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Citations de Karine Reysset (135)


J’ai toujours cru que je n’avais pas besoin de te formuler les choses pour que tu les saches. Comme si nos cerveaux fonctionnaient en réseau, comme par télépathie. Je me suis fourvoyée. J’aurais dû te parler davantage quand nous étions ensemble, te confier mes inquiétudes, mes doutes, tant qu’il en était encore temps.
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Elle avait été soulagée d’avoir un fils. Contrairement à Vincent, elle ne voulait pas de troisième enfant. « On ne fait pas un élevage », l’avait-elle prévenu. Elle songeait à prendre rendez-vous afin que sa décision soit irréversible. Mais elle était velléitaire, et pour l’instant elle n’avait rien fait (ni pour le cèdre, ni pour le reste).
Il allait lui falloir déplacer des montagnes pour gagner la mer. Elle testerait le point où sa résistance céderait, où ses nerfs menaceraient de lâcher comme des élastiques trop usés. Mais son père était âgé, elle devait prendre soin de lui.
Dix minutes plus tard, le ciel virait au rose. La tempête était passée, elle pouvait se remettre au travail.
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Michael Jackson venait de mourir, et ça ne lui faisait rien. Derrière la fenêtre à petits carreaux entrouverte, le cèdre bleu effleurait le toit, les fils électriques. Il faudrait l’élaguer. Il y avait tant de choses à faire, toujours, des choses ordinaires. Assise sur son lit, Lena tenait un body d’une main, une robe à pois de l’autre. Autour d’elle, des piles plus ou moins droites de vêtements, quatre exactement. Une pour Zoé, une pour Théo, une pour Vincent, et une pour elle, évidemment. Il ne fallait pas qu’elle s’oublie. Cela ne risquait pas avec les pensées qui l’assaillaient, des mauvaises pensées. S’il n’y avait eu que ça. Ces derniers mois, elle avait des bouffées, des pulsions, des crises, elle ne savait comment les nommer. Puis elle avait envie de pleurer – souvent même elle pleurait – et de sauter par la fenêtre. Pourtant, elle n’était pas malheureuse, n’avait aucune raison de l’être.
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J’ai la mémoire sélective, mon cerveau enregistre par intermittence, mais quand il le fait, c’est indélébile.
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Le père de mes enfants me dit souvent " je te connais comme si je t'avais faite". Et dans une certaine mesure, il a raison. je suis née une nouvelle fois à ses côtés, me régénérant comme si j'avais subi une transfusion sanguine, me débarrassant de ma part de mauvais sang.
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Un jour ou l’autre, un malheur arriverait, il ne faudrait pas s’étonner. Quelquefois elle s’imaginait lâcher son dernier-né dans l’escalier, le laisser se noyer dans son bain. Marianne, elle, ne râlait jamais, jamais elle n’avait ne serait-ce que soupiré. Lena s’entendait parfois crier, et après elle se griffait les bras, elle les aimait tellement. « Vous me tuez, mes amours, à petit feu », chuchota-t-elle. Son mari voyait quelqu’un, elle en était convaincue. Dans un sens, ça l’arrangeait. Elle avait installé un futon à côté du lit à barreaux de Théo. Son corps éprouvé requérait du repos, ses plaies devaient cicatriser. Elles se nichaient surtout dans sa tête, elle en avait conscience.
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Je n’ai pas pleuré, pas une seule larme. Je suis devenue fossile. Oui je suis desséchée et vide, toute eau m’a quittée. Je ne sens plus grand-chose.
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Elle était mon amie, mais je n'étais pas sûre d'être la sienne. (p.18)
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Nous avons tous nos cicatrices, elles sont plus ou moins cachées, c'est tout.
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Je suis submergée à chaque fois par une vague de tendresse et de gratitude. J’ai envie de remercier…Qui ? Je ne sais pas, qu’importe, pour tout ce bonheur.
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Je marche sur la grève. Cherche des preuves de mon existence. Mes traces de pas dans le sable où mes pieds s'enfoncent légèrement. Mon ombre sombre sur le sol doré, plus fine que dans mes souvenirs. Autrefois j'étais une bonne vivante. Mes joues ont fondu, mes fossettes, disparu. Mais l'une d'elles, la gauche, fait sa timide réapparition.
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Ce matin, quelqu’un – un garçon – m’a adressé une sorte de cadeau pour le moins inattendu, à savoir un compliment sur ma personne. Il m’a dit que j’étais jolie. Mon père et ma mère se tuent à me répéter, chacun de leur côté, que je suis belle, ravissante, merveilleusement belle et ravissante et tutti quanti. Au collège, on me croit hautaine, c’est archifaux, je suis juste affreusement timide. Et, avec les garçons, je suis une catastrophe ambulante, je n’ai pas le mode d’emploi.
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Je réapprends le bonheur petit à petit, m'autorise à être autre chose qu'une plaie béante qui peine à se refermer, à se cicatriser, qu'une remarque déplacée, un geste maladroit, un manquement suffisent à entailler. (p. 18-19)

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Nous sommes un arbre à qui une branche a été arrachée, une famille amputée, ce n'est pas bien difficile à comprendre. Le moignon continue à fleurir et sa tombe est un jardin. Sa mort nous a rendus plus fragiles et plus forts à la fois, nous avons dû nous serrer pour nous réchauffer, calmer notre chagrin, apaiser le manque, nous avons léché nos plaies, comme un troupeau de loups.
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Nous formons une communauté de femmes et d’enfants encadrés d’une nuée de gens chargés de nous surveiller, de nous soumettre, de nous fouiller jusqu’au trognon. Une sorte de secte en somme. Ma vie n’est pas rose, même si les murs le sont et que des animaux les recouvrent. Dans cette salle, on se croirait dans une crèche, avec tous ces bébés, ces transats, ces poussettes, ces jouets, à condition de ne pas prêter attention aux grilles à l’entrée. À vrai dire, j’aspire encore au calme, je recherche une forme de sérénité. Je pratique la méditation et réfléchis beaucoup sur mon existence, au sens qu’elle a pu avoir, à sa trajectoire qui s’est arrêtée net sur un parking près des falaises.
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Je me contente de dérouler le fil de ma vie, d’égrener les joies les peines et, si je parle d’erreurs, il s’agit des miennes. Mes lettres sont une sorte de mea culpa déguisé. Je veux juste comprendre ce qui nous est arrivé.
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Tu avais beau être repentant, me jurer que ça ne se reproduirait plus, ça a été la goutte d’eau. Tout comme toi, j’étais exigeante et je croyais (comme on croit en Dieu) que notre histoire était – sinon unique – hors norme, d’une pureté, d’une beauté totales. Et la fidélité était une condition sine qua non, quoique tacite. Je n’ai pas supporté ce coup de cutter dans le contrat. C’était peut-être « orgueilleux », mais c’est ainsi. Il m’était impossible de rester une minute de plus à tes côtés
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Et, en effet, mon destin, c’est de vivre ce chemin de croix, ce calvaire, cette épreuve que sont la prison et la privation de toute liberté.
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Notre fils s’est réveillé et réclame le sein. Je ne suis utile qu’à ça, rien d’autre n’a d’importance. Et puis parler de/écrire sur Nino est une souffrance. En rien une délivrance. Son absence est inscrite dans ma chair. Je me sens amputée. Et ni Anton, ni personne ne peut le remplacer. Ça ne marche pas comme ça, la petite arithmétique de l’amour.
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Je me sens si inutile, là, claquemurée dans cette boîte colorée. Je n’ai que mes yeux pour pleurer. C’est si dur de sentir que je ne suis plus apte à consoler, épauler, conseiller. Je sens qu’au-dehors la vie continue sans moi, tandis que de mon côté je n’en finis pas de m’enfoncer.
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