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Critiques de Ian McEwan (1254)
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Expiation

Battant en retraite vers Dunkerque, Robbin se remémore sa distraction idiote qui lui coûta trois années de prison, prison qu'il n'aurait pas connue sans le faux témoignage de l'écrivain en herbe Briony, faux témoignage qu'elle n'a pas facile d'assumer.



Ayant peu apprécié la plage de Chesil je savais que je prenais un risque mais ce fut un roman prenant, des personnages attachants avec des scènes très concrètes parfois réécrites sous différents points de vue.

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Sur la plage de Chesil

Difficile de faire la critique de ce livre, lu il y a une dizaine d'années et qui m'a beaucoup troublé. J'en retiens surtout le passage de la nuit de noce, bien sûr. Mais aussi une étrange sensation de cette société du début des années 60. Je me souviens avoir été surpris par tant d'ignorance de la part de ces jeunes gens. Ce monde extrêmement figé, corseté, ritualisé. Je me souviens également du trouble de la jeune fille, trouble à la limite de la pathologie, à peine esquissée par la relation passée avec son père.

Je me demande si cette nuit de noce impossible ne serait pas, selon l'auteur, la métaphore de l'échec de la société anglaise de l'époque. Une société où l'amour n'était pas abordé, société du non-dit, du tabou.

Il en reste une intrigue très forte, menée par la finesse de l'écriture et d'une grande sensibilité. Un grand roman !
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Opération Sweet Tooth

« Il représentait mon projet, mon dossier, ma mission. Son art, mon travail et notre liaison ne faisaient qu'un. »



Un très bon roman qui doit absolument être lu jusqu'au dernier mot !



Vous aimez la période de la guerre froide, l'espionnage, l'Angleterre des années 70 (l'IRA, les mineurs, les coupures d'électricité et la fumette), les histoires d'amour (celles qui finissent... bien ou mal, héhé pas question de divulguer quoi que ce soit ^^), les histoires de trahison, les rencontres (inopinées ou pas), les livres et la création littéraire, ce livre est pour vous.

La prose est légère, fluide. Ce n'est pas dans ce livre que j'ai accumulé des citations mais je me suis régalée. Et encore plus lorsque j'ai refermé le livre ! A ce moment là, j'ai tout rembobiné, revu, tout repassé et souri. De certains de mes ressentis, de mes réflexions - des plus sures, celles que je pensais mettre dans ce billet (du genre ''mais quelle courge !'' Moi ? Elle ? Lui ? ...c'est secret).

Pour finir j'ai ri de moi-même en voyant que j'avais été manipulée, bernée. Oh ! la lectrice éclairée que je fus... Ian McEwan est subtil, insidieux, hypnotique, intelligent. Quel talent ! Franchement il devrait travailler au MI5. Certains prénoms sont-ils prédestinés à l'espionnage, Ian ?
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Le jardin de ciment

Un père qui déteste le jardinage cimente son petit carré de pelouse pour faire place nette.

Malheureusement, pas le temps de finir l'ouvrage ! La Grande Faucheuse devait aimer les pâquerettes, et expédie le paternel ad patres, laissant une épouse subclaquante et une fratrie d'orphelins, rapidement maîtres des lieux.



Cela commence en fanfare…

Quatre enfants qui décident de taire le dernier décès pour que les services sociaux ne viennent pas mettre leur nez dans leurs petites affaires, voilà de quoi imaginer une suite de dégâts et déboires en tous genres. D'autant que le reliquat de ciment va leur permettre de confectionner une tombe à domicile, en toute discrétion.



Roman noir, grinçant, un peu glauque, mais parfaitement maîtrisé dans la psychologie enfantine et adolescente: perte d'autorité, liberté totale, caprices, déviances, compromissions et complicité pour taire le secret…Belle vision fraternelle !

La vie en vase clos s'organise, et le lecteur se transforme en spectateur de sujet d'études psychologiques.



J'ai trouvé ce roman étonnant, dérangeant, insolite.

Impossible à lâcher et bien difficile de savoir s'il m'a plu ou pas.

Mais la qualité d'un livre ne vient-elle pas du fait qu'il reste inoubliable ?

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Samedi

Ce devait être un samedi parfait dans la vie idéale d'Henry Perowne. Celui-ci a tout pour être heureux: brillant neuro-chirurgien, aimé et amoureux depuis plus de 20 ans de sa femme brillante avocate, avec deux brillants enfants futurs grands artistes. Et en cette belle journée où Londres voit défiler des manifestants contre la guerre en Irak, le programme d'Henry est réglé comme du papier à musique: squash avec un collègue, emplettes pour le dîner de famille du soir, visite à sa mère dans sa maison de retraite,...et puis, inévitablement, le grain de sable dans ce bel engrenage: un léger accident de voiture au coin de la rue, et c'est la violence qui s'invite dans cette existence si bien protégée.

Violence à retardement, cependant, puisque, comme pour tout le roman, le rythme est lent (350 pages pour raconter une seule journée). La tension monte par paliers, entre introspections du héros et phases d'action, ou plutôt d'interactions avec d'autres personnages.

Mais ne vous attendez pas à un thriller haletant, ceci n'est pas un page-turner à lire jusqu'au bout de la nuit. Pour un suspense autrement plus dramatique, voire tragique (même si ce n'est pas non plus un polar), voyez plutôt Amsterdam (le meilleur que j'aie lu de cet auteur, au-dessus également d'Expiation et Sur la plage de Chesil).

Il s'agit ici du décorticage du ressenti du héros (ou plutôt anti-héros?) et de ce qui se passe dans la tête des personnages (normal, me direz-vous, on a affaire à un neuro-chirurgien ).

Ce roman n'est ni lumineux, ni totalement sombre puisqu'il se termine sur une note positive (les mauvaises langues diraient "sur un happy end" ).

Selon moi, un roman moyen, un peu ennuyeux, un peu agaçant même de par les descriptions quasi maniaques des états d'âme du personnage principal.


Lien : https://voyagesaufildespages..
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Sur la plage de Chesil

Une fine et minutieuse analyse psychologique d'une nuit de noce qui se présente comme un échec annoncé. Ca pourrait être rasoir et longuet mais la qualité de l'écriture (et de la traduction, remarquable) entretient l'attention tout du long. Rêves, attentes, désirs, frustrations, enthousiasmes, relations à la réalité et aux convenances, tout est décrit avec finesse. Sans se perdre, la narration rend particulièrement réaliste la confrontation des deux protagonistes et leurs ressorts intimes. Et si l'environnement du début des années 60 anglaises est clairement décrit et participe aux difficultés du couple, les tensions de celui-ci conservent une actualité et une pertinence universelles.
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Dans une coque de noix

Décidément, Ian Mc Ewan me surprend à chaque lecture. Aucune ne se ressemble, hormis une écriture toujours aussi belle.

Un meurtre se prépare sous les yeux du narrateur. Mais le problème est qu’il ne voit rien, par contre il entend tout et c’est plutôt sa conscience qui parle. Comment faire pour empêcher cette monstruosité à part donner quelques coups de pied aux moments opportuns ? Son père est en danger, il faut pourtant agir ! Mais à son stade, il ne peut qu’espérer. Un revirement de sa mère. Ou une vengeance future envers son oncle.

Durant 212 pages, vous lirez ce que nous raconte le fœtus, bien installé dans le ventre de sa mère, quoique bien à l’étroit quand même à quelques semaines de la naissance et fort secoué par les soubresauts vifs et rapides de son oncle.



Après un début un peu lent, la tension est omniprésente et nous fait tourner les pages jusqu’au dénouement final, en apothéose.

Le sentiment que l’on a envers la mère est aussi ambivalent que ce que ressent le futur bébé à naître et on adore détester l’oncle.

Un huit-clos parfaitement maîtrisé et tellement original.

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Amsterdam

Ian McEwan, mon écrivain anglais préféré, a fait beaucoup mieux que ce petit roman à l'intrigue efficace mais capillotractée et dont une semaine après la lecture j'ai déjà presque tout oublié.

Ils sont pourtant plutôt réussis ces deux portraits de baby boomers, amis à la vie et nantis de tous les défauts que l'on adore reprocher à cette génération : enfants bénis des dieux économiques portés au succès par la vague des trente glorieuses, égotistes jusqu'à l'écoeurement, Clive et Vernon, s'ils se sont choisi des voies différentes pour exprimer leur génies respectifs, ont néanmoins en commun trois choses : une amante, la sidérante Molly sur la tombe de laquelle s'ouvre le roman, une même capacité à tourner sans vergogne le dos à leurs idéaux de jeunesse, et enfin la même absolue incapacité à prendre le tournant du siècle. Ils ont eu beau signer un pacte pour éviter la honte d'une piteuse sortie de route, quand ça veut plus, ça veut plus.

Reste néanmoins la plume fluide acerbe de McEwan qui croque les travers des milieux de pouvoirs britanniques avec une méchanceté jubilatoire.



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Une machine comme moi

Je suis amoureuse du cerveau de Ian McEwan. C'est sans doute pour cela que parmi ses écrits, celui que tout le monde cite en parlant de lui, Sur la plage de Chesil est très loin d'être mon préféré. Car ce que j'aime par-dessus tout chez cet écrivain, c'est l'intelligence qu'il déploie pour positionner les couches successives qui constituent ses intrigues les plus puissantes et les plus stimulantes pour mes petits neurones qui frétillent ainsi de pur bonheur. Son humour noir se nourrit des failles de l'espèce humaine qu'il se plait à décortiquer avec la méticulosité d'un médecin légiste. Et il atteint ici des sommets, venant presque détrôner Expiation dans mon palmarès tout personnel de la collection McEwan.



"Le présent est la plus fragile des constructions improbables. Il aurait pu être différent. En partie ou en totalité, il pourrait être tout autre."



Oui, tiens. Alan Turing aurait pu ne pas se suicider en 1954, ses recherches permettre d'énormes avancées scientifiques et sociétales. Il pourrait vivre tranquillement, à Londres en 1982 avec son compagnon, admiré et respecté par la communauté mondiale pour avoir permis la création de l'Internet, ouvert la voie à la guérison de nombreuses maladies grâce aux travaux sur les cellules souche et mis sur les rails les progrès de l'intelligence artificielle. Progrès grâce auxquels Charlie, jeune homme oisif, boursicoteur à ses heures et passionné d'anthropologie et de technologie fait l'acquisition de l'un des 25 "androïdes" à l'image de l'homme tout juste mis sur le marché britannique. Paramétré par Charlie et Miranda, sa petite amie et voisine, Adam prend sa place dans le foyer, capable de faire la conversation, d'assumer les tâches ménagères ou de servir d'encyclopédie. Tout comme de composer des poèmes ou de faire l'amour à Miranda, ce qui n'est pas sans créer une situation inédite rapidement évacuée par la jeune femme ; juste "une putain de machine" explique-t-elle... Et puis ceci est vite oublié lorsque Adam prend la main sur les opérations boursières de Charlie et commence à lui faire gagner des montants qui lui permettent d'envisager de sacrément élever son niveau de vie. Sauf que. Ce n'est pas si simple. Plus Adam explore l'activité humaine, plus il apprend plus son mal être affleure. Programmé par l'homme pour être parfait, comment doit-il réagir face au mensonge et aux nombreuses turpitudes, faiblesses, imperfections qui symbolisent justement l'espèce humaine ? Et dont Miranda et Charlie sont loin d'être exempts.



Je parlais plus haut des différentes strates qui nourrissent un roman de Ian McEwan et celui-ci en est particulièrement riche. D'abord dans la rencontre entre l'homme et la machine qui le renvoie à un face à face vertigineux avec un lui-même amélioré, qui pourrait le remplacer en tout. Ensuite dans le contexte revisité d'une année 1982 qui voit l'Angleterre de Thatcher battue par l'Argentine dans l'affrontement pour les îles Falklands, prémices d'une immense crise économique et politique dans un monde où l'on s'amuse de détails saupoudrés ici et là comme l'identité des présidents des Etats-Unis et de la France ou la présence des quatre membres des Beatles... C'est finement amené, fondu dans la narration, juste assez pour créer le décalage propice à déstabiliser. On pourrait aussi parler de la façon dont McEwan utilise les œuvres littéraires comme matière d'étude accélérée de l'espèce humaine pour Adam, connecté à une base de données illimitée. "La religion et les grandes littératures du monde ont clairement démontré que nous savons bien nous conduire. Nous exprimons nos aspirations dans la poésie, la prose, les chants, et nous savons ce qu'il faut faire. Le problème est la mise en pratique, persévérante et collective".



Ian McEwan trouve ici une façon brillante d'interroger le sens de la vie en mêlant ressources scientifiques et littéraires au service d'une réjouissante réflexion intellectuelle, aussi romanesque que cérébrale. C'est du très très grand art.



"Eh bien voilà, conclut Adam, il y a le cerveau et il y a l'esprit. Ce vieux problème, aussi insoluble chez les machines que chez les humains".
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Le jardin de ciment

Quand les parents ne sont plus là...

C' est une sorte d'été en pente douce, que nous conte Ian Mac Ewan par la voix de Jack. L'été où quatre frères et sœurs se retrouvent seuls dans une grande maison isolée, libres de faire ce que bon leur semble.

Ce sont de drôles de grandes vacances, écrasées de chaleur, de chagrin et d'ennui: Jack passe ses journées à dormir et à s'adonner au plaisir solitaire, Sue écrit un journal, Julie pouponne Tom qui n'en a plus l'âge...

Comment cette parenthèse va-t-elle se refermer, tandis que s'insinue une odeur pestilentielle montant d'un ciment fissuré?

Le secret de la malle à la cave, sera-t-il découvert?

Il émane de ce livre une épaisse tristesse, qui a pu me serrer le cœur. Quelque-chose de poignant comme un petit garçon qui pleure après sa maman disparue.

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Opération Sweet Tooth

Quand l'espionnage rencontre la littérature, quand de jeunes dactylos mathématiciennes essaient de révolutionner le MI5, quand l'une d'entre elles en particulier fait des galipettes avec ces Messieurs pour oublier les événements d'Irlande du Nord ou les drames autour d'elle... ça donne Opération Sweet Tooth.



Un livre assez déroutant, tantôt intéressant par les multiples thèmes qu'il aborde ou l'apprentissage de Serena qu'il décrit, tantôt assommant car il ne s'y passe pas grand chose et que l'héroïne a l'agaçante habitude de se mettre dans des situations impossibles et de ne rien faire que pleurnicher pour s'en sortir.



Plutôt fan d'Ian McEwan, je classerais Opération Sweet Tooth dans la même catégorie que L'intérêt de l'enfant : des livres intelligents, intéressants mais relativement désincarnés. Pas aussi marquants donc que Sur la plage du Chesil qui m'avait complètement retournée...



Challenge Multi-Défis 12/52
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L'intérêt de l'enfant

Fiona Maye, brillante magistrate de 59 ans, spécialiste du droit de la famille, vit avec son mari Jack, professeur d'université, 60 ans dans un bel appartement londonien. Des conditions de vie confortables, des revenus au dessus de la moyenne, des professions intéressantes leur ont permis de mener une existence agréable, protégée des grandes misères de ce monde. Ils n'ont pas pris le temps d'avoir des enfants - trop obnubilés par leurs carrières respectives -, mais n'en sont pas frustrés - du moins en apparence - et reçoivent généreusement petites nièces et neveux.



Mais Jack est insatisfait depuis quelques semaines : leur vie sexuelle qui fut riche et parfaitement épanouissante pendant des années, est en train de s'éteindre à cause de l'indifférence que Fiona manifeste depuis quelques semaines à l'égard de son fringuent sexagénaire de mari...Qui a justement une jeune assistante prête à lui offrir ce que lui refuse sa compagne de toujours. A laquelle il demande l'autorisation d'aller convoler ailleurs !



Fiona, malgré le peu d'enthousiasme que lui inspire le corps de son mari vieillissant, l'aime toujours et est profondément blessée. D'autant plus que les affaires qu'elle a à démêler - des enfants menacés par les intégrismes religieux, des divorces douloureux et la dernière, un adolescent témoin de Jéhovah atteint de leucémie - accaparent son énergie et son temps en lui laissant entrevoir des existences beaucoup moins paisibles que la sienne. Quoi que...



Le jeune homme dont elle a à défendre le dossier a besoin d'urgence d'une transfusion sanguine. Mais ses parents refusent d'autoriser l'hôpital à le transfuser car leur religion l'interdit. Adam, le jeune garçon est presque majeur et capable de comprendre l'enjeu : si cette transfusion n'est pas faite, une mort horrible l'attend. Au mieux il restera handicapé à vie. Fiona décide de le rencontrer. Et elle fait la connaissance d'un être doué, intelligent, plein de curiosité pour la vie...



Une fois encore Mc Ewan, avec son humour féroce, met en scène des personnages égocentriques et superficiels confrontés à des problèmes vitaux auxquels ils sont en fait indifférents, même s'ils peuvent parfois être troublés par l'ombre qui menace leur égoïste quiétude. Prompts à fuir les problèmes plutôt qu' à aller au fond des choses, ils sont en fait profondément destructeurs. Et à travers eux, sont visées nos sociétés modernes qui se protègent derrière des lois et des grands principes mais qui ont oublié d'être humaines tout simplement. Un très beau livre qui nous met face à la coupable indifférence et au nombrilisme qui se dissimulent derrière nos idéaux de liberté et de tolérance...
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Opération Sweet Tooth

J'ai découvert Ian McEwan avec Expiation que j'ai beaucoup aimé, pur produit romanesque, superbe histoire d'amour de deux destins pris au piège de la fatalité. C'est donc confiante et confortée par les nombreuses critiques élogieuses que je me suis lancée dans Opération Sweet Tooth. Et bien soyons honnêtes, le bilan n'est pas du tout le même : pour résumer je me suis ennuyée.

Les péripéties de la belle Serena, notre héroïne aux prises avec son destin d'espionne du MI5 chargée de séduire un bel écrivain (en plein contexte de guerre froide et de lutte culturelle) m'a laissée bien perplexe. Je m'attendais à de l'action, des retournements de situation, de la manipulation, du suspense digne d'un roman d’espionnage, pardi que ça bouge ! Au lieu de cela, Ian Mc Ewan nous sert des pages d'atermoiements de notre héroïne, déchirée entre son amour naissant pour le bel écrivain et sa loyauté de citoyenne britannique, oh la pauvre... J'ai tourné les pages de ce pavé pas emballée et surtout excédée par cette Serena si peu attachante (voire très chiante). Pour avoir autant aimé Expiation je sais que Ian Mc Ewan peut mieux faire. Laissons-lui le bénéfice du doute.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Sur la plage de Chesil

Un livre court, 178 pages, ciselé en cinq actes. Au début des années 60, la rencontre de deux étudiants, Edouard et Florence, aboutit inévitablement à un mariage, convenances obligent. Problème, la jeune fille, vierge, éprouve un dégoût viscéral à l'idée de la pénétration. Le premier acte voit le couple, marié de frais, dîner dans leur chambre qui servira pour leur nuit de noces. Chacun, lui étant puceau, cache son malaise, repousse le moment tant redouté. Puis, rythmé par le ressac incessant de la mer, McEwan fait durer le suspense avec des flashbacks, alternant entre le présent (le dîner) et le passé (leur enfance, leurs études, leur rencontre).



Une petite phrase anodine résume l'essence du roman : " Voilà, se dit l'un des deux personnages. Voilà comment on peut radicalement changer le cours d'une vie : en ne faisant rien. " Et ce rien est d'une importance capitale. Le héros n'a rien fait pour retenir son premier amour et se le reproche ( " il l'aurait pu l'appeler " ce soir-là sur la plage de Chesil). Il aurait pu " s'élancer pour la rattraper ". Il n'en a rien fait. Que s'était-il passé ? Trois fois rien, si l'on y songe. Une nuit de noces ratée. Une lune de miel qui tourne au fiasco pour cause de maladresse au lit, d’une incapacité à communiquer. Une tragédie en huis clos auquel on assiste, impuissant, désemparé.



Ian McEwan, en entomologiste raffiné et un brin cynique, explore très finement l'intime et l'angoisse de deux personnes que la pression morale et sociale de l'époque (celle d’avant la révolution sexuelle) a complètement bridé. Leur amour si pur (et si chaste) ne suffit pas. S'aimer ne suffit pas... Edward et Florence vivent en quelque sorte en marge du réel, dans leurs illusions, leurs espoirs et leur candeur. Comme tous les autres personnages du livre, la mère d’Edward hors du monde, « folle », celle de Florence, absorbée dans son travail universitaire, froide et rigide.



Le texte est fort et touchant. Ecrit avec justesse, psychologiquement admirable, "Sur la plage de Chesil" se lit d'une traite.



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Leçons

Un livre que j'ai lu lentement, très lentement, forçant d'ailleurs ma nature, pour en profiter pleinement et pour prendre la mesure d'un roman d'une richesse proprement incroyable.

Il y a tout d'abord, si l'on adopte une vue d'ensemble, la capacité incroyable de McEwan à restituer la vie, ses imprévus, ses retournements...On suit la vie de Roland sur plusieurs dizaines d'années et le livre nous donne l'impression que le temps s'écoule avec lui.

Il y a ensuite une infinité (bon j'exagère un peu) d'éléments particuliers, de séquences diverses et le livre nous parle ainsi de la guerre, de musique, de l'emprise, du Lake District, des familles recomposées, de musique , de tennis, de solitude, du rideau de fer...

Un livre-somme donc qui m'est apparu d'une richesse très peu commune. Il m'a aussi touché pour des raisons personnelles, par des points communs anecdotiques ou pas avec le personnage principal. Ce n'est pas souvent que l'on peut dire cela, mais j'ai vraiment eu l'impression, lisant ce livre, de partager l'expérience d'un ami.

Bref, pour moi, magnifique !
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Mon roman pourpre aux pages parfumées et autr..

Trois nouvelles qui me démontrent que Ian McEwan y excelle autant que dans ses romans. Après avoir apprécié « Sur la plage de Chesil » et « Une machine comme moi », cet auteur anglais fait désormais parti de ma liste d’écrivains contemporains à suivre.

J’ai aimé la belle écriture, la diversité des nouvelles et les sentiments puissants qu’elles m’ont laissés.



« Mon roman pourpre aux pages parfumées », titre de la première, raconte le vol littéraire du narrateur envers son ami, écrivain comme lui, dont l’amitié n’a jamais failli malgré leur parcours distinct. Très bien amenée, cette histoire racontée par l’auteur du méfait dégage un sentiment équivoque.



« Le dernier jour de l’été » est une profonde amitié bâtie sur le respect de l’autre et d'une grande force intérieure entre un garçon de douze ans et une jeune femme si grosse qu’elle en devient gênante, puis invisible, quasi inexistante sauf pour ce petit garçon. Une nouvelle empreinte de pudeur. Quelques pages suffisent pour décrire les notions d’amitié, de rejet, d’indifférence, de tristesse ou de joie de vivre.



Enfin la troisième m’a été franchement dérangeante et le malaise s’insinue très vite. « Réflexions d’un singe captif » n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une histoire triste d’un singe derrière les barreaux. Pourtant, singe il y a, ainsi qu’un autre protagoniste en la personne de Sally, à la recherche de son futur roman. Je n'en dévoilerai rien pour vous laisser la surprise mais pour moi, elle a été de taille. Une nouvelle qui se prête à de nombreuses interprétations. A vous de trouver la vôtre :-)
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Opération Sweet Tooth

Brillant, brillant, brillant! Plus je lis Ian McEwan, moins je sais faire preuve d'objectivité le concernant tant la subtilité du bonhomme me séduit. Et l'exercice littéraire de haute voltige que représente Opération Sweet Tooth ne peut que me conforter dans cet état.

Il est vrai qu'il y a matière à se perdre dans cette galerie de miroirs qui se teinte tantôt d'espionnage, tantôt de romance pour au final chanter une ode époustouflante à la création littéraire et aux pouvoirs de la fiction.

Aussi faut-il faire confiance à l'auteur, qui sait où il va, à son talent pour parler par la bouche de Serena, une jeune et belle bourgeoise embarquée avec ses frustrations d'enfant et ses pulsions sentimentales dans l'Angleterre du début des années 70 marquées par la crise et dans laquelle 68 et l'IRA ouvrent de nouveaux risques et paradigmes.

Dans cette époque fortement politisée, la guerre des idées fait rage derrière la guerre froide, une guerre douce dans laquelle les grandes puissances s'affrontent en sous-main en finançant la culture pour orienter les opinions. Dans ce grand jeu de dupes, on manipule l'autre et l'on se prend à son propre piège. Toujours est-il qu'entre une Serena qui tombe amoureuse de l'écrivain que le MI15 lui fait secrètement recruter et Tom, cet écrivain en mal d'inspiration, la fiction s'emballe autant que les sentiments jusqu'au bluffant renversement final de l'intrigue.

Un pur délice british que ce roman, certes loin de John Le Carré et de Jane Austen mais empruntant brillamment à leurs deux univers.





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L'intérêt de l'enfant

J’ai refermé L'intérêt de l'enfant avec le « petit » tressaillement au coeur qui vous gardera le livre en mémoire pour longtemps. Ce roman était d’ailleurs parfaitement adapté à la période puisqu’il se déroule principalement pendant un mois de juin particulièrement frais et humide, un peu comme le nôtre jusqu’ici…



Le personnage de la juge Mayes est magnifique : à travers elle, Ian McEwan nous dresse le portrait d’une juge au sommet de sa carrière professionnelle, d’une femme qui commence à vieillir, d’une épouse absorbée par les affaires familiales qu’elle traite dans son métier et qui a laissé son couple s’étioler, d’une Anglaise chic et cultivée qui maintient ses émotions dans les limites strictes du flegme britannique. Tandis qu’il dessine ce portrait, l’auteur évoque des histoires de famille, des conflits, des questions morales sensibles de la société actuelle, le fonctionnement de la justice et c’est passionnant.



Alors que son mari est parti tenter l’aventure ailleurs, Fiona est confrontée à un cas particulier : celui d’un jeune homme presque majeur qui refuse un traitement par transfusions sanguines au nom de sa foi en Jehovah. Obligée de juger en urgence, Fiona Mayes prend cependant le temps de rencontrer le jeune Adam, ne se doutant pas que leur conversation et le jugement qu’elle va rendre vont bouleverser le cours de leur vie à tous les deux.



Il m’a semblé que Ian McEwan jouait subtilement sur le dedans et le dehors (l’appartement les rues de Londres, la chambre d’hôpital, le tribunal, la tournée de jugements dans différentes villes anglaises, un petit salon dans un manoir) pour accompagner ces aler-retour entre vie intime, vie privée et vie professionnelle. La poésie anglaise et la musique des lieder allemands parsèment les pages du roman, permettant l’expression des sentiments. C’est sobre et élégant, tendu et profond. La fin est sublime et bouleversante. Ian McEwan est décidément un grand auteur anglais et un auteur universel.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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L'intérêt de l'enfant

Fiona Maye est juge spécialisée dans les affaires familiales. Elle est droite, honnête, sincère.

Le cas d’un jeune homme témoin de Jéhova, atteint d’une leucémie et qui refuse une transfusion sanguine la secoue particulièrement. Parallèlement, son couple subit quelques turbulences.

C’est une histoire parfaitement maîtrisée avec des personnages bien étudiés qui laissent filtrer l’émotion.

Fiona est un individu hors norme qui réconcilie avec la justice.

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L'intérêt de l'enfant

Ian McEwan nous invite à partager un moment de la vie de Fiona, juge aux affaires familiales.

Toutes les affaires traitées, divorces, séparations, éducation ont toujours ou plus exactement doivent toujours avoir pour objectif principal , l’intérêt de l’enfant, ce dont Fiona s'attache à appliquer.

Fiona doit donc être à l’écoute des différents avis, des différentes perceptions, des différents arguments et investiguer afin de pouvoir le plus objectivement possible prendre une décision et trancher.

La situation qu'elle va rencontrer avec Adam adolescent de 17 ans est particulièrement délicate puisque de sa décision va dépendre la vie ou la mort de ce jeune homme .

Contrairement à ce que je craignais un peu, ce livre n’est pas un récit pur d’une affaire traitée par un JAF, ce livre reste un roman.

Ian McEwan explore l’âme, les caractères des personnages et entre principalement dans les pensées de Fiona qui est en train de vivre une crise dans son couple. Ian McEwan met en avant la difficulté pour Fiona, qui est une femme forte, très professionnelle, de gérer ses sentiments et de faire face à ses interrogations, ses responsabilités morales. On ressent la peur qui la tourmente et qui trouble le lecteur.



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