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Critiques de Jean-Christophe Rufin (3250)
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Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla

Edgar effectue un voyage en URSS avec des amis. Il prend des photos en vue de présenter un reportage à Paris match.

Pendant leur périple, ils rencontrent , dans un village, une jeune fille nue dans un arbre. Elle subit la risée des gens et elle est finalement recouverte d'un sac de jute. Et voilà Ludmilla et Edgar se regardent, se sourient. Edgar viendra la rechercher et ils se marieront.

Ils vivent à Paris. Ludmilla apprend son métier de diva en chantant avec des religieuses. Edgar construit une fortune sommaire en vendant des livres de collection.

C'est le début de bon nombre d'aventures car ces deux amoureux se marieront sept fois et divorceront 6 fois : logique!

J'ai admiré le calme dans lequel se déroulaient les divorces qui n'étaient en fait décidés que pour établir une certaine liberté, une certaine distance entre les deux amoureux. J'ai trouvé Ludmilla plus amoureuse qu'Edgar et surtout très détachée matériellement. J'ai éprouvé beaucoup de sympathie pour elle.

Le narrateur se fait passer pour le mari de leur fille Ingrid et celui qui a recueilli les confidences d'Edgar et Ludmilla. Ne croyons pas trop l'auteur, j'ai préféré croire à la richesse de son imagination.

Lors de l'émission de "La grande librairie", il a avoué s'être marié trois fois avec la même femme et de ces évènements est partie l'idée de concevoir ce roman magnifiquement écrit avec une imagination, une écriture et un style merveilleux.

Il faut dire que je n'avais jamais lu l'auteur. C'est une découverte pour moi.
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Le tour du monde du roi Zibeline

Pourquoi cet aristocrate hongrois, Benjowski, n’a-t-il jamais cessé d’être diffamé par les mémorialistes français ?

Peut-être parce qu’il professait un respect des Noirs de Madagascar, dont il est devenu le roi durant une courte période, mais durant laquelle il oeuvra si bien pour leur progrès, leur confort et leur liberté que les Malgaches le célèbrent encore maintenant.

Les Français aisés du temps de Louis XV se targuaient de vivre selon l’esprit des philosophes, mais les ministres, eux, ne pensaient qu’au profit et à ce commerce des esclaves dont Madagascar fournissait une bonne partie.





Rufin signe ici un roman ou plutôt une biographie romancée de cet homme sage qui, depuis son exil aux confins de la Sibérie, le Kamtchatka, où il a rencontré la femme de sa vie (fille du gouverneur), à la toute jeune Amérique indépendante de Benjamin Franklin, a connu une infinité d’expériences de toutes sortes.

Orphelin de mère très tôt, perdu dans ce froid château aux confins de la plaine hongroise, il vécut une enfance « d’une grande tristesse ». Puis vint Bachelet, un Français admirateur des philosophes, qui pendant trois ans lui enseigna la langue française, la bienveillance, l’égalité et la liberté. Cette leçon de vie le guidera jusqu’à sa mort.

Arrêté par les Russes et exilé en Sibérie, il s’échappa donc, et parcourut les mers, du détroit de Bering à Formose, en passant par Macao. La France, finalement, lui confia une mission : s’occuper de Madagascar et y faire fructifier le commerce, mais un lourd malentendu envenima ces relations, malentendu enraciné dans le mépris des indigènes de la part des hommes politiques français. Il alla même trouver Benjamin Franklin pour lui conter ses aventures et lui demander de l’aide.





Et nous voilà au propos de ce roman, un long monologue ou plutôt deux longs monologues alternés relatant la vie de Benjowski par lui-même, Auguste, et par sa compagne, Aphanasie. A vrai dire, ce procédé d’une « conversation » entre ce couple et Benjamin Franklin m’a paru très artificiel ; je trouve dommage que Rufin, qui écrit très bien, ait choisi ce type de narration ; mais très vite, je suis passée outre car l’esprit de Voltaire et de Diderot hante ces pages pleines d’aventures et de rencontres enrichissantes, stupéfiantes ou navrantes.





Je recommande la lecture de cette histoire vraie construite à partir des notes de Benjowski lui-même. Bien sûr, c’est romancé, bien sûr, Rufin y a mis beaucoup de lui-même, mais quel plaisir de faire le tour du monde en compagnie de cet homme empli des idées des Lumières et de cette femme audacieuse, préfiguratrice du féminisme !

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Le Grand Coeur

Un livre que je viens d'acheter pour l'offrir car la beauté du texte, de l'histoire et les pensées du Grand Coeur méritent d'être partagés.

Je me suis assise à côté de Jacques Coeur et l'ai écouté me raconter sa vie. Voilà l'effet que les premières lignes de Jean-Christophe Rufin ont eues sur moi.

Une bien belle réflexion sur le pouvoir , l'argent et le destin à travers cet homme qui se remémore sa vie et revient sur les événements marquants avec lucidité tout en étant conscient d'avoir suivi son intuition, p. 286 : Je peux faire mon choix dès l'arrivée et il m'est advenu de m'y résoudre ou d'y être contraint. Mais la plupart du temps, j'attends. Je ne saurais dire quoi, encore moins qui . Je sais seulement qu'à un moment donné, un signe me fera distinguer celui ou celle en qui je placerai ma confiance.

J'ai bien aimé l'histoire de cet homme qui suit son destin , ce passage du Moyen-Age à la Renaissance de façon fort romancée mais tout en étant bien documenté et fort intéressant.
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Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi

Des les premières pages, j'ai senti poindre plaisir et jubilation!



Pour moi qui jamais ne ferai le chemin de Compostelle, par paresse et/ou par manque de spiritualité, il était intéressant de mettre en perspective le point de vue forcement littéraire de Jean-Christophe Rufin et des courageux Jacquets de mon entourage qui ont tenté l'aventure.



Groupie fidèle de l'auteur depuis ses premiers livres, cette lecture fut une très agréable récréation. J'en ai savouré comme d'habitude l'écriture fluide, et me suis régalée de l'humour, de la sympathique ironie, de l'autodérision qui autorise la critique, et du ton légèrement condescendant, peut être involontaire, mais qui a du faire grincer quelques dents de piétons médiévaux.



Le Chemin est un voyage en compagnie de soi, une expérience personnelle qui ouvre à la réflexion. Au retour "civilisé", les réminiscences du marcheur s'attachent à l'essentiel, avec poésie, intelligence et humilité.



Chacun fait son chemin comme il l'entend!

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Le collier rouge

Avec un récit court, plein de simplicité et de poésie, Ruffin peint le portrait d’un soldat de la Première Guerre mondiale, et de son chien, remarquable de fidélité. Dans un style simple, l'auteur, par son récit nous immerge dans l’enquête que mène le juge dans le passé et le présent du prisonnier.



Ce roman est une belle histoire qui traite de la fidélité et des erreurs qu’elle peut faire commettre. La fidélité, incarnée par le chien, qui a suivi Morlac le prisonnier, enrôlé de force parmi les Poilus, jusque sur les champs de bataille, et qui use de toute son énergie pour faire libérer son maître et ne cessera d’aboyer tant que justice ne sera rendue.



Cette fidélité conduit à réaliser les actes les plus remarquables et valant au chien le statut de héros de guerre. Mais ce sentiment est aussi à l’origine des horreurs de la guerre, dont Morlac a pris conscience, en observant le front, et en lisant les thèses marxistes et révolutionnaires au cours de ses permissions. C’est ainsi qu'au nom de la fidélité à la Patrie que des hommes en tuent d’autres. La fidélité aux plus beaux idéaux peut conduire au meurtre, ce que Morlac, partisan de la révolution communiste, et défenseur de la révolution sanglante de 1917 en Russie, n’a pas totalement compris.



Comme à son habitude, Ruffin livre une histoire délicate et savoureuse à partir d'un fait divers méconnu et rend hommage aux héros de la grande guerre sans faire un roman convenu.
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Le collier rouge

« L’ordre se nourrit des êtres humains, il les consomme et il les broie ».





Et qui est gardienne de l’ordre par excellence ? L’armée.

Pourtant, il s’agit de désordre, ici. Désordre des massacres que les batailles de la guerre 14-18 ont engendrés, désordre des corps, des cris, des haines, des officiers oublieux de la nature de l’homme, des amorces de paix entre soldats avortées à cause de ces mêmes officiers.

L’ordre engendre donc le désordre par le fait même qu’il classe, qu’il répertorie les « bons », ceux qui se soumettent, et qu’il rejette les « mauvais », ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang.





L’être humain est donc obligé de choisir. Ordre ou désordre ?

Celui qui croupit dans la prison, ancienne caserne d’une petite ville du Berry pas loin de Bourges, a dû choisir, lui aussi. C’est pour cela qu’il est là.

Son chien l’attend, sur la place, fidèle, loyal. Les chiens n’ont pas à choisir, eux ; ils suivent, c’est tout. Ils agissent, aussi, par amour, par fidélité, par loyauté.

Une jeune femme l’attend également. Elle a choisi cet homme et le suit. Par amour, par fidélité.





Et puis il y a le juge militaire. Aristocrate obligé de dénouer cette situation qui fait injure à l’ordre. Et pourtant attentif à la nature de l’homme, oui. Car nous sommes en 1919 et il voudrait éradiquer de son cerveau les massacres et la mort. Il voudrait comprendre...





Ce roman très court est bâti principalement sur des dialogues incisifs et sans fioritures ainsi que sur de petits événements en apparence anodins (comme donner à boire au chien, s’asseoir sur un banc, fumer une cigarette, pêcher une truite, boire de la soupe...).

C’est du solide, ce roman. Du moins en apparence. Car derrière tous ces gestes, tous ces dialogues, l’ambiguïté se faufile.

La tension est palpable. Les sentiments affleurent et n’osent pourtant se montrer.

La nature humaine est complexe, oui oui monsieur le juge !

Quel désordre, n’est-ce pas ! Et dire qu’il a suffi d’un collier rouge...



J’ai adoré.

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Le collier rouge

Il y a ceux qui aiment les chiens pour leur fidélité et ceux qui aiment les chats pour leur indépendance.

Il y a ceux qui marchent au pas et ceux qui préparent des cocktails molotov en toute discrétion.

Il y a ceux qui se comportent comme des bêtes, et ceux qui les observent, impuissants.

Il y a ceux qui se battent pour défendre leurs idées et ceux qui prônent la paix à tout prix.

Il y a ceux qui pardonnent, il y a ceux qui pèchent par orgueil.

Il y a ceux qui s'entêtent, ceux qui renoncent.

Il y a ceux qui meurent au combat, d'autres qui meurent de ne pas l'être.

Il y a ceux qui crèvent de loyauté, d'autres qui survivent sans espoir.

Il y a ceux qui aiment les colliers et les médailles, d'autres qui les conchient.

Il y a ceux qui croient en l'Humanité et d'autres qui pensent y croire.

Il y a ceux qui hurlent à la mort et ceux qui cherchent à comprendre.

Il y a ceux qui lisent Victor Hugo, d'autres qui préfèrent Barrès.

Il y a ceux qui se battent pour ceux qu'ils aiment, d'autres qui se planquent.





Et surtout il y a ceux qui oublient tout cela, qui oublient leur part animale pour déposer leurs armes et se serrer la main.



(Ps : Et il y a peut-être ceux qui se disent que cette critique n'a pas de rapport avec le Collier rouge de Rufin...ou si !)
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Le collier rouge

Une belle histoire de chien, à défaut d'une belle vie de chien...

Nous sommes juste après la fin de la guerre 14-18 et Jacques Morlac est en prison. Morlac, un héros de la guerre décoré pour acte de bravoure dans les Dardanelles. On apprend qu'il s'est rendu coupable de dénigrement de la Nation le 14 juillet... Et si c'était plutôt pour sympathie avérée avec l'armée rouge, sur le front ? ou pour "fréquentation" assidue de la fille d'un anarchiste ?



Un petit roman tiré d'une histoire vécue mené de main de maître. On y rencontre un juge militaire en proie au doute au moment de retrouver la vie civile , un prisonnier pas si héroïque que ça, et surtout un chien, Guillaume, héroïque dans sa fidélité à son maître.



Une lecture qui appelle la lecture de "Rouge Brésil" qui dort dans ma bibliothèque depuis un bon moment.
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L'Abyssin

Un vrai bonheur de lecture que l'Abyssin qui nous emmène en Ethiopie pour une aventure trépidante : un récit haletant et coloré et un plaidoyer contre l'intolérance et ses fanatismes, une belle leçon d'humanisme ! Avec pour couronner le tout une belle histoire d'amour et une écriture érudite et malicieuse à souhait, un délice ! Et un des romans de Rufin que j'ai préféré !
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Le tour du monde du roi Zibeline

Ceux qui me suivent savent qu'entre Jean-Christophe Rufin et moi, c'est du sérieux. Alors son nouveau roman, j'ai certainement été la première à l'acheter et je l'ai croqué tout cru sans même lui laisser le temps de s'habituer à sa nouvelle demeure. Il faut dire qu'on est dans la veine que je préfère chez lui, le roman historique assaisonné d'une dose d'aventures et du regard à la fois curieux, admiratif et bienveillant que l'auteur porte sur les explorateurs, les défricheurs, ceux qui n'hésitent pas à faire du monde entier un terrain de découverte et d'enrichissement culturel.



On retrouve ici les thèmes déjà mis en avant avec bonheur dans Rouge Brésil, L'Abyssin et même Le Grand Coeur. L'ouverture sur le monde, l'opposition entre volonté d'asservir ou de coloniser et celle de comprendre et respecter l'autre, tout ceci porté par un personnage fort et une figure féminine bien décidée à casser les codes et dépasser le rôle que l'on voudrait lui assigner. Car la mondialisation vue par Jean-Christophe Rufin est synonyme de promesses, d'apprentissages, d'enrichissement intellectuel et d'émancipation. A condition d'être curieux de l'autre et de ne pas le mépriser ou vouloir l'asservir.



A partir de la biographie d'Auguste Benjowski, le voyageur le plus célèbre du 18ème siècle, l'auteur bâtit un roman d'aventures à la langue délicieusement classique et aux ressorts narratifs qui tiennent de la grande tradition des conteurs dont la plus célèbre d'entre eux demeure Shéhérazade. Il imagine la rencontre entre Benjamin Franklin alors vieillissant et condamné à voir défiler chaque jour nombre de solliciteurs dans sa demeure de Philadelphie, et Auguste accompagné de sa femme Aphanasie. Le vieil homme, auréolé de sa contribution à la rédaction de la constitution des jeunes Etats-Unis est intrigué par ce couple dont le parcours est pour le moins inhabituel. Auguste est né en Hongrie, a rencontré sa femme en Sibérie, parcouru les mers et les terres australes avant d'être nommé roi de Madagascar. Subjugué, Franklin écoute pendant plusieurs jours les voix d'Aphanasie et d'Auguste alterner le récit de leur vie mouvementée avant d'en venir au motif de leur visite.



Et forcément, le lecteur est tout autant subjugué, passant d'une région du monde à une autre en plusieurs années (pas d'avion au 18ème siècle, et encore moins de moteurs sur les bateaux...) et revisitant une époque où le monde était encore à découvrir. Fort de l'enseignement de son précepteur français, riche des idées de Voltaire, Diderot et Rousseau, Auguste développe ses contacts et pose des jalons dans de nombreux endroits du monde avec l'espoir de créer des relations commerciales et diplomatiques. Mais c'est oublier un peu vite que les desseins des Etats qui pilotent ces expéditions ne sont ni pacifiques ni dénués d'arrière-pensées.



"Cette ignorance lettrée me fit faire en moi-même maintes réflexions : je pensais à Bachelet qui insistait sur la relativité de notre savoir et la nécessité, pour parler du monde, de le connaître. Ce roi si assuré sans doute dans ses jugements ne commettait-il pas les mêmes erreurs que nombre de nos philosophes qui dissertent sur le monde sans avoir vu autre chose que leur voisinage ?"



Des attitudes et des questionnements qui font écho à ceux qui persistent de nos jours et mettent en avant des approches éminemment différentes sur nos façons d'appartenir au monde.



Mais ce roman est aussi une très belle histoire d'amour (il est vrai que Jean-Christophe Rufin conçoit rarement ses histoires sans apporter à son héros les ressources d'une femme hors du commun) entre Auguste et Aphanasie qui bravent toutes les convenances pour être en accord avec leurs valeurs et la façon dont ils conçoivent leur amour.



Encore une fois, le cocktail est bien dosé et convaincant. A partir d'une base documentaire solide, les ingrédients romanesques emportent le morceau et font du couple formé par Aphanasie et Auguste des héros aussi attachants qu'inspirants, portés par le souffle de l'aventure.



Alors ? Vous embarquez ?
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Check-point

Une fois de plus, je suis sous le charme de l'écriture de Jean-Christophe Rufin. Est-ce un hasard que la lecture de ce roman pendant les événements terroristes qui se sont déroulés ce vendredi 13 novembre à Paris ? Plutôt que d'écrire sur le roman lui-même, je choisis de retranscrire des bribes de la Postface de ce livre Check-point.



D'un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d'un univers à un autre, d'un ensemble de valeurs donné à son contraire, de l'entrée dans l'inconnu, le danger peut-être.

Nous vivons aujourd'hui, en particulier depuis les attentats qui ont ensanglanté la France au mois de janvier 2015, un basculement de cet ordre. Nous sentons que nous sommes désormais devant une frontière mentale. La nécessité de sécurité tend à l'emporter sur toute autre considération.

... Car les victimes, désormais, ne sont plus lointaines mais proches. Celui qui souffre, ce n'est plus l'Autre mais nous-mêmes.

... C'est l'Europe qui se déchire, une Europe où tout le monde décide de s'armer pour se protéger contre la menace qu'il a peur de subir. Il y a dans ce passé déjà lointain un peu de notre présent et, je le crains, beaucoup de notre futur.



Ensuite, Jean-Christophe Rufin explique que c'est un de ces voyages humanitaires en Bosnie, au sein de la centrale thermique de Kakanj, qui lui a fourni la trame de son roman que je trouve passionnant.



Un coup de cœur qui parce que je l'ai lu pendant les attentats terroristes à Paris ce 13 novembre 2015 restera dans ma mémoire comme un hommage aux victimes.
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Les énigmes d'Aurel le Consul, tome 1 : Le su..

Le premier volume d'une excellente série de cosy crime qui met en scène le solitaire et atypique consul Aurel Timescu que ses congénères considèrent comme le looser de service. Travaillant sur cette image qui le rend invisible aux yeux d'autrui, Aurel qui aime plus que tout qu'on lui fiche la paix use de son intelligence pour résoudre une énigme policière qui passe à sa portée. le style est enlevé, souple et témoigne des qualités littéraires d'un auteur qui n'a plus rien à prouver. le personnage de son héros au tempérament d'artiste est intéressant à tout niveau. Une lecture facile, agréable et très distrayante.



Résumé :

Comment Aurel Timescu peut-il être Consul de France ? Avec sa dégaine des années trente et son accent roumain, il n’a pourtant rien à faire au Quai d’Orsay. D’ailleurs, lui qui déteste la chaleur, on l’a envoyé végéter en Guinée où il prend son mal en patience.

Tout à coup survient la seule chose qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué. Un plaisancier est retrouvé mort, suspendu au mât de son voilier. Son assassinat resterait impuni si Aurel n’avait pas trouvé là l’occasion de livrer enfin son grand combat contre l’injustice.
Lien : https://www.babelio.com/list..
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Rouge Brésil

Rouge Brésil est le récit romancé de l'expédition menée par le chevalier de Villegagnon en 1555 pour conquérir le Brésil au nom du roi de France Henri II. Le récit est basé sur le livre de Jean de Léry, « Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique », édité en 1578. Ayant rejoint Villegagnon au Brésil, Léry y décrivait plusieurs aspects de la vie indigène. Ce livre reçut un vif succès qui entraina plusieurs rééditions.



A partir de faits réels extraits du livre de Léry, Rufin accorde une grande place à l'imagination. Pour émouvoir, il laisse de côté sa documentation et trouve des espaces de liberté dans la trame du réel. On retrouve toutefois plusieurs scènes décrites par Léry, la première rencontre dans la crainte des indigènes, l'obstacle de la langue, l'horreur du cannibalisme, l'embarras de la nudité…



Au XVIème siècle, le roi de France Henri II décide de concurrencer la domination portugaise en Amérique du Sud en envoyant une expédition de plusieurs navires au Brésil. Deux adolescents, Just et Colombe sont embarqués de force pour servir d'interprètes auprès des tribus indiennes. A travers le vécu de ces deux personnages fictifs et du personnage réel Villegagnon, Rufin expose les idées de cette fin de siècle chargée de débats idéologiques entre catholiques et protestants. Les conflits théologiques, le manque de tolérance et le fanatisme vont conduire à la perte de cette nouvelle colonie au profit des Portugais.



L'aventure des Français au Brésil, au cours du XVIème siècle, est un des épisodes les plus étonnants et les plus méconnus de notre histoire. Le roman de Rufin rappelle l'essai de Montaigne sur les cannibales, Montaigne fut le premier à inverser la vision des « sauvages » et à écrire « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ». Rufin échappe toutefois au mythe simpliste du bon sauvage et de la nature rédemptrice. L'Indien n'est pas meilleur, il est différent.

Du reste, qui est le plus sauvage ? Le « civilisé » aux moeurs barbares, qui se veut libérateur et se découvre meurtrier, ou l'indien qui recherche la paix et l'harmonie sur son territoire ?

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Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi

Mourant d'envie d'un grand bol d'air sans attestation (entre deux repas de fête, ça ne fait pas de mal), j'ai malgré moi suivi Rufin dans sa randonnée mortelle. C'est un moment assez solennel pour un marcheur, celui d'entamer les chemins. En ce lieu paradoxal, de solitude autant que de de rencontres, le pèlerin sera aussi prisonnier de son corps douloureux, que libre dans sa tête. Chacun s'y engage pour ses raisons, en quête de choses variées, et y trouve d'autres surprises et bonnes raisons d'y revenir. Mais la question : « Pourquoi avoir eu envie de cheminer ? », la plus intéressante finalement, la plus révélatrice des besoins de notre société, ne se pose pas, entre pèlerins. Outre le fait que la réponse est éminemment personnelle, elle est également complexe et plurielle pour une rencontre minute. En bref, c'est une longue histoire. Ce qui est sûre, c'est que les longues histoires de tout le monde se retrouvent à cheminer ensemble et se croisent ici, sur ces fameux chemins de Saint Jacques de Compostelle.





« Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. »

Diderot, Jacques le Fataliste.





Alors il ne reste plus qu'à se demander « d'où tu viens ? », et à se souhaiter « Bon camino » ! Car même si l'on s'y croise, tous les chemins, mènent-il à Saint Jacques, ne se ressemblent pas. Ici, « chacun sa vie, chacun son chemin ». Même si vous le faites en groupe, même si chacun décide de rester au rythme des autres, que vous vous arrêtez visiter les mêmes endroits, boire aux mêmes fontaines sous le même soleil de plomb, dormir dans les mêmes auberges en subissant les mêmes ronfleurs, même si vous traversez les mêmes ruisseaux, tombez dans la même boue, vous faites courser par les mêmes vaches par temps d'orage avec votre imper rouge, prenez les mêmes fou-rires, vous abritez sous les mêmes rochers, partagez la même fiole de verveine (pas la tisane) pour vous redonner du coeur au ventre quand il est 14 heures, que vous n'avez rien mangé depuis 6 heures ce matin et que, pour des raisons trop longues à énumérer ici, vous n'avez, pour une fois, rien à manger dans aucun de vos sacs si minutieusement répartis ; même si vous avez partagé les mêmes discussions et pris les mêmes photos, malgré tout cela : Vous n'aurez jamais fait le même chemin que votre voisin. Car, outre le fait que chacun voit et ressent ce qui l'entoure au regard de son vécu et sa personnalité, le vrai chemin de Saint-Jacques de Compostelle est intérieur.





Vous suivez les mêmes petits cailloux, les mêmes marques colorées, les mêmes coquilles jacquaires. Mais au fond, vous êtes seul dans votre tête et dans votre corps. Et c'est ce qui rend votre périple unique, et l'expérience merveilleuse. Vous contre vous même. Tout contre, même.

Pour cette raison on est souvent déçu de lire l'expérience des autres : On s'attends à ce qu'ils mettent des mots sur ce que nous avons vu ou ressenti, alors qu'ils ne peuvent décrire que leurs propres visions et sentiments. J'avais lu le témoignage "En avant, route !" d'Alix de Saint André, dans un style complètement autre, que j'avais beaucoup aimé sans m'y retrouver totalement. Ici encore, je n'ai pas pu m'identifier entièrement au récit de Jean-Christophe Rufin qui, au surplus, n'a pas pris le même chemin que moi. Mais à travers quelques expériences communes à tous les pèlerins, nous partageons néanmoins des sensations dans lesquelles vous vous retrouverez peut-être aussi, ou qu'il vous plaira d'expérimenter, en livre, ou en vrai. Ce récit a donc été un bon bol d'air pur. J'ai cheminé loin et longtemps avec l'auteur. Ça fait quand même du bien ! Si vous voulez vous mettre en jambe avant de partir à votre tour, vous pouvez dévoiler le sentier masqué :











« Oui, sans doute je ne suis qu'un voyageur, un pèlerin sur la terre ! Et vous, qu'êtes-vous donc ? » (Les souffrances du jeune Werther, GOETHE)





Et vous, une expérience des chemins ? Une envie ?
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Les énigmes d'Aurel le Consul, tome 3 : Le fl..



Un dépaysement en compagnie de Jean-Christophe Rufin est toujours un succès garanti, peu importe la destination par ailleurs. Si en plus il nous embarque pour l'exotique mer Caspienne, l'on peut dormir sur ses 2 oreilles, façon de parler bien sûr. Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, se trouve complètement en dehors des chemins battus par les touristes occidentaux.



Bakou me rappelle le tycoon Calouste Gulbenkian (1869-1955), en fait un Arménien, qui a joué un rôle important au début de l'exploration et exploitation pétrolière. Devenu immensément riche et puissant, il voulait que l'Angleterre le créé lord. Lorsque le gouvernement de sa Gracieuse majesté refusait, à cause de son origine, mécontent il est parti au Portugal, où à sa mort, il a légué sa superbe et colossale collection d'art. Si vous passez par Lisbonne, n'oubliez pas d'aller visiter le Musée Calouste-Gulbenkian.



Le nouveau consul adjoint de France en Azerbaïdjan, Aurel Timescu, que nous connaissons déjà du précédent roman "Les trois femmes du consul", paru l'année dernière (2019), vient de débarquer à Bakou et est tout étonné par l'aspect "Petit-Paris haussmannien" du centre-ville.

L'endroit lui plaît, mais le malchanceux Aurel craint qu'il s'agisse d'une erreur et qu'on va bientôt l'expédier à un endroit infect. Par acquit de conscience, il se rend à l'ambassade de France et sa seconde grande surprise : le consul, son chef, est une jeune dame qui avec ses 25 ans a la moitié de son âge. Amélie Laugier a des yeux d'un bleu de porcelaine qui la rendent encore plus jeune.



Si l'accueil par sa cheffe est prometteur, celui de l'ambassadeur se situe tout à l'opposé. Gilles de Carteyron informe Aurel sur un ton déplaisant qu'il a demandé à Paris un remplaçant et donné des instructions précises à ses collaborateurs de ne lui confier strictement aucun dossier.



Aurel est terrassé par cette humiliation, mais décide de ne pas se laisser faire. Il apprend que l'épouse de l'ambassadeur, Marie-Virginie Delmas, 45 ans, vient de décéder dans des circonstances étranges. Elle aurait fait une chute fatale en faisant un reportage photographique d'un château médiéval dans le territoire autonome Azerbaïdjanais du Nakhitchevan. En regardant une photo de Mme de Carteyron il lui promet de la venger.



Aurel Timescu a déjà prouvé dans le passé qu'il a les talents d'un fin limier à la Sherlock Holmes. Seulement, dans cette "affaire" notre héros n'a même aucune piste sérieuse, juste quelques considérations de portée générale : que l'ambassadeur n'a pas l'air particulièrement triste, que Marie-Virginie est morte peu de temps après avoir hérité la grosse fortune de sa famille et que dans ces milieux traditionnels l'idée du divorce est mal acceptée et qu'il vaut mieux, en somme, avoir recours au crime passionnel.



Bien maigre pour lancer une opération vendetta contre une excellence de France en service commandé. Aurel, dans son cagibi à l'ambassade où il n'a absolument rien à faire, épluche le Net sur le passé du couple de diplomates et interroge le personnel de la chancellerie.

L'assistance de la consule Amélie dans son enquête, fait doubler Aurel de courage et d'ingéniosité....



Moins ambitieux que "La dictature libérale" ou "Rouge Brésil", Jean-Christophe Rufin nous présente ici un divertissement agréable et - comme toujours avec cet auteur - fort instructif.

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Le Grand Coeur

« Le grand cœur » est le retour de Jean-Christophe Rufin au roman historique que j'avais beaucoup aimé avec « L'Abyssin » ou « Rouge Brésil » récompensé du Goncourt. Retour au XVème siècle, ou Jacques Cœur négociant, grand voyageur, homme ambitieux et fidèle deviendra grand argentier de Charles VII avant sa disgrâce. Ces mémoires romancées nous donne un récit solidement documenté, sur la vie de l'époque, des manigances, des jeux de pouvoirs. L'écriture privée de tout dialogue est très agréable à suivre, ces amours avec Macé son épouse, avec Agnès Sorel favorite du roi que Jacques Cœur aimera profondément sans que Charles VII ne devine l'attirance réciproque, sa soif de richesse et l'achat de nombreux châteaux et demeures, la fidélité à ce roi manipulateur, à ces associés et ces serviteurs. Rufin redonne vie à ce personnage avec délicatesse et talent. Le portrait d'un homme attachant que l'on quitte le cœur serré.

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Le collier rouge

Encore un livre où Jean-Christophe Rufin m'a séduite par la qualité de son écriture. En lisant ce roman, j'ai fait un parallèle avec Philippe Claudel, peut-être est-ce l'ambiance de ce huis clos formé par le juge et le prisonnier ?

Jusqu'à la fin le suspense est assuré, à savoir pourquoi, les détails de l'emprisonnement de Morlac, qu'a-t-il dit ce 14 juillet 1919 qui lui a valu d'être enfermé, lui, un décoré de la guerre. Il y a aussi l'histoire de son chien auquel il n'a jamais témoigné le moindre geste affectif mais qui l'a suivi partout jusqu'en Salonique, son chien le vrai héros, qui aboie jour et nuit au pied de la caserne où Morlac est détenu. Et il y a Lantier, le juge, un militaire dont c'est la dernière affaire, après celle-ci il a décidé de retourner à la vie civile, Lantier qui ne s'arrête pas au maigre dossier d'accusation, patiemment il va faire parler Morlac, lui faire évoquer sa guerre.
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La princesse au petit moi



Notre consul de France préféré, Aurel Timescu - un rescapé du paradis des Ceausescu - se trouve à Paris entre 2 missions impossibles dans des endroits excessivement exotiques, tels le Mozambique et l'Azerbaïdjan.



Sur les belles terrasses parisiennes du boulevard Montparnasse, le diplomate expérimenté jouit d'un juste repos et d'un excellent vin blanc, lorsque son séjour tant apprécié est brusquement interrompu par une invitation financièrement alléchante à la Principauté de Starkenbach, un genre d'anomalie historique comme le Fürstentum Liechtenstein, San Marino ou Andorre.



Muni de beaux billets de 500 euros, Aurel prend le train pour les Alpes où est situé ce mini-État, se creusant en cours de route la tête ce qui lui vaut cet honneur.



Arrivé à destination, il est impressionné par le château médiéval imposant des seigneurs de la Principauté, où il est montré son quartier à l'intérieur du palais, ce qui le change de sa chambre miteuse de l'hôtel bon marché à Paris.



S'il est impressionné par la forteresse de Starkenbach, il l'est encore plus par le noble et simple seigneur qui le reçoit, Son Altesse le prince Rupert.

Pendant l'entretien et après quelques gaffes et indélicatesses, notre héros commence à se sentir à l'aise et aussi presque noble.



Jusqu'au moment où il apprend la raison de sa présence en ce lieu inhabituel.

Le prince Rupert voudrait qu'Aurel enquête discrètement où se trouve la princesse Hilda, son épouse et pourquoi elle a disparu !



Jean-Christophe Rufin se montre dans cet ouvrage sans pitié pour sa propre création : l'infortuné Aurel Timescu, supposé enquêter un drame familial, car Rupert aime sa Hilda, et un bouleversement politique de premier ordre, puisque la princesse évaporée mystérieusement est en fait le chef d'État de la Principauté de Starkenbach !



Quelques verres de Tokay aidant et la perspective d'un somme rondelette en fin d'investigation, notre homme accepte cette mission périlleuse mais ô combien aristocratique.



Tout ce qu'il demande ce sont un téléphone portable, un ordinateur, une connexion Internet et... un piano, pour réfléchir à fond.

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Le Grand Coeur

A la vue du trio gagnant Académicien + Moyen Âge + Agnès Sorel en couverture, mon sang n'a fait qu'un tour : il me fallait ce livre ! De ce voyage au XVème siècle, où pointent les raffinements de la Renaissance et les splendeurs de l'Orient, je reviens éblouie.

Mention spéciale pour la postface qui explique la genèse du roman. Originaire de Bourges, Jean-Christophe Rufin a toujours été fasciné par le palais Jacques Cœur, mi-Moyen Âge, mi-Renaissance, au point de faire des recherches sur son créateur, dont le destin s'est avéré extraordinaire. 

A la faveur de rencontres décisives et d'un sens du commerce visionnaire (l'ouverture à l'Orient), ce modeste fils de pelletier amassa la plus grande fortune de France, devint l'Argentier du roi Charles VII et même l'ami du pape. Il contribua à terminer la guerre de Cent Ans et à résoudre le grand schisme d'Occident, avant de tomber en disgrâce et de mourir en exil sur une île Grecque. 

Pourtant, dans les documents d'époque, Jacques Cœur est au mieux méconnu et au pire calomnié. C'est pourquoi Rufin a décidé de lui rendre hommage en lui offrant un "tombeau romanesque" à la manière de Marguerite Yourcenar dans ses "Mémoires d'Hadrien".

Jamais épitaphe ne fut plus réussie ! Le propos brille d'intelligence et le style de perfection. Je me suis retenue pour ne pas prélever des citations à chaque page et j'avoue avoir relu certains passages plusieurs fois pour mieux les savourer.

Mon unique reproche, puisqu'il faut bien en trouver un, est une certaine froideur dans ce long monologue de Jacques Cœur. A mon sens, l'insertion d'un peu plus de dialogues aurait contribué à rendre les personnages plus vivants et accessibles. Rufin l'a fait pour quelques scènes et celles-ci sont d'une rare intensité.

Ainsi, la description de Charles VII en roi chétif et calculateur est saisissante d'acuité. Sa première rencontre avec Jacques Cœur, vraiment théâtrale, constitue l'un des passages les plus réussis du livre. 

J'ai aussi beaucoup apprécié le portait tout en tendresse d'Agnès Sorel, la première favorite royale. Ses liens avec Jacques Cœur sont présentés comme une amitié amoureuse entre deux âmes sœurs. Et dans cette intimité onirique, une fois son masque tombé, le grand Cœur se révèle soudain beaucoup plus humain, donc vulnérable, qu'il n'y paraît.

Amateurs d'Histoire et de belles lettres, ce livre est pour vous !
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Check-point

Vous me direz : "elle n'a vraiment peur de rien."..après tant de commentaires sur cet ouvrage... Et vous aurez bien raison !!



Pourquoi une einième chronique, alors qu'au contraire , je tente habituellement de chroniquer des livres qui sont passés au travers des médias ou de trop abondantes critiques... Mais là, j'ai envie de parler de ce roman , car il nous questionne tous, de façon très dérangeante , sur notre sens de charité et de l'aide à autrui !!!



Je n'ai pas pris connaissance des autres critiques avant de rédiger mes propres impressions..; mais je persiste toutefois, car les thèmes engrangés m'interpellent beaucoup trop , pour que j'en reste là, après ma lecture !



Un roman sur les limites de l'action humanitaire, même si les protagonistes décrits, sont engagés volontaires et motivés...Ils portent en eux leurs propres blessures, leurs ambivalences...ainsi que des motivations plus ou moins convaincantes !!



" Mais qui sont-ils, au juste, ces réfugiés ?

Maud se rendait compte qu'elle s'était contentée jusque-là de notions assez vagues. Elle n'était pas la seule.

Dès son entrée dans l'association, elle avait été frappée par le côté abstrait de l'humanitaire. On discutait géopolitique, situation des forces sur le terrain, enjeux stratégiques mais, finalement, les gens qu'il s'agissait d'aider restaient assez virtuels. Ceux qu'on appelait les "victimes" ou, en parlant de l'aide, les "bénéficiaires" étaient des êtres irréels sur lesquels nul ne semblait désireux de mettre un visage. Et le pire, c'était que, jusque là, cela lui convenait assez bien. Elle avait besoin d'aider et elle était satisfaite de savoir qu'il existait quelque part des personnes qui avaient besoin de secours. Mais ce sentiment renvoyait plutôt à elle-même qu'à eux. "(p. 55)



4 hommes, une femme, Maud (21 ans) se trouvent réunis pour une mission humanitaire, en Bosnie. Chacun arrive avec son passé, ses failles, ses engagements mais aussi ses désirs de fuite , pas avoués... Cinq personnalités affirmées. Dès le départ de la mission, les tensions sont des plus tangibles...



Un roman dérangeant, qui montre à quel point "l'enfer est pavé de bonnes intentions !!.... "

Comme l'annonce fort justement le 4éme de couverture, il s'agit un vrai "thriller psychologique" !!



Une fiction qui dit le meilleur et le pire des hommes et de l'action dite "humanitaire"... rien n'est tout blanc ou tout noir... et l'altruisme, le souci d'autrui peut être à la fois, source de générosité, d'empathie réelle, ou de fuites, camouflages de motivations plus ambiguëes, personnelles !



Les humanitaires ne sont pas des "Saints", ils trimballent comme chacun de nous, leurs "casseroles", mais nous avons trop fréquemment le réflexe élémentaire de les imaginer comme des "sur-hommes"...Ce roman a le mérite, en dehors du suspens intense , de faire des mises au point et de bousculer tout manichéisme , dans ce domaine délicat de "L'humanitaire" et de toute action caritative !!















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