Citations de Jules Verne (2110)
Vingt mois après le départ de son mari, elle mourut dans les bras de sa fille, qu’elle laissait seule et presque sans ressources. Nadia Fédor demanda alors et obtint facilement du gouvernement russe l’autorisation de rejoindre son père à Irkoutsk. Elle lui écrivit qu’elle partait. A peine avait-elle de quoi survire à ce long voyage, et, cependant, elle n’hésita pas à l’entreprendre. Elle faisait ce qu’elle pouvait ! … Dieu ferait le reste.
Puis, au moment où Doniphan allait franchir la porte du hall, il lui dit :
"Je t'avais défendu de t'éloigner, et, tu vois, ta désobéissance aurait pu causer un grand malheur ! Pourtant, bien que tu aies eu tort, Doniphan, je ne dois pas moins te remercier d'être allé au secours de Jacques !
- Je n'ai fais que mon devoir", répondit froidement Doniphan.
Et il ne prit même pas la main que lui tendait su cordialement son camarade.
"Que désirez-vous, monsieur, lui dit l'employé, chef de la Section des Demandes.
- Je voudrais avoir les oeuvres complètes de Victor Hugo", répondit Michel.
L'employé ouvrit des yeux démesurés.
"Victor Hugo ?, dit-il. Qu'est-ce qu'il a fait ?
- C'est un des grands poètes du XIXe siècle, le plus grand même, répondit le jeune homme en rougissant.
- Connaissez-vous cela ? demanda l'employé à un second employé, chef de la section des Recherches.
-Je n'en ai jamais entendu parler, répondit ce dernier. Vous êtes bien sûr du nom ? demanda-t-il au jeune homme.
-Parfaitement sûr.
- C'est qu'il est rare, repris le commis, que nous vendions ici des ouvrages littéraires. Mais enfin, puisque vous êtes certain... Rhugo, Rhugo,... dit-il en télégraphiant.
-Hugo, répéta Michel. Veuillez demander en même temps, Balzac, de Musset, Lamartine.
- Des savants ?
- Non ! Des auteurs.
- Vivants ?
- Morts depuis un siècle.
Pour l’Angleterre enfin : le major Donellan et son secrétaire Dean Toodrink. Ces derniers représentaient à eux deux tous les appétits, toutes les aspirations du royaume-Uni, ses instincts commerciaux et industriels, ses aptitudes à considérer comme siens, d’après une loi de nature, les territoires septentrionaux, méridionaux ou équatoriaux qui n’appartenaient à personne.
Un Anglais, s’il en fut jamais, ce major Donellan, grand, maigre, osseux, nerveux, anguleux, avec un cou de bécassine, une tête à la Palmerston sur des épaules fuyantes, des jambes d’échassier, très vert sous ses Soixante ans, infatigable et il l’avait bien montré, lorsqu’il travaillait à la délimitation des frontières de l’Inde sur la limite de la Birmanie, Il ne riait jamais et peut-être même n’avait-il jamais ri. À quoi bon ?… Est-ce qu’on a jamais vu rire une locomotive, une machine élévatoire ou un Steamer ?
Et puis, il avait confiance, ce brave Sand, et si la confiance ne se commande pas, du moins, elle commande.
Ni le temps, ni la distance n'avaient pu apporter un adoucissement à sa douleur. Il lui aurait fallu oublier, et c'était hors de question. Le souvenir de la Stilla, vivace comme au premier jour, était identifié à son existence. Il est de ces blessures qui ne se ferment qu'à la mort.
Souvent on cite ces trois mots d'un vers inachevés de Virgile : « Audaces fortuna juvat... » mais on les cite incorrectement. Le poète a dit : « Audentes fortuna juvat... »
C'est aux oseurs, non aux audacieux, que sourit presque toujours la fortune. L'audacieux peut être irréfléchi. L'oseur pense d'abord, agit ensuite. Là est la nuance.
Il est dans la nature humaine de donner une explication à toute chose.
La nuit vint, la neige tomba moins abondamment, mais l’intensité du froid s’accrut. Le regard le plus intrépide n’eût pas considéré sans épouvante cette obscure immensité. Un absolu silence régnait sur la plaine. Ni le vol d’un oiseau, ni la passée d’un fauve n’en troublait le calme infini.
C'était une aventureuse expédition que cette navigation de huit cent milles, sur une embarcation de vingt tonneaux, et surtout à cette époque de l'année.
Le fleuve coulait entre ces sources chaudes signalées de tout temps à la curiosité des touristes. L’oxyde de fer colorait en rouge vif le limon des berges, où le pied n’eût pas rencontré une toise de tuf solide. L’atmosphère était saturée d’une odeur sulfureuse très-pénétrante. Les indigènes n’en souffraient pas, mais les captifs furent sérieusement incommodés par les miasmes exhalés des fissures du sol et les bulles qui crevaient sous la tension des gaz intérieurs. Mais si l’odorat se faisait difficilement à ces émanations, l’œil ne pouvait qu’admirer cet imposant spectacle.
Les embarcations s’aventurèrent dans l’épaisseur d’un nuage de vapeurs blanches. Ses éblouissantes volutes s’étageaient en dôme au-dessus du fleuve. Sur ses rives, une centaine de geysers, les uns lançant des masses de vapeurs, les autres s’épanchant en colonnes liquides, variaient leurs effets comme les jets et les cascades d’un bassin, organisés par la main de l’homme. On eût dit que quelque machiniste dirigeait à son gré les intermittences de ces sources. Les eaux et les vapeurs, confondues dans l’air, s’irisaient aux rayons du soleil.
Un Robinson ! devenir un Robinson ! Quelle jeune imagination n’a pas un peu rêvé cela, en lisant, ainsi que Godfrey l’avait fait souvent, trop souvent, les aventures des héros imaginaires de Daniel de Foe ou de Wiss ?
AInsi en est-il du cœur de l'homme. Le besoin de faire œuvre qui dure, qui lui survive, est le signe de sa supériorité sur tout ce qui vit ici-bas. C'est ce qui a fondé sa domination, et c'est ce qui la justifie dans le monde entier.
C'était un de ces originaux que le Créateur invente dans un moment de fantaisie et dont il brise aussitôt le moule.
C’était là l’un des plus beaux spectacles que la nature pût donner à l’homme. En bas, l’orage. En haut, le ciel étoilé, tranquille, muet, impassible, avec la lune projetant ses paisibles rayons sur ces nuages irrités.
- Les lâches ! s’écria Paganel.
— Ils s’enfuient trop vite pour d’honnêtes gens, dit Mac Nabbs.
— Quels sont ces Indiens ? demanda Paganel à Thalcave.
— Gauchos, répondit le Patagon.
— Des Gauchos ! reprit Paganel, en se tournant vers ses compagnons, des Gauchos ! Alors nous n’avions pas besoin de prendre tant de précautions ! Il n’y avait rien à craindre !
Ils ont bon cœur, mais peu de goût au travail, et, si on leur donnait la clef des champs, ils ne la laisseraient point se rouiller dans leur poche.
À l’époque où ces évènements se produisirent, je revenais d’une exploration scientifique entreprise dans les mauvaises terres du Nébraska, aux États-Unis. En ma qualité de professeur suppléant au Muséum d’histoire naturelle de Paris, le gouvernement français m’avait joint à cette expédition. Après six mois passés dans le Nébraska, chargé de précieuses collections, j’arrivai à New-York vers la fin de mars. Mon départ pour la France était fixé aux premiers jours de mai. Je m’occupais donc, en attendant, de classer mes richesses minéralogiques, botaniques et zoologiques, quand arriva l’incident du Scotia.
Gédéon Spilett, Pencroff et Harbert ne manquèrent pas cette occasion d’aller visiter leurs trappes. Ils ne les retrouvèrent pas aisément, sous la neige qui les recouvrait. Ils durent même prendre garde de ne point se laisser choir dans l’une ou l’autre, ce qui eût été dangereux et humiliant à la fois : se prendre à son propre piège !