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Critiques de Hervé Guibert (180)
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Dès son titre, magnifique et cruel, ce texte annonce qu'il se fonde sur la dualité

Journal intime, il se double d'un reportage journalistique dans le monde intellectuel et artistique des années 70 et 80.

Ses personnages, cachés sous des noms fictifs, sont des personnalités publiques de cette époque. Le dénommé Muzil, par exemple, est Michel Foucault, première célébrité française à mourir du SIDA. J'en profite pour remercier @louisgrlt_ pour avoir éclairci ce point, qui aide à comprendre, et, plus encore, pour m'avoir donné envie de ressortir ce livre de mes étagères.

Revenons à la dualité de ce texte. Elle se voit aussi dans le contraste entre la misanthropie de l'auteur et son aptitude à aimer puissamment quelques rares spécimens d'humains. Dans le cas de Muzil/Foucault, cet amour se fait admiration ; dans le cas de Jules et Berthe et leur progéniture, il s'incarne dans une affection et un attachement familial, Jules étant à la fois l'amant d'Hervé et le compagnon de Berthe, laquelle a eu 2 enfants de Jules et épousera Hervé, 2 ans avant sa mort. Cette "famille" est, finalement, une autre représentation de la dualité : doubles rôles des trois adultes, contraste entre la liberté des relations et la force des liens.

Passons à d'autres personnages, moins sympathiques, du fait qu'ils montrent un autre avatar de la dualité : la duplicité. Des amis-pour-la-vie se détournent d'un Hervé malade ; une grande actrice, très proche de lui, abandonne un projet de film qu'il avait écrit, qu'elle devait jouer et sur lequel des producteurs étaient engagés.

L'opposition entre mensonge et vérité, visible dans ces 2 cas, s'immisce aussi dans le monde intérieur d'Hervé Guibert, dès lors qu'il se sait contaminé par le VIH. Annoncer sa maladie ou la taire, à sa famille, à ses amis ? Se cacher à soi-même l'échéance, en se berçant de faux espoirs ou l'accepter sans fard ? Ou encore osciller entre ces divers états d'esprit, selon les sensations du jour, inévitablement subjectives, ou les résultats d'analyses, cruellement objectifs.

En montant encore d'un cran sur l'échelle de la dualité et en avançant vers la certitude de son décès proche, Guibert s'appuie alors sur un duo encore plus célèbre et indissociable : celui que forment la vie et la mort. La première est inévitablement orientée vers la seconde, mais peut se trouver entachée par l'inquiétude que suscite l'ignorance de la date de la "passation de pouvoir". À l'inverse, frappé par une maladie ne laissant que 6 à 8 années à vivre (en l'état des connaissances de l'époque), Hervé Guibert se sent libéré de l'angoisse de la mort, qui ne le prendra plus par surprise, et invité de ce fait à profiter de cette vie dont la limite est fixée.

Enfin, même s'il y aurait encore beaucoup d'autres exemples à développer pour appuyer cette idée de dualité (dérision / désespoir, pulsions charnelles violentes / tendresse attentionnée), je terminerai sur le style de Guibert. Il aime les phrases longues, rythmées uniquement par des virgules et qui serpentent même parfois sur plusieurs pages (et, en cavalant ainsi de ligne en ligne, se font l'allégorie de cette envie de foncer, sans point, sans pauses, dans cette vie qui s'éteindra bientôt). Mais il aime aussi la langue française raffinée, riche, jusqu'à laisser leur place aux imparfaits du subjonctif. Guibert est ainsi à la fois moderne et classique. Un rouage essentiel de la littérature.

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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Ce livre constitué un témoignage intéressant et précieux sur le vécu de la maladie, du VIH en particulier. Par ailleurs, la description des amitiés, fausses ou vraies, est très réussie. Cet ouvrage mérite d'être relu. En effet je l'avais lu il y a 20 ans environ. Et aujourd'hui je l'appréhende différemment du fait d'avoir vieilli, d'avoir plus d'expérience. Par conséquent ma vision de l'amitié, de la maladie et de la mort a évolué. Et bien sûr, nos connaissances et le traitement du VIH ont heureusement bien changé aussi. Personnellement, ce livre est matière à réflexion. Par contre, il m'émeut peu pour je ne sais quelle raison.
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Pas facile a lire , Hervé Guibert n'en est pas moins un grand auteur qui parle avec une urgence qui prend au tripes . Cet opus est trés important dans son oeuvre et il vaut mieux commencer par lui pour se faire une idée plus précise du personnage . Un livre fort , puissant , qui reste en mémoire de maniére durable . A découvrir pour voir toute la singularité de cet auteur inclassable .
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Mon valet et moi

Quand Hervé Guibert écrit "Mon valet et moi" il n'a que 35 ans mais s'imagine dans la peau d'un vieil homme de 80 ans. Et ce n'est pas par hasard qu'il évoque la déchéance physique ; il est atteint du sida et va mourir quelques mois après la publication de ce texte court.

Il est court mais d'une grande profondeur et d'un cynisme qui lui donne toute sa valeur.

Il s'agit d'une sorte de journal, celui du vieil homme qui raconte la fin de sa vie avec son valet. Ce dernier est un jeune homme qui a fait du cinéma à l'adolescence et qui n'avait plus de travail. Il a été recruté par le narrateur, ancien auteur de pièces de théâtre légères.

Mais le valet sous ses airs courtois est un voyou.

Il va congédier le personnel et gérer l'ensemble des affaires de ce vieux et riche dandy qui habite rue de Varenne dans un hôtel particulier parisien. D'ailleurs, l'octogénaire il lui a cédé sa chambre pour dormir sur le canapé du salon car c'est plus pratique.

On voit comment petit à petit l'emprise du valet sur le maître va être de plus en plus importante jusqu'à lui voler sa morphine alors qu'il ne peut pas se défendre.

On ne sait jamais de quel côté est la servilité et c'est ce qui est très impressionnant dans l'écriture d'Hervé Guibert.

Et puis ça ne l'empêche pas d'avoir de l'humour notamment quand il se moque de Marguerite Duras. Petite revanche peut-être alors qu'ils ont tous les deux un point commun, cette écriture minimale et pourtant très puissante.



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Fou de Vincent

Une gueule d’ange. Un regard bleu glacier. Une douceur mêlée de cynisme, une douleur infinie, une puissance incandescente. « Le pied » somme toute, du moins le disait-il.



En 1990, un an avant son décès, la France toute entière s’émeut et se scandalise à la découverte de A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, le dernier roman d’Hervé Guibert, 35 ans et déjà petit génie des Lettres Françaises. Dans la célèbre émission télévisée « Apostrophe », à la veille de la mort de l’auteur, face à un Bernard Pivot qui n’en menait pas large, la magnifique présence du jeune homme prend le pays à la gorge. Sa candeur, son aplomb, son obscénité, fascinent. Il séduit autant qu’il inspire le rejet. On s’offusque de sa crudité. On ne comprend pas comment un si parfait visage peut formuler de telles abjections. On admire aussi. Et on a raison.



C’est par l’émission de Matthieu Garrigou-Lagrange, sur France Culture, que j’ai pour la première fois entendu parler d’Hervé Guibert. Prise d’intérêt pour cet homme dont je ne saisissais encore qu’à peine la puissance, je me suis plongée dans toute une série d’archives, d’interviews et de lectures à son sujet. J’ai été subjuguée par la quantité d’écrivains et de lecteurs pour lesquels il y avait un « avant » et un « après » Hervé Guibert. Des hommes et des femmes qui parlaient de lui avec un respect, un amour et une admiration infinie. Pour l’homme qu’il était mais surtout pour l’auteur.



Très vite, quelques uns de ses romans se sont dégagés du lot. Fou de Vincent, publié en 1989 en faisait partie. Hervé Guibert y racontait sa relation érotique et obsessionnelle avec Vincent, au prisme de fragments aussi crus que sublimes.



Au creux de ce roman, c’est tout Hervé Guibert qui transparait. Ses amours, ses doutes, ses souffrances, sa vie brisée par les années sida, la peur de l’infection, les amis qui tombent les uns après les autres dans une douleur infinie, la maladie, celle qui aura raison de lui en 1991 ; il n’avait que 36 ans.



Dans une langue crue, brute, parfois dénuée de tout sentiment de manière à laisser l’émotion s’épanouir majestueusement, Hervé Guibert nous livre tout de cette passion déchirante pour celui qu’il nomme l’enfant. Noirceur michelangelesque, candeur infinie. Son écriture est celle de la chair, du sexe, de la « sueur de l’absolu ». C’est une poésie de la pornographie à l’état pure, une ode à un érotisme cru et incarné. A la beauté des gestes rime la pureté des mots. Chaque phrase, choisie au hasard au cœur du roman, est un miracle de littérature, une petite perle, souvent cabossée, parfois abîmée, mais toujours précieuse. Cette rhétorique de l’écriture de la chair rend chaque page plus sublime que la précédente. Et cette magnificence n’est pas le fruit d’artifices et de pulsions conventionnelles.



Sa fascination pour les corps l’amène à la description de morceaux de chair bien éloignés des canons et des standards, des corps menant leur propre vie, parfois laids, disgracieux, sales, mais toujours beaux, au fond de ses yeux. Son propre corps, alors même que celui-ci commence à la trahir (les premiers symptômes du Sida apparaissent) se transforme en objet d’écriture et la proximité de la mort métamorphose sa désillusion en un acte de courage incommensurable.



C’est par l’écriture de Fou de Vincent, qu’Hervé Guibert tente d’oublier cet amour. Il le magnifie autant qu’il le salit, l’abîme et le sculpte, le dévore et le rejette. Par la force de ses mots, le soin porté au choix des phrases, à l’ordre des fragments, il dresse le portrait magistral d’une liaison aussi destructrice que salvatrice, aussi douce que sauvage.



Un roman à faire sien de toute urgence.




Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Le Protocole compassionnel

C'est un livre bouleversant, celui d'un homme qui se sait condamné par la maladie. Un changement de traitement lui fait croire à une rémission et lui redonne la force d'écrire à nouveau. Guibert raconte sa souffrance physique, sans pathos, ses rapports compliqués avec les médecins et l'hôpital de façon général. Ce livre parle d'une époque maudite où le sida effrayait et où les malades erraient littéralement de traitement en traitement, plein d'espoir et de misère.
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

H. Guibert était un adepte de beaux textes. C’est toujours un ravissement de découvrir ses mots, son doigté et son goût pour les phrases bien choisies. J’aime le lire.

Comme beaucoup d’écrivains doués, il était aussi un anxieux, un homme en perpétuelle recherche. Malheureusement, son état de santé ne lui a pas permis de vieillir en atténuant ses angoisses.

Ainsi, ce texte, au-delà de la rancune qu’il transporte, est une bouteille à la mer. L’amertume est de mise avec parfois, la résignation de l’homme blessé. Alors, l’homme belliqueux n’est plus. Il devient triste. Et bien qu’apaisée, je n’aime pas le lire triste.

Spleen d’une autre époque. Magnifique récit.
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Des aveugles

Voilà un roman bien déroutant.

Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'absence de situation spatio-temporelle. Cela pourrait se passer en 1930, en 1980, on ne sait pas vraiment où... J'ai finalement opté pour l'époque d'August Sander, comme le suggère la couverture du Folio (photo Enfants aveugles, de Sander)

Robert et Josette ne voient rien. Ils vivent reclus dans une sorte d'institution pour non-voyants (qui ressemble davantage à un internant à l'ancienne). Il y a effectivement un amant dans l'affaire, mais je ne suis pas tellement d'accord avec la plupart des commentateurs. Ce triangle amoureux n'est pas selon moi le centre du récit.

Le centre, c'est la description. Entre Zola et Céline, en y ajoutant une liberté de ton toute guibertienne, ainsi qu'un incipit qui m'a largement fait penser à celui du grand Meaulnes, la peinture (oserais-je dire la photographie) des personnages, de leur quotidien, de leur environnement est l'élément majeur.

Il y a quelque chose de la fable.

Avec ce roman, on pourrait en fait dire:"il y a quelque chose de çi ou de ça", sans pouvoir dire ce qu'il est vraiment.

C'est indéfinissable, il faut le lire et se laisser toucher, je ne vois rien d'autre à dire!



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Zouc par Zouc

Ce petit livre à la si belle couverture avec une petite fille souriante croquant une pomme résume l'espièglerie de Zouc, humoriste suisse que j'adore. Paru initialement en 1978, il s'agit de la réédition de "Zouc par Zouc" devenu introuvable et un beau cadeau que mon mari m'a fait.

Dans les années 1970, Zouc s'est fait connaître et appréciée avec ses spectacles où elle dresse notamment le portrait des personnages qui l'entourent. On retrouve d'ailleurs dans ses sketchs grinçants et drôles sa qualité d'observation du quotidien.



"Zouc par Zouc" est une série d'entretiens menés par Hervé Guibert avec qui elle s'entendait bien. Elle se livre avec légèreté et gravité, humour et sérieux en improvisant des confidences lucides et sans complaisance.

Le livre est composé de séquences d'interviews sous forme d'exercices autobiographiques.

Elle raconte son enfance pas comme les autres, l'enfermement en hôpital psychiatrique après une tentative de suicide, la peur de ne pas être aimé mais aussi les passions et la fascination de ceux qui l'entourent. le chapitre le plus long intitulé L'asile est aussi le plus triste d'autant plus que l'on sait que c'est à l'hôpital (bien plus tard) qu'elle sera victime d'une infection nosocomiale qui va la contraindre à cesser son activité théâtrale. Mais c'est aussi un lieu qui a inspiré celle qui a marqué le monde de la scène francophone.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge XXème siècle 2024

Challenge Gourmand 2023-2024

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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

A peine Hervé Guibert venait-il de nous quitter en cet hiver 1991 que je me précipitais chez mon libraire pour lire son œuvre littéraire.



Il a tout consigné de sa maladie et de sa vie avant de tirer sa révérence (bien trop jeune). L'écriture est Dense. Crue. Vraie : elle sort de ses tripes. Magnifique. Même si son absence d'illusions demeure parfois dure à lire.



Bientôt 30 ans qu'il est parti et pourtant il est toujours bien là.





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L'image fantôme

Récit en séquences, chacune analysant un médium ou genre photographique (tout y passe) pour révèler un rapport à l'image intime, identitaire, sociale, familiale, érotique, artistique, ... . Entre souvenirs et présent, des moments différents reliés ça et là par des présences et absences affectives. Ode à la mémoire et au passage du temps.
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Dans ce livre, Hervé Guibert raconte qu'il a eu le sida, cette «maladie de sorciers, d'envoûteurs», pendant trois mois. «Plus exactement, j'ai cru pendant trois mois que j'étais condamné par cette maladie mortelle qu'on appelle le sida.». L’auteur nous conte sa maladie, son quotidien de malade : la douleur, le désespoir, l’ignorance dans laquelle on se trouve à l’époque. Il revient sur ses souvenirs, ses rencontres. On croise ainsi des personnes célèbres, à peine « déguisées », comme Michel Foucault et Isabelle Adjani. Mais il ne s’agit pas ici d’une autobiographie, plutôt d’une autofiction, entre le témoignage et la fiction. En effet, l’auteur parle certes de sa vie mais la fiction double la réalité.



Ce livre a fait scandale à l’époque où il est sorti, notamment parce qu’Hervé Guibert y dévoile que son ami Michel Foucault est mort atteint du sida. De plus, il ne maquille rien de la réalité de la maladie, l’auteur n’hésite pas à décrire le quotidien des malades atteints du sida.

Voici un des romans majeurs sur le Sida.



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Mon valet et moi

Chef-d'oeuvre écrit par un homme épuisé, face à la maladie, au désir et à la mort. Une écriture à la fois nue et travaillée. La vérité du mensonge et le mensonge de la vérité.
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Le Mausolée des amants

Le journal d'Hervé Guibert, tenu pendant toute sa vie d'adulte. Un témoignage fascinant à la fois sur sa vie, ses amours, sa maladie, sa carrière. A la naissance de tous ses autres écrits, il est la clef qui permet de comprendre l'ensemble. Le plus surprenant est que le journal même a été retravaillé par l'auteur et tend par moments vers la fiction. Magistral.
Lien : http://madimado.com/2012/01/..
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Ce récit autobiographique tourne autour de la séropositivité, du regard des autres qui change, des amis qui désertent. C'est brutal et tragique, mais ce n'est qu'un des livres sur ce thème.

Une citation: "J'ai senti venir la mort dans le miroir, dans mon regard dans le miroir, bien avant qu'elle y ait pris position".

Je me rappelle, il y a environ 25 ans, j'étais invité à la première de Phèdre de Racine au Théâtre Royal du Parc à Bruxelles. J'étais assis au bout d'une rangée. Avant le lever de rideau, une fois les lumières éteintes, on a amené à ma gauche quelqu'un en chaise roulante, comme cela arrive souvent. Ce n'est qu'à la réception qui a suivi que j'ai appris, le verre à la main, que c(était le metteur en scène, dont le travail avait dû être repris par Yves Larec, le directeur du théâtre. Arrivé dans le noir, il était reparti dans le noir, au baisser du rideau.
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Malgré la lecture de trois autres livres, je découvre véritablement l'écrivain avec son plus célèbre opus. Guibert, séropositif puis malade, raconte sa relation au SIDA, la transformation de son corps, sa tentation de mourir avant que plus rien ne soit possible.

L'auteur évolue dans un cercle privilégié (financier, social et médical) atténuant certainement la cruauté de la maladie à une époque où les incertitudes médicales concourraient à développer peur et rejet.
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Roman autobiographique d'Hervé Guibert qui se savait condamné par le sida. Beaucoup de désespoir dans ses propos que l'on comprend bien évidemment tant il est dur de quitter la vie à 36 ans. L'écriture est très adaptée à cette chronique d'une mort annoncée. Un tel livre aurait-il autant d'impact aujourd'hui, environ trente ans plus tard?
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Zouc par Zouc

Je me souviens très bien de Zouc. Je me souviens que je l’adorais quand j’étais petite, qu’elle me faisait rire, quoique différemment des autres. Elle avait quelque chose d’étrange, au sens fort, quelque chose de mystérieux. Je crois qu’elle me fascinait.

Puis un jour on ne l’a plus vue. J’étais petite, je n’ai pas posé de questions. Pourtant, même son absence était mystérieuse. Impossible de me souvenir si on me l’a dit ou si je l’ai imaginé, mais j’étais persuadée que Zouc était partie volontairement. Qu’elle ne voulait plus qu’on parle d’ elle. Qu’elle était passée à autre chose.

Alors je n’ai plus parlé d’elle mais je ne l’ai pas oubliée.

Et puis un jour, ses entretiens avec Hervé Guibert ont été réédités. Je me suis précipitée dessus, forçant presque mon libraire à ouvrir le carton pour satisfaire mon impatience.

En fait, ces entretiens ressortaient à l’occasion d’une pièce interprétée par Nathalie Baye. Au cours des émissions de promo, j’ai appris que non, Zouc n’était pas partie volontairement. Elle avait quitté la scène parce qu’elle souffrait d’une maladie grave, mais elle restait une femme vive, brillante, pleine de charme et de drôlerie. Et qu’elle était touchée et émue qu’on se souvienne d’elle.

Ça n’aurait rien changé si je l’avais su plus tôt. Je n’aurais pas su quoi lui dire ni où m’adresser pour le faire. Publiés chez l'arbalète (Gallimard), ses entretiens flèches touchent nos pomme, vrais cœurs de cible... on ne se quittera plus.
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Mes parents

Mes parents débute, en 1983, avec la grand-tante Louise, qui, se sentant mourir, se met à faire le ménage dans ses papiers et à brûler les plus compromettants. Guibert interroge alors ses deux grand-tantes et apprend que sa mère aurait commis une infamie. C'est ainsi que le secret du mariage des parents de Guibert est dévoilé. A partir de là, il enchaîne chronologiquement le récit de souvenirs marquants, de sa naissance à la maladie de sa mère, des années plus tard. On a donc une suite de paragraphes plus ou moins longs, parfois très courts dans lesquels il évoque ses premières amours, les vacances familiales, les dîners etc.., soit des scènes de famille, souvent teintées d'érotisme.



Mes parents est un récit éclaté, dans lequel Hervé Guibert reprend, réinvente ou reconstruit ses souvenirs d'enfance. Environ un tiers du livre est constitué de pans entiers de son journal qu'il reproduit : "A partir de 1979, mes parents occupent à peu près un cinquième de mon journal. Je vais recopier ici les passages qui les concernent, rajoutant entre eux les épisodes qui sur le moment m'ont fait défaut." (p.120). La relation qu'il entretient avec ses parents est compliquée, mêlée de haine et d'amour, presque malsaine. Guibert laisse libre court à ses fantasmes : son père se superpose souvent à l'image de ses amants, et Guibert se surprend à souhaiter la mort de sa mère.



J'aime l'écriture de Guibert, franche et directe, que j'avais découvert avec L'Image fantôme (éditions de Minuit). J'avais ensuite enchaîné avec Suzanne et Louise, un recueil de photographies et de fac-similés de textes manuscrits consacrés à ses grand-tantes. Dans Mes parents, j'ai particulièrement aimé le récit de ses premières amours, ses souvenirs d'école (les billes et le papier crépon) et l'évocation de la relation torturée qu'il a avec ses parents. J'ai moins aimé les descriptions crues d'actes sexuels et la morbidité quasi omniprésente dans Mes parents. Je lirai volontiers, mais plus tard, car ce livre m'a marqué, d'autres livres d'Hervé Guibert.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie

Récit autobiographique de l'auteur atteint du sida, décédé à l'âge de 36 ans.

À travers ce récit, l'auteur nous parle de cette maladie. Il ne nous épargne rien. L'annonce, les nombreux examens médicaux, la dégradation physique et ce que cette maladie engendre comme perspective a cette époque : la mort.

Au travers de la déchéance de son ami Muzil atteint de la même maladie, l'auteur nous livre ses réflexions sur le sens de la vie, sur la mort. Une certaine amertume se dégage vis-à-vis de la solitude à laquelle il a dû faire face, avec des amis lui ayant tourné le dos.



"C'est une maladie qui donnait le temps de mourir et qui donnait à la mort le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin la vie".

Un récit que l'on peut superposer à d'autres maladies telles que le cancer.



J'ai eu du mal à m'habituer au style de l'auteur, avec ses longues phrases de près d'une page. Je l'ai ressenti comme une urgence de nous livrer ses ressentis. J'ai aussi été déstabilisée par les changements de temporalité au sein d'un même chapitre.

Le langage est parfois cru mais les mots sont vifs, tranchants.



Bref, un récit bouleversant!

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