Je pourrais vous dire tellement de choses à propos de ce roman mais les mots me manquent, et ceux qui me viennent à l’esprit me semblent bien ternes pour partager avec vous toutes les émotions qui m’ont submergée tout au long de ma lecture.
À la lecture de cet ouvrage de plus de 700 pages, je n’ai pas vu le temps passé. Tout, je dis bien tout, m’a embarqué dans une excursion sans retour dans les tréfonds de l’âme humaine, sans aucun misérabilisme ni commisération. Et c’est bien là que réside tout le talent de Karine Giebel ! L’autrice nous livre une histoire, voire des histoires, tout en nous livrant à nous-même : le récit nous attire comme un aimant, mêlant innocence et cruauté, puis les phrases courtes nous percutent, certaines se répercutant contre l’âpreté des évènements qui, à force, gangrènent l’espoir. Des phrases qui se font écho, comme le chant d’une cloche qui sonne le glas.
Le suspense, omniprésent, nous prend à la gorge. On crie en silence contre l’injustice, voire contre le devoir de justice dont certains se pensent détenteurs. La colère bout lorsque ces vermines s’en prennent à plus faibles qu’eux, à ceux qui ne peuvent pas se défendre, et au nom de quoi ? D’un sentiment de sécurité ? Parce que l’on se sent à l’abri du danger lorsque l’on pointe du doigt celui que l’on croit coupable, lorsque l’on peut le mettre à nouveau sous les verrous en l’enfermant dans les préjugés ? Ou tout simplement parce que la différence effraie et qu’il est bien plus facile de mépriser ceux qui ne sont pas comme nous, quitte à se sentir supérieur, en lui infligeant les pires souffrances ? Et où est la justice dans ces cas-là ? Qui sont les monstres ?
Mon cœur s’est serré à plusieurs reprises. Mais comment aurais-je pu rester indifférente à Mo, à Jorge et, surtout, à Léonard, ce géant à la force d’un colosse, aussi pur que l’eau cristalline qui coule de la source au milieu des roches ?
Ce roman est à l’image même de Léonard. Si la noirceur est partout et nulle part, une force et une douceur s’en dégagent constamment. On s’accroche à chaque rayon de soleil qui perce les nuages qui plombent le ciel de leur destinée, on espère, on veut croire que la Fée Malchance n’a pas pu se pencher sur leur berceau. C’est alors qu’éclate l’orage, et qu’arrive l’hécatombe ! L’autrice nous malmène sans cesse. Elle nous donne des bribes d’espérance pour mieux nous tirer le tapis sous les pieds. On se relève à chaque nouveau chapitre pour retomber au fur et à mesure que l’étau se resserre.
Glen Affric est un hymne à l’amour, d’une mère pour son fils, d’un fils pour sa mère, de deux frères qui ne le sont pas vraiment mais qui le sont certainement beaucoup plus que certains du même sang, aussi triste que le chant d’une cornemuse qui résonne sur les sommets de Glen Affric. Mais réduire le récit uniquement à cela, ce serait oublier l’intrigue à proprement parler : un jeune homme condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, un nouveau crime en tout point semblable à celui qui lui a été reproché 16 ans auparavant, une enquête résolue avant d’avoir commencé… Glen Affric, c’est un récit qui vous prend aux tripes, qui vous égratigne le cœur, qui vous met en rogne, qui vous percute de plein fouet !
J’ai refermé ce livre en pleurs ! Alors oui, j’ai la larme facile, me direz-vous, mais laissez-moi vous dire une chose : lorsqu’il s’agit de livres, mes canaux lacrymaux sont intransigeants, il leur faut de l’excellence, pas du sentimentalisme de pacotille. Et là, j’ai été servie, du début à la fin. Et que dire de ce clin d’œil au court roman de Steinbeck, Des souris et des hommes, que l’on devine en filigrane du début à la fin ? Moi, je dis bravo.
Bref, vous l’aurez compris, du moins je l’espère, Glen Affric, c’est un coup de cœur abyssal !
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