425
Le Protocole compassionnel

Ce livre m'attendait depuis plusieurs années sur un rayonnage de la bibliothèque, je l'avais acheté, mais j'hésitais à le lire... Redoutant de retrouver l'ambiance des hôpitaux, l'univers de la maladie. Je connaissais déjà du même auteur "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", et si j'avais beaucoup apprécié ce récit, j'en suis restée bouleversée et j'ai voulu mettre une distance thérapeutique entre mes deux lectures. Je pense qu'il est difficile d'en ressortir totalement indemne et qu'il est nécessaire et vital de prendre une respiration, ou de reprendre courage, lorsqu'on décide de découvrir la trilogie écrite par Hervé Guibert. Lorsqu'on lit un roman, on peut être très ému, mais on se remonte le moral en se disant qu'il s'agit de fiction, comme les enfants : "c'est pas pour de vrai!". Mais comment réagir à la lecture d'un récit ou d'un journal? Ces textes d'Hervé Guibert témoignent des ravages de la maladie qui vont l'emporter à l'âge de 36 ans en 1991, maladie redoutée par le personnel soignant à cette époque, maladie décriée par les personnes bien pensantes, sorte de "punition divine"... peste ou lèpre de la fin du 20 ème siècle... (J'espère que depuis les mentalités auront évolué dans le bon sens, mais je n'en suis pas sûre). Pour les victimes du sida les léproseries et lazarets virtuels existent encore, hélas. Le silence, telle une chape de plomb pèse sur cette maladie dont on ne parle encore qu'à mots couverts.

J'ai été tellement impressionnée lors de ma lecture de "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", que j'ai été incapable d'en recopier des extraits et d'en faire une critique... Je vais devoir relire ce texte... Mais je me souviens que ce livre avait été une révélation, que j'avais salué le courage de l'auteur qui se décrivait sans complaisance, mais avec justesse. J'ai admiré l'écriture. J'ai eu de la sympathie pour l'homme. Une grande compassion pour le malade. Découvrant une de ces photographies, je lui ai trouvé une ressemblance avec Oscar Wilde... Non content d'être beau, cet homme jeune était aussi terriblement talentueux, photographe, écrivain, pensionnaire de la Villa Médicis... un artiste! Et, je l'ai trouvé aussi très sympathique et attachant. D'où un amer constat sur la fatalité et l'injustice de la maladie.

Un témoignage magnifique dont je conseille la lecture.

Commenter  J’apprécie          381
La mort propagande, et autres textes de jeu..

Ce recueil rassemble La Mort Propagande, publié à l'origine en 1977 par les éditions Régine Deforges, et des textes de jeunesse. Le texte le plus long, et qui donne son titre à ce livre, se révèle le plus déstabilisant. Hervé Guibert nous invite sans cesse en voyeur à l'observer lors de ses descriptions quasi chirurgicales. Certaines relèvent du scatologique. Ce journal intime est cru, sans concession et décrit comment son corps réagit au plaisir mais surtout comment la douleur lui fait atteindre le stade de la jouissance. Ceci m'a rappelé certaines photographies soigneusement mises en scène réalisées par Robert Mapplethorpe. De l'art volontiers provocateur et dérangeant.
Commenter  J’apprécie          340
Mon valet et moi

Nous assistons ici à une relecture des relations de maître à valet. Roman autobiographique écrit dans les dernières années de sa vie, Hervé Guibert transpose le ressort de la comédie dans un registre tragique. Il décrit avec précision le double jeu des relations au seuil de sa mort.
Commenter  J’apprécie          340
Mes parents

Il s’agit d’un court roman d’inspiration autobiographique que je cherchais depuis longtemps et sur lequel je suis tombée par hasard dans une boîte à livre. La construction du livre rend un peu difficile la lecture. Pourtant, après le début où l’auteur apprend un secret de famille, le récit suit globalement l’ordre chronologique de la petite enfance à l’âge adulte en passant par l’adolescence. Mais il s’agit de scènes, flashs mémoriels sans lien immédiat de temps ou de lieu, sans forcément de lien logique évident au premier abord, et parfois simplement un fantasme ou un rêve marquant. J’ai beaucoup aimé le fait que le livre commence par la révélation d’un secret de famille, ôtant au roman la charge d’en être la quête. Dans les dernières pages le lecteur découvre que le début cachait en quelque sorte un autre secret familial, sa famille maternelle n’ayant pas fourni au narrateur des informations fiables sur sa famille paternelle. Et c’est un peu tout le sel de cet autobiographie car bien des éléments penchent pour la non véracité (le père qui reconstitue son index, l’opération des amygdales,...). Mais est-ce que ce sont des non-vérités ou des souvenirs enracinés d’interprétations enfantines déformées ? Peu importe au fond, car c’est bel et bien la façon dont nous vivons, comprenons et ressentons les choses qui nous construit. Et l’auteur joue magistralement avec la vérité. Il fait preuve d’honnêteté dans son rapport ambigu avec la vérité : « Début d’un roman qui s’appellerait Mes parents […] et qui commencerait ainsi : Maintenant que mes parents sont morts, enfin (mais je mens), je peux bien écrire tout le mal que je pense d’eux ou que j’ai pensé d’eux, en priant seulement le ciel de ne me jamais donner fils aussi ingrat et malveillant. », et ces lignes ne sont pas le début du roman, elles apparaissent dans la dernière partie, constituée en partie d’extraits de son journal intime.

Le sujet du livre est la relation de l’auteur à ses parents, au fil du temps. Elle est ambiguë, à la fois pleine de tendresse et remplie de haine (au point de me faire penser à Mars de Fritz Zorn). L’écriture est magnifique, à la fois simple, directe et belle, en particulier dans les évocations de souvenirs d’enfance. Les descriptions d’actes sexuels ou les passages morbides ne sont pas non plus dénués de beauté dans l’écriture, même quand c’est cru, ce qui met assez mal à l’aise. Heureusement reviennent, presque malgré lui, moments de tendresse et moments de haine. Mais au fond qu’a-t-il à leur reprocher ? S’il nous dit l’essentiel, pas grand-chose de majeur (il évoque, sans insister, que son père le battait, ils ont du mal à accepter son homosexualité, mais ils ne le rejettent pas). Bref, des rapports conflictuels un peu exacerbés mais assez ordinaires. Peut-être que sans tous les moments passés de tendresse il n’y aurait pas tant de haine !
Commenter  J’apprécie          330
Le Protocole compassionnel

Deuxième tome (si on peut dire) des écrits d'Hervé Guibert sur sa maladie, le Protocole Compassionnel est la suite directe de A l'Ami qui ne m'a pas sauvé la Vie.

A ce stade, l'écrivain ne découvre plus qu'il a contracté le sida, il s'est fait à l'idée et ne dorlote presque plus l'espoir en son sein comme il avait pu le faire auparavant.

Non, cette fois il en est rendu à avaler un médicament obtenu au marché noir dont on ne sait encore rien sinon qu'il a causé la mort de centaines de personnes aux États-Unis pour cause de prises à l'aveugle, d'ignorance totale de la posologie et de respect des doses. Mais Guibert s'en fout, au point où il en est, à l'insu du système médical mais dans la discrétion de certains médecins, il accepte de tester sur lui le DDI, ce médicament qui donne son titre au livre, le protocole compassionnel signifiant que tous les traitements légaux ont échoué et qu'on peut tenter, en ressort ultime, une médication encore non reconnue, bien souvent même n'ayant pas encore obtenu l'AMM. Foutu pour foutu, quoi. C'est dire si à ce stade, une guérison aurait quelque chose d'epastrouillant !

Mais Guibert prend ce traitement et commence rapidement à en ressentir les effets bénéfiques. Moins fatigué, moins la sinistrose : « J'étais de nouveau vivant. J'écrivais de nouveau. Je bandais de nouveau. Bientôt, peut-être, je baiserais de nouveau. » Et voilà que le plaisir de vivre circule à nouveau dans ses veines.



En parallèle, Hervé Guibert nous raconte ses rendez-vous médicaux avec Claudette Dumouchel, jeune femme médecin avec qui il tente d'instaurer une relation quasi amoureuse. Par jeu au départ, devant la froideur de la doctoresse face à sa détresse et puis par habitude, pour supporter les auscultations de plus en plus compliquées pour lui (se lever de la table d'examen revient à être diplômé de l'école du cirque tant chaque mouvement lui demande des efforts surhumains, « Chaque jour, je perds un geste que je pouvais faire la veille »).

Et puis, la rencontre avec un guerisseur-magnétiseur qui lui promet la rémission et voilà que Guibert ressent pour la première fois depuis longtemps qu'il y a peut-être encore un espoir.

On connait la suite...



Revenant aussi beaucoup sur sa participation à Apostrophes pour son livre précédent

hop : https://www.youtube.com/watch?v=en9OWEvf_Cw

Le Protocole Compassionnel est un peu la version littéraire du film documentaire "La Pudeur ou l'Impudeur" qui reprend en images mais aussi en voix off de grands pans du livre.

Intéressant de lire/voir ces deux oeuvres en simultané.
Commenter  J’apprécie          310
Mon valet et moi

Quand on embauche un valet pour se faire aider dans les tâches quotidiennes, voire même pour tout lui déléguer, on s'attend au moins à une chose : rester maître de son domaine et de la relation qui s'instaure. Un domestique n'a-t-il pas pour essence d'obéir aux ordres et de se soumettre, dans la mesure du raisonnable, à la volonté de son maître, quelle qu'elle soit ? Raisonnable oui évidemment, il est bien connu qu'aucun larbin n'a jamais été de par le monde traité autrement qu'avec raison, j'ose à peine dire avec respect.



Eh bien, gros bol d'air grâce à Hervé Guibert qui envoie cet axiome au diable (Vauvert, pour la rime) et nous retourne la situation comme une crêpe Gigi sans rien perdre pour autant de sa crédibilité.



Pourtant il a l'air gentil ce valet, prévenant, attentif, alors pourquoi cette sensation de malaise qui s'enracine insidieusement à peine les dix premières pages achevées ? Peut-être parce que, sous couvert de confort et de serviabilité, peu de valets se penchent sur la garde-robe de leur employeur afin de physiquement les faire passer de 80 ans à la petite vingtaine, peu de valets mettent tous les médecins de leur employeur à la porte pour, sans la moindre connaissance médicale, prendre sa santé en main. Peu de valets installent leur employeur dans le salon pour coloniser sa chambre, vendre ses tableaux de maîtres et se servir tranquillement sur son compte en banque avec la fallacieuse excuse de faire des affaires qui vont rapporter gros au taulier.

Exposé comme ça, c'est quand même un peu gros mais ce valet-là a le génie d'opérer avec patience et intelligence, ses motifs démontrés pour expliquer pourquoi c'est lui maintenant qui prend le pouvoir sont si bien argumentés qu'on a aucun mal à imaginer un vieux gonze quasi grabataire y céder pour qu'au final on ne sache plus trop qui est le domestique et qui est le bourgeois. La dépendance de l'un faisant écho à la dépendance de l'autre, chacun de manière différente a besoin de son partenaire pour respirer, vivre pour le maître, exister pour l'employé de maison.



Entre relation masochiste et amour impossible, on passe les presque 100 pages de ce très court roman à essayer de deviner si ce valet est maléfique, tordu ou curieusement amoureux et ce que son patron, à tout accepter sans broncher, se figure y trouver au bout du compte.

Rien finalement mais qu'importe, Hervé Guibert avait l'esprit suffisamment tortueux pour nous embarquer dans ce genre d'histoire malsaine, nous y voir adhérer et à la fin, nous trouver perversement à en redemander.

Commenter  J’apprécie          302
La mort propagande

La Mort Propagande ou comment entrer comme un cyclone dévastateur dans le monde très intime des écrivains célébrés dès leur première publication. Hervé Guibert a 21 ans, quelques appuis (Régine Desforges, je la cite par honnêteté intellectuelle mais franchement, je l'aurais bien passée sous silence) et le voilà dans la cour des grands avec ce livre dont le propos liminaire annonce la carrière fulgurante de son auteur en nous jetant en exorde son suicide en pâture... La vie quand même c'est particulier parfois, ce qui n'était au départ qu'un joli et provocateur majeur dressé à la face de la bien-pensance finira par s'avérer quinze ans plus tard (boomerang karmique ? Faut faire gaffe à tout ce qu'on dit ou quoi ?!) Illustration involontaire mais manifeste de la fiction rejoignant la réalité.



Hervé Guibert se disait fasciné par l'art anatomique, La Mort Propagande en apporte la preuve. Douze chapitres forcenés se disputent la cruauté, la luxure, l'amour et la torture avec bien peu de détails épargnés (aucun en fait) pour, entre caresses amoureuses et chairs suppliciées, nous dévoiler un précis d'anatomie qui, sous la plume nerveuse et licencieuse de Guibert, nous rend le corps agonisant plus vivant que jamais grâce au tour de force qu'il accomplit en réussissant malgré la répugnance initiale du propos à rendre le sordide élégant et même carrément désirable. A finir par ne plus savoir où est le plaisir et où est la souffrance tant les deux s'entremêlent. Pas du masochisme, pas même du bondage mais quelque chose loin, au delà...



Traumatisant, dérangeant, indécent, les termes ne manquent pas pour qualifier ce brûlot d'autant qu'il a été écrit par un Guibert au visage d'ange, un vrai chérubin, la maladie ne l'ayant pas encore effleurée de son aile funeste. Il est beau, il le sait et il jubile de choquer la morale qui à la sortie de ce livre en 1989 criera au scandale et fera par là même le plus beau cadeau que Guibert pouvait espérer.

Mais laissons-les de côté ces bonnes moeurs imbéciles, quand Guibert nous convie à assister à la jouissance du corps dans la mort (ou l'inverse ?) forniquant avec une sensualité extatique sur une table de dissection, je ne vois aucune bonne raison de refuser l'invitation.

Commenter  J’apprécie          288
A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

« Je me dis que ce livre n'a sa raison d'être que dans cette frange d'incertitude, qui est commune à tous les malades du monde ». «  J'ai eu le le sida durant trois mois ». Trois mois, où le monde s'écroule, où tout s'arrête. Où la mort , elle que l'on aimait inconsciemment, savamment, frôler, s'apprête déjà à tout dévorer. Vous, les êtres aimés, l'irremplaçable, et si sa marche progresse , peut être peu à peu, le monde entier.

Hervé Guibert a tenu le journal d'un condamné,Trois mois pour apprivoiser sans tout accepter. Formuler, observer, regarder, tenter même de comprendre.

Écrire. « c'est une maladie qui donnait le temps de mourir, et qui donnait à la mort le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin la vie, c'était en quelque sorte une géniale invention moderne qui nous avaient transmis ces singes verts d'Afrique ».

Écrire, , avancer, regarder.

« il me fallait vivre, désormais avec ce sang dénudé et exposé, comme le corps dévêtu qui doit traverser le cauchemar.Mon sang démasqué, partout et en tout lieu, à jamais, à oins d'un miracle slur d'improbables transfusions, on sang nu à toute heure dans les transports publics, dans la rue quand je marche, toujours guetté par une flèche qui me vise à chaque instant. Est ce que ça se voit dans les yeux ? Le souci n'est plus tant de conserver un regard humain que d'acquérir un regard trop humain, comme celui des prisonniers de Nuit et Brouillard. » .

Mis à mal, mis à nu, mis à mort. Il s'agit de soi, de soi parmi, du dehors et dedans de soi. De ce qui va mal , fait mal. De tout dire, ne rien voiler. Puisqu'il est nu, à quoi bon se cacher ?

Keepers, Keelers, mensonge, trahison, abandon, vérité, fidélité, présence. Dire la main de Foucault que l'on baise et ses lèvres que l'on rince, dire que les keelers sont parmi nous.

Qu'on ne lui a pas voler sa vie mais qu'un homme s'est chargé de lui voler les heures précieuses d'un tête à tête avec la mort. Dire que de jouer avec l'espoir d'un autre, dans l'espace foudroyant, aveuglant de la vie et de la mort, est un crime.

Écrire, avancer, écrire et décider.

Décider qu'on sera le vainqueur. Celui qui écrira le mot fin restera maître de l'histoire.

On comprend, ou on ne comprend pas. Globule blanc ou globule rouge mais de demi teinte. Guibert dit JE, Guibert écrit JE . Il se place au centre de son œuvre. Il ne dit pas nous. Il est le noyau. Gravitation des ondes ... « il n'aura pas du.. ». Les ondes font trop de bruit. Dans une œuvre littéraire où se situe le droit, la morale, la fiction, la retenue ? Qui de l'encre ou du sang se transfuse ? Pas de barrière, pas de limite. Et merde pour ceux qui ne veulent pas être dérangés, secoués, retournés, mélangés.

Il avait le droit de tout écrire. Qui d'autre que lui a parcouru son chemin ? Qui d'autre que lui a tenu le miroir entre ses mains ? Il fallait que cela soit écrit.

« «  il fallait que le malheur nous tombe dessus ». Il le fallait, quelle horreur, pour que mon livre voie le jour » ».

«  Je me laissais mourir et ce n'était pas le moment. »... écrivait il dans Le protocole compassionnel.



Le TRT-5 est un collectif inter-associatif travaillant sur les traitements et la recherche thérapeutique qui réunit des membres des associations AIDES (www.aides.org), Arcat (www.arcat-sante.org), Actions Traitements (www.actions-traitements.org), Act Up-Paris (www.actupparis.org), Dessine Moi Un Mouton, Nova Dona, Sol En Si (www.solensi.asso.fr) et Sida Info Service (www.sida-info-service.org).



http://www.aides.org/la-prep-vih-sida



Astrid Shriqui Garain.

Commenter  J’apprécie          230
Fou de Vincent

Fou de Vincent. Fou de désir. Fou.

Hervé Guibert raconte, à travers son journal, son histoire d'amour avec Vincent, jeune homme extrême et excessif dont l'autodestruction mènera à la mort.

Les fragments d'amour sont fugaces et intenses. Les hommes ne se voient pas souvent, ils partagent quelques soirées, quelques jours de voyage.

Très vite, Vincent mène la danse. Il décide de tout, il est le maître du jeu. Commence alors une véritable torture pour Hervé G., qui se sait terriblement et passionnément amoureux, à tel point que la perte de la dignité, la souffrance de l'absence et l'incertitude constante encerclent ses pensées.

Un amour violent, tendre, enjoué, destructeur. Vincent est une personne (un personnage) complexe, très ambivalente, à la fois dans sa vie et dans son désir.

La langue est impudique et crue mais toujours poétique, amoureuse et respectueuse. Les images sont belles.

Une histoire d'absolu.

Hervé Guibert a des choses à nous dire de l'amour. Véritablement.
Commenter  J’apprécie          210
Mauve le vierge

La nouvelle sur Michel Foucault (Les secrets d'un homme) a une valeur historique. Les autres textes, sur le fond, ne développent pas des histoires passionnantes (à mon goût). Restent la forme et le style : là, c'est magistral et hors d'atteinte, notamment certaines phrases de la nouvelle "Papier magique".
Commenter  J’apprécie          200
Mon valet et moi

Oeuvre très courte, qualifiée de roman "cocasse" et que je vois plus comme une nouvelle d'autant que le texte est imprimé en gros caractères. Ce livre est surprenant, inattendu... et je n'étais pas habituée à un tel sujet avec les précédents ouvrages, que j'ai lus de cet auteur.

J'y découvre une satire de la vieillesse et de la solitude, ainsi qu'un regard accusateur vis à vis des auxiliaires de vie, qui parfois profitent de la situation et abusent de la fragilité des gens chez qui ils travaillent, au point de les dépouiller et surtout de leur faire subir des maltraitances.

Tout semble réuni ici pour que le scénario soit conforme, même si "les ficelles sont un peu grosses"...

Une autre facette des écrits d'Hervé Guibert.
Commenter  J’apprécie          190
Mes parents

Je n'ai pas bien compris cette haine, cette rancoeur, ce dégoût qu'il a envers ses parents et surtout sa mère. L'auteur raconte bien certaines taloches qu'il a reçues avec sa soeur mais rien à voir avec de la maltraitance et puis ces épisodes sont sporadiques. Des souvenirs exacerbés et réinventés ? Je n'ai pas compris non plus pourquoi avec sa mère particulièrement la situation relationnelle était tendue, difficile, froide ? Un rejet des femmes ? Ses parents, certes ils ont des défauts comme tout parent mais ils m'ont donné l'impression de s'occuper avec soins de leurs enfants. Hervé GUIBERT a toujours ressenti une très vive attirance pour les garçons, les hommes. Sa préférence sexuelle est d'emblée tournée vers le sexe masculin, à aucun moment il ne tergiverse. Peut-être qu'il en a voulu à ses parents le fait qu'ils savaient qu'il était homosexuel depuis toujours mais qu'ils n'ont jamais abordé ce sujet avec leur fils. GUIBERT a pris cela (entre autre) comme un refus de voir les choses en face, de l'hypocrisie, un manque de courage de leur part ?

Lors de la parution de ce livre, GUIBERT a trente ans et ses parents sont encore vivants. (J'aurai bien voulu savoir ce qu'ils en ont pensé...). Livre toujours bien écrit, clair, concis, précis.



Lu en avril 2019 / Folio - Prix : 5,50 €.
Commenter  J’apprécie          199




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hervé Guibert (1609)Voir plus


{* *}