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Critiques de Ian McEwan (1254)
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Sur la plage de Chesil

Très touchée par ce roman d'une incroyable justesse qui explore, autour du fiasco d'une nuit de noces de deux jeunes gens de conditions et complexions différentes, le poids de leurs passés respectifs et celui de l'époque (1962, avant que la cocotte minute de 1968 explose) dans cet échec.

Aurait-il suffi d'un peu plus de connexion et de quelques années pour dépasser cet abyme d'incompréhension qui les empêche de converger ?

Construction parfaite, plume impeccable : très envie de découvrir d'autres oeuvres de Ian McEwan que je ne connaissais pas.

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Solaire

C'est à la dérive d'un incontinent en devenir, que nous fait assister Ian McEwan à travers les atermoiements d'un cynique -divorcé cinq fois, le compte est bon-, égocentrique et attiré par la lumière que lui vaut un prix Nobel obtenu par les efforts fournis dans un temps où il avait Milton pour plaire. Obtenu par défaut, aussi. Le personnage qu'est Michael Beard prend en épaisseur et en densité au fil du récit, pour son malheur, et pour notre plaisir subversif, il n'a de trajectoire ascendante que sa courbe de poids corrélée à son infatuation. Ce portrait de scientifique sur le retour, cette photo, synthèse de la pensée d'un homme chérissant son moi bien plus que son chez soi, serait pénible, désagréable, insupportable même s'il n'émanait d'un Anglais, s'il n'était émaillé de cet humour désabusé, distant et distingué. Un humour inimitable à cent lieues de la question que je vous pose, mais pourquoi ce titre : Solaire si le héro n'est pas une crème ?



Avec un talent fou, l'auteur arrive à faire rentrer plus de choses dans ce roman que ne le ferait n'importe laquelle des conquêtes de notre boulimique physicien maître es-séduction dans un sac à main. Les nombreuses digressions sont très savoureuses et malgré cela vous ne prendrez pas un gramme. Et si Micheal Beard donne l'impression de vouloir prendre toute la place, le lecteur assiste néanmoins ébahi à une série de tableaux hauts en couleurs -Ah, voir l'entropie à l’œuvre dans le vestiaire, quel moment d'anthologie !- et découvre une brochette de seconds rôles plus appétissants que des mannequins dans un défilé de lingerie fine. Ah cette physicienne féministe, ah ces manifestants bien pensants et haineux, ces journalistes de tabloïds, ces artistes en Arctique, ces futurs docteurs en physique, ces représentants de fonds de placement. Les femmes, les amantes. Et puis, c'est l' plombier qui fini à l'ombre, alors pourquoi ce titre : Solaire ?



Voilà donc un personnage narcissique, opportuniste sans états d'âme, propension marquée à l'alcoolisme, plutôt lâche, physique ingrat qui se traîne dans un livre qui n'est ni un polard noir, ni une tragédie, ni une comédie, ni non plus une pièce de boulevard, ni une thèse de doctorat, ni un conte. Mais faut-il être beau et honnête pour sauver le monde ? La route de l'enfer n'est-elle pas pavée de bonnes intentions ? Et si un égoïste n'agissant que pour satisfaire son ego surdimensionné finissait par faire le plus de bien à la planète ? Et au concours du plus gros menteur, qui gagne finalement ? Qu'est-ce donc pour un livre qui contient aussi une part de philosophie ? Désolé, zéro, pour celui ou celle qui vient de répondre : un sac à main. Il, elle peut commencer de suite la lecture du bouquin, notez c'est une récompense pour avoir suivi et participé. Mais, zéro quand même. Pour le livre, je relève la note, je mets 4/5.



Revenons à la question initiale ; mais pourquoi ce titre : Solaire si le héro n'est pas une crème ?

(C'est un comique de répétition pas de l'humour anglais ; la crème, par contre, pourrait l'être)

1. Micheal Beard a besoin du soleil pour son propre rayonnement.

2. Sans soleil Narcisse ne sait pas se mirer dans l'eau.

3. Il faut du soleil pour la photosynthèse (si j'en ai parlé, relisez vos notes)

4. Micheal Beard va mourir d'un cancer de la peau. (non ce n'est pas un spoiler, c'est une hypothèse, d'où l'importance de la crème dans cette question)

5. All of the above (bien oui, un peu d'anglais tout de même, pour saluer Ian McEwan)
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Opération Sweet Tooth

Une fois n'est pas coutume la présentation éditeur de ce roman est particulièrement juste. Elle n'en dit pas trop tout en amenant les informations essentielles à la bonne compréhension de cette histoire un poil tordue. Et elle donne vraiment envie de découvrir ce livre.



Ian McEwan fait un peu son John le Carré dans ce roman intelligent. Son tableau des préoccupations du MI5 en cette année 1973 est éloquent. Mais j'ai trouvé le personnage de Serena Frome si attachant que je ne me suis pas ennuyé une seconde en sa compagnie. Elle a été recrutée comme simple secrétaire, au plus bas de la hiérarchie. Son maigre salaire lui permet à peine de louer l'équivalent d'une chambre de bonne dans un immeuble qui abrite trois autres colocataires, étudiantes en droit.



Elle va être amenée à devoir convaincre un jeune écrivain d'accepter le mécénat d'une riche association qui encourage les arts. Sans lui dire, évidemment, que celle-ci est liée aux services secrets, qui entendent mener des actions dans le domaine de la culture pour combattre le communisme.



Cet écrivain, Paul Haley, elle va en tomber amoureuse, ce qui sera le cœur du problème. Serena n'est pas une oie blanche . Jusque là ses amants avaient plutôt la caractéristique d'être des hommes rassurants.



Ce que j'ai le plus aimé dans ce roman, ce sont ses double-fonds littéraires. Par exemple, des nouvelles de Paul Haley sont détaillées et abondamment citées par Serena. Au-delà de ces apparences trompeuses entre inspiration et caractère de l'auteur, Ian McEwan ajoute au final encore un dispositif de narration que j'ai trouvé brillant. Une vraie pièce d'horlogerie !
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Psychopolis et autres nouvelles

Seule, la première de ces trois nouvelles m'a véritablement intéressé. « Masques » est l'histoire d'un petit garçon, Henry, qui est recueilli par sa tante à la mort de sa mère. Et cette tante, complètement névrosée, va l'habituer à se travestir, en l'habillant comme une fille. C'est une intrigue particulièrement intéressante sur la perversion d'une femme à l'encontre d'un enfant. « Pornographie », plus courte, a également pour thème les déviances sexuelles. Je n'ai pas lu jusqu'à la fin la dernière, « Psychopolis », dont l'intrigue se déroule à Los Angeles, et n'a pas su me captiver. Il est assez curieux que les éditions Folio, aient choisi ces trois nouvelles, extraites du recueil « Sous les draps et autres nouvelles », pour leur livre à 2 euros. Je ne connais pas assez l’œuvre de McEwan pour en juger mais j'ai nettement préféré ses romans « Sur la plage de Chésil » ou « Expiation » qui offrent aussi un regard sur les travers de la société anglaise, mais me semblent beaucoup plus aboutis. De la lecture de ces nouvelles, il me reste un goût d'inachevé et une petite déception pour cet auteur dont j'attendais beaucoup plus.
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Dans une coque de noix

Le narrateur est un fœtus dans le ventre de sa mère, il perçoit tout de ce que ce passe en dehors, il entend les bruits, les conversations, il perçoit les mouvements de sa mère, les intrusions inopinées et même les pensées de celle qui le porte. Bien sûr, c'est un être conscient de sa vie et du complot qui se trame entre sa mère et son amant...

J'ai été un peu déstabilisée au début par ce parti de rendre conscient un futur être humain mais aussi du statut de la mère fautive. Cependant, la narration est très agréable et plein d'humour (même si le bébé à naître est amateur de bon vin). Le bébé ne fait pas quel parti prendre mais il veut sauver son père et assurer sa liberté), il n'a pas beaucoup de possibilité d'action...Je n'ai pas lu Hamlet mais j'ai apprécié l'exercice d'écriture. C'est presque trop court !

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Expiation

Coup de cœur car tout m'a plu dans ce roman et tout d'abord l'écriture. Grâce à elle j'ai à la fois lu mais aussi vu une histoire car la richesse des détails permet de tout visualiser mais sans lourdeur, sans longueur, oui une écriture visuelle qui n'est pas sans me faire penser à Virginia Woolf, que Ian Mc Ewan évoque d'ailleurs, comme un clin d'œil, dans une lettre d'un éditeur à Briony qui rêve de devenir écrivaine :



"Malgré tout, nous nous sommes demandés si cette technique n'était pas trop redevable de celle de Mrs Woolf. Le moment présent, cristallin, est bien sûr un sujet valable en soi, en particulier dans la poésie ; il permet à l'auteur de révéler ses dons, de fouiller les mystères de la perception, de présenter une version stylisée des processus de la pensée, d'explorer les caprices et l'imprévisibilité de l'être intime, etc...(p410)"



Ian Mc Ewan construit son roman autour de la personnalité de Briony Tallis, 13 ans, enfant à l'imagination débordante, fantasque, égocentrique, ayant entre autre projet de devenir écrivaine et qui observe tout ce qui l'entoure car pouvant devenir un sujet d'écriture. Elle voit, elle entend, elle imagine.... Mais justement là est le problème...... Ce qui peut se trouver dans un roman dans lequel tout peut arriver sans grave conséquence sur la vie, dans la réalité c'est un jeu dangereux et Briony ne va pas se rendre compte de l'importance de ses paroles guidées non pas sur une vérité mais sur ce qu'elle croit être, sur un à-priori, un ressenti.....



Nous sommes les témoins privilégiés d'une journée décisive qui va se conclure par un événement  dramatique (que je vous laisse découvrir) et qui va bouleverser le devenir de toute une famille et en particulier celui de Brony qui va en être l'élément central et capital.... Et là l'auteur expose la psychologie de chacun de ses personnages, par petites touches, un à un les caractères se dessinent, les réactions aux événements sont parfois loin de celles que l'on croit, l'auteur est le maître d'œuvre et il ne reste qu'à nous laisser porter par lui.



Découpé en trois parties + un épilogue, le roman est articulé principalement autour de la personnalité de cette adolescente, partant d'une réunion de famille en 1935 dans un milieu aisé pour continuer sur les routes de l'exode et de la débâche en 1940 pour finir dans les hôpitaux de guerre où arrivent les blessés et où Briony est élève infirmière. Trois parties et des ambiances très différentes avec la même maîtrise, le même souci du détail afin d'en faire une œuvre romanesque aux multiples facettes (familiale, historique, psychologique)



"J'adore ces petits riens, cette approche pointilleuse de la vraisemblance, cette correction de détail qui, cumulée, procure tant de satisfaction. (p471)"



L'auteur déroule son histoire dont lui seul connaît l'issue car là est la magie d'un écrivain et je dois avouer que le charme a opéré sur moi et ce jusqu'à la dernière page. J'ai été emportée par cette fresque qui démarre dans la clarté d'une belle journée d'été et la joie des retrouvailles et qui se poursuit dans la noirceur d'un pays en guerre. Briony tentera de trouver un soulagement à la souffrance de la faute commise dans la souffrance d'un monde en guerre.



Peut-on réparer ses erreurs, devons-nous être punis toute notre vie pour un acte commis dans l'enfance, sans avoir peut-être réellement conscience de sa portée, de ses conséquences, comment chacun trouve en lui les ressources pour continuer, survivre, accepter ? L'auteur évite tous les écueils du genre et ne donne d'ailleurs pas toutes les réponses, se glissant dans son personnage principal, Briony, pour nous avouer les pistes imaginées ou empruntées car un romancier à tous les pouvoirs dont celui de parfois enjoliver les faits pour pouvoir continuer, se souvenir avant d'oublier.



Adieu Briony, je te laisse à regret car j'ai passé auprès de toi de jolies heures de lecture mais j'ai surtout revu mon jugement sur un auteur, Ian Mc Ewan, que j'avais déjà tenté de lire avec Sweet Touch et que j'avais abandonné car je m'ennuyais beaucoup. Décidément j'aime la littérature anglaise quand elle offre une écriture de qualité alliée à un récit bien construit, qui évite tous les poncifs et dont le fond est à la fois instructif et humain.



Merci aux avis de certain(e)s lecteurs (rices) qui m'ont vivement conseillé celui-ci suite à la parution de son dernier roman Une machine comme moi que l'on m'a prêté et que j'ai hâte de découvrir.....
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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L'intérêt de l'enfant

Ian McEwan n'a pas son pareil pour gratter là où ça fait mal, d'enfoncer insidieusement un coin dans nos confortables certitudes et de creuser, creuser, jusqu'à ce que le vernis craque.



Comme dans "Samedi" qui mettait en scène un neurochirurgien, c'est à un personnage qu'on croirait a priori à l'abri des grands tourments de l'âme et des remises en question que l'auteur vient bousculer ici : une femme, juge aux affaires familiales, dans sa pleine maturité et dans la maîtrise de son expertise, bien installée dans un confort intellectuel et moral gagné de haute lutte.

Si ce n'est que, alors que son couple se lézarde, le dossier particulièrement sensible d'un enfant en danger de mort qui refuse la transfusion qui peut le sauver va générer chez elle quand elle devra le traiter des questions, une rencontre, un bousculement de certitudes amenant une recomposition de sa cosmogonie personnelle.



J'apprécie de plus en plus en Ian McEwan l'observateur clinique des animaux sociaux que nous sommes et le chirurgien vaguement mélancolique des comportements humains, même s'il semble à travers son oeuvre que personne ne soit à l'abri du désordre et de l'instable.
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L'intérêt de l'enfant

Encore un roman de McEwan qui a su me conquérir. L'histoire est centrée sur Fiona, une juge des affaires familiales, terriblement douée et redoutablement efficace dans son environnement professionnel. Elle est aussi une pianiste accomplie. En somme, elle a tout pour réussir, pour être heureuse. Fiona fait cependant face à une crise maritale peut-être justement parce qu'elle est trop absorbée par son travail. Sait-on ?

The children act (j'ai lu le roman en anglais) traite avant tout des affaires sensationnelles et délicates du droit de la famille — on sent que McEwan s'est soigneusement documenté. C'est aussi un roman psychologique: Fiona s'interroge sur ses choix de vie et sa vie personnelle et professionnelle se heurtent douloureusement. Elle est contrainte de choisir, littéralement, entre la vie et la mort et sa décision, bien que correcte et juridiquement valable, mène aux deux… C'est une belle mais triste histoire dont je recommande la lecture sans réserve d'aucune sorte. McEwan se classe selon moi parmi les très grands écrivains contemporains.
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Expiation

Ça commence avant la dernière guerre mondiale, plus précisément en 1935, dans une ambiance proche de Downtown Abbey où règne la cohésion familiale en dépit des non-dits — ou peut-être grâce à eux. Intrigues et suspense sont aussi au rendez-vous et l’auteur, comme dans un bon roman policier, termine cette première partie sur une note dramatique qui nous fait redouter le pire. Mais il nous frustre de la suite immédiate en abordant la deuxième partie: on saute allègrement quelques années en entrant alors dans le genre récit de guerre. Il s’agit de la déroute de Dunkerque (mai-juin 1940) que les Anglais s’appliquent à appeler une retraite et à présenter comme une victoire mais que les Français ressentent encore comme une trahison. Puis la troisième partie nous montre un autre aspect de la guerre, soit le travail astreignant des infirmières des hôpitaux londoniens. De ce point de vue, les trois parties pourraient quasiment être lues indépendamment. Elles sont toutefois subtilement inter-reliées par le biais des personnages mis en place dès le début. L’épilogue remet en scène l’anti-héroïne (au nom invraisemblable de Briony) qu’on a connue adolescente en 1935 et suivie comme élève-infirmière pendant la guerre. Elle vit maintenant ses vieux jours, menacée des pertes cognitives dues à l’âge, et entourée de ce qui lui reste de famille. C’est elle qui aurait écrit ce récit qui serait une sorte de catharsis (d'où le titre du roman) et elle nous montre au passage les ficelles de l’écrivain, ses arrangements avec la réalité, ses recherches documentaires, les corrections de son éditeur…

C’est finement mené, juste dans le ton et original dans la conception et la construction. J’ai aimé en particulier les incursions subtilement amenées dans l’univers du travail de l’écrivain: elles donnent une autre dimension au récit.

C’était ma première rencontre avec Ian McEwan et j’ai eu l’impression d’avoir à faire à un grand auteur que je me promets de le « revisiter » bientôt… Je tire mon chapeau aussi à Guillemette Belleteste dont la traduction est aussi en soi un travail d'écriture littéraire.
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Sur la plage de Chesil

J’adore ces livres qui s’apprécient comme des parfums, laissant différentes senteurs se développer au fil des heures…

Le récit tourne autour d’une nuit de noces. Elle est prude, lui est maladroit. On pourrait se moquer, mais non: on ne se moque pas de quelqu’un qui nous fait le cadeau de se dévoiler, on est plutôt ému, attendri. C’est beau… Outre la nuit de noce, l’auteur raconte aussi le passé des deux jeunes, et leur rencontre. En fait, l’ambiance est étrange. L’histoire se passe en 1962, mais on se croirait un siècle plus tôt, tant dans les manières des personnages et dans le style du récit. Cela crée une sorte d’hiatus qui nous plonge dans un climat que je peine à décrire mais qui m’a charmé. J’ai beaucoup apprécié la langue calme et finement ciselée comme celle des bons auteurs de nouvelles (bien que ce livre-ci n’en soit pas une).

Et puis, juste avant que certains lecteurs plus impatients auraient pu trouver le temps long, le récit oblique vers un style plus vif, qui relance l’intérêt. L’amour prend une autre tournure, extrême, que je ne dévoilerai pas ici. Extrêmement romantique, peut-être. Cela fait rêver, quelque part. On referme le livre, on le pose, mais l’esprit reste dans le sillage de son parfum…
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L'intérêt de l'enfant

Au centre, Fiona Maye, une femme imparfaite - comme tout le monde- exerçant un métier qui requiert la perfection : juge ( ici, des affaires familiales.) Une femme tres froide, très insensible, très ambitieuse, un peu trop satisfaite, très solide et forte. Aussi quand son goujat de mari ( son quasi double en matière d'insensibilité et d'égoïsme) lui explique brutalement qu'il veut faire exulter son corps encore une fois avant de mourir ( bon, ils ont 59 ans, faut pas paniquer ...) elle est heurtée-mais pas trop, le met un peu dehors, et se consacre à une terrible affaire. Qui demande du doigté. Un adolescent de presque 18 ans, leucémique, refuse la transfusion qui le sauverait , au nom de ses préceptes religieux. Est-il manipulé par ses parents ? Par les " anciens" qui viennent le voir à l'hôpital ? Fiona se rend à son chevet pour se faire une idée. Elle vacille légèrement sur ses bases devant sa précocité, son intelligence et sa beauté, mais rend un magnifique jugement où prime l'intérêt de l'enfant.

Conséquences ? Nombreuses. Et la froide main de la justice aveugle n'est pas armée pour frayer avec l'humanité.

Un livre passionnant et profond, aux personnages très originaux, très uniques, très loin des clichés même dans les clichés ( pauvre Jack, le mari qui fait sa cricrise comme dans un magazine féminin). Fiona est une statue de marbre...Doit-elle le rester ? Ou est-elle un monstre d'égoïsme ? ( je ne pense pas, mais bon ...)

A lire, pour se poser d'innombrables questions qui resteront sans réponses...mais dont il faut être conscients ...

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L'enfant volé

Un peu déçue par cet opus d'un auteur dont je suis pourtant une admiratrice confirmée.

Le propos est toujours (ou plutôt déjà, c'est une "vieille" publication de 1987) fluide et intelligent, mais cette fois-ci beaucoup trop décousue et Ian McEwan perd son lecteur à partir dans trop de directions.

Connaissant l'auteur, on ne s'attend évidemment pas à un traitement en mode thriller d'un pitch qui s'y prête pourtant (la disparition brutale d'un enfant dans un supermarché). L'intrigue au contraire s'inscrit dans un rythme lent pour mieux partir dans des considérations intimistes et contre-intrigues sur le sens de l'existence, le couple, l'enfance comme paradis perdu, la vanité de la position sociale. Avec toujours cette "patte McEwan" qui esquisse avec justesse la toile de fonds sociale, en l'occurrence l'Angleterre thatchérienne.

Or une fois que l'intrigue finit par retomber sur ses pattes en bouclant sur un final plus lumineux, on ne sait plus bien quel livre on a lu, et c'est un peu frustrant.
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L'innocent

Berlin, 1955. La guerre froide n’est pas encore déclarée, mais dans la ville dévastée, l’apparente entente cordiale entre les autorités des quatre secteurs (soviétique, américain, britannique et français) n’est qu’une couche de vernis prêt à s’écailler.

C’est dans ce contexte que débarque Leonard Marnham, jeune Anglais de 25 ans mis à disposition des Américains pour installer le matériel qui permettra d’espionner les communications soviétiques. On se dit alors qu’on plonge dans un bon vieux roman d’espionnage, entre John le Carré et Ian Fleming. D’autant plus que, très vite, les supérieurs (UK) de Leonard lui demandent de surveiller discrètement ses collègues (US).

Bon, mais alors pourquoi ce titre, L’innocent ? Parce que, comme dans tout roman d’espionnage à l’ancienne qui se respecte, il y a une femme. En l’occurrence, elle s’appelle Maria, elle est allemande, jeune mais déjà divorcée d’un mari violent et ivrogne qui vit aux crochets de la Sécu et, quand cela ne suffit plus, revient extorquer de l’argent à son ex-femme.

Pour le candide Leonard, être affecté à Berlin était déjà une aventure en soi, lui qui n’avait jamais quitté son Tottenham natal. Alors, la rencontre avec Maria et la découverte des mystères de l’amour, vous pensez…Coup de foudre, dispute, réconciliation et fiançailles, le tout en l’espace d’un an. Trop beau pour être honnête, et pour tenir la longueur des 400 pages ? Certes il y a des soupçons de manipulations à tous les étages et dans tous les sens. Mais le clou de l’intrigue, le pivot qui fait basculer le rêve dans le cauchemar, se produit la nuit même des fiançailles des deux tourtereaux, lorsqu’Otto (l’ex-mari) fait irruption dans la vie que Maria et Leonard avaient si bien planifiée.



Soyons clairs, ceci n’est pas le meilleur McEwan. Trop long, trop lent, trop de descriptions minutieuses des systèmes de télécommunication, trop oppressant et nauséabond. Ennuyeux.

Du côté positif de la balance, on comptabilisera cependant une belle description de l’ambiance berlinoise de l’après-guerre, une analyse psychologique toujours aussi fine chez McEwan (qui fait penser à Sur la plage de Chesil), et un épilogue qui, se déroulant en 1987, soit deux ans avant la chute du Mur, redonne un peu d’espoir.

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Opération Sweet Tooth

Nombreux sont les romans d'espionnage qui ont été écrits sur la Guerre Froide et, après plusieurs décennies de coups fourrés et de machinations littéraires, on pourrait penser le sujet à peu près épuisé. Ecrivain de tous les défis, Ian McEwan relève le gant en se penchant sur un aspect du conflit généralement ignoré du grand public, « la guerre douce », ou plus précisément la guerre culturelle. Lancée au début des années 70 par le MI5, l'opération Sweet Tooth poursuit un but fort simple en apparence : promouvoir la littérature anti-communiste en subventionnant discrètement des écrivains prometteurs partageant l'idéologie du gouvernement britannique. Mais, comme c'est généralement le cas dans le petit monde tortueux des services secrets, les buts simples entrainent forcément des moyens compliqués. Plutôt que d’offrir directement ses services financiers et prendre le risque de se faire botter les fesses et renvoyer par l’entrée de service (que voulez-vous ? Lutter contre le totalitarisme, c’est bien, mais pactiser avec les infâmes services secrets, c’est mal…), le MI5 préfère mettre en place une fausse association littéraire, la FIF ou « Fondation Internationale pour la Liberté », pour approcher les jeunes auteurs trop ombrageux.



Serena Frome, jeune employée du MI5 toute fraiche sortie de l’université et lectrice passionnée, est la candidate idéale pour cette entreprise de manipulation culturelle. Sûre de son bon droit et pleine de vertueuse motivation – Luttons tous ensemble contre le dragon soviétique, youpladou ! – elle se lance avec enthousiasme dans sa tâche : approcher Tom Haley, un brillant mais fauché jeune romancier, pour le convaincre d’accepter l’aide financière de la FIF. Serena va s’acquitter fort bien de sa mission, si bien d’ailleurs qu’elle ne tarde pas à lier avec Haley des relations allant bien au delà de la simple sphère professionnelle…



Le MI5 grince des dents, mais pas trop tout de même, car l’opération est trop bien lancée pour être interrompue pour une simple amourette, même si celle-ci se fait aux frais du gouvernement. Et puis, franchement, vous pensiez vraiment que l’on engageait des jeunes filles sexy juste pour leur amour de la littérature, vous ? Encore faudrait-il que Haley fasse convenablement ce que l’on attend de lui ! Car si notre séduisant romancier se contentait d’arroser sa charmante maitresse de cadeaux et de boire du champagne au lieu de pondre le chef d’œuvre anti-communiste espéré, ce serait vraiment un comble, pas vrai ?



A l’instar de l’avant dernier roman de Ian McEwan « Solaire », « Opération Sweet Tooth » est avant tout une comédie sociale délicieusement venimeuse, racontée avec un humour grinçant et un sens du portrait typiquement britanniques. Aussi attachants que soient les personnages – et quel lecteur ne s’attacherait pas un tant soit peu à la rêveuse Serena, elle-même lectrice compulsive, malgré sa naïveté parfois agaçante ? – , force est de reconnaître qu’ils inspirent plus facilement l’amusement que la compassion. On pourrait même soupçonner McEwan de prendre un plaisir un brin sadique à manipuler ainsi ses personnages, marionnettes propulsées d’un bout à l’autre du roman au gré de leurs désirs souvent inavouables. Plus encore qu’un roman d’espionnage ou même qu’un roman d’amour, « Opération Sweet Tooth » est surtout un récit sur le pouvoir de l’illusion et du mensonge, ainsi qu’une réflexion savoureuse sur le processus de création d’une œuvre littéraire. Avec finesse et une bonne dose d’auto-dérision, Ian McEwan renvoie les figures du romancier et de l’espion dos à dos, tous deux étant des mystificateurs professionnels et, au fond, aussi peu recommandables l’un que l’autre.



Bien que ne se classant pas parmi mes livres préférés de Ian McEwan – les personnages, ainsi que le style littéraire, m’ont semblé moins fouillés quand dans la plupart de ses œuvres précédentes, même si cette particularité est brillamment justifiée par un ressort de l’intrigue – , « Opération Sweet Tooth » n’en reste pas moins un roman à tiroirs tout à fait réussi et un excellent moment de lecture. Vivement le prochain !
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Expiation

Voici un livre qui porte bien son titre, expiation.

EXPIATION : châtiment, peine subie suite à une faute ou à un crime, pour se faire pardonner ( synonyme: repentir, purgatoire, rachat ) .

Cela dit, il s'agit pratiquement d'un résumé. Reste à replacer les faits dans leurs contextes historiques. L'Angleterre à la fin des années trente, le corps expéditionnaire britannique envoyé en France...et Dunkerque.

J'ai bien aimé le dernier chapitre ou le personnage principal, âgée de près de 80 ans, revient sur les évènements passés.

Racontée avec talent, cette histoire est un bon moment de lecture.
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Sur la plage de Chesil

1962. Le soir de leur mariage, Edward Mayhew et Florence Ponting se retrouvent enfin seuls dans une petite auberge pour leur lune de miel. Mais dans cette Angleterre prude,les appréhensions et la peur de la sexualité des deux tourtereaux vont se transformer en un fiasco total. Dans ce roman d'une écriture ciselée, Mc Ewan passe d'un personnage à l'autre pour montrer toute la complexité de leur désaccord. Entre plaisir et douleur, l'incompréhension grandit et par petites touches Mc Ewan nous décrit les relations qui se tendent au fur et à mesure de la nuit. Jusqu'au final surprenant.

L'auteur anglais dissèque une nouvelle fois, ces petits grains de la vie qui provoquent des catastrophes, l'étude de moeurs des années soixante est formidablement contée et Mc Ewan réussit un roman brillant, subtil et sacrément grinçant.
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Le cafard

Il s’agit d’un pamphlet qui s’attaque au gouvernement britannique et surtout à ceux qui le représentent aujourd'hui. L’allusion à La métamorphose de Kafka est évidente mais il s’agit ici d’une inversion de cette métamorphose puisque le premier ministre britannique ainsi que son cabinet ne seraient que cafards réincarnés en hommes…Tous leurs efforts tendent à faire adopter une loi qui inverserait le sens du flux monétaire: dans cette nouvelle économie appelée Réversalisme, au lieu de dépenser pour acheter un bien ou recevoir un service, on serait dédommagé mais, par contre, il faudrait payer le droit de travailler… Bien sûr, aucune personne censée ne peut croire en cette nouvelle façon de faire; mais l’allusion au Brexit est claire et, toute farfelue qu’ait été cette idée, elle a été menée jusqu’à son application par entêtement, idéologie, populisme ou Dieu sait quelle autre mauvaise raison avec les conséquences que la Grande-Bretagne connaît aujourd’hui. Le roman m’a rappelé dans une certaine mesure La ferme des animaux de George Orwell.

Peut-être ce court roman satirique ne fait-il pas partie des grands romans — ceux que je juge incontournables —de McEwan mais il n’est pas dénué d’intérêt et pour son habileté et son humour je lui attribue quatre étoiles.
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Dans une coque de noix

« Ô Dieu, je pourrais être enfermé dans une coque de noix et m'y sentir roi d'un espace infini, n'était que j'ai de mauvais rêves. »

Shakespeare, Hamlet



Quelle histoire !



Un fœtus soliloque, tête en bas, dans le ventre de sa maman, raconte le complot qui se joue au-delà des parois de son océan privé et auquel il assiste impuissant.

Alors qu'il ne devrait jouir que de l'ennui dans lequel sa situation d'enfant à naître le plonge inconditionnellement, le voilà envahi de pensées aussi bien engagées déjà que son petit corps, orienté vers la sortie, à écouter sa mère et son oncle fomenter un mauvais coup, à réfléchir aussi, à tenter de trouver une solution pour venir en aide à son papa menacé. ,



Un petit-être, un héros in-utero, curieux de la vie qui l'attend dehors, auquel on s'attache immanquablement. D'autant plus que les personnes qui gravitent autour de lui et de sa mère, elle y compris, d'ailleurs, ne lui prêtent aucune attention.

« [...]quelles sont mes chances, à moi qui suis aveugle, sourd, la tête en bas, un presque enfant vivant encore chez sa mère, pendu par les artères et les veines à ses jupes de future meurtrière. »

Un point de vue ingénieux, plein de charme et de sensibilité, et étonnant de réalisme. Un ton décalé, un humour noir so British. Une intrigue très bien ficelée, captivante jusqu'au bout.



« Dans une coque de noix » donne un aperçu de ce que l'amour peut engendrer : des situations perverses et cruelles, et se révèle être une tragédie macabre "délicieusement cynique".
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Dans une coque de noix

Dans une maison londonienne cossue mais crasseuse et mal entretenue, un couple diabolique s’apprête à commettre l’irréparable : tuer le mari de la belle. L’amant n’étant autre que le frère de ce dernier, le crime sera également un fratricide, commis par Claude, homme vulgaire, agent immobilier aimant l’argent et le sexe, jaloux de John, éditeur et poète. John marié à la ravissante Trudy et héritier d’une demeure valant une fortune…



Un témoin est au courant des intentions criminelles du couple, impuissant mais à l’écoute, particulièrement concerné par l’affaire, et, bien que pas encore né, déjà très observateur : l’enfant que porte Trudy et dont le père est John…Et à travers la paroi utérine, il suit avec horreur le déroulement des projets de sa mère et son oncle qui vont faire de lui un orphelin et peut-être le conduire dans une famille d’accueil et un avenir de misère pendant que Trudy purgera sa peine…



Plein d’humour et de suspense, ce roman de McEwan nous propose par le biais d’un fœtus une vision neuve et décalée du monde mortifère dans lequel il s’apprête à entrer, lourdement chargé d’une hérédité alcoolisée, baigné dans le vin qu’absorbe sa mère et la semence dont l’arrose l’assassin de son père, bref humour noir à l’anglaise à l’accent shakespearien ! Tragique et léger à la fois, un vrai thriller qui nous tient en haleine jusqu’au bout…

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Opération Sweet Tooth

Un roman d’espionnage écrit à la première personne, un livre de souvenirs sec et froid comme peuvent être les confessions d’un agent du MI5. Serena Frome revient des années plus tard sur l’Opération Sweet Tooth. Ce premier travail dont elle est si fière, qui doit lui ouvrir les portes d’une vie adulte prometteuse. Nous sommes dans les années 70 en pleine guerre froide, les espions de sa Majesté doivent traquer les communistes, les mineurs syndicalistes, les militants de l’IRA tout en se surveillants les uns les autres, un sacré boulot.



Roman d’apprentissage d’une jeune fille rangée, Serena va découvrir qu’un traitre c’est toujours un ami, que les histoires d’amour finissent mal en général et qu’il est dangereux de tomber amoureuse d’un écrivain.



La nouvelle dans le roman, le roman dans le roman, une mise en abime orchestrée diaboliquement et magistralement par Ian McEwan. Serena, une belle jeune femme solitaire qui dévore des romans, devient espionne et doit mentir pourrecruter un romancier qui écrit des romans où il est question de solitude et de mensonge, tout cela dans un climat de géopolitique complètement anxiogène. On pourrait être chez Ian Fleming, mais James Bond n’existe pas.



Nous sommes chez les espions ternes et anonymes de John le Carre qui auraient lu « Orgueil et préjugés » et « Raison et sentiment ». McEwan est le romancier du malaise, du mensonge et de la manipulation, mais un romancier n’est-il pas toujours un peu menteur et manipulateur ? Un roman d’espionnage ? Non, un formidable roman tout simplement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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