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Critiques de Léa Silhol (208)
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Sous le Lierre

Promenons nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas. Si le loup y était, je le mangerai…

Ivy Winthorpe est une héroïne comme je les aime. Non à subir sa destinée mais à déployer toute son énergie pour déjouer la trame qui lui est imposée.



Début du 20è siècle. Seule héritière d'une famille d'aristocrates anglais, Ivy refuse de plier à la tradition qui lui interdit de se promener dans la forêt de Savernake, située sur sa propriété, dans le Wiltshire en Angleterre. A dos de cheval ou en compagnie de son chien, elle transgresse régulièrement l'interdit et se découvre une affinité avec la nature environnante. Au coeur de son petit paradis, elle rencontre un jeune homme solitaire dont le destin semble lui aussi avoir été décidé par les villageois.



Sous le Lierre est un roman tiroir, qui aborde le féminisme, le poids de la tradition, la nature et le tournant d'un siècle.

L'auteure a créé une galerie de personnages très intéressants, tantôt sombres, tantôt lumineux. Certains étaient un peu trop manichéens pour moi et, par moment, l'assurance de l'héroïne m'a un peu gonflée, mais dans l'ensemble, les portraits sont assez diversifiés et participent à l'atmosphère un poil angoissant de cet univers.

Sous le Lierre est une fantaisie où la mythologie celte se révèle au détour d'une grille ou en franchissant le mur qui séparent les bois de la propriété. J'ai apprécié le parallèle avec l'univers de Vertigen, le vertige d'Ivy lors de ses chevauchées et de ses incursions dans la forêt, sous l'ombre du mystérieux Homme-vert.



Le style de l'auteure, toujours exaltant, a rapidement gommé l'impression de déjà-vu. Les secrets du village sont en effet assez rapidement identifiables mais une fois encore, Dame Silhol sait raconter une histoire comme nul autre.

J'ai tourné la dernière page avec tristesse à l'idée de quitter tous ces protagonistes, ces enfants des bois et des rêves, et cette belle aventure extravagante.
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La sève et le givre

Une conteuse, une poétesse exceptionnelle dont je viens de finir la lecture de "La sève et le givre".

Une lecture pas forcément facile de premier abords tant le vocabulaire et les tournures de phrases ne sont pas commune. Ce qui la rend tout à fait spéciale. Une fois que l'on a passé le stade de la désorientation, que l'on s'est habitué aux oxymores et descriptions poétiques, et que l'on s'est cramponné au glossaire et au dictionnaire. Tout va bien. On se laisse submerger par l'abondance du langage, la profondeur des sentiments, et la précision du ressentit. Car dés le début on est projeté dans un monde dont on ne connait pas les codes, il faut prendre le train en marche.



L'auteur l'explique très bien et mieux que moi quand les héros passent d'un monde (ou d'une cour féérique) à l'autre. C'est le Vertingen. Un moment entre deux monde ou des ajustements doivent être fait et où on à l'impression d'être déboussolé dans le vide, au de là du vertige et de l'amour. Il n'y a pas de mot humain pour le décrire.



Ce livre n'est pas une banale histoire d'amour. C'est bien au delà. L'auteur y mêle avec talent culture et légendes celtiques, réelle découverte du monde de La Faérie et des fées (masculin et féminin), prophéties des tisseuses du destins connues aussi sous diverses cultures (les Parques sont aussi présente chez les grecs).



Ce n'est pas le stéréotype des fées de Disney. Ici les créatures et les personnages sont assimilés à des entités de la nature, une personnification des éléments avec ce je en sais quoi qui nous fait penser au dieux. Mais cela est très étonnant. Je les ai trouvé à la fois très humains dans leur sentiments et à la fois très éloigné. Du fait de leur nature immortelle, leurs émotions et leurs façon de penser sont beaucoup plus profonde et ne sont pas soumis à la même logique ni le même espace temps que les pauvres humains que nous sommes. Un seul mot, une seule oxymore peut décrire beaucoup de chose à la fois et cacher un autre sens.

Ainsi on ressent bien qu'il y a une part beaucoup plus forte et lointaine qui englobe un tout dans chaque personnage que l'on rencontre. Et pourtant chacun personnifie une part bien spécifique d'un élément de la nature.



Elle nous invite dans des cours féérique ou par préjugé on ne penserais pas que cela soit aussi varié en émotions, couleurs, peuplades et sentiments. Ainsi même si les cours d'Hiver et de Dorsha sont des cours d'Ombre. J'ai vraiment été fasciné par la palette de l'auteur pour nous décrire les nuances et les variétés pour l'attirance que l'on ressent pour le noir et l'austérité que l'on ressent pour le blanc et le froid d'hiver que l'on repousserait de premier abord. Ici la nuit devient luminescente et l'hiver attachant et chaud dans les souvenirs comme une terre natale que l'on cherche sans cesse.



La dualité, les contradictions, et les symbioses qui sont dans ce roman ont été au de là d'un cheval de bataille pou l'auteur, puisqu'elle arrive à jongler avec les mots et les caractéristiques des personnages de façon étonnante. C'est avec ce genre de récit (unique) que l'on arrive à mieux comprendre que tout dans la nature et le monde n'est pas fait que de ce que l'on voie. Mais qu'il a eu autre chose avant. Qu'une chose ne peut pas exister sans son contraire, et vice versa. Et que rien n'est figé, tout est toujours en mouvement. Ce qui va à l'encontre des esprits modernes trop cartésiens et trop linéaire des fois.



On se rend compte avec ce que je viens de dire que l'auteur est très imprégné de la mythologie et la philosophie celte. Mais ce n'est pas tout. Car comme les celtes elle a une prédispositions à aimer les chiffres 3 et 9. Des chiffres très important chez celtes. Le 3 pour la triple divinité (la grand mère, la mère, et la fille), le chiffre parfait pour les celtes que l'on retrouve de partout et souvent aussi dans la nature des choses visible ou invisible. Le 9 pour le côté maléfique mais dans le bon sens, l'unité de tout qui doit finir à la fin de ce chiffre. Et aussi pour la règle des effets retours : par trois fois tu fera quelque chose de bien ou de mal, et par trois fois il te reviendra en bien ou en mal.



Bref j'ai plus qu'adoré. J'utiliserai bien un mot féérique pour qualifier ce roman tellement cela été profond et d'une dimension très large, mais je n'en connait pas. Je me contenterais donc de mot humain qui je crois peuvent convenir à savoir : nirvana et orgasmique.
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Le Dit de Frontier, Tome 1 : Musiques de la..

Gros coup de coeur pour ce recueil de nouvelles d'urban fantasy.



De nos jours, naissent des enfants différents qui en grandissant portent des marques physiques détonantes. Plus grands, le visage au traits félins et une pratique de la magie à divers degrés en font bien vite des aberrations aux yeux de la majorité des hommes. Traités comme des animaux, enfermés dans des centres ou condamnés à se cacher et à vivre de menues rapines, ces enfants devenus adolescents vont trouver en la personne de Shade, un meneur singulier. Commence alors pour eux un exode vers une terre promise : Frontier, le territoire des enfants Fae.



Sur plusieurs nouvelles, Léa Silhol tisse la genèse de Frontier, la ville, le territoire, le refuge ou encore le rêve de ces jeunes, selon chacune des histoires qui nous sont contées.

Elle emprunte au folklore du Petit Peuple, à la religion, au shamanisme et aux combats des minorités pour créer sa propre mythologie.

Parce qu'ils sont une nouvelle minorité au sein de la race humaine, ces enfants différents se verront attribués de nombreux noms : les changelings, Fae, coucou (en référence à l'oiseau qui utilise le nid d'autres oiseaux pour y laisser ses œufs) mais tous auront la même connotation : l'étranger, la monstruosité.



La construction du recueil peut parfois dérouter car les histoires ne s'enchaînent pas de façon chronologique. Nous démarrons sur la route, par la fugue de deux enfants pour terminer au coeur de la cité mystique. En chemin, à travers les douze nouvelles qui composent le recueil, la conteuse nous montrera le destin de quelques-uns de ces « coucous ».

Et j'ai adoré. Je n'ai pas pu fermer le livre avant d'avoir dévoré chacune des nouvelles.



La plume de Léa Silhol est belle. Il est souvent difficile d'approfondir la psychologie des personnages sur le format nouvelle. Ici, l'auteure prêtera aux Faes une attitude froide, presque détachée. Ce sont leurs actions qui nous dévoileront leurs pensées. Pas d'introspection intérieure mais des non-dits et des vécus qui s'expriment dans les attitudes. La quatrième de couverture nous informe que Léa Silhol écrit au couteau et en cela, elle tranche dans le vif, le rythme ne faiblit pas, on sent dans les actions l'urgence de vivre.



On ne peut qu'adhérer au souffle de révolte et au rêve utopique de ces adolescents qui, loin de faire profil bas et de se soumettre au génocide annoncé, restent fiers et rebelles face à l'oppression.

Shade, Jay, Fallen et Ash, ne plieront pas en dépit des difficultés. Là où certains auteurs forcent le trait du pathétique sur la nature humaine, Léa Silhol évite l'écueil et nous donne à lire une histoire de survivants mais aussi d'humains qui refusent d'être des moutons et de condamner aveuglément un peuple. Elle mêle astucieusement, ci et là, quelques portraits d'hommes et de femmes qui vont choisir de dire non.

Ainsi, la jeune Need qui tourne le dos à ses parents et s'enfuit avec son petit frère jusqu'à trouver Frontier. Elle argumentera que ce qui les définit n'est pas qu'elle est humaine et lui un Fae mais qu'ils sont frère et sœur en premier lieu et que leur amour fraternel est la seule définition qui importe.

Certains personnages auront des actions plus discrètes mais tout aussi courageuses : une infirmière qui risque la perte de son emploi pour soigner un Fae, une jeune fille interrogée comme témoin qui refuse de dénoncer un Fae pour des actes qu'il n'a pas commis.



Dans ces histoires, ce sont l'humanité et la Faëry qui se confrontent mais également l'humanité qui se dévoile, toute en nuances, dans ce qu'elle a de plus abjecte mais aussi et surtout dans ce qu'elle a de plus beau. Loin des clichés sur l'oppression d'un peuple, l'auteure livre un recueil d'espoir, pour les Faes et pour l'homme.



J'ai lu son ouvrage d'une traite et me suis sentie triste, une fois la dernière page tournée, de devoir quitter cet univers. Il m'a été difficile d'écrire un avis sur ce recueil tant il a été vecteur d'émotions troubles.



Au moment de rédiger cette chronique, j'ai appris que l'auteure avait publié un roman « Possession Point » se situant dans le monde de Frontier dont l'histoire fait écho à une des nouvelles et leurs deux protagonistes Jay et Candle. Je suis ravie de pouvoir bientôt encore marcher sur le Seuil de Frontier.
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La sève et le givre

La seve et le givre ? précieux et ennuyeux...



Prix Merlin 2003 , diantre , fichtre , ça sent bon le bouquin dont on ne peut décoller ça ! Et si...c'est possible , décollage réussi à 100 pages de la fin ! Il est des livres rares que l'on ouvre avec plaisir mais que l'on referme avec plus grand plaisir encore, heureux de ne plus avoir à se forcer , ne plus avoir à continuer en se disant qu'à un moment ou à un autre , l'on va finir par lui trouver un interet quelconque , que nenni...Quand ça veut pas , ça veut pas...

Le plus triste dans l'histoire , c'est que le canevas est plutot porteur ! Seul mais néanmoins rébarbatif petit souçi , le style ! Il est des personnes dont on dit qu'elles s'ecoutent parler , j'ai personnellement eu l'impression que l'auteur se regardait écrire...Certes , le vocabulaire est on ne peut plus riche mais le style est bien trop sophistiqué à mon gout ce qui explique cette profonde et immediate lassitude quand à ce roman , objet de tant d'espoirs réduits à néant par l'emploi systématique de métaphores , d'images , d'hyperboles...Le style ampoulé et amphatique , tres peu pour moi...J'aime que l'on me dise les choses simplement sans faire montre d'une érudition a tout crin et soporiphique au possible...Etre dans la démonstration , ça, va un moment !



Il semblerait que je sois le seul à n'avoir absolument pas adhéré à cet univers féérique , onirique , poetique , frigoriphique ( et ouais , j'en connais des adjectifs en ique! ) et étant l'exception qui confirme la regle , je suis visiblement passé à coté ( mais alors tres tres à coté ) d'un monument de la Fantasy qui aurait , peut-etre , pu prétendre au prix Merlin en 2003 , allez savoir...
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La sève et le givre

Paru en 2002 aux désormais disparues éditions Oxymore, « La sève et le givre » est sans doute le roman de Léa Silhol qui a connu le plus de succès grâce à sa parution en poche dans la (elle aussi !) désormais disparue collection Point Imaginaire. Le roman a toutefois été réédité récemment et ravira sans aucun doute les amateurs de contes et légendes. Le roman s’inspire en effet du folklore celtique dont l’autrice se réapproprie un grand nombre de concepts et de créatures. L’histoire se déroule essentiellement en Écosse, dans un monde à la lisière du nôtre dans lequel évolue les créatures de Féeries, et met en scène deux personnages radicalement différents et pourtant inextricablement liés par le destin. Le premier, Finstern, est le roi d’une des cours d’Ombre, celle de Dorcha, à qui les Parques ont promis la mort et dont la seule chance de salut réside dans l’amour d’une femme. Le second, c’est justement celle que le destin lui a promis, la belle Angharad, née du printemps et de l’hiver, et qui, bien qu’ignorante de la prophétie des Parques, va se retrouvée malgré elle entraînée dans leurs manigances. Le roman brasse un grand nombre de références qui éveilleront sans doute plusieurs échos chez le lecteur. La scène d’ouverture, narrant la rencontre entre les trois Parques et le roi, fait ainsi penser à « Macbeth », la fameuse pièce de Shakespeare. Les luttes de pouvoir entre les différentes Cours, d’Ombre, de Lumière ou de Crépuscule, ne sont quant à elles pas sans faire penser au « Cycle des Princes d’Ambre » de Roger Zelazny, tandis que le récit de la fascination et du désir que sont capables de faire naître les créatures de Féerie rappelle des romans comme « Thomas le Rimeur » d’Ellen Kushner, ou « Le cycle des elfes » de Jean-Louis Fetjaine. L’autrice s’est abondamment documentée sur le sujet et cela se ressent tant la Férie dépeinte ici se révèle complexe et insaisissable, à l’image de ses habitants.



L’intrigue est intéressante à suivre, même si sa trame se révèle finalement relativement classique, et l’histoire d’amour relatée n’a rien d’un conte fleur bleu. Si certains rebondissements sont aisément prévisibles, l’autrice parvient aussi à nous surprendre à plusieurs reprises, notamment en donnant à son héroïne bien plus de profondeur et de caractère que ne le présageait le rôle qui lui était attribué au préalable. Loin de se cantonner à une position passive d’objet de désir et de convoitise, Angharad fait vite preuve d’une grande lucidité et manifeste une farouche volonté à ne pas se faire manipuler. La Dame blanche n’a, également, pas grand-chose à voir avec la jeune femme pure et naïve avec laquelle on la confond : capable de faire preuve de cruauté comme de rouerie, elle n’hésite pas elle aussi à manipuler celles et ceux qui l’auraient offensée. Une ambivalence qui rend d’autant plus complexes les relations qu’elle entretient avec les autres personnages qui, eux aussi, s’avèrent difficiles à cerner. Mais outre la fascination exercée par les protagonistes, ce qui marque surtout à la lecture de ce texte c’est la poésie qui se dégage de la plume de l’autrice. Léa Silhol revêt ici les atours d’une véritable conteuse et donne à son récit une dimension mythique : ce qui se joue, ce n’est pas seulement le destin des amoureux contrariés, mais aussi celui des Cours de Féerie ainsi que l’équilibre même du monde, féerique comme mortel. Le style est très travaillé et les envolées lyriques nombreuses, sans que cela ne nuise pour autant à la fluidité du texte ou à sa compréhension. On est saisi dès les premières pages par le charme de cette plume qui donne au lecteur l’impression de s’être égaré dans un autre monde, où les considérations des fées ne sont pas les mêmes que les nôtres, de même que le passage du temps ou la conception de l’amour et de la mort. Il en résulte des scènes époustouflantes qui marqueront durablement la mémoire du lecteur, soit par l’intensité des émotions qui assaillent les personnages, soit par le souffle épique qui porte le récit, notamment dans le seconde partie.



Bien que probablement difficile à se procurer aujourd’hui, « La sève et le givre » est un très beau roman qui s’apparente à une parenthèse enchantée dans la mythologie celtique dont l’autrice a tenté de retranscrire ici toute la complexité et la subtilité.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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La sève et le givre

La sève et le givre est sans conteste le plus beau roman qu’il m’ait été donné de lire dans ma vie. C’était un ouvrage dans lequel je désirais me plonger depuis très longtemps, mais je n’en avais pas eu le courage jusque là, découragée par les critiques qui mettaient en garde le lecteur contre un style beaucoup trop sophistiqué et complexe. Il est certes, un peu pénible de rentrer dans l’histoire sans se perdre dans un flot infini de métaphores, de lieux et de personnages. En effet, le vocabulaire est abondant, certains personnages sont désignés sous différents noms, et il est très difficile de se raccrocher à la trame de l’histoire dans ces conditions.

Toutefois, ce roman ne présente pas que des inconvénients et s’il est pour moi l’un des plus beaux ouvrages qui existe, c’est en raison de la beauté qu’il dégage, à travers l’écriture tout d’abord, mais aussi grâce à l’univers imaginé. La féérie est présente du début à la fin, elle est la clé de voûte de cet ouvrage. La vision d’un monde enchanté où les fées sont les gardiennes de la nature et des saisons, est tout à fait l’image que j’avais moi-même de la féérie et du petit peuple. On ressent perpétuellement l’influence des anciennes coutumes celtiques avec des allusions aux fêtes païennes de jadis qui célébraient les solstices, comme la très mystérieuse nuit de Samhain. Le glossaire présent en fin d’ouvrage permet au lecteur non initié d’agrémenter ses connaissances ésotériques. La nature nous offre ici ses plus beaux atours et même si ce livre a l’air d’un massif de ronces inextricable, je vous assure que sa lecture n’est pas insurmontable et qu’elle peut enchanter aussi bien le lecteur féru de fantasy que le lecteur sensible à la poésie et à la magie.
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La Glace et la Nuit, Tome 1 : Nigredo

200 ans ont passé depuis que Angharad, dame de la Sève et du Givre, a refusé son destin et quitté le royaume de Faerie. A la cour d'hiver, la reine est agitée. Les fils qui relient Mortalité (royaume des mortels) et Faerie se délitent, annonçant la chute des cours.

Kelis demi-coeur est scribe à la cour de la Reine des Neiges. Lorsque cette dernière lui confie le soin de retrouver Angharad, la Très Aimée, fille du printemps et de l'hiver, il s'acquitte avec ardeur de sa tâche afin de sauver le royaume. Ses pas le mèneront à travers Faerie jusqu'en Mortalité.



Léa Silhol adapte les mythes en tant qu'histoire et confirme une fois de plus son talent de conteuse. La Sève et le Givre se présentait comme une longue ballade. Dans ce récit, le style est plus accessible mais la prose conserve toujours une note poétique.



Avec le personnage de Kelis, moitié fae moitié humain, l'auteure nous emmène dans un voyage fascinant fait de rencontres, de découvertes et d'abandon de soi. Où les personnages, les symboles et le texte même sont autant d'étreintes du vertige.

Afin de retrouver la Dame Blanche, Kelis devra marcher dans ses pas. Il se rendra ainsi en Obscurité. Ses entretiens avec des monarques d'ombre et sa liaison avec l'un des gardes d'Irshen, capitale du royaume de l'Obscur, l'interrogeront sur le regard qu'il porte sur lui-même.



Le récit gagne en rythme dès lors que la quête de Kelis se voit fructueuse . C'est en compagnie de l'Ombre et de la Lumière que la sauvegarde de Faerie va commencer.

L'histoire nous amène à rencontrer de nombreuses figures mythologiques celtes et grecques. J'ai aimé le parallèle entre Angharad et Persphone ainsi que celui de Finstern et Hadès. De même, l'image des premiers grands rois d'Irlande résonne tragiquement dans le récit.

Les personnages sont tous majestueux. La symbolique des contraires et leur unité apparaît d'autant plus forte dans cet opus.

L'auteure dessine les contours de Seuil et établit le lien avec une autre de ses sagas, sur les changelings. J'ai hâte d'en voir plus.



Un superbe voyage, guidé par une plume magnifique. Léa Silhol s'illustre toujours autant dans une certaine esthétique du langage.

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Le Dit de Frontier, Tome 1 : Musiques de la..

It seems no one can help me now

I’m in too deep

There’s no way out

This time I have really led myself away

Soul Asylum - Runaway Train



Pénétrer l’Univers de Léa Silhol par la bonne porte d’entrée, celle de Le Dit de Frontier est un billet aller simple. Pas moyen de sortir de ses profondeurs. Ma tentative de passer le seuil de la Trame par la porte Vertigen et le roman la Sève et le Givre a échouée, je n'avais alors pas toutes les clefs en main. Musiques de la Frontière - Le Dit de Frontier 1 est le passe-partout. Ce recueil des nouvelles Runaway Train - Il ne neige pas à Frontier - Arcane 1 / Le Magicien - Faire Surface - Comme une Balle - Encordés à la Nuit - La Ballade des Égarés - A Bout de Course - L'Encre, le Sang - Vado Mori - Voix de Sève - Comme marchent les Ombres, compile certes ces chroniques - dont il ne s'agit pas de leur première publication pour certaines - dans un désordre temporel comme les bribes d'un rêve, mais met l'Ami Lecteur sur la bonne voie, le mène sur ce chemin à sens unique, trop loin pour permettre à ceux qui croient aux fays de Faire Surface sans peine. 



I straight

I won’t crack

On my way

And I can’t turn back

I’m okay

I’m on track

On my way

And I can’t turn back

I  stayed 

On this track

Gone too far

And I can’t come back

I stayed

On this track

Lost my way 

Can’t come back

NIN – Even deeper - morceau introductif de Il ne neige pas à Frontier.



Frontier, cité utopique du bord du monde des USA, offre « une vision d’une beauté presque douloureuse […] de ce qui pourrait être un monde idéal », est en ce XXIème siècle la Terre Promise des fays qui ne s’enfoncent pas Comme une Balle dans l’hiver froid et amer des affres de la persécution. Il ne neige pas à Frontier. 

Ce refuge s’appellerait dans un autre univers L’Institut Xavier, sauf qu'ici il ne s'agit pas d'une école mais d'une cité. Shade, meneur de la révolte des enfants fays, ces changelins qui grandissent mystérieusement au sein de familles humaines, ne fait pas pâle figure face au Professeur. Les pouvoirs des fays peuvent être tout aussi terrifiants que des griffes rétractiles, qu'une vision à énergie cinétique, ou autres contrôles du métal et des pensées. Les bads fays, autrement appelées coucous, effraient et mènent ce même combat pour leur acceptation, leur liberté d'être et de vivre, dans les rues, Encordés à la Nuit, guns gravés de runes à la ceinture. 



Look

If you had 

One shot

Or one opportunity

To seize everything you ever wanted 

In one moment

Would you capture it 

Or just let it slip ?

Eminem – Lose yourself, morceau qui résonne Comme une Balle dans cette nouvelle.



Les fays ont su saisir leur chance. Prêts à tous les sacrifices, qui prennent des airs de Vado Mori ou de Ballade des Egarés, ils font couler L’Encre, le Sang,  dans et sur leur peau, pour A Bout de Course sortir de la noirceur de ce monde conformiste et trouver la paix à Frontier.



Léa Silhol nous conte une utopie enchanteresse qui fait du bien, regorgeant de personnages inoubliables et d'idées époustouflantes. Son Univers bastonne, est sombre et mélancolique, empreint d’onirisme, de magie, de poésie, empli d’espoir… et de Musiques. Les morceaux qui ont accompagné l’auteur dans son écriture ont sonné sans fausse note à mon oreille, les Voix de Sève de David Bowie, de Trent Reznor (dans un Juke Box!) ou encore d'Amy Lee ont fait l'effet d'un baume sur mon âme écorchée par ce monde intolérant et intolérable.

Un seul regret, celui de ne pas avoir pu imprégner plus profondément ma lecture avec la bande son composée par PFR, qui complète une édition "fission" limitée. Un autre membre du gang des éditions l’Oxymore est présent dans cette édition, Natacha Giordano signe une postface remarquable qui donne les clefs du vaste Univers, et permet d'apprécier l'ampleur du travail et le talent immense de l'auteur, Le Magicien.



Léa Silhol et les siens signent désormais leur travail sous le label Nitchevo Factory, dont le grand chantier est la réédition des ouvrages de l’auteur. Une qualité de fabrication à la hauteur de l’ampleur de la tâche, titanesque, avec des couvertures signées Dorian Machecourt de toute beauté.



A voler trop Près des Nids de Coucous (titre de la postface) on finit Comme Marchent les Ombres par demeurer à jamais sur le Seuil de la porte de l'Univers exceptionnel d'une véritable Fay. Je vais poursuivre mon chemin avec le tome 2, le roman Possession Point, et retrouver les douloureux amants Jay et Anis. Dans l'attente du troisième opus, Burn, en cours d'écriture, je vais quitter les USA pour le Japon et poursuivre la piste de fays, celles-ci, mangaka/samouraïs, dans le cycle de 4 tomes Seppenko Monogatari. Je prendrai des chemins de Traverses mais je m'en reviendrai toujours à cette symphonie littéraire qui brûle désormais dans mes veines.
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La sève et le givre

Avec La Sève et le Givre, on se croirait au coin du feu, tranquillement installé à écouter un barde dévidant l'écheveau d'antiques récits. Le roman déploie les histoires qui agitent les cours des fées, leurs querelles, et leurs luttes intestines. Basé sur un canevas existant de contes et légendes, le roman nous emporte dans un univers féérique. Porté par un style très dense et riche (et qui nécessite parfois l'appui d'un dictionnaire), mais néanmoins puissamment évocateur, le roman émeut et livre toute sa poésie page après page. Une très belle réussite, et un roman magnifique!
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La sève et le givre

En Féerie, les Parques prédisent les destinées des grands rois des cours d'Ombre et de Lumière. Pour Finstern l'Obscur, monarque d'Ombre, l'une a prédit la ruine, l'autre l'amour.Quant à la 3ème,ses prédictions laissent une chance de contrecarrer les édits du destin avec Angharad, l'enfant double qui porte en elle les pouvoirs de l'Hiver et du Printemps.Elle seule pourra reconnaître Finstern et le sauver. Mais avant cela, Angharad devra elle-même se trouver et savoir qui elle est .

Lire "La Sève et le Givre" s'est entrer véritablement dans l'univers de la Féerie tellement la magie des mots et le style empreint de lyrisme et de poésie de Léa Silhol vous ensorcellent. Impression d'un livre très ancien qui laisse échapper le pouvoir d'un phrasé musical et envoûtant. Couronné par le prix Merlin 2003, un roman qui agit comme un filtre magique ou un sortilège par la beauté des phrases plus encore que par le sujet.

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Possession Point

On the road again again… Guidée par la plume majestueuse de Léa Silhol, nous suivons le chemin d'Anis, partie à la recherche de Frontier, la cité mythique, refuge pour enfants fay.

Le roman démarre sur la route. Anis sillonne l'Amérique et, tandis que la voiture avale les kilomètres, la jeune femme se souvient de son enfance dorée, de sa rencontre avec Jay, le fay rebelle qui l'a subjuguée, et du sentiment de trahison qu'elle n'arrive pas à chasser.



Possession Point reprend certains des personnages du superbe recueil de nouvelles Musiques de la Frontier. On y retrouve également la difficulté d'intégration de cette nouvelle minorité qui subit la traque, l'enfermement et la privation de droits. Rejetés par la plupart des humains, les Fays vivent cachés et sont considérés comme des terroristes dangereux.

Anis et Jay, nous les avions croisés au détour d'une de ces nouvelles, elle terrifiée à l'idée de perdre l'amour de Jay pour avoir trahi la communauté fay et lui, avide de retrouver les siens.

L'auteur nous livre un roman contemplatif, tourné vers l'intime avec beaucoup d'introspections sous forme de flash-back. Les deux jeunes gens vivent une histoire d'amour fusionnelle, parfois à la limite de l'autodestruction.

Quelques passages m'ont quand même interrogée, notamment le chemin que prend Anis vers la résilience. Violence et meurtre ne m'ont jamais paru la voie idéale. Si le passage de l'interrogatoire par les flics où l'héroïne et son attitude pédante et je-sais-tout m'a un peu agacée j'ai trouvé le déroulé bien mené par l'auteure dont la scène des toilettes, pour moi magistrale.



Dans l'ensemble, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman, et beaucoup d'émotions contradictoires. Léa Silhol se classe assurément dans le top 5 des auteurs que j'ai apprécié découvrir cette année.
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Possession Point

Armée de son « gun », Anis fixe, respire et bloque. Tire. Clac. Le diaphragme de son reflex se ferme… sur un cliché flou.



Les fays ont - entre autres - cette particularité de ne laisser leur indicible beauté se faire tirer le portrait. Les fays, nés vilains petits canards au sein de famille humaine, effraient. Pour un brin d’ADN qui diffère (ou deux), une origine mystérieuse qui leur vaut le surnom de changelins, tout un peuple - qui se distingue par des caractéristiques physiques qui tendent vers la perfection et des pouvoirs psychiques à faire pâlir n’importe quel XMen - est en proie à la discrimination, à l’oppression et la concentration, devient victime potentielle d’un génocide programmé. A Seattle, la résistance s’organise pour un exode massif vers la terre promise Frontier. Un exil qui ne peut se faire sur la voie de la non-violence car aucun fay ne devra être laissé en arrière. Les résistants œuvrent à la libération des leurs, autant d’actes de guérillas urbaines que d’autres appellent actes terroristes…



Là où la réflexion sur ce sujet brûlant est abordée de manière évasive dans le premier tome de Le Dit de Frontier - le recueil de nouvelles (incroyable) Musiques de la Frontière -, Léa Silhol amène le lecteur dans ce roman - tome 2 du Dit - à faire sa propre introspection au travers de celle du personnage principal du roman, dans un road trip sur la route 5 de la Côte Ouest des USA, Highway 61 de Bob Dylan à plein tube dans l’autoradio. Possession Point n’est pas un roman cliché de l’évidente prise de parti pour les opprimés ou de l’éternel débat du la fin justifie-t-elle les moyens les plus extrêmes. Pas de jugement, Possession Point n’est qu’un polaroïd instantané, un selfie avec toutes vos imperfections et brins d’ADN qui diffèrent.



Anis, jeune et jolie brin de femme, a échangé sa robe de princesse Disney pour le treillis et les rangers de Sarah Connor et rejoins les rangs des fays pour son cliché flou, son amour fou : Jay. Possession Point est leur histoire d’A, une histoire tout aussi passionnée et renversante que celle de Francesca Johnson (Meryl Streep) et de Robert Kincaid (Clint Eastwood) dans Sur la route de Madison. C’est un roman très cinéma US bourré de clins d’œil avec une bonne bande son (Bob Dylan, The Boss, Massive Attack, Status Quo), tout en flashbacks. Anis, rassemble ses souvenirs en un carnet de route de la rédemption nécessaire franchir le seuil de Frontier où vit désormais Jay.

Ces souvenirs sont autant de fils tissés entre les blancs laissés par les nouvelles du T1. Possession Point peut se lire toutefois en ouverture mais le respect de leur ordre préserve, à mon sens, le charme du jeu de piste qu’orchestre Léa Silhol avec sa Trame.



Le Dit de Frontier s’inscrit, avec Vertigen, Sacra, Seppenko Monogatari..., dans l’immense jeu de réincarnations et de déduction exigeant et remarquable de l’auteur. Cette tentaculaire Trame - en partie parue et rééditée par Nitchevo Factory depuis ces dernières années - est un hymne à l’amour, à la beauté et à toute forme d’art. Dans l’attente du troisième opus, Burn, en cours d’écriture, Le Dit de Frontier s’étend avec le cycle de quatre tomes Seppenko Monogatari sur les terres du Japon aux vertueux arts ancestraux, dans un conte de fays d’encre et de neige, perdus dans la Matrice… Operating system not found… Vaste programme.
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Conversations avec la mort

La Mort en personne rend visite à un écrivain qui, durant douze nuits, va lui raconter des histoires de morts.



Les nouvelles rassemblées ici ont été écrites entre 1997 et 2003. Certaines étaient déjà parues dans des anthologies, d’autres étaient inédites. Les sujets abordés et les genres sont variés, bien que tous en lien avec la mort. On oscille entre l’historique, le contemporain, la fantasy, l’urban fantasy, la mythologie, etc. Ce sont les passages où l’écrivain parle à la Mort qui lient l’ensemble, ce qui n’était pas forcément utile, mais forme un fil rouge qu’on retrouve entre des textes très différents et qui, au final est une nouvelle de plus, bien que fractionnée. Le format est intéressant.



Certaines nouvelles font écho à d’autres rencontrées dans d’autres recueils de l’autrice, ce qui a un peu avivé mon regret de ne pas avoir lu ses livres dans l’ordre de publication, mais n’a pas entravé ma compréhension. Si les textes les plus anciens bénéficient déjà d’un style reconnaissable entre tous, particulièrement inspiré, on sent la plume évoluer avec l’expérience. Dans la postface, l’autrice explique sa démarche, ses inspirations et son travail. Ne la zappez pas, c’est passionnant!



S’agissant de nouvelles, je n’ai pas envie de vous en dire plus sur le contenu. Chaque livre de Léa Silhol est un pur régal à la fois par sa plume et pour titiller notre imagination et nos sens.



J’ai l’impression de me répéter à chaque lecture que je fais des récits de cette autrice, tant pis: je me suis délectée et j’en redemande
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Traverses : Anthologie de fantasy urbaine

Franchissez le Seuil de ces terres de magie et d’ineffables merveilles.

Entrez dans la ville, vous y trouverez la « Réponse Intrahissable » (de Peter Crowther) qui fait que la magie peut être partout perceptible. Il suffit d’y croire. « L’Etrangeté du Jour » (de Kristine Kathryn Rush) égaiera alors votre morne quotidien, « L’Arbre de la Vie » (de Léo Henry) déposera ses fruits mûrs dans votre vie quand « L’Hiver était Rude » (de Charles de Lint). Retenez la « Leçon de Nuit » (de Fabrice Colin), votre cœur s’ouvrira sur l’envers invisible de tous ces lieux arpentés d’où vous avez chassé la magie. Laissez-vous envoûter par la mélodieuse berceuse « Trolleriet » (de Luvan), vos rêves se mêleront aux soupirs de la ville.

Prenez toutefois garde de ne pas vous égarer dans un Autre Monde, à « Hashinar/Les Shoshinnes » (de Jérôme Tzakuri) pourraient bien vous faire sombrer dans la folie – pas la folie « de la Vie, de la Mort, de la Guerre… » (de Lélio & Julien Rousselot) des Hommes, non – celle née de la féérie irrésistible, comme une passion irrationnelle qui peut faire autant de ravages que « L’Oiseau Siffleur » (de Emma Bull). Vous vous égarerez sûrement dans une vie souterraine de manière aussi déconcertante que « Les Faits Concernant le Départ de Miss Finch » (de Neil Gaiman), mais vous referez surface accrocher à vos racines. Votre « Héritage » (de David Cathiaux) sera votre balise, vous sèmerez autant de cailloux que « Le Roi des Billes » (de Gary A. Braunbeck) pour ne pas prendre des chemins de traverses impitoyables et cruels, comme peuvent l’être ceux de l’enfance.

Rien ne vaudra une « Fiesta Gobeline » (de Garry Kilworth) pour finir de vous remettre sur les rails. Vous « Noyer[ez] la Nuit avec l’Espoir du Jour » (de Nina Kiriki Hoffman) de pouvoir survivre à la jungle urbaine et vous ne capitulerez pas « Quand il Neige[ra] » (de Elisabeth Ebory). « La Reddition de Paris » (de Claude Mamier) ne se produira pas dans votre ville, « Tout ce qui [y] brasille » (de Tanith Lee) ne cessera tant que vous errerez dans ses lieux de magie « Comme Marchent les Ombres » (de Léa Silhol), éternellement. Il suffira d’y croire.



Léa Silhol est une véritable fay. Elle aime son univers, pleinement. Elle est sous son emprise et le maîtrise tant en sa qualité d’auteur qu’en sa qualité d’anthologiste. Elle est une maîtresse de cérémonie remarquable, elle excelle dans la mise en scène des 18 nouvelles de ce recueil de Fantasy Urbaine par des introductions de chacune d’elles comme des traverses qui consolident l’ensemble. Elle met en valeur les auteurs, « ces êtres de plume et d’air qui vivent déjà ici », en Féérie, ces « écrivains d’ici et d’ailleurs » brillamment traduits par Estelle Valls de Gomis, Sandrine Jehanno, Mélanie Fazi, Denis Labbé et Sire Cédric.

Avec cette anthologie : Traverses, Léa Silhol et la troupe des éditions de l’Oxymore ont su rendre à la Fantasy Urbaine ses lettres de noblesse.

Sans hésiter, Traversez.
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De Brocéliande en Avalon

Parue en 2008 aux éditions Terre de brume, « De Brocéliande en Avalon » est une anthologie qui, comme son nom l'indique, regroupe une succession de textes consacrés aux légendes arthuriennes. Arthur, Merlin, Lancelot, Guenièvre, la Dame du lac, Excalibur... autant de noms prompts à enflammer notre imagination et à raviver de vieux souvenirs de contes ou récits dont ils sont les héros et que nous connaissons tous aujourd'hui. Sous la direction de Lucie Chenu, neuf auteurs de l'imaginaire se sont essayés au difficile exercice d'exploiter à leur tour la matière des mythes celtiques tournant autour de ce roi légendaire et d'en proposer une nouvelle interprétation. Une contrainte, toutefois, celle de confronter d'une façon ou d'une autre ces dames et chevaliers d'un autre temps avec notre monde et notre époque. Rien de plus efficace pour dépoussiérer les vieux mythes que de se figurer la fée Morgane astrologue à Paris, Merlin écrivain en pleine crise existentielle ou Galahad chanteur rebelle et cynique.



Que ce soit par le biais de l'humour, de la tragédie ou d'un souffle épique, chaque auteur possède une façon très particulière de revisiter ces légendes arthuriennes. Si, dans l'ensemble, les textes se révèlent tous plutôt divertissants, je dois toutefois avouer que peu d'entre eux sortent véritablement du lot et me laisseront un souvenir impérissable. La meilleure nouvelle reste à mon sens « Près du mur » de Deirdre Laurin, une universitaire relativement peu connue parmi les auteurs de l'imaginaire francophone et qui nous livre ici un texte remarquable et bouleversant consacré à l'histoire d'amour d'Arthur et Morgane. « Owein » de N. Dau m'a également beaucoup séduite, que ce soit par son style ou par le choix plus audacieux des protagonistes. R. Hobb, enfin, présente dans cette anthologie sous le pseudonyme Megan Lindholm, nous offre avec « Le Quadragénaire et la Dame d'argent » une nouvelle plaisante et bourrée de cet humour qui lui est propre.



Un mot, pour finir, sur les petits plus de cette anthologie qui, outre une très bonne préface signée Lucie Chenu et une présentation sobre mais néanmoins complète et concise des auteurs, comprend surtout une excellente bibliographie recensant la plupart des romans écrits ces dernières années, avec des précisions quant aux points de vue adoptés et aux thématiques privilégiées par chaque auteur (de M. Zimmer Bradley à J-L. Fetjaine en passant par B. Cornwell, S. Lawhead...). Si la qualité des nouvelles reste assez variable, il n'empêche que l'initiative est louable et que le charme ne manque jamais d'opérer, du moins en ce qui me concerne, dès qu'il est fait mention d'Arthur et de ses chevaliers. A noter qu'une seconde anthologie consacrée au même sujet et toujours sous la direction de Lucie Chenu a également vu le jour en 2012 (« Et d'Avalon à Camelot »).
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La sève et le givre

Finstern, le roi d’une des cours de Faërie, a été condamné par les Parques. Angharad, dont l’existence n’aurait pas dû être possible, est l’arme forgée par le Destin. Le doute subsiste, cependant: est-elle destinée à provoquer la chute de Finstern, ou à le sauver?



Contrairement aux autres livres de l’autrice que j’ai lus dernièrement, il s’agit d’un roman et pas d’un recueil de nouvelles. Je l’avais déjà lu lors de sa publication dans cette édition et, si je gardais un excellent souvenir de son ambiance et de la description des royaumes féériques, celui que j’avais de l’intrigue était très vague.



Si l’histoire a pu me sembler un peu lente au début, je n’y vois pas un défaut majeur: d’une part, je me suis habituée au format nouvelles qu’affectionne l’autrice, alors me plonger dans un roman était presque déstabilisant; d’autre part, les circonvolutions du récit ne sont pas inutiles. L’histoire et les personnages se construisent lentement, avec des éléments qui serviront l’intrigue plus tard. Le reste permet de développer un univers fascinant, peuplé de créatures tout aussi fascinantes. Les royaumes s’imbriquent de façon complexe, mais sans perdre le lecteur. Il fallait nécessairement prendre le temps de tisser cet ensemble foisonnant pour envoûter les lecteur-ices. Et si les personnages peuvent sembler un peu trop hiératiques à l’occasion, au fil du texte les évènements s’accélèrent et deviennent plus prenants, la dernière partie étant assez palpitante.



Je ne renchérirai pas sur ce que j’ai déjà dit dans d’autres billets sur la plume de Léa Silhol, elle sert admirablement ses réécritures et réinterprétations de mythes et légendes. A la fin de l’ouvrage, une brève postface et un lexique explicitent certains termes et détaillent ce qui relève de l’inspiration et ce qui tient de l’imagination de l’autrice.



Une fantasy délicate et cruelle, un pur régal de lecture
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De Brocéliande en Avalon

Superbe anthologie en 9 nouvelles. Plusieurs auteurs font revivre les héros arthuriens dans notre époque. 9 nouvelles différentes tantôt héroïque, tantôt tragique, tantôt comique. Une anthologie qui rappelle qu'en chacun de nous à peu de légende subsiste. A lire absolument pour tout ceux qui s'intéresse à la matière de Bretagne. quant à moi, je cours me procurer le 2e tome ^^.
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La sève et le givre

Un roman magnifique qui nous plonge dans un monde magique, poétique. Avec une histoire émouvante comté par un barde à la manière d'une chanson de geste. Ce livre est avant tout un fabuleux hommage au genre et prouve que l'on a pas besoin de passer outre-atlantique pour y trouver un bon roman de fantasy.



Ecrit dans un style où des contraires tels que l'ombre et la lumière, les forces du printemps et celles de l'hiver, mais aussi le bien et le mal s'affrontent pour que règne à la fin un équilibre. Comme le dit si bien le barde: « une lumière sans ombre n'aurait pas de raison d'être, et aucun charme »(page 53).

Léa Silhol croise et dénoue toute une tradition de légendes, de mythes et de contes merveilleux afin de créer un univers mythique rempli de personnages pleine de failles comme les aiment l'auteur.



On peut comparé ce livre à une orange. Pour manger l'orange il faut tout d'abord enlever l'écorce: c'est ce qui se passe lorsqu'on lit pour la première fois ce livre racontant l'histoire d'un amour pas tout à fait banal. La chaire de l'orange, elle, correspond à toute la symbolique qu'il y a derrière chaques phrases et cela on le découvre seulement à la relecture. « N'oublie jamais, celui qui croit savoir n'apprend plus » disait Ellana à son apprenti dans le Pacte des Marchombres de Pierre Bottero. Et en effet on a plutôt tendance à oublier cette règle.



Bref on ne se lassera jamais de lire cet oeuvre car il y a tellement de choses à apprendre.
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Contes de la Tisseuse : Cinq Saisons et un ..

Dans ce recueil de nouvelles, l’autrice explore les cinq saisons et l’élément du titre, en réécrivant et/ou en s’inspirant de divers contes et mythes d’origines variées.



Je suis toujours bien embêtée quand je dois rédiger un avis sur les livres de Léa Silhol, car ce sont toujours d’excellentes lectures. Les histoires sont originales, très travaillées et reprennent des thèmes chers à l’autrice tout en ayant toujours un air de nouveauté.



La plume est très belle, ciselée dans le moindre détail, très poétique et onirique. Ce recueil regroupe des nouvelles parmi les plus anciennes de Léa Silhol et, même si tout était déjà là dès le départ, avoir lu des recueils plus récents m’a permis de voir comment elle avait évolué. Les nouvelles se font écho de recueil en recueil, certaines étant des portions de la même histoire. C’est un plaisir d’en découvrir plus.



Comme toujours, un pur régal de lecture!
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Gridlock Coda, tome 2 : Hangul Express (1/2)

« Tous les adeptes de la technologie des pommes le savent, de l’Eden à Newton ; la gravité nous tire vers le bas. Le réel est une interminable chute. »

Durant un Gridlift, on ne ressent pas vraiment le même sentiment qu’Alice dans le terrier du lapin blanc, on prend tellement de G qu’on voit le lapin lunaire - proprement expédié par Son Goku - nous « faire un clin d’œil depuis son transat sur la Mer de la Tranquillité »…



Le deux derniers tomes du Seppenko Monogatari – les romans Gridlock Coda – Rōmaji Horizon et Gridlock Coda – Hangul Express (en intégrale ou deux opus) – sont un plongeon vertigineux vers les insondables profondeurs du Grid : la matrice, interface d’accès au champ morphique : l’Envers-Monde ; un DarkWeb où les plus rascals des GridRunners s’adonnent au plus haut degré de « magouilles cyniques et transforment tout élément du paysage en machine à fric ». Une réalité alternative pour runners solitaires où le crime et opérations crapuleuses en tout genre, pour le compte de multinationales peu scrupuleuses et états-voyous, demeurent la norme… tant que les masques des avatars qui leur garantie l’impunité en ITG (In The Grid) et IRL (In Real Life) ne tombent pas. Les UCM de défense (unités contre-mesures, les ICE de Tom Maddox et William Gibson) ne sont jamais bien loin et leur protocole S&D (seek and destroy) peut occasionner de sacrés dégâts quand ils se heurtent aux meilleurs GridRunners : les âmes sœurs Saeru One et Neko One… comme ouvrir une faille entre l’Envers-Monde et l’Autre-Monde...

Le DataSys(tem) peut gérer les Ghosts (consciences résiduelles de runners morts intraGrid) errant dans les Sublevels de la grille no problemo avec son armée d’UDM (unités de maintenance), mais risque le operating system not found si les Yōkai et autres identités de la mythologie japonaise et de la mythologie coréenne passaient la brèche de la ligne d’horizon.

« Mettez bout à bout tous les films catastrophes que vous pouvez avoir vu comportant des orages électromagnétiques, une destruction totale des réseaux électriques, un black-out informatique mondial et irréparable, une mise hors de tout contrôle des arsenaux nucléaires et alors, en les additionnant, vous pou[rr]ez avoir un vague aperçu de ce qui menace « l’IRL si le DataSys répond à cette menace par un Gridlock.

Un Gridlift ITF (In The Flesh, running en influx neuronal et enveloppe corporelle) et sans filet dans les profondeurs de la grille, à la frontière de l’Autre-Monde où il fait plus froid qu’en enfer, sera le run du siècle ou le dernier. Eviter le Gridlock et contrer les OPA hostiles de leurs anciens employeurs ne peut être opérés que par les meilleurs Gunslingers, les plus grands Digit One du Rep(utation)Deck : le GERC (Gridlock Emergency Rescue Crew), Neko et Saeru à leur tête, appuyés des seules IAN(ative) que le Grid a accouché ; une rescue-squad aux gears blindés d’items à faire pâlir les Player One d’Ernest Cline, empruntés à l’arsenal d’arts martiaux japonais, coréen et chinois, ou sortis tout droit des plus grands classiques du cyberpunk.



Là où dans les deux premiers tomes du Seppenko Monogatari (la geste des enfants de Seppen) : Masshiro Ni (recueil de nouvelles et novelas) et Hanami Sonata (roman scindé en deux âmes), Léa Silhol entrelace les récits et les genres littéraires, l’auteure condense les œuvres qui font l’essence du cyberpunk dans le Gridlock Coda.

Après verser dans un KDrama de toute beauté avec les deux duos d’âmes sœurs dans le T1 Rōmaji Horizon, Léa Silhol sort l’artillerie lourde dans le T2 Hangul Express avec des références aux œuvres d’un maître du genre : William Gibson (Johnny Mnémonic, Irodu, Burning Chrome…) et des aspects qui ne sont pas sans rappeler les mangas Ghost in the Shell de Masamune Shirow et Akira de Katsuhiro Ottomo.(Saeru One l’arrogant aura pris les traits de Kaneda avec son laser sur l’épaule lors d’un moonwalk trop class sur Big In Japan (d’Alphaville), Saeru One la force tranquille, aura pris ceux d’un Goku en mode super Saiyan sur Map of problematic de Muse plein volume dans les oreilles.) L’auteure développe son player one autour du Xijouji, La légende du Roi Singe de la mythologie chinoise, et son récit autour de la culture pop des années 70 à 2000, de mythes japonaises, coréens, slaves, islandais également, et de Le Kalevala de la mythologie finnoise pour un raccord avec le Vertigen et le Dit de Frontier, les deux autres cycles qui composent sa Trame, vaste univers travaillé dans le moindre détail dans son fond et dans sa forme.

Les ouvrages du Seppenko Monogatari transpirent la qualité d’éditrice remarquable de leur auteure avec une mise en page et une typographie propres intégrant du Rōmaji et du Hangul, une ponctuation et des caractères atypiques, et dans certaines éditions des photographies d’illustrations en échos aux arts et coutumes japonais omniprésents. A la fin du dernier opus se trouve le Grid-On, la terminologie de la Grande Grille pour runners débutants, la version 2.0 par E-III-0, la plus class des IAN, et dans celle de chacun des romans, the playlist éclectique qui donne l’occasion d’écouter de la Kpop…après tout la grille, « cette disruption électronique est de la mécanique ondulatoire ; du son, donc, pour simplifier ». Une bande son qui permet d’arpenter le Grid ITF (In The Flesh) et disparaître du monde réel le temps du run.

Un run vertigineux – très cinématographique aussi, une version idéalisée de Johnny Mnémonic dans la Matrix – dans un univers métaphorique « dystopique par essence parce que l’esprit des hommes envisage […] que l’importance accordée aux machines est un danger réel », qui nous ramène à la question de ce qui fait des nous des êtres humains. Peu importe le sang et les quelques brins d’ADN qui diffèrent, la clef d’un chant n’est pas un Digit dans un RepDeck, une identité dans la Roue des Incarnations, mais ce que nous faisons de notre combat, de notre capacité à dévier de ce réseau de lignes qui relie les électrons que nous sommes, pour chanter une première ligne d’un chant.

Le Seppenko Monogatari est un chant de bravoure, de liberté, de deuil, de mélancolie, d’immortalité et d’humanité, un hymne à l’amour et aux arts, un Voyage en Orient et aux confins de l’Hiver, un hommage à la culture populaire qui se grave dans la mémoire résiduelle.
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