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Critiques de Lawrence Durrell (142)
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Cefalû

Périple crétois pour des âmes égarées.



Lawrence Durrel est pour moi un bon compagnon de voyage. Après "Le carrousel sicilien" lu pour une visite de cette île, je récidive avec la Crête et "Cefalu".

Attaché à cette terre grecque qui m'enchante également, l'ancien diplomate est non seulement un peintre des paysages méditerranéens mais aussi celui des âmes.

Il déploie dans ce roman avec finesse et brio toute sa connaissance en psychologie pour nous présenter des êtres égarés après la seconde guerre mondiale.

Avec délectation, j'ai découvert un mystérieux Fearmax, médium en quête d"Absolu" durant ses séances avec le fantôme de Marie de France.

Le poète Graecen se trouve devant sa faillite existentielle alors que la mort le poursuit.

L'ancien maquisard Baird qui a "épuisé l'action" toujours destructrice, ainsi que les gens et les choses matérielles cherche un sens à sa vie insipide.

Quand à l'anticonformiste Campion, peintre hargneux et odieux auprès des femmes, il fuit le monde pour atteindre une liberté absolue.

Les Truman, eux, trouveront dans ce voyage initiatique un Eden satisfaisant leur communion avec la nature.



Tous ces personnages en croisière sur l'Europa" dont certains découvriront une expérience mystique sont rassemblés dans un labyrinthe dont les parois vont s'écroulées.

Sachant que les épreuves ébranlent les convictions, chacun va trouver une voix différente.



Certains lecteurs trouveront un coté désuet à ce roman. Certes la descriptions des paysages, la longueur des états d'âmes ou le manque d'actions tout cela je l'ai ressentie.



Mais Durrel regarde ses personnages avec bienveillance, sans cruauté, avec une sensibilité mâture lumineuse qui me charme. Et cela suffit à mon bonheur de lecture.
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Le Quatuor d'Alexandrie

« La quatuor d’Alexandrie » est une oeuvre complexe et poétique. Un quatuor de personnages (Justine, Balthazar, Mountolive, Clea) pour quatre romans distincts mais intimement liés les uns aux autres. Quatre histoires pleines d’échos ayant pour cadre la très romanesque ville d’Alexandrie. Dans « Justine », Lawrence Durrell nous présente les personnages en présence. Le narrateur tombe sous le charme de la belle et mystérieuse Justine. Il est en couple avec Melissa, Justine est avec Nessim. Il est question d’amour, de désir, d’interdit… La liberté est ce qui caractérise le mieux les protagonistes même s’ils sont aussi torturés, assaillis de doutes. On se perd avec eux dans les différents quartiers de la ville, on y fait la rencontre de personnages secondaires atypiques, hauts en couleur… Le premier tome de ce « quatuor » est plein de charme. La prose est superbe.
Lien : https://in-the-mood-for.fr
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Affaires urgentes

Imaginer le quotidien régissant la vie d'une ambassade britannique en Serbie, ce n'est pas tout à fait l'idée qu'on se fait du fun. Et pourtant il s'en passe de bien belles derrière les rideaux d'une mission diplomatique à l'étranger. Les malheureux représentants de sa majesté avaient toutes les raisons de se morfondre, puisqu'ils étaient contraints à vivre en vase clos à l'écart de la vie politique Yougoslave (d'orientation communiste). Mais l'Homme est une espèce récalcitrante : cernez-le par l'ennui, il sèmera la pagaille. Même par inadvertance. Surtout par inadvertance. Une réalité anthropologique dont nous serons les témoins privilégiés, par la bonne grâce d'un ex-attaché de presse devenu écrivain encensé j'ai nommé Lawrence Durrell.



De prime abord, on ne lui prêterait pas une plume trempée dans de l'acide ou un goût immodéré pour la malice, à en juger par ses ouvrages qui l'ont rendu célèbre (Le Quatuor d'Alexandrie). Ce serait oublier que l'homme passa trois années de sa vie à l'ambassade de Belgrade. S'il ne cache pas avoir ruminé la précarité de sa situation à ce moment-là, les trois ans seront émaillés d'évènements ou rencontres totalement improbables que Durrell a choisi de coucher sur le papier. Bien entendu la prudence reste de mise. Les noms sont modifiés, la temporalité n'a aucune importance puisqu'il s'agit plus d'un recueil d'anecdotes. De plus, l'auteur se dissimule non pas derrière la narrateur officiel mais son interlocuteur et raconteur officieux Antrobus, avec un ton plein d'emphase qui projette son humour pince-sans-rire à un rythme très soutenu.



Je fus très convaincu sur les deux premières tournées, gorgées de saynètes proprement désopilantes. Il serait cruel de vous en dévoiler la teneur, alors je resterai dans le vagues en évoquant ce périple dans un train qui a tout d'une machine de mort sur rails, ou le destin d'une mouche kamikaze, en passant par une drôle de soirée sur un radeau ou ce match de foot bien viril avec la délégation italienne. Préparez-vos abdominaux, Lawrence Durrell va beaucoup les faire travailler pendant 200 pages. Personnages excentriques, vengeances mesquines, incidents à répétitions, il y en aura pour tous les goûts. Si le trait semble un rien forcé, l'amoncellement d'absurdités en tout genre laisse à penser que l'homme de lettres en a vu de toutes les couleurs pendant cette longue mission en terres inconnues. Ma joie fut néanmoins tempérée par un dernier tiers en dessous, bien que le sourire s'invite de temps à autre, au gré d'une énième galère avec un squelette ou lors d'une histoire d'excision pour le moins pittoresque. Je dois pourtant reconnaître que la majorité de ce qui constitue ce dernier round fut beaucoup moins sujet à l'hilarité que les deux premières manches.



Cela dit, il ne faut pas bouder son plaisir. Envoyer aux quatre vents les idées reçues derrière les fonctions d'ambassadeurs, de consuls ou d'attachés de presse à de quoi faire rigoler. Sans aller jusqu'à affirmer que tout cela se passe quotidiennement derrière les attitudes guindées et les sourires de convenances de nos officiels, il ne faut pas oublier que l'espèce humaine n'est jamais en reste quand il s'agit de se distinguer.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 3 : Mountolive

Je referme ce livre une larme à l'oeil. Les mots sont beaux, les mots sont forts.

J'ai adoré ce 3ème volume du Quatuor d'Alexandrie. On y découvre la vie de la famille Hosnani à travers Mountlolive, diplomate anglais tombé amoureux de l'Egypte dans ses jeunes années.

Les différents tomes du Quatuor racontent une même histoire vue par des personnages différents... C'est au lecteur de mettre ces 3 premiers tomes en parallèle pour essayer de les comprendre...

Je suis impatiente de lire le 4ème volume pour voir s'il y a une clé...
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 4 : Clea

Si À la recherche du temps perdu s'achève sur le Temps retrouvé, on peut dire, en paraphrasant Pursewarden, figure de l'écrivain lucide et un brin cynique, alter ego romanesque de Lawrence Durell, que Cléa, ultime opus du quatuor d'Alexandrie, est le Temps délivré.



Ce dernier volume est d'un contenu conceptuel plus riche avec ses considérations sur la littérature, par le biais d'extraits du carnet de Pursewarden, ultime pirouette de ce personnage qui a eu le bon goût de quitter ce théâtre d'ombre en s'administrant fort proprement une dose de cyanure . Et en effet à part l'ultime mouture amoureuse entre le narrateur des deux premiers volumes et l'héroïne éponyme, qui a endossé à son tour le rôle de déniaiseuse auprès de ce dernier, lui révélant les ultimes turpitudes qu'il ignorait, les personnages principaux qui supportaient toute cette architecture n'apparaissent plus que comme de furtives ombres, le courant de la narration s'amenuisant progressivement, tel un modeste cours d'eau qui se perdrai dans les sables du désert qui enserre la ville cosmopolite d'Alexandrie.



Avec Cléa, le Quatuor d'Alexandrie s'achève dans un certain essoufflement. Il semblerait que l'auteur projetait un cinquième volume ayant comme figure principale Capodistria, dont la mort apparente ne cachait qu'une fuite face à ses débiteurs et qui dans son nouvel exil s'adonnait fébrilement aux prestiges de l'alchimie. En l'absence de ce volume putatif, le lecteur reste assez désemparé eu égard à l'effort qu'a demandé cette grande machine qu'est le Quatuor, comme un ambitieux château de cartes qui s'effondre. C'est le cœur de cette tétralogie qui remporte le suffrage de votre serviteur à savoir, Balthazar et Mountolive.

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Le quatuor d'Alexandrie, tome 3 : Mountolive

Mountolive est le troisième mouvement du Quatuor d'Alexandrie. Par le biais d'un regard externe et omniscient la narration se concentre sur le personnage éponyme, ambassadeur britannique au Caire, dont la figure était à peine esquissée jusque-là dans les deux premiers volumes. Ce faisant le récit remonte aux origines, à des événements antérieurs à ceux qui occupent Justine et Balthazar. Ainsi, l'intrigue nous apparaît sous un prisme différent, le dévoilement se fait plus précis, mais le lecteur quelque peu échaudé devine que peut-être il n'en a pas fini avec tout ce jeu des apparences, ce chausse-trappe narratif. Plusieurs personnages dont l'ambassadeur en sont eux-mêmes pour leurs frais. Ce qui semblait n'être qu'intrigues amoureuses et tromperies triviales, bien que surprenantes, prend le tour d'un vaste complot politiques mettant aux prises les autorités égyptiennes, les représentants de la couronne britannique et certains notables coptes.



Mountolive propose donc un éclairage nouveau sur les évènements qui marquent les deux premiers volets du Quatuor en présentant les ressorts profonds qui ont conduits les figures de ce vaste palimpseste littéraire à leurs actes fatals. A l'orée du dernier opus, Cléa, le lecteur, une nouvelle fois désarçonné, se campe derechef sur ses jambes, préparé à l'ultime assaut, attendant le signal de l'arbitre Durell : « En garde ! », « Prêts ? », « Allez ! ».
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 2 : Balthazar

Second volet du Quatuor d'Alexandrie, Balthazar est le livre du dévoilement, à tout le moins partiel. Dans sa demeure des îles Cyclades, le narrateur originel du Quatuor, dont on apprend enfin le nom, L. G. Darley, reçoit la visiteur de Balthazar, initiateur des mystères de la Cabbale, dont le lecteur a déjà fait la connaissance dans le premier tome du Quatuor, qui lui remet le manuscrit de Justine, narration de Darley des événements marquants qui se sont déroulés durant son séjour à Alexandrie, annoté et commenté par ses soins. Cet addenda va révéler au narrateur qu'il a été la dupe de plusieurs personnes, et au premier chef de Justine, qui se servait de lui comme d'un leurre, afin que celui qui était le véritable objet de son amour ne soit pas la victime de la jalousie de son mari. À la lecture des commentaires de Balthazar d'autres souvenirs, jusque là occultés par les hasards de la mémoire, reviennent à l'esprit de Darley.



Balthazar est la confirmation que Justine n'était qu'une version parcellaire et donc trompeuse des événements qui constituaient la trame du premier opus, d'autant plus que le narrateur ne connaissait pas tous les acteurs de ce jeu de dupe et qu'il a été victime de mystifications. Ainsi ce deuxième volet complète Justine par la modification qu'il en fait de sa perception première, son interprétation des faits se retrouvant totalement remise en cause et bouleversée. Oui, le Quatuor d'Alexandrie ne peut être appréhendé et être l'objet d'une critique que s'il est lu dans son intégralité.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Le quatuor d'Alexandrie - Lawrence Durell



Une Rapsodie du souvenir - remarquable ! (4 romans en 1 pour 1000 pages)



Dans Justine - Un narrateur non identifié vit sur une île des Cyclades et se souvient d’Alexandrie en s’appuyant sur le journal de Justine et du livre d’Arnauti « Mœurs », l’ex-mari de Justine. D’autres personnages viennent se greffer dans les fragments du passé. Un premier roman où l’on va découvrir des amours naissantes, les démons et les faiblesses des personnages.



Dans Balthazar – Ce personnage qui est un médecin-philosophe et un proche de Justine va remettre le manuscrit de Justine avec des annotations. On va découvrir que le narrateur inconnu est Darley. Et Darley va y lire que le manuscrit change la physionomie de l’histoire. Toutes les certitudes ont vacillé.



Dans Mountolive – l’histoire se réorganise à Alexandrie. De 1911 à l’après-guerre, on apprend la culture d’Alexandrie et les religions qui la compose (Chrétiens avec notamment les Coptes, les Juifs, les Musulmans, les Grecs) sur un fond de politique.



Dans Cléa - Darley revient à Alexandrie et on y retrouve tous les personnages et leur évolution.



Dans ce roman, Alexandrie est une ville sacrée et profane. Les communautés se perpétuent et communiquent, les mariages et les pactes les unissent et les divisent.



Lawrence Durrell décrit une Alexandrie comme une ville maternelle inconsciemment poétique, illustrée dans les noms et les visages qui ont composé son histoire. Les triomphes de la politique, les grandes manœuvres du tact, la cordialité, la patience y sont décrits avec une écriture libertine et sentimentale.



La conjugaison de ces livres en fait un syncrétisme d’une beauté d’écriture qui le met sur une première marche de tous les livres que j’ai pu lire. Très intelligent par la forme que sur le fond avec une écriture plutôt classique et bien analysée.

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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

Le premier volet du Quatuor d'Alexandrie intitulé Justine a l'aspect opaque de ce nuage torride que charrie l'été les sables du désert sur la ville d'Alexandrie qui suffoque. L'histoire est contée par un narrateur dont on ne sait que le peu de choses qui nous est donné à mesure.



Lors d'une conférence sur une figure quasi mythique des lettres alexandrines, le poête grec Constantin Cavafy, l'énigmatique narrateur fait la connaissance de Justine qui l'introduit auprès de Nessim Hosnani, son riche second époux, homme d'affaires copte. Ce dernier semble saisir très vite qu'une liaison adultérine est en train de se former. le narrateur a quant à lui délaissé Mélissa Artémis, une danseuse sans talent d'un cabaret de seconde zone, qui avait elle-même abandonné son protecteur, fourreur juif de son état. Une galerie de personnage hauts en couleur gravite autour de cette relation triangulaire. À cette intrigue guère remarquable viennent s'ajouter des références au journal intime de Justine et des extraits d'un roman écrit par le premier mari de celle-ci et inspiré par son expérience conjugale avec cette dernière. Ces mises en abyme, ces jeux de miroir agissent comme des rayons de lumière diffractés qui complexifie la trame narrative du récit. Ce roman est le roman de l'indéterminé, du nébuleux et du parcellaire. Il s'avère évident que le récit de ce narrateur quelque peu indifférencié n'est qu'une version incomplète d'un vaste drame dont il ignore les ressorts les plus importants.



Justine est un récit énigmatique, où l'écriture de l'auteur brille notamment dans son choix original des analogies, et par certaines fulgurances qui prennent la forme d'aphorismes. Néanmoins cela risque d'être insuffisant pour satisfaire le lecteur qui se bornerait à la lecture de ce premier opus, car il apparaît clairement que Justine est une partie qui s'insère dans un tout bien plus vaste, premier mouvement rapsodique d'un quatuor de vaste ampleur qui éclairera à mesure tous les non-dits et les énigmes de cette Justine.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 2 : Balthazar

Dans ce 2ème tome du Quatuor d'Alexandrie, Lawrence Durrell reprend l'histoire du premier tome et l'éclaire d'une nouvelle lumière que remet notre jugement en question.



J'ai aimé ce livre. Le premier tome, "Justine", m'avait semblé bien long.Mais le déclic s'est fait à la lecture de "Baltazar". Tout d'un coup, je me suis sentie happée par cette ville multicolore. Chaque personnage est un phénomène qu'on a envie de comprendre. Mais ensemble, ils décrivent superbement la diversité culturelle de Alexandrie.
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Cefalû

Débute comme un roman de Graham Greene sans espions et fini panthéiste, très panthéiste, magnifiquement panthéiste… Dans le creux d’un Éden crétois avec la mer qui plus bas scintille dans le bleu. Le reste est une histoire d’éboulement, le reste est très bien aussi, vous n’avez qu’à lire le reste.
Lien : https://novland.blogspot.com/
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Le Quatuor d'Alexandrie

Ces romans ont enchantés mon adolescence et l

Je les relis avec bonheur et nostalgie.

L.egypte heureuse, la beauté des hommes et femmes, les mystères, les faux semblant, les réalités, les déceptions et en personnage principale, Alexandrie, richesse et mystere
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Citrons acides

Plus qu'un roman, cette autobiographie est un réel témoignage lent et construit de l'émergence d'un peuple. Ponctué de notes académiques, de rencontres rurales ou bourgeoises, d'anecdotes locales, le récit de Lawrence Durrell sonne comme sorte de récit d'une étude anthropologique pour mieux comprendre les évènements de ce temps à Chypre. Un livre passionnant, à découvrir absolument.
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Le sourire du Tao

Les premiers chapitres consacrés à la rencontre de l’auteur et du taoïste Jolan Chang sont les plus réussis. Le lecteur fait connaissance avec les principes de ce chinois sexagénaire d’une manière sympathique et très vivante. Mais suivent deux chapitres dont les liens avec le sujet sont de plus en plus ténus. Le premier est consacré à la visite de Durell dans le collège monastique du château de Plaige, non loin d’Autun, à l’occasion du nouvel an tibétain. Malheureusement son séjour est écourté par des ennuis mécaniques et Durrell en est réduit à parler beaucoup plus de la météo que du taoïsme. Heureusement ce chapitre reste agréable à lire. Quand au dernier chapitre il s’agit d’un souvenir, celui d’une jeune femme, Vega, avec laquelle il partage à ce moment un centre d’intérêt (Nietzsche et Lou Salomé). C’est passionnant, mais le lien avec le taoïsme est encore plus ténu. Ensuite, Durrell revient plus sérieusement vers le taoïsme dans «Le Tao et ses glose », mais de mon côté j’avais passablement décroché. Le style de cet ouvrage est plutôt agréable, mais je ressors de cette lecture en ayant l’impression de ne pas avoir appris grand-chose sur le taoïsme et de ne pas saisir où voulait en venir Durrell.
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Citrons acides

Une petite escale à Chypre dans le cadre du défi solidaire. Je suis un peu déçue, je pensais que ce récit allait m'éclairer sur la situation à Chypre avant que les choses ne tournent au vinaigre. Effectivement, Lawrence Durrell s'est installé sur l'île précisément à cette période. Gentleman voyageur, il décrit longuement les magnifiques paysages et on voit qu'il aime parcourir l'île. Mais il débarque sur l'île en conquérant sûr de son fait ; sa démarche est purement égoïste et les Chypriotes l'intéressent surtout en fonction de leur utilité potentielle. Il adopte trop souvent un ton condescendant ou caricatural. Il les aime bien hein, mais on comprend que c'est une bande de ploucs incultes. On passe le début du récit à l'écouter parler de l'achat de sa maison, des travaux de sa maison, des amis qu'il reçoit chez lui (tout la bonne société anglaise y défile, ça picole dur, même au volant). J'imagine qu'en son temps, ça a dû plaire aux copains du gentlemen's club, mais personnellement je préfère les voyageurs plus généreux. Il égratigne légèrement ses compatriotes qui sont mous à réagir quand le mouvement en faveur de l'Enosis prend de l'ampleur. Et bien sûr, à aucun moment il ne lui vient à l'idée de remettre en question le fait que Chypre soit anglaise. Bref, si au début du livre je n'avais pas d'opinion particulière, vers la fin il me tardait que les Chypriotes bottent les fesses des Anglais. C'est dommage, parce qu'il avait aussi des choses intéressantes à dire et il écrit bien.
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Le sourire du Tao

Le thème du Tao m'intéressait, malheureusement passée la partie avec Jolan Chang qui aborde un peu le sujet, Durrell part dans ses souvenirs et s'éloigne du sujet. Je découvre avec cette lecture cet auteur. J'ai apprécié sa façon d'écrire mais n ai sûrement pas choisi le plus abordable et le plus représentatif de son art.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine



Le carnet noir (tellement loué par T.S. Eliot) et Cefalu qui était encore mieux ne m'avaient annoncé un livre qui peut se comparer avec les meilleurs livres du 20° siècle et plus précisément, puisqu'il traite aussi d'expériences amoureuses remémorées, avec Proust.

Le décor est poussiéreux, c'est l'Alexandrie moderne, et le milieu dans lequel tout se passe est un mélange d'une sophistication exceptionnelle et d' une sordidité qui l'est tout autant. La période n'est pas précisée, mais il s'agit peut-être des années 1930. Le narrateur est un jeune instituteur irlandais sans le sou qui donne une conférence sur la poésie et s'apprête à rentrer chez sa maîtresse, une triste danseuse grecque nommée Melissa, lorsqu'il est recherché par l'héroïne du livre, Justine, une belle juive mariée à Nessim, un millionnaire copte.



Le narrateur a une histoire d'amour avec Justine et il craint que Nessim ne s'arrange pour le tuer accidentellement lors d'une chasse au canard. Mais il ne se fait pas tuer; Nessim tire sur un autre homme; et Justine les quitte tous pour aller en Palestine immoler sa beauté et son élégance dans une ferme communautaire. Melissa meurt et le narrateur adopte son enfant, dont le père est Nessim. Voilà pour l'histoire.

L'histoire est racontée à la façon de James Joyce. Laissant sa mémoire parcourir librement de nombreuses personnes, de nombreux incidents, de nombreuses années, le narrateur ne raconte que les manifestations significatives qui lui viennent naturellement - et, comme on dit des acteurs d'une pièce, dans l'ordre de leur apparition. Aucune tentative formelle n'est faite pour structurer ou même rendre l'histoire facile à suivre : si vous n'obtenez pas une référence subtile ou savante, tant pis pour vous. Cela peut désorienter les lecteurs paresseux.

Durrell est un véritable poète qui semble avoir survécu moralement et littéralement aux désastres qui ont typiquement brisé sa génération post-joycéenne et post-proustienne. C'est un intellectuel du désert qui s'en est sorti. Autrefois disciple d'Henry Miller, il n'a pas seulement surpassé son maître, il a su faire face à la désintégration qu'il a laissée en héritage pour indiquer un mouvement réellement nouveau dans la littérature. Il est particulièrement significatif qu'il rapporte fidèlement la sordidité de son matériel et en fasse quelque chose de fort, de sain, de sage, de triste, d'amusant et de beau. Il a l'éloquence de celui qui est doublement né.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Découverte mitigée de ce roman classé parmi les meilleurs du XXe siècle qui nous emmène à Alexandrie. On y rencontre Darley, le narrateur, parti se ressourcer sur une île avec la fille de Mélissa... Mélissa c'est celle qu'il aime, ou a aimé, ou peut-être pas d'ailleurs ... Rien n'est clair et définitif dans ce roman et à plusieurs titres : tout d'abord il s'agit de sentiments et les personnages du quatuor ne savent pas trop! De plus, quatre tomes composent ce pavé (oui plus de 1000 pages) et chacun étant le point de vue d'un personnage, ils lèvent tous le voile, différemment, sur la relation entre les protagonistes.

Les principaux : Darley et Mélissa mais aussi un couple marié Justine et Nessim ... et une pléthore d'autres qui eux aussi complexifient la trame du récit.

Bref on se laisse perdre dans le labyrinthe de leurs liens et dans les rues d'Alexandrie, véritable personnage en elle-même, tant la ville est présente et semble influencer l'atmosphère du roman.

C'est donc l'aspect que j'ai aimé dans le roman, mais en effet mon avis reste partagé car finalement, en arrivant à la fin, je me rends compte que je suis restée une spectatrice de leurs histoires et que je n'ai pas apprécié ces personnages que je trouve dans l'ensemble assez lointains, froids, peu décrits en fait. Ils sont restés des archétypes peu sympathiques !
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Monsieur ou le Prince des Ténèbres

Lawrence Durrell...

Le drôle de gars. le drôle d'auteur. Ou plutôt, le drôle de gars quand il est auteur. L'Anglais qui a vécu partout dans le monde, prof, diplomate, francophile.

Il a écrit un monument, le Quatuor d'Alexandrie, que j'ai lu dans ma jeunesse, sidérée, envoûtée par la beauté de son écriture (surtout dans Justine, la première du quatuor). Chaque phrase était une merveille. Quarante ans plus tard, quand j'ai vu ce Monsieur le Prince des Ténèbres dans une broc, j'ai pris. Voyons si l'enchantement tient encore.

On entre dans le livre comme dans le tome 2 d'encore un quatuor, non pardon, un quintet, alors qu'il s'agit du tome 1, comme si on vivait avec les personnages depuis un moment et qu'il nous contait la suite de leurs aventures. Bon, pourquoi ne pas se passer des présentations après tout.

Curieuse sensation aussi, c'est comme une accumulation de flashes, de phrases sans verbe, un rien bordélique. J'ai même fait des corrections dans ma tête pour rendre l'écriture plus fluide, et j'ai mis ça sur le compte de la traduction, mais allez savoir. Ça donne un côté ébauche à ce récit, un brouillon, une étude, qu'il va falloir élaguer car l'auteur n'est pas avare de lâchés emphatiques qui ne veulent pas dire grand chose. On est en Provence, autour d'Avignon et au domaine de Verfeuille, profusion de sensations provençales lancées comme ça pour le plaisir, des tableaux par les mots.

Dans ce décor, il y a des gens quand même, qu'on apprend à connaître par la bande. Bruce qui écrit. Bruce amoureux de Sylvie, mais aussi de son frère Piers. Leur ami écrivain Rob Sutcliffe, amoureux quant à lui de Pia la soeur de Bruce. Et un folâtre ami, Toby, avec son enquête sur les Templiers - et pour tout ce monde, un curieux lien nommé Akkab, le gnostique, qui les ouvre à cette non-religion dans une oasis du désert égyptien. Scène hypnotique peut-être écrite sous acide, ou malaxée de quât, c'est là son talent, à ce foutu Durrell, nous amener dans cet univers flou et nous y perdre en toute sensualité, l'espace d'un étrange instant.

"Toutes ces jolies femmes l'écoutaient, silencieuses comme des fruits, certaines en robe du soir, d'autres drapées de châles bariolés, toutes avec l'âme sereine comme une pomme."

Ce lâché créatif finit par composer une musique, assez enivrante, même si il y a de la facilité. D'accord, j'accepte. Où veut-il nous amener ?

Nulle part. On se prend la main, et on y va, si on le veut bien. Ou on saute des paragraphes pour en savoir plus sur les gens, parce que les beautés de la Provence, ça va cinq minutes... Alors, nos héros effleurés, que leur arrive-t-il donc ?

Piers crucifié par la gnose, Sylvie par sa triste folie, Bruce qui reste sur terre, cet Akkab qui envoûte son monde,

et on vire soudain dans un livre dans le livre. Rob Sutcliffe l'écrivain, ses amours fracassées, Pia qui l'a quitté pour une Américaine délurée à la peau d'ébène, son errance de dandy à la recherche de celle qui l'a abandonné (à lui-même ?) :

"A Angkor Var : Les deux faces colossales taillées dans le roc exsudaient ce calme éprouvant - le grondement du ressac céleste sur les rivages de l'esprit. Elle prit ma main et s'y cramponna. "Je suis terrifiée de joie, Rob".

Plus tard

Quelque part sous un plafond de bambou, cachée dans un décalcomanie coloré d'oiseaux tropicaux, là où les grands philologues festoient, peut-être m'attend-elle encore. "Chéri, dit la lettre, quel piège a été pour moi la Birmanie. J'ai l'impression que je vais devenir folle."

Plus tard

Le pauvre Rob est devenu le champion de l'attente sur les trottoirs vides, les quais déserts de gare, les abris d'autobus sous la pluie, les cafés désolés, les aéroports à minuit. "



Mais est-ce si simple ? Il dit "je", il dit "il", on ne sait plus. L'écrivain en déteste un autre qui rafle tous les succès, le conspue, conscient de son amertume. Il erre dans Venise, conscient du cliché véhiculé par la ville "clapotante". Il se tourne vers une inconnue rencontrée dans la rue, conscient que ça ne peut que rester sans lendemains. Moi, comme Durrell, je suis fascinée par les peaux bronzées, ambrées, métissées, qui donnent au regard un éclat surréaliste. Elle me plait, son Inca :

Venise. "Une jeune fille le dépassa, élégamment vêtue de velours noir avec une blouse de soie et autour du coup un foulard bleu turquoise qui accrochait l'oeil. Frappante plutôt que belle. Et rien d'étonnant à ce que ses yeux aient viré au citron vert dans son visage très bronzé. Un visage inca avec un nez épais à la base. Harmonieuse comme un paysage primitif, douce pluie bienfaisante sur un monde parcheminé.

Plus tard.

Elle était si bronzée, si musquée. Ils s'aimeraient d'un amour bronzé, musqué, plein de la science et de la sagesse du désenchantement, plein de la mélancolie du hasard, tout en souhaitant qu'il puisse durer toujours. Ses mains chaudes et intelligentes touchèrent les siennes. Quelque part dans la ville romantique et clapotante, des cloches se mirent à sonner, langues de la mémoire. Ils se tenaient tous deux assis, tranquilles, se contentant de respirer.

Plus tard

Il était stupide de se demander s'il était pas abusif de coucher avec elle dans ces conditions. Il succomba comme un somnambule. Quelle merveille de lui faire l'amour et pourtant... une fois au-dessous de la zone éclairée où les grands poissons écarquillaient leurs yeux, quelque part dans ce domaine s'élève le clic-clac, le classique déclic de la caisse enregistreuse de la conscience, de l'âme pensante obstinée."

Et puis Durrell devient drôle, avec un humour pur british totalement délicieux. Son héros "le grand homme", avec sa moue boudeuse, nous amuse avec ses considérations foutraques :

Venise. "Revenu sur les canaux il ne se souciait plus de l'existence de dieu, tant était prodigieux le coucher de soleil, élaboré et mis en oeuvre de façon si incroyable, si minutieuse qu'on pouvait en perdre toute raison. Imaginez les Vénitiens soumis à cette expérience insoutenable chaque soir de leur existence. C'était trop. Seul un daltonisme providentiel pouvait leur éviter de devenir fous. "Regardez, dit-il au gondolier qui le ramenait vers son hôtel, "Ché bello !" la main tendue comme un Ruskin surexcité. "Ché bello, espèce de taupe". L'homme promena un regard absent le long de la parabole décrite par la canne de Sutcliffe, haussa les épaules, émit un grognement et finit par admettre : "E bello, signore". le grand homme eut une bouffée d'impatience face à ce manque d'esprit. Je le savais, dit-il. Un daltonien".

Et cette description qui m'a fait exploser de rire, va comprendre : "La divine vieille duchesse de Tu m'écrit presque chaque semaine des lettres volumineuses dans lesquelles elle distille l'essence de son aimable et amorale philosophie du désenchantement. Elle fume de longs cigares verts et a joué autrefois du banjo dans un orchestre de jazz diplomatique."

Me suis souvenue alors que j'avais lu autre chose de Durrell : "Affaires urgentes", chroniques de sa vie de diplomate anglais en Yougoslavie dans les années 50. du pur loufoque bourré de cet humour so british, au point que je n'avais pas fait le lien avec le sensuel Quatuor amoureux d'Alexandrie. A présent je comprends mieux ce bordélique mélange des genres...

Dans "Monsieur", troisième partie, on est gentiment noyé dans les mises en abîme, les paragraphes d'un style un rien pompier, le non-récit alimenté de flashes assez drôle, encore, parfois incompréhensibles :

"En fait, Oakshot avait un regard bleu acier dont la fixité mettait mal à l'aise. Les gens qui battent trop des paupières sont inévitablement stupides et Oakshot n'était pas stupide. Un peu émotionnellement retardé peut-être, par manque d'expérience sexuelle. Depuis qu'il avait gravi l'Everest avec Tufton... la nuit on trouvait des sherpas dans son sac de couchage, et l'on ne pouvait rien faire. Ils souffraient tant du froid. Oakshot , ayant perdu un index pour cause de gel, avait dû renoncer à ses safaris au lion. Et merde pour lui."

Il se moque, sans doute de lui, puisque ce Oakshot est encore un écrivain décrit par un écrivain écrivant sur un écrivain parlant d'un écrivain et que Durrell semble ne pas prendre au sérieux l'engeance écriveuse, lui compris. Comme dirait la poétesse Anne Contri dans "Papier mâché" : il en est qui glapissent que la torture existe, que méchante est la feuille parée de blanche angoisse. Il en est des maudits mus de gluante poisse qui se tordent d'eux-mêmes en se hurlant Artistes".

Là-dessus, il se permet d'user et d'abuser d'adjectifs incongrus, enfilant de la phrase avec un plaisir gourmand, mais nullement dupe de sa supercherie.

Pfouh, oui.

N'empêche, pour des moments comme celui-ci, dubitative je poursuis ma lecture :

"Lorsque Toby buvait trop, il pouvait par exemple monter dans un taxi et crier au chauffeur "Suivez cette névrose !". Ou réciter du Byron, - car il se voit en Byron et s'adresse continuellement à un Fletcher imaginaire - mais cela se passe généralement au lit :

- Fletcher !

- Oui Monseigneur.

- Abjure.

- Très bien Monseigneur

- Fletcher !

- Oui Monseigneur

- Fais part de mes instincts les plus fournis à la duchesse

- Très bien, Monsieur.

Puis, se désignant : "je ne vois guère d'intérêt à être moi-même. Sutcliffe, ce vaste socle de chair et de cartilage britannique devrait être mis en laisse, il est criminellement ivre."

- Fletcher !

- Oui Monsieur.

- Par le cordon ombilical du Christ ressuscité, apporte-moi des tablettes de bicarbonate de soude.

- Très bien, Monseigneur."



...Avant de sombrer dans des morceaux disparates de notes et textes, morbides, à la manière des adolescents qui parlent de la mort avec emphase, des adolescents devenus vieux et qui mâchouillent le sujet comme pour l'amadouer, mais sans y croire vraiment.

Bizarre, ce livre.

Ai-je envie de retrouver ces personnages dans la suite de ce quintet ?

Eh ben oui, tout bien réfléchi. Par curiosité, pour savoir où finalement il voulait en venir. Et pour cette étrange musique, poignante par moments, drôlatique par d'autres. Une sorte de Condition Humaine servie sur un plateau d'argent avec a nice cup of tea et un nuage de lait.

Bizarre, ce livre.

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Un Faust irlandais, moralité en 9 scènes

Je ne sais pas si c'est le bon texte pour entrer dans l'univers de Lawrence Durrell mais cette pièce de théâtre montre qu'il a des qualités de dramaturge en théâtralisant sa philosophie de l'existence.

Dans "Un Faust irlandais" il revisite entièrement le mythe de Faust, celui qui a vendu son âme au diable pour la jeunesse éternelle. A l'opposé, il nous présente le Docteur Faustus comme intègre, enseignant la science à la princesse Marguerite, nièce de la reine Katherine.

Il a hérité d'un anneau d'or alchimique de son magicien de maître. Ce talisman appartenait au roi défunt et maléfique Eric le Rouge qui l'avait fabriqué pour commander aux esprits des ténèbres et jeter des sorts.

Complice par obligation de sa tante qui convoite la puissance de l'anneau pour retrouver son époux, Marguerite le vole alors que Méphisto tente aussi de le récupérer. Plus malin que le malin, le docteur Faustus va s'en servir pour le retrouver et le détruire en allant aux portes de l'enfer.

J'avoue que j'aurais bien aimé voir cette pièce jouée sur scène, avec ses vampires et ses fantômes ainsi que son marchand d'indulgences, commerçant moyenâgeux qui soigne surtout les adultères (et qui donne une pointe d'humour à la pièce). Et puis, il y a l'ami ermite qui a su trouver l'épanouissement intérieur en vivant dans la montagne, loin de Méphistophélès et de Goethe.





Challenge Solidaire 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge ABC 2022-2023

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