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Critiques de Jean-Paul Dubois (1979)
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Une vie française

Je viens à l'instant de finir cette Vie française, roman (jusqu'à quel point?) qui m'a quelque peu chamboulée...

Sur la forme, le récit déroule, la vie d'un homme, le narrateur, depuis le jour où son frère aîné est décédé, encore enfant, jusqu'à l'age de cinquante ans environ. la chronologie est basée, de manière originale, selon les gouvernements alors en place en France.

Le style est fort agréable, à la fois érudit et plein d'humour (souvent noir), de cynisme aussi. J'ai beaucoup apprécié l'écriture de jean-Paul Dubois, sa sensibilité, son sens de la description, son art de mettre les mots qu'il faut sur un ressenti douloureux, tout en pudeur, ses descriptions de personnages, très visuelles, gentiment moqueuses...

Sur le fond, c'est une jolie histoire de vie, très réaliste, qui nous parle, car beaucoup d'éléments présents (événements, époque, style de vie,...) ont été vécus, ou racontés par des proches de ses lecteurs.

le narrateur est un homme de son temps, tout en étant l'homme universel et intemporel, avec ses questionnements, ses remises en question, ses ressentis, ses blessure de l'âme, ses petits travers, sa mémoire douloureuse...

J'ai été très émue par cette vie, qui, partie sur de tristes hospices, monte crescendo (en apparence), pour redescendre, impitoyablement.

Le livre fini, on se sent tout petit, dérisoire, un petit rien plein de questions, de doutes, de souvenirs, et de sentiments.

Très beau roman plein de pudeur, de psychologie, d'instants cocasses aussi.



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Le cas Sneijder

Paul Sneijder est un miraculé. Il sort du coma quelques semaines après un effroyable et rarissime accident d'ascenseur. Sa fille ainée Marie fait partie des quatre autres victimes. Paul va tenter de ce reconstruire mais l'affrontement avec son acariatre et impossible épouse et ces fils jumeaux va être un sacré obstacle. Qui aura le dessus ?

On retrouve tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Paul Dubois, avec des sujets récurrents : le deuil, la dépression, la mélancolie, les relations familiales etc. Avec un formidable sens de la dérision et un gout immodéré pour l'humour noir. Un univers unique. Grand plaisir de lecture.





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13 à table ! 2022

Un petit recueil agréable à lire, ce sont en principe des auteurs que j'apprécie. Ce que j'apprécie moins ce sont les nouvelles, trop court j'ai à peine le temps d'entrer dans l'histoire qu'elle est terminée et j'en redemande !

Ma préférée fut celle de Karine Giebel.

Je m'y suis mal prise j'aurais dû en lire une de temps en temps sans m'acharner sur le livre complet, je saurai pour une prochaine fois.

Un conseil aux futurs lecteurs, quelque soit l'année, lisez une nouvelle, digérez la avant d'entamer la suivante, c'est la meilleure façon de les apprécier.

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L'Origine des larmes

Dans son dernier roman, Jean-Paul Dubois réussit une mise en abyme étonnante de la morale et de la justice.

La morale, sous toutes ses formes, peut juger sévèrement la plupart de nos actes, en se référant au religieux, au sacré, à la liberté d’autrui. La justice elle, agit selon des critères différents.

Paul Sorensen, le personnage principal, est au cœur de cette problématique. Il a commis un acte (je ne vous dis pas lequel) réprouvé par la morale, pas la sienne toutefois. La justice, au regard du droit et de la jurisprudence, considère cet acte, pour surprenant qu’il soit, comme un délit mineur, puni par une « année de prison assortie du sursis, d’un contrôle judiciaire et d’une prise en charge médico-psychologique obligatoire pendant une année. »

Au début du roman, Paul Sorensen accepte de se conformer aux procédures policières et judiciaires. Il est pleinement conscient de son geste, mais pour autant ne souhaite pas en donner la motivation. Il se joue de l’inspecteur qui lui notifie sa garde à vue et l’interroge, « Cet homme est peut-être trop jeune pour entendre ce genre de choses. (…) je vois bien qu’il ne sait plus quoi penser à mon sujet. ». Avec le procureur Mingasson, les choses sont différentes, l’homme est « tout à fait singulier, magnanime, il possède l’art de la digression et la faculté de mettre ses interlocuteurs à l’aise. » Paul s’en méfie, « Cet homme est un procureur. Ne jamais perdre cela de vue. » Après sa condamnation, il se retrouve face au docteur Frédéric Guzman. Il devra se soumettre à 12 séances mensuelles et raconter à Guzman le parcours de vie qui l’a conduit à commettre l’acte pour lequel il a été jugé et condamné. La liberté est à ce prix.

Pour Paul, Guzman est « (…) un suricate, ce petit animal du désert surnommé le « guetteur des sables »

Le corps du roman est composé du récit de ses 12 séances. Guzman et Paul se jaugent, s’apprécient se joue des tours, adoptent des postures ou la jouent franc-jeu.

Dubois excelle dans le rôle du conteur. Chacune des séances est l’objet de boucles sur l’histoire de Paul, de retours-arrière, de confrontations entre les deux hommes. Ils jouent à cache-cache. « Cette friandise d’hypocrisie fait partie des codes de maintien de cette étrange valse que nous nous efforçons lui et moi de danser », pense Paul. « (…) je pourrai sans mal vous prendre pour un mythomane et un affabulateur » lui rétorque Guzman.

Ce que l’on retient de l’histoire de Paul, c’est le traumatisme subi à la naissance – la mort de sa mère et de son frère jumeau - la détestation de son père, l’amour de sa belle-mère et sa capacité une fois adulte à faire preuve de la plus grande résilience en se créant un univers d’où le mal est absent.

Ce père dont il pense, « Il ne connaissait rien à la gestion des machines et des hommes, mais appartenait à cette école de pensée libérale convaincue que faire et dire n’importe quoi était toujours préférable à un immobilisme raisonné. » (Suivez mon regard…)

Les thèmes chers à Dubois sont présents dans ce roman. Les relations père fils, la mort et le souvenir des disparus, la punition, l’amour des femmes, ici la mère biologique décédée et la mère nourricière, le frère jumeau disparu, les identités alternatives.

Autre thème cher à Dubois, les détails techniques et la précision de certaines descriptions :

« A la maison, dans une partie basse d’un garage en sous-sol, j’ai installé une pompe à relevage autoamorçante qui préserve des accumulations »

« Une petite voiture. Simca Versailles bicolore des années 60 de la vieille marque Dinky Toys. Avec ses pneus démontables en caoutchouc et son indestructible carrosserie moulée en Zamak, alliage de zinc, d’aluminium, de magnésium et de cuivre.

On en redemande ! »

Personnellement je n’ai pas trouvé ce roman plus sombre ni moins sombre que les autres romans de Dubois. Il exprime, comme le fait toujours l’auteur, la capacité de son personnage principal à subir les épreuves de la vie en faisant preuve de la plus grande résilience et à trouver des solutions de substitution.

Jean-Paul Dubois en profite pour nous faire connaître des personnages réels qui résonnent avec les siens. C’est le cas de Dag Hammarskjöld le secrétaire des Nations Unies et de Kim Tschang-Yeul le peintre coréen des gouttes d’eau qui ne déparent pas le roman, et dont on pourrait penser que l’histoire est trop belle pour être vrai. Comme dans chacun de ses ouvrages, les sources de Jean-Paul Dubois sont vérifiées et vérifiables. Il partage avec ses lecteurs une réalité qu’ils ne connaissent pas forcément. Il nous fait découvrir des événements, des lieux, des pays, des personnages dont nous ignorons l’existence et qui pour autant existent même si nous ne le savions pas…

L’autre point fort de ce roman est de mettre en scène des événements dont nous n’ignorons rien mais face auxquels nos sociétés sont impuissantes par choix ou par négligence. « A l’époque nous sortions à peine du Covid, ce petit frère du Sers-22 puis du Codim-12. » ; « (…) la fonte accélérée des glaciers de l’Antarctique rendrait les eaux de ce continent moins denses et moins salées, ce qui aurait pour conséquence (…) de modifier sensiblement le climat. » ; dans la Toulouse de 2031 où se déroule le roman, « Tantôt ce sont de brusques et violents tempêtes (…) tantôt de longues et patientes averses (qui) épuisent les arbres et font enfler les fleuves. » ; « (…) il est question d’installer, sur les trottoirs, des passerelles improvisées avec des bastaings posées sur des briques. »…Tout cela a un air de déjà vu !

Paul Sorensen a une conscience aigüe de son environnement de ses limites, de ses perspectives d’évolution il ne peut pas être un personnage serein et rieur mais seulement un homme lucide avec tout ce que cela implique dans ses relations aux autres. Il ne peut se résoudre à « sourire en pensant à autre chose »

Le seul bémol que je formulerai, est l’histoire du grand-père qui est un peu trop téléphoné…

Pour l’essentiel j’ai adoré ce roman, comme tous les autres de Jean-Paul Dubois !

J’adore Dubois pour, des phrases comme celle-ci avec cette expression « garder son moi pour soi »…

« Qu’est-ce que je suis allé raconter ! Il ne faudrait jamais rien dire, garder son moi pour soi, s’accommoder de ses nuisances intimes, les laisser décanter dans le bac à compost, attendre que ces épluchures de l’âme atteignent une granulométrie acceptable pour les évacuer à travers un tamis peu regardant. Au lieu de quoi me voilà sommé de mettre à nu un corps et des sentiments depuis bien longtemps serrés dans une remise. »

…mais aussi pour ses idées loufoques :

« En traversant le jardin qui longe l’édifice, j’entends les sons des grandes orgues jaillir des voutes et des vitraux. Pour jouer ainsi « Angie » des Rolling Stones à tue-tête, se débattre avec quarante-sept jeux, soixante rangs, quatre claviers, trente touches au pédalier, à une heure pareille, j’imagine que le titulaire des orgues doit être seul dans son domaine. »…On entend d’ici…

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Vous plaisantez, monsieur Tanner

Ce livre est jubilatoire !

Il décrit la loi de Murphy, l'emmerdement maximum que va subir Paul Tanner suite à l'héritage d'une maison familiale qu'il va entreprendre de rénover.

La caricature des artisans et ouvriers qui vont se succéder est à peine exagérée. Dans un style impeccable et percutant Jean-Paul Dubois m'a fait rire tellement ça sent le vécu.

C'est drôle,et pourtant les catastrophes s'enchaînent,on plaint Mr Tanner mais on en redemande !

Pourtant, le parallèle que fait l'auteur entre lui et sa maison, qu'il humanise,est plus profond qu'il n'y paraît au premier abord...
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Parfois je ris tout seul

Il m'aura fallu un voyage en train pour l'achever. Un format d'écriture très La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm qui m'avait beaucoup plu, tandis que ce livre de Jean-Paul Dubois me laisse dubitatif. Ce Parfois je ris tout seul ne m'aura que de trop rarement intéressé ou détendu les zygomatiques...
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Paul Hansen est en prison pour deux ans ferme et doit partager les six mètres carrés de cellule avec Horton, un Hells Angel, « un homme et demi » tant ce dernier prend beaucoup de place. Durant ces deux années difficiles, une amitié, une sorte de respect lie les deux hommes au point qu’aux yeux de Paul, Horton, passionné de moto, devient un personnage émouvant, presque humain, une sorte de gros ours. Quant à Paul, les visions des êtres qu’il a aimés, aujourd’hui tous disparus, l’accompagnent durant son incarcération : son père, Johannes, un pasteur danois, homme calme et droit, fort amoureux de son épouse, une femme moderne, très belle, qui tient un cinéma de quartier; sa femme, Winona, pilote d’avion, dont le sang indien lui fait concevoir la vie avec sagesse et leur chienne Nouk, aimante et fidèle comme le sont les chiens.

Et de chapitre en chapitre, nous remontons la vie de Paul et découvrons ce qui l’a amené dans ces murs, alors que rien ne le prédestinait à rejoindre la prison de Montréal. En effet, Paul était le superintendant d’une résidence de luxe pour personnes âgées. Nous découvrons le fonctionnement d’une telle résidence et son travail englobant plusieurs métiers invisibles aux yeux des gens qui y vivent. Paul y côtoie la vieillesse de ceux qui n’ont apparemment aucun souci financier mais dont la vie se termine de la même manière que pour les autres, dans la solitude.



Jean-Paul Dubois nous ouvre les portes d’une prison des années 2000 et nous fait ressentir les effets de la promiscuité, du manque d’hygiène, des jours qui se ressemblent, mais avec beaucoup d’humour à travers le personnage de Horton. Quant à Paul, il est croqué avec énormément d’humanité et de sensibilité.

Les années 1970 et le cinéma de la mère de Paul ont ravivé de bons souvenirs de cinémas de quartier.

L’humour, la fidélité dans l’amitié, l’empathie, l’amour se mêlent à la vilenie de certains. Et j’ai adoré la scène où Paul prend sa revanche sur la vie et sur un être abject.



Un vrai plaisir de lecture !







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Kennedy et moi

Un des premiers Dubois, 1987, très loin de la maîtrise narrative de Tout les Hommes n'occupent pas le monde de la même façon.

On y retrouve toutefois les marottes de l'auteur

Le jardinage

Les dentistes

Les difficultés relationnelles dans le couple

La sexualité comme rédemption

Les relations parents enfants

Le héros de Dubois s'affranchît ici des règles du politiquement correct, Il pourfend les situations établies, l'argent, la morale, la religion. Il est d'un égoïsme sans concession.

Son plus grand échec est de ne pas savoir transmettre à ses enfants les valeurs qu'il défend.

Il assiste impuissant au choix de sa femme de réaliser ses fantasmes sexuels hors du couple.

Samuel Polaris se retrouve pris à son propre piège et prétend que cela lui est égale.

Même si certaines situations paraissent invraisemblables, on ne peut qu'admirer les talents de conteurs de Dubois.

La façon dont il amène l'obsession de Polaris pour Kennedy est bluffante.

Je vous laisse découvrir comment Samuel Polaris se sortira ou replongera dans les imbroglios qu'il a lui même créés.

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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

C'était mon cinquième Dubois, je savais donc à quel genre m'attendre en le commençant, je savais que les digressions seraient nombreuses, quelquefois oiseuses, quelquefois flamboyantes.



Début flamboyant dès le premier paragraphe, originalité de la construction, puis essoufflement, voire ennui pendant des pages et des pages. Ni la NSU, ni le cinéma de la maman installé dans un quartier de Toulouse que j'aime bien, ni les Harley Davidson, ni les doutes du père pasteur, encore moins ses errements sur les hippodromes ou dans les casinos n'ont pu m'ôter cette impression d'un interminable déroulé d'anecdotes trop détaillées.



Et puis, une fin sur les trente dernières pages qui sauverait presque l'ensemble tant elle est réussie. Tout ceci à mon goût bien sûr.



Ce qui reste indiscutable, c'est la qualité du style et de l'écriture de Dubois, de ses jeux de mots appropriés aux situations, de ses phrases savamment construites, voilà pourquoi je le lirai sans doute encore pour quelques éblouissements qui valent bien quelques heures en sa compagnie.



Désolé Jean-Paul pour cette note moyenne, c'est mon avis sur le livre, pas sur l'auteur que je continue de bien aimer.
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

« Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », voilà la phrase que prononce, un jour fatidique, le pasteur Johanes Hansen, père de Paul Hansen.

Et oui, encore un Paul. Jean-Paul Dubois les affectionne.

Ils sont souvent passifs et mélancoliques dans ses livres.

Celui-ci purge une peine de deux ans dans une prison canadienne.

Son compagnon de cellule, Horton, est un dur au cœur tendre.

Paul nous raconte son quotidien carcéral, mais aussi toute sa vie, en France, au Danemark, au Canada.

C’est un homme doux, d’une grande sensibilité.

L’auteur nous entraîne avec brio dans le sillage de sa vie.

Il entretient notre curiosité pour ne la satisfaire qu’en toute fin de roman.

Mais qu’a donc fait Paul pour se retrouver dans cette cellule ?

Le titre résume parfaitement la philosophie de cette histoire.

Chacun, vivant dans le même monde, a une conduite et une trajectoire toute personnelle.

Chacun à sa manière se trace une voie qui déterminera sa vie.

Un livre sur la vie, sur l’amour, sur l’injustice

Un livre que j’ai mis un certain temps à lire et qui nous fait voyager dans différents paysages.

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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Je me suis sentie très à l’étroit. Il faut dire que vivre à deux dans une cellule réduite de taille d'un timbre de poste, notamment avec un Hells Angel, attachant au demeurant et parfois touchant contrairement à ce l’on pourrait croire, n’est pas des plus facile. Et je ne vous parle pas de l’intimité.



Pour m’évader, j’ai suivi les pensées de Paul Hansen pendant ses insomnies, j’ai revécu toute sa vie, depuis son enfance, l’histoire de ses parents, sa vie d’adulte jusqu’à l’inévitable, avec des retours à la réalité, dans cette prison où l’esprit a bien du mal à s’évader.



Paul Hansen a tout perdu. Alors qu’il avait une vie normale, un gros grain de sable est venu enrayer sa vie auprès de Winona et de son chien qu’il adorait et cela lui convenait parfaitement, il ne demandait rien de plus.



Jean-Paul DUBOIS a l’art de nous faire pénétrer dans son univers simple, et qui pourrait être la vie de n’importe lequel d’entre nous. J’ai même ressenti de la compassion pour Horton, bien qu’il ait commis un crime. Il est féru de Harley Davidson et sa hantise, c’est qu’on lui prenne sa moto chérie. Ah oui, et aussi la peur des rats ! Et… Ah mais ça il faudra lire le roman pour savoir.



Paul Hansen retournera aux sources pour pouvoir survivre à son malheur qui l’impactera toute sa vie.



Une écriture simple, fluide et mélancolique. Une histoire qui me suivra un bon moment.

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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

On est bien et confortable dans les livres de Jean-Paul Dubois et pas seulement parce que le héros de chacun de ses romans se prénomme Paul. C'est une petite musique d'ambiance familière, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, qui fait de Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon un texte aussi précieux que les précédents. Pour l'humanité blessée qui s'en dégage et la mélancolie qui sourd de ses lignes, autour d'un personnage que Dubois dénude peu à peu et nous rend on ne peut plus proche. Le livre alterne vie quotidienne en prison, où Paul séjourne auprès d'un détenu très haut en couleurs, et flashbacks incessants sur son passé et ses chers défunts. D'emblée, l'auteur prévient : tous ceux qu'il a aimés ne sont plus de ce monde mais ils l'accompagnent et nourrissent son âme dans la désolation de sa cellule. Il y a le père, pasteur d'origine danoise, sa compagne, suave mélange amérindien et irlandais, et enfin son chien, qui le comprend mieux que tous. Ainsi va la vie de Paul qui se déroulerait sans accrocs s'il n'y avait pas les coups du sort et une vie professionnelle qui dévient intenable. Comme toujours, Dubois réussit parfaitement ses portraits et y ajoute ici un certain sens du suspense puisque l'on ne sait qu'en toute fin de roman les raisons de l'incarcération de son héros. Mais autant que l'intérêt de la construction de l'intrigue, c'est la plume flegmatique et parfois caustique ou drolatique de l'écrivain que l'on retient et qui exhale un charme persistant. Ce n'est plus une surprise quand on connait ses livres mais un plaisir renouvelé.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Très contente de réentende la voix de Jean-Paul Dubois, longtemps après Une vie française et quelques autres, et de retrouver cette authenticité de ton et ce regard acéré et sain qui m'avaient séduite à l'époque.

Cette longue confession lue d'une traite m'a fait penser à l'atmosphère de certains bons romans américains récents, et pas seulement parce qu'il se déroule essentiellement au Canada. Sur l'ambiance carcérale, sur l'évocation française d'une famille multiculturelle atypique, sur l'atmosphère des années soixante, sur les bonheurs et frustrations accumulées au long d'une vie, sur la beauté lumineuse d'un amour, tout m'a semblé juste dans ce roman qui donne l'envie de se reconnecter à l'essentiel.

Sans oublier l'humour de l'auteur, et la figure inoubliable de l'abominable Hells Angel qui se transforme en garçonnet avec un crayon de couleur à la main!

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13 à table ! 2021

Depuis sept ans, rendez-vous est pris pour 13 à table! chaque automne. Un livre acheté, c'est quatre repas offerts aux Restaus du Cœur. Une belle initiative qu'on aimerait pourtant tellement voir disparaître pour cause d'inutilité. Hélas, avec la pandémie de Covid 19 et la crise économique en découlant, cette nouvelle campagne marque au contraire une recrudescence des personnes ayant besoin de l'association créée par Coluche.



Comme chaque année, des auteurs prêtent leur plume pour la bonne cause. Parmi eux, on retrouve les habitués comme Maxime Chattam, Françoise Bourdin ou le duo Ravenne-Giacometti. Et il y a les "petits nouveaux" comme Olivia Ruiz. Et ceux qui n'y sont pas cette année telle Karine Giébel.



Comme chaque année également, les histoires sont construites autour d'un thème. C'est le premier amour pour la cuvée 2021. Qu'ils l'abordent de manière nostalgique, loufoque, originale ou amère, les écrivains tissent des récits où l'émotion a la belle part, amour oblige.



Contrairement à d'autres années, je n'ai pas eu cette fois-ci de véritable coup de cœur de lecture. Aucune ne m'a certes ennuyée mais aucune ne m'a non plus complètement emballée. J'ai trouvé l'ensemble assez inégal, parfois convenu, voire plat pour certaines.

Je retiens néanmoins "Heureux au jeu..." de Leïla Slimani et la chute orchestrée avec maestria par messieurs Ravenne et Giacometti dans "Le premier sera le dernier".



Un dernier mot pour admirer la belle couverture signée Riad Sattouf qui a elle seule permet une bienvenue bouffée d'oxygène et de rêverie doucement colorée dans la morose grisaille actuelle. Merci beaucoup Monsieur Sattouf pour cette échappée.



Merci et bravo à tous les écrivains et à ceux qui participent à la parution de ce recueil.



Merci et bravo à tous les bénévoles des Restaus du Cœur qui mettent tant d'ardeur et de bienveillance dans leur rôle.



De beaux gestes qu'on peut tous, lecteurs compulsifs ou occasionnels, perpétuer en achetant cet ouvrage.
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La succession



Depuis qu’il est en âge de comprendre, Paul Katrakilis le sait, ça famille est dysfonctionnelle. Un grand-père paternel, au passé trouble, apparu à Toulouse après la mort de Staline. Peut-être un lien de cause à effet ? Pas de trace de grands-parents maternelles. Une mère aimante se satisfaisant de la tendresse de son propre frère, un gros garçon effacé.



Un père secret et fantasque, médecin dévoué à ses patients, uniquement à ses patients. Paul devient médecin par loyauté paternelle et joueur professionnelle de pelote basque, à Miami, par loyauté maternelle. On a le suicide chronique chez les Katrakilis, et c’est justement après la mort choisi de son père que Paul, de retour à Toulouse dans la maison familiale, va devoir faire des choix.



Un drôle de roman triste sur la difficulté d’être un fils, sur la difficulté de survivre à un héritage, à un atavisme que l’on se coltine comme fardeau.



Jean-Paul Dubois a le bon gout d’avoir la neurasthénie accrocheuse, impossible de lâcher son roman, le destin de son héros nous émeut car Paul, comme le reste de sa famille, n’est vraiment pas doué pour le bonheur.



« La succession » nous embarque de Moscou à Miami en passant par Toulouse, sa ville fétiche, sans oublier un petit tour érotique en Norvège, POUR un joli et tendre voyage en mélancolie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Je me laisse embarquer toujours avec le même plaisir renouvelé dans l'univers de Jean-Paul Dubois. Un monde tout à la fois proche et éloigné du mien. Proche par l'univers humain empreint d'anticonformisme et éloigné par le côté truculent poussé à l'extrême des personnages, héros de ses romans. Je referme ce roman avec beaucoup de nostalgie. Comment ne pas s'attacher à Paul Hansen, hybride de l'Europe du nord par son danois de père et de l'Europe du sud par sa toulousaine de mère, et venu s'échouer au Canada?

Petit à petit, nous sont dévoilées les raisons de son incarcération dans des geôles Mais je préfère laisser à Paul, le soin de vous raconter sa vie tumultueuse et humaniste.

Tabernacle, les amis!
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13 à table ! 2021

L'édition 2021 du recueil de nouvelles au bénéfice des Restaurants du Cœur. Pour 5€, l'acheteur finance 4 repas ; il n'y a donc pas à hésiter !

Le résultat est inégal, et parfois un peu décevant, mais cette 7ème édition recèle quelques pépites qui à elles seules justifient le prix.



- J'ai beaucoup aimé : Le premier sera le dernier, de Eric Giacometti et Jacques Ravenne ; Une si jolie nuit, de Olivia Ruiz ; Heureux au jeu, de Leïla Slimani ;

- J'ai bien aimé : Hier à la même heure, de Tonino Benacquista ; N'a qu'un oeil, de Françoise Bourdin ; 1973, 7è B, de François d'Epenoux ; Le correspondant autrichien, de Alexandra Lapierre ; Des lettres oubliées de Agnès Martin-Lugand ;

- J'ai moins aimé : Un film de Douglas Sirk, de Philippe Besson ; Un train d'avance, de Franck Thilliez ;

- Je n'ai pas aimé : Big crush ou le sens de la vie, de Maxime Chattam ; Une belle vie avec Charlie, de Jean-Paul Dubois ; Mon premier amour, de Véronique Ovaldé ; L'Amour volé, de Romain Puertolas.



Bonne lecture à tous.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Fils d'un père pasteur danois et d'une mère française post-soixante-huitarde, Paul, le narrateur, émigre au Québec et devient l'homme à tout faire d'une résidence cossue. Il y vit heureux en compagnie de sa femme et de sa petite chienne, à entretenir la résidence, société miniature, et à aider les habitants auxquels il rend d'innombrables services. Jusqu'au jour où débarque un nouveau gérant, un certain Sedgwick – j'allais dire « un certain Macron », mais je déraille - qui raisonne en comptable pur et dur ne voyant pas plus loin que le bout de ses chiffres. Il lui rendra la vie impossible. Dans ce livre apparaîtront d'autres personnages, les pires et surtout les meilleurs, ainsi que l'univers carcéral. Je ne divulgâcherai pas plus.

L'écriture fraternelle de l'auteur est empreint d'une douce mélancolie, sinon d'une étrange tristesse. Jean-Paul Dubois, un homme dont on aimerait être l'ami.
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Si tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, tous les hommes ne voient pas non plus le monde de la même façon.

Eh bien, je peux vous le dire, Jean-Paul Dubois et moi, ça colle et ça colle rudement bien.

Bon, je sais, je suis là pour parler du livre, pas de l'auteur. Faisons une exception si vous le permettez… Car effectivement depuis qu'il a remporté le prix Goncourt, on l'entend parler ici ou là sur les ondes, et à chaque fois je me dis : vraiment, ce mec, qu'est-ce qu'il est bien (en plus, il n'est pas mal - mais là je vais un peu loin…)

Oui, à chaque fois, qu'il parle de son travail, de son temps libre, de son rapport aux gens, aux bêtes, au temps, aux lieux, à la littérature, aux choses… à chaque fois, je me dis : ce gars, il est vraiment bien, il a un rapport juste au monde (selon moi), il n'a aucune illusion et fait ce qu'il peut pour être le plus heureux possible (et le moins malheureux possible, donc) avec ce qu'il est et dans le monde qui est le sien. C'est un pragmatique dans le fond ! Il fait avec, quoi...

Parfois, il a peur, parfois, il pleure. Souvent, il aimerait qu'on lui foute la paix parce qu'il n'a pas toujours quelque chose à dire ou bien parce qu'il craint de les dire de travers, de faire une erreur ou de blesser quelqu'un. C'est un homme sensible, Dubois, et toute son humanité, elle nous saute aux yeux quand on ouvre un de ses romans. Et p…., qu'est-ce que ça fait du bien de se dire qu'il y a encore des gens comme ça, des gens comme lui, qui ne sont pas passés à la moulinette de notre époque, à une pensée stéréotypée, préfabriquée et bien conventionnelle. Ouf ! Il en existe encore des hommes comme lui (des dinosaures?) qui ne ressemblent pas à la meute et ne se plient pas aux modes et aux diktats du monde.

Bon, ça va, ça va, j'arrête sur lui (je sens bien que je suis in love with him, alors…) et je reviens au fameux prix Goncourt !

C'était mon CHOUCHOU ! (même si je n'avais pas lu les autres…) De toute façon, objectivement, c'était le meilleur. Je ne me suis pas jetée dessus dès sa parution… Non non… C'est comme un dessert, un Dubois, il faut d'abord avoir avalé ses carottes râpées et ses blettes à la crème avant de déguster les macarons et la mousse au chocolat.

Ai-je aimé ? Ben oui, évidemment ! Quel conteur, mais QUEL CONTEUR !

Franchement (et comme toujours), je me suis laissé porter par l'histoire (je ne vous la résume pas, vous la découvrirez vous-même!), de la même façon que (j'en suis à peu près persuadée) lui-même se laisse porter par son récit (j'ai même eu l'impression – qu'est-ce que je suis vache! - que parfois, il ne savait pas tout à fait où il allait… Je ferme la parenthèse) Oui, Dubois est un conteur, un écrivain qui sait écrire, un poète aussi… Et surtout, il est drôle… Tellement, tellement drôle : ses personnages sont complètement craquants (vous ferez connaissance avec un certain Patrick Horton, Hells Angel et grand amateur de Harley Davidson, un homme très sensible des cheveux et qui menace de couper la moitié (seulement) de l'humanité en deux…) Franchement, un personnage comme ça, c'est du jamais vu ! Mais où Dubois va-t-il chercher de tels phénomènes ? Quelle invention, quelle VRAIE originalité, quelle drôlerie… C'est irrésistible ! Et je ne parle pas des multiples situations improbables et cocasses dont il nous régale à chaque page : tenez, le père du narrateur est un pasteur danois (qui doute) marié à une directrice de cinéma (pornographique… pas que, mais quand même!)

Et en prime, vous ressortez apaisé d'une telle lecture parce que, même s'il nous met sous le nez les aspects les plus sordides de la société moderne, même si ses textes sont empreints d'une grande mélancolie et d'un profond désespoir, il se dégage de ses romans une philosophie humaniste, bienveillante, tendre, généreuse, d'une très grande douceur et une philosophie à notre mesure, sans grands mots, sans grandes phrases alambiquées et pompeuses, aussi belle et lumineuse qu'un lever de soleil sur le petit port de Skagen.

Les livres de Dubois nous aident à vivre en nous montrant toute la bonté et la beauté du monde. Ils calment et consolent.

Et c'est pour ça qu'on les aime...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Eloge du gaucher dans un monde manchot

Gauchers contrariés de tous les pays, unissez-vous! Et lisez cet essai désopilant mais aussi très exhaustif sur la question!



Les jeunes générations de gauchers ne savent pas la chance qu'elles ont. Tout comme l'auteur, je fais partie de ces gauchers dits contrariés. Lorsque j'ai commencé à écrire, au stylo à plume, à l'école primaire, l'institutrice me tapait sur les doigts et m'obligeait à écrire de la "bonne "main, la droite.. Vous imaginez les pâtés ...J'étais tellement traumatisée que je ne voulais plus aller à l'école et je pleurais...Je dois être un peu masochiste car cela ne m'a pas empêchée de devenir professeur! Et je suis maintenant ambidextre.



Le livre commence par une présentation de l'auteur enfant , dont la mère , lorsque quelqu'un s'extasiait devant le portrait de son petit garçon, avouait, navrée :"oui, mais le pauvre est gaucher"...



Avec beaucoup d'auto-dérision et le sens profond de ce que j'appellerais"la déliro-amertume" qui le caractérise ( j'aime beaucoup Jean-Paul Dubois), il décrit les tourments qu'il a connus:" Je fus pris en commisération, éduqué, rééduquė, et , par-dessus tout, contrarié. A tel point que pendant quelques temps, il devint bègue. Et tout l'humour, le goût de l'absurde de l'auteur s'expriment alors , lorsqu'il évoque sa "guérison".Il écrit:" Je parvins à gueuler à la face du monde et devant les voisins:" La thématique théiste est la thérapie du thaumaturge tangent et tâtonnant, terrorisé par la tentaculaire tentation de la tarte tatin"...



Viennent ensuite des réflexions, et beaucoup d'anecdotes évoquant ce monde inversé, cette gaucherie vécue comme une malédiction, vue comme une anormalité pendant très longtemps, et dans tous les pays.Pour les Romains, étymologiquement la gauche était "sinistre" et les définitions actuelles ne sont pas plus réjouissantes" gauche: malhabile, disgracieux, embarrassé "...



Les chapitres consacrés ensuite aux multiples aspects de ce thème des gauchers ne sont pas tous d'égal intérêt mais l'ensemble est plaisant à lire, souvent instructif, presque toujours aussi loufoque et pétillant de drôlerie.



Je n'aurais jamais pensé, en essuyant mes larmes du haut de mes six ans, qu'un jour, un auteur réhabiliterait à sa façon ma main gauche, objet de douleur...







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