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Critiques de Jonathan Dee (148)
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Sugar Street

« Ne provoquer aucun impact et vivre sans subir d’impact. Protéger les autres de tous les dommages divers que je peux créer. Que j’ai créés. Résister à l’orgueil de croire qu’il est possible de corriger ou de réparer les conséquences de mes actes. Voir sans détruire. Transformer les jours qui me restent sur Terre en une sorte de sortie spatiale, coupe le cordon. Être sans reproche. N’entrainer personne dans ma chute. Echapper à la surveillance, ciblée ou non. Eviter d’être identifié. Tels étaient, je dois m’en souvenir, les objectifs. »



Le narrateur anonyme est en fuite sans qu’on sache pour quelles raisons factuelles. Il a commis des « crimes », nous dit-il, a visiblement des mandats de recherche contre lui. Il ne cherche pas seulement à s’échapper mais à disparaître complètement, à assassiner son ancien moi pour vivre le restant de ses jours dans la peau de quelqu’un d’autre. Pour cesser d’exister sans se suicider, il jette son dévolu sur un lieu discret et oubliable : une ville moyenne avec laquelle il n’a aucun lien passé.



Vouloir disparaître est une chose mais est-ce vraiment possible, même en vivant sous une fausse identité, en se débarrassant de sa carte bancaire, de son téléphone portable, en évitant les vidéos de surveillance et autres traçages via Internet, en louant sans bail en payant en liquide ? En fait, le vrai danger, la vraie difficulté, c’est le réseau de relations sociales auquel nous participons tous sans réfléchir. Peu importe leur rareté, le narrateur a des pulsions inéluctablement humaines qui le font interargir avec sa logeuse, personnage mystérieux cash et sans vergogne, avec un inconnu noir à la bibliothèque ou encore des enfants qui passent dans la rue.



Sugar street est avant tout un roman d’atmosphère tant le moindre acte, la moindre interaction sociale est potentiellement dangereuse pour le narrateur qui doit se méfier de tout, de tous, et se montrer prudent. Même s’il ne se passe pas grand chose en soi durant les deux tiers du roman, la tension est là, bien présente, paranoïaque, surlignée par la diminution de la somme d’argent dont il dispose au départ ( 168.548 $ ) et que l’on voit fondre au fil de ses dépenses pourtant sobres, comme un compte à rebours ralenti qui annoncerait une catastrophe.



Même si le récit prend la forme d’un monologue voire d’un journal intime un peu décousu, Jonathan Dee laisse le lecteur dans le flou total sur le passé de son personnage et les enjeux à venir. Cela m’a sans doute empêché de totalement m’intéresser à son destin, en tout cas d’entrer en empathie avec lui. La question lancinante de l’origine de son pactole, de la teneur de son «crime » et de l’identité de qui il a laissé derrière lui, mon attention s’est quelque émoussée au fil d’un texte tout de même très austère et claustrophobe parsemé de réflexions parfois un peu sentencieuses.



Je me suis progressivement détachée du récit tout en étant admirative de l’humour noir sarcastique et de l’acuité pessimiste de l’auteur à analyser les maladies de la société américaine contemporaine ( racisme, pauvreté, violences policières etc ). Sugar street traite avec intelligence de la culpabilité de l’homme blanc privilégié et de sa difficulté à alléger son empreinte dans un contexte de déliquescence de la démocratie, du capitalisme et du libéralisme.



Dans le dernier quart, Jonathan Dee allume opportunément deux mèches narratives qui réveillent le suspense et l'intérêt : l’enveloppe avec l’argent bêtement planquée sous un matelas et l’arme de la logeuse planquée dans un tiroir. Le dénouement est réussi, fort, mais tout ce qui a précédé a été trop aride pour totalement me récupérer.

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Sugar Street

Jonathan Dee fait partie de ces écrivains qui s’attachent à décrypter l’Amérique contemporaine, en dévoilant le dessous des cartes. « Les privilèges » dénonce avec malice la décadence de la nouvelle classe dominante du XXIème siècle, les ultra-riches, tandis que « Ceux d’ici » décrit la désillusion de la classe moyenne, frappée de plein fouet par la fin du rêve américain. Malgré un propos parfois corrosif, les romans de Jonathan Dee déroulent une intrigue de facture très classique, loin de la verve déjantée de Bret Easton Ellis.



Le dernier ouvrage de l’auteur, « Sugar Street », propose une exploration des nouvelles obsessions d’une société américaine menacée d’anomie. L’auteur renonce au classicisme formel de ses romans précédents pour nous plonger dans la psyché d’un homme blanc, sans nom, ni visage, qui fuit son ancienne vie. Roman sans intrigue, « Sugar Street » est le récit dérangeant d’une chute vertigineuse.



Le roman prend la forme d’un journal tenu par un inconnu paranoïaque, qui prend soin de ne pas divulguer d’informations susceptibles de révéler son identité. Le narrateur a pris la route avec 168 548 dollars dissimulés dans sa voiture et décidé de fuir à tout jamais son ancienne vie. On devine qu’il est instruit et issu d’un milieu privilégié. L’homme a détruit sa carte d’identité, son permis de conduire, sa carte de crédit et son téléphone portable.



Soucieux de ne jamais être retrouvé, il abandonne sa voiture et s’installe dans une petite ville inconnue. Il loue une chambre dans « Sugar Street » auprès d’une jeune femme un peu marginale, Autumn, à qui il paye six mois de loyer d’avance en liquide. Il va s’attacher à mener une vie faite de simplicité et de dépouillement, une existence solitaire et déconnectée.



« Qu’est-ce qui vous relie aux autres ? Des instincts égoïstes, en grande partie. Ça et l’Internet. L’Internet ne manque pas autant que je l’avais imaginé. Il a duré un court moment, le sevrage de dopamine dont on parte tant, et puis il a disparu. »



Le narrateur reste mystérieux sur les raisons qui l’ont conduit à rompre avec sa vie d’antan. Son pactole est voué à se tarir peu à peu mais notre homme vit chichement, et ne s’inquiète pas outre mesure de la diminution inéluctable de son « trésor ». Il note tout de même consciencieusement à intervalles réguliers le montant qu’il lui reste, transformant cette somme en un sablier qui mesure l’inéluctable écoulement du temps.



Rester anonyme et incognito est désormais sa raison d’être. Eviter les caméras, payer en espèces, ne s’inscrire dans aucun lieu, qui à l’instar de la médiathèque locale exige une carte d’identité, garder un oeil sur sa propriétaire Autumn, apprendre par coeur le plan de la ville pour ne pas avoir l’air d’un touriste, notre homme n’a pas le temps de s’ennuyer.



Son destin rappelle celui de Gordon Comstock l’anti-héros du roman de George Orwell, « Et vive l’aspidistra », qui a décidé par conviction de renoncer à l’argent, sur lequel se referme le piège diabolique d’une pauvreté qui le conduit à se soucier en permanence de cet argent auquel il prétend avoir renoncé.



A l’image de Gordon, l’homme qui semble aspirer à une vie monacale et sans contraintes, est forcé d’user de mille ruses pour parvenir à préserver son anonymat et vit dans la peur constante d’être démasqué. Tout comme Gordon, il ne suscite aucune empathie et apparaît comme un être ontologiquement médiocre.



« Oubliez le systémique. Oubliez l’intersectionnel. Contentez-vous de faire ce que vous pouvez pour réduire les souffrances qui se déroulent sous vos yeux ».



Dans une certaine Amérique, la lutte des races a succédé à la lutte des classes. Ce changement de paradigme, Jonathan Dee l’a parfaitement intégré, et examine, à travers l’itinéraire d’un enfant gâté, l’un des piliers du mouvement woke, le racisme systémique dont seraient victimes tous les « non-blancs ». Le narrateur est obsédé par sa couleur de peau et reste pleinement conscient, qu’après avoir tout abandonné, son métier, sa famille, son identité, sa classe sociale, il conserve le privilège associé à sa condition d’homme blanc. L’auteur reste évasif et peu clair sur le fond de sa pensée. Dénoncer la décadence des ultra-riches et décrire les illusions perdues de la classe moyenne est un exercice moins audacieux que d’appréhender l’idéologie des « éveillés ».



« Sugar Street » est un roman déroutant. En enfermant le lecteur dans la psyché tourmentée d’un narrateur antipathique, il déroule un récit étouffant et paranoïaque. La tentative d’évasion de son anti-héros d’un monde ultra-connecté et vide de sens fait mouche. En revanche, l’évocation du racialisme et de la violence policière pêche par son ambiguïté teintée d’ironie. Jonathan Dee n’est pas Don DeLillo, et peine à endosser le costume trop grand de l’exercice de style dans lequel il s’est lancé.



« Encore une chose, arrêtez ce putain d’Internet. Oubliez l’idée que tout se passe là. C’est une aire de jeux, un opiacé. Sa seule raison d’être est de veiller à ce que rien ne change ».

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Sugar Street

Jonathan Dee est un peintre de la société moderne, de cette Amérique contemporaine dont il s'applique à exacerber les travers, comme par exemple de façon magistrale dans les privilèges.



ici , un homme a tout plaqué , pour une raison qui nous est inconnue. Avec 165000 dollars en poche , son but est de s'effacer de la société .Plus de téléphone , plus de carte bancaire, devenir transparent. Il atterrit dans une ville lambda , où Autumn lui loue une chambre.



L'idée est très bonne avec ce retour aux sources de notre (anti) héros . La diabolisation du net notamment, l'omni surveillance qui nous est imposée via cookie, caméra .. est très bien mise en exergue.

Mais voilà, au fil des pages , l'ennui s'invite dans des pages un peu molle, au fil d'une énigme qui n'avance pas et intègre le problème des migrants à ses pages.

Sans être forcément convenue, l'histoire pâtit un peu de ce manque de nerf et de ses non dits , finalement agaçants après avoir semblé être une très bonne idée initiale.

Il n'empêche que la lecture est intéressante , met en lumière les travers de notre société ultra dépendante de l'internet
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Sugar Street

Un homme a décidé de fuir sa vie, tout quitter famille, travail pour recommencer ailleurs. Pour cela, il décide de ne rien emporter qui permettrait de le « pister » : exit téléphone portable, carte bancaire, tout ce qui permet de retrouver un individu en fuite, et rouler, mettre le plus de distance possible, au volant d’une voiture sans GPS, payant toutes les factures en espèces.



Lorsqu’il arriva à l’endroit (loin de tout) où il a projeté d’aller, il trouve une location miteuse, chez une femme étrange Autumn, qui moyennant six mois de loyers d’avance en liquide de pose pas de question. Bienvenue à Sugar Street !



Bien sûr, on sait dès le départ qu’il a une grosse somme d’argent dans sa voiture : 168 548 dollars, mais comment peut-il l’utiliser sans attirer l’attention ? est-ce que cela peut vraiment le rendre libre…



Que fuit-il ? une situation gênante, une famille ? A -t-il commis quelque délit ? Ou se fuit-il lui- même ? A qui peut-on faire confiance ? Comment brouiller les pistes ? C’est ce que l’auteur va tenter de nous expliquer tout au long du livre, dans cette Amérique profonde, raciste où tout étranger est un danger potentiel.



Ce livre me tentait et m’intriguait à la fois, car qui n’a pas eu envie de tout quitter un jour, pour fuir ce monde cruel ?



Ce roman est agréable à lire, mais je suis restée sur ma faim, car j’ai eu du mal à éprouver de la sympathie pour le héros. Il est plutôt bien écrit. Je découvre Jonathan Dee avec ce roman et cette lecture va peut-être me décider à sortir « Les privilèges » le premier roman sorti en France et plus si affinités.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur.



#SugarStreet #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ceux d'ici

Et hop, un petit nouveau dans ma bibliothèque, rayon "littérature américaine" ! Bienvenue à vous, Jonathan Dee, je vous ai trouvé une belle place entre T.C Boyle et Jonathan Franzen, non loin de John Irving et de Philip Roth, j'espère que vous y serez bien. (note pour plus tard : penser à renforcer cette étagère qui commence à ployer un peu sous la charge...)

Peut-être n'avez-vous pas encore atteint la renommée que vos illustres voisins de rayonnage, mais en lisant "Ceux d'ici" on devine déjà que vous partagez avec eux les mêmes sujets de prédilection et que vous abordez - non sans talent - les mêmes thématiques à commencer par celle - inépuisable - de la grande Amérique, de ses mythes et de ses dérives...



Et pour prendre la température de ce grand pays de contrastes, à jamais chamboulé par le séisme du 11 septembre, quoi de mieux qu'un voyage à Howland, au fin fond du Massachusetts ?

C'est là, à quelques encablures de la Grosse Pomme et de Ground Zero, que nous emmène Jonathan Dee pour une immersion criante de réalisme dans une petite ville typiquement yankee, façon "j'irai dormir chez vous", à la rencontre d'une population aussi authentique qu'hétéroclite.

Mark Firth et les siens (épouse, frère et soeurs), leurs collègues, voisins et amis, le facteur et la barmaid, le flic, le maire et son équipe municipale, sans oublier le richissime nouvel arrivant, Philip Hadi, fraichement débarqué de New-York pour éloigner sa famille du risque terroriste : les voilà, ceux d'ici.



En les regardant vivre, entreprendre, se disputer, se remettre en question, se concerter sur la meilleure façon de développer l'économie de la région, le lecteur se trouve bien vite intégré dans le quotidien de leur petite communauté pleine d'espoirs et de doutes, de rêve et de ressentiments, ballotée d'une crise à l'autre entre les attentas de 2001 et la débâcle financière des subprimes en 2008.



La construction du récit, qui semble s'attarder au hasard sur l'un ou l'autre des personnages au gré de leurs déambulations en ville et de leurs changements de trajectoires personnelles, est particulièrement brillante. Elle m'a souvent rappelé ces longs plans-séquences dont je raffole au cinéma, lorsque la caméra mobile suit l'un des protagonistes puis s'en détourne au profit d'un autre nouvellement apparu dans le champ.

L'effet est très réussi, et la vie de ces citoyens modestes, pour la plupart représentants typiques d'une middle-class américaine en proie aux affres du déclassement, m'a semblé fidèlement restituée.



A travers tous ces portraits terriblement humains et pétris de contradictions, c'est bien celui d'une Amérique en tension, minée par les inégalités sociales et la peur du lendemain, que Jonathan Dee nous propose ici.

Un grand roman sur le désenchantement et les vicissitudes de ceux d'en-bas, qui se dévore avec un plaisir évident !
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La fabrique des illusions

Voilà un très grand roman : très structuré dans sa construction, très sensible dans le rendu psychologique complexe des personnages, très finement observateur dans sa peinture de la société américaine. D'ailleurs, vous en connaissez beaucoup des romans américains qui s'attaquent au mythe fondateur de leur nation : le rêve ?





Parfois lorsque je vois une belle critique sur un livre intéressant, je classe ce dernier en pense-bête, j'en ai 36 actuellement, j'en ai extrait une bonne vingtaine sur une liste que j'emmène avec moi. Figurez-vous que je n'en ai trouvé aucun disponible à la Bibliothèque. C'est donc sans influence, ni d'une émission littéraire, ni d'une critique quelconque, ni d'un avis babelien, en totale liberté que j'ai choisi ce livre. Ou bien la liberté ne serait qu'une illusion, car j'avais « envie » d'un livre et « besoin » d'en emprunter un pour ne pas couper la permanence du cycle vertueux, emprunter-rendre-emprunter... Choisir un livre, c'est prendre le risque de la déception, comme pour un premier baiser qui conduit éventuellement au risque de s'engager dans une relation profonde et d’aliéner sa liberté. Troublant quand ces sujets : envie, besoin, liberté, relation, déception se retrouvent par la suite au cœur même de l'ouvrage sélectionné.





Rétrospectivement l'on se demande pourquoi celui-là ? Je me souviens sur le coup de quelque extrait lu devant le rayonnage avoir fait une association au bûcher des vanités de Tom Wolfe et à Andy Warhol, beaux présages effectivement. Ma seule hésitation a été qu'il ne soit pas dans la langue de Shakespeare, mais comme il y a peu de chances que je me rende encore aux Etats-Unis, elle a été de très courte durée. Si la langue n'y est pas, les accents eux y seront (en français forcément), car ce récit a tout d'une tragédie sauf la fin; ici il n'y a pas vraiment de fin, plutôt une longue fuite en avant que l'on pressent plus tragique encore. En langue originale, le titre Palladio, plus court, plus énigmatique, porte au questionnement et aux regrets d'une Utopie avortée.





Rideau : Molly Howe, John Wheelwright, Mal Osbourne. John aime Molly et John admire Mal jusqu'à la fascination, John qui veut sauver Molly, illusion. Mal aime Mal et veut l'inaccessible entre autre Molly, Mal qui veut changer le monde, illusion. Molly sait fasciner, sait qu'elle fascine, mais ne sait pas aimer car elle ne s'aime pas. Ah, Molly qui n'arrive pas à s'engager, qui fuit pour garder sa liberté, illusion.

«La grande roue n'attend pas

Regarde là, comme c'est beau

Mais pourquoi restes-tu en bas?

Elle veut t'emmener là-haut

Elle tourne, elle tourne

Et mes larmes de joie

Qui coulent, qui coulent, sont si amères

Pourquoi?

Illusions » (Pierre Rapsat)





Je ne serais pas complet sans vous parler un peu d'Andy Warhol. Mon premier contact a été à l'Art Institute of Chicago, il y avait ses images de boite de soupe, ses images de Marilyn Monroe, peut-être bien des Maos et il me semble des images de dollars. Ce que je me souviens en tout cas fort bien c'est de ma perception : ce n'est pas de l'art, mais de la récupération pour faire du fric facile, bien commercial, bien américain. Bien plus tard grâce à une visite guidée de la très thématique exposition Life, Death and Beauty au BAM à Mons aujourd'hui capitale Européenne 2015 de la culture, j'ai revu mon jugement. Grâce aux explications sur le rouge à lèvre expressément excessif des Marilyn et surtout aux tableaux où les squelettes apparaissent sous la peau, j'ai compris que Warhol pouvait véhiculer un message subversif et critique sur le made in America. Car dans cette tragédie, il est beaucoup question d'art plus encore que de pub.





En résumé, un petit coup de pub pour un tout grand roman qu'il faut avoir lu et pour Mons 2015 qu'il faut avoir vu.
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Ceux d'ici

Howland, petite ville du Massachusetts, havre de paix bucolique au Nord de New-York. Mark Firth, entrepreneur récemment ruiné par les investissements hasardeux d’un escroc, effectue des travaux de modernisation dans la belle villa d’un professeur d’université qui a fait fortune dans l’informatique.



Philip Hadi, après les attentats de septembre 2001, veut mettre sa famille à l’abri à la campagne. Hadi, riche philanthrope se lance en politique et devient maire de la ville.



L’argent à le pouvoir de tout adoucir, d’huiler les rapports de domination et de soumission. Le carnet de chèque personnel du maire est tellement plus rapide et efficace que la lente administration démocratique. La petite bourgade glisse vers un confort douillet lorsque les riches New-yorkais viennent passer des vacances loin de la grande métropole.



Mark Firth comme tous les locaux, titre original du roman, regarde avec envie cet argent qui achète tout, même l’opposition politique, même la liberté de penser. Mais qu’arrivera-t-il lorsque que le milliardaire se sera lassé de son jouet ?



« Ceux d’ici », vie et mort d’une petite ville du Massachusetts sur l’autel d’un libéralise effronté. Envie, jalousie, anxiété, des riches toujours plus riches observés par des pauvres qui peinent à se maintenir la tête hors de l’eau. Jonathan Dee décrit de manière naturaliste l’Amérique de 2001 jusqu’à la crise des subprimes de 2008.



Il dresse le portrait de la classe moyenne avec réalisme et précision, des hommes et des femmes qui, abandonnés par l’American Way of Life se désespèrent et se résignent. Ce grand roman contemporain témoigne d’une Amérique qui a, sans s’en rendre compte, élu Donald Trump.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Sugar Street

Nous y avons tous pensé un jour. Tout plaquer. Boulot, amis, famille… « Oh et puis, allez tous vous faire foutre », c’est comme le noir, ça va avec tout.

Le héros du roman de Jonathan Dee s’est lassé de feindre et de paraître, alors il va disparaître.

Le plus dur commence. Il faut effacer les traces, se volatiliser. Tâche aussi complexe que périlleuse. À l’ère du tout numérique, rien de ce que nous faisons ne s’autodétruit. Tout est enregistré, stocké, par quelqu’un, quelque part. La mémoire numérique a sonné le glas de l’intimité.

Il évite les caméras, abrège les conversations, proscrit la récurrence. Il n’a qu’un projet : devenir anonyme, imprévisible, invisible (p142). Peu importe les raisons de sa fuite nihiliste, c’est son odyssée qui suscite l’intérêt.

Il part avec 168048 dollars en liquide. Sa vie tient à cette liasse de papier qui va diminuant. Il trouve refuge, pense échapper à son passé. « J’ai décidé de faire ce qui est impossible dans ce foutu monde panoptique – en franchir les limites, m’en retrancher, effacer tout droit sur moi, non pas en me suicidant mais en concevant une deuxième existence, vide celle-là, puis en pénétrant à l’intérieur » - et j’ai réussi.

Illusion du triomphe. Plus il tente de s’isoler et plus son être, paradoxalement, redevient social et s’expose à de nouveaux dangers. La fin est déprimante, inéluctable, fable noire d’un homme qui pensait pouvoir se réinventer sans réinventer le monde.

Ce roman est un manifeste (nom du dernier chapitre) contre cette modernité qui nous prive de nos sens et de notre jugement critique. Il réclame la paix : « Arrêtez de parler, arrêtez de poster, arrêtez de tweeter. Taisez-vous. (…) Parce qu’à la fin, vous n’êtes qu’une voix. Vous n’êtes pas un nom, pas une identité ; tout ça est vanité. À la fin, vous êtes un corps ».

Inégal dans son intensité, « Sugar Street » a néanmoins deux grandes qualités : il captive et pose les bonnes questions.

Bilan : 🌹

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La fabrique des illusions

A vrai dire, je ne saurais dire si j'ai aimé ce long pavé mais je n'ai pas détesté non plus.

L'histoire est intéressante car la fabrique des illusions nous parle du rêve américain, des espoirs et des désillusions de ceux qui ont pu y croire..

Le personnage de Molly Howe ainsi que les membres de sa famille sont très bien construits et remonter à l' enfance de Molly ,et y consacrer autant de temps est judicieux mais ces longueurs sont parfois lassantes .

Le chassé croisé narratif est appréciable car on se met facilement dans la peau des personnages ce qui fait que l'on est absolument pas surpris de la fin du livre. On a appris à connaître le personnage de Molly Howe et on sait d'avance ce qu'elle fera.
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Ceux d'ici

Jonathan Dee livre ici une chronique amère des Etats Unis entre le 11 Septembre 2001 et la crise financière de 2008.

Le rêve américain s'est dissous, mais Mark, entrepreneur en bâtiment, veut y croire encore. Dans son coin paisible du Massachusetts, il y croit d'autant plus qu'un millionnaire new yorkais, venu s'y réfugier et s'imposant peu à peu comme le Maître des Lieux, exhibe avec désinvolture ses signes de réussite. Mark parviendra-t'il à "réussir sa vie", lui aussi ? En tout cas, il y travaille...

J'ai bien aimé la mélancolie qui se dégage de ce roman, la nostalgie d'une époque, pas si lointaine, où l'argent n'influençait pas à ce point la vie des gens, où les rapports humains étaient plus simples. Désormais, tout n'est que conflits, rébellions, difficultés administratives et financières, affaires d'apparences... Comment vivre dans une société où les valeurs se réduisent à celle du dollar ? C'est tout cela que Mark et les autres personnages doivent affronter, page après page, et c'est un peu déprimant -ça l'est d'autant plus que le constat est semblable de ce côté-ci de l'Atlantique.

Néanmoins, le style de Jonathan Dee est agréable à lire, et la finesse de son analyse rend son roman pertinent et touchant. de quoi passer un bon moment littéraire.
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La fabrique des illusions

Tout ça pour ça. C’est l’impression globale qui ressort de cette longue lecture dont l’originalité principale est la construction.



Nous sommes au Etats-Unis, de nos jours. Deux histoires cheminent en parallèle, et l’on pressent qu’elles vont converger, même si rien ne le laisse présager au départ. John travaille dans la publicité à New-York puis suit dans le Sud un transfuge de sa boite qui se lance dans une entreprise très novatrice et révolutionnaire dans le domaine de la communication publicitaire. Molly est une ado sulfureuse, qui sème la zizanie partout où elle passe, et quitte le Sud pour rejoindre son frère en Californie. Ni l’un ni l’autre ne se conforment à ce qui devrait être leur emploi du temps d'étudiants, l'une squatte les cours au hasard, l'autre prend la tête d'une secte évangéliste.



Revenons à ce qui fait l'originalité du roman : un premier chapitre interminable, plus de 350 pages sans respiration, avec pour seul artifice le raccourcissement progressif des passages alternés de l'histoire des deux protagonistes, un deuxième chapitre sur le même mode, pendant 150 pages, puis un dernier en épilogue sur 70 pages qui donne un peu l'impression que l'auteur lui même s'est lassé. Ajoutons à cela des dialogues sans tirets ou guillemets. C'est tout de même une rude épreuve ....



Tout n'est pas négatif pour autant : l'écriture sauve l'ensemble par sa fluidité. Et puis il est intéressant d'explorer ce milieu de la publicité, où art et finances se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Les personnages sont bien campés et leur destin ne laisse pas indifférent, tout Côme le désarroi de cette société déboussolée par les affres de cette interminable crise mondiale.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Les privilèges

Déception est le premier mot qui me vient à l'esprit en pensant à ce livre. J'avais lu de très bonnes critiques sur lui dans la presse littéraire, le classant parmi les vingt meilleures découvertes de l'année 2011 et je m'attendais donc moi aussi à une bonne surprise. Pourtant, ce que j'y ai trouvé, c'est plus de l'ennui qu'autre chose. Malgré de très bonnes citations et réflexions sur le sens de la vie, j'ai trouvé l'histoire assez plate et décousue.



Le lecteur découvre ici l'histoire de Cynthia et d'Adam, un couple a qui la vie a souri durant toute leur existence. Mariés très jeunes, ils ont eu deux enfants, Jonas et April, ont réussi à amasser une somme d'argent colossale qui leur à permis de donner à ces derniers la meilleurs éducation possible et de n'avoir à se priver de rien.

On suit donc le déroulement de leur vie, leurs ambitions toujours grandissantes, leur amour toujours aussi vivaces et l'on suit également les voies que leurs deux enfants, très différents l'un de l'autre, ont décidé d'emprunter.

April, qui a compris dès le début que l'argent ouvre toutes les portes, est bien décidée à en profiter, se rendant parfaitement compte qu'elle a grandi dans un monde de privilégiés. Quant à son frère, artiste dans l'âme et plus bohème, a décidé de rompre avec ce milieu mais à quel prix ?



Une réflexion sur l'argent et ce qu'il peut ou non nous apporter. Si je devais citer une citation bien connue et pour conclure sur cet ouvrage, je dirais simplement que "L'argent ne fait pas le bonheur mais qu'il y contribue beaucoup !"
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Sugar Street

Que cette lecture fut longue, interminable même, douloureuse er j'avoue que j'en sors plus que perplexe.



de l'histoire que vous dire? Un homme fuit, il part au volant de sa voiture, les miles défilent et lui ne pense qu'à devenir invisible. Est-ce possible dans une société où chacun est filmé; connecté ? La seule chose que nous savons dès le début c'est la somme dont il dispose : 168548 dollars en cash. Combien de temps pourra t'il vivre avec cette somme?

Il débarque dans une ville moyenne, dans l'un des quartiers pauvres, sa couleur de peau ne lui facilite pas la tâche..

Pourquoi a t'il fui, qui a t'il fui? au final peu importe. Il s'est lancé un défi arriver à se fondre dans la foule, de pas être repéré ni repérable. Est-ce un but louable? est-ce un but viable? J'avoue que ce monologue intérieur, ces questions existentielles , ces interrogations en boucle m'ont profondément lassé . J'ai failli abandonner et suis arrivée au bout de ma lecture exténuée et désabusée en apprenant enfin le pourquoi du comment.

Vous l'aurez compris je n'ai pas apprécié ma lecture , plus jamais Jonathan Dee.
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La fabrique des illusions

Si y'a un truc qui m'horripile au quotidien, c'est bien la PUB !

Les slogans racoleurs, les effets de mode, le matraquage permanent, les campagnes ciblées et les spots vides de sens rediffusés à l'envi, la marchandisation du "temps de cerveau disponible", le "j'achète donc je suis", beurk beurk et beurk. Très peu pour moi.

Alors pourquoi, me direz-vous, m'être tourné vers ce roman dont les personnages, si l'on en croit la 4ème de couverture, semblent évoluer dans un monde de consumérisme et de superficialité de mon point de vue très peu engageant ?

Eh ben tout simplement parce que je garde un très bon souvenir de ma première rencontre avec Jonathan Dee (Ceux d'ici), et que j'étais curieux de voir s'il arriverait à me convaincre à nouveau dans cet exercice autrement plus périlleux : celui de m'intéresser à la pub ! Allait-il trouver une porte dérobée pour me faire entrer dans cet univers que je m'efforce généralement d'occulter (avec plus ou moins de succès...) ? Allait-il réussir à démonter pour moi les rouages secrets de cette fameuse "fabrique à illusions" afin de m'aider à y voir un moyen d'expression artistique exaltant et débridé, aussi "respectable" que les autres ?



440 pages plus tard, il me faut bien admettre que la réponse est oui, Jonathan Dee a encore gagné son pari !

Comme la première fois, j'ai eu un peu de mal à m'acclimater à sa prose plutôt décousue, avant de me laisser complètement embarquer par ce roman. L'auteur y met en lumière, avec un cynisme qui m'a beaucoup plu, tout un pan de la société américaine, "laquelle masque son absence de racines culturelles sous la consternante exaltation de la nouveauté et laquelle, au lieu de se soucier d'éternité, a parachevé l'art d'oublier, de manière à pouvoir réapprendre les mêmes choses à l'infini avec un enchantement sans cesse ravivé."



Son histoire, très bien menée, met en scène deux personnages principaux aux caractères finement analysés et aux états d'âme soigneusement disséqués.

La belle Molly, éprise de liberté et d'émancipation totale, multiplie les aventures sans lendemain. L'autodénigrement maladif dont elle fait preuve l'empêche de concevoir que les hommes puissent sincèrement lui vouloir du bien.

John, quant à lui, plaque le même jour sa compagne et son agence de pub "traditionnelle" pour suivre son patron, l'excentrique et charismatique Mal Osbourne, dans un nouveau projet aussi ambitieux qu'incertain. Le bonhomme s'est en effet mis en tête de révolutionner de fond en comble le monde de la publicité ("le plus grand mode d'expression de notre époque [dont le budget annuel mondial, entre parenthèse, est plus important que celui dévolu à l'éducation publique]") : adieu les accroches creuses et les spots pré-formatés, place aux véritables oeuvres d'art, aux performances spectaculaires et complètement décorrélées des marques qu'elles sont censées représenter. Il est en effet entendu que "les publicités n'ont rien à voir avec la qualité, la valeur ou la nature du produit qu'elles promeuvent, et ce depuis très longtemps. Cette relation est totalement caduque." C'est le début d'une expérience sociale et artistique inédite, qui évidemment ne se déroulera pas tout à fait comme prévu...



Bien sûr aussi, comme on le devine vite, les destins de Molly et John se trouvent inextricablement liés sans pour autant - et pour moi c'est heureux ! - que l'auteur ne verse de manière trop caricaturale dans la romance bébête. Bien au contraire, la relation qui se développe entre elle (l'Insaisissable) et lui (l'Idéaliste) se révèle être d'une étonnante complexité, et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leur curieux pas de deux.



Le principal point fort du roman n'en reste pas moins cette double réflexion très pertinente autour de l'art (la conception d'une oeuvre, la façon dont elle est diffusée et celle dont le public se l'approprie) et de la publicité, que Mal Osbourne qualifie non sans une certaine justesse "d'authentique parasite mental".

Pour lui, "nous vivons dans une époque où l'avant-garde a cessé d'exister, où plus rien ne choque personne parce que nous avons tout vu, tout fait, tout enfreint, tout renversé. [...] Pour retrouver cette puissance avant-gardiste, il faut, paradoxalement, travailler dans le plus banal de tous les médias. [...] Si on veut faire quelque chose d'intéressant, quelque chose de nouveau, on doit oublier les livres, oublier la peinture, la sculpture, le théâtre, le journaliste, le cinéma. On doit s'intéresser à la publicité. On doit annexer son incroyable capacité de destruction."

Tout un programme, n'est-ce pas ?
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Sugar Street

Ça commence par une cavale, un homme file par les routes secondaires, évite les caméras et le traçage électronique quitte à dormir dans sa voiture. On ne connaitra pas son nom, et pour ceux qui le demandent il invente un patronyme directement tiré de la culture littéraire ou musicale. Sous le siège passager de sa voiture, près de 170 000 dollars. Braquage ? Escroquerie ? Cette voiture qui peut le faire repérer il va s'en débarrasser avant de choisir l'endroit où il pense pouvoir se rendre invisible à ceux qui pourraient tenter de le retrouver. Plus de téléphone, ni GPS, encore moins d'ordinateur. Si l'on veut s'extraire du monde il faut d'abord couper le numérique. Puis se noyer dans l'anonymat d'une grande ville, trouver une logeuse peu regardante tant que l'argent est là. Notre homme atterrit ainsi dans Sugar street et une chambre louée à une certaine Autumn, le genre pas commode mais suffisamment intéressée par les billets de banque. Leur voisinage est empreint d'un mélange de curiosité et de méfiance. Drôle d'ambiance... Au fur et à mesure on devine que les motivations de cet homme sont plus complexes qu'il n'y parait. S'il a commis un crime - ce que l'on ne sait toujours pas - il semble surtout honnir la vie et la société modernes, en vouloir au système tout entier et aspirer à une existence ramenée à la plus simple expression. Mobilier réduit au minimum, repas frugaux, déplacements à pied. Comme s'il souhaitait éteindre l'interrupteur et passer dans l'ombre. C'est bien sûr oublier qu'il y a les autres dont le regard est irrémédiablement attiré par celui qui le fuit. Celui des enfants qui se rendent à l'école du coin, de cette logeuse un peu trop méfiante, du compagnon de bibliothèque à l'air trop sympa pour être honnête ou même de ce policier municipal obsédé par l'ordre. De jour en jour le niveau des billets baisse, mais les nuages s’amoncellent au-dessus de la tête de celui qui voudrait juste être personne.



Si je trouve le thème particulièrement intéressant - comment faire de nos jours pour s'extraire du monde ? - j'ai été moins convaincue par le traitement qu'en fait Jonathan Dee probablement à cause du trop grand flou qui règne autour des motivations du personnage principal. Ce qu'il nous montre de la société américaine est assez désespérant et certainement très proche de la vérité, et j'ai très bien perçu la forme de rejet du héros mais j'ai eu du mal à capter sa logique (s'il y en a une) dans ces tribulations finalement assez décousues. Quand il déclare à la fin "je me suis lassé de mon histoire" il aurait fallu que j'en sache plus sur son histoire pour pouvoir adhérer à son état d'esprit. Dommage car le questionnement autour de la perte de sens ou encore la schizophrénie qui résulte de l'opposition entre l'envie d'être reconnu et celle de disparaître (ou encore parler ou se taire) était prometteur. J'en retiens quelques formules percutantes.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Mille excuses

Mille excuses Jonathan Dee ....

mais je n'ai pas aimé votre roman !

Cependant avant de poster ma critique, je suis allée lire celles des autres qui semblent vous être plus favorables !

En effet, en matière d'excuses, vous avez trouvé en la personne d'Helen une spécialiste de la gestion de crise à "l'américaine "..elle est mariée à Ben, un avocat qui va saborder sa carrière, sa famille, sa liberté pour succomber à une stagiaire ( Bill Clinton n'est pas loin ! )..mais Notre Dame de la Rédemption qui vivait confortablement avec leur fille Sara va se révéler avoir des " dons " pour faire avouer leurs fautes à des puissants personnages ! Elle leur conseille de demander publiquement pardon ! Un aveu, des larmes de crocodile, et ils pourront repartir vers leurs turpitudes !

Mais, si Helen était aussi "douée" : pourquoi n'a t'elle rien pu faire pour gérer sa propre crise ? aider son mari ?

Le récit succombe aux clichés de la repentance , de l'adoption d' asiatiques par les américains, du "black" rebelle qui vole, se drogue, des élans de racisme, en bref tout ce que les US trainent après l'esclavagisme, les guerres colonialistes et l'évangélisation des masses ! Une nation qui se cherche et qui se laisse manipuler par des " fantoches" ..et c'est en cela que votre roman est sociologiquement fidèle au moralisme ambiant de cette histoire !
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Les privilèges

Non, je n'ai décidément rien à dire sur ce roman qui, à aucun moment, n'a suscité mon intérêt. A priori, je n'ai rien contre la réussite sociale et les privilèges des riches américains ou autres, surtout quand leur fortune leur permet de financer des fondations mais je me suis terriblement ennuyée en compagnie de la famille peinte par Jonathan Dee. Leurs enfants choyés et protégés dans leur jeunesse laissaient espérer quelque originalité mais il n'en fut rien.

Ce milieu assez occulte et qui véhicule bien des clichés aurait pu donner à l'auteur l'occasion d'une bonne étude de caractères mais cela semble au-delà de ses capacités tant ses personnages sont fades et imprécis.

Expliquez moi quel but poursuit Jonathan Dee en écrivant ?
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Sugar Street

Un homme fuit sa vie. Il a un peu plus de 160 000 dollars en poche, cela devrait lui suffire pour tout recommencer. Il détruit ses papiers d'identité, abandonne tout ce qui peut permettre de l'identifier. Il a choisi de se fondre dans la masse d'une ville moyenne. Il loue une chambre meublée auprès d'Autumn, une femme assez étrange. Ses journées sont consacrées à ne pas être visible aux yeux des autres.

On ne comprendra que tardivement pourquoi l'homme fuit, ce qu'il fuit....Et au final, si c'est un peu frustrant au début de ne pas saisir le pourquoi de cette fuite, on se laisse vite au final embarquer sur l'organisation de cette disparition, à quel point c'est compliqué dans ce monde moderne, à quel point il est dur de se tenir si proche des autres sans créer de lien...

J'ai bien aimé cette lecture, qui entraine plus de réflexions que ce que j'avais imaginé.

Merci aux éditions Les escales et à Netgalley pour cette lecture.
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La fabrique des illusions

Avant de commencer ma critique, je pourrais citer des bribes de jean-louis Aubert : elle avait à peine avalé ses 15 ans, elle parlait plus à ses parents, nan, depuis son histoire d'amant etc.etc, elle c'est Molly, figure incarnée de la Vie ou de la jeunesse qui empli la vie des hommes et de manière inexorable les quittera, les laissant pantois et sur leurs faims. Bon roman, sans doute un peu expédié rapidement sur la fin, à nouveau l'Amérique et ses montagnes-russes constituées de réussites et d'échecs, une famille moderne dont le père travaille chez IBM, une éducation un peu ratée de leurs marmaille, une sorte de Xanadu de la publicité réunissant des artistes, graphistes, romanciers qui œuvrent pour l'art nouveau, la publicité ne vendant rien. Des chassés croisés entre les personnages, des activistes un peu frapa dingues. Une vision cynique de l'art, de la manipulation des masses. Un bon roman exalté, on peut y retrouver un peu de Don Delillo et de Tom Wolfe, quoique un peu en dessous, il n'empêche ce livre est solidement construit, les personnages sont bien troussés, vraiment plaisant.
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Sugar Street

Curieux roman que Sugar Street, bref, tendu, qui laisse perplexe. Jonathan Dee, dont j'avais jadis aimé Mille excuses, met en scène un homme sans nom, un homme en fuite, un homme qui se voudrait invisible, et dont on ne saura presque rien. Que sait-on? Qu'il a trouvé à louer une chambre dans une ville sans âme ni charme près d'une logeuse peu amène. Qu'il a abandonné sa voiture, ses maigres bagages et qu'il cache de son mieux une enveloppe de 168 548 dollars. Et que on errance l'a amené sur Sugar Street après un long voyage.



Paysages cauchemardesques, mystérieux et soudains, éloignés des zones urbaines, où tous les fast-foods franchisés opèrent au coude-à-coude. Ni vraiment la ville ni vraiment la banlieue. Personne n'habite là. La route s'élargit à six voies pour faciliter la circulation.



Sa propriétaire, on connait son prénom, Autumn, un peu crépusculaire, non? Une femme plus toute jeune, qui semble détachée de tout. Ne comptez pas sur elle pour le réconfort. Pas même un zeste de compréhension. Dans cette rue de Nulle Part City chacun joue sa propre partition, tout sauf allegro. L'homme, étrange étranger nous restera étranger. Les rares comparses n'inspirent guère la sympathie. Pas même les enfants de migrants qu'on scolarise tant bien que mal et qui passent tous les jours devant la maison. Et tous ces gens venus d'ailleurs... Sûr que l'homme sans passé a justement un lourd passif, qu'il ne cherche qu'à se volatiliser. Le pactole compte évidemment mais il commence à se compter. C'est que cela a un prix, la discrétion.



Sugar Street est un roman court et les personnages mettent mal à l'aise. L'isolement urbain, périurbain, dysgéographique, demeure énigmatique. A tel point que je ne sais pas trop qu'en penser. Peut-être qu'on ne vit vraiment ni seul ni aevc les autres. Moralement limite suicidaire.



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