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Critiques de Jean Racine (765)
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Andromaque

Critiquer cette oeuvre est une mission impossible! Cette tragédie déjà très appréciée dès sa première représentation, ayant traversé les siècles. Le "classicisme" dans toute sa splendeur. Indémodable.
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Andromaque

Magnifique pièce de théâtre ! Malgré le temps, cette pièce n'a jamais perdu sa saveur ! On en garde toujours un bon souvenir ! C'est vrai qu'au début, avec le grand éloignement de ce style, on se perd un peu, ce n'est qu'une fois trouver sa musicalité poétique, on se laisse embarquer par les méandres de cette histoire d'amour assassine entre Andromaque et Pyrrhus alors qu'ils sont sensés être de meilleurs ennemis. Les personnages sont bien ficelés, ainsi que leur psychologie qui se métamorphose au gré des situations, et on y prend tellement plaisir qu'on côtoie cette histoire tragique en un seul souffle, on apprécie encore plus les figures féminines qui y occupent une place de choix dans l'action...il n'y a qu'à dire quand une femme se fâché, c'est...
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Iphigénie

Même si ce n'est pas ma pièce préférée de Racine, c'est une jolie pièce que cette Iphigénie.

Il y a toujours là le vers de Racine, pas aussi beau que dans Andromaque, Esther, Phèdre, Britannicus ou Athalie, mais beau tout de même. C'est d'ailleurs la plus grande qualité de la pièce ; la construction de la pièce n'a rien d'exceptionnelle, il y a même des maladresses de ce côté-là, la fin est consternante ( mais ce n'est là que la fin, c'est-à-dire une petite portion de pièce ), les personnages manquent, pour la plupart de finesse psychologique ( je pense à Achille, à Clytemnestre, à Ulysse… ), et seul Agamemnon, magnifique en père déchiré entre l'amour de sa fille et son devoir de chef d'armée, est vraiment digne de figurer à côté des magnifiques figures de l'univers racinien.

Toutefois, si je m'en tiens à ce qu'il en est généralement, c'est une bonne pièce que cette Iphigénie, dans laquelle on sent bien la marque de Racine ( mais un peu trop celle du Racine maladroit de Phèdre, et pas assez celle du Racine de Bajazet et de Mithridate-le sujet d'Iphigénie est pourtant tellement approprié à ce Racine-là ! ).

Une jolie petite pièce du grand Jean Racine.



[...]



"Iphigénie" est une assez belle pièce de Jean Racine.

Ce n'est pas ma préférée, mais elle est bien plaisante. Et il faut admettre que, même si, d'autres pièces de Racine, me touche, un peu plus, "Iphigénie" est néanmoins une grande pièce, une pièce très bien construite, exceptionnellement bien construite, à vrai dire ; quelle progression !... Quelle progression vers le coup final !...

Le vers de Racine est un peu moins beau qu'il a pu l'être auparavant et qu'il le sera plus tard ( je place "Iphigénie" dans ce qu'on pourrait appeler le "coup de mou", de la création racinienne, avec cette pièce et "Phèdre" ), mais demeure très beau quand même.

L'intrigue, qui, à la base, est très intéressante aurait demandé, c'est vrai, à être travaillé davantage, et à ce qu'on y enlève tout ce qui est superflu.

Néanmoins, Racine conserve à cette pièce une force. Les personnages sont très riches, un peu moins que d'autres personnages raciniens, encore une fois, et, si il devait y avoir un personnage marquant dans cette pièce, ce serait Agamemnon, personnage tout de douleur, magnifique dans son dilemme tragique ( et, non pas, racinien ). Mais c'est vrai qu'Agamemnon n'est pas aussi beau, n'est pas aussi complexe psychologiquement, n'a pas des émotions ( et une situation ) aussi émouvante que celle du Néron, de "Britannicus", de l'Oreste d'"Andromaque", ou du Mithridate de la pièce éponyme. Il n'en demeure pas moins un grand personnage racinien. C'est une assez grave faiblesse, d'autant plus que, dans "Iphigénie", ce sont les personnages, qui ont la place essentielle.

Malgré cela, malgré ces défauts, "Iphigénie" demeure une belle pièce, et les personnages restent intéressants, un peu fade par endroits, c'est vrai, parfois un peu tout d'une pièce, mais néanmoins intéressants.

Racine nous dépeint tout une galerie de personnages, et cette galerie est passionnante.

J'ai également apprécié le vers, cette simplicité, cette sobriété, et pourtant, cette noblesse, ce côté relevé.

"La colère des dieux demande une victime"... N'est-ce pas l'un des vers les plus beaux du théâtre tragique français ?...

Mais ce que j'admire surtout, c'est la construction narrative. Tout va vers le coup final, tragique, et c'est magnifique, c'est beau, c'est magistral, c'est l'oeuvre d'un maître de la dramaturgie... Tout est organisé, pour mieux laisser passer l'émotion.

En somme, une bien belle pièce de Racine, dont le grand atout est la construction, qui, malgré certaines faiblesses, reste digne de figurer aux côtés des autres pièces de Jean Racine.

Je préfère l'"Iphigénie à Aulis", d'Euripide, sur la même thématique, mais l'"Iphigénie", de Racine, est néanmoins, très bonne.



Seconde critique collée par un administrateur.
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Les Plaideurs

Ah ! que nous sommes loin des dramatiques Phèdre ou Bérénice ! Les plaideurs n'a rien à voir avec les célèbres tragédies, non, dans cette pièce, Racine a choisi de se moquer du monde juridique : juges, avocats, plaignants... chacun en prend pour son grade au fil de l'histoire du juge Dandin qui voudrait passer chaque heure de la journée à juger, de Chicanneau et de la comtesse qui ne peuvent s'empêcher de porter plainte, de Léandre et d'Isabelle qui s'aiment et voudraient se marier.

Moins de deux heures suffisent à lire cette courte pièce. Le style est, comme toujours avec Racine, superbe ! - non, décidément, je ne m'en lasserai jamais - et, pour une fois, au lieu de pleurer, on sourit et on rit !



Challenge ABC 2017/2018
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Phèdre

Phèdre se meurt,Phèdre veut mourir.



Elle se traîne dehors, sous le soleil dont elle descend, pour le voir une dernière fois. Oenone aime Phèdre, elle l'a nourrie, elle la couve avec l'amour dévorant et inconditionnel des nourrices ou des mères. Elle la pousse à parler, à dire ce qui la dévore. Et Phèdre, affaiblie, cède: elle avoue son amour pour Hippolyte, le bel indifférent, voué au culte de Diane,le fils de l'Amazone et.....son beau-fils.



Dès lors, comme si elle avait mis le doigt dans un engrenage, sa parole va l'entraîner à d'autres paroles, à d'autres aveux, la précipitant dans la faute comme le tourbillon jetait Ulysse - de Charybde en Scylla.



Son deuxième aveu, Phèdre l'adresse à Hippolyte lui-même - effarouché, fuyant, n'osant comprendre. Puis elle est entraînée à des mensonges: devant son époux, revenu d'entre les morts contre toute attente, elle accuse son beau-fils d'avoir cherché à la séduire, provoquant la malédiction du fils par le père, et cette parole-là, dans la Grèce des mythes et des monstres, tue plus sûrement qu'un coup d'épée.. Enfin, devant le désastre, Phèdre se livre à un troisième aveu, devant celui-là même qui crée la faute: son époux. Expiant enfin son crime par une mort tragique, elle "rend au jour qu'elle souillait toute sa pureté"...



Jouée devant la cour par les petites pensionnaires de Mme de Maintenon à Saint Cyr, la pièce était si passionnée et jouée avec tant de flamme par ces jeunes filles, que la vieille bigote qui fit révoquer l'édit de Nantes à Louis XIV s'en émut: elle demanda à Racine de ne plus écrire que des pièces chrétiennes, édifiantes.



Cette merveilleuse tragédie jette donc les derniers feux de la passion racinienne. Avec quel éclat!



Les monstres de tout poil, les chevaux fous d'Hippolyte,( celui-qui-lâche-les -coursiers), la mer étincelante où dorment d'un oeil les monstres marins, les sombres paluds infernaux où siège Minos, père de Phèdre et juge aux Enfers, l'ombre terrible du Minotaure, les dédales du labyrinthe où s'étire le fil d'Ariane, leTaureau blanc de Pasiphaé, et surtout le soleil grec, éclatant, écrasant, sans pitié, donnent à cette passion mythique son décor désigné..



Mais Phèdre n'est pas qu'une créature païenne mue par ses sens, manipulée par la vengeance de Vénus qui s'acharne sur tout son sang,elle est aussi cette" chrétienne à qui la grâce a manqué", cette janséniste consciente de ses fautes, honteuse de ce qu'elle est devenue, de ce qu'elle fait ou dit, et qui cherche dans la mort le châtiment que les dieux lui refusent.



Racine est celui qui a le mieux compris la tragédie grecque et qui a su aussi l’adapter aux problématiques de son temps. Avec lui, Phèdre ne prend pas une ride, elle est toujours la puissante incarnation de cet amour-maladie dont parlait déjà Sapho : "Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue, mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, je sentis tout mon corps et transir et brûler" mais elle aussi une sorte de Princesse de Clèves sans la volonté, qui a une conscience aiguë du mal qu'elle crée et qu'elle affronte, et qui souffre de son impuissance et de sa déchéance.



Je ne me suis jamais lassée de lire, de relire Phèdre- et je me suis toujours réjouie et émerveillée de la fascination qu'elle exerce sur tous les publics, y compris très jeunes. Tous sensibles à ses images, à sa musique, à sa violence, à son déchirement.



Comme si la qualité exceptionnelle de cette tragédie, malgré les siècles, restait aussi aveuglante que le soleil grec...



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Phèdre

Dans mes plus profonds souvenirs, j’ai toujours eu une appréhension quand à lire une pièce de théâtre. Pourtant, le peu que j’ai lu, j’ai toujours aimé. C’est encore la cas avec Phèdre. Difficulté supplémentaire, je n’avais jamais lu une pièce en alexandrin complètement et de Racine. Vierge et innocent de cet auteur je m’y suis lancé sans apriori.



Malgré que la trame de l’histoire soit un peu connu avant le début de la lecture, comme c’est souvent le cas avant de lire les tragédies grecques célèbres, je m’y suis immergé totalement et sans difficulté. On dirait que les mots ont été créés uniquement pour ce genre de tragédie. Chacun trouve sa place avec un ordre millimétré comme du papier à musique, et qui donne une harmonie et une certaine beauté à cette pièce. L’autre aspect intéressant des tragédies grecques, est les questions que soulèvent les thèmes abordés dans les pièces. Ici il est question d’amour incestueux, du regard de la société, de liberté d’action, et de connaissance de soi. Tels on les thèmes qui reviennent souvent dans ces tragédies.



J’ai trouvé Phèdre touchante malgré sa monstruosité d’aimer son beau-fils et rendre coupable les autres de ses actes. J’ai détesté Hippolyte pour la froideur dont il fait face devant sa belle-mère, et les sentiments pour son aimée et son père.



La langue de Racine coule d’elle-même et les alexandrins sont très accessibles et ne sont pas lourd du tout. Tout les vers s’imbriquent les uns dans les autres. L’aspect immuable final des tragédies peur rebuter certains, mais quand on y pense, que ferions nous à la place des personnages ? Que peuvent-ils faire à part d’avoir le courage de regarder leur destin en face et de se remettre en question quitte à en finir puisqu’il n’y plus rien à faire dans ce monde là ? Je pense qu’à leur place nous n’aurions pas le courage d’agir et nous deviendrions tous fou.



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Phèdre

Dans l'univers du théâtre classique français du XVIIe siècle, la pièce "Phèdre" de Jean Racine occupe une place de choix. Cette tragédie, écrite en 1677, est une exploration profonde et subtile des passions humaines, de la culpabilité et de la lutte entre le devoir et les désirs interdits. C’est une œuvre majeure de la littérature française. Je l’ai étudié au lycée, et depuis, je l’ai lu et relu. C’est une pièce riche en émotion, à l’écriture incroyable, une pièce que j’ai toujours appréciée pour sa complexité psychologique des personnages et la force dramatique de l’histoire.



"Phèdre" est une tragédie majeure de Jean Racine, dramaturge français du XVIIe siècle. La pièce est ancrée dans la mythologie grecque, un riche réservoir de récits qui ont inspiré de nombreuses œuvres littéraires et artistiques au fil des siècles. L'intrigue se concentre sur trois personnages principaux : Phèdre, Thésée et Hippolyte. Phèdre, le personnage principal, est l'épouse de Thésée, le roi d'Athènes, et elle tombe éperdument amoureuse de son beau-fils, Hippolyte. Cette situation constitue le cœur de l'intrigue, qui tourne autour des passions dévorantes et des conflits familiaux. Ce qui distingue "Phèdre" et le rend si captivant, c'est la manière dont Racine traite ces passions. Contrairement à la tendance à l'explicitation des émotions dans la tragédie moderne, le théâtre classique français de l'époque se caractérise par sa « pudeur » dans le traitement des sentiments. Cette retenue est une caractéristique de "Phèdre" qui m’a toujours plu.



Les émotions les plus intenses, telles que la passion amoureuse, la jalousie et la culpabilité, sont exprimées de manière subtile et nuancée. Les personnages révèlent leurs états d'âme à travers des monologues poétiques, des dialogues suggérés et des métaphores habilement choisies. Cette pudeur crée une tension dramatique palpable tout en maintenant une distance esthétique, invitant les spectateurs à s'immerger dans les tourments intérieurs des personnages sans pour autant être submergés par une expression trop crue des passions.



Phèdre, le personnage central de la pièce, incarne cette complexité des sentiments. Elle est tourmentée par un amour non-réciproque pour Hippolyte, son beau-fils. Ses émotions sont contradictoires, mêlant désir et honte. Cette passion refoulée est le moteur de l'intrigue, et sa révélation déclenche une série de drames qui mettent en lumière la complexité des passions humaines et les conséquences dévastatrices qu'elles peuvent avoir.



La pièce explore les conflits intérieurs et extérieurs qui découlent de la confrontation entre le devoir familial et la poursuite de désirs interdits. Phèdre est déchirée entre son amour pour Hippolyte et sa loyauté envers Thésée, son mari. Ce conflit entre le désir et le devoir constitue un élément central de l'intrigue, mettant en évidence les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés.



Dès sa première représentation à la cour de Louis XIV, "Phèdre" a connu un grand succès. Cette tragédie classique a inspiré de nombreuses adaptations, réinterprétations, et imitations au fil des siècles. Son influence s'étend bien au-delà du théâtre, touchant également la littérature, la musique, et d'autres formes artistiques. Des écrivains et dramaturges modernes ont également été influencés par l'œuvre de Racine et ont fait référence à "Phèdre" dans leurs propres créations.



"Phèdre" aborde des thèmes intemporels, notamment la passion destructrice, la culpabilité et la destinée. Ces thèmes continuent de résonner avec les lecteurs et les spectateurs d'aujourd'hui, faisant de cette pièce une œuvre littéraire et théâtrale, toujours pertinente et étudiée. Elle nous invite à réfléchir sur les dilemmes moraux universels et à explorer les complexités des émotions humaines, ce qui en fait une pièce de théâtre classique qui continue de fasciner et d'émouvoir.



En bref : "Phèdre" de Jean Racine est une pièce de théâtre incontournable qui allie la puissance des émotions humaines à une pudeur artistique. Elle reste un exemple classique de la tragédie française et continue de captiver les lecteurs et les spectateurs par sa profondeur psychologique et son exploration subtile des passions humaines. Une œuvre à découvrir ou à redécouvrir.



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Bérénice

Bérénice, reine de Palestine est follement amoureuse de Titus, l'empereur de Rome, qui lui aussi aime passionnément Bérénice. Puis il y a Antiochus, roi de Comagène et ami de Titus qui se meurt d'amour pour Bérénice depuis des années mais n'a jamais le lui avouer du fait qu'elle est promise à Titus.



On pourrait penser à une pièce politique à la Shakespeare, d'autant plus qu'il est question de devoir et de la gloire qu'offre le pouvoir dans cette pièce, mais c'est bien d'amour et surtout de sacrifice qu'il s'agit dans cette pièce.



L'amour vaut-il qu'on lui sacrifie tout même une gloire assurée ? Pour le bien d'autrui, faut-il se sacrifier et brider sa parole ? Face aux règles de l'Etat et tradition d'un peuple, l'amour est-il un motif de transgression acceptable ? Ou faut-il se conformer quoi qu'il en coûte et souffrir un gros coup sur le moment en se concentrant sur les promesses de gloire éternelle ?



Avant la saga du XX° et XXI° siècle des Windsor, et après Roméo et Juliette, Racine explore l'importance et la place que l'on donne à l'amour, senti éphémère et imprévisible face à la morale et aux règles.



Dans cette mise en scène antique, ce sont donc des questions intemporelles que posent le dramaturge. Et il y répond, comme dans certaines chansons, qu'il ne peut y avoir d'amour heureux. Ici le choix, quel qu'il soit mène au sacrifice.



Le fond est très intéressant et la forme très travaillée contient de magnifiques vers, mais que c'est difficile à lire ! Si je n'ai pas lu cette pièce au lycée (et heureusement...), je me souviens d'avoir entendu une enseignante de lettres se demander comment faire passer cette oeuvre au programme si compliquée. Et après avoir expérimentée , en tant qu'adulte qui plus est, je ne peux que confirmer ce diagnostique ! Surtout avec la plupart de nos ados d'aujourd'hui. Ce qui est doublement dommage c'est que le fond peut parler à beaucoup d'ados mais la forme (même si on reconnaît sans problème sa splendeur et sa qualité) typique du XVIIème siècle est si compliquée et loin de l'évolution qu'a connu notre langue que cela a de quoi décourager nos jeunes d'explorer la littérature classique.



Pour ma part, je suis contente d'avoir pu tester la lecture de cet auteur, même si sa complexité syntaxique m'a parfois rebutée. Et même si mon regard de lectrice du 21ème siècle n'a pu s'empêcher de soupirer en lisant ce schéma classique de la femme passionnée guidée par ses émotions et prête à tout pour cet aspect des sphères privées tandis que l'homme est toujours celui plus pragmatique et préoccupé par des considérations matérielles et pratiques : sa carrière, la sphère publique.

Enfin, heureusement, quand on sait utiliser la distance et l'esprit critique on se rattrape vite en se disant que c'était les codes de l'époque. Ouf !
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Andromaque



Ca y est, j'ai lu une pièce de Racine ! Ce type d'œuvre, des monuments, me fait toujours un peu peur. Peur de ne pas en saisir tout l'essence par manque d'érudition, peur de ne pas aimer ce que tout le monde nomme chef d'œuvre. Et finalement, à la faveur du challenge solidaire, j'ai lu Andromaque.



Comme souvent, avec les pièces de théâtre, surtout les plus anciennes, je préfère les voir jouées avant de lire le texte. Pour mieux poser le contexte, pour avoir une espèce de guideline me permettant de mieux appréhender le récit et compléter éventuellement les blancs du texte par une représentation visuelle. Ce ne fut pas le cas ici mais ça ne m'a pas empêchée de l'apprécier, me rendant bien vite compte que tout ou presque est justement dans le texte.

Si on fait abstraction de la langue antique employée, les dialogues sont assez modernes sur le fond: francs et sans fard. Ca ne m'étonne pas que plusieurs metteurs en scène aient osé transposer cette tragédie dans un cadre contemporain tant le propos est intemporel.

Il ne me reste plus qu'à découvrir cette pièce sur scène à l'occasion.
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Andromaque

Lecture particulière toujours dans le cadre du challenge solidarité 2020, un Racine, je devais choisir, c'est Andromaque qui est sorti de mon chapeau.

Je ne vais pas redire tout ce qui précède et suivra, tout le monde connait plus ou moins l'histoire de ces amours compliqués.



Que dire de l'ambiance, un peu difficile de s'acclimater déjà des prénoms de chacun. Qui est qui !! Qui aime qui et qui n'aime pas qui ??? une petite mise en jambes me fut nécessaire pour lire la pièce sereinement. Après avoir pris mes marques, il fallut encore s'accoutumer au style bien particulier de cette époque.

Une fois bien échauffée, prête pour le marathon des alliances, désalliances, des crimes et suicides qui menacent à chaque tirade.

Avez une drôle de façon de régler leurs comptes à cette époque ! On ne faisait pas dans la dentelle. Un rival un peu trop encombrant ! Que cela ne tienne, un petit coup de poignard et l'affaire est faite !



Autant le prendre sur le ton humoristique que dramatique sinon, on n'en ressort pas indemne.

Sont compliqués au final, quelle prise de tête cette Hermione.

Ceci dit, il me déplairait pas de voir jouer cette pièce.

Lecture compliquée mais ma foi intéressante quand même pour la complexité des relations et des personnages. C'est certain je ne lirai pas du Racine à tout va !



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Phèdre

Phèdre...

Une pièce de Racine qui s'inscrit dans le registre tragique et dans laquelle on l'observe très bien. Pourtant, à l'origine cette oeuvre ne s'appelait pas ainsi mais portée le nom d'Hippolyte. Phèdre est emprisonnée dans de nombreux sentiments dont le principal est la passion. Une passion tellement dévorante, qu'elle sera la cause de la mort de son entourage : Hippolite, son beau-fils et son éperdu amour, Oenone, sa nourrice. Thésée son mari, est un personnage seul, en effet son arrivée n'est pas accueilli avec chaleur. Mais, surtout, c'est lui qui termine la pièce, qui parle le dernier. La mort des personnages principaux, Hippolyte, Oenone et le suicide de Phèdre marque cette oeuvre dans le registre tragique.

C'est un classique de la tragédie, somptueusement rédigé par Jean Racine. Cette oeuvre, pièce de théâtre est, pour moi, absolument à lire une fois dans sa vie.

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Britannicus

De Racine, je n'ai lu que très peu de pièce de théâtre : j'ai beau avoir beaucoup aimé ses histoires que j'ai eu l'occasion de lire, je reste fidèle à Corneille. Du coup, c'est dans le cadre du Baby-challenge Théâtre que je me suis lancée dans cette lecture que j'ai bien aimée.



Dans Britannicus, j'ai beaucoup aimé la part de vérité et d'histoire que l'on retrouve dans cette histoire : ça m'a rappelé les cours de latin où l'on découvrait Néron en tyran sanglant et Aggripine en vieille bique bien accrochée à la vie. Britannicus, par contre, c'est bien la première fois que j'en entendais parler.

Ce que j'ai aimé dans cette pièce, c'est redécouvrir Néron : dans les premières scènes, il n'a rien du tyran sanglant de mes cours de collège, mais plus on avance dans les actes, plus il se laisse bouffer par la jalousie et plus il devient le "monstre" qu'on apprend à l'école... J'ai vraiment trouvé cette évolution très intéressante et très bien faite. Ça m'a vraiment scotchée.

Aggripine, quant à elle, est vraiment fidèle à l'image que je gardais d'elle dans mes souvenirs : elle est vraiment assoiffée par le pouvoir !

J'ai été assez surprise de découvrir Britannicus dans un rôle secondaire : il n'apparait vraiment que dans très peu de scènes. C'est assez troublant d'autant plus que, du coup, ça accentue son rôle de victime...



C'est vraiment avec plaisir que j'ai retrouvé l'écriture de Jean Racine que j'avais eu l'occasion de découvrir à travers Phèdre et Andromaque. J'ai beaucoup aimé la force de ses phrases et des émotions qu'elles transcrivent bien qu'elles soient en alexandrin. Et, plus que tout, j'ai beaucoup apprécié la façon dont, avec un mot seulement au détour d'une phrase, il arrive à nous montrer l'évolution de Néron...

Britannicus est vraiment une très belle découverte.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Andromaque

Relecture en audio de cette antique tragédie à laquelle je n'avais pas compris grand-chose à l'époque. La version audio de la Comédie Française est impeccable. Le texte, dit à voix haute, devient un peu plus clair sur quelques points. Les intentions guident la compréhension, néanmoins cela demeure toujours très obscur. Ce qui m'a ébloui dans cette pièce brillante et d'une précision diabolique, c'est l'absolu besoin de générer des contradictions - soit consciemment, soit inconsciemment - grâce - ou à cause, question de point de vue - à deux moteurs (débridés, avouons-le) à savoir la vengeance et la convenance. La figure d'Andromaque est très intéressante dans sa posture totalement contradictoire et ambigu, bien malgré elle, bien entendu. C'est sans doute la seule chose qui m'est apparue clairement. Enfin, je peux me tromper... Si on l'avait décidé, choisir, le sort en aurait ainsi ; mais fatalement les hommes ont pris d'autres décisions. C'est retors, tordu, ardu ; mais tellement agréable à écouter que je me suis laissé perdre dans les élans de prise de tête en alexandrin et sans émojis, lol ou mdr. Dans cette pièce, on n'y meurt pas de rire, on peut s'y ennuyer, mais tel est le dessein de certains grands monuments artistiques. Je vais poursuivre le cycle Racine de France-Culture et La Comédie Française.
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Phèdre

"Phèdre" de Jean Racine (ou plus simplement appelé Racine).



Je suis pas un habitué des pièces de théâtre, à part les quelques vues en cours de français au collège puis au lycée, je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce genre de littérature car celle-ci ne me donnait pas forcément envie.

Mais l'ayant trouvé pas très chère dans un magasin de livres en promo (je l'ai eu en lot avec d'autres livres pour 2 euros les 5 livres) j'ai passé le cap et ait tenté ce livre.



Je n'ai pas été déçu. En plus d'avoir été une lecture assez rapide, elle a été très fluide (ce que je redoute souvent avec les pièces de théâtre).

L'histoire d'amour à sens unique de Phèdre envers Hippolyte (et incestueuse car étant la belle-mère de celui-ci) est vraiment bien amené avec un dégoût de soit-même de la part de Phèdre envers ses sentiments.

Le fait que les Dieux grecques (avec des noms romains, je m'en remettrais pas) jouent un rôle important est plutôt intéressant car cette aspect divin rajoute dans la tragédie de la pièce de part la mort de certains personnages (que je ne spoilerais pas).



En bref, une petite critique rapide pour vous conseiller de lire cette pièce (ou d'en voir une représentation sur scène si vous en avez l'occasion).



(7.5/10)
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Bérénice

Berenice n’est pas ma tragédie de Racine préférée, mais on y retrouve toute la beauté de la langue de Racine, et cela suffit à rendre sa lecture agréable.



Pour résumer l’histoire , Antiochus aime Berenice, qui aime Titus, qui aime Berenice, mais ne peut l'épouser (car les lois romaines interdisent à l’empereur d'épouser une reine étrangère), et envoie Antiochus lui annoncer la mauvaise nouvelle.

Sur cette base se déroule une tragédie classique, dont on se demande comment elle va se terminer car plusieurs options sont possibles, notamment au regard du rôle d’Antiochus, dont la position en tant qu’ami de Titus amoureux de Berenice n’est pas enviable.



A noter enfin pour la petite histoire que Racine a écrit cette pièce rapidement pour qu’elle soit jouée juste avant celle de Corneille sur le même thème.
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Iphigénie

Dans mon panthéon racinien, il me manquait Iphigénie, classique entre les classiques pourtant.

Je n'avais eu, avant aujourd'hui, ni l'occasion, ni l'envie surtout de la lire (si on m'avait proposé de la voir, ça aurait été toute autre chose!). Il faut dire que j'ai longtemps renâclé face aux tragédies classiques et qu'il m'a fallu du temps pour apprendre à les aimer.

Cette image rendue un peu pieuse par le temps et l'histoire littéraire d'une jeune Iphigénie prête au sacrifice par amour pour son père, à la mode d'Abraham... Bof.

Et puis, je n'aime guère les Atrides, moi. J'exècre Agamemnon et ma mauvaise foi de troyenne défaite et moi-même n'avions absolument aucune envie d'éprouver ne serait-ce qu'une once de compassion (à la Racine donc!) pour ce détestable personnage.



Finalement pourtant, j'ai lu "Iphigénie" (versatile âme humaine!).

J'ai aimé "Iphigénie" qui précède la grande "Phèdre" de trois ans et dans laquelle Racine, alors à l'apogée de sa gloire et de son talent, renoue avec un sujet tiré de la mythologie et tente l'impossible réconciliation du coeur (du désir même) et de la raison. On sait bien, pourtant, que ça ne marche presque jamais.

Les turpitudes entraînées par le dilemme d'Agamemnon (Sacrifier ou ne pas sacrifier? Telle est la question…) véritable noeud de l'intrigue, sont toutes entières pétries de l'amour -filial, charnel, etc- mais l'affaire étant éminemment politique (du sacrifice dépend le destin des grecs et de ma belle Troie, Diantre!), à quoi bon laisser au coeur le droit de s'exprimer? C'est presque absurde. C'est presque de la vanité.



La pièce s'ouvre donc quelques dix ans avant la chute d'Illion. Les achéens sont coincés au port par des vents capricieux et perdent patience. Les dieux pourtant finissent pas s'exprimer à travers leur oracle: les vents se lèveront à condition qu'on leur sacrifie la douce Iphigénie, fille du chef. Agamemnon, dans un premier temps et conseillé par Ulysse (j'ai toujours pensé qu'il était perfide celui-là) accepte de verser le sang de sa fille et fait donc venir cette dernière, ainsi que sa mère Clytemnestre, sous un prétexte fallacieux. Il prétend vouloir la donner en mariage plus promptement que prévu au noble Achille (si tant est que puisse être noble l'Hectoricide, entendons-nous bien!) qui -ça tombe bien- est véritablement amoureux de la douce Iphigénie. L'Atride est pourtant pris de remords à l'idée de sacrifier le fruit de ses entrailles sur l'autel de sa victoire et envoie un autre messager auprès de son épouse et de la princesse pour différer leur venue: Achille, finalement, ne voudrait plus de sa promise et jetterait ainsi l'opprobre sur elle.

Oui, mais c'est trop tard: Clytemnestre et Iphigénie sont en route et la souveraine va exiger des explications.

Oui, mais Achille est ici, fou d'amour et prêt à se battre.

Oui, mais Eriphile est là aussi et brûle pour Achille, et brûle de haine aussi.

Oui, mais les grecs et la gloire attendent: les dieux ont soif et les vents ne se lèvent pas.

La tragédie peut s'ouvrir et elle sera grandiose.



Naturellement, on ne peut pas parler d'un texte de Racine sans évoquer la pureté et la beauté de sa langue qui tutoie le sublime et les étoiles, même si elle manque quand même parfois un peu de tempête et de tourments alors que -paradoxalement- c'est ce qu'elle raconte si bien.

C'est harmonieux, fluide comme le chant d'une rivière. Parfois, c'est ironique et cassant mais toujours avec élégance, panache.



Au delà de la langue et ses hauteurs sublimes, pour moi le point fort de la pièce, ce sont ses personnages: d'un côté les "adultes" Agamemnon, Clytemnestre et Ulysse et de l'autre les "jeunes": Iphigénie, Achille, Eriphile. Rien qu'à partir de là, il y aurait des choses à dire.

Ainsi, j'ai trouvé les premiers (à l'exception d'Ulysse) bien versatiles, bien faibles malgré leurs éclats. Ils tentent de s'arranger, ils changent d'avis, en un mot ils font des compromis, là où celui et celles qui ont l'âge d'être leurs enfants ne sont qu'absolus, sans concessions. Si cela ne confère pas à Achille beaucoup de complexité -c'est un héros qui agit plus qu'il ne médite-, cela approfondit sensiblement Iphigénie et Eriphile. Je dois avouer cependant que la première m'a agacée: trop de docilité, trop de douceur, trop de résolution, de raison même dans ce qui la brûle et j'aurai voulu que Racine ne la sauve pas (mais pouvait-il faire autrement? La bienséance, tout ça). En revanche, j'ai adoré Eriphile, considéré à tort comme un second rôle: elle apparait peu sympathique malgré son statut de victime, son amour pour Achille est franchement malsain (coucou, syndrome de Stockolm!) mais quelle intelligence, quelle lucidité -elle est un peu un double d'Ulysse à cet égard, elle comprend comme lui l'insupportable nécessité du sacrifice - quelle volonté d'apprendre ce qu'on lui cache et de se battre. Quelle amour aussi et malgré tout!

Peut-être bien qu'au départ, cette mystérieuse captive n'était que le moyen de sauver la belle Iphigénie, peut-être que Racine n'avait pas conscience de la force de ce personnage mais quelle création! Elle annonce presque Phèdre... et je me dis que même en 1674, elle devait avoir son importance -même un peu ténébreuse- sinon pourquoi est-elle celle qui apparait la première des deux jeunes filles?

Tout comme je m'interroge encore sur la révélation d'Arcas: trahison ou fidélité?

Elle soulève beaucoup de questions cette tragédie et pas des moindres...

Et dire qu'elle m'aura aussi fait apprécier Agamemnon: le personnage est-il un double du poète qui aurait perdu sa fille peu avant d'écrire la pièce ou d'un roi soleil en perte de vitesse et de lumière comme l'ont écrit les exégètes?

On ne le saura sans doute jamais vraiment, mais le roi de Mycènes a enfin figure humaine et ça, c'est virtuose.



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Bajazet

Bajazet est la septième pièce de Jean Racine, suivant Bérénice et précédant Mithridate. On peut dire qu'elle confirme le génie du Maître. Conciliant un certain orientalisme avec un exceptionnel talent de construction d'intrigues, il a réussit encore une fois à m'enchanter. Mais quel Maître, quel auteur, bon sang !

Quel Maître de la construction d'intrigues, tellement habile dans la construction de ses intrigues !...

Une grande œuvre, par un Maître du théâtre tragique et du théâtre tout court.

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Britannicus

Une pièce courte où toute la perversité, la noirceur, la complexité des personnages sont menées à leur paroxysme. J'ai été étonnée par tant de violence dans les vers de Racine, je n'avais jamais lu ça auparavant dans une pièce de théâtre. On a un exemple ici de la puissance des mots, de leur poids ; des armes lorsqu'ils sont utilisés à bon escient. J'ai beaucoup aimé que Racine remonte à la naissance du démon Néron, et dépeigne les méandres de l'âme du futur tyran qu'il deviendra... Il saisit le moment précis où tout bascule. Fascinant.
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Bérénice

Ecoutons Muriel Mayette comparer "Andromaque" et "Bérénice": « Deux œuvres si différentes : l'une cherchant le pardon, l'histoire des amours vierges et des idéaux impossibles, la pièce des revirements et des pulsions destructrices, l'autre, chagrin des amours consommées et périssables, déroulé d'une nuit pour un départ, aucun rebondissement, aucune surprise, mais le long deuil des sentiments. »



Rien ne définit mieux " Bérénice" que l'expression "long deuil des sentiments". La musique hypnotique de l'alexandrin et la lenteur d'un inexorable adieu agissent sur le spectateur comme un charme puissant....ou pas! Voilà une tragédie sans passion, sans péripéties, sans destin, sans affrontements, rien qu'une tristesse infinie, la petite musique des larmes que nous faisait déjà entendre Andromaque sur la tombe d'Hector, mais sans les rugissements des grands fauves Pyrrhus et Hermione pour couvrir sa voix...



Titus aime Bérénice et Bérénice aime Titus, ils ne sont séparés que par la raison d'état..on est aussi dans la fable politique adressée au monarque Louis XIV qui eut le "courage" de rompre avec Marie Mancini pour les mêmes raisons d'état, et sut se montrer grand, ce faisant..



Cela ne nous touche plus guère, alors que les dilemmes d'Hermione ou les chantages de Pyrrhus continuent de nous bouleverser...raison pour laquelle je choisis toujours soigneusement les mises en scène et les interprètes de Bérénice avant d'aller revoir cette pièce que j'aime mais qui, sauf distribution hors pair -Ludmilla Mickaêl et Didier Sandre, par exemple! - m'ennuie toujours un peu...



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Andromaque

Andromaque a été un triomphe dès sa création mais c’est une pièce difficile à lire. Elle oppose deux femmes, la Troyenne Andromaque et la Grecque Hermione, et deux hommes du clan des Grecs, Oreste et Pyrrhus, auxquels Ménélas a successivement promis Hermione. En arrière-plan le petit Astyanax, fils d’Andromaque et d’Hector, survit chez Racine au sac de Troie (dans la légende homérique, il est tué par Pyrrhus) et fait l’objet d’un chantage. Ce prérequis est exposé à l’acte I — laborieusement à mon gout — dans de longs monologues d’Oreste et de Pyrrhus. Puis vient l’acte II où se développe l’extraordinaire intrigue de Racine. Oreste, ambassadeur des Grecs auprès de Pyrrhus, vient se faire livrer Astyanax qui pourrait, adulte, se venger des Troyens. Pyrrhus protège Astyanax pour séduire Andromaque, sa captive, laquelle le hait, car son père Achille a tué Hector son époux. Oreste trahit les Grecs et son hôte pour accomplir son dessin secret, enlever Hermione. Animée par la jalousie — se voir préférer par Pyrrhus une esclave troyenne — et portée par le dépit d’être vue par les Grecs comme une monnaie d’échange, Hermione manipule Oreste avec une extraordinaire maitrise pour qu’il tue Pyrrhus. L’affaire se conclut par un meurtre et deux suicides.



J’en reste là : le théâtre n’est pas fait pour être lu, mais vu et entendu. Or cette pièce est un joyau. Les femmes dominent. Non pas Andromaque (étymologiquement « celle qui combat les hommes ») qui nous émeut par son éloquence (voir citation) et ses vertus de mère et de victime. Mais Hermione. Cette femme délaissée mène deux hommes à leur perte, sans utiliser la séduction comme sa mère Hélène, ni la magie comme Circé contre Ulysse, mais l’art cruel de dresser entre eux des hommes violents, aveuglés par la passion. Pour les Parisiens : ne le lisez pas la critique du Monde, voyez à l’Odéon des acteurs impeccables et l’excellente mise en scène de Braunschweig.

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